Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« Jung, Nietzsche et la maladie | Page d'accueil | Nietzsche refoule les forces féminines »

29/01/2012

Analyse du cas Nietzsche par Jung

Monstre.jpg

 Suite des trois notes précédentes

Pour Jung la philosophie, comme la psychologie, est destinée  à l’homme et non à la pure spéculation intellectuelle. L’un de ses grands reproches envers Nietzsche est de ne pas avoir appliqué ”ses théories” à sa propre vie. Il écrit dans Ma vie :

“Nietzsche, avec son exubérance, ne serait peut-être pas tombé hors du monde s’il s’en était tenu aux bases mêmes de l’existence humaine.

Il avait perdu le contact avec le réel, se voulait un philosophe-médecin mais ne maîtrisait pas sa propre santé.
 
    L’analyse du “cas Nietzsche“ sur le plan de la névrose et de la folie du philosophe pendant les dix dernières années de sa vie a été effectuée dans Psychologie de l’inconscient, ouvrage assez ancien, mais dont la dernière édition entièrement revue date de 1942.

Jung éxamine d'une manière critique la vie de Nietzsche . Il prèchait un grand oui à la vie et à l'impulsion mais s'imposa un mode de vie assez maniaque et très contraignant décrit en détail dans Ecce homo. Il a recherché les meilleurs climats, les régimes les plus divers, et absorbé beaucoup de somnifères. Finalement comme l’écrit Jung dans Psychologie de l'inconscient (p.67)
“Il prêchait de dire oui à l’impulsion et il vécut une négation de la vie. Les hommes lui inspiraient un trop grand dégoût et en particulier l’homme en tant qu’animal qui vit de son instinct, pour qu’il puisse en être autrement” … “C’est pourquoi la vie de Nietzsche ne nous convainc pas de la justesse de sa doctrine. Car le “surhomme” veut pouvoir vivre à Naubourg et à Bâle, malgré le “brouillard et les ombres” il veut la femme et la progéniture …”Nietzsche omit de vivre un instinct, précisément l’instinct animal de la vie : Nietzsche fut, sans que cette considération attente le moins du monde à sa grandeur et à sa signification, une personnalité maladive”.
  Il y a une dissemblance manifeste entre le comportement de Jung et celui de Nietzsche. Jung aimait les plaisirs de la vie. Il fumait, était amateur de bonne chère et de bon vin. Il eut femme et enfants et résistait difficilement à la beauté et à l’intelligence féminine. Ce que j'ai dit dans la note précédente sur l'accord entre Nietzsche et Jung sur le côté positif des grandes maladies se retrouve dans les écrit de Nietzsche mais pas  dans la ”personnalité maladive”dont parle Jung. Une personnalité qui n'a pas appliqué sa philosophie dans sa vie quotidienne.
    Pourtant, pense Jung, il y avait en Nietzsche un dynamisme, une énergie de vivre, et si on lui avait reproché de tourner le dos à l’instinct il aurait protesté vigoureusement. Pourquoi, alors, ses impulsions instinctives l’ont-elles éloigné du monde des autres hommes, isolé dans un dégoût du “troupeau humain” ? La réponse serait qu’à côté de l’instinct de la satisfaction des sens et de la conservation de l’espèce il existe un autre instinct, celui de la “conservation de soi-même”. Il s’agit de la “volonté de puissance”. C’est de cet instinct que parle Nietzsche et tout le monde pulsionnel dérive pour lui de cette volonté. La conséquence en est une unilatéralité et une grave inflation psychologique que Jung décrit ainsi  dans Psychologie de l'inconscient (p.68,69)

“Le cas de Nietzsche montre d’une part quelles sont les conséquences d’une unilatéralité névrotique, et d’autre part quels sont les dangers que comporte en soi toute tentative de sauter par- dessus le christianisme. Nietzsche a indubitablement ressenti au plus profond de lui-même la négation, qu’impose le christianisme, de la nature animale de l’homme, et il se mit en quête d’une nouvelle totalité humaine, édifiée sur un plan plus élevé, par delà le bien et le mal. Quiconque soumet l’attitude fondamentale du christianisme à une critique sérieuse se dépouille par là même de la protection séculaire que celui-ci lui ménageait. Il se livre alors inéluctablement à l’âme animale de l’homme. C’est alors le moment de l’ivresse dionysiaque, la révélation bouleversante de la “Bête blonde” qui s’empare du naïf, ignorant de l’aventure où il s’est engagé, et qui le remplit d’un vertige inconnu. L’état frissonnant de possession dans lequel il se trouve fait de lui un héros, ou une espèce de demi-dieu, animé par le sentiment d’une grandeur supra-humaine. Il se sent précisément “à six mille pieds par delà le bien et le mal.”

    C’est la puissance du Moi qui a été exaltée dans le cas de Nietzsche. Une sorte d’héroïsme chronique lui a fait perdre la plasticité adaptative nécessaire à la vie. Au moment où il fut confronté avec son ombre qui était la volonté de puissance il n’a pas su la reconnaître. Au cours du combat entre le principe du Moi et le principe de l’instinct, lui qui prônait la complexité et le dépassement des limites, s’est retrouvé dépendant de la structure et de la limitation d’un Moi qui ne pouvait supporter la présence de cet “autre”, de cet adversaire intérieur, son ombre. Toutes les manifestations de l’inconscient sont devenues suspectes à celui-là même qui avait su écrire sous sa dictée le premier livre du  Zarathoustra. L’ombre y était re-présentée symboliquement d’une manière très visible  sous la forme de “l’homme le plus laid” mais le surhomme dans lequel se projetait Nietzsche a refusé de la voir.
     Zarathoustra lui-même, comme le dit Jung dans Ma vie , était la grande ombre de Nietzsche. C’était aussi une manifestation de l’inconscient, semblable à celle de son propre numéro 2. Le problème vint du fait que Le Moi conscient de Nietzsche préoccupé d’héroïsme et déraciné des forces vitales n’était pas assez fort pour conserver sa cohérence et son identité. Il devient Dionysos et le “crucifié” et sa cohérence psychique éclata définitivement. L'annonce de cette dissolution se lit dans le poème Sils-Maria qui fait partie des Chansons du prince hors la loi dans Le Gai Savoir :

    Ici j’étais assis à attendre,
    Attendre - mais à n’attendre rien,
    Par delà le bien et le mal , à savourer tantôt
    la lumière, tantôt l’ombre,
    N’étant moi-même tout entier que jeu,
    Que lac, que midi, que temps sans but.
    Lorsque soudain, amie !  un se fit deux
    Et Zarathoustra passa devant moi...   

C’est à ce moment que commença la sensation d’’écartèlement qu’il éprouva au début de la maladie mentale qui le conduisit à une terrible dissociation de la personnalité. Nietzsche avait voulu donner un sens au Soi mais il n'eut pas la force psychique de résister aux attaques de son inconscient, attaques qui le déconectérent de la réalité.

Ariaga

À suivre

Jean Bissur, auteur du blog Autour de Carl", vient d'ouvrir un forum assicié à son blog dont je vous donne le lien : Forum autour de Carl.

Vous pouvez ausii lire une poésie intitulée Feuille monde sur mon autre blog.

Commentaires

Une merveille d'intelligence, dans la clarté de la concision, avec juste assez d'illustration pour être pénétré des explications, merci c'est un pur bonheur de lire et comprendre voire plus de se retrouver dans le contenu
en partie mais pas en morceaux !

Écrit par : Thierry | 29/01/2012

Merci Ariage pour ton soutien indéfectible dans mes "tentatives créatives"...

Thierry a exprimé mieux que je ne l'aurais fait ce que j'ai ressenti en lisant.
Je crois, avec ta permission, que je vais me tirer sur papier ces études sur Nietzsche pour m'y plonger plus sérieusement et conserver leur trace.

Amitiés,
Jean

Écrit par : Jean | 29/01/2012

@ Thierry, ne serais-tu pas un peu flatteur ?

Écrit par : ariaga | 29/01/2012

@ Jean, je soutiens ce que tu fais sur ton blog, et maintenant sur le forum, parce que tes recherches sont à la fois valables sur le plan théoriques et animées d'une passion et d'une curiosité qui auraient plu à Jung. Imprimer mes textes ? Libre à toi et tu ne sera pas le premier.

Écrit par : ariaga | 29/01/2012

tu m'as déjà vu faire le flagorneur , ici et ailleurs, non c'est sincère et mon sentiment

Écrit par : Thierry | 29/01/2012

C'est terrible d'avoir devant soi une personne qui a une dissociation de la personnalité ; du moins je pense que c'est terrible.... pour avoir rencontré ce genre de personne. Et la personne elle-même, s'en rend-elle compte ? je n'ai jamais posé la question, on n'ose pas. Bon dimanche Ariaga.

Écrit par : elisabeth | 29/01/2012

Bonsoir, chère Ariaga,

----------------------------------------------

Ici, je me suis assis,
et j'ai attendu que la pensée vienne,
mais n'étant que moi-même,
elle refusa de venir,
alors j'ai regardé Zarathoustra
passer devant moi.
Il ne disait pas un mot.
C'est à cet instant que je commençais
à me dire que le silence
est bien plus réel que la réalité.
Je me suis levé et repris mon chemin.

Avec toute ma tendre sympathie, Jack le poétiste.

Écrit par : Jack le poétiste | 29/01/2012

Toujours passionnant, toujours aussi clair, même pour un ignare en philosophie comme moi, car dans ton texte il s'agit d'humain et non de concept pour le concept, comme je l'ai trop subi durant deux de mes trois années où j'ai dû faire de la philo... Pour un philosophe génial (mon prof de Terminale, M. DEBON), que de bavasseux suffisant se gargarisant de mot obscurs et de phrases filandreuses pour cacher derrière le rideau de fumée de leur logorrhée leur médiocrité personnelle. J’avoue avoir un peu d’appréhension quand tu as annoncé cette série, mais c’est un régal.

ÉPHÊME

Écrit par : ÉPHÊME | 29/01/2012

Il n'y a pas que les philosophes qui refusent la nature "animale" de l'homme, la filation animale de l'homme. De nombreux scientifiques ausssi sans parler de de toutes les Eglises.

Écrit par : jeandler | 29/01/2012

A la suite de ce texte, je me sens assez démuni et je me pose la question suivante. Où est la normalité. Nous vivons chacun dans notre monde et notre monde n'est pas celui des autres.

Écrit par : Daniel | 29/01/2012

@ Thierry, je le sais je faisais ma coquette ...

Écrit par : ariaga | 29/01/2012

@ Élisabeth, oui, c'est terrible et Jung devait avoir beaucoup de force psychique pour avoir toujours gardé conscience de l'ambivalence de sa personnalité.

Écrit par : ariaga | 29/01/2012

@ Jack, c'est un vrai bijou ta parodie du poème de Nietzsche et il y a aussi beaucoup d'humour. Merci.

Écrit par : ariaga | 29/01/2012

@ ÉPHÊME, tu as raison, le manque d'originalité de la pensée se retranche souvent derrière un mur de paroles obscures.

Écrit par : ariaga | 29/01/2012

Très touchée par tout ce que tu écris là, Ariaga. Je suis précisément en ce moment en travail sur un conte, pour ma nouvelle séance, qui s'inscrit très précisément dans ce thème du refus de notre animalité. Je vous le résume, car je ne peux vous confier le texte qui doit rester secret.

Il s'agit d'un ermite qui se tient éloigné du péché humain. Dieu, agacé par ce trop grand désir de "blancheur" lui envoie un ange, chargé de lui annoncer qu'il lui faut choisir entre trois péchés : l'ivrognerie, la luxure ou le crime. L'ermite choisit l'ivrognerie - qui lui semble moins grave - puisqu'il lui faut choisir. Il boit, boit jusqu'à ne plus être lui-même... Dans la nuit on frappe à sa porte. Il ouvre. C'est une femme superbe qui demande l'hospitalité car il y a un très violent orage. Il refuse, s'abritant derrière sa fonction sainte. Elle discute... un homme de Dieu ne peut abandonner autrui... Il la fait donc entrer, exigeant qu'elle dorme sur le sol, sans bouger. Elle fait ainsi et s'endort. Mais c'est lui qui bouge, dans sa pauvre cervelle ! N'y tenant plus il se lève, se jette sur elle, la viole, puis la tue, et la jette dans un ravin pour ne pas voir sa faute. Le voilà qui a commis les trois péchés. Sa noirceur alors le dévore, et pour expier, il décide de devenir la bête qu'il est. Il se couvre d'une peau de bête, marche à quatre pattes, lappe à même les flaques, mange sans ses mains, dort dans les fourrés... mais rien n'arrive à ramener son âme perdue, et il va se jeter dans ce même ravin où il a jeté la femme, quand Dieu l'attrape par les cheveux et le remet debout.

Belle histoire où le saint méprise les hommes ordinaires, où Dieu se méfie de la sainteté et la fourre toute crue dans le creuset du monde...

Pardonnez cette manie que j'ai de laisser la parole aux histoires !
Reconnaissez cependant qu'elles sont parlantes...

Écrit par : la gaillarde conteuse | 29/01/2012

On n'enseigne jamais aussi bien ce qu'on a le plus besoin d'apprendre , parait-il, mais il ne suffit pas de l'enseigner pour SE l'enseigner et le mettre en pratique ;o)

Dans le cas de Nietzsche, il fait partie des personnages "fous" qui sont capables en une vie, souvent courte, de révolutionner la pensée. Et le paradoxe est que leur souffrance est concomitante avec cette pensée du bonheur, finalement, comme s'ils s'offraient en sacrifice (le symbole du Pélican qui se perce le flanc) pour et par cette
transmutation.

Des êtres d'exception.

Cette étude est très intéressante, merci et bises

Écrit par : Frédéric | 30/01/2012

Je ne suis pas sûre qu’on puisse dire que Nietzsche vécut une négation de la vie. Tu sais comme moi à quel point il éprouvait pour elle un amour enthousiaste. C’est justement pour cela que Nietzsche s’est insurgé contre "la nature animale" de l’homme, ce qui l’a amené à développer une théorie du Surhomme qui a malheureusement été exploitée, comme on le sait, par le fascisme et le national-socialisme, exploitation qui n'était qu'une déformation de la pensée nietzschéenne qui opposa toujours, comme tu le dis, l’humain à "l’animal qui vit de ses instincts".
Quand au refus du christianisme, et plus précisément de la morale chrétienne, la "morale des esclaves" comme il disait, ne faut-il pas voir là encore une fois de la part de Nietzsche un grand amour de la vie et de l’homme en tant qu’individu doué d’une capacité de libre-arbitre, de "libre-pensée", + qu'une opposition au christianisme en tant que religion ? surtout qu’à l’origine, c’est tout de même une religion d’Amour !
Les propos de Jung me semblent par trop teintés de sa propre croyance de la "psychologie des profondeurs", hm .. ?
Merci Ariaga pour cette analyse passionnante.

Écrit par : ambreneige | 30/01/2012

@ Jeandler, oui et je me demande comment on peut penser que les voyageurs que nous sommes pourraient mépriser le véhicule qui les transportent.

Écrit par : ariaga | 30/01/2012

@ Daniel, tu poses là une question essentielle à laquelle il faudra que je consacre une note.

Écrit par : ariaga | 30/01/2012

@ la gaillarde conteuse, C'est vraiment sympathique de ta part de nous raconter en avant première cette histoire où la sainteté est "fourrée toute crue dans le creuset du monde". Moi, je vais l'enfourner toute chaude dans l'athanor du laboratoire !

Écrit par : ariaga | 30/01/2012

Passionnant ce texte et les commentaires,
lourd à digérer ...
Bonne semaine
Amitiés
Daniel

Écrit par : bichon39 | 30/01/2012

je vois, je vois...mais j'ai du mal à suivre, rustre que je suis, tu sais bien Ariaga...pas grave, j'te bise et te souhaite une bonne fin d'après midi...

Écrit par : le Pierrot | 30/01/2012

Il faut une force sur-humaine pour suivre la voie du Fou sans devenir fou... Belle semaine chère Ariaga

Écrit par : Phène | 30/01/2012

Je pense comme Phène, qui dit : "Il faut une force sur-humaine pour suivre la voie du Fou sans devenir fou..."
Et puis, je me garderai bien de juger de la vie d'un homme, à travers mes propres représentations de ce qui est sain et de ce qui ne l'est pas.
Certes, ces repères qui font jugements donnent une impression de sécurité, mais le chercheur véritable se doit de dépasser ses illusions.
C'est la vie qui fait à travers nous, son chemin d'évolution...
Bien à toi, Ariaga.

Écrit par : Miche | 31/01/2012

Merci, Ariaga, pour cette analyse très juste...

Les choses sont toujours complexes...Nietzsche est un homme à la fois fort et faible, brillant et fragile, fascinant et insupportable...
Il y a en lui , je pense, une blessure profonde, une faille....faille par laquelle des "intuitions géniales" ont pu s'engouffrer...mais faille qui a fini par lui être fatale.
Il a rejeté le côté "mièvre" du christianisme...mais sa famille proche était sous l'emprise de ce christianisme déformé.
Il a rejeté la partie "animale" de l'existence mais il rêvait d'amour et de relations avec les femmes...
Il a perçu le côté "grandiose" de l'être humain...mais il n'était pas à la hauteur de cette grandiosité...
Il a effectivement été incapable d'appliquer dans sa vie ce qu'il a perçu...car la tâche était trop lourde. Mais qui en aurait été capable...étant donné l'ampleur de ce qu'il a "vu" ?
Qui peut intégrer le fait que l'Homme se dirige vers le "Sur-homme" ? Il a perçu une "direction de l'humanité"...il a vu trop tôt, trop grand...une vérité qui était pour le futur...

Il est intéressant de voir dans quelles conditions son esprit a "lâché" : c'est en voyant un cheval souffrir sous les coups de son propriétaire, si je me souviens bien...

http://www.lexpress.fr/culture/livre/nietzsche-en-proie-a-la-folie_771964.html

C'est la souffrance "animale" qui l'a ému à un tel point qu'il s'est effondré mentalement...il y a donc bien un rapport avec l'animalité...et aussi peut-être avec une souffrance, un traumatisme émotionnel enfoui chez lui qui est "remonté à la surface" à ce moment-là...
Quelle était en lui la "partie cadenassée", la souffrance trop intense qu'il n'était pas capable de "voir en face" sans craquer définitivement ?
On peut imaginer (ce n'est qu'une supposition) qu'il avait en lui un "souvenir de violence occulté" et qui a envahi sa conscience, désintégrant les faibles "barrières" qu'il avait mises entre cet événement ancien et sa conscience lucide ?

Etait-ce là sa "faille" ? Cette blessure qui lui a valu à la fois le génie et la folie ? Je serais tentée de le croire.

Écrit par : La Licorne | 31/01/2012

@ Frédéric, c'est bien vrai qu'il y a loin de l'enseignement à la pratique ... Nietzsche s'offrant en sacrifice sur l'autel de la transmutation je trouve que c'est une bien belle idée.

Écrit par : ariaga | 31/01/2012

@ Ambreneige, j'aurais beaucoup à dire sur les relations de Nietzsche à la nature et à sa propre animalité. Les animaux font partie de la nature et tout cela est très complexe comme le dit si bien la Licorne plus loin dans les com. J'ai vu les chats sur ton blog et je me suis demandée quelles questions il s se posaient ...

Écrit par : ariaga | 31/01/2012

@ Bichon 39, si c'est lourd à digérer je te conseille une grande cure de rire car il ne faut rien prendre trop au sérieux !

Écrit par : ariaga | 31/01/2012

@ Le Pierrot, tes visites, même simplement amicales, me font toujours plaisir.

Écrit par : ariaga | 31/01/2012

Ariaga, je te remercie pour tes coms sur mon blog. Je suis revenue de ce voyage avec plein de belles choses dans la tête. Je t'embrasse.

Écrit par : danae | 31/01/2012

@ Merci , amie Danae d'être venue si vite dire bonjour alors que tu dois être épuisée par ton voyage.

Écrit par : ariaga | 31/01/2012

Bonjour Ariaga, ce travail de déshabillage par Jung de l'homme Nietzsche, me semble devoir être complété par une approche du philosophe qui apporte une dimension de sa vie et de son oeuvre plus positive.
Cette série de documentaires apporte des nuances.

http://www.dailymotion.com/video/x3dkqy_nietzsche-un-voyage-philosophique-1_travel#rel-page-3

Qui peut dire que cette folie que vécut Nietzsche les 10 dernières années de sa vie ne fut-elle pas l'abandon de toutes les identifications qui l'accompagnèrent jusque là et une période où il fut le plus intime avec lui même ?

Dailleurs dans la vidéo 5, est bien posée cette notion de continuité dans ses derniers écrits où la folie semblait pourtant déjà manifeste.

Écrit par : Elleno | 01/02/2012

Bonjour Ariaga ,
Je lis les suites autour de Nietzsche avec intérêt . Je le sens comme un être se battant contre tout ce qui entrave ,la maladie ,les soucis pécuniers ,toujours passionné par la musique ,les paysages ,plein d'émotions. Le rire d'une jeune fille,un visage ...lui font chaud au coeur .
Souffrance et joie .Le corps a ses limites ...
Bien amicalement .H

Écrit par : Hécate | 01/02/2012

“Le cas de Nietzsche montre d’une part quelles sont les conséquences d’une unilatéralité névrotique, et d’autre part quels sont les dangers que comporte en soi toute tentative de sauter par- dessus le christianisme...................... Quiconque soumet l’attitude fondamentale du christianisme à une critique sérieuse se dépouille par là même de la protection séculaire que celui-ci lui ménageait. Il se livre alors inéluctablement à l’âme animale de l’homme. C’est alors le moment de l’ivresse dionysiaque, la révélation bouleversante de la “Bête blonde” qui s’empare du naïf, ignorant de l’aventure où il s’est engagé, et qui le remplit d’un vertige inconnu. L’état frissonnant de possession dans lequel il se trouve fait de lui un héros, ou une espèce de demi-dieu, animé par le sentiment d’une grandeur supra-humaine. Il se sent précisément “à six mille pieds par delà le bien et le mal.” (grand extrait de la citation de Jung par Ariaga – voir ci-dessus)

Comment ne pas songer au problème du retrait de la projection, si bien exposé par M.L.von Franz ? (voir ci-dessous) Nietzsche, lorsqu'il signait "Dionysos ou Le Crucifié" semblait bien être victime d'une possession par l'archétype, d'une indéniable inflation ? Il déclarait aussi, alors qu'il était déjà hospitalisé pour démence, " Demain je vous ferai un temps magnifique", s'identifiant, pour une part au moins, au Dieu Tout Puissant qui fait la pluie et le beau temps. L'intégration "excessive" des images archétypiques, l'identification à celles-ci, a désintégré l'homme Nietzsche.

Le retrait de la projection

"À propos du retrait de la projection, Jung distingue cinq stades :
I. La situation de départ est celle de l'identité archaïque. On fait l'expérience de ce qui se passe dans l'âme comme comportement extérieur de l'objet. On pense, par exemple, qu'une pierre nous a ensorcelé.
II. On distingue la pierre de l'élément ensorceleur et l'on qualifie ce dernier d'« esprit » néfaste dans la pierre.
III. On procède à un jugement permettant de déterminer si cet esprit est bon ou mauvais.
IV. On déclare que cet « esprit » n'est rien qu'une illusion.
V. On se pose la question de savoir ce qui a bien pu être à l'origine de cette illusion que l'on accepte désormais non plus en tant que réalité extérieure, mais comme donnée psychique intérieure que l'on s'efforce d'intégrer.
De nombreux problèmes rencontrés dans l'histoire comparative des religions ainsi que ceux posés par l'élaboration d'hypothèses scientifiques peuvent se clarifier grâce à leur rattachement à une des étapes mentionnées : à savoir, l'identité archaïque, l'animisme, l'évaluation morale des divinités du panthéon (à l'instar des Grecs antiques), la démystification ou « les Lumières » et, enfin, la reconnaissance d'une réalité psychique et son intégration.
L'homme semble ressentir de fortes résistances par rapport à toute évolution à travers ces cinq stades, mais il paraît hésiter plus particulièrement à progresser jusqu'au cinquième et dernier degré. Cela tient au fait que le retrait des projections devient une charge pour celui qui réfléchit, car il accepte alors d'assumer la responsabilité d'une part d'âme qu'il avait auparavant considérée sans s'en soucier le moins du monde puisqu'elle semblait ne pas lui appartenir en propre......................................................................................
Et puis il y a des limites même pour les hommes les plus lucides : ne peuvent pas être intégrés les complexes dits archétypiques (sous la forme d'images de Dieu ou de divinités) parce que, dans l'éventualité contraire, ils auraient un effet d'élargissement trop vaste sur la personnalité qui tomberait dès lors dans l'inflation (surestimation des capacités propres et folie des grandeurs ou mégalomanie). Il est plus sage d'appréhender de pareils contenus archétypiques comme des puissances psychiques réelles, actives et collectives, auxquelles il ne s'agit pas de s'identifier, mais qu'on devrait s'efforcer de rendre favorables grâce à un commerce prudent et empreint de respect avec elles (crainte, sacrifices, explication = prière). Dans une telle perspective toutes les différentes religions du monde étaient et sont toujours des systèmes de psychothérapie permettant à l'homme d'entretenir des contacts pas trop dangereux, parce que tissés sous forme de projections, avec ce type de puissances archétypiques agissantes. C'est sans doute ce qui constitue en dernière analyse le lien entre la religion et la médecine."
Marie-Louise von Franz – Psychothérapie, l'expérience du praticien – Éditions Dervy

Écrit par : Amezeg | 01/02/2012

ARIAGA À TOUS, je suis en train de changer d'ordinateur ce qui demande pas mal de travail car Athanor Ordinateur est bourré de combustible. Je ne peux, provisoirement, travailler .Je pense pouvoir publier un nouveau texte (l'avant dernier de la série) et répondre aux commentaires Samedi. J'espère que vous allez continuer à vous exprimer pendant ce petit délai. S'IL VOUS PLAIT, mettez de préférence vos commentaires sur le blog. Ma boite mail explose et, en plus je vais changer de type de boite entourage n'existant plus sur le nouvel ordi.
Je vous embrasse tous amis connus et inconnus.

Écrit par : ariaga | 01/02/2012

@Ariaga : mon commentaire reprend en bonne partie ta réflexion sur le sujet. Ce n'est pas par goût du plagiat, c'est parce que ce passage de M.L.von Franz que je cite m'est tombé hier sous les yeux et que j'ai aussitôt pensé au cas de Nietzsche que tu "décortiques" en ce moment. (Nietzsche que j'ai longuement "fréquenté" autrefois...)
L'identification aux complexes archétypiques et l'inflation qu'elle entraîne présentent de tels risques pour tout explorateur ou exploratrice du monde intérieur qu'elle mérite peut-être une redite. J'imagine, de plus, que cet exposé concis de M.L. von Franz à propos de la projection est toujours bon à lire et à méditer. :-)

Écrit par : Amezeg | 02/02/2012

Tes articles sont très intéressants, fouillés et permettent de "voir" au plus profond de Soi, les commentaires les étayent prodigieusement ...
Les principes du christianisme encombrent trop souvent nos décisions,
la partie ombre est trop souvent niée pour donner une belle image, qui, sur le fond, ne sert pas à grand chose ... rien d'étonnant que certaines personnes aient les neurones en vrac ...
je connais (entre autres) une personne qui laisse parler à outrance son "animalité" ce qui le rendrait presque sympathique de par cette sincérité ...
A bientôt ariaga, bises amicales.
Nelly

Écrit par : pseud | 02/02/2012

-10° à huisseau ce matin .je suis sorti faire mes 5km sous le vent.bâché,cagoulé ,emmitouflé j'ai marché avec apn qui lui n'a pas daigné cliquer.qu'auraient pensés tes deux philosophes de cette attitude à braver les éléments.

Écrit par : lecracleur | 03/02/2012

25 °C ce amtin dans ma chambre, je suis sorti en chaise roulante, une longue ligne droite et un virage le tout avalé prestement, pas plus de trente mètres, puis une autre longue ligne droite pour arriver au réfectoire pour une pitance convenable , et chaude , un verre de vin en prime
ensuite retour idem, voilà un trajet fixe chaque jour que je connais par coeur, et ça promet de durer un moment encore, ça fait les bras !

Écrit par : Thierry | 03/02/2012

Nous allons marcher pour vous, Thierry, danser pour vous, et traîner nos carcasses frigorifiées dans ce vent sibérien pour vous !!!
Vous voyagez bien plus que vous ne le pensez...
Tout est question d'imagination...
Foi de conteuse !

Écrit par : la gaillarde conteuse | 03/02/2012

Oh comme c'est gentil à vous , je suis touché , plus que je veux bien dire , moins qu'il n'y parait ! je reconnais qu'un des seuls points positifs à mon actuelle situation c'est bien de ne pas avoir à affronter le froid polaire des derniers jours, oui si vous êtes mes jambes alors je couvre du territoire
mais allez donc sur l'oeil ouvert et vous verrez que je n'en manque pas et d'énergie aussi, car il se trouve que je suis un peu conteur , c'est de famille, une soirée au coin du bois, des crépitements dans l'âtre et ça démarre .

Écrit par : Thierry | 03/02/2012

Vous êtes plusieurs yeux ouverts sur le net... lequel est le vôtre ? Je ne le distingue pas et ouvrir grand les deux miens n'y suffira pas...

Écrit par : la gaillarde conteuse | 03/02/2012

ARIAGA à TOUS Je suis en plein "transfert" (un beau mot psychanalytique) entre mon ancien ordi et le nouveau et je n'ai pas pu répondre aux derniers commentaires. Je pense que tout sera réglé demain ou au plus tard Dimanche. Je pourrai alors publier les deux dernières notes et reprendre les activités normales du Laboratoire. Je suis contente de voir que vous avez continué à dialoguer. A très bientôt.

Écrit par : ariaga | 03/02/2012

celui d'ossiane qui est une merveille visuelle et spirituelle où je sévis depuis 2007 @ galerie conteuse

Écrit par : Thierry | 04/02/2012

@ ARIAGA À TOUS, je suis un peu perdue dans mes réponses aux commentaires sur cette note alors je crois que je vais passer directement à la note suivante pour me garder du temps pour aller visiter les blogs amis. si quelqu'un est "frustré" qu'il me le dise sur la note suivante (aie! je ne devrais peut-être pas écrire ce genre de chose ...)

Écrit par : ariaga | 04/02/2012

Bonsoir Ariaga , au plaisir de te suivre .Pourquoi ne pas dire ceci ?...
Bien amicales pensées :)
Hécate

Écrit par : Hécate | 04/02/2012

meuhhhhhhhh non , pas du trou !
tu as le droit de dire beaucoup de chose
moi je comprends que quand on sature !!!

Écrit par : Thierry | 04/02/2012

Quitter un chemin pour en prendre un autre, parce que la lampe commence à baisser, c'est souvent mieux pour ne pas se perdre. Tant pis pour les frustrations... !
Bonne marche, Ariaga, dans la forêt intérieure...

Écrit par : la gaillarde conteuse | 04/02/2012

@ Thierry, MERCI.

Écrit par : ariaga | 05/02/2012

je comprends en chevalier jedi qu'on a tous sa part d'ombre, le côté obscur de la force !

Écrit par : Thierry | 05/02/2012

Bonjour amie,
que de richesses dans ce texte et ces commentaires,
une formidable analyse du cas Nietzsche.
Cela illustre bien les contradictions que certains "grands hommes" ont quand ils refusent de voir en eux cette petite source intérieure qu'ils finissent pas tarir ....
Bon dimanche
Daniel

Écrit par : bichon39 | 19/02/2012

Analyse du cas Nietzsche par Jung




Citation:


Que sait jung de moi ? Et moi-même que sais je ? Et quel est cet apriori sur l’intellectuel ? La philosophie est un paysage intérieur .. La psychologie, une branche coupée de cette philosophie qui ne sert que le matériel de prétendue gardeur de trésor !!
Me fais-je comprendre ?
Exubérant, qui ? Moi ! Je suis un danseur qui vie sa vie .. Il n'y a de l’excès que dans l’excès ...Et n'ai je pas été humain trop humain ? Amant de la réalité ! Et ma santé , je l'ai subit, suis je responsable de mon code génétique ? Et si j'ai maitrisé quelque chose en mon devenir, c'est bien ma santé !! Qu'on se le tienne pour dit romance:4
C'est petit et lâche ! Comprends tu que je n'ai pas été entendue ? Que mon esprit à été là où nul autre que moi à été !! Osez prétendre que j'ai été dans la négation de la vie, moi , jouisseur et pourfendeur de toutes les pseudos vérités amoncelées avant moi !! Je fumais et n'en tire aucun mérite et j'ai bu aussi , j'ai aimé la France, l'Italie, les femmes aussi .. est ce ma faute si il n'y a pas eu une Zarathoustrette ...


Citation:


Vigoureusement ? j'ai été un adepte du bouddhisme et d'autres horizons aussi ...



Citation:


j'ai été le plus grand chrétien, n'ai je pas fini crucifié !!



Citation:


Je n'ai dansé que sur l'harmonie du Soi- dimensionnelle ! Rien ne m'a été suspect, même pas mes contemporains !! Et la laideur n'est que la beauté transfigurée .. ne t'en déplaise ....



Citation:


Avoir la syphilis est une maladie, mon prétendue écartèlement n’a été rien d'autres que la conséquence de cette maladie !! Et puis de 1888 à 1900 j'ai fais le plus grand des voyage:
intérieur jap:{}





Ariaga

Donc, tout ce discours n'est que verbiage et j'ai été quant à moi le sujet de mon unique amour la vie. ondine25




Citation :

Je serai sage, car cela me plaît,
Et suivant mon propre commandement.
Je loue Dieu d'avoir créé le monde
Aussi bête que possible.
Et si moi, je vais mon chemin
Aussi tordu qu'il est possible,
C'est que le plus sage a commencé là
Et que là le fou _ s'est arrêté.
Toutes les sources sont éternelles
Jaillissent éternellement.
Dieu même - a-t-il seulement commencé ?
Dieu même - ne commence-t-il pas sans cesse ?



Dithyrambes pour Dionysos
Friedrich Nietzsche
NRF Gallimard sulfureuse

Écrit par : N | 04/10/2012