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08/09/2007
Cimetière de bateaux
Ils l'ont dévêtu de la mer et par un chemin goudronné
affublé de honteuses roues
ils l'ont mené au cimetière.
Ils l'ont attaché à la terre qui lui était si étrangère
éclaboussé d'un sang de rouille
l'orgueil de ses belles couleurs.
Il n'est pas mort il rêve encore
d'un herbage devenu varech
ses flancs puissants fendent la terre
ses hélices labourent le bitume fondant en lourdes vagues noires
il s'en va gagner les eaux libres
droit en direction des abysses
vers la vraie tombe des bateaux.
Ariaga
Commentaires
Leur vrai tombeau est au fond de l’eau, c’est là qu’est leur âme, forgée par toutes ces années de labeur à vivre contre la démente et à la fois celle qui a chéri leur coeur.
Et si nous lancions un appel pour que se libère l’Esprit de tous ces bateaux échoués si loin de l’Eden qui est le leur… Ils glisseraient de partout, de ses terres depuis si longtemps oubliées des mers, de cet asphalte qui pousse au fin fond du désert, de ces forêts qui les virent premiers à naître, de tous ces rêves… Milliers et millions d’un même élan à faire déborder l’onde et ensevelir la terre qui les a arrachés à la liberté première : celle de vivre et mourir dans le même univers.
Non ce n’est pas une révolte, c’est juste un retour aux choses… Une pensée à la coque rouillée mais qui n’est pas encore morte…
…un dernier voyage…
...
Écrit par : Aslé | 08/09/2007
Connais-tu l' histoire de ces vaisseaux fantômes qui se réveillent la nuit et remontent ci et là aux surfaces réveiller la conscience et la peur des marins ?
Pour ma part, ne me mets pas encore au cimetière des endormis ... Les mains pleines de cambouis, le moteur reprend doucement ... ébranlé des dernières épreuves mais avec la vie ancrée aux flancs ... Tout doucement, je suis heureuse de revenir parmi vous ...
Écrit par : Kaïkan | 08/09/2007
:)
Écrit par : Ezrah | 08/09/2007
Et où crois tu que sera le cimetière de ma vie de galère? Moi dont les pensées s'échappent sans arrêt retrouvant les premiers jours de ma petite enfance,recherchant l'instant qui fait que je reproduis régulièrement la même erreur!
La terre,mon esprit ne s'en satisfera pas même si on lui offre la glèbe la plus généreuse ou le sol le plus limoneux.
La mer tumultueuse où la vie m'a entraînée, ramant avec force sous les coups de fouets, ne m'épargnant pas plus que les autres, ne sera pas plus mon dernier linceul...Je ne souhaite pas être source de tempête!
Je voudrais pouvoir,enfin devenue poussière d'étoiles, diriger cette galère vers l'immensité de l'univers, pour m'y fondre anonyme et l'ancrer dans la Carène ou me fondre dans les Voiles...
Écrit par : muse | 09/09/2007
Des souvenirs de fond des mers où les bateaux morts redonnaient vie à un autre monde...
Epaves... abris pour des poissons de 1000 formes et couleurs... des coques déchirées servant d'accroche aux algues et coraux...
L'oxygène me manque... il me faut remonter à la surface et flotter hors de mon souvenir...
Dommage ;)
Écrit par : Anna | 09/09/2007
Certaines embarcations sont aussi des phénix. Bises salées
Écrit par : djaipi | 09/09/2007
@ Aslé, je serais tout à fait d'accord pour la pétition. Comme disait le poète, objets inanimés avez vous donc une âme ? Les objet "existent" alors il faut les respecter surtout quand ils servent utilement les hommes. Je fais comme Jung, je donne un nom à tous les objets qui me sont proches comme les ordinateurs, machine à laver, cuisinière etc. Je ne les jette jamais à la décharge. Je les respecte et ils en font autant car autour de moi on est souvent étonné de la longueur de l'usage qu'ils me font. Quand je les remplace, s'ils sont encore utilisables, je les donne à ceux qui en ont besoin. Tu vois que ta pétition à trouvé une signataire. Je t'embrasse.
Écrit par : ariaga | 09/09/2007
...je suis ravie...moi aussi je donne des noms aux objets....
Bon sur l'heure Princesse Aslé se doit de regagner les Abysses...et ton nom sur la liste...
Je t'embrasse...fort...
Écrit par : Aslé | 09/09/2007
Très joli poême Ariaga. Sincèrement.
Personnellement, j'espère toujours que les tombeaux, mêmes ceux des bateaux, ne sont que physiques, et que les "âmes" s'envolent vers de nouveaux horizons... Espérance sans doute puérille et naïve mais à laquelle je me raccroche pour avoir un peu moins peur, pour moi comme pour les autres...
Écrit par : Pimprenelle | 10/09/2007
@ Kaïkan, j'en connais plein des histoires de vaisseaux et de marins. J'ai été bercée par les contes d'Anatole Le Braz, les Contes du Soleil et de la brume qui me faisaient frémir...et me ravissaient en même temps. Je t'ai déja dit combien j'étais heureuse de ton retour. Le cambouis, ce n'est rien, juste une plongée dans la "nigredo" alchimique.
@ Ezrah :) x 2.
@ Muse, l'immensité cosmique t'attends, comme nous tous, et j'espère que là nous retrouverons l'Unité. et la paix profonde.
Écrit par : ariaga | 10/09/2007
Bonjour ariaga,
Je souffre pour ce bateau. Il est en fin de vie mais on peut essayer de le relooker... Son âme restera intacte. Très joli ton texte.
Écrit par : elisabeth | 10/09/2007
@ Pimprenelle, le désir de ne pas complètement disparaître est aussi ancien que l'homme à partir du moment où il a acquis la conscience d'être un individu. J'ai tendance à croire que notre esprit ou notre "âme" laisse toujours des traces , ne serais-ce que dans l'inconscient collectif de l'humanité. Je vais plus loin dans ce domaine et je pense que nous possédons une âme qui est une étincelle de l'âme divine et qui ne peut pas plus disparaître que cette âme divine elle même. Mais cela fait partie de mon jardin secret et je ne demande à personne de me suivre en ce lieu. Je t'embrasse mystérieuse lectrice au si joli nom.
Écrit par : ariaga | 11/09/2007
@ Anna, le fond des mers est splendide en ta compagnie. Crois tu que les poètes aient vraiment besoin de respirer de l'oxygène, les muses leur font du bouche à bouche.
@ Djaipi, je voudrais tant être un phénix !
@Elisabeth je suis certaine que, une fois à l'eau, il retrouvera toute sa beauté et que la mer tombera amoureuse de lui...jusqu'à la mort.
Écrit par : ariaga | 11/09/2007
les bateaux ne sont pas étrangers à la terre, ils ne sont que terre : le bois, le fer, les cordes, les voiles... Ils sont faits pour retourner à la terre...
Écrit par : Gabriel | 12/09/2007
dans une crique près de chez ma soeur, il y en a deux qui se meurent depuis assez longtemps. Et leur présence est étonnante, presque plus grande qu'en leur vie active
Écrit par : brigetoun | 12/09/2007
Ariaga, merci pour ta généreuse réponse. Je vais réfléchir à tes paroles, qui en première impression me parlent... mais j'ai besoin de réfléchir à ta notion du divin. Je sais que tu ne me demande pas de te suivre mais il me plaît de m'y intéresser.
Puisque tu as relevé mon nom, je te révèle qu'il m'a été donné par un marin breton qui est parti rejoindre les épaves des bâteaux...
Écrit par : Pimprenelle | 12/09/2007
@ Gabriel, il n'y a que les poètes comme toi pour donner une nouvelle vision des choses. Tu as raison et je vais regarder les bateaux autrement.
@ Brigetoun, tu rejoins un peu les propos de Gabriel. Cela me réconforte car ces bateaux perdus dans l'herbe me rendaient triste. C'est vrai qu'ils ont aussi une espèce de beauté.
@ Pimprenelle, jolie demoiselle, enfin c'est ainsi que je t'imagine, Jung dit que s'intéresser vraiment à la notion du divin est l'affaire de la seconde moitié de la vie. Avant il faut se construire en tant qu'être humain dans la société. Aimer, travailler jouir de la vie.
Écrit par : ariaga | 14/09/2007
Qu'ils sont gauches et empruntés sur la terre ferme !
Écrit par : Tietie007 | 26/09/2007
@ Tietie007 oui, mais même comme cela ils conservent une certaine beauté, comme les ruines. J'ai été sur ton blog, il est impressionnant...
Écrit par : ariaga | 26/09/2007
Bel hommage à tous les bateaux!
Écrit par : enriqueta | 29/09/2007