« Une lettre de Jung sur l'amour de soi | Page d'accueil | Nécessité du bruit contre l'angoisse selon C.G.Jung »
22/06/2017
Une lettre de Hildegarde de Bingen
Dans le Commentaire sur le Mystère de la Fleur d'Or(p.45) C.G.Jung cite un écrit de la grande mystique Hildegarde de Bingen qu'il considérait comme une personnalité remarquable. Il s'agit d'une lettre sur ses "visions" envoyée en l'an 1171 au moine Wilbert de Gembloux :
" Depuis mon enfance, disait-elle, je vois constamment une lumière dans mon âme, mais non avec les yeux extérieurs ni avec les pensées de mon cœur ; les cinq sens extérieurs n'ont pas davantage part à cette vision ... La lumière que je perçois n'est pas de nature locale, mais elle est plus éclatante que le nuage qui porte le soleil. Je ne puis y distinguer ni hauteur, ni largeur, ni longueur... Ce que je vois ou apprends dans une telle vision demeure longtemps dans ma mémoire. Je vois, j'entends et je sais tout en même temps, et j’apprends pour ainsi dire sur le champ ce que je sais...Je ne puis reconnaître aucune forme à cette lumière et pourtant j'aperçois parfois en elle une autre lumière qui se nomme pour moi lumière vivante ... Pendant que je jouis de la vue de cette lumière, toute tristesse et tout chagrin disparaissent de ma mémoire. "
Jung fait un commentaire très intéressant sur ce texte mais je pense que chacun peut le lire à sa manière. Je peux éventuellement le mettre en note.
J'ajouterai, pour ceux qui s'en souviennent, qu'il y a quelques années était sorti un CD intitulé Canticles of ecstasy qui reprenait des textes de Hildegarde de Bingen et qui, à la surprise générale, avait connu un succès populaire.
Ariaga
17:38 Publié dans Citations, Jung et la psychologie des profondeurs, Pensées, interrogations, aphorismes, Philosophie, photo, rêve | Lien permanent | Commentaires (33) | Tags : écrits, citations, philosophie, spiritualité, jung, hildegarde de bingen, mystique, ariaga
Commentaires
Je nommerais volontiers cette lumière -amour-
Écrit par : Chinou | 22/06/2017
Je viens de lire un article qui parle non de parousie mais de lumière intense venue du ciel et de manifestation divine dans la révélation de Pierre et des savants pas si fous que ça cherchent le lieu de la chute d'une météorite dans le désert syriaque.
après tout ces phénomènes sont fréquents à l'échelle des temps de l'humanité et c'est une possibilité comme une autre qui mérite d'être explorée, lumière intense, grondement sec, la météorite de Tcheliabinsk est venue après celle de la Tunguska nous rappeler que le danger vient du ciel, ce que les gaulois n'ont jamais nié d'ailleurs, et nos ancêtres étaient peut être du côté de rochechouart quand un bolide s'échoua là en morceaux il y a environ 75000 ans.
Écrit par : Thierry | 22/06/2017
Merci Ariaga, pour cette citation de cette grande mystique, qui soudain m'éclaire sur cette "lumière" que certains nouveaux éveillés (comme Eckart Tolle) prétendent voir et que j'avais cherchée tantôt dans le paysage, tantôt dans le nettoyage en profondeur de toutes les terminaisons nerveuses du corps, par la méditation... Mais cela n'a rien à voir avec quoi que ce soit de matériel !! Et Hildegarde von Bingen l'exprime bien en disant que "les cinq sens extérieurs n'ont rien à voir avec cette vision". C'est bien là l'ouverture du 3e oeil, mais en effet (et Chinou a raison...) le 3e oeil n'est pas situé entre les deux sourcils, mais DANS LE COEUR. Ce qu'elle perçoit est ce que certains nomment "l'espace de clarté", d'autres "la grande paix du coeur": c'est notre Réalité qui brille lorsque le monde extérieur est oublié.
Écrit par : Aloysia | 22/06/2017
Cantiques de l’extase, oui pourquoi pas mais depuis plus de 5000 ans sapiens consomme des psychotropes alors en allant vers l'ectasy pourquoi pas ?
On connait les rituels des chasseurs dans les grottes aux confins de la Namibie et de l'afsud et la transe chamanique et propitiatoire mais aussi préopératoire conditionne les esprits et prépare à la chasse les ancêtres des bushmen, c'est du moins ce que prétend un chercheur en paléo anthropologie de l'université du wittswaterrand de mes amis.
En ce moment on chasse plus les moustiques que les mystiques mais les paroles lumineuses de Hildegarde résonnent comme une mise en garde et d'ailleurs d'inquiétantes lumières moins inspirées de rencontres du troisième type que d'une activité cérébrale forcenée peuvent amener aux même effets .
Écrit par : Thierry | 22/06/2017
Merci a Aloysia pour son développement alors que je m'ingéniais à fausser les cartes et à lancer des pistes abracadabrantes qui méritent quand même qu'on s'y réfèrent avec Dumézil et bien d'autres quand à l'émergence de la conscience et tout ce qui s'y rattache sur notre être profond.
Les terminaisons nerveuses du cœur et des intestins ne sont pas pour rien dans les signaux envoyés vers le cerveau maitre et on est loin d'avoir exploré complétement ce territoire qui nous fait tripaux et tribaux par moment mais qui justifie à postériori une partie de l'origine de l'amour qui est centre de vie, principe de vitalité et pulsation...primordiale et cordiale
Écrit par : Thierry | 22/06/2017
j'espère que la chaleur va tomber et moi avec car sinon je risque d'écrire jusqu'au bout de la nuit et ce ne serait pas raisonnable, déjà l'effet de seuil est dépassé, je m'éclipse...
Écrit par : Thierry | 22/06/2017
Toujours si parlant les textes d'Hildegarde de Bingen. Ils font toujours réfléchir et, au final, sont très apaisants.
Bonne journée.
Écrit par : Bonheur du Jour | 23/06/2017
@ Chinou, cela me va très bien comme nom même si je pense que cette lumière ne peut être contenue dans un mot mais nous fonctionnons ainsi, sous peine d''être consumés.
Écrit par : Ariaga | 23/06/2017
@ Thierry, tout va bien, le laboratoire se fait volontiers le réceptacle de ce qui t'envahit car, lorsque l'on te lit il y a toujours des fruits à cueillir ...
Écrit par : Ariaga | 23/06/2017
„Je vois, j'entends et je sais tout en même temps, et j’apprends pour ainsi dire sur le champ ce que je sais„
Cette phrase me fait penser à l'intuition. L'intuition n'a rien à voir avec les cinq sens, ou la réflexion. Rien ne dit qu'elle est dans l'âme. Elle est le fait que comprendre immédiatement sans raisonnement ni explication. Seulement, chez le commun des mortels, l'intuition n'est pas permanente.
Peut être Hildegarde, elle, a l'intuition permanente des choses...
Écrit par : Binh An | 23/06/2017
@ Aloysia, avec ce genre de texte, les commentaires, comme le tien sont des réflexions intérieures et je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'y ajouter des mots. Je te dirai juste merci.
Écrit par : Ariaga | 23/06/2017
@ Bonheur du jour, apaisants, mais il y a parfois aussi un feu brulant.
Écrit par : Ariaga | 23/06/2017
En lisant ton texte, je pense à Lobsang Rampa et son 3ème oeil..qui m'a beaucoup marquée..
Écrit par : Sedna | 23/06/2017
Merci de partager cette remarquable lettre. J'aurais aimé lire le commentaire qu'en donne Jung mais j'irai voir dans mes livres. L'évocation de cette lumière intérieure m'a fait penser à ce que disait Jacques Lusseyran, qui se félicitait dans son autobiographie
(Et la lumière fut) d'avoir perdu la vue assez tôt pour ne pas s'être accoutumé à la lumière extérieure et être resté en contact, de ce fait, avec la lumière du dedans...
Écrit par : Jean | 23/06/2017
Il n'y a pas que le monde extérieur. Il y a aussi en nous d'autres plans de vie. A nous de les découvrir, de les faire vivre, les comprendre. Ils sont une connexion avec le divin.
Écrit par : Daniel | 24/06/2017
Hildegarde était probablement une "éveillée", avec une connexion directe à la réalité /irréalité du monde.
On peut d'autant plus le supposer en regardant simplement la liste des épices qu'elle utilisait dans ses conseils thérapeutiques (curcuma, galanga, gingembre, etc) : de nombreuses épices d'origine indienne, dont on ne sait trop comment, au XII° siècle, elle pouvait être au fait de leurs propriétés sinon par une "connaissance directe", justement.
Merci Ariaga pour ce beau texte
Écrit par : venezia | 25/06/2017
Merci Ariaga pour tous ces partages, de qualité...
Les recevoir, en silence, j'aime cela.
Écrit par : Miche | 25/06/2017
merci pour le partage!! amitiés
Écrit par : jean pierre a | 25/06/2017
Relus ce matin ces mots de Krishnamurti, un écho à la lettre de Hildegarde de Bingen... enfin pour moi.
Être À Soi-même Sa Propre Lumière
◆ Le Désordre, La Confusion Et La Détresse Qui Sont Le Lot De L’humanité Font Partie Du Paysage De Cette Vieille Conscience, Et, Faute D’y Apporter De Profonds Changements, Toute Activité Humaine, Qu’elle Soit D’ordre Politique, Économique Ou Religieux , Ne Nous Poussera Qu’à Une Destruction Réciproque Et À L’anéantissement De La Planète. C’est L’évidence Même Pour Tout Être Sensé.
―Il Faut Être À Soi-même Sa Propre Lumière.
Cette lumière est la seule et unique loi : il n’en existe pas d’autres. Toutes les autres lois émanent de la pensée, et sont donc fragmentaires et contradictoires.
Être à soi-même sa propre lumière, c’est refuser de suivre la lumière d’un autre, si raisonnable, si logique, si exceptionnel, si convaincant soit-il. Vous ne pouvez pas être votre propre lumière si vous êtes plongé dans les ténèbres de l’autorité, des dogmes, des conclusions hâtives.
La morale n’est pas une émanation de la pensée ni l’effet des pressions exercées par le milieu ambiant, elle ne relève ni du passé ni de la tradition. La morale est enfant de l’amour, et l’amour n’est ni le désir ni le plaisir. La jouissance, sensuelle ou sexuelle, n’est pas l’amour.
Être à soi-même sa propre lumière : là est la vraie liberté — et cette liberté n’est pas une abstraction, elle n’est pas le fruit de la pensée. Être authentiquement libre, c’est être affranchi de toute dépendance, de tout attachement, de toute soif d’expérience.
Être à soi-même sa propre lumière, c’est s’être dégagé des structures mêmes de la pensée. Au sein de cette lumière, il n’y a place que pour l’agir, de sorte que jamais l’action ne peut être contradictoire. La contradiction n’existe que lorsque cette lumière est dissociée de l’action, lorsqu’il y a clivage entre l’acteur et l’action.
Tout idéal, tout principe n’est qu’un processus mental stérile, et il ne peut coexister avec cette lumière — l’un est la négation de l’autre.
Que l’observateur soit là, et cette lumière, cet amour sont aussitôt exclus. La structure même de l’observateur est l’œuvre de la pensée, qui n’est jamais neuve, jamais libre. Le « comment », le système, la pratique n’ont aucun intérêt.
Seule compte la perception lucide, qui se confond avec l’action. C’est à travers vos yeux que doit se former cette vision, non à travers ceux d’un autre. Cette lumière, cette loi n’appartiennent ni à vous ni à l’autre. La lumière — rien d’autre ne compte que la lumière. Voilà ce qu’est l’amour.
Brockwood Park, le 24 septembre 1973
Extrait du Journal de Krishnamurti, 24 septembre 1973, © 1982
Krishnamurti Foundation Trust Ltd.
Ici : https://oraney.blogspot.com/2017/06/etre-soi-meme-sa-propre-lumiere.html?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed:+Oraney+(Oraney)
Écrit par : Miche | 26/06/2017
photo et texte magnifique! amitiés
Écrit par : jean pierre a | 26/06/2017
@ Binh An, je ne sais pas exactement où se situe l'intuition et c'est bien. il ne faut pas tout savoir pour justement laisser place à ... l'intuition !
Écrit par : Ariaga | 26/06/2017
@ Sedna, en effet, c'est puissant.
Écrit par : Ariaga | 26/06/2017
@ Jean, merci pour ce commentaire et bravo pour ton blog que je vais bientôt mettre en lien (je vais faire une refonte et du ménage ...)
Écrit par : Ariaga | 26/06/2017
@ Daniel, je crois beaucoup à ces différents plans dont tu parles, je crois même que la mort n’est que un de ces plans. Mais c'est seulement ce que je crois, ce que je ressens.
Écrit par : Ariaga | 26/06/2017
@ Miche, je te remercie beaucoup pour le partage de ce très beau texte.
Écrit par : Ariaga | 26/06/2017
Echos d'Hydra un texte peut être déjà partagé
bonne soirée à toutes et tous et que la cristallinité de nos vies
ces réseaux ténus résonnants convertissent sans mettre en pièce haut
Songs of truth and depth
Quand léonard Cohen a écrit dixit « Il y a une faille dans toute chose, c’est par là qu’entre la lumière » j’ai été interloqué comme chaque fois que l’on rencontre une expression symbolique qui rassemble en peu le vrai et le caché, le trouble et l’instantané et qui vous révèle une autre part de vous-même ou que l’application de la formule nous agite et que comme une crème on se plait à détailler sous le superficiel les ramifications.
Ce qui dans notre conscience donnerait relief et substance aux choses serait donc ce qui permettrait de faire pénétrer dans le soubassement , dans l’intime pour lui faire toucher en l’éclairant ces aspérités de chacun qui sont sa marque de fabrique et qui l’identifie trop bien.
Oui nous sommes faits de morceaux agrégés et ces jointures, ces macles, ces stries, ces plans, ces espaces sinuent en nous pendant que s’insinue le doute sur notre nature réelle. Que ces matériaux divers soient assemblés confine parfois au miracle, nous dépasse et comme un abîme insondable nous ne pouvons profondément creuser et contempler à partir de la surface que lentement, progressivement et couches à couches.
Pas stratigraphes dans cet enchevêtrement compliqué et tellement inextricable, nous voudrions en voir le semblant d’unité mais pour cela il en faut du recul comme face à la mosaïque pour trouver sens aux motifs de ces éclats difformes et de cette palette de couleurs si diverses.
Des failles ce sont des anfractuosités, des lignes qui ouvrent des champs d’exploration et des replis sur soi qui occultent des vérités à peine perceptibles, cachant à la vue ce qui ne peut être exposé de manière permanente.
Des failles c’est susceptible de nous faire défaillir mais ce n’est pas le signe d’une faillite car la structuration des êtres ne répond à aucune logique absolue mais laisse seulement des goûts de regret et des sentiments d’inachevé par le fait de ne pas être allé au bout de soi même, au fond des choses.
De failles en faïences il n’y faut voir de défiance mais seulement une confiance progressive qui rejette loin les marques du doute quand la connaissance donne à voir et à comprendre.
Le côté poly cristallin ne saute pas aux yeux si ce n’est par de légers miroitements, des moirures qui sans l’apanage de parures donnent aux membrures de la nef personnelle cette âme.
Écrit par : Thierry | 26/06/2017
Bonjour Ariaga...
Cette lumière perçue par Hiledegarde est celle de l' âme...
Plus l'âme est pure , plus la lumière est d'une intensité qui envahit tout l'être...c'est ainsi qu'elle procure un état de réelle sérénité...de douce félicité.
Le résultat est d'être dans une totale immersion universelle...de faire partie d'un Tout en éternel mouvement...
Écrit par : michèle | 27/06/2017
Et si cette lumière était le souvenir de son et de notre origine à tous ? Une sorte de bain primordial, une énergie d'amour... C'est ce que je ressens. Bises et douce journée Ariaga, à bientôt. brigitte
Écrit par : Plumes d Anges | 28/06/2017
@ ARIAGA À TOUS, je ne pensais pas en publiant ce petit texte avoir des commentaires aussi passionnants. Je vous remercie tous et j'éteins à nouveau mon ordinateur car il y a de très gros orages et je préfère éviter d'éventuels dégâts sur mon installation. À bientôt.
Écrit par : Ariaga | 28/06/2017
Un bonsoir chère Ariaga....
Oui des musiques sur les textes de cette Hildegarde si savante.
Écrit par : Hécate | 28/06/2017
Écrit par : Miche | 30/06/2017
Merci Ariaga pour ce texte plein de lumière et merci à ton lecteur pour le lien vers la musique D'Hildegarde, que j'avais déjà entendue avec plaisir.
Écrit par : la Mère Castor | 01/07/2017
Une lumière qui fait tant de bien par sa clarté et sa chaleur. Je découvre Hildegarde et je te remercie beaucoup de ce texte. Bon week end à tous.
Écrit par : elisabeth | 01/07/2017