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21/01/2012

Peur et curiosité de Jung envers Nietzsche

Lutte du noir et blanc.jpg

 

La curiosité  de Jung au sujet de la philosophie et des philosophes s'était éveillée dès son adolescence mais s'il appréciait chez Schopenhauer le thème de la souffrance du monde et la manière de présenter les problèmes il n'aimait pas sa façon de les résoudre. Il trouva chez Kant une théorie de la connaissance mais détesta Hégel et son langage "pénible et prétentieux". Sa curiosité s'éveilla envers d'autre philosophes, en particulier les présocratiques, mais c'est seulement avec Nietzsche que se construisit une forme de relation passionnelle, parfois inconsciente, une sorte d'attraction-répulsion qui exerça une grande influence sur l'édification de sa pensée. Son intérêt pour Nietzsche ne se démentit jamais, et il consacra un séminaire au Zarathoustra entre 1934 et 1938.

   Que ce soit pour l'édification de son oeuvre, de son outillage conceptuel, dans son attitude vis-à-vis de l'existence, l'imprégnation nietzscheenne me semble évidente chez Jung. Une des manifestation la plus visible de cette filiation est leur goût commun pour le paradoxe. Cette manière de penser, pour laquelle j'ai beaucoup de sympathie, les conduit parfois à énoncer une idée ou à défendre, en apparence, une thèse pour en montrer, en même temps ou ultérieurement, la fausseté. Pour l'un comme pour l'autre, il n'y a pas de vérité absolue, de lumière sans ombre, et toute chose contient son contraire. C'est cet esprit paradoxal qui incite leurs détracteurs à leur faire le commun reproche d'obscurité et de confusion.  

    La relation Jung-Nietzsche commence d'une manière assez négative. Le premier contact se situe au début de ses années universitaires. On le voit alors bien installé dans sa personnalité numéro 1, celle qui privilégie la vie conscient et sociale. Il est peu disposé à recevoir des stimulations intellectuelles propres à réveiller l' "Autre ", ce numéro 2 qui le suivait autrefois comme une ombre et qui est maintenant relégué à l'arrière plan.

    Nietzsche avait terminé le Zarathoustra en 1885, alors que Jung était âgé d'une dizaine d'années. La rumeur, dans le milieu universitaire, en faisait un personnage peu sympathique sur lequel on colportait des anecdotes concernant plus la personne que les idées. Il était violemment contesté par les étudiants "compétents" en philosophie, et très mal vu par des professeurs qui, le plus souvent ne l'avaient même pas lu, ou très partiellement. Le fait d'entendre parler d'un philosophe aussi rejeté par ses semblables aurait du attirer le jeune Jung mais, dit-il, "j'hésitais à le lire, m'y sentant insuffisamment préparé". 

   L'explication la plus vraisemblable de la méfiance de Jung envers Nietzsche doit avoir son origine dans le regard lucide qu'il posait déjà sur sa propre fragilité psychique. Il devait être conscient que la présence en lui de deux personnalités représentait une menace de dissociation et de schizophrénie. L'impression d'angoisse concernant le sentiment de secrète parenté qu'il ressentait avec Nietzsche est ainsi exprimée dans Ma vie (p. 136) :

"J'avais  comme une angoisse secrète de lui ressembler au moins quant au "secret" qui l'isolait dans son milieu. Peut-être  -qui sait ? -avait-il eu des aventures intérieures, des visions dont par malheur il aurait voulu parler, mais qui n'avaient malheureusement été comprises de personne. Évidemment c'était un être hors série ou du moins qui passait pour tel, pour un lusus naturae, un jeu de la nature, ce que je ne voulais être à aucun prix. J'avais peur de découvrir que moi aussi j'étais comme Nietzsche, "un être à part". 

 Il avait aussi un sentiment de petitesse envers quelqu'un d'aussi cultivé, et qui avait atteint de "vertigineuses hauteurs". Cela ne faisait que conforter son idée que les "excentricités" permises à ce personnage extraordinaire lui étaient interdites mais, après un temps de résistance, intervint un phénomène moteur de de vie de Jung, " l'intense curiosité " à laquelle il ne sut jamais résister. Ses craintes furent balayées et il se "décida à lire".

Il commença par les Considérations inactuelles et fut passionné par un ouvrage qui mettait la vie au dessus de la pensée, et la personne au dessus de la doctrine. “Emporté d’enthousiasme”, il lut ensuite Ainsi parlait Zarathoustra. Cette lecture provoqua chez lui un véritable choc. Il écrit :
Ce fut comme pour le Faust de Goethe, une des plus fortes impressions que je reçus. Zarathoustra était le Faust de Nietzsche, et mon côté numéro 2 était mon Zarathoustra - naturellement compte tenu de la distance qui sépare une taupinière du Mont Blanc.”
 
    Une telle impression ne peut que laisser des traces, même si elles ne sont pas conscientes. J'irai jusqu’à suggérer que la force de l’émotion occasionnée par Nietzsche à cette époque, et le refus de se laisser aller à une dangereuse fascination, provoquerent en lui un refoulement très freudien. En effet, dans le cas de Jung, après le choc intervenait toujours la réflexion et la recherche du sens. L’interrogation ne pouvait donc  manquer de survenir. Il était persuadé du côté morbide du personnage de Zarathoustra. Son numéro 2 l’était-il aussi ? Son génie aurait du suggérer à Nietzsche que “quelque-chose allait de travers” or, “jouant les funambules il avait fini par tomber en dehors de lui-même” . C’est ainsi qu’il était devenu un “possédé”, un homme que la société rejetait.

Tout cela fait horreur au numéro 1, celui-là qui avait décidé de réussir sa vie extérieure. L’”empirisme” l’emporte, il refuse l’”irréalité” de Nietzsche et, consciemment, rompt pour longtemps avec le Zarathoustra . On peut lire dans Ma vie :
“Le Faust m’avait ouvert une porte, le Zarathoustra m’en ferma violemment une autre, et pour longtemps. Il en fut de moi comme du vieux paysan dont deux vaches, par sorcellerie, avaient eu l’encolure prise dans le même licou et à qui son jeune fils demandait comment chose pareille était possible. Et il répondit : “Henri, de ces choses on ne parle pas !”
   
    L’influence du Zarathoustra devient, à partir de cette époque, un courant souterrain, qui ne resurgira vraiment qu’au moment des Sept Sermons aux Morts  ; même si, au cours de la première version de Métamorphoses et symboles de la libido, antérieure aux Sept Sermons, il est souvent fait allusion, d’une manière “culturelle” mais non philosophique, à Nietzsche, à ses poèmes et à Ecce homo.

Les Sept Semons aux morts est une oeuvre qui me fascine depuis longtemps mais je les laisserai de côté, dans cette suite de notes, car je voudrais leur consacrer, un jour, une série particulière.

À bientôt la suite.

Ariaga

 Pour ceux qui seraient en manque de poésie vous trouverez sur l'autre blog un poème intitulé Fréquences.

 


   

 


 

Commentaires

oh lala... tu es bien sérieuse en ce moment.... Belle journée avec bises

Écrit par : patriarch | 21/01/2012

Quelle belle continuité dans ton cheminement !

Un sacré travail que tu nous livres et je m'en délecte.
Je te rejoins totalement sur l'explication de cette fascination de Nietzsche par Jung. Deux êtres en phase, sur le fil du rasoir de la dissociation...
Je crois que leur rapport était de l'ordre de "l'union d'âmes".

Sur un plan purement intellectuel, je crois que Plotin et les textes gnostiques ont plus influencé le psychologue.

Encore bravo pour ce rendu.
Amitiés,
Jean

Écrit par : Jean | 21/01/2012

@Jean, en effet, sur le plan conscient et "accepté" Jung a été plus influencé par Goethe et les gnostiques et plus tard par les textes des alchimistes du Moyen Âge. Mais sur le plan inconscient, je crois que l'influence de Nietzsche a été considérable.

Écrit par : ariaga | 21/01/2012

je n'ai pas assez lu l'un et l'autre pour porter un jugement, il faut de toute façon une certaine curiosité pour pouvoir les lire. Le jugement des autres, tant que je ne connais pas, n'a pas grande valeur. (on peut aimer tel film et pas un autre, je me méfie un peu des commentaires au sujet de tel film ou tel autre). Merci Ariaga et bon week end.

Écrit par : elisabeth | 21/01/2012

La pratique du paradoxe, le sentiment qu'il n'y a pas de vérité absolue, sont comme des voiles qu'on hisse pour se laisser emmener là où le vent (esprit) souffle
mais il faut la hisser cette voile, et l'intense curiosité en est la motivation (moteur)

merci du partage de ces textes

chaleureusement

Frédéric

Écrit par : Frédéric | 21/01/2012

comme une boite de Pandore !
la peur des autres ne résulte t elle pas parfois de l'intuition
que certains seraient capable de nous permettre de mieux nous connaître avec des côtés dérangeants ou de nous questionner quand nous ne le souhaitons pas, du moins pas encore ?
les influences des lectures sont parfois visibles très longtemps après, des résurgences en somme.

merci de ces explications si claires et convaincantes.

vaincre la peur, la peur de soi , quel beau combat !

Écrit par : Thierry | 21/01/2012

Il ne faut pas avoir peurs de ses peurs, mais les aimer comme des sœurs.
Il ne faut pas nier nos différences, mais en faire chaque jour notre danse.
belle journée à vous que le soleil brille dans vos coeurs et illumine vos pas de danse :)

Écrit par : Virginie | 22/01/2012

Un livre à lire et surtout à relire . Tous les jours il m'apprend quelque chose même si Nietzsche est un personnage ambigu qui parfois m’énerve par son côté moraliste et anti-romantique .

je vais imprimer ta note , toujours passionnante dans cet univers de Jung qui me fascine

Bon dimanche

Amitiés
Bruno

Écrit par : Bruno | 22/01/2012

Merci Virginie
le petit garçon est tapi pas loin
parfois, et j'ai préféré ne pas parler
des états un et deux car cette expérience
m'est connue et il y a oscillation, battement
déperdition, ajustement alors j'écoute ma conscience
je fais appel à mon sens moral et à l'intérêt général
gêné je râle mais je m'oublie un peu
il est temps de se pardonner des erreurs/horreurs
il est temps d'accéder à une vie plus hédoniste
une fois enlevé le kyste de la culpabilité rampante
et de démasquer les emmerdeurs et les manipulateurs
les pervers narcissiques et autres engeances viles !

Écrit par : Thierry | 22/01/2012

@ Élisabeth, qui sait ? Peut-être auras tu le goût de cette lecture un jour ... C'est bien d'éviter de porter un jugement sur ce que l'on ne connaît pas. ce n'est pas le cas de tout le monde ! Merci de ta fidélité même quand les sujets t'intéressent moins.

Écrit par : ariaga | 22/01/2012

@ Fréderic, ESPRIT/MOTEUR je vois que tu as hissé les voiles avec moi et j'en suis ravie.

Écrit par : ariaga | 22/01/2012

@ Thierry, ce que tu dis me fait penser à l'ennemi intime. c'est en effet un beau combat que d'accepter cette peur de notre ombre qui nous gâche la vie.

Écrit par : ariaga | 22/01/2012

@ Virginie, j'aime ce que tu dis, aimer ses peurs comme des soeurs. Des soeurs un peu sombres, mais des soeurs quand même.

Écrit par : ariaga | 22/01/2012

@ Merci Bruno, Je suis sensible à ton intérêt et à tes visites.

Écrit par : ariaga | 22/01/2012

Bonjour Ariaga , je viens lire la suite ....Je t'avais dit que j'avais chez moi ,bien avant notre rencontre sur la toile ,un livre de Jung .En voici le titre : "Dialectique du Moi et de l'inconscient " .( j'en ai un autre aussi ...) Mais je n'ai pas "Ma vie" et certainement il aurait été préférable de commencer par celui là ... La fréquentation de ton blog m'a donné envie de rouvrir cet ouvrage un peu délaissé je l'avoue ces dernières années ( lors de son aquisition ,je cherchais autre chose de Jung ,sans savoir le définir exactement ) .
Kafka lorsqu'il fit la connaissance de Max Brod en 1903 défendit avec fougue Nietzsche qui venait d'être traité de charlatan !
Bien amicalement .H

Écrit par : Hécate | 22/01/2012

@ Hécate, tu avais bien choisi ton livre. Dialectique du moi et de l'inconscient est un des ouvrages les plus intéressants de Jung. C'est vrai qu'il est bien de commencer par la lecture de "Ma vie" mais, pour une lectrice avertie comme toi il faut se rappeler qu'il a écrit ce livre quand il était très âgé, un peu sous la pression de son entourage, et qu'il ne l'a pas écrit tout seul.

Écrit par : ariaga | 22/01/2012

Merci Ariaga, tu me donnes toujours envie d'en savoir plus... Bonne fin de dimanche.

Écrit par : elisabeth | 22/01/2012

Chère Ariaga,

--------------------------------------

Après lecture et relecture de ton post,
je dirai simplement que sur ce dont je ne peux parler,
il convient que je garde le silence,
toutefois, il y a une équation qui me vient à l'esprit,
elle s'appuie sur une dynamique silencieuse
que j'ai écrite dans mon dernier livre,
elle peut provoquer chez toi une réflexion,
un accent de voix, voire une critique,
mais je me laisse emporter par le son de ton post :

Si le silence égale la profondeur
de toutes les profondeurs de mon être,
et si mon être égale la profondeur infinie du silence,
j’imagine que je suis beaucoup de lui et lui beaucoup en moi !

Il y a donc le silence et moi, ce qui laisse le présent.
Si le présent égale le jour où je suis né,
et si le silence égale le présent,
le jour de ma naissance tend à l’évidence vers l’esprit du silence ?

Il reste la paix qui est dans le silence.
Si la paix égale la dimension du silence,
et si le silence égale la dimension où je m’étire en elle,
la paix tend simplement vers moi !

Cette équation est une chose de paix,
son esprit peut distraire l’âme, l’enlever,
la transporter dans la couleur tendre de l’infinie plénitude,
telle la félicité assise autour des figures veloutées
habitant les profondeurs insondables du silence.

Ici, je la laisse chuchoter à tous les coins de ton esprit,
en espérant qu’elle conduise ton âme au centre de sa paix
qui domine les vallées où retentit la Vérité.

Écrit par : Jack le poétiste | 22/01/2012

Oui ariaga le symbolisme du miroir est bien là, dérangeant et interrogateur sur ce que nous pouvons nous faire et nous causer à nous même, à ne pas assez nous causer, oser nous découvrir et nous ouvrir, l'écriture me sert à ça aussi.

bises

Écrit par : Thierry | 22/01/2012

@ Élisabeth, te donner envie d'en savoir plus ? C'est un grand compliment que tu me fais là.

Écrit par : ariaga | 22/01/2012

Coucou, douce amie, me revoilà enfin, cahin-caha..
Tu nous offres encore une fois un très bel article.
Je dirais que l'étude des paradoxes est la voie royale qui mène à l'Evidence... Belle fin de soirée Ariaga.

Écrit par : Phène | 22/01/2012

AMOUR HORREUR. j'ai connu ça avec les Chants de Maldoror, que l'on m'a donné à lire trop jeune, que je n'ai jamais rouverts depuis, mais qui m'ont influencé souterrainement. Ces deux là étaient sans doute trop proches, et cela a dû provoquer quelques orages dans l'âme de Jung.

BISES

ÉPHÊME

Écrit par : ÉPHÊME | 22/01/2012

@ Jack le poétiste, moi aussi j'ai lu puis relu ton texte et je suis arrivée à la conclusion que ton équation est très bien posée et que tu es non seulement poète mais philosophe. Merci.

Écrit par : ariaga | 23/01/2012

@ Thierry, ne crois tu pas que le "symbolisme du Miroir" même si il est toujours là doit être dépassé et surtout qu'il faut travailler pour arriver la conjonction si chère aux alchimistes.

Écrit par : ariaga | 23/01/2012

Ne sommes-nous pas, tous, les uns comme les autres, des êtres à part ? Il s'agit de cultiver cette part de nous-même et l'amener à la lumière des jours.

Écrit par : jeandler | 23/01/2012

P'tit coucou de fin d'après midi ariaga, je rentre de la ville où j'ai fait un peu les soldes, juste acheter une belle chemise, mais j'ai trouvé que les prix n'étaient pas si bas que ça, pffff...j'ai vu une belle paire de chaussures, des Clarks, mais soldées à 120 euros, ben dis donc, je préfère marcher pieds nus...bise à toi, bonne fin d'après midi...

Écrit par : le Pierrot | 23/01/2012

@ Le Pierrot, je t'imagine bien marchant vers l'horizon, pieds nus, revêtu de ta seule chemise ...

Écrit par : ariaga | 23/01/2012

@ Phène, l'évidence par la voie du paradoxe, je veux y croire.

Écrit par : ariaga | 23/01/2012

@ ÉPHÊME, oui, nous avons souvent un livre où un tableau, ou un film qui à la fois nous fascine et nous fait peur. Après l'avoir vue une fois je n'ai jamais pu regarder à nouveau la longue plongée dans le cosmique de l'Odyssée de l'espace. Je crois que cette vision, dans la version longue du film, correspondait à quelque gouffre béant ouvert en moi sur la Totalité.

Écrit par : ariaga | 23/01/2012

@ Jeandler, c'est certain, chacun de nous à une part unique et cachée que le processus d'individuation doit mettre en évidence.

Écrit par : ariaga | 23/01/2012

Tes textes sont captivants, je vais relire tout ça plusieurs fois je pense ! Merci !

Écrit par : Tempérance | 23/01/2012

Réflexion et sens : quand il n’y a pas de vérité absolue pourrait-on devenir fou à les rechercher toujours ? Quel accès nous est autorisé ? Jusqu’où porter nos pensées sans se perdre ? Lesquels parmi nous entrevoient leur identité sensible?
L’intense curiosité de l’être est poussée par un élan subtil, originel presque enfantin. Il semble prendre ses origines en plein cœur de l’humain. Après il chemine en fonction de ses capacités à gérer le mystère.
Je m’interroge ainsi et aime parfois me perdre entre réflexion et recherche de l’inconnu. L’équilibre est fragile et ca le rend précieux. Il me semble qu’une part de vérité est cachée dans de très faibles interstices comme un souffle discret presque à notre portée…

Écrit par : Annethé | 23/01/2012

@ Temperance, c'est à toi que je dois dire merci d'apprécier mon travail.

Écrit par : ariaga | 24/01/2012

@ Annethé, si il y avait une vérité absolue connaissable, je crois qu'elle s'imposerait et que nous n'aurions plus rien à chercher. La vie serait bien triste car, comme tu le dis si bien, il est tellement fascinant de regarder entre les interstices.

Écrit par : ariaga | 24/01/2012

Pour moi, Nietzche est effectivement quelqu'un qui a "atteint de vertigineuses hauteurs" (ou de vertigineuses profondeurs, ce qui revient au même)...c'est un génie visionnaire, mais malheureusement sa personnalité "de tous les jours" n'est pas au même niveau que les révélations auxquelles il accède. Il n'est pas très "solide" et sa solitude ne l'aide pas à se "raccrocher" à la réalité prosaïque et quotidienne.

Or, c'est un peu comme dans le "Grand Bleu"...c'est bien de descendre très profond et de "ramener" des merveilles...mais il faut être sûr de remonter et de retrouver la terre ferme.

Je crois qu'à un moment, Nietzsche est resté "coincé au fond"...il est descendu dans les profondeurs mais n'est pas remonté. Il n'en a pas eu la force.

Jung explique bien qu'au moment (après sa séparation avec Freud ) où il s'est laissé "tomber" dans les visions qui se bousculaient en lui...il a failli faire de même. Il dit que "tenir sans se laisser emporter" a été une question de "force brutale"...
Il faut effectivement beaucoup de force intérieure (et même physique) pour ne pas se laisser emporter par le déferlement de l'inconscient (qu'on pourrait comparer à un "tsunami").
Cette force, Jung l'avait (il avait aussi une famille et un travail auxquels se raccrocher), Nietzsche ne l'avait pas.

Mais pour le reste, il y avait effectivement une grande ressemblance entre eux deux : tous deux avaient la capacité (rare) de voir et de recueillir la face cachée de la réalité.

Écrit par : La Licorne | 25/01/2012

@ La licorne, merci pour ce commentaire auquel je n'ai rien à ajouter car il me semble très pertinent.

Écrit par : ariaga | 25/01/2012