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07/12/2006
Les couleurs des phases en alchimie
L'alchimie décrit dans ses différentes phases un processus de transformation. Les descriptions sont variées, contradictoires et rédigées en un langage symbolique des plus obscur. Il fallait toute l'obstination d'un C.G.Jung pour y trouver son miel...
Les auteurs, rarement d'accord au sujet du déroulement et de l'ordre du processus, se rejoignaient, cependant, sur des points essentiels. L'un d'eux était la division en phases, liées à des couleurs correspondant aux étapes de l'oeuvre. Comme elles étaient à l'origine au nombre de quatre, on les nommaient "quadripartition de la philosophie". Les quatre couleurs et les quatre stades, pour des raisons que C.G. Jung juge plus psychiques que pratiques, furent ramenées au nombre de trois, vers le XVI° siècle. Cette omission du quatrième stade du processus, serait liée au problème de la signification symbolique de la quaternité et de la trinité.
La nigredo, ou noirceur, représente le premier stade. Elle n'a pas de qualité unique et peut être , pour le "philosophe", l'état initial de la matière primordiale ou, pour celui qui travaille dans son laboratoire, le résultat de la phase de décomposition des éléments. Cette décomposition est suivie par une recomposition consistant en une union des deux polarités féminine et masculine. Et ça n'est pas fini: il y a dissolution, mort du produit de l'union et une nouvelle nigredo.
Ensuite vient l'albedo ou passage au blanc. Ce moment du processus a, pour C.G.Jung, deux sens possibles. En simplifiant une citation de son ouvrage "Psychologie et alchimie"dont je m'inspire ici : l' âme (symbolique)libérée par la mort est a nouveau unie au corps mort et détermine sa résurrection ou bien, l'ensemble des couleurs, appelée "la queue du paon" conduit à une couleur unique, le blanc qui contient toutes les couleurs.
Ce stade du processus représente déjà, pour beaucoup d'alchimistes, un aboutissement. Il est symbolisé par l'argent, ou la lune, et C.G.Jung le compare à l'aube précédant le lever du soleil.
La transition vers le stade ultime, la rubedo ou passage au rouge, se faisait par la citrinitas, ou passage au jaune, associée au soleil et à l'illumination. Après la suppression de cette étape le rouge suivit directement le blanc. A ce stade, le rouge et le blanc, le soleil masculin et la lune féminine (souvent symbolisés par le roi et la reine) peuvent, au moment où le feu atteint son acmé, célébrer leurs "noces chimiques" .
Tout ceci est très simplifié. Je tente seulement de donner un aperçu des termes courants de l'alchimie. Le processus est loin d'être linéaire. Il comprend d'incessantes "putréfactions", "ablutions", morts et résurrections, sans compter les copulations, de la matière. Je pense, comme C.G.Jung, que ces métamorphoses ont pour origine et conséquences les variations de l'état du psychisme de l'opérateur. Celui qui aura le courage de méditer de manière "philosophique" sur la symbolique de ces phases commencera, peut-être, à entrevoir l'intérêt, qu'elles présentent si on les compare aux phases possibles, ou impossibles,de notre évolution spirituelle.
17:55 Publié dans Alchimie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : écriture, spiritualité, philosophie, alchimie, Jung
Commentaires
le processus ne peut être linéaire, pour la bonne et simple raison que chaque psychisme est différent et donc que les obstacles éventuels qui surgissent - et qui ne sont en fait que projections du psychisme en question - sont à chaque fois différents, même s'ils se résument en fait à un seul: la peur.
spéculer sur ce qui se passe après le noir n'apporte rien tant qu'on n'est pas parvenu à l'atteindre (ce terme est impropre mais à défaut d'autre chose..).
"vivre implique de mourir souvent" (cf un poème de gmc) :
on est ce que l'on pense être et, au fur et à mesure, cette image varie mais on est toujours ce que l'on pense être -sans jamais l'être-, puisqu'il ne s'agit que d'une image.
Écrit par : gmc | 07/12/2006
Très bien vu gmc.
Merci Ariaga pour ce résumé.
Je me souviens que lorsque j'ai lu des ouvrages sur l'alchimie spirituelle, dans la lignée de Jung, une part de moi-même se posait évidemment la question de savoir "où on en est" dans la succession des phases alchimiques. Interrogation aussi inévitable que vaine, puisque le processus ne cherche pas l'évolution de l'égo. Sa placidité est cependant requise pour ne pas entraver l'œuvre, et il apporte du combustible à l'athanor.
Si la foi demeure malgré la peur, la part d'éternité saura prendre le relais, presque à notre insu.
Écrit par : Arianil | 07/12/2006
Com sur mon com précédent : je parle pour moi évidemment. Espérer que "la part d'éternité saura prendre le relais" à mon insu (à l'insu de mon plein gré, comme dirait l'autre), c'est aussi un "vœu pieux". Au petit jeu des couleurs, j'aborde peut-être la deuxième nigredo ?...
Écrit par : Arianil | 07/12/2006
Arianil,
il n'est pas certain que tu sois entré dans la première (avis émis d'après lecture de tes poèmes et tes différents posts, encore trop axés sur le phénoménal et le revêtement culturel).
Écrit par : gmc | 08/12/2006
Pour cette fois, je suis d'accord avec gmc. Il faut connaître le gout de la mort pour accomplir l'Oeuvre.
Oui Arianil, la part d'éternité saura prendre le relais et je pense que tu as déjà fait un sérieux travail d'évolution spirituelle. Simplement ton ego se manifeste moins que celui de certains autres.
Écrit par : ariaga | 09/12/2006
d'accord ou pas d'accord est sans importance, ariaga.
Écrit par : gmc | 09/12/2006
oui, d'autant que dans l'affaire en question, il me semble que Dieu seul est juge. L'important n'est-il pas de se sentir profondément aimé de l'intérieur ?
Écrit par : jean-plume | 10/12/2006
Merci de vos réponses.
En effet gmc, mon blog juxtapose diverses facettes à la manière d'un habit d'Arlequin (dont des poèmes de jeunesse ressortis pour l'occasion). Une mue reste donc à venir (où le goût de la mort, comme dit Ariaga, y serait perçu).
Jean-Plume : "se sentir profondément aimé de l'intérieur", voilà des mots qui touchent, peut-être parce que justement, ce n'est pas (ou plus) le cas. Le sanctuaire est bien présent, mais la personnalité "périphérique" apparaît divisée, sans l'intégration qu'elle pressent.
J'ai renoncé à la volonté "d'évoluer" (vous savez, ce "forcing spiritualiste"...) et m'en remets à la Source vive, à la foi providentielle, au risque de l'inertie et de la dispersion.
Écrit par : Arianil | 11/12/2006
J'ai voulu comprendre "nigredo" en lisant ta dernière note, alors je suis passée par Google mélanosis que j'ai longuement abandonné durant des heures et puis me voilà de nouveau sur ton blog...C'est rassurant !
Je t'embrasse Belle Ariaga,
Your Princess,
Aslé
Écrit par : Aslé | 30/04/2015
bon mon commentaire est en ébullition de couleurs...sourire...
Je t'embrasse Belle Ariaga,
Écrit par : Aslé | 30/04/2015