« L'axiome de Marie la Prophétesse | Page d'accueil | Repos : carte postale poétique »
12/02/2007
La terreur sacrée
Ce matin le vent soufflait très fort et je sentais une force qui me bouleversait...
Le sacré, comme catégorie d'évaluation rationnelle ou d'interprétation symbolique appartient au domaine religieux et éthique. Ici, je parle d'émotion et d'irrationnel. Un nom, repris par C.G.Jung, a été donné à cette émotion par R. OTTO. Il s'agit d'un théologien allemand (1866-1937) auteur d'un ouvrage intitulé Le Sacré (ed. all.1929, trad. fr. 1949, Payot.) qui a appelé cette grande émotion le numineux (de numen). Il s'agit d'une émotion que certains ont peut-être ressenti, celle du mystère qui fait frissonner. Ce peut être une onde paisible ou un surgissement dans l'âme produisant un choc intense, et aussi un tremblement de la créature qui demeure silencieuse et humble devant un mystère qui fait chavirer les catégories de sa raison et la fait se sentir minuscule.
je pense aussi à la colère de Jahveh dans la bible, colère qui s'enflamme comme une force cachée de la Nature, provoquant un terrible effroi. Dieu, ressenti comme une majesté suprême, omnipotente, omnisciente, peut aussi être source d'une forte numinosité. Je dis forte parce que je pense force. Le numineux dégage une forte énergie, une, tension de l'être qui est le moteur d'une excitation conduisant à un terrible ascétisme ou à des actes héroïques dépassant l'imagination.
On peut aussi retrouver le numineux dans l'expérience puissante d'un grand rêve qui laisse le rêveur "tremblant", et aussi dans l'oeuvre alchimique spirituelle pendant laquelle certains, au lieu de suivre la voie patiente et "humide", ont soudain , pour avoir employé un feu violent, brûlé et tremblé de peur devant la lumière trop éblouissante qui éclairait la voie sèche. Et les poètes... j'en ai lu sur des blogs amis qui doivent très bien "ressentir" ce que je veux dire quand je pense à la numinosité.
17:25 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : écriture, spiritualité, Dieu, philosophie, alchimie
Commentaires
Chère Ariaga, j'admire ton esprit analytique presque cartésien.
Et j'aime mieux lire ton ressenti que tes citations même s'ils contiennent une substantifique moëlle.
Douces pensées.
Écrit par : lancelot | 13/02/2007
En effet, cette expérience de l'émotion sublimée réduit en cendre la persona...
Bien amicalement, Ariaga,
Écrit par : Phène | 13/02/2007
Le "Numineux" pénètre soudain dans les ténèbres de mon mental personnel prisonnier du temps pour y faire exploser le silence de mon Être sans naissance ni mort, terre vierge d'un éternel Amour...
Écrit par : mouniprema | 13/02/2007
Je vois très bien de quoi tu veux parler Ariaga...
mais ça se règle la numinosité ? ;)
Écrit par : profdisaster | 13/02/2007
C'est beau, n'est-ce-pas, ce mot, numinosité ? Bien sur @profdisaster, ça se règle avec un variateur d'ambiance
@mouniprema tu es toute poésie, tu vas monter vers le ciel sur ma petite échelle...
@lancelot, cartésien n'est pas un compliment, mais comme j'ai de l'amitié pour toi je le prendrai comme tel.
@phène, tu es un alchimiste.
Écrit par : ariaga | 14/02/2007
Témoignage de sentiment numineux : ayant eu l'occasion récemment de recontempler la voûte céleste nocturne loin des villes, je confirme ce que préconisait la yogini Devi qui initia Daniel Odier au tantrisme : regarder le ciel étoilé est très bénéfique. Nous nous emplissons d'une impression d'infini et de l'immensité de la nature, avec en écho, le mystère de notre origine. Notre étoile intérieure frissonne quand nous levons la tête pour contempler les étoiles extérieures...
Bonne nuit à tous !
Écrit par : Arianil | 14/02/2007
@Arianil, comme ce doit être beau une étoile intérieure qui frissonne, de la Pure poésie. Moi aussi j'ai la chance de pouvoir regarder le ciel étoilé, maintenant je penserai à ces mots.
Écrit par : ariaga | 15/02/2007