Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« Le feu mystérieux des philosophes | Page d'accueil | Nature oubliée, rêve et Totalité »

25/05/2007

ARIANIL : Rêves et spiritualité

Pour la plupart des lecteurs qui fréquentent le Laboratoire du Rêve et de L'Alchimie Spirituelle il n'est pas nécessaire de présenter le blog " L'Atlantide " d'Arianil. C'est un blog d'une grande qualité intellectuelle et spirituelle. Je laisse aujourd'hui la place à Arianil pour vous proposer un texte sur un sujet qui m'est cher : les rêves et la spiritualité.

                                               Rêves et spiritualité

      Mes rêves ordinaires sont plus souvent gris que fortement colorés. Le manque de lumière exprime sans doute la faible conscience et la confusion d'esprit du rêveur. Ces rêves sont aussi plus mélangés d'inquiétude et de sentiments neutres que franchement positifs. Il me souvient pourtant qu'à l'époque où je notais mes rêves dès le réveil (un calepin et un crayon toujours à portée de main sur le chevet), la remémoration régulière suivie de l'interprétation "jungienne" après rédaction des aventures oniriques avait aiguisé cette conscience de rêve et favorisé des scènes plus claires et plus colorées.

      Je dois cependant avouer que cette "embellie" s'accompagnait de phénomènes non souhaités, à savoir des "sorties" du corps physique dans certaines phases de réveil, au petit matin. Cette "projection astrale/éthérique" (pour employer le langage théosophique) était incomplète et n'avait pas le charme des récits des voyageurs de l'astral, mais suscitait une peur profonde face aux vibrations qui ébranlaient dans ces instants le corps de la tête aux reins.

      Il m'est également arrivé de me réveiller après m'être battu contre une présence qui rôdait près du corps. La sensation d'une entité parasite n'avait rien à voir avec les monstres que l'on peut rencontrer dans un cauchemar classique, car la chose était perçue dans cet état de conscience intermédiaire, où l'on retrouve la lucidité de l'état de veille tout en étant encore "endormi". Un "Vade retro satanas" (qui me ferait rire hors contexte) fut mentalement prononcé pour accompagner la secousse d'énergie que je projetai afin de chasser l'entité. Autant dire qu'au réveil, je n'étais pas très rassuré.

     On comprendra donc que je sois réservé sur certaines méthodes "psy" qui peuvent ouvrir des portes que les thérapeutes occidentaux ne sont pas forcément à même de refermer, leur formation matérialiste agnostique les laissant démunis devant les dégâts de "l'au-delà". À ce sujet, la liste des suicidés parmi les patients et les disciples de Freud est assez conséquente pour justifier une certaine prudence à l'égard de pratiques dignes d'apprentis-sorciers. Freud écrivit à Jung : " Je suis frappé de ce qu'en fait nous consommons beaucoup de personnes. "

     L'interprétation des rêves est un art et non une science ; elle nécessite un état d'âme "purifié" pour distinguer les symboles spirituels venus du Surconscient des images protéiformes de l'inconscient classique que je nommerais volontiers le sous ou l'infra-conscient. Quoi qu'il en soit, les rêves nous fascinent par les énigmes qu'ils semblent nous poser, mais aussi par les plaisirs que certains peuvent nous procurer :
 
1) les rêves physiques : plaisir de voler, de courir, de sauter, de skier, de jouer au foot...
plaisir sexuel aussi. Une bonne manière pour un sportif de s'entraîner tout en dormant !
Ces rêves sont fragiles car ils peuvent virer de l'aisance à l'échec, comme ce rêve où la lévitation ne fonctionne plus quand justement un ennemi est en bas, juste au moment où l'on se dit "et si je ne pouvais plus léviter ?" Le rêveur prend plaisir à se faire peur, à tester l'hypothèse du pire, comme dans ces manèges forains ou l'on paye pour jouir de ses frayeurs, quand l'adrénaline devient une drogue.

2) rêves de gain : on trouve un trésor. Lié au plaisir des chercheurs d'or, des archéologues aventuriers (Indiana Jones !) qui tombent sur une relique, un tombeau. Tout ce qui touche à la découverte du trésor enfoui. Rêve aussi de trouver de l'argent et nécessité de le ramasser au plus vite avant de partir, en emporter le plus possible (imaginez les braqueurs vidant le coffre d'une banque). En rapport avec la nostalgie de l'énergie en abondance. Accéder à la richesse, c'est accéder à l'énergie de l'amour. Ésotériquement, c'est aussi la nostalgie de pouvoirs perdus.

3) rêves sentimentaux : le cœur vibre, amour platonique ou du moins tendre, pas sexuel mais sexué. La simple présence de l'autre est une réjouissance. Pour un homme, l'anima en filigrane.

4) rêves artistiques, grandes visions colorées, superbes paysages, mais aussi rêves musicaux : on entend clairement, comme éveillé, de la musique, un chant dans la tête ; quelque chose de beau, d'angélique, comme un chœur des Passions de J.S. Bach ou du Messie d'Haendel. Ne pas confondre pour autant ces rêves avec un songe spirituellement inspiré, il s'agit seulement d'une récréation dans l'astral supérieur.

5) rêves mystiques : évènements dont on perçoit pendant le rêve même la puissance symbolique : on sait que c'est extraordinaire. Sentiment bénéfique au réveil. Là encore, le rêve est plus ou moins pur, la conscience n'accède que pendant un court instant à une réalité radicalement autre, que la pensée habille de guenilles d'images plus conventionnelles. Ce sont ces images symboliques dont nous nous souvenons.

    Dans la vie "éveillée", nous connaissons des moments ordinaires, comme les rêves gris, puis des moments plus denses, dans la joie, l'extase ou la peur et la colère. Les rêves sont-ils une façon d'acquérir de manière virtuelle l'expérience émotionnelle que l'on n'a pas le temps ni l'occasion d'expérimenter en vrai ?

    Si le chercheur de vérité accroît la lucidité de la conscience sans la lumière de l'amour ou le bouclier de la foi, il risque la folie ou le désespoir suicidaire après de longues périodes d'angoisse. Il a perçu que le monde est dans l'illusion, il veut bien tenter de sortir de cette mascarade mais il se retrouve aux frontières du néant et de l'absurde. Sans la protection du Cœur céleste, le chevalier ne peut terrasser le dragon. Certaines peurs concrètes sont salutaires (instinct de survie) mais souvent, le plus souvent, c'est l'illusion qu'il faut traverser. Traverser sa peur comme un voile de brume que l'on déchire.
    En ce sens, le rêve est un terrain d'entraînement de la conscience livrée au seul corps émotionnel (le corps mental/rationnel est dissocié dans le rêve ordinaire).

    Ce que j'ai appris de mes cauchemars et de chaque épreuve vécue, c'est que face aux ténèbres, je dois me souvenir de ma lumière initiale. Intérêt de garder l'enfance en soi, comme un sanctuaire où brûle le foyer primordial, la Source. Sans oublier que la nuit est aussi une amie, que les ténèbres peuvent être fécondes et protectrices (archétype de la caverne, de la matrice). En conclusion, je citerais l'avertissement de René Guénon dans Le Règne de la Quatntité et les Signes des Temps :

« Nous avons eu ailleurs l'occasion de signaler le symbolisme initiatique d'une "navigation" s'accomplissant à travers l'Océan qui représente le domaine psychique, et qu'il s'agit de franchir, en évitant tous ses dangers, pour parvenir au but ; mais que dire de celui qui se jetterait en plein milieu de cet Océan et n'aurait d'autre aspiration que de s'y noyer ? C'est là très exactement, ce que signifie cette soi-disant "fusion" avec une "conscience cosmique" qui n'est en réalité rien d'autre que l'ensemble confus et indistinct de toutes les influences psychiques, lesquelles, quoi que certains puissent s'imaginer, n'ont certes absolument rien de commun avec les influences spirituelles [.../...]. Ceux qui commettent cette fatale méprise oublient ou ignorent tout simplement la distinction des "Eaux supérieures" et des "Eaux inférieures" ; au lieu de s'élever vers l'Océan d'en haut, ils s'enfoncent dans les abîmes de l'Océan d'en bas ; au lieu de concentrer toutes leurs puissances pour les diriger vers le monde informel, qui seul peut être dit "spirituel", ils les dispersent dans la diversité indéfiniment changeante et fuyante des formes de la manifestation subtile [.../...] sans se douter que ce qu'ils prennent pour une plénitude de "vie" n'est effectivement que le royaume de la mort et de la dissolution sans retour."

  

                      Arianil

 

Commentaires

mais qu'ont ils donc à vouloir terrasser le dragon? S'il vous grille les fesses, déplacez vous; ça aussi Monsieur Guénon a dû le dire; l'écrire, pas sûr, le dire, sans doute. C'est à vouloir s'assoir sur ses pulsions qu'on enchaine les idées saugrenues et qu'on se crée des missions impossibles comme "terrasser le dragon".
A moins, à moins... que terrasser soit entendu dans l'acception de creuser. C'est différent, sans conteste, mais délicat; Et pour la motivation, on met quoi?
T-r-é-s-o-r; bien sûr; d'où: creuser. Tssssssssss, il est derrière le poële, le trésor.
Paix sur les dragons; ils gardent un champ de pommes de terre; assez! Il y a les mêmes chez vous.

Écrit par : phyta | 25/05/2007

Intéressant articel sur les rêves. Je suis impressionné par la profondeur de tes connaissances. Bon we de Pentecôte

Écrit par : lancelot de retour à Brocéliande | 26/05/2007

Les rêves sont-ils des blogs mitonnés par l’inconscient ? Je crois qu’on peut avoir une relation pacifique avec eux, même si certains sont lourds et glauques. On a peur de ces rêves inquiétants parce que nous croyons être accusés de quelque chose.
L’idée est bonne de rappeler que certains rêves ont un caractère "initiatique" pour acquérir de manière virtuelle l’expérience émotionnelle. Cette cuisine cinématographique maison de l’inconscient est bien plus intéressante, parce que adaptée au rêveur. Mais il n’y a pas que les rêves faits entre deux draps ; les visions générées par l’intuition et la pensée créatrice, même à l’état de veille, sont aussi des informatrices.
Enfin, tu as raison de redire que, tout de même, tous ces phénomènes sont surtout des matériaux psychiques du samsara subtil, ou monde astral, à ne pas confondre avec des influences spirituelles, et que la "lumière initiale" dont tu parles est nécessaire pour ajuster notre posture face aux cabotinages de l’ego vis-à-vis de l’énergie spirituelle
Merci pour ce beau texte, à bientôt

Écrit par : djaipi | 26/05/2007

Phyta : arf, Phyta, serais-tu la Brigitte Bardot des Dragons ?! Il ne manquerait plus que la SPA se mêle de protéger les animaux mythologiques !...
La question que tu évoques est très intéressante. L'emploi du verbe terrasser (ramener à terre) ne doit pas être compris comme synonyme de "tuer" ou "trucider". Le dragon est une variante du serpent, au symbolisme ambivalent. Redouté et recherché pour être une source de connaissance, la plus ancienne qui soit, il peut user des quatre éléments : le feu (salamandre), l'eau (ondoiement, monstre du Loch Ness), l'air (dragons volants, serpents dressés) et bien sûr la terre (trous, cavernes, puits, sont les lieux où le trouver).
Dans la physiologie subtile de l'être humain, les serpents sont d'une part les canaux d'énergie dénommés Ida et Pingala par les yogi, et d'autre part le canal central de la moelle épinière dans lequel peut séveiller le "Dragon". Cet éveil donne à la personnalité des "pouvoirs" car l'accès au trésor caché dans le plexus "sacré", à la base de la colonne vertébrale, devient possible. Or, ce développement est contre-nature quand il est forcé. En ce sens, tu as parfaitement raison de souhaiter qu'on laisse le dragon "tranquille". C'est le meilleur moyen de rester sain de corps et d'esprit. Malheureusement, notre époque est propice à une surexcitation des centres nerveux. D'où un réveil partiel et inapproprié de nos serpents.
Il existe cependant une autre voie, évoquée en filigrane dans les contes de fées, qui demande au chevalier spirituel de l'âme de "terrasser" le dragon (donc tout le contraire d'un réveil) pour pouvoir ensuite bénéficier de la sagesse des serpents latéraux. C'est cette "guérison" spirituelle qui est symbolisée par le caducée d'Hermés. Au terme du processus, il est dit que le dragon se métamorphose et devient une créature magnifique et ailée... Mais pour le commun des mortels de notre XXIème siècle, c'est plutôt l'adoration de la bête chtonienne et la dilatation des égos qui est exaltée. Le film "Conan le Barbare" décrit très bien l'opposition entre les deux formes de "spiritualité".

Bonne Pentecôte à toi aussi, Chevalier Lancelot !

Je vois que tu me reçois 5 sur 5, cher djaipi. Les visions et l'imagination à l'état de veille sont plus ou moins remarquables selon les personnes. Là encore, l'intérêt qu'on y porte peut renforcer leur influence. L'artiste ou le savant qui a confiance dans son inspiration favorise le dialogue avec ses muses...

Écrit par : Arianil | 26/05/2007

bonsoir,
c'est bien aussi dit comme ça;
cependant le syncrétisme spirituel qui est plaisant au parler est le faux ami de l'adepte; c'est aussi un travers de l'époque.
aDesias

Écrit par : phyta | 26/05/2007

Merci pour ton intérêt !
Be happy ...

Écrit par : Milko | 27/05/2007

C'est donjon et dragon par ici

Écrit par : Marc | 27/05/2007

Passionnante contribution !

Écrit par : ada | 03/06/2007