11/01/2008
La différence
Vous avez peur de lui comme on a peur de l'Autre
qui ne ressemble pas au modèle déposé,
rassurante copie d'un humain bien fini.
Il murmure des sons vieux de millions d'années,
avant que l'homme ne se pare des oripeaux de la pensée,
et tremble sur ses cils, amère et apaisante,
une larme d'enfant beaucoup trop grand.
Sa salive le mouille désaltérant la pierre,
il consoles bêtes et rit d'amour ravi
quand la fleur lui sourit.
Dans une maison sans clef ni porte, plus vaste que les mondes,
il lit des livres jamais écrits.
Quand il a faim, il mange les couleurs,
quand il a soif, il boit la lumière,
il ne possède rien et ne sais où il va.
Simplement il est là, regardant fixement
les vrais visages nus sous les maquillages.
Imbécile divin qui ne sait pas la mort , invention des humains,
il aspire la vie et tète l'univers.
Vous avez peur de lui comme on a peur du vide
mais surtout pas de cage, vous le ferriez mourir
emportant avec lui son grand secret...
Ariaga
16:44 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (33) | Tags : écriture, poésie, photo, poèmes, poésies, nature, spiritualité
19/12/2007
Métamorphose
Il y a des moments,
moments de Nuit Obscure,
macération putride, nigredo alchimique,
quand l'âme rampe aveugle
aux portes du blasphème.
Il y a des moments,
où dans la porcherie que devient une vie,
tel Job sur le fumier demandant à son Dieu
le pourquoi du comment
on assiste impuissant à la distillation
de ce corps tant aimé, de cette main si blanche,
où s'inscrivent chaque jour les taches de la mort.
Il y a des moments,
où l'attelage s'emballe avide de lumière
où l'on voudrait monter par de si hautes marches
que l'on perdrait enfin la mémoire de la terre.
Amis,
ce ne sont que moments,
brindilles et feuilles mortes de l'arbre de la Vie,
lente métamorphose.
La larve n'est pas belle, mais elle porte en elle
le somptueux papillon.
Ariaga
14:15 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : écriture, poésie, spiritualité, photo, alchimie, Dieu, poèmes
25/11/2007
Retour sur un fantasme d'amour cosmique
Il est revenu ce fantasme, issu d'un rêve, il y a plus d'un an. J'en avais fait une poésie que je redonne aujourd'hui dans une présentation différente.
Quand nos cendres se promèneront dans l'univers,
et que nos corps ne seront plus rien,
hors de ce sac de peau où nous gardons nos os,
oubliée l'apparence et le tien et le mien, les rides du chagrin,
perdues les références ,
quand les mémoires n'auront plus faim.
Explosés de soleils, nous nous retrouverons
et nous nous mêlerons, parcelles d'infini, dans un immense lit.
Nous serons la musique
symphonie fantastique
nos esprits confondus
se retrouveront nus
monade désirante
copulation ultime.
En un cri silencieux nous baiserons les ondes
et l'Amour jaillira jusqu'au delà des mondes !
Ariaga
15:46 Publié dans amour, photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : poésie, photo, amour, rêve, écriture, spiritualité, poèmes
17/11/2007
Possession
Voici venir le temps de l'homme nouveau.
La bouche béante de désirs, et prisonnier d'un corps qui a perdu son âme, asphyxié sous les emballages d'une nouvelle religion, il psalmodie avec les autres adeptes le "Je possède donc je suis ".
Avoir plus, avoir encore.
Vivre en tout plaqué or.
Respecter les gardes obèses des hordes affamées.
Sucer le sang de la terre et arracher sa beauté.
Tu achèteras le monde à crédit.
Les sentiments sont sans valeur,l'amour est bien meilleur en promotion,
un clic et voilà l'affaire.
Voici venu le temps de la possession.
Et moi je me demande
si un puissant démon
ne s'est pas emparé
du monde.
Ariaga
15:54 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (35) | Tags : écriture, poésie, poèmes, photo, spiritualité, société
10/11/2007
Revenons donc à l'amour.
Mes dernières notes ont eu pour thème la méditation philosophique, on m'a même gentiment dit que j' étais une "pure intellectuelle". Pour revenir sur terre dans le domaine de l'incarnation, de l'amour, je vais aujourd'hui vous proposer, sous une forme un peu différente, une poésie des débuts du blog. En cette période grise de l'année, j'espère qu'ele vous apportera un peu de couleur humaine....
J'avais intitulé cette poésie, "Amour hors du temps".
Lourde dans le creux de ton épaule,
lourde comme le sommeil , la terre, le Rien,
je rêve le rêve des morts
qui ont beaucoup aimé vivants.
Le vent chaud qui caresse mon corps nu
est si doux que j'en pleure,
cette main sous ma taille, un serpent de velours,
se roule et se déroule en frissons infinis.
Je suis chat je le sais, le poil dedans
et toute la chaleur qui est dans mes entrailles
veut sortir de ma peau
gratte, griffe,
désespérément.
Aide moi aime moi.
Cette eau qui coule, cette source fraîche et brûlante,
ce corps qui fond,
ce moi qui descend dans mon ventre,
aime, prends, je donne.
Tu es là je le sais, et je ne suis pas morte.
Le voyage est si doux, lent, soyeux,
quand je te trouve en moi, bateau qui se balance,
sur la vague endormie de mon corps qui s'éveille
pour toi ...
Ariaga
02/11/2007
Mort et vie
Je suis la locataire d'un vaisseau de distillation où se dissolvent les chairs et où l'âme grandit.
Poisson qui respire dans l'air, j'ai oublié l'océan d'où je viens.
Boomerang déposé sur le sable, j'aspire à la vague qui rentre dans la mer.
J'attends, la vie est si belle, je la boirai jusqu'à la dernière goutte .
Et quand le rêve lucide de la mort m'emportera, là où il voudra, j'espère, toute baignée de l'énergie de l'Esprit, écouter la musique des sphères.
Et quand le temps sera venu, je reviendrai encore, bien plus forte, enivrée de la Lumière de la Nature, vibrante d'amour divin, Pour grandir et mourir...
Ariaga
09:50 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : écriture, spritualité, poèmes, photo, poésie, amour, alchimie
27/10/2007
Les rebelles (bis)
Cette poésie est de Décembre 2006. J'ai envie aujourd'hui de lui rajouter cette photo qui me fait penser à la maigreur des suppliciés, aux côtes blanchies des cadavres abandonnés dans la nature et mangés par les corbeaux.Beaucoup sont morts parce que on les disaient hérétiques, parce que ils pensaient en dehors des dogmes. C'étaient de grands têtus qui préféraient brûler vifs que de renier leurs idées. J'éprouve pour eux compassion, amour et respect.
"Cette nuit la tempête
A craqué la maison
Forteresse assaillie
Par les béliers du vent
Au petit matin noir tout encombré des rêves de la nuit
Quand on se trouve encore
Sur le fil du rasoir entre la mort et la vie
Un plat silence a figé l'air quelques secondes
Mer étale
Et puis comme un grand souffle
Est monté le clavier d'une foule impatiente
Un vieux moi très ancien
A ouvert grand la porte
A la lumière du porche j'en ai vu quelques uns
Les autres
Écharpes de brume
Dansaient dans la grisaille de la fin de la nuit
Certains disaient leur nom d'autres l'avaient inscrit au fer rouge sur le front
C'étaient des Basilide Barbélo Valentin
Carpocrate Epiphane Menandre Saturnin
Des ophites tout nus réchauffés de serpents
Le tout en grand désordre
Simon avec Hélène forniquait dans un coin
Au tout début du jour j'ai vu des Bogomiles
Puis ceux de Monségur des enfants dans les bras
Et Giordano Bruno fumant comme un tison
Oui ils étaient tous là douteurs et insoumis
Ceux qui se voulaient plus chrétiens que d'autres
Ceux qui croyaient que le Diable est associé à Dieu
Ceux qui pensaient qu'il n'y a rien entre l'homme et son dieu
Ceux qui croyaient que l'univers est Un
Quand le jour s'est levé
Quand le ciel s'est ouaté de nuages
Ils se sont lentement dissous
Vers les mémoires obscures où brûlent les bûchers
Me laissant des regrets
De ne pouvoir loger
Amour si absolu."
Ariaga
16:10 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : écriture, poèmes, poésie, spiritualité, photo, religion
20/10/2007
Divination par la terre
Quand la mer se retire, le vieux géomancien quelque peu alchimiste, s'en va interroger, son bâton à la main, les esprits de la terre.
Il respire les sels des flux et des reflux de toutes les marées et le temps disparaît, emportant avec lui les limites étroites de la conscience.
L'Esprit envahit tout et, du bas vers le haut, puis du haut vers le bas, les vibrations cosmiques activent l'invisible lien d'union entre le ciel et la terre.
Saisissant son bâton, réflexion abolie, porté par l'impulsion guide de sa main, il creuse dans le sable quatre lignes de traits bases de l'Art Sacré du signe géomantique.
Heureux comme un enfant, il compte pair impair, masculin féminin, regardant la réponse qui sera effacée par la marée montante. ...
Ariaga
Avec une pensée pour le livre de Jean-Paul Ronecker : Théorie et pratique de la Géomancie (ed Dangles)
16:30 Publié dans Nature, photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : écriture, poèmes, poésie, spiritualité, nature, photo, alchimie
13/10/2007
Chanteur de charme
Je suis plutôt campagne, mais j'aime aussi rôder dans la ville presque déserte à l'heure de midi. Je l'ai vu assis sur les marches du vieux kiosque à musique et je l'ai trouvé " beau ". J'aime parler aux inconnus. Je lui ai demandé si je pouvais le photographier et éventuellement le publier sur mon blog. Il a accepté et puis nous avons échangé... Parlant de ses activités il m'a dit : " Je suis chanteur de charme." Cela a fait vibrer une corde en moi et, en souvenir du court moment passé avec cet inconnu, j'ai écrit une petite chanson d'amour ... pour chanteur de charme.
J'étais faible, comme une enfant
Mon corps léger, flottait absent
Et je dormais, dans un lit frais
Roulée en boule , toute fermée.
Dans tes mains je palpite, comme un oiseau
Dans tes mains mon coeur bat, à en mourir...
Tu es venu, genre prince triste
Ou peut-être même, le style artiste
Me tendre une coupe, remplie d'étoiles
Qui m'a brûlée, jusqu'à la moëlle.
Dans tes mains je palpite, comme un oiseau
Dans tes mains mon coeur bat, à en mourir...
Il est passé, le bel Été
Où m'ennivraient , les fleurs poivrées
Quand je tremblais, sous ton regard
Souffle coupé, rien qu'à te voir
Mais toujours, mon amour
Dans tes mains je palpite, comme un oiseau
Dans tes mains mon coeur bat, à en mourir...
Ariaga
04/10/2007
PRISONS
Il y a des prisons qui donnant sur l'enfer, barbelés et barreaux, camisoles chimiques, insultes à la matière et insultes à l'esprit, dépouillent toutes les peaux jusqu'à la transparence.
Il y a des prisons où même un cancrelat est une compagnie préférable aux humains, où les songes brûlants flambent comme un alcool et balayent l'odeur des rivages de l'autre.
Ariaga
17:10 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : écriture, photo, spiritualité, amour, alchimie, poèmes, poésie
22/09/2007
Alchimie du quotidien
Il y a des moments,
où tu voudrais t'asseoir sur le bord du chemin
ne plus forcer les pistes ne plus passer les ponts.
Il y a des moments,
où le rire de ton ombre se plante comme un croc
dans l'argile poreuse de ta grande exigence.
Il y a des moments,
où la peur s'insinue dans les lames entrouvertes
des persiennes qui ferment l'accès à ton amour.
Il y a des moments,
où tremble au fond de toi une bête prudente
qui craint la transhumance frôleuse des abîmes.
Il y a des moments,
où la flamme qui brûle, sous la grande marmite
de l'alchimie des jours, n'est pas loin de s'éteindre.
Ne soyez pas inquiets mes frères et mes soeurs, ce ne sont que des phases de l'Esprit qui distille, en son creuset cosmique, l'essence de la Vie, l'essence de notre vie.
Ariaga.
16:20 Publié dans Alchimie, photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : écriture, photo, spiritualité, amour, nature, poésie, poèmes
14/09/2007
Prière d'une femme
Devant le grand livre de pierre de l'autel nu et les niches vidées de leurs statues,
une femme,
dévêtue par la vie du vêtement des mots,
pétrie de craintes et d'espérances folles,
chercheuse de pistes dans le désert de la nuit obscure,
nue comme à sa naissance,
face à un oeil immense qui la scrute si fort que ses cellules tremblent
prie, éblouie d'espoir
prie, depuis si longtemps
pour que l'innonde enfin, comme une mer cosmique,
la lumière divine.
Ariaga
16:55 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : écriture, poèmes, poésies, photo, spiritualité, prière, poésie
08/09/2007
Cimetière de bateaux
Ils l'ont dévêtu de la mer et par un chemin goudronné
affublé de honteuses roues
ils l'ont mené au cimetière.
Ils l'ont attaché à la terre qui lui était si étrangère
éclaboussé d'un sang de rouille
l'orgueil de ses belles couleurs.
Il n'est pas mort il rêve encore
d'un herbage devenu varech
ses flancs puissants fendent la terre
ses hélices labourent le bitume fondant en lourdes vagues noires
il s'en va gagner les eaux libres
droit en direction des abysses
vers la vraie tombe des bateaux.
Ariaga
27/08/2007
Le chat de l'alchimiste
Le chat de l'alchimiste ne connaît rien à l'or, philosophique ou non.
Le chat de l'alchimiste, repu et satisfait, tout contre la chaleur douce de l'athanor, médite longuement sur l'immobilité mais ses yeux entrouverts surveillent la cornue. Depuis bien des années, il attend que se casse, le verre qui retient, dans les reflets changeants de son rêve éveillé, des oiseaux fabuleux qui ne meurent jamais et des serpents qui tournent en se mordant la queue.
Le chat de l'alchimiste essaie d'approcher l'impossible infini du ronron silencieux.
Ariaga
23/08/2007
Le voyage du " vaisseau "
Le vase aux noms innombrables, celui-là que l'on appelle aussi cornue ou vaisseau, matrice ou oeuf philosophique, moi, Ariaga, je l'appellerai aujourd'hui vaisseau, désir de voyage.
Porteur de poussières le vaisseau reposait sur un feu presque absent, cendres tièdes, restes d'un été oublieux aux odeurs de désert.
Avide d'âmes amies il est allé vers le banc des voyages imaginaires dont il a respiré les émanations mais la nourriture spirituelle ne lui suffisait pas, il avait faim de l'herbe verte et de l'air marin dont il a rempli ses cales vides.
Avant de reprendre l'Oeuvre, un peu ivre, il s'est endormi sur la terre mère pour se remplir doucement de l'Esprit de la Nature.
Ariaga