Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« Retourner chez soi | Page d'accueil | La face obscure de Dieu »

24/04/2007

L'inacceptable vision du jeune Jung à la cathédrale de Bâle

   Après vous avoir raconté et, dans la mesure du possible commenté, un rêve de la petite enfance de C. G. JUNG, je vais maintenant faire connaître à ceux qui ne l'auraient pas lue dans Ma vie, une vision terriblement marquante survenue alors qu'il avait douze ans. Pour Jung, la différence entre rêve et vision réside dans le fait que la vision est brève (on pense au "flash" des voyants) et représente une forte coopération entre le conscient et l'inconscient dont elle est plus proche que le rêve. Mais Jung lui donne la même signification sur le plan d'une émergence de forces inconscientes dont la vision est souvent une forme d'aboutissement. 

   A l'époque de ce rêve-vision, le jeune Jung vit une période difficile de repli sur lui-même et de maladie quasi névrotique due à l'existence secrète d'une sorte de seconde personnalité qu'il appelle le numéro deux. Les relations entre Jung et son numéro deux sont tout à fait fascinantes et je vous raconterai cela pendant une autre trêve (???) électorale, les législatives par exemple. il s'efforce d'être pieux, mais il est sans cesse torturé par des pensées secrètes, à la fois fascinantes et humiliantes. Tous ces tourments expliquent probablement l'épreuve qui l'attend sur la place de la cathédrale. 

   Par une belle journée d'été de l'an 1887, l'enfant contemple le toit de la cathédrale de Bâle.C'est superbe, le soleil se reflète sur les tuiles vernies. Au-dessus du toit, le ciel est d'un bleu limpide. En surimpression de ce tableau, d'une bouleversante beauté, l'enfant, toujours imaginatif, installe, tout en haut dans le ciel, le Bon Dieu des images, celui qui siège sur un trône d'or dans les rayons du soleil et là...quelque chose se bloque ! l'hagiographie est balayée, une abominable vision a remplacé la pieuse image, abomination au sujet de laquelle il doit impérativement arrêter de penser. Un bienheureux oubli va certainement faire disparaître ce dont l'idée même constituerait le plus monstrueux des péchés, celui qui est pire qu'un meurtre, le "péché contre le Saint Esprit", dont la sanction est la damnation éternelle. Et il y croyait dur comme fer, à cette damnation éternelle, lui dont le père et les oncles étaient tous pasteurs !

   Pendant des jours et des nuits, l'enfant, complètement désemparé, se défend : "Surtout ne pas y penser !surtout ne pas y penser !" Et l'idée interdite s'insinue sans cesse, en particulier quand vient le sommeil, et que les défenses sont amoindries. Il a déjà beaucoup de force psychique et s'interdit de dormir. La troisième nuit, suant d'angoisse et de peur de s'endormir, laissant alors une porte ouverte à la pensée de la cathédrale et du Bon Dieu, il s'avoue vaincu et en toute lucidité décide "il faut que je pense". C'est pourquoi, à la suite d'un raisonnement que je trouve très bien argumenté, il décide que c'est Dieu, lui même, qui l'a mis dans cette situation désespérée, et cela pour tester ses capacités d'obéissance. Il fait alors une sorte de pari pascalien et rassemble tout son courage :

         "Je rassemblai tout mon courage, comme si j'avais eu à sauter dans le feu des enfers et laissai émerger l'idée : devant mes yeux se dresse la belle cathédrale et au dessus d'elle le ciel bleu. Dieu est assis sur son trône d'or, très haut au dessus du monde et de dessous le trône un énorme excrément tombe sur le toit neuf et chatoyant de l'église ; il le met en pièces et fait éclater les murs."

C'était donc cela ! L'enfant épuisé par la tension des derniers jours, verse des larmes de bonheur et de soulagement. Il a fait l'expérience de la volonté de Dieu et au lieu de la damnation, acceptée comme un risque suprême, c'est la grâce qui lui a été accordée. Il a ressenti une "indicible félicité" et une indescriptible délivrance". Cela aurait pu rester comme un moment exceptionnel dans la vie de ce jeune garçon mais Jung était un compliqué et je vous raconterai la suite la prochaine fois.

       Ariaga
 

Commentaires

bonjour, une approche triviale ménerait à voir là l'opinion que l'étron du dieu des protestants écrase la cabane prétentieuse de celui des cathos; mais nous ne sommes pas aussi sofistiqués. Sigmund est loin, peu concerné par les querelles ancillaires.
D'un pleu pleu banal une telle révélation ferait accroire qu'il fut saisi de la compréhension des bienfaits d'une digestion harmonieuse des enseignements spirituels terrestres. Ainsi soit elle

Écrit par : phyta | 25/04/2007

Pour traverser l’enfer, le mieux est de sauter là où les flammes sont les plus hautes… C’est une zen attitude pratiquée intuitivement par votre sage-mage. L’impertinence du grand Patron est un modèle de libre pensée (avec l’humour !). Ce feuilleton junguien tient toutes ses promesses. Bises.

Écrit par : djaipi | 25/04/2007

@ phyta Je ne crois pas qu'il s'agisse d'une histoire de religions. la vision était là, flottant entre l'inconscient et le conscient. Elle aurait pu surgir au dessus d'un temple. Cependant la magnificence de la cathédrale y est certainement pour quelque chose.

@ djaipi le courage de traverser les flammes, c'est souvent ce qui nous manque. Bises.

Écrit par : ariaga | 25/04/2007

Intéressante histoire, quoiqu'un peu difficile pour mon niveau de compréhension assez modeste et de premier degré ! :-)

PS: en quoi la trêve électorale a-t-elle à faire dans tes récits ? Es tu par hasard candidate aux prochaines législatives ou militante socialiste ?

Écrit par : lancelot | 25/04/2007

mmmmmh
Me voilà frustrée !! hi hi hi !!!
J'attends la suite !

Merci ariaga, merci de ton soutien sur mon blog, parfois ton intervention me redonne le goût, l'impulsion qui me manque à ce moment là.

Pendant des années, les années où j'étais au plus mal (je pleurais 5 jours sur 7 et disais "je ne sais pas pourquoi je pleure"), et bien pendant toutes ces années, je rêvais de meurtre, d'agression,
et .............
de fuite ! je fuyais à toute jambes !

Quand j'ai commencé la thérapie, je faisais toujours ces rêves mais de plus en plus espacés.
Et depuis mes révélations (à moi-même et en thérapie et auprès de mes amis) et bien je n'ai plus jamais fait de rêve de fuite.
Le dernier en date, c'était il y a un peu plus d'un mois, avant que je ne me rappelle la scène où ma mère me tartine la gueule avec de la pâté pour chat...
Depuis, plus de rêve de fuite,
Maintenant je sais que lorsque je fais ce type de rêve, il me faut me poser, me recentrer sur moi, ce sont des périodes où je papillone, je commence tout et ne fini rien...
Petit à petit, j'arrive à mieux me comprendre

Écrit par : gaiia | 26/04/2007

Bonjour Ariaga, oui on a envie d'en savoir plus, vite la suite !

Écrit par : Ray | 26/04/2007

Fascinant ! J'aime bien cette idee de la porte ! Mais jusqu'ou le monde materiel qui sculpte nos destinees peut etre soumis a la volonte divine ?
Comment concilier ces deux niveaux de realite ?

Écrit par : Yubai | 26/04/2007

On attend la suite. Bises.

Écrit par : profdisaster | 26/04/2007

hello, pour les images des sorcières, je les aies trouvées sur google,
tu as raison pour les écrits, bon, une chose est sûre, c'est que j'écris pour moi, pour me soulager, pour le plaisir, j'adore ça
mais aussi il est vrai que je n'arrive pas à "modérer", c'est tout ou rien, dans la vie c'est pareil
alors évidemment, quand j'écris, c'est toute ma pensée ou pas du tout, alors que, comme tu le dis, parfois un questionnement, une phrase suffit... je vais y réfléchir !
biz biz

Écrit par : gaiia | 27/04/2007

@ gaiia : Je crois que c'est Guy Corneau qui parle du féminin (dans N'y a-t-il pas d'amour heureux?) binaire avec un discours de "tout ou rien" comme : "Comblée/pas comblée", "Beau/moche", "Bon/mauvais" ...
Tu as déjà lu ce bouquin ?

Bien à toi,

Alexandre

Écrit par : clidre | 27/04/2007

@ lancelot, ne te fais pas plus bête que tu ne l'est. Chercherais tu les compliments ? Pour la seconde question tu sais très bien qu'elle relève de la vie privée et "Ariaga"n'a pas de vie privée sur le blog. Ou alors pour des choses qui peuvent aider ou intéresser tout le monde. Mes opinions politiques, pour moi, ne font pas partie de cela. Seul compte le cheminement spirituel et l'alchimie de la vie. Quand je parle de trêve électorale, c'est avec ironie et cela veut dire que, comme pendant la "trêve des confiseurs", des fêtes il vaut mieux ne pas mettre de textes "importants" sur le fond car les lecteurs n'ont pas la tête à cela.

@Yubai, ta visite me fait toujours un grand plaisir car tu sais combien j'admire tes photos et les textes qui les accompagnent.

@Gaiia et Clidre, les petits jeunes vous avez l'air de bien vous entendre. Continuez surtout gaiia qui est sur le bon chemin.

Écrit par : ariaga | 27/04/2007