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08/01/2007
Alchimie : la voie humide
Au moment de sa confrontation avec l'inconscient, C. G. Jung, qui était à la fois l'opérateur et le matériau de sa propre transmutation, a failli se perdre au cours des nombreuses "distillations" qu'il a imposées à sa psyché. Mais il a aussi commencé, sans le savoir à cette époque, à explorer la voie que les alchimistes appelaient la "voie humide".
Celui qui suit la "voie humide", explique E. Perrot dans son ouvrage La voie de la transformation (p.95) observe les phases de l'Oeuvre sur les parois du vase en verre. Ou plutôt il observe leur reflet. Il s'agit d'une lente gestation, je dirais une cuisine à feu doux, durant laquelle il voit des images qu'il traduit en symboles. Un peu comme les habitants de la caverne de Platon. La "voie sèche est celle où "l'artiste est directement aux prises avec la réaction de la transmutation dans le vase". En effet : "il n'y a pas de forme dans le feu, le feu brule les formes." Un texte offrant des concordances avec ce cheminement sur la voie humide se trouve dans Ma vie de Jung :
"Dans la mesure où je parvenais à traduire en images les émotions qui m'agitaient, c'est à dire à trouver les images qui se cachaient dans mes émotions, la paix intérieure s'installait . Si j'avais laissé les choses demeurer sur le plan de l'émotion, il y a lieu de penser que j'aurais été déchiré par les contenus de l'inconscient..."
Les alchimistes éprouvaient, eux aussi, des émotions provoquées par leurs expériences. Ils opéraient avec l'espoir fou de conquérir un fabuleux trésor, mais aussi sous la pression d'une angoisse provoquée par la crainte de Dieu et du Diable car, au fond d'eux -mêmes ils savaient bien qu'ils étaient quelque peu hérétiques. Le fait de traduire leurs émotions en images et en symboles avait, comme pour Jung, une vertu thérapeutique et rassurante.
L'impression de brouillard chimérique que donne la symbolique alchimique est due au fait que ces hommes du Moyen Age, semblables en cela à celui qui reçoit des rêves absurdes, se trouvaient devant un inconnu pour lequel il n'existait pas de représentations connues. Ils étaient obligés de procéder par approximations, allégories, images mythologiques, espérant ainsi exprimer leurs secrets d'une manière qui les soulage, tout en ne les chargeant pas d'une culpabilité religieuse.
Entouré de ses fioles, livres et instruments, épuisé par la chaleur de l'athanor, les veilles, les méditations, intoxiqué par les vapeurs du mercure et autres produits chimiques, l'alchimiste devait souvent être submergé de visions et d'hallucinations. Il est aussi possible que certains aient absorbé certains mélanges de leur confection...
L'alchimiste vivait donc une sorte de long rêve éveillé durant lequel se produisaient des manifestations de l'inconscient collectif. Sortant ensuite de son nuage onirique, il tentait d'exprimer l'inexprimable par une symbolique infiniment complexe, tellement riche que je ne peux m'empêcher de penser, comme Jung, qu'elle "devait son existence à une raison suffisante."
17:34 Publié dans Alchimie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : écriture, alchimie, spiritualité, Jung, Perrot, rêve
Commentaires
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lu à haute voix ...
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merci
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un accompagnement ?
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une résonance ?
un lien !
Écrit par : Honorine | 08/01/2007
Ces intuitions d'autres mondes dont chaque symbole a sa propre symbolique...
Amitiés Ariaga,
Écrit par : Phène | 09/01/2007
Il faurdra que j'essaye mettre des images sur mes émotions multiples.
Par contre je n'ai plus de vapeur de mercure........ boarf peut être qu'un petit... hum.
"meta-brouillard purpurin "...
Écrit par : Kouka | 09/01/2007
Ne s'agirait-il pas surtout de transmutation et de reprise de possession de l'énergie passionnelle avec le dégagement d'une forme à chaque fois supérieure et plus intérieure de conscience, bien au-delà d'un accomplissement des facultés ?
Écrit par : STORA | 03/05/2012