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08/12/2006

Les séries de rêves

Toute interprétation de rêve n'étant qu'une supposition, on se trouve, devant une abondante production onirique, dans le cas du chercheur qui s'attacherait à l'étude d'évènements dont il lui serait impossible de démontrer le sens et la régularité. C'est dans ce but que C. G.  Jung a privilégié les séries de rêves, espérant ainsi diminuer l'incertitude. Il en donne les raisons dans "Psychologie et Religion"(p. 58) :

"Si faire se peut, je n'interprète jamais un rêve isolément. En règle générale, un rêve appartient à une série de rêves. De même que dans le conscient, il existe une continuité, abstraction faite qu'elle est régulièrement interrompue par le sommeil, de même il existe apparemment une continuité dans la suite des processus inconscients. Cette continuité dont font preuve les déroulements inconscients est peut-être encore plus marquée que dans les phénomènes conscients. En tous cas, mon expérience se prononce en faveur de la probabilité que les rêves sont les maillons visibles d'une "chaîne" d'évènements inconscients."

Dans son ouvrage "Psychologie et Alchimie" C G. Jung, à la recherche d'un fil conducteur, examine une série de centaines de rêves. A l'époque ils étaient anonymes, mais on a su ultérieurement qu'il s'agissait de ceux du célèbre  physicien W. Pauli.

Quand on a la chance de pouvoir "contempler" une série de rêve il est possible de mieux suivre le "discours" (j'endosse la responsabilité de ce terme) du rêve et de contrôler les interprétations, les rêves eux mêmes s'en chargeant par des corrections et des réajustements. Mais, pour comprendre l'intérêt des séries il est utile de connaître l'hypothèse de C. G .Jung sur le "noyau central de signification", hypothèse hardie car elle remet en cause des concepts qui sont les repères de notre vie quotidienne. 

L'inconscient ne se soucie pas de notre perception du temps ou de notre idée de la causalité. Temps et causalité sont, en quelque sorte, "disloqués".  Les séries de rêves racontent une histoire dont la chronologie est parfois respectée mais , souvent, elle se perd. Ou bien le niveau de l'histoire apparente masque un autre niveau plus essentiel. Nous sommes incités à établir une chronologie des rêves et à les relier entre eux en se basant sur le fait qu'ils nous parviennent l'un après l'autre. Or, pour C. G. Jung ("Sur l'interprétation des rêves" p. 22, 23)

"Il n'est pas démontré que la suite réelle d'un premier rêve ne parvienne qu'ultérieurement à la conscience. La série qui nous paraît chronologique n'est pas la véritable série. Un nouveau thème peut très bien apparaître dans un rêve, avant de disparaître pour céder de nouveau la la place à un thème antérieur. La véritable configuration du rêve est radiale : les rêves rayonnent à partir d'un centre, et ne viennent qu'ensuite se soumettre à l'influence de notre perception du temps. Les rêves se subordonnent en réalité à un noyau central de signification."

Pour C. G. Jung, les rêves naissent dans un esprit qui n'est pas tout à fait humain et ressemblent plutôt à un "murmure de la nature" qu'à nos belles constructions logiques. Cette vision "radiale" de la chronologie onirique s'accompagne chez Jung d'une réflexion sur la causalité liée à la fois aux rêves et aux évènements de la vie courante. Il lui apparait que, dans certains cas, quand l'inconscient est particulièrement activé et le sujet très réceptif , on est conduit à postuler un facteur irréductible "par nature"à la causalité. Il faudrait alors admettre, écrit-il dans "Synchronicité et Paracelse"(p. 29)

"Que les évènements en général sont associés soit, directement en chaines causales soit, le cas échéant, par une sorte de lien transversal, de l'ordre du sens. "

A cette coïncidence d'évènements, reliés par hasard entre eux d'une manière significative, JC. G. Jung à donné le nom de "synchronicité". Mais, comme le disait Schéhérazade pour ne pas se faire étrangler ce sera une autre histoire que je vous raconterai un jour.