Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« Goethe, Nietzsche... | Page d'accueil | Le processus d'individuation »

10/12/2013

La cuisinière et le coq

Jung,philosophie,psychologie,alchimie,citations,cuisine,écriture,histoire

Choix, par Ariaga,  de Citations de Psychologie et Alchimie de C.G.Jung. Les caractères gras sont des ajouts. Aujourd'hui, juste une histoire racontée par Jung et qu'il faut, évidemment, remettre dans le contexte de l'époque.

"Dans ma jeunesse, j'ai rencontré une dernière ramification de cette conception moyenâgeuse du monde, grâce à l'expérience suivante. Nous avions, à cette époque, une cuisinière de la forêt Noire souabe, à qui incombait la tâche d'exécuter les victimes de la basse-cour destinées à la cuisine. Il s'agissait de poules naines, dont les coqs se distinguent par leur humeur particulièrement querelleuse et par leur malice. L'un d'eux dépassait tous les autres par sa cruauté et ma mère chargea la cuisinière d'exécuter le malfaiteur pour le repas du dimanche. J'arrivai juste comme elle rapportait le coq décapité et disait à ma mère : " Il est mort en chrétien, bien qu'il ait été si mauvais. Il a encore crié  : " Pardonne-moi, pardonne-moi ! " avant que je lui coupe la tête. Aussi, maintenant il est allé au ciel ! " Ma mère répondit, indignée : " Ne dites pas de sottises ! Seuls les êtres humains vont au ciel ", à quoi la cuisinière étonnée répliqua : " Les poules ont aussi un corps, tout  comme les gens ont le leur. " - Mais seuls les êtres humains ont une âme immortelle et une religion  " dit ma mère, tout aussi stupéfaite.  " Non, ce n'est pas vrai, répondit la cuisinière, les animaux ont aussi une âme et tous ont leur propre ciel, les chiens, les chats et les chevaux, et cela parce que , lorsque le sauveur des hommes est descendu sur la terre, le sauveur de la volaille est aussi venu parmi les poules, et c'est pourquoi elles aussi doivent se repentir de leurs péchés avant de mourir, si elles veulent aller au ciel. "

La croyance de notre cuisinière est un vestige folklorique de cet esprit qui découvrait le drame de la rédemption à tous les niveaux de l'être et le retrouvait, par conséquent, dans les transformations les plus mystérieuses et les plus incompréhensibles de la matière." (p.525)

À suivre ...

Commentaires

J'aime bien cette histoire. Cette cuisinière est d'une humanité exemplaire.

Écrit par : Marie-Claire | 10/12/2013

les galines assez mais pas gâtées que dans les gâtines
avec ces ergots que l'on égratigne d'entre les fagots cités.
des crets et des crêtes sans décrets qui signent du sang
le blanc ceint et puis elles ont eu des dents mais ça ne suffit pas pour savoir ce qu'il y a dedans , pas de paquetage pour viatique sans caquetage , à la base elles courent et encourent le pire châtiment

Écrit par : Thierry | 10/12/2013

c'est facile et apaisant de penser que l'on peut faire n'importe quoi et se repentir ...
besos
tilk

Écrit par : tilk | 11/12/2013

Bonjour Ariaga,
Pourquoi les animaux n'auraient ils pas une âme et un ciel et le droit de se repentir ? Après tout nous n'en savons rien. Les humains les torturent souvent, ils souffrent et à mon avis ils n'ont pas tellement de chance d'être né animal !!! Je t'embrasse

Écrit par : danae | 11/12/2013

Moi j'aime bien cette cuisinière. Plusieurs mondes existent. Pourquoi pas celui des poules. Elles ont le droit d'aller au ciel.

Écrit par : Daniel | 11/12/2013

@@ Marie-Claire, merci de te souvenir du Laboratoire. Je regarde souvent tes délicieuses recettes.

Écrit par : ariaga | 11/12/2013

@ Thierry, si tu n'existais pas il faudrait t'inventer !

Écrit par : ariaga | 11/12/2013

@ Tilk, un peu facile non ?

Écrit par : ariaga | 11/12/2013

Une réincarnation en quelque sorte dans le corps du coq. Les animaux ont leur caractère. Je le vois bien chez les chats (certains sont peureux, d'autres viennent se frotter contre vous alors que c'est la 1ère fois que vous les voyez, d'autres sont bagarreurs, d'autres sont voyageurs). Alors je crois qu'ils ont une âme. Bon après midi Ariaga.

Écrit par : elisabeth | 11/12/2013

@ Danae, je pense que la Nature est UNE et que tout vibre il y a juste des différences d'intensité.

Écrit par : ariaga | 11/12/2013

@ Daniel, Tout le monde fait partie de la Totalité et tout le monde la rejoint en y retournant.

Écrit par : ariaga | 11/12/2013

@ Élisabeth, je ne crois pas que la cuisinière pensait à une réincarnation, plutôt qu'il y avait divers niveaux où le Christ était rédempteur pour celui qui se repentait.

Écrit par : ariaga | 11/12/2013

Le coq est mort, le coq est mort...(chanson).

J'aime bien la transposition au monde animal car elle nous fait voir la relative "absurdité" de l'idée d'un "sauveur" ou d'un "rédempteur"...pour les péchés personnels..;
M''st avis que le coq aurait mieux fait de "se sauver" lui-même... :-)))

Quant à "l'âme" animale...rappelons-nous que l'étymologie d'"animal" est précisément la même que celle d'"anima" ! ;-)

Écrit par : La Licorne | 11/12/2013

@ La Licorne, je crois , comme toi, que nous sommes responsables et que nous devons nous "sauver" nous mêmes. Et merci pour l'étymologie qui donne à réfléchir.

Écrit par : ariaga | 12/12/2013

l'écho du coq laid n'est pas tel, coq tel, que tous fuient, il appelle et rassemble et si ce gars l'use il n'a pas besoin de galurin , les ergots dans le purin c'est un pur, hein qui cocotte, défiant la fiente mais pas à la vue déficiente, il se perche et domine mais se cherche de peur qu'on l'assassine, il lisse ses plumes et donne de la crête sans être candide, il aime la farce et se tape le croupion mais qu'il se gausse quand il se hausse et le bréchet pas du Cid né, c'est en pays croquis qu'il avance et tape du bec, fait face dans l"arène et se pend pour le roi, un bouillon de poule ne lui suffit pas, et avant de le mettre au pilon il faut s'assurer que du maitre il a la consistance.

Écrit par : Thierry | 12/12/2013

Après le délire poétique et langagier précédent (merci Thierry !), je vous propose un petit intermède "musical" (canon !) :

http://www.mamalisa.com/?t=fs&p=2567&c=22

Bonne journée à tous et bon appétit !
(pauvre coq !)

Écrit par : La Licorne | 12/12/2013

le coq n'est pas si sportif quand il est en pâte
mis à l'amende s'il nous réveille trop tôt
mais les écailles sur ses pattes le mettent en sursis
mais quand en sursaut il se réveille et houspille l'importun
on se dit qu'il ne roupille que d'un oeil et veille sur ses ouailles

Écrit par : Thierry | 12/12/2013

Mitakuye Oyasin,

Nous sommes Tous reliés....................

Écrit par : Amista | 12/12/2013

Charité bien ordonnée commence par soi-même.
Le premier des animaux qu’il nous faut racheter (rédimer) et sauver n’est-il pas l’animal que nous sommes aussi ? Ne faut-il pas que les instincts animaux qui vivent en nous soient placés sous la houlette du bon berger ? La rédemption n’est-elle pas la reconnaissance de notre nature divine ignorée, la reconnaissance du Soi, et la soumission de nos instincts animaux à cette réalité plus grande. Cette reconnaissance ne change-t-elle pas aussi notre regard sur les animaux visibles au-dehors de nous ?

Marie-Louise von Franz nous parle ici du point de vue conventionnel chrétien sur les animaux :
« L'empereur, ainsi que nous l'avons vu, représente le principe de conscience conventionnel chrétien et son attitude vis-à-vis de l'animal qui ne voit en elle qu'une chatte. Le héros, la nouvelle forme de conscience, fait l'expérience de la divinité de son propre aspect animal, de la mystérieuse spiritualité divine de l'instinct animal, et entre dès lors en conflit avec le vieil empereur qui ne reconnaît pas la divinité de l'instinct. L'empereur représente le principe ancien qui conserve le vieux préjugé :
" Ce n'est rien qu'une chatte. Vous ne pouvez pas parler à une chatte ! "
En Italie, si l'on reprend des gens en train de maltraiter un animal, de battre leur âne ou de donner un coup de pied au chat, ils répondent très souvent : « Non è christiano », il n'est pas chrétien. Cela montre le véritable mépris pour l'animal qu'un certain enseignement chrétien nous a inculqué. Ce mépris est venu de ce que, dans le paganisme, les animaux étaient considérés comme divins et, pour cette raison, il paraissait nécessaire de les déprécier. C'étaient des dieux païens qu'il fallait abattre. Ce n'est pas la haine de l'animal qui amena les plus anciens Pères de l'Église à parler d'eux avec tant de mépris, mais le fait d'avoir été témoins du culte rendu aux animaux, ce qu'ils devaient faire cesser. C'est ce qui a entretenu une dépréciation de l'animal. C'était une forte réaction ascétique et spirituelle contre la vie trop inconsciente, trop indulgente, du monde païen tardif, lequel avait déjà perdu sa spiritualité et était une civilisation décadente. Par compensation, il se produisit cette accentuation du spirituel qui blessa le monde instinctuel et animal. » Marie-Louise von Franz, " La princesse chatte "(chapitre VII : Le retour), Éditons La Fontaine de Pierre

Écrit par : Amezeg | 13/12/2013

La Licorne, pauvre coq mais c'est bien bon un coq au vin ...

Écrit par : ariaga | 13/12/2013

@ Thierry, j'ai l'impression que tu retrouves ta forme !

Écrit par : ariaga | 13/12/2013

@ Amista, Je suis en parfait accord avec ces mots.

Écrit par : ariaga | 13/12/2013

@ Amezeg,comme toujours tu as trouvé LE texte qui complète bien l'histoire racontée par Jung. Que de richesses dans les écrits de Marie-Louise von Franz.

Écrit par : ariaga | 13/12/2013

Ce texte est venu de lui-même se mettre sous mes yeux, Ariaga. C’est alors que ton billet m’est revenu en mémoire. Il y a un peut-être un hasard qui œuvre pour les chats indolents...
Oui, les écrits de Marie-Louise von Franz sont " une vraie mine d’or".

Écrit par : Amezeg | 13/12/2013

Pourtant privé du bon bras, les mots m'échappent,
l'humour reste un refuge, on se calorifuge
je n'ai que quelques pansements mais ce que pense
ici céans ce n'est pas l'eau.

Écrit par : Thierry | 13/12/2013

@ Amezeg, je ne crois pas au hasard mais aux synchronicités. Les chats font semblant d'être indolents mais ils veillent ...

Écrit par : ariaga | 13/12/2013

non c'est le feu et l'air, comme la flamme qui dense sur la crête du débonnaire et flegmatique coq, en attendant les coquecigrues , et puis les chapons c'est de saison !

Écrit par : Thierry | 13/12/2013

Quelque part, la mère de Jung dit juste, il n'y a que les hommes qui croient aller au ciel, en enfer, au purgatoire, au paradis !

Pourquoi Jung parle-t-il, en conclusion, des croyances de la cuisinière et pas de celle de sa mère, était-il lui-même croyant ?
Sujet intéressant que celui de la mort...
Amitié

Écrit par : Miche | 14/12/2013

Ma foi... si les Hommes réussissent à sauver leurs âmes, ce sera déjà une bonne fin en soi ! ^^
Bon w-end ;-)

Écrit par : Khayaa | 14/12/2013

D'autres crises de foi se préparent avec la trêve des confiseurs , confits théorisés

Écrit par : Thierry | 14/12/2013

@ Thierry, c'est toi qui a décidé que c'est le bon bras, sois plus aimant avec l'autre ! Tu l'as vraiment mijoté ce coq, il doit être fondant.

Écrit par : ariaga | 14/12/2013

@ Miche, quand on demandait à Jung si il croyait en Dieu il répondait : "Je ne crois pas, je sais".

Écrit par : ariaga | 14/12/2013

@ Khayaa, tout dépend de ce que l'on entend par "sauver".

Écrit par : ariaga | 14/12/2013

Comme tient à le préciser un ami et pour aller dans le sens de la réponse de Jung : "Je suis sachant, pas croyant !", dit l'ami ! ;-)
Je suis également (en toute modestie - principalement par intime conviction...) "sachante" pas juste croyante, et rien de "religieux" là-dedans ^^.
Qu'entend-t-on par "sauver" ? Uhm, là est toute la question... et, punaise, je vais y réfléchir avant d'oser donner la mienne ! :-)

Écrit par : Khayaa | 14/12/2013

J'aime assez cette infinité de Paradis pour poules, ânes, hyènes et papillons. C'est réconfortant, il y a de la place pour tout le monde.
Amitiés

Écrit par : ÉPHÊME | 14/12/2013

ÉPHÊME, C'est comme un grand théâtre avec des gradins ...

Écrit par : ariaga | 14/12/2013