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14/03/2007
Quaternité, nature et fonctions du conscient chez C.G.JUNG
Je vous avais parlé, il y a déjà quelques temps, dans un texte intitulé Le symbolisme des nombres de la symbolique des trois premiers nombres. Aujourd'hui, pour brièvement en finir avec l'essentiel de l'outillage conceptuel junguien et pouvoir aborder LE sujet qui m'intéresse vraiment, le processus d'individuation et le SOI, je vais "effleurer" l'énorme problème de la quaternité, qui fut la préoccupation essentielle de Jung dans la seconde partie de son oeuvre. Je vous donnerai prochainement un récapitulatif de mes anciens textes sur Jung et je vous signale qu'il y a d'excellents sites qui donnent plus de détails sur les sujets que j'ai brièvement traités. Après nous partirons pour la grande aventure de l'alchimie spirituelle = processus d'individuation = oeuvre alchimique.
La quaternité, symboliquement associée au féminin, impose à la pensée ternaire d'une conscience humaine durement acquise, la réalité du monde en tant que Nature. En effet, dans ce domaine, la quaternité est, comme l'écrit Jung (Aïon, p. 262), le schéma d'ordre par excellence :""Elle représente un système de coordonnées qui est instinctivement utilisé en particulier dans la répartition et la mise en ordre d'une multiplicité chaotique, , comme par exemple la surface visible de la terre, le cours de l'année, le rassemblement d'individus en groupes d'hommes, les phases de la lune, les tempéraments, les éléments, les couleurs (alchimiques)etc.
Le quatre est donc le nombre du monde actualisé, par rapport à une totalité originelle irreprésentable. Il fait accéder à la visibilité une Nature dont l'unité fondamentale se manifeste par des doubles oppositions binaires : les saisons, les points cardinaux, les quatre éléments principaux de la chimie organique.
Si l'on considère, dans la perspective junguienne, qu'au sein de la totalité indifférenciée, matière et psyché étaient intimement liées (bien sur c'est juste une proposition), la quaternité apparaît comme une continuation du déploiement binaire et ternaire à partir de l'unité (dont j'avais parlé dans le symbolisme des nombres), mais avec un retour vers une autre forme de totalité : la totalité "terrestre".
Sur le plan psychologique, la quaternité, issue d'un inconscient dont les racines les plus profondes plongent en un lieu où le psychique et le biologique étaient indifférenciés, est le résultat de la désagrégation en quatre d'un contenu qui ne peut devenir conscient qu'à partir des quatre fonctions du conscient. Sur ces quatre fonctions du conscient, que Jung appelle aussi des "orientations psychiques" il a été beaucoup écrit mais, aujourd'hui je vais juste vous donner un extrait du Glossaire de Ma vie de Jung. :
"Pour nous orienter nous devons avoir une fonction qui constate que quelque chose est ( sensation ) ; une seconde fonction qui établit ce que c'est ( pensée ) ; une troisième fonction qui décide si cela nous convient ou non, si nous désirons ou non l'accepter ( sentiment ) ; et une quatrième fonction qui indique d'où cela vient et où cela va ( intuition )....."
Cependant, nous dit Jung, l'expérience montre que les fonctions sont inégalement réparties et que le plus souvent, ceci étant surtout visible au niveau des rêves, une fonction restée dans l'"arrière-fonds" archaïque, s'exprime par l'intermédiaire du nombre quatre, ou d'un symbole de quaternité. Le symbole est, en effet, nécessaire pour combler le vide de cet élément manquant absolument indispensable pour que soit re-présentée la totalité humaine. De plus, quand on observe les rêves, (surtout en séries) la présence du quatre, ou de l'un de ses représentants est la marque d'une forte poussée vers la conscience d'un archétype très puissant, l'archétype de la Nature, qui est à l'état brut dans l'inconscient.
Que ce soit chez les alchimistes, dans notre propre cheminement ou dans la contemplation des rêves , la quaternité, et surtout l'absence de la quaternité , nous n'avons pas fini de nous y mesurer. J'espère que quelques uns me suivront sur ce difficile parcours.
Ariaga
16:50 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs, Nature | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : écriture, nature, Jung, philosophie, rêve, mathématiques
Commentaires
ça a l'air très inspirant tout ça , il faudra que je relise , pour l'heure buena notte !
Écrit par : aloredelam | 14/03/2007
Etonnant ! Je ne pensais pas que Jung, ex disciple de Freud, avait une vision si différente du père de la psychanalyse. La parcours est difficile, mais je vais essayer de retenir cela :
"Pour nous orienter nous devons avoir une fonction qui constate que quelque chose est ( sensation ) ; une seconde fonction qui établit ce que c'est ( pensée ) ; une troisième fonction qui décide si cela nous convient ou non, si nous désirons ou non l'accepter ( sentiment ) ; et une quatrième fonction qui indique d'où cela vient et où cela va ( intuition )....."
Néamoins le rôle de la pensée me paraît ici largement sous-estimé. Constater ce qu'une chose est, c'est de l'ordre de l'identification plus ou moins automatique. La pensée devrait permettre d'intégrer les autres éléments (sensation, reconnaissance, sentiment et intuition) pour les dépasser en les analysant.
Écrit par : Marc | 14/03/2007
On s'accroche, on s'accroche Ariaga. Pas évidente cette note. Je relirai quand j'aurai l'esprit plus clair.
Écrit par : profdisaster | 14/03/2007
Pour Jung, le monde actualisé serait le symbole d'une conscience quaternaire de nature archétypale ?
amitiés, Ariaga,
Écrit par : Phène | 15/03/2007
@Cjer Marc, ma note est la preuve qu'il ne faut pas tenter "d'effleurer" un sujet auquel Jung à consacré un ouvrage entier : "Types psychologiques". Tu as parfaitement raison, la fonction penséé est indispensable et normalement prédominante (mais pas toujours). C'est elle qui lie les représentations par un concept, et elle fait partie des deux fonctions rationnelles. Je pense qu'il me faudra consacrer deux note au sujet, l'une aux fonctions rationnelles et l 'autre aux fonctions irrationnelles et surtout au jeu des fonctions des fonctions entre elles. Il faut encore y ajouter les types introvertis et extravertis. Oui, Jung est très différent de Freud, mais malgré leur séparation je crois que sur certains points ils se complètent. Et puis sans cette séparation Jung n'aurait pas été le Jung que j'aime.
Écrit par : ariaga | 15/03/2007
@Phène, bravo ! Simplement il faut bien comprendre qu'il s'agit de la re-présentation du monde. Ce n'est pas le monde qui est un symbole mais la manière dont il se présente à nous pour que nous puissions l'appréhender. Je pense qu'il s'agit plus de structures que de symboles.
Écrit par : ariaga | 15/03/2007
Suivant cette Intuition , d'une marche dans la mesure ,
vos propos en Nature , reflètent mes perceptions ,
Au Quatre la part du lion , en nous l'essence au fur ,
pour trouver hors les murs , l'Archétype du Dragon.
~
NéO~
~
Amitié au fil
Écrit par : NéO | 19/10/2013