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31/10/2009

Mort et alchimie

 

Livre Chris-Tian-Vidal.jpg

Photo Chris-Tian Vidal

En cette période où, dans le laboratoire alchimique de mon temple intérieur ,  j'expérimente la mort lente de ce qui était une part  essentielle de ma vie humaine, ce n'est certainement pas par hasard que, sur la table de nuit-bibliothèque-dépotoir où s'entassent dans le plus grand désordre livres et revues, et aussi des tas de choses inutiles ou usagées, mes yeux se soient fixés sur un livre lu cet êté.  Il s'agit d'une espèce de "carnet fantasmes" de Chris-Tian VIDAL intitulé Marrakech, où le mâle m'a dit la Mort ! (Vous aurez tous les détails sur ce livre  et aussi de magnifiques chats en cliquant sur le lien) Pourquoi ce livre maintenant a t-il émergé de la pile alors qu'au moment où je l'avais lu je l'avais reçu comme un coup dans le plexus. Probablement parce qu'il touchait quelque chose d'obscur en moi et que, curieusement, quand quelque chose me touche je suis incapable d'en parler imédiatement. Une lente digestion est nécessaire et je dois oublier, laisser mourir, pour que du bouillonnement ne reste plus que l'écume. Cette écume n'est probablement pas ce à quoi pensait Chris-Tian Vidal en écrivant ce voyage psychanalytique mais les livres sont aussi ce qu'ils deviennent pour les lecteurs. Je n'ai pas relu, surtout pas, et même si j'ai de vagues souvenirs de Duras, de Barbara, de la complexité de l'homosexualité, d'un mystérieux analyste, d'une aversion pour l'ordinateur,d'une certaine fascination des mots crus ce n'est pas cela qui a émergé du fatras de ma mémoire. Ce que j'ai ressenti, plus que lu, c'est le sentiment d'une mort alchimique, ce que l'on appelle la nigredo.

La mort alchimique ou nigredo que je vous décrirai mieux, une autre fois, dans sa relation avec la dépression, est parfois décrite par les textes comme un travail du semeur qui enfouirait sa semence dans la terre. C'est l'oeuvre au noir dite aussi "mort noire et putréfaction" . Pendant le Grand Oeuvre survient un moment où la luimière céde la place aux ténèbres et au désespoir. L'alchimiste se rend compte que si la pierre peut exercer une force divine elle peut aussi se transformer en poison mortel. Cette phase qui conduit aux portes de la mort est indispensable à la continuation de l'Oeuvre car, ainsi qu'il est écrit dans le Rosarium ( 1550 ): "Lorsque vous voyez votre matière devenir noire  réjouissez vous car c'est le commencement de votre oeuvre." En effet c'est du coeur des ténèbres que renait la lumière et c'est à cela que, ce matin, m'a fait penser le livre de Chris-Tian vidal ; une  phase de renoncement , semblable à la mort alchimique, à ce qui faisait votre vie, pour qu'une nouvelle phase de renaissance puisse commencer. C'est pourquoi cette note que l'on aurait pu croire un peu sinistre est finalement pleine de joie et d'espoir.

Ariaga

Commentaires

---> Bonjour, très chère,

Du silence, je garde espoir de renaître une unièmes fois, mais sa mise en oeuvre est devenue de plus en plus laborieuse. Serait-ce parce que le silence met de plus en plus de temps à se solidifier ? Ce n'est pas improbable, aussi, je dois patienter pour oser affronter à nouveau le monde des ténèbres.

Douce continuation, Jack une âme en silence.

Écrit par : © Jack MAUDELAIRE | 31/10/2009

Une collègue dit tout le temps : "La dépression, c'est un luxe !"
J'ajouterais : "A condition de ne pas y passer sa vie !"
S'il s'agit de cette phase qui succède immédiatement à la séparation de soi des scories et autres lambeaux collés dans soi ou sur soi par d'autres ; tous cet ensemble qui tiens lieu de nous, façonnant une persona fragile, instable et mal ficelé, alors oui, il s'agit du luxe d'avoir à se bâtir un être au monde singulier durant ce moment magique où l'individu ne sait plus qui il est, ce qu'il doit faire ni quels sont ses désirs.
Alors, dépouillé, nu, insensé, il erre quelque temps entre deux mondes : un ancien monde parti en petits bouts, consumé, calciné, broyé et un autre monde à venir, celui des possibles qu'il s'agit d'accepter comme un nouveau monde.

Écrit par : jean | 31/10/2009

Bonsoir,
j'ai adoré cette façon de narrer cette mort alchimique, il faut mourir pour renaître c'est une loi de la "nature".
Plus simplement quand on touche en soi le "fond", il n'y a que deux possibilités, rester au fond et mourir ou propulser ses pieds au fond pour mieux remonter à la surface avec tout l'enrichissement de cette "expérience"...
(merci d'approfondir sur "philo")
Bonne soirée. Amicalement. Daniel

Écrit par : bichon39 | 31/10/2009

Merci mon Ariaga-amie. Je n'oublie pas ta lecture première et en confidence comme "un coup dans le plexus solaire". C'est une image qui souvent me revient et qui parfois occupe mes dialogues en soliloques sur le divan noir de la psychanalyse. Sur le moment, j'ai senti ce coup violent quand tu me l'as confié, au plus profond de mes entrailles, de mon âme si sensible, si à l'écoute des rumeurs du monde et des cœurs de hommes, avec des frissons de peurs et de douleurs. Et aujourd'hui, je l'ai en moi, serein et apaisé : un coup porté en moi, en toi, en mes lecteurs et en mes personnages, violent mais qui s'est finalement adouci de la confession de l'amitié simple et franche entre les êtres. Tout simplement merci de cette présentation de mon petit carnet dans une vaste et riche et tienne réflexion de ce qui fait de la vie, nos vies, nos humanités. Je t'embrasse. Prends soin de toi. Chris-ami. P.S : J'ai cru être mort et je suis pourtant bien en vie ! Merci de ta confiance, de ta confidence confiante.
Pour tes lecteurs : il me reste quelques livres à dédicacer et à adresser ( qu'ils n'hésitent pas à entrer en contact avec moi, via mon blog ) et je me permets de leur dire que "Marrakech, Où le mâle m'a dit : La Mort ! " est en compétition pour le prix littéraire belge du Gros Sel. Pour ceux qui pour lui voudraient voter, d'avance merci et si tu le permets, voici le lien :
http://www.rezolibre.com/grossel/votez.php#votez
Écrire est un bien difficile "métier"... Une nécessité de survie, parfois... Une échappatoire au pire ! Un nécessaire douloureux et pourtant salutaire arrimage à la vie.
Et le livre est disponible aussi en la librairie de mon éditeur :
http://www.edilivre.com/doc/10372
MERCI, Ariaga.
Chris-Tian Vidal.

Écrit par : Chris-Tian Vidal | 01/11/2009

Je suis longtemps restée dans une sombre boite, avec des jours plus sombres que d'autres et j'étais donc persuadée que la vie n'était que cet univers sombre. Un jour, j'ai réalisé qu'il pouvait en être autrement, c'est le jour ou pour la première fois j'ai agi en conscience, non plus dans la pulsion, ni dans l'habitude, mais en conscience. Ce jour là, je pense que j'ai mis un pied dans la lumière, et j'ai expérimenté ce qu'était la paix, et vraiment être en accord avec soi.Ce qui est assez diffèrent que de naviguer entre gris clair et gris foncé. Assez différent car les gradians entre le plus obscure et le plus lumineux, nous porte a avoir autant de regards, de positionnements différents, et il n'est pas aisé de passer de l'un a l'autre, lorsque l'on est habité par autant de regards, mais si l'on arrive a transformer son regard lorsque l'on est au plus mal, c'est autant de compétences acquises pour ensuite transformer son regard et appréhender le monde au delà des apparences dans ces multiples facettes.
Enfin c'est comme cela que j'essaie de positiver « la chose » à chaque fois que la vie m'amène a traverser ses sombres périodes.

Écrit par : Virginie | 01/11/2009

Salut, je ne sais si c'est à moi que s'adressait bichon par sa demande d'approfondir sur "philo" mais c'est chose faite sur mon blog philo pour ceux que cela intéresse:

http://www.jargenty.fr/wp_philo/

Écrit par : jean | 01/11/2009

J'ai lu ce livre et je pense que maintenant l'auteur a pu avancer dans son voyage intérieur. Il est nécessaire de laisser parler son coeur, pour avancer. Il existe des étapes dans la vie que l'on ne peut pas maîtriser forcément dans le bon sens mais qui peut se vanter de n'avoir jamais connu la dépression ? Bon courage et bon dimanche.

Écrit par : elisabeth | 01/11/2009

La vie n'est qu'une alternance entre le pain noir et le pain blanc, c'est comme le jour qui succède à la nuit, tout est "dualité".
La lumière reviendra pour ceux qui sont dans le noir, ce que je te souhaite chère Ariaga,
et pour Chris-Tian, je sais qu'il est sorti de ce mauvais pas .
Ce que j'aime en vous deux, c'est votre talent dans l'écriture et de savoir si bien traduire les émotions et sentiments. Je vous embrasse.
danae

Écrit par : danae | 01/11/2009

J'ai lu plusieurs fois et j'apprécie tes mots. Bises dans l'éther vers toi Ariaga

Écrit par : lechantdupain | 01/11/2009

Je me suis régalé à lire ce texte , je vais l'approfondir car il mérite une méditation et une réflexion .Le noir est la couleur de la lumière dans les propos de Soulage

Des sujets qui me passionnent toujours !

Bon fin dimanche

Écrit par : Bruno | 01/11/2009

Joli regard que celui qui peut voir dans l'Oeuvre au Noir l'espoir d'une aube et bienheureux qui sait que même après l'aube il reste encore du chemin à parcourir jusqu'au flamboyement de l'union de l'esprit et de la matière, dans le zen : shinjin ichinyo : « le corps et esprit sont un »

je t'embrasse

frédéric :)

Écrit par : Lung Ta | 02/11/2009

La saison se prête à cette mort lente et je dois dire que je la côtoie de si près en ce moment...

Écrit par : muse | 02/11/2009

"En cette période où, dans le laboratoire alchimique de mon temple intérieur !"je suis complètement en phase avec cette première phrase de ce formidable texte!...

C'est bien là qu'il faut aller, c'est là que ce passe "l'Initiation" c'est là qu'on est face à soi comme devant un miroir,c'est là que l'on trouve le divin en soi, c'est là que l'on peut enfin pousser la porte et vivre l'alchimie, c'est là......mais peut être que je délire !
je t'embrasse chère Ariaga,courage, tu es tous les jours dans mes pensées d'amour et de paix.
bien à toi

Écrit par : mariedumonde | 02/11/2009

Je passe, je t'embrasse, et je repars...
ça te va ?
bonne soirée Ariaga, plein de bises...

Écrit par : le Pierrot | 02/11/2009

Je ne suis qu’une princesse, mais j’aime bien être une princesse, et te comprendre sans rien dire des mots…

Écrit par : Aslé | 02/11/2009

Tout cela en définitive nous parle de la vie, la seule, intense...
Bonne journée lumineuse!

Écrit par : too banal | 03/11/2009

Coucou Ariaga,
Merci pour votre commentaire sur la cruauté envers les animaux...
Quel article ! à méditer...
J'ai beaucoup aimé le livre de Chris-Tian... et j'aime aussi ses chats
bien chamicalement
béa kimcat

Écrit par : Béa kimcat | 03/11/2009

Oui oui, Ariaga, je crois que j'en ai besoin...
le nours aussi...bise, bonne soirée...

Écrit par : le Pierrot | 04/11/2009

@ Jack MAUDELAIRE, tu exprimes très bien ce que je ressens par moment et puis l'envie reviens de "dire".

Écrit par : ariaga | 05/11/2009

@ Jean, les commentaires comme le tien, si bien exprimés et si ressentis me donnent envie de me taire et de ne plus être qu'un vase sur l'athanor.

Écrit par : ariaga | 05/11/2009

@ Chris Tian Vidal, tu n'as pas à me remercie de quoi que ce soit. C'est moi qui doit te remercier car les livres sont un cadeau quand, quel que soit le moment, ils déclenchent une profonde émotion.

Écrit par : ariaga | 05/11/2009

@ Virginie, en lisant les textes sur ton blog (unsensée dans mes liens) j'avais admiré ron cheminement et ta franchise. Tu avais décidé d'arrêter puis de reprendre mais j'espère que tu n'as pas mis au panier tout ce que tu avais déjà écrit...Il faut mourir, mais pas trop !

Écrit par : ariaga | 05/11/2009

Bonjour Ariaga,
Celle image que tu utilises est celle que j' évoque souvent dans l'atelier en HP que j'anime en accompagnement de personnes dépressives, je parle aussi souvent du Phoenix et de ce fabuleux cadeau ( sans nier la réalité de la douleur et la difficulté de vivre cet instant ) qu 'est le Mal être, cette petite voix intime qui dit " Hey, qq chose ne va pas, si on y changeait qq chose ) ... Et puis, commencent à me hérisser sérieusement les mots maladie, guérison, et étiquettes " maniaco dépression, bipolaire ... " comme des étiquettes emprisonantes plutôt que d'ouverture, alors je parle de métamorphose, d'apprivoisement, de volonté douce et de manteau de chaleur plutôt que de " il faut que ..." Pour te dire la richesse de cet atelier, et des rencontres, un livre ne suffirait pas ... Oui lumière et ténèbre, Collot d'herbois , aquareliste dit que c' est de cette tragédie de la rencontre entre ténèbres et lumière que naît l' arc en ciel ;-))
Pensées douces vers toi, Ariaga

Écrit par : Kaïkan | 05/11/2009

@ Elisabeth, je crois en effet que ce livre était une étape dans la création littéraire de l'auteur. Il a 'étoffe quand il aura bien décanté, comme le vin, pour écrire un très grand livre, plus long après avoir envoyé balader les "béquilles" sur lesquelles il s'appuyait encore.

Écrit par : ariaga | 05/11/2009

@ Danae, tu as raison au sujet de la dualité. Dualité nécessaire pour construire car il faut deux éléments pour en obtenir un troisième. c'est vrai qu'il y a la scissiparité mais on ne va pas se lancer là dedans !

Écrit par : ariaga | 05/11/2009

Ariaga, j'ai déjà fait réparer 2 fois mes godasses, mais plus possible maintenant...mais j'ai déjà remplaçé, je suis un rapide, moi...bisou, passe une bonne soirée...

Écrit par : le Pierrot | 06/11/2009

@ Lechantdupain, c'est gentil ça de lire plusieurs fois mais le diablotin du doute dit en moi que c'est peut être parce que je suis obscure... (humour !)

Écrit par : ariaga | 07/11/2009

@ Bruno, moi, c'est ce que tu as dit sur la poésie dans ton dernier texte qui m'a donné à méditer. C'était très beau photo incluse.

Écrit par : ariaga | 07/11/2009

@ Lung Ta, oui mais ce qui est très dur c'est que l'on ne choisit pas le moment de l'évolution ou intervient l'oeuvre au noir et si on manque de force elle peut vous détruire.

Écrit par : ariaga | 07/11/2009

@ Mariedumonde, il est des êtres qui sont comme un miroir de nos émotions et de notre évolution. Tu fais partie de ceux là.

Écrit par : ariaga | 07/11/2009

Le sujet est sombre comme nos âmes quelques fois torturées... Ainsi peut naître la lumière ! Mais je suis aussi chevalier noir aimant l'ombre et le silence. J'aime ton côté diablotin mais tu n'es pas obscure pour autant :)

Écrit par : lechantdupain | 07/11/2009

Très chère Ariaga

j'ai une croyance, celle qu'il y a toujours un morceau de braise sous la cendre
c'est une croyance qui m'a accompagné tout le temps durant ma carrière sociale et thérapeutique
ce n'est qu'une croyance, mais cela permet de changer le regard sur les personnes qu'on reçoit

cela veut dire pour moi, que malgré tous les malgré, il y a toujours qq chose ou qqn sur qui s'accrocher au moment le plus noir, mais faut il le voir et le saisir ou accepter de se laisser saisir

sinon je sais que parfois on peut être tellement fatigué et usé qu'on n'ai plus envie

je t'embrasse

frédéric :)

Écrit par : Lung Ta | 08/11/2009

@ Lung Ta, ton commentaire est illuminant car, en méditant, je vois que ma "croyance " est identique à la tienne.

Écrit par : ariaga | 08/11/2009

@ Aslé, ce n'est quand même pas rien d'être une princesse, ma princesse.
@Le Pierrot, garde les quand même tes godasses trouées, si un jour tu as des ampoules...

Écrit par : ariaga | 08/11/2009

@ KAÏKAN, horreur i Je m'aperçois que je n'ai pas répondu à ton commentaire si plein d'amour, de don de soi, de justesse. tu sais je crois que j'aurais bien besoin de suivre un de tes ateliers....MERCI amie si précieuse pour tes mots toujours si justes et inspirés.

Écrit par : ariaga | 08/11/2009

@ Too banal, oui seule la vie EST .

@ Bea Kimcat, une amie de Christian et une amie des chats ne peut être qu'une amie du Laboratoire. A bientôt après ta période de repos actif.

Écrit par : ariaga | 08/11/2009

Ton blog n'est pas seulement un blog, c'est un fabuleux lieu d'échanges et de Vie . Simplement, Merci Ariaga !

Écrit par : pseud | 26/11/2009

L'oeuvre au noir, comme le titre du roman de Marguerite Yourcenar ?

Écrit par : Jean-Marc | 06/03/2010