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02/03/2016

Le piège de la sécurité

Société,Clément Rosset, livres,citations, philosophie,écritre,culture

Je relis en ce moment un livre de Clément ROSSET (philosophe né en 1939) intitulé Le réel et son double (Gallimard). J'ai eu la chance de suivre ses cours à la faculté de Nice et, avec Spinoza et Edgar Morin,  il est un de ceux qui m'ont le plus influencée. J'ai toujours aimé ceux qui ne reculent pas devant les obstacles et voici ce qu'il écrit (p.106) :

" ...La sécurité est un piège qui achève de lier le héros tragique à son destin et d'enfermer l'homme en lui même. La mise à l'abri, l'esquive s'expriment par un geste qui constitue précisément, et de toutes pièces, le dommage dont on voulait se garer. C'est en voulant éviter de tuer son père qu’Oedipe se précipite sur la voie du meurtre, c'est en voulant à tout prix être un autre que l'homme se confirme habituellement en lui même. De sorte que la sécurité dont se croit protégé celui qui a entrepris d'esquiver son destin constitue le lieu exact de sa perdition. L'ailleurs apparent n'est autre que l' ici dont on se croyait éloigné, et la protection sur laquelle on comptait se révèle comme ce qui a justement causé la perte ; telle la montre du pêcheur, dans la Descente dans le Maelström d'Edgar Poe, qui doit signaler l'heure dangereuse de la marée et dont on s'aperçoit trop tard qu'elle s'est arrêtée à sept heures. La fausse sécurité est plus que l'alliée de l'illusion ; elle en constitue la substance même et est au fond l'illusion en personne, comme le dit Hécate dans Macbeth : " La sécurité est la plus grande ennemie des mortels. ""

Alors, arrêtons de nous abriter contre des peurs plus ou moins réelles et faisons face courageusement à l' ici et maintenant de la vie.

Ariaga

 

 

Commentaires

Nous avons besoin de repères, de références pour nous rassurer. Nos habitudes aussi nous rassurent mais cette sécurité que nous recherchons est tout sauf créative et stimulante. La sécurité endort la conscience et limite nos possibilités. Nous avons peur de sortir du connu pour aller vers l'inconnu.
Une vie sans filet est une belle vie d'acrobate !!

Écrit par : Daniel | 02/03/2016

mettons nous au sec selon des rites éprouvés

oui toutes ces barrières ne sont pas de corail mais l'écho raille nos peurs

il y a déjà ces habitudes qui permettent de se mettre en mode automatique, forme évoluée d'autisme ?

et puis dans le champs social cette mise à distance de l'autre et cette bulle de confort

mais où est la vraie vie dans ces formes de contrôles qui ne réservent somme toute qu'assez peu de surprise, balisées qu'elles sont , nous balisons soit mais à quel prix ?

la fraicheur, la candeur, la spontanéité et le naturel en sortent ils grandis ?

Écrit par : Thierry | 02/03/2016

Il n'y a pas de sécurité dans le fait d'être vivant... celui qui voit cela, ni en juge, ni le justifie.

Écrit par : Miche | 03/03/2016

Nous sommes habitués au conformisme dès notre enfance mais plus tard, on peut se mettre en danger. Le risque est permanent quand on sait que la vie ne tient qu'à un fil.

Écrit par : Sedna | 03/03/2016

@ Daniel, tu peux le dire, la vie sans barrière de protections est acrobatique mais c'est le fut le prix à payer pour de grands créateurs.

Écrit par : Ariaga | 03/03/2016

@ Thierry, le mode automatique et la bulle de confort, tu es au cœur du sujet de Clément Rosset. C'était d'ailleurs "un personnage" absolument imprévisible !

Écrit par : Ariaga | 03/03/2016

Lorsqu'on a grandi dans un milieu insécurisant, on recherche pourtant cette sécurité une fois adulte. Mais ce n'est pas forcément une bonne chose, car on risque bien de passer à côté de sa vie. Oser affronter est plus enrichissant, plus dangereux bien sûr, mais rester chez soi par peur de l'inconnu, quelle vie étriquée et peu intéressante... Il faut parfois un gros travail sur soi pour surmonter ses peurs et arriver à avoir confiance en soi, et aussi en les autres.
Belle fin de semaine à toi, Ariaga. Amitiés.

Écrit par : Françoise | 04/03/2016

Pourquoi ne pas dire simplement que nos efforts sont inopérants contre le destin ? Ou encore plus simplement que nous ne sommes pour rien, mais absolument pour rien, dans ce qui fait notre existence ? Et en fin de compte que ce que nous croyons être est comme le vent ? Oui, c'est peut-être sa conclusion : ce que nous prenons pour "notre sécurité" est sans doute l'expression même de l'illusion...

Écrit par : Aloysia | 04/03/2016

Oui, enfin, il faut être mesuré dans ce genre de propos.. La sécurité n'est certainement pas "l'ennemie des mortels" lorsqu'on est SDF, ou sans emploi, ou qu'on n'a pas de quoi nourrir ses enfants... Je pense qu'il faut un minimum de sécurité et d'assurance au contraire pour avancer dans la vie, sinon les peurs deviennent terriblement invalidantes et fragilisantes et ont l'effet inverse que celui de nous faire avancer!
Bises à la maîtresse de céans .... :-)

Écrit par : Ambre Neige | 05/03/2016

@ Miche, oui, si dans la vie il n'y avait pas de positif et de négatif, ce serait l'homogénéisation = la mort.

Écrit par : Ariaga | 05/03/2016

@ Sedna, oui, la vie est fil fragile entre la naissance et la mort.

Écrit par : Ariaga | 05/03/2016

Trouver le juste milieu entre sécurités et liberté, savoir remettre en cause les limites bloquantes, savoir vivre au quotidien les bouleversements de ce que l'on croyait acquis ... La vie est fluctuante et le mouvement c'est la vie.

Écrit par : Francine | 05/03/2016

@ Françoise, notre éducation nous pousse à aller vers le connu et à RE produire ce que nous avons déjà vu entendu, ou ce qui a été pensé par d'autres. si nous sortons du schéma, alors commence la créativité mais ce n'est pas facile.

Écrit par : Ariaga | 05/03/2016

@ Aloysia, l’illusion, voilà encore un thème cher à Clément Rosset. il faudra que j'en parle un de ces jours.Merci.

Écrit par : Ariaga | 05/03/2016

@ Ambre Neige, tu as cent fois raison on est ici dans le "discours sur".

Écrit par : Ariaga | 05/03/2016

@ Francine, oui, le mouvent c'est la vie mais, comme le fait remarquer Ambre Neige il y en a pour lesquels se mettre en péril c'est le désespoir, la mort. Témoin ce qui se passe en ce moment avec ceux qui meurent pour fuir l'insoutenable.

Écrit par : Ariaga | 05/03/2016

Liberté et sécurité

La liberté est chose toute relative, dans un ensemble de contraintes légales, morales et culturelles mais la sécurité si elle reste une affaire d’appréciation personnelle est plus palpable ou plus sensible.

Les violences, risques et antagonismes qui se développent au sein de la société par la négation du risque et la satisfaction de besoins ou par sens du plaisir et hédonisme amènent souvent à des comportements dangereux, non balisés par des gardes fous et surtout qui ne tiennent pas contre de l’autre, des autres et peuvent justement leur causer des dols.

Dans la pyramide de Maslow l’épanouissement des humains est soumis à la satisfaction de besoins de rang variable mais qui peuvent évoluer avec les circonstances et avec l’âge.

Avec l’âge de raison beaucoup de passions s’assagissent et les comportements à risque sont moins prégnants, pourtant les choix ne sont pas faciles pour tous, certains ayant des faiblesses naturelles, des penchants dangereux.

Ma liberté s’arrête à celle d’autrui, oui alors justement où et comment la définit on , cette longe qui me permet de brouter tout à loisir mon champ de verdure ?

La familiarisation avec la frustration, pas à la boulimie et à la facilité, le sens et la conscience des limites face à l’hubris devraient sans doute tenir une part plus importante dans l’éducation des nouvelles générations qui ont souvent moins de souplesse d’échine et un sens de l’obéissance limité, un sens de l’individualisme prononcé.

Les deux sans être des complémentaires sont étroitement corrélées et il est clair qu’on ne peut les favoriser en même temps, pour faire reculer les risques, améliorer la sécurité, il faut rogner sur la liberté, les libertés individuelles et quotidiennes.

Car en société on n’est pas seul et ses actes ont des conséquences qu’il faut être en mesure d’intégrer très tôt, pour se maitriser et contrôler ses pulsions, devenir une personne responsable.

Bref il faut faire grandir les individus dans une conscience collective affermie où les priorités sont mieux gérées, les enthousiasmes calmés, car la liberté d’entreprendre ne peut s’opposer à la nécessité de le faire dans des conditions appréhendables.

Écrit par : Thierry | 05/03/2016

un beau et fort message auquel j'adhère, vivre c'est prendre des risques ...

Écrit par : ulysse | 06/03/2016

Bonjour Ariaga, on croit se mettre en sécurité mais en réalité cela ne sert à rien car notre destin est déjà tracé, ce me semble. Moi j'aime avancer sans peur et la sécurité je m'en fiche, ce qui fâche mon compagnon qui ne comprend pas ! Bises

Écrit par : danae | 06/03/2016

Je peux, à vrai dire, prendre certains risques impressionnants aux yeux de tous afin de mieux me mettre à l’abri du risque que je ne veux surtout pas prendre, le risque qui affecte, à un endroit bien précis de moi la sécurité de mon ego. Je peux escalader les plus hautes montagnes, faire vingt fois le tour du monde en solitaire sur une demi-planche à voile en carbone high tech, chasser le tigre avec un lance-pierres, me rebeller contre mon directeur de thèse et lui jeter à la tête tout le paquet d’âneries qu’il voudrait me voir développer dans ma thèse, prendre donc de très gros risques qui me vaudront l’admiration des foules (sauf peut-être pour la chasse au tigre et pour le directeur de thèse...) sans mettre véritablement en jeu la sécurité de mon ego mais en lui fournissant ainsi des alibis formidables pour asseoir le statu quo de sa petite sécurité.
La sécurité abusive de l’ego est la plus grande ennemie de l’élargissement* de l’ego afin de réaliser le Soi plutôt que le moi-moi-moi... (*dans le sens d’ouverture et aussi de libération)

La sécurité abusive exigée par l’ego est l’ennemie de l’immortel en l’homme, l’ennemie de la réalisation du Soi à travers l’individu mortel et elle est, pour cette raison, la plus grande ennemie des mortels.

Cette réalisation du Soi qui demande de renoncer à la sécurité abusive réclamée par l’ego, entreprise difficile et de longue haleine, prise de risque suprême pour le petit moi, ne fait bien sûr pas la une des médias, qu’ils soient télévisuels ou autres...

Écrit par : Amezeg | 06/03/2016

@ Thierry, je ne suis pas certaine qu'avec l'âge les passions diminuent et, en voyant l'évolution de la société où, de plus en plus, les gens prennent le risque à l'âge mur de tout casser pour commencer une seconde vie je me pose des questions ...

Écrit par : Ariaga | 06/03/2016

@ Ulysse, j'ai l'impression que tu sais de quoi tu parles ...

Écrit par : Ariaga | 06/03/2016

@ Danae, je crois que tu es assez forte pour vivre comme tu l'entends. Un compagnon c'est quelqu'un qui accompagne.

Écrit par : Ariaga | 06/03/2016

@ Amezeg, je ne dirai qu'une chose, ton commentaire m'a enrichie et j'aimerais l'avoir écrit.

Écrit par : Ariaga | 06/03/2016

J'aime beaucoup ce texte. Oser vivre la vie est nécessaire et indispensable, ce qu'il nous faut ce sont des plages de joie dans lesquelles puiser des forces pour vivre au mieux ce qui se présente à nous. Belle journée Ariaga, à bientôt. brigitte

Écrit par : Plumes d Anges | 07/03/2016

Ton billet m'incite à lire ce philosophe et puis… nous avons le même âge.
Un "rien" de sécurité est cependant nécessaire à notre équilibre il me semble mais restons toujours en éveil chaque jour, ne nous installons pas dans cette sécurité.
Amicalement.

Écrit par : Fanchon | 08/03/2016

Sujet bien d'actualité! Faut-il privilégier et renforcer la "sécurité" tout en sachant que quelque part elle est liberticide!

Écrit par : Alezandro | 08/03/2016

Bonjour chère Ariaga....la sécurité est à la merci du moindre incident ou accident qui peuvent faire basculer la vie .
Amicalement.

Écrit par : Hécate | 09/03/2016

@ Plumes d'Anges, exactement ce que tu dis : oser vivre sa vie car, même si je pense que nous avons plusieurs vies, c'est pendant celle que nous vivons, ici et maintenant que nous pouvons accumuler des expériences .

Écrit par : Ariaga | 09/03/2016

@ Fanchon, bien sur il ne faut pas être un casse cou irréfléchi !

Écrit par : Ariaga | 09/03/2016

@ Alezandro, tu as mis le doigt sur une grande question ...

Écrit par : Ariaga | 09/03/2016

@ Hécate, c'est vrai mais j'ai aussi remarqué que la peur de l’accident engendre parfois l’accident car nous nous crispons et nous perdons nos réflexes naturels.

Écrit par : Ariaga | 09/03/2016

la peur n'évite pas le danger
la question est de savoir à quoi on s'expose
le soleil ou autre chose
la culture du risque n'est pas donné à tout le monde
il y va des limites, de la confrontation dans l'action
mais on doit bien baliser même à minima
des terrains d'expérience
après tout va si vite ...

Écrit par : Thierry | 09/03/2016

Encore un texte qui s'enrichit des commentaires, je viens de lire le tout et j'apprécie particulièrement celui d'Ambre Neige. Amitié.

Écrit par : Louis-Paul | 12/03/2016

Si la sécurité contribue à la construction de la confiance en soi et au développement de son potentiel ou à l'expression de celui ci alors il est certain qu'en tant que déterminisme socio-culturelle elle a un rôle dans la place que certains prendront dans la société, le fait de ne pas vivre dans l'incertitude incessante, des fins de mois difficiles à boucler, des factures à payer voire bien pire bien entendu, est inclusif d'une participation et d'un sentiment d'appartenance et pour faire société il faut se sentir inclus; cela pose le problème des exclusions sociales et des insécurité rampantes, de la précarité mais aussi de la fragilité de certains de part leur histoire.

La remise en question et le doute raisonnable peuvent faire avancer l'homme mais pas au prix de trop gros renoncements à ces fameux filets légués par le CNR pour re légitimer les bases de nouvelles politiques solidaristes au bénéfice des plus faibles et nécessiteux.

Écrit par : Thierry | 12/03/2016

@ ARIAGA À TOUS, je vous remercie d'avoir trouvé ce sujet intéressant et de l'avoir enrichi par vos commentaires. À très bientôt.

Écrit par : Ariaga | 13/03/2016

Je ne suis pas venue depuis un bon moment, je préparais mon voyage puis j'ai profité de mes vacances. Depuis il s'est passé des choses graves en Belgique. Ta conclusion ici se situe dans la vie de tous les jours, la vie quotidienne. Cette note me rappelle ce que ma mère me disait quand j'arrivais à l'âge de 10 ans, elle me disait que je devais maintenant me débrouiller seule pour certaines choses dans la vie. Elle m'avait aussi envoyée à la Poste pour peser une lettre et demander le timbre à l'accueil. J'étais timide, déjà, et cela me faisait peur d'y aller seule. J'avais peur de me tromper. Mais je l'ai fait. Bonne journée Ariaga.

Écrit par : elisabeth | 24/03/2016