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18/01/2012
Les Jung numéro 1 et 2
Je ne peux pas commencer ma petite série sur les relations entre C.G.JUNG et F. NIETZSCHE sans revenir sur certaines idées que j'ai déja développées il y a quelques années sur ce blog ; idées qui sont nécessaires à la compréhension de l'étrange fascinantion-répulsion que Jung éprouva envers Nietzsche. Il est possible que certains lecteuers anciens trouvent que je me répète ... qu'ils me pardonnent !
Je vais aujourd'hui vous parler de la double personnalité de Jung.
Jung s'était aperçu, dès les premières années de sa vie, sans avoir aucune notion de psychologie ou de philosophie, de la présence en lui d'une seconde personnalité. Par exemple, encore enfant, il se demandait, après un rêve très impressionnant : "qui parle en moi". Il dénomme dans son autobiographie Ma vie ces deux pôles de son être "n°1" et "n°2". Il les décrit ainsi (Ma vie,p. 65) :
"L'un était le fils de ses parents ; celui-là allait au collège, était moins intelligent, moins appliqué, moins convenable et moins propre que beaucoup d'autres ; l'autre, au contraire, était un adulte ; il était vieux, sceptique, méfiant et loin du monde des humains. mais il était en contact avec la nature, face à la terre, au soleil à la lune, aux intempéries, aux créatures vivantes et surtout à la nuit, aux rêves et à tout ce que "Dieu" pouvait évoquer immédiatement en moi."
Parallèlement à son moi humain bien différencié, le jeune Jung avait le bouleversant et intraduisible pressentiment de l'existence d'un "autre", en relation avec une dimension plus vaste. Non seulement l'"autre" n'avait pas perdu, comme c'est souvent le cas pour l'homme contemporain, une intime relation avec la Nature, mais il connaissait, je pourrais presque dire ressentait, Dieu comme un mystère secret et personnel. Il avait le sentiment d'une participation à quelque chose qui n'était pas lui (Ma vie, p.87) :
"Un peu comme si j'avais été touché par un souffle venu de l'univers astral et des espaces infinis ou comme si un esprit invisible était entré dans la chambre ; un esprit disparu depuis longtemps mais qui serait continuellement présent dans l'intemporel et jusque dans un lointain avenir. Les péripéties de ce genre étaient entourées du halo d'un numen."
L'"autre monde" auquel il eut accès très jeune par l'intermédiaire des rêves était celui d'un inconscient devenu perceptible à un âge où il n'est généralement pas activé. Cela explique certains comportements névrotiques et les nombreuses hésitation de Jung pendant son enfance et son adolescence. Les dialogues avec son autre intérieur le laissaient souvent déstabilisé, en particulier au moment de choisir une orientation pour ses études car, en lui, le numéro 1 et le numéro deux, qui avaient des goûts très différents poursuivaient leur lutte pour la domination.
Jung finit par se décider à étudier la médecine. Demeurait le problème d'une image intérieure difficile à assumer car, comme dans son enfance, deux images s'affrontaient en lui. Son aspect n°1 se présente, selon ses dires, comme un jeune homme assez antipathique, ambitieux, peu doué, instable et aux manières douteuses. L'aspect n°2 considère le n°1 comme une charge ingrate, alourdie par une quantité de défauts dont les plus graves sont le manque de compréhension et d'ordre, en particulier en ce qui concerne la philosophie et la religion. Ce n°2 n'est pas vraiment un "caractère" mais plutôt une sorte de "vision totale", et dépourvue d'indulgence, de la nature humaine. Cette vision voudrait s'exprimer mais elle répugne à le faire par l'intermédiaire "épais et obscur" du n°1.
Arrivé à la fin de ses études secondaires Jung se trouve psychologiquement dans une situation critique qu'il décrit ainsi : "Quand le numéro 2 prédominait, le numéro 1 était enfermé en lui et suspendu ; inversement le numéro 1 considérait l'autre comme un royaume intérieur obscur." Il frôle le précipice d'une dangereuse dissociation de la personnalité quand, quelques mois après, il fait un rêve "inoubliable "et salvateur (ma vie, p.110):
"C'était la nuit, à un endroit inconnu. Je n'avançais qu'avec peine contre un vent puissant soufflant en tempête. en outre il régnait un épais brouillard. Je tenais et protégeais de mes deux mains une petite lumière qui menaçait à tout instant de s'éteindre. Or il fallait à tout prix que je maintienne cette petite flamme : tout en dépendait. Soudain j'eus le sentiment d'être suivi ; je regardais en arrière et perçus une gigantesque forme noire derrière moi. Mais, au même moment, j'avais conscience que - malgré ma terreur - sans me soucier de tous les dangers, je devais sauver ma petite flamme à travers nuit et tempête."
Ce rêve fut déterminant car il lui trouva un sens qui le guida jusqu'aux débuts de l'âge mûr. Il facilita son insertion dans la société et augmenta sa capacité de décision. Il comprit que sa personnalité n°1 portait la lumière et que la n°2 la suivait comme une ombre. La petite flamme, c'était sa conscience, l'unique et le plus précieux trésor en sa possession. Sa mission, à cette période de sa vie, était de de conserver cette flamme, si petite et si fragile par rapport aux puissances de l'ombre. Il lui fallait aller dans le monde de la surface, un monde qui ne veut rien savoir des secrets insondables des profondeurs, et s'y consacrer aux tâches quotidiennes. Cela représentait un lourd sacrifice pour ce jeune homme d'un caractère introverti qui se voyait contraint d'aller vers l'extérieur.
Jung choisit donc d'écarter sa personnalité numéro 2. Cependant, preuve que son cheminement était déjà amorcé, c'est avec une belle maturité qu'il comprit que renier complètement ce côté serait une "automutilation". Le n°2 devint flou, mais il s'installa définitivement à l'arrière plan de sa vie.
Il est bien possible que certains d'entre vous se retrouvent plus ou moins dans la manifestation de cette double personnalité chez Jung.
Ariaga
À très bientot la suite.
17:42 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs, Philosophie, photo | Lien permanent | Commentaires (44) | Tags : écriture, culture, société, philosophie, psychologie, jung, nietzsche
Commentaires
Merci ariaga, j'ai lu mais je vais relire
je pense que entre pensée et action
il peut y avoir hiatus et qu'on ne mobilise
pas toujours les mêmes choses.
je me retrouve dans ce que tu dis
et avec le recul essayant de rapprocher
ce qui est épars je travaille avec plus ou moins
de bonheur le symbolisme.
merci grandement de cet éclairage si bien formulé et parlant
interrogateur aussi sur ce de quoi est fait une personne
Écrit par : Thierry | 18/01/2012
Quel bonheur que de lire ton texte, dense, précis, complet...cela faisait longtemps que j'attendais cela.
Ces deux Jung, qui finalement, se réconcilièrent sur la fin de sa vie sont la source de toute son oeuvre.
Me revient aussi en mémoire cet interview de la BBC, où il expliquait que sa mère lui semblait terrifiante une fois la nuit tombée, de manière inexplicable...sans doute que le n°2 de sa mère, baignée de son imago personnel, flirtait avec la Grande Mère si effrayante pour un homme.
Merci pour ce texte,
Jean
Écrit par : Jean | 18/01/2012
Et ce n°2 qui pour tant d'entre nous reste inconscient. Quelle chance pour Jung de l'avoir si précocément ressenti sinon apprivoisé.
Écrit par : jeandler | 18/01/2012
oh oui cette petite flamme qu'il faut protéger mais qui guide dans l'obscurité la plus complète.. Bonne nuit Ariaga, bises !
Écrit par : lechantdupain | 18/01/2012
Et si Jung s’était trompé ? La peur aurait-elle pu modifier la perception de sa personnalité n°2 la plus universelle ? Cette émotion terriblement humaine me semble empêcher bien des hommes d’accéder à l’invisible et de se rattacher au tout. Il a peut être projeté ses filtres de craintes et d’angoisse et n’a entendu qu’un fragment. La part de son être reliée à l’universel ne peut être animée de sentiments humains donc troublants et particulièrement pour un esprit brillant. Le mental humain a –t-il la capacité de la comprendre dans sa totalité ? Peut être la place était possible pour les 2 en acceptant sans conditions…ou tout au moins aurait-il pu essayer vraiment ?
Écrit par : Annethé | 18/01/2012
Oui Ariaga, cette double personnalité qui arrange tout le monde. J'en ai une seule avec laquelle je m'accomode. Evidemment, elle a deux corps et trois têtes. Un corps bicéphale et un corps social avec une tête qui protège les autres et qui se protège des autres, autodestructrices. Cette forme de "schizophrénie" est indécelable, et inexprimable sauf second traumatisme car elle est née d'un précédent. La semaine dernière j'ai enterré un jeune homme, corps social sympathique, heureux de vivre. La tête sociale a eu un moment d'absence, l'une du corps bicéphale a pendu l'autre. Ca a tué tout le monde donc lui. Son frère jumeau s'était suicidé il y a quatorze ans, peine de coeur, dépression brutale. Il était donc hors de question qu'il fasse subir à d'autres la même punition que connaissait sa tête coupable(affectivement seulement). Et pourtant il l'a fait. Dans un moment d'absence. J'ai la clef, inutile.
Écrit par : Vieux marmot | 18/01/2012
Merci pour ce texte passionnant et toujours aussi agréable à lire
Je connais peu & mal (et encore je suis présomptueux en disant cela) Jung mais cette nécessité de dichotomie dans la vision d'un grand tout en soi me parait assez paradoxale. Il semble résoudre ce paradoxe en ayant une vision dualiste de l'humain (qu'on retrouvera je pense dans toute son oeuvre)
Je suis assez d'accord avec ce que dit ci-dessus Annethé concernant le rôle qu'a pu avoir la peur dans cette vision binaire, peut être que la voie de l'acceptation de toutes les facettes de notre personnalité (intelligence ou pas, application ou pas, convenance ou pas etc...) permet de vivre plus sereinement cette relation à la nature.
Un peu comme ces soirs d'été,la nuit, quand on observe la voûte céleste, la voie lactée, on se sent minuscule comme un infime grain de sable qui ne représente rien et EN MEME TEMPS, on sent UN avec cet ensemble, et le fait de sentir cette fragilité, cette finitude, cette "non finition" en même temps qu'avec cette infinitude, cette grandeur, nous fait accéder le temps d'un instant à un moment infiniment petit et grand, à un sentiment d'unité.
dans l'attente de lire la suite avec plaisir
je t'embrasse
Frédéric
Écrit par : Frédéric | 18/01/2012
Bonjour Ariaga, Jung le matin, en buvant le café, ça le fait pas très bien chez moi...tu me connais, je suis trop rustre pour suivre...pas grave, je t'embrasse, et te souhaite une bonne journée..
Écrit par : le Pierrot | 19/01/2012
Bonjour amie,
je me reconnais assez bien dans cette double personnalité,
l'important c'est de ne renier aucune d'elle, la seule façon d'avoir une certaine paix intérieure
Très bel article
Bonne journée
Amitiés - Daniel
Écrit par : bichon39 | 19/01/2012
Annethé, Frédéric,
En effet, le "mental" (qu'on pourrait associer au Moi ici) pollue tout, ou cherche à le faire, et cette peur évoquée est surement la plus radicale et la plus repoussante pour qui que ce soit, car elle protège le moi d'une éventuelle remise en cause de sa toute puissance.
Et pourtant, je me permets de vous rappeler que Jung est allé au delà, s'est engagé sur le chemin ténébreux qui plonge en soi...cet aller-retour vers sa propre folie comme j'aime l'appeler. Il a contemplé finalement le regard numineux et terrassant de la part universel de son être, comme tu la nommes Annethé...je crois que les 50 ans qui suivirent n'ont été que des mises en forme de cette expérience ultime.
Jean
Écrit par : Jean | 19/01/2012
ARIAGA À TOUS, je suis contente de voir que le début de cette série sur Jung et Nietzsche à l'air d'intéresser certains d'entre vous. Un dialogue s'installe. Je dois finir de répondre aux commentaires de la note précédente et j'arrive !
Écrit par : ariaga | 19/01/2012
la recherche de l'unité, consciente ou pas, n'est pas une constante mais on s'accommode mal de trop dissocier
Écrit par : Thierry | 19/01/2012
Bonjour,
Ton commentaire est bel et bien passé comme une lettre à la poste!
L'image qui illustre ton propos est superbe à la fois concrète et abstraite en raison des réflexions! Elle évoque pour moi un crocodile dont la gueule a été entravée par un bâton ! Qu'en pense Freud de cette interprétation à chaud ?!
Bonne fin de journée lumineuse et chal-heureuse!
Écrit par : thami | 19/01/2012
@ Thierry, si tu te retrouves dans ce que je dis c'est que je n'ai pas perdu mon temps ... j'écris pour des êtres comme toi, qui se cherchent.
Écrit par : ariaga | 19/01/2012
@ Jean, il est bien possible, en effet, que l'inconscient familial ait joué et que sa mère lui ai transmis un peu de son numéro deux. Cette mère qui, certaines nuits lui apparaissant comme terrifiante et qui dans le premier et terrible rêve d'enfance qu'il raconte lui intimait l'ordre de regarder l'ogre phallus.
Écrit par : ariaga | 19/01/2012
Quand j'ai lu "Ma vie", ce que disait Jung de ses deux "personnages" en lui m'a tout de suite parlé...
En nous, il y a la personnalité très humaine , avec son caractère, ses qualités et ses défauts, ses forces et ses faiblesses "humaines"...et puis, il y a, à l'arrière-plan, un "autre", un "double", plus obscur, plus archaïque, plus "universel", plus "mystérieux" aussi...ce "double", on peut ne jamais le rencontrer, ne jamais prendre contact avec lui...ou on peut, comme Jung, le ressentir comme présent, familier. Dans une certaine mesure, je ressens ce "double" en moi, comme lui le ressentait. J'ai l'impression de bien connaître ce dont il parle.
Ce "double" est à la fois fascinant et dangereux. Dangereux car il ne fait pas partie du quotidien et de nos "repères habituels"...il y est étranger...
Nietzsche s'est sans doute laissé "happer" par cet "autre" qui était en lui ("Autre" qui était sans doute à l'origine de son génie et de ses livres). Il a perdu le lien avec la réalité quotidienne, celle qui nous rattache aux choses et aux êtres autour de nous. Et il a "basculé" dans la folie.
Jung a toujours gardé en tête cet exemple tragique...il sentait que cela aurait pu lui arriver, à lui aussi.
Il ne s'agit pas, à mon avis, de rejeter la deuxième personnalité, celle qui gît dans l'inconscient, car elle est la plus profonde, la plus riche, celle qui nous "élève" au-dessus des trivialités et des banalités...celle qui fait de notre vie quelque chose de "plus grand"...celle qui nous relie à ce qui compte vraiment, aux grandes vérités.
Il s'agit plutôt de trouver le bon rapport, la bonne relation avec elle, afin qu'elle ne "balaie" pas notre équilibre psychologique...qu'elle n'éteigne pas la petite flamme de notre conscience...mais qu'elle lui apporte son souffle vivifiant !
Écrit par : La Licorne | 19/01/2012
Je viens de te lire Ariaga avec assez d'avidité . Il va falloir que je lise cet ouvrage ,je remets toujours ,mais il me fait des signes ,je l'ai vu sur un rayonnage peu après avoir vu le fim sur Jung ,comme dit dernièrement lors de ton absence ...
Double personnalité ...multiples personnalités sont en nous ...une variation des ombres et des lumières .Un peu comme de l'aube vers le crépuscule et toujours la nuit absorbe le jour ,où le jour se fait dévorer par la nuit !...C'est une image mouvante et simple ,mais c'est ce qui me vient en pensant à ce que je ressens depuis mon éveil à la vie ,aux sensations indicibles ( l'enfant est sans mots au début ) ...Des perceptions affluent ,troublantes ,mystérieuses ,illimitées ,fascinantes et parfois inquiétantes . Pourquoi ? Comment ? ....On ne sait ...et on sait . Science infuse dit-on ? ....
A te suivre ....:)
Bien amicalement .H
Écrit par : Hécate | 19/01/2012
Un sujet passionnant et fort bien introduit par ton texte, Ariaga. Illustré, qui plus est, par une photo très éloquente : l'émergé, l'immergé, l'ombre visible au premier coup d'œil et celle, immense, que les eaux dissimulent au regard superficiel. L'ornement doré couvrant le mouillage de cette mystérieuse nef témoigne-t-il d'une quête fructueuse de la Toison d'or...? Quoi qu'il en soit, cela me rappelle ce passage lu dans " Ma vie" où Jung parle d'un certain plongeur qui se jette à la mer :
"Le problème des relations entre « l'homme intemporel », le Soi, et l'homme terrestre dans le temps et l'espace soulève les questions les plus difficiles. Deux rêves sont venus les éclairer................................................................................................................................
J'avais déjà rêvé une fois à propos du problème des relations entre le Soi et le moi. Dans ce rêve d'autrefois je me trouvais en excursion sur une petite route; je traversais un site vallonné, le soleil brillait et j'avais sous les yeux, tout autour de moi, un vaste panorama. Puis j'arrivai près d'une petite chapelle, au bord de la route. La porte était entrebâillée et j'entrai. A mon grand étonnement, il n'y avait ni statue de la Vierge, ni crucifix sur l'autel, mais simplement un arrangement floral magnifique. Devant l'autel, sur le sol, je vis, tourné vers moi, un yogi dans la position du lotus, profondément recueilli. En le regardant de plus près, je vis qu'il avait mon visage; j'en fus stupéfait et effrayé et je me réveillai en pensant : « Ah! par exemple! Voilà celui qui me médite. Il a un rêve, et ce rêve c'est moi. » Je savais que quand il se réveillerait je n'existerais plus.
J'eus ce rêve après ma maladie en 1944- C'est une parabole : mon Soi entre en méditation, pour ainsi dire comme un yogi, et médite sur ma forme terrestre. On pourrait dire aussi : il prend la forme humaine pour venir dans l'existence à trois dimensions, comme quelqu'un revêt un costume de plongeur pour se jeter dans la mer. Le Soi renonçant à l'existence dans l'au-delà assume une attitude religieuse, ainsi que l'indique aussi la chapelle dans l'image du rêve; dans sa forme terrestre il peut faire les expériences du monde à trois dimensions et par une conscience accrue, progresser vers sa réalisation."
C.G.Jung – "Ma vie" éditions Gallimard (chapitre : De la vie après la mort)
Écrit par : Amezeg | 19/01/2012
Le plus difficile, c'est l'inconnu, pas de fil, de concept, de mythe ou d'histoire, rien qui raccroche ou retient, et l'inspir se place alors, c'est déjà du passé. Qui choisit ?
Écrit par : Elleno | 20/01/2012
de toi à moi longtemps j'ai eu les mains moites
et je ne savait pas rester tout cois
j'avais une peur sourde et sans cesse les foies
liver will deliver and stomach is so harsh
mais la tripe ailleurs je ne pouvais tout assumer
dissociant les émois du moi et les effluves de toi
il me semble que sans être sur le reculoir
-je suis dans un mouroir en ce moment
et la proximité des soins palliatifs
me donne à panser- et j'envisage une moindre
réactivité en limitant l'implication
entier le cheval se cabre et rétif secoue sa crinière
je ne suis pas fort à tout crin et ...ça crains !
cette faiblesse native me rend différent
je vois et j'entends
je bois et j'attends
je cherche toujours qui est je
parfois ça prend a tournure d'un jeu
et d'autre c'est infiniment pénible
quand on ne s'aime pas assez par soi même
et qu'on vous a habitué à dépendre du regard des autres
pourtant on peut se suffire sans être suffisant
merci ariaga, je cherche encore et toujours
pas centré, ni sans traits d'humour
les humeurs me connaissent
mes colères sont proverbiales
cette violence rentrée que je tourne contre moi
comment défouler cette énergie vitale
sans faire plus de sport
pourtant ce n'est pas pour demain car la rééducation
promet d'être longue !
Écrit par : Thierry | 20/01/2012
@ Thierry, et si pendant cette longue rééducation tu apprenais aussi à t'aimer ?
Écrit par : ariaga | 20/01/2012
@ Jeandler, tu fais partie, comme moi, de ceux qui pensent que le fait d'avoir des personnalités multiples est une chance. Mais il faut de la force intérieure pour assumer cela et certains en souffrent beaucoup.
Écrit par : ariaga | 20/01/2012
@ Lechantdupain, en effet, cette petite flamme de la conscience qui permet de résister aux assauts parfois brutaux de l'inconscient profond est un bien très précieux.
Écrit par : ariaga | 20/01/2012
@ Annethé mais il a essayé vraiment, en particulier après sa grande maladie, et je crois (lis le commentaire de Jean) qu'il a réussi du mieux possible.
Écrit par : ariaga | 20/01/2012
Chère Ariaga,
Ton post m'a conduit à ceci :
Je songe à cet enfant qui vient de naître,
et qu’on accuse d’être là parce qu’il ne ressemble pas
à l’idée de l’enfant de l’amour, de la passion,
mais plus de l’erreur et de l’égarement.
Je songe à cet enfant qu’on regrette de voir arrivé
au cœur de la chaleur de l’été,
un matin près de l’aurore,
sous les nuages dorés du crépuscule
dans un murmure plaintif.
Je songe à cet enfant aux allures chétives,
moissonnant le silence au lieu des vaines paroles,
qui ne sourie à personne, sinon aux fleurs
qui embellissent son mystère.
Je songe à cet enfant que l’on suspend sans raison
la tendresse indulgente à l’heure des pleurs,
à qui l’on prive les fruits de l’affection profonde,
de ce droit à l’insouciance dans ses jeux de silence
parce qu’il est un enfant différent.
Je songe encore à cet enfant
qui grandit sous la moquerie
des autres enfants parce que toujours dans la lune,
parce qu'il aime mieux le brin d’herbe
qui frissonne sur le vert horizon de l’instant
que le monde qui l’entoure.
Je songe maintenant à cet adolescent
à qui l’on refuse de montrer la réalité
du printemps sur le sentier de la beauté.
À cet adolescent qu’on livre rapidement à lui-même,
sans études, sans bagages, sans raison de vivre,
parce qu’on ne souhaite pas lui apprendre la vie,
ni comment s’entretenir avec elle.
Je songe encore à cet adolescent,
plongé dans le gouffre de l’indifférence,
dans le sentiment de n’être rien qu’un inutile,
dans l’espoir d'aucunes vie, d'aucuns amour,
soumis sans cesse à l’idée de disparaître
dans les vapeurs évanescentes du silence.
Et je songe à cet adolescent devenu homme,
à ce pseudo adulte rempli de rêves,
à ce handicapé à charge des autres,
à cet être sur fond de silence.
Enfin, je songe à la toute la souffrance
qu’il a éprouvée, à toute la maltraitance
qu’il a subie, à toute la vie qu’il a enduré ?
Et pourtant, aujourd'hui, il songe au silence
qui l’a conduit au respect des autres,
à l’autarcie de son esprit, à celle de son cœur,
de son âme prête à se fondre dans la paix
et à trouver en elle son logo.
Tels sont les mots qui me sont venus en lisant ton post sans ce que ne sache pourquoi ils me sont venus, mais c'est ainsi, sans doute, un besoin de dire combien il est parfois complexe d'être ce que nous sommes vraiment au fond de nous.
© jack maudelaire le poétiste
Écrit par : Jack le poétiste | 20/01/2012
@ Jack MAUDELAIRE, le poétiste, j'ai lu ton texte avec beaucoup d'émotion. Comme l'aurait dit Jung, heureusement que tu es différent. Si il n'y avait pas de différences, comment le monde pourrait-il évoluer ? Je te remercie d'avoir choisi le laboratoire pour y déposer tes mots. Ils y seront conservés précieusement.
Écrit par : ariaga | 20/01/2012
@ Vieux Marmot, c'est terriblement angoissant ce que tu dis et je n'ai pas de mots pour répondre car je crains qu'ils soient creux.
Écrit par : ariaga | 20/01/2012
@ Frédéric, j'aime beaucoup ce que tu écris sur le ressenti devant un spectacle grandiose qui nous fait nous ressentir à la fois goutte et Océan.
Écrit par : ariaga | 20/01/2012
@ Le Pierrot, c'est lequel de tes personnages le "rustre"? Le 1? le 2? et pourquoi pas un troisième qui est toi le gentil Pierrot si sensible quand il poétise ?
Écrit par : ariaga | 20/01/2012
oui parce que sa mère a deux personnalités il en a deux aussi. Sa mère avait tellement d'importance. Pourquoi avait-il le sentiment que son père était "un pauvre type" ? le fait qu'il soit un pasteur incroyant n'est pas suffisant à le considérer ainsi.
Je ne sais comment signer
Écrit par : Psyché | 20/01/2012
quand les chaînes s'en mêle on a du mal à s'en défaire
quand les événements vous assomment on s'en veut
pour se pardonner lâcheté et bêtise il en faut du temps
mais oui ariaga la reconstruction peut être totale
nouvelle fondation, ravalement, et puis un toit pour moi
le corps a ses raisons que la raison n'ignore pas, et harmoniser
corps et esprit ce n'est pas amenuiser le travail
il y a tant de copeaux encore à faire pour parfaire un peu
le décor
merci d'un judicieux conseil qui sera mis à profit
dans le silence, le recul et l'introspection positive
Écrit par : Thierry | 21/01/2012
@ bichon 39, Je pensais bien que certains se reconnaitraient. Tu as raison si on peut trouver un équilibre entre les deux pôles on peut arriver à une certaine harmonie.
Écrit par : ariaga | 21/01/2012
@ Jean, merci de rappeler combien positive et enrichissante fut pour Jung la terrible expérience de la complexité et des profondeurs obscures de l'être.
Écrit par : ariaga | 21/01/2012
@ Thami, je ne suis pas du tout une spécialiste des interprétations freudiennes mais pour moi, dans une perspective jungienne, je penserai au saurien qui demeure en nous et auquel nous nous efforçons de mettre un bâton dans la gueule pour qu'il ne morde pas ...
Écrit par : ariaga | 21/01/2012
@ La licorne, merci pour cette intervention qui montre que tu as bien assimilé ce que Jung veut transmettre dans" Ma vie". Je vais continuer avec ces retours sur ce côté un peu anecdotique pour tente ensuite d'aller plus loin car l'oeuvre de Jung ne se résume pas, loin de là à "Ma vie".
Écrit par : ariaga | 21/01/2012
ARIAGA À TOUS, j'ai posté un nouveau texte mais si le premier texte vous intéresse plus vous pouvez continuer les commentaires. En gros, dans le cadre de cette petite "suite", vous faites comme vous voulez, amis lecteurs. Vous êtes chez vous au Laboratoire ...
Écrit par : ariaga | 21/01/2012
@ Hécate, j'espère que tu commenceras par "Ma vie" et que, ensuite, tu plongeras dans le reste de l'oeuvre ...
Écrit par : ariaga | 21/01/2012
@ Amezeg, comme tu as bien regardé la photo ! Merci. Pour le rêve du Yogi, j'ai écrit une note là dessus il y a quelques années, il faudra que je retourne voir car j'ai tendance à oublier mes notes ...
Écrit par : ariaga | 21/01/2012
Si je comprends bien, chaque fois que l'on réalise que l'on a un défaut ou quelque chose de ce genre, on met ça dans la personnalité n02 et l'on ne s'en occupe plus, en fait c'est pratique et très déculpabilisant.
Écrit par : Psyché | 21/01/2012
@ Elleno, très juste ce que tu écris là. la peur de l'Autre est fortement inscrite dans notre lignée phylogénétique et psychique.
Écrit par : ariaga | 22/01/2012
@ Psyché, très réducteur ce que tu écris là.
Écrit par : ariaga | 22/01/2012
non je ne trouve pas, les défauts disparaissent comme le vent dans les feuilles finalement, si on les ignore.
Écrit par : Psyché | 22/01/2012
J'avais été très intéressé par ces rêves en lisant ma vie. Ton exposé est très clair, et fort intéressant. J'attends la suite.
BISES
ÉPHÊME
Écrit par : ÉPHÊME | 22/01/2012
bon, ceux qui seraient disons…très aériens, parce que les défauts ancrés profonds, bien sûr… difficiles à déloger et encore plus à ignorer. On dit que l'on ne s'améliore pas en vieillissant.
Écrit par : Psyché | 27/01/2012