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« Rêve d'enfance de C. G. JUNG : la terreur devant l'énorme | Page d'accueil | Retourner chez soi »

20/04/2007

L'axe du monde dans le rêve d'enfant de C.G.JUNG

......Suite de la note précédente, elle même suite de la note précédente, c'est la fin !

   En dehors du thème de la  toute puissante Nature je vois dans ce rêve d'enfant la présence d'éléments structurels et symboliques qui accompagnèrent Jung tout au long de sa vie. Par exemple cette descente vers les profondeurs de la terre anticipant la future descente de Jung, ce moment où, dans un état que certains ont qualifié de névrotique, et après de longues hésitations, il se "laisse tomber"dans la profondeur obscure de l'inconscient. Je vous raconterai un jour ce qu'il y trouve et les rencontres qu'il y fait...On observe semblable hésitation chez l'enfant à entamer l'exploration, la même intense curiosité, et le même désir de savoir qui surmonte toutes les paniques. Le germe de la "psychologie des profondeurs" était enfoui dans le sol de ce rêve d'enfance. 

   Sur le plan de l'édification d'une structure, la quaternité terrestre, représentée par l'espace carré, "maçonné dans la terre", l'organisation autour d'un centre, où trône le royal phallus, sont une préfiguration des manifestations archétypiques que l'on rencontre dans les mandalas. Or, on sait que Jung à longtemps cherché "son" mandala à travers ses recherches sur le passage du ternaire au quaternaire et l'évolution du processus de centrage. Il en a dessiné pendant des années, dont certains fort beaux sur le plan artistique. Plus symboliquement, la forme carrée est aussi significative du fait que les préoccupations de Jung devaient se situer au niveau d'une totalité humaine vue comme une réalisation "ici et maintenant". Ceci se concrétisera après sa maladie de 1944, dont la conséquence sera "un oui inconditionnel à tout ce qui "est".

   Le trône royal en or de ce rêve initial est en relation directe avec celui sur lequel est assis Dieu pendant le second rêve d'enfance (rêve fort choquant pour les gens pieux que je vous raconterai bientôt), ce qui accrédite l'idée que c'est une divinité ichtyphallique qui réside sur ce trône. Il ne faut pas oublier que l'enfant, incapable de déterminer l'objet gigantesque qui atteignait presque le plafond, l'avait tout d'abord pris pour un grand tronc d'arbre. Or, l'arbre phallique est directement relié au symbole immémorial de l'"axis mundi" ou axe du monde. Dans l'antiquité, on trouve des représentations de l'axe de l'univers, comme arbre de vie phallique aux racines plongeant dans le monde souterrain et dont le feuillage montait jusqu'aux cieux. On trouve aussi ces représentations dans l'iconographie alchimique. Comme le montre Mircea Eliade dans son ouvrage, Le chamanisme, on observe, de même, cette notion d'axe du monde au centre de la vie du chamane. L'arbre est une communication entre le ciel et la terre, un lieu entre le monde d'en bas et le monde d'en haut. Le chamane escalade l'arbre en une ascension qui le mène, symboliquement, aussi haut dans les ciels successifs que le lui permet sa puissance. L'universalité avec laquelle on retrouve ce schéma à la fois archétypique et symbolique indique qu'il fait partie d'un patrimoine commun de l'humanité et le fait qu'il soit présent au coeur de ce rêve enfantin, montre bien le côté "fondateur" de ce songe. Jung, par ses écrits de la maturité, tentera, comme le chamane, de réunir le monde de la matière et de la psyché.

   Je pourrais encore relever, parmi les éléments de ce récit onirique, plusieurs symboles en relation avec le contexte des préoccupations futures de Jung. Des Junguiens fréquentent ce laboratoire et il faut bien que je les laisse travailler un peu. Et puis, je me suis surtout attachée à rechercher parmi les deux rêves d'enfance de Jung, les racines de sa pensée paradoxale vis-à-vis de la divinité. Vous verrez qu'elles se situent surtout au sein de la terrible vision de la cathédrale de Bâle telle qu'il la raconte dans Ma vie. Le feuilleton n'est pas terminé. A bientôt.

       Ariaga
 

Commentaires

Il y a quelques années je me suis rendu sur "les terres de Jung".

C'est à Laufen que remonte ses premiers souvenirs et en particulier son premier rêve.

J'ai pu méditer sur la profondeur de ce rêve et imaginer Jung enfant dans ce paysage magnifique qui surplombe les chutes du Rhin.

Aujourd'hui Laufen est un haut lieu touristique.

Voici un lien qui permet de voir Laufen aujourd'hui :
http://www.cgjung.net/tour/laufen.htm

Écrit par : Claudio Ajar | 20/04/2007

le suspens est (presque) insoutenable... Ariaga, vous nous faites frémir d'impatience !

Écrit par : djaipi | 21/04/2007

Beau temps probablement orageux en fin de journée
Par malice et sans détour la question se pose du contenu des commentaires sur un tel rêve dont la vie au réveil du récipiendaire et après serait ignorée.
Merci par ailleurs pour ce grain de lumière traversant une ignorante noirceur: malice et pommier ont une homonymie latine.
Remarquez, la météo est une science exacte en devenir

Écrit par : phyta | 22/04/2007

@ Phyta tu m'as mis plusieurs commentaires intéressants mais j'ai un peu perdu le fil (j'ai quelques problèmes de santé et de disponibilité en ce moment) et il me semble que tu m'avais donné des indications sur ton identité. Si tu veux mieux te situer voudrais tu m'envoyer un mail ?(en haut du blog à gauche). A bientôt.

Écrit par : ariaga | 22/04/2007

@ diapi : Bonjour ! Une simple question me vient à l'esprit suite à la lecture de ceci : "vous nous faites frémir d'impatience !".

C'est qui le "nous" dans cette phrase ? Vos dieux intérieurs ? Si oui, lesquels ? Si non, qui est-ce ?

Bien à vous,

Alexandre

Écrit par : clidre | 22/04/2007

Très bonne idée ce petit "jeu de piste" (je n'ose dire "feuilleton", quand même...:), et je rejoins l'impatience de Djaipi.
Cette note est très intéressante, notamment sur les différentes symboliques que tu évoques. Par contre, je ne suis pas sûre de très bien maîtriser la symbolique du ternaire et du quaternaire en terme de psychologie (je me rappelle une de tes notes où tu en fait mention, mais rapidement).
Bises.

Écrit par : ada | 22/04/2007

Cher Claudio, quelle chance vous avez eu de pouvoir faire ce voyage et de vous imprégner de l'esprit de ces lieux. Merci pour ce lien, que je connaissais, qui sera certainement très utile aux lecteurs de ce blog. amitiés junguiennes.

Écrit par : ariaga | 24/04/2007