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11/06/2008
L'Opéra de l'Espace
Il est un lieu de la littérature où le ciel de la poésie et de la philosophie est grand ouvert, où les dieux secouent la poussière dont ils étaient recouverts, où l'on peut embrasser l'univers et assouvir sa gourmandise de l'inconnu. Ce lieu où je vais rêver que l'on peut aller au delà des possibilités humaines, où l'auteur laisse souvent de côté la rationalité et la science pure pour se laisser guider par sa seule imagination, ce lieu, donc, est celui du Space Opera, de l'Opéra de l'Espace. Il fait partie du domaine de la Science Fiction, pour lequel je préfère le nom de Roman d'hypothèse, comme je l'ai expliqué dans une note antérieure.
L'opéra de l'espace a de profondes racines. Dans l'antiquité le grec Lucien de Samosate, grand patron des "fantaisistes", nous fait avec humour voyager jusqu'à la Lune. Plus près de nous Dante transforme la Lune et les planètes en marches pour monter au paradis. Cyrano de Bergerac utilise des fusées à étages pour gagner une lune où il décrit, avec d'extraordinaires détails, un monde absurde, virulente critique des moeurs de son époque. C'est vers les années trente que l'Opéra de l'Espace, dans toute sa fantaisie, est devenu "populaire" à partir de magasines que l'on a, avec mépris, appelé "pulps" ce qui voulait dire, juste bon à jeter à la poubelle. Mais les grandes épopées ont suivi et j'en ai beaucoup lues, même si certaines "dataient" un peu. L'essentiel est de voyager, de vibrer....
Opéras de l'espace je me suis engouffrée avec vous dans les couloirs de l'espace temps ouverts par Einstein, j'ai entendu vos chants et, comme le disait Rimbaud, j'ai vu.....des mondes étranges, des planètes barbares, des villes improbables aux noms imprononçables, des races perdues où régnaient des femmes sublimes et dangereuses, dans l'attente d'un homme qui les fascineraient. J'ai entendu le chant des astronautes et j'ai frémi en lisant la description de monstres, inquiétants parce qu'il leur restait toujours un petit quelque chose d'humain ou d'animal. Sur une planète j'ai même rencontré Shambleau, la méduse si troublante dans son atrocité.
L'Opéra de l'Espace a joué sur tous les claviers de mon imagination et laissé des traces indélébiles. Même si je l'ai lu il y a longtemps, je n'oublierai jamais mon Opéra de l'espace préféré, Les seigneurs de l'instrumentalité de Cordwainer Smith. De gigantesques voiliers de métal y voguent d'étoile en étoile, propulsés par les vents de la lumière, on y rencontre les races issues de tous les croisements de l'univers et surtout la douce C'Mell, la fille-chat vers laquelle je me suis peut-être projetée par un corridor de l'espace-temps. Qui sait ?
Ariaga
08:16 Publié dans poésie, Science-fiction et Fantastique | Lien permanent | Commentaires (33) | Tags : écriture, culture, poésie, science-fiction, littérature, photo
Commentaires
j'aimerai bien y aller le jour où je lèverai le pied !!!
Écrit par : patriarch | 11/06/2008
ahahahah attention il y a en effet souvent des déchirures dans le continuum spacio-temporel, qui font qu'on ne sait plus trop qui on est et où
mais justement c'est cela qui est super
j'ai eu aussi une époque ou le space opéra (+BD) et les saga étaient qq choses qui me "prenaient" sûrement en rapport avec une nécessité de racines (sagas) et de libertés
bises spacieuses jusqu'au "Grand Opéra"
Écrit par : Lung Ta | 11/06/2008
Nous avons un auteur français très prolifique et tres doué dans ce domaine : Pierre Bordage ("Les guerriers du silence", "Abzalon"...)
Écrit par : grojojo | 11/06/2008
Merci Ariaga de citer Lucien de Samosate, si ce n'était si long (pour un blog) j'aurais bien partager sur mutti'dream assorti de quelques images) son récit "Prométhée ou Le Caucase". Mais si son oeuvre intéresse quelques uns de tes lecteurs, ils peuvent la trouver en ligne ici :
http://www.mediterranees.net/mythes/lucien/index.html
Bises
Écrit par : Mutti | 11/06/2008
Bonjour Ariaga. Merci pour tes visites et tes gentils mots. Je t'apporte tous mes bons messages. Amitiés,
Écrit par : Pierre | 11/06/2008
je vais une fois de plus me laisser transporter dans cet espace pour m'y laisser envelopper par ces poussières d'étoiles chargées d'amour !
Écrit par : muse | 11/06/2008
J'aimerais bien entendre un opéra de l'espace. " La mort d'Orion" de Gérard Manset peut-elle être considérée comme un opéra de l'espace? Il faut que je relise ton article. J'aime tout ce qui m'emporte loin, loin, de ce monde.
Écrit par : Chris-Tian Vidal | 12/06/2008
très beau la mort d'orion , quoiqu'Orion soit pour moi sacré , ... mais aussi je ressens un effet similaire en écoutant islands de king crimson
l'espace les galaxies , les étoiles , je ne pouvais passer un soir sans y aller plonger mes yeux dans cette magnificence symbole de l'ordre mouvant du monde , avec parfois de drôles de surprises !
quel beau texte tu as écrit , surtout le début et la fin !
moi je proposerai pour finir la lecture de Rumi qui me semble être un vrai opéra de l'espace aussi , tourne tourne , pourquoi pas chanté par Nusrat Fateh ali Khan , oui je suis pas fan de sc f ,
mais des étoiles oui !
Écrit par : lam | 12/06/2008
Un texte qui parle au coeur des petits de l'homme et de la femme. Pour ce grand voyage d'apparence immobile qui mène au plus près de soi, là où frémit le sang de l'Étoile.
Que ta journée soit lumineuse.
PS: merci pour ton beau et si juste commentaire.
Écrit par : michelgonnet | 12/06/2008
"Le mot n'est pas l'objet, la carte n'est pas le territoire"
Connais-tu cette immense roman de science-fiction construit autour de ce leit-motiv ? Je parierai que oui...
Écrit par : michel | 12/06/2008
Ah lala ton billet me rappelle de longues et délicieuses heures de voyage aux confins de galaxies improbables.
Je crois que je vais m'emporter les seigneurs de l'instrumentalité tiens, pour mes vacances au bord de l'Océan, je ne l'ai pas lu.
Moi je sais Michel, enfin je crois bien, mais je garderais le secret pour l'instant.
Écrit par : jean | 12/06/2008
ton article me donne envie de retourner dans cet espace que j'ai un peu oublié ces dernières années... Je sens la nébleuse cosmique se creuser dans mon plexus solaire... et m'aspirer tout entier. Le bonjour aux étoiles, bises intersidérales.
Écrit par : jlb | 13/06/2008
Ariaga, tu sais combien j'hésite à venir mettre mon graind'inculture sur tes billets, et venir y rajouter un graindesel, souvent hors de propos, parmi les commentaires avisés de tes ami(e)s ou visiteurs.
Au risque de dire une grosse bêtise, mon opéra de l'espace c'est "La flûte enchantée" de mon Dieu, Mozart; j'y associerai mon film culte "2001, l'odyssée de l'espace.
À eux deux ils me projettent loin de notre planète à tel point que j'en arrive à planer...!
Bisous intergalistiques… !
Écrit par : grainsdesel | 13/06/2008
Graindesel nous avons les mêmes incultures et tu as un superbe blog
chaleureusement
Écrit par : Lung Ta | 13/06/2008
@ Grainsdesel et @ Lung Ta, je sens que je vais me fâcher. Qu'est-ce que c'est que vos histoires d'inculture ? vous allez filer des complexes à la plus grande partie de mes lecteurs et ils vont fuir ce blog où il est expliqué dans l'à propos (comme punition allez le relire) que ce blog est tout sauf "intellectuel". Et d'abord pouvez vous m'expliquer ce que c'est que la culture. Je suis certaine que chacun de mes lecteurs a un domaine de savoir où je suis parfaitement nulle (par exemple la musique ou la S.F.récente). Pas contente Ariaga. Je vous embrasse quand même mais la prochaine fois c'est "au coin".
Écrit par : ariaga | 13/06/2008
Afficionados de Paolo Freire je dis oui tout le monde a sa culture, mais on peut aussi avoir ses incultures sans culpabiliser ;)
hahahaha
bon je suis pas trop pour les jeux sado maso, alors le coin c'est sans moi
ou alors avec toi !
na !
hahaha :)
Écrit par : Lung Ta | 13/06/2008
@ Lung Ta, avec moi, pour une silencieuse et longue méditation. Je t'aime d'âme à âme, hors du temps et de l'espace.
Écrit par : ariaga | 13/06/2008
"je t'aime hors du temps et de l'espace" comme c'est beau !
Ariaga, merci infiniment pour ta réponse à mon comm sur le billet précédent..
Tous les présents, + que jamais, je prends.
Écrit par : ambre | 13/06/2008
@Patriarch, moi aussi et nous nous voguerons dans un grand vaisseau avec ceux que nous aimons humains et animaux.
Écrit par : ariaga | 13/06/2008
@ Grojojo, ces derniers temps je n'ai pas lu de romans d'hypothèse mais que ce soit ici où par mails on m'en recommande qui ont l'air de suivre avec talent le chemin de l'épopée imaginaire et je crois que je vais voler le temps de m'y remettre. Merci de ta visite.
Écrit par : ariaga | 13/06/2008
@ Mutti, merci d'avoir aimé l'allusion à Lucien. Ces grecs, nourris de mythes, croyant encore aux dieux multiples, avaient une imagination débordante. J'aurais aussi pu citer Theopompe dans "La terre des Méropes, Iambule dans l'"Ile fortunée" qui déjà entrainaient leurs lecteurs hors de notre monde. Plus tard ils auraient été bons pour le bûcher comme le malheureux Giodano Bruno.
Écrit par : ariaga | 13/06/2008
.......assez curieusement, moi qui adore lire, je n'ai jamais accroché avec la "science fiction".. peut être parce que ma vie est un roman de SF à elle toute seule :D
Écrit par : ambre | 14/06/2008
@ Chris, il y a de très beaux opéras de l'espace musicaux mais ceux auxquels je pensais ici sont faits avec des mots, qui,comme les notes, servent à transcrire, les "délires" de l'imaginaire.
Écrit par : ariaga | 14/06/2008
@ Muse, je te souhaite un bon voyage plein de poésie et d'Amour dans l'Espace imaginaire. Et aussi d'y rencontrer ceux qui sont partis de l'autre côté du miroir.
Écrit par : ariaga | 14/06/2008
@ Lam, merci pour ton commentaire si indulgent. Quand tu dis que tu n'es pas fan de S.F. je pense que tu changerais d'avis en lisant certaines oeuvres de Space Opera car elles sont bien plus proche de la fiction poétique que de la science. Elles s'emparent juste d'une idée, par exemple on peut voyager dans l'univers et après l'imaginaire et le fantastique galopent ...Quand je te lis, des fois, tu n'es pas loin d'écrire dans le style de l'opéra de l'espace (les bons, car il y a des navets, comme pour toute littérature.)
Écrit par : ariaga | 14/06/2008
@ Michel Gonnet, ce grand voyage qui mène au plus près de soi, du Soi, je le tente avec bien des détours et des traversées du désert mais j'ai l'impression que je suis aidée par certains des lecteurs de ce blog.
Écrit par : ariaga | 14/06/2008
Bonsoir Ariaga,
Je suis venue deux fois lire ta note, excuse-moi j'étais fatiguée par un rhume et je ne savais pas quoi répondre à ton billet. Aujourd'hui je ne sais pas plus répondre, car je ne lis pas la Science Fiction. Malgré tout, je te souhaite un bon week end.
Écrit par : elisabeth | 14/06/2008
@ Elisabeth, pour moi les romans d'hypothèse ne sont pas de la S.F. ce sont des romans tout court. Si certains qualifiés de Space Poéra me plaisent plus que d'autre c'est parce que c'est de la très bonne littérature.
Écrit par : ariaga | 15/06/2008
@ Michel, j'avoue mon ignorance ou plutôt le fait que cela s'applique à plusieurs grands romans et surtout que, pour moi, c'est une phrase de philosophe. Alors toi et Jean, instruisez moi...
Écrit par : ariaga | 15/06/2008
@ Jean, les Seigneurs de l'instrumentalité se trouvent en trois tomes en poche. Pour le grand roman lis mon commentaire à Michel....
Écrit par : ariaga | 15/06/2008
@ Ambre, si ta vie est proche de la S.F. moi j'ai plus souvent l'impression d'être à la frontière du fantastique, comme s'il suffisait d'un rien pour que surgissent des forces étranges...Et il y a des moments où je sens bien fragile la frontière entre le réel et un monde autre.
Écrit par : ariaga | 15/06/2008
@ Ariaga
mais la vie est fantastique (c'est à dire extra-ordinaire, donc exceptionnelle et mystérieuse) c'est notre regard qui nous la fait rationaliser (rassurance pour tout ramener à notre connu) ou qui nous la fait découvrir l'esprit dans les étoiles (les anges, les fées, les farfadets, les synchronicités etc... ;) )
l'arbre a la chance d'être les pieds sur terre et la tête dans les étoiles (c'est le sujet de la BD que je prépare en ce moment ;) hahaha )
bises à toi, Ambre et tous les autres, hors du temps et de l'espace, ici et maintenant
Écrit par : Lung Ta | 15/06/2008
@ Lung Ta ta vision de l'existence et ta manière de le dire me vont comme un gant vivant. J'ai hâte de voir ta BD.
Écrit par : ariaga | 16/06/2008