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25/07/2013
Nuit maudite à Marqueyssac (2)
ÉPISODE SECOND
Mais la lune me réservait encore moult surprises. L’émotion passée, nous nous rassîmes sur les douces feuilles pour reprendre nos tendres mignardises. Tout à coup, telles des vesses de loup affolées, surgit du sol une ronde de tremblantes têtes chauves roulant des yeux apeurés, les bouches en cul de poule, et piaillant comme une couvée affamée. Curieuse comme une chouette lorgnant à une fenêtre, ma mie en oublia mes pressantes caresses et se coula vers eux. Un peu surpris au début, ces gnomes mâtinés de farfadets conciliabulérent un instant. Charmés par cette belle nymphe satinée, ils nous firent enfin le récit de leur étrange existence. Leur aîné et chef-troll, dénommé Noéliél, prit alors la parole dans un assez bon latin, car il avait été instruit par un curé carolingien un peu sulfureux, amateur d’antres sombres et d’alchimie noire. Cet aîné m’inquiétait un tant soit peu, car il avait l’œil fort vif et était fort empressé autour de ma belle, mais elle ne paraissait pas offusquée par ses caresses… et l’écoutait comme son confesseur.
« Depuis la nuit des temps nous vivons dans les failles, les géodes de calcite et les ruisselets de la falaise. Notre mère, après une longue période à fumer d’acres feuilles, a fini par partir creuser un long tunnel vers ce qu’elle appelait le Toit du Monde, nous recommandant de ne jamais sortir de notre havre secret où nous ne manquions de rien, grignotant par gourmandise quelques dents de cochon de temps à autre. Mais ce petit fripon de Benjamin, notre petit dernier, a retrouvé un jour un stock des feuilles magiques. Après la consommation d’un joint gros comme un pilier d’église, il a alors flotté pendant des années au-dessus de la stalagmite centrale de notre salle-à-manger troglodytique, en plein futur, nous a-t-il dit subséquemment, après être revenu un peu brutalement à notre niveau après une chute de nuage. Tout excité il nous a raconté avoir rencontré une bande de sept nains richissimes, qui creusent en chantant des galeries pleines de diamants, rêvant à leur belle Blanche Neige. Il réussit à nous convaincre de tenter l’aventure, et nous avons excavé pendant des siècles des lieues de galeries… toutes plus mornes les unes que les autres.
Mais tout à l’heure, guidés par un ronflement continu que nous suivions depuis des semaines, nous avons débouché dans une énorme cavité. Elle était presqu’entièrement remplie par la masse molle d’une roche inconnue. Hiéronimus, notre plus vaillant mineur, mais aussi une vraie tête de pioche, intrigué par un énorme sac qu’il a cru rempli de gemmes précieux, a donné en plein mile un vigoureux coup de pic ! Las, une clameur horrible et un énorme vent brûlant nous a projetés tout grillés à des verstes dans la galerie. Le sol tremblait, les stalactites pleuvaient. Une gigantesque doline aux bords carbonisés éventrait le plateau dans un paysage d’Apocalypse. Une fois sûrs de la fuite de l’horrible chose, nous sommes remontés tout meurtris vers cette clairière où nous attendons, chaque pleine lune, la belle princesse qui doit venir nous redonner notre vie réelle…et… Juste ciel, elle est là ! »
Ma mie toute émue, m’oubliant totalement, posa un tendre baiser sur le front terreux de Noémiél. Il disparut dans un tourbillon doré, une vaste caverne luisante s’ouvrit dans la roche, et tel Adam tendant la main à Ève, devenu beau et nu comme une statue de prince antique, il tendit sa main à ma mie. Avec un étrange sourire elle la prit et s’enfonça vers les délicieux plaisirs des séjours souterrains, suivie par ses frères devenus une troupe de satyres, bondissant, jouant du chalumeau et me tirant la langue avec des gestes que la morale chrétienne m’oblige à celer.
Nul ne les a revus en ce monde.
TRISTE MORALE
Je vous écris ces lignes du fond d’un cul de bas de fosse du château de Castelnaud, où je croupis depuis des lustres. Quand, le lendemain soir, hagard, brûlé, déchiré je suis revenu, nu, comme Adam sans Ève, au château de ma mie, tous étaient en grand émoi, en particulier le Grand Inquisiteur, pour mon malheur de passage. J’ai bien raconté mon histoire, mais personne ne m’a cru. L’énorme trou fumant, le raz de marée sur la Dordogne, les bois roussis, tout cela sentait terriblement le commerce avec le Malin. J’ai eu droit à la Question Ordinaire puis Extraordinaire, mais n’ayant rien à dire j’ai souffert atrocement sans pouvoir rien révéler. On m’a accusé d’avoir occis ma mie, pactisé avec le démon… Finalement j‘ai été condamné à l’oubli éternel, et jeté là où je croupis, terrible sentence, car chaque nuit les infâmes frères lubriques de Noémiél sortent du sol et se livrent à des actes abominables, que je ne peux que taire, car tous me croient fol.
Texte et photos ÉPHÊME
(clic sur photos pour agrandir)
07:22 Publié dans Alchimie, amour, Contes et symboles, Philosophie, rêve, Science-fiction et Fantastique, Vacances imaginaires | Lien permanent | Commentaires (46) | Tags : jardins marqueyssac, science fiction, monstres, alchimie, fantastique, écriture, littérature
Commentaires
Voici une bien sombre histoire où les cavernes du temps sont remplies d'étranges personnages ! Merci de t'être creusé ainsi la cervelle Ephême pour nous entraîner dans les fertiles méandres de ton imagination. En attendant de retrouver la belle ensevelie dans les ors de la Terre.
Écrit par : lechantdupain | 25/07/2013
Une mère qui s’absente dans l’âcreté des humeurs et des fumées de l’âme, au grand dam du petit dernier qui se voit poussé ou contraint de s’envoler à sa recherche en empruntant la voie des fumées magiques se substituant alors au pilier de la foi chrétienne qui relie la terre* au ciel* (pilier que le sulfureux père Charles/Carolus avait peut-être ébranlé), petit dernier tentant de "faire le joint" entre ces deux parts* de la réalité humaine, orbitant longuement autour du grand stalagmite yang, errant de morne galerie yin en morne galerie yin jusqu’à la survenue d’une certaine rédemption de l’âme par ce baiser de la mie donné à Noé-miél (ou Noéliél ?) dont l’arche salvatrice ne flottait pas sur les eaux mais "naviguait" dans les entrailles de la Terre-Mère.
Le Grand Inquisiteur est un grand maître d’injustice et moi, simple lecteur de bonne foi, cette histoire que personne n’a crue, je la crois. Au-dessus du cul de basse fosse est solidement bâti le Castel Naud, le Château Neuf, et je demande en toute bonne justice que le supposé mécréant, le prétendu suppôt de Satan, enfin rétabli dans son honneur et dans son droit d’homme libre, s’établisse désormais dans la nouveauté du Château Neuf du fol.
Ce Neuf, messire EPHÊME, me ramène tout drettement et au clair de la lune, au Jung de la Motte Cachée Fendue de Jung du Fou...
Écrit par : Amezeg | 25/07/2013
Quand nous reverrons-nous ? Quand le goût terreux de tes lèvres viendra-t-il à nouveau frôler l'anxiété de mon esprit ? La terre est comme un tourbillon de lèvres mortelles. La vie creuse devant nous le gouffre de toutes les caresses qui ont manqué. Qu'avons-nous à faire auprès de nous de cet ange qui n'a pas su se montrer ?
L'Ombilic des Limbes, Antonin Artaud.
Écrit par : Jacqueline W. | 25/07/2013
Ephême a l'imagination fertile et débordante mais il va nous faire faire des cauchemars. Pauvre conteur qui croupit pour l'éternité dans les geoles sombres et humides du château. Peut-être que sa Mie, lassée des turpitudes des satyres envoyés par satan, reviendra à lui dans un prochain épisode où les deux amoureux retrouveront leurs douces caresses. Ce que je souhaite évidemment. Merci pour cette lecture passionnante Ephême. Bises Ariaga, tu sais que je voyage pour toi !
Écrit par : danae | 25/07/2013
Lechantdupain.... fol est celui qui sait si cette histoire est vraie ou imaginaire, née dans l'esprit d'Ephême de la Motte Cachée de Jung du Fou, au fond de sa prison. Pour l'imagination, pour moi c'est le plus facile. Le plus dur est plutôt de la brider.
Écrit par : EPHÊME | 25/07/2013
Je crois que je vais avoir beaucoup de lecture à mon retour (sourire: oui, je ne fais que cela cet été, partir/revenir), merci d'avoir chapitré cette série. Amitié.
Écrit par : Louis-Paul | 25/07/2013
Amezeg, un grand merci pour pour ces lignes qui montrent que tu as bien suivi mon ironique cheminement souterrain, qui fut bien amusant, quand j’ai écrit ce pseudo « conte philosophique » farci de quelques vagabondages à travers les mythes et les chapelles. Mais la fin que tu imagines me semble peu probable...
Écrit par : EPHÊME | 25/07/2013
Jacqueline W, ton blog est magnifique, j'y retournerai, et j'ai trouvé ta citation presque magique, et imbibée de l'ambiance réelle du conte. Merci.
Écrit par : EPHÊME | 25/07/2013
Danæ, j'ai peur que ce pauvre breton ne finisse ces jours dans sa prison réelle ou imaginaire, interdite au monde. Le retour de la mie n'existe que dans les contes de fées... et ici le temps terrible de l'inconscient ou des véritables fins a fait son œuvre.
Écrit par : EPHÊME | 25/07/2013
Louis-Paul, bon courage... LE conte n'est QUE le reflet du monde.
Écrit par : EPHÊME | 25/07/2013
Le peu de poils qui me restent sur le "caillou" (et oui, il m'en reste un peu !!) se sont dressés à cette lecture, je vais faire des cauchemars la nuit qui s'en vient.....
Bonne journée Bises
Écrit par : patriarch | 26/07/2013
La fin, seigneur EPHÊME, n’est peut-être pas telle qu’on l’imagine souvent avant de la connaître... ?
Le Château Neuf, le Castelnaud, c’est peut-être lorsque se réunissent en l’être de chair le ciel et la terre, son ciel de liberté et sa terre de souffrance, lorsque se réunissent, en conscience, le cul de basse fosse et la plus haute tour depuis laquelle le regard embrasse à la ronde un horizon plus large, libre, infini.
Que la croix nous jette dans un cul de basse fosse ou qu’elle nous fasse bosse d’une autre façon, il nous faut bien la porter et la résurrection, la nouvelle naissance, se fait peut-être secrètement, sans tambour ni trompettes, sans ors ni paillettes, sans chasubles et sans sermons...
Écrit par : Amezeg | 26/07/2013
@ ARIAGA À TOUS, alors vous avez des frissons ? Moi, cette histoire me fait plutôt rire ! Et je me dis que le Sieur ÉPHÊME est bien au frais dans sa prison !
Écrit par : ariaga | 26/07/2013
Les contes sont des jonctions entre les explorations d'un imaginaire dont les sources sont aussi lointaines que les volcans des entrailles de la terre et nos besoins de merveilleux dans l'ignorance de l'enfance retrouvée ...( celle que nous avons perdue)...et ...et...bien malin est Ephême qui joue sur des fantasmes inavouables...Voilà de quoi être suspendue...aux chaînes du pont- levis de son Conte...
Écrit par : Hécate | 26/07/2013
Mais c'est bien vrai, Ariaga, ce que tu fais remarquer là : le Sieur EPHÊME est bien au frais dans sa prison. Mais c'est bien là son seul avantage, le pauvre.
Aventure pas ordinaire, cher EPHÊME, et bougrement bien écrite, permets-moi de le relever !
Écrit par : la gaillarde conteuse | 26/07/2013
Patriarch, j'espère que ce n'est qu'un moment d'égarement dans la nuit et que le matin te trouvera hilare après la lecture de ce conte...
Écrit par : EPHÊME | 26/07/2013
Amezeg, je suis entièrement d'accord avec toi, et c'est pourquoi mon conte est "ouvert", comme, curieusement, certaines phases de notre vie. D'un battement d'aile, d'une phrase, d'un regard surgissent l'imprévu, la "résurrection" ou le plongeon dans les Enfers. Qu'y faire ?
Écrit par : EPHÊME | 26/07/2013
Merci Hécate, tu as parfaitement compris cette "fable"... qui ne se veut être que diversement, presque cependant au sens pascalien du terme... humour en plus.... mais l'humour est-il la chose la mieux partagée du monde ? Je n'en suis pas sûr.
Écrit par : EPHÊME | 26/07/2013
La Gaillarde, quel plaisir de te revoir "en ligne". Comme tu l'as compris, je me suis bien amusé dans ce feuilletage d'époques, de mythes et de délires.
Bises.
Écrit par : EPHÊME | 26/07/2013
@ ARIAGA À TOUS, très bonne idée de ÉPHÊME, de laisser les histoires "ouvertes". Pendant d'autres vacances, Noël par exemple, les lecteurs pourraient faire des suggestions pour les terminer. Bientôt une autre histoire écrite par la talentueuse Élisabeth Leroy. Elle aussi serait à "terminer".
Écrit par : ariaga | 26/07/2013
Finalement, cet été n'est pas sans chaleur et il n'est pas sans histoires...
belle embrassade fraîche à tous !!
Écrit par : la gaillarde conteuse | 26/07/2013
Ephême , l'humour véritable n'est-t-il point toujours un peu noir ? Une démonstration sous forme de conte un rien horrifique pour le plaisir de frisonner par ces chaudes heures d'été...:)
Écrit par : Hécate | 26/07/2013
@ Hécate, l'humour "noir" est celui que je préfère et les frissons seraient les bienvenus ...
Écrit par : ariaga | 26/07/2013
J'aime bien les histoires proposées ici, on entre dans le monde imaginaire d'EPHEME, un monde que je découvre. Je lu très peu de livres (et même seulement quelques pages de livres) de ce genre. C'est vrai qu'en lisant ces 2 épisodes, les images défilent dans notre tête au fur et à mesure des phrases, des images qui font peur et on espère ne pas vivre cela. L'illustration par la photo d'Ariaga colle vraiment au texte ! bravo pour l'ensemble.
Écrit par : elisabeth | 26/07/2013
@ Élisabeth, pour une fois les photos ne sont pas de moi, elles sont de Éphême. J'ai juste fait la "cuisine de la mise en page.
Écrit par : ariaga | 26/07/2013
Divers tissement, on tisse sans mantisse ni mantille , pas besoin de log sur les blogs , on ratisse aussi avant que d'effeuiller , d'effleurer, sans déflorer, pas d'académie des jeux floraux (je suis toulousain d'adoption)
pas d'oralité sans voracité dans la bouche, ne pas convoquer jacques de voragine pour une nouvelle légende dorée...sur tranche.
Le capitaine Tranchemer peut bien conduire le cœur de lion en une de ses rares incursions en pays anglais !
Timur lan peut bien trancher trente mille têtes perses sous les murs d'Ispahan !
Alexandre peut bien trancher le nœuds gordien entre Iksos et Arbèle !
Combien de tête vont rouler des yeux ?
merci Ephème, un jour je vous parlerai du château du diable et de ses légendes, je vous transcrirai un conte de noël sur un génie des lieux
je ferai revivre un récit écrit depuis un offlag durant la deuxième guerre mondiale...si vous le souhaitez bien sur, mais il manquera toujours les merveilleuses illustrations sur ce cahier de mauvais papier conservé depuis 73 ans, pieusement !
Écrit par : Thierry | 27/07/2013
elisabeth, je n'ai jamais lu le moindre livre d'Horreur ou de Fantastique au sens que l'on donne maintenant à ces genre. Un côté un peu cartésien classique au départ. C'est plutôt une vision de géographe-historien ayant pas mal travaillé sur la période médiévale, et s'amusant à mélanger tout çà avec une forte dose d'Antiquité, de Préhistoire... sans la moindre hiérarchie, mais non sans logique. Certaines phrases sont inspirées des procès-verbaux d'interrogatoire-dépositions que j'ai lu il y a fort longtemps, où l'on ne peut distinguer aveux absurdes livrés sous la torture, insufflés par l'inquisiteur qui ne cherche à entendre que CE QU'IL VEUT ENTENDRE, folie hystérique... MAIS attention, tout est ici toujours au second où au troisième degré, et simple JEU malicieux (toujours le Malin...) avec des codes surannés passés à la moulinette !
Écrit par : EPHÊME | 27/07/2013
Thierry, ton commentaire m'a remué sentiments et curiosité. Pour moi tout se mélange, et si tu as un texte aussi intéressant, un simple scan permet de rendre des illustrations sans le moindre Problème.
Amitiés
EPHÊME
Écrit par : EPHÊME | 27/07/2013
Thierry nous parle de légendes du château du diable, et d'un cahier jauni conservé depuis 73 ans... cette évocation titille terriblement ma conteuse curiosité... à quand ce récit secret sorti de sa solitude sacrée.... ????
Écrit par : la gaillarde conteuse | 27/07/2013
Voici l'introduction que j'ai rédigé
Introduction – pour mieux situer l’action
Histoire d’un conte pour une petite fille – Noël 1940
Pour raconter la genèse de ce conte et enfin le partager avec tous les enfants qui voudront bien le lire il faut resituer le contexte historique d’abord.
La France dans une guerre éclair à laquelle on a donné le nom de bataille de France ou encore improprement de blitz krieg cède en 6 semaines sous les assauts des panzers et de Luftwaffe nazis.
C’est l’exode terrible et massif avec des millions de personnes sur les routes, des bombardements et la terreur. C’est Dunkerque et la lutte acharnée d’armées qui lâchées par le nouveau gouvernement et les pleins pouvoirs concédés à Pétain, suivi de l’armistice devront rendre les armes et grossir la cohorte massive des prisonniers qui seront emmenés en captivité en Allemagne dans des camps de soldats, Oflags pour les officiers, Stalags pour les simples soldats et dont certains pourront s’évader pour rejoindre la mère patrie ou la résistance naissante.
Ainsi un père, un officier, un lieutenant de la coloniale qui a accompagné l’épopée de Lyautey au Maroc dans le grands sud des ergs, va-t-il se retrouver dès l’été 40 prisonnier. C'est aussi un hussard noir et un dessinateur hors pair !
A sa petite fille, ma belle mère, il enverra plusieurs contes pour Noël et voici le premier, quelle recevra dans sa onzième année.
Il s’appelle « Le génie de Rochefort » est adressé à son épouse « Germaine pour son petit bécasson » l’affectueux diminutif de Geneviève sa fille, la cadette de la fratrie.
Pour comprendre la portée et le sens des lieux évoqués dans ce conte, il faut aussi en préciser le contexte géographique et toponymique et connaître les lieux où il est sensé se dérouler.
C’est « le château du diable » sis sur la commune de Puymoyen dans la banlieue immédiate au sud d’Angoulême et à proximité du quartier de ma campagne, sur la route de Périgueux avant le pont actuel sur la rivière l’Anguienne.
Enfin il faut préciser que ce Rochefort existe aussi sous le toponyme du « petit Rochefort » où se trouvait autrefois une école d’agriculture, situé derrière la falaise où se trouve le château du diable.
L’Enclopedia Gallica donne de ce site et des légendes qui l’entourent une description des plus détaillées mais aussi pittoresques et parfois à la limite du farfelue.
Nous nous en tiendrons à quelques solides faits comme la construction elle-même, multi séculaire et chargée d’Histoire.
C’est sur une falaise qui domine la vallée des eaux claires, petit ruisseau charmant et d'une grande pureté, que se trouve édifié le complexe fortifié actuel ce qui pourrait expliquer Rochefort.
Il comprend une tour de 12 mètres d’élévation, une cave qui servit de repère à une garnison anglaise durant la guerre de cent ans et une salle voûtée d’époque Renaissance qui abrita justement des exilés temporaires de l’exode.
Au dessus il y a un fort logis des 18 ème et 19 ème siècles qui surplombe un jardin dans une vue plongeante.
Cette maison est totalement décorée de sculptures qui illustrent parfaitement le nom du logis, puisque dès l’entrée dans le virage
Le porche est encadré de deux pilastres portant chacune un diable en pied.
Le lecteur devinera facilement qu’un tel lieu eut été propice à des rêveries extraordinaires et aussi à des promenades pas toutes solitaires mais pleines de fées puisque des sources sont proches.
Ce qui est sûr c’est que ce lieu a su inspirer dans la mémoire et les souvenirs de cet homme, séparé des siens dans les geôles d’ un pays ennemi, des pensées surprenantes et magiques, et ainsi recréer de toute pièce par son imaginaire un conte fantastique qui puisse attacher l’esprit et le retenir, par le jeux notamment des couleurs et des symboles.
Ce conte est en fait un album illustré et en couleur, de riches dessins parfois tourmentés et violents, de symboles, un monogramme mystérieux mais aussi des lettre en guirlandes à la manière des enluminures des parchemins du moyen âge.
Son auteur, Maxime, dont le talent était grand et reconnu dans sa famille comme peintre et sculpteur amateur, a prêté sa palette pour l’occasion.
Il y a tracé force arabesques et c’est pourquoi cette œuvre prend toute sa valeur, l’œil y trouve son compte et prolonge un récit écrit d’une plume habile et précise, riche en évocations d’une graphie sûre et d’une orthographe sans faille; normal pour un ancien élève de l’école normale de garçon d’Angoulême.
Averti depuis fort longtemps et mon entrée dans cette famille de l’originalité de ce personnage, de la singularité de ce logis fourmillant de souvenirs des séjours marocains puis en Afrique de l’ouest anglophone j’ai pensé qu’il n’était que temps de lui rendre justice et d’honorer sa mémoire en le faisant connaître du grand public, lui qui nous à laissé en héritage plus d’une centaine de toiles, des carnets de voyages où ses croquis aquarellés font merveille.
C’est pourquoi je cède maintenant la place au fantastique inspiré ou pas d’Alice et d’autres auteurs en référence dans ce vingtième siècle commençant.
Il y a une morale à défaut de maxime - Maxime est tout contenu dans cette œuvre touchante et symbole de l’attention portée à ses enfants – c’est qu’il faut savoir s’évader dans les pires moments pour conserver au-delà de l’horreur et de la désolation, de la honte d’une défaite inattendue après cette drôle de guerre, et recréer un monde de songes et d’harmonie où le rêve annonce des jours meilleurs et où l’onirisme est de bon aloi sans donner lieu à cauchemars.
Place à l’imaginaire de feu, place aux dessins surprenants, tout ceci est envoûtant mais pas diabolique.
Écrit par : Thierry | 27/07/2013
Quel voyage vous nous offrez déjà là, au coeur de ce passé et de cette guerre dont l'évocation, poignante, me touche beaucoup. Avec quelle plume, Thierry, vous nous présentez les contours de ce conte écrit pour "le petit bécasson".
Merci déjà pour cette très belle poésie, où l'on sent la toile noire et tragique de cette période de l'histoire, derrière cette force paternelle, qui s'inquiète de bercer l'enfant.
On ne peut qu'espérer la suite...
Écrit par : la gaillarde conteuse | 27/07/2013
@ Thierry, ce conte mérite mieux que les commentaires en marge d'un blog. Je crois que tu devrais le mettre en page et voir comment le diffuser. Il ne faut pas que cela se perde. Je suppose que tu as fait des photos des dessins. La gaillarde conteuse peut te donner des conseils. N'oublie pas que j'ai un mail.
Écrit par : ariaga | 27/07/2013
J'ai tendance à être d'accord avec Ariaga, ce conte mérite mieux !
Il m'apparaît comme un joyau à garder encore secret pour chercher le meilleur moyen de le mettre au monde...
Écrit par : la gaillarde conteuse | 27/07/2013
Vous avez sans doute raison, je ne suis que dépositaire de cette œuvre qui possède une valeur personnelle et symbolique , le fruit d'une confiance et de valeurs !
Je voulais la faire reproduire en fac similé pour la donner en lecture au grand public et d'abord en faire des reproductions pour la famille.
J'ai été fort touché de détenir ce manuscrit et ces incises d'époque.
Elle n'a pas trouvé à être édité au sortir de la guerre parce que ce n'était pas le moment sans doute et que l'éteignoir était mis sur ces histoires qu'on voulait occulter.
Il est bien temps maintenant de la mettre en pleine lumière tant elle me parait moderne malgré la voie de la tradition mais aussi influencée notamment par les surréalistes car j'ai cru halluciner en détaillant les dessins la première fois.
C'est un très beau conte travaillé et plein de sens pour qui connait les falaises de la vallée, habitats néolithiques et troglodytes, lieu de carrières pour le plateau d’Angoulême.
Et puis au château du diable il y a un temple Gaulois pour un lieu dédié à Cybèle alors tellurisme ou pas les esprits ont là et ce bel esprit qu'était maxime a fait sans cirque son devoir et plus encore en magnifiant ce qui ressort et sourd du lieu.
Il faut que je trouve un éditeur car les couleurs et l'écriture demande une reproduction de qualité pour être lisibles et ne pas perdre de leur charme intemporel.
Ce fut un grand choc de recevoir en dépôt l'ouvrage dont la couverture est couverte de trace de végétaux, des pochoirs , comme un herbier ; mais cette famille est si proche de la roche et de la nature, botanistes et ouverts à toutes les espèces de la vallée, des grands chênes verts multiséculaires du domaine aux truffes qui poussent entre les racines de ceux ci.
Écrit par : Thierry | 28/07/2013
@ Thierry, fais bien attention si éditeur il y a aux problèmes de droits qui sont toujours compliqués. Il faut être certain que cette ouvre t'appartiens légalement.
Écrit par : ariaga | 28/07/2013
oui je sais mais ce n'est pas simple et puis mes ennuis de santé l'an passé ont tout retardé alors que dans l'enthousiasme du don de l'opus j'ai écrit l'introduction et me suis mis en quête dans succès d'une maison qui comprendrait la portée du message.
Les lieux sont incomparables et malgré une promenade fléchée un peu sentencieuses il y a douceur et harmonie.
"Les eaux claires, une transparence incomparable"
Verdoyante et accueillante cette vallée
Encaissée entre de crayeuses falaises
N’inspire à la réflexion aucun malaise.
Elle est si douce à la vue et fraîche à l’odeur
Que le gazouillis d’eau filante de son ruisselet
A peine troublé par le roucoulement des palombes
Nous berce et nous porte à une certaine torpeur.
Empruntant ces chemins déchaussés par le ruissellement
Nous découvrons tour à tour comme des combes.
De cette roche diaclasée, érodée à l’envie
Sourd une végétation, dense symbole de vie,
Alliance magique du minéral et du végétal
C’est effectivement en voyant tous ces thalles
Qu’on prend la mesure des failles de la roche.
Au long d’une promenade guillerette et légère
Aux signes tremblotants des cimes des peupleraies
On parcourt des yeux ces infranchissables haies
Qui masquent à la vue de verts et tendres pâturages.
Attirés par le piaffement lancinant de quelques équidés
On continue, sans honte, cette lente et douce équipée
Car cet écrin enchâssé nous incline à la contemplation
Et personne sauf le diable ne saurait nous en chasser
Puisqu’il semble bien se tenir aux aguets d’une roche
Du moulin du verger semble t il assez proche.
Écrit par : Thierry | 28/07/2013
et pour le lieu après le cadre de verdure , un lieu "habité", plein de vie et de mouvement :
"Le château du diable"
Il est un lieu dont le nom déjà intrigue
A ceux qui, face à l’inconnu, briguent
D’en savoir tant et plus du diable oblique
Qui du haut de la tour, avec ces pointes, pique
Cet endroit à nul autre pareil, diabolique.
Seulement en apparence contient quelques reliques
Des peintures, des sculptures et tant de souvenirs
Qu’on se dit que passé, présent et avenir
Il assemble plutôt tout à loisir
Des éléments sur lesquels le temps n’a pas de prise
Et que sur son compte il n’y ait point de méprise
Il ne suffit de déduire qu’il inspire le désir
Pour comprendre toute sa hiératique position
Celle qui met le promeneur en bonne disposition
Pour imaginer que, la haut, palombes
Mais aussi écureuils dans les chênes verts
Le disputent à quelques elfes en devers
Qui dans bien des cas, la falaise, surplombent
On la voit de loin cette grande bâtisse
Où pour y accéder par un chemin on se hisse
Sans courir mais en marchant posément
Afin de pouvoir en arrivant y souffler plus aisément
Le portail arbore en pieds, bien individualisés
Deux figures démoniaques qui ont attisé
La curiosité de plusieurs générations de visiteurs
Qui restent à la grille comme sombres imposteurs
N’ont point visité la totalité des lieux
Ils y auraient été fort surpris, en bosse et en creux
De voir au-delà d’un sujet de moqueries
Tant d’illustrations variées de la nature
On est loin pour ce qui est des fourberies
Et face à la vigne et aux rose en pâture
On veut bien, enfin, être jetés.
En ce lieu un chien y habite et devinez comment il s'appelle ?
je vous le donne en mille.
Écrit par : Thierry | 28/07/2013
Thierry, ton texte est si riche qu'il faut que tu tentes de le publier en livre. C'est excellent, mais ici le cadre est trop étroit. Envoie à Ariaga le texte, et nous ferons ce que nous pouvons.
Écrit par : EPHÊME | 28/07/2013
@ ÉPHÊME, ne t'inquiètes pas j'ai échangé avec Thierry au sujet du texte et il doit d'abord prendre des précautions.
Écrit par : ariaga | 28/07/2013
Scotché, je suis de tant d'imagination et poèsie...sous ces airs grivois, ce conte a bien des sens cachés à nous livrer.
Merci à toi Ephème !
Jean
Écrit par : Jean | 29/07/2013
Merci Jean pour le commentaire. Pour moi, malgré les apparences, ce conte est tout... sauf grivois, et plus philosophique (au sens XVIII°) qu'autre chose, en marge de la folie et des mythes. Curieusement il dérange un peu certaines personnes à qui je l'ai fait voir en dehors du blog, comme une patate chaude que l'on ne sait dans quelle main tenir.
Écrit par : EPHÊME | 29/07/2013
c'est encore des textes trop longs pour moi... je viens juste de débuter l'orthophonistes...
besos
tilk
Écrit par : tilk | 31/07/2013
@ Tilk, je sais que tu as eu un gros pépin de santé et je trouve déjà très gentil que tu fasses des visites sur le blog. Bises.
Écrit par : ariaga | 01/08/2013
Bien le bonjour Ariaga ,
En creusant outre~ciel , à la recherche d'hors voies ,
voilà suivant tes pas , quelques forts beaux grains de sel .
cette histoire entremêle , bien des mondes sous son toit ,
ma foi pardonne émois , mais cet art mineur scelle.
~
Amitiés au conteur
Écrit par : NéO~ | 23/11/2013
@ NéO, je pense sue ÉPHÊME sera content de te lire.
Écrit par : ariaga | 23/11/2013
Merci pour le commentaire si bien tourné. J'espère que tu as aussi apprécié la conclusion, publiée le 31/08.... qui revient à petit pas au "réel-imaginaire"
Amitiés.
Écrit par : ÉPHÊME | 23/11/2013