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13/12/2010
Un cadeau de C.G.Jung
D'abord, je dois vous dire que, à force de déballer des cartons de livres et de me demander où j'allais bien pouvoir les ranger, leur seule vue me donnait la nausée et que la contemplation du vide était, ces derniers temps, ma principale occupation. Et puis, comme tout à une fin, même les meilleures choses, j'ai reçu, hier, une sorte de coup de pied au coeur et je me suis dirigée vers les étagères où mon cher Carl Gustav occupait une place scandaleusement spacieuse vu les restrictions imposées par mon nouveau logement. Toujours houspillée intérieurement, j'ai choisi au hasard un livre, c'était le dernier tome de la Correspondance que j'ai ouvert, toujours de manière aléatoire ...
Il s'agissait d'une lettre écrite par Jung, alors âgé de 84 ans, en réponse à celle d'une dame qui lui avait parlé d'un rêve. Cette lettre, j'ai eu le sentiment, immodeste mais profond, qu'elle m'était adressée, que c'était un message, un cadeau du vieux Jung lassé, probablement même très en colère, de voir une fidèle amie oublier la beauté de la vie et éprouver peu d'estime envers sa propre personne. Ce texte à eu sur moi un effet choc et aussi des tas de prolongements comme un caillou qui ricoche sur une eau trop lisse. Je vous le livre sans autre commentaire que cette introduction un peu trop personnelle mais qui sait, "Ariaga" doit peut être accepter de donner un peu plus d'elle même ... et ne pas oublier Carl Gustav Jung dans les pas duquel elle avait affirmé marcher quand elle écrivait son " À propos ".
(...) Votre rêve à propos de X signifie surtout qu'il serait bon pour vous d'apporter à vous -même quelque attention aimante et d'être vous-même ce que X signifie pour vous en tant que personnage intérieur. En d'autres termes : préoccupez-vous de vous-même plutôt que des autres ; voyez et comprenez ce que vous faites plutôt que ce que font les autres selon vous. Sinon vous serez accusée de vouloir intervenir avec votre volonté de puissance. Cette dernière serait la compensation d'un douloureux sentiment d'inferiorité. Soyez donc aimable, patiente et compréhensive envers vous-même. Si vous avez le sentiment de ne pas vous suffire à vous-même, donnez vous la chance de considérer que cela vous est possible, même si vous n'y croyez pas ; efforcez vous au moins d'avoir cette amabilité envers vous-même. Vous ne pouvez faire preuve d'amabilité et de compréhension envers les autres si vous n'en montrez pas envers vous même. Ceci est tout à fait sérieux. C'est là le fardeau que nous avons à porter : vivre la vie que nous avons à vivre. " (...)
C.G.Jung, 24 Septembre 1959
J'ajouterai vivre la vie que nous avons à vivre sans penser qu'elle n'a plus de sens parce que nous avons cessé d'être celui qui aide l'autre à se maintenir en vie. C'était sa vie et nous avons notre vie.
Ariaga
15:58 Publié dans blog et quotidien, Jung et la psychologie des profondeurs, Philosophie, rêve | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : écriture, cadeau, rêve, philosophie, jung, photo, vie quotidienne
Commentaires
Drôlement profond et touchant, Ariaga. C'est bien que Carl Gustav t'aies murmuré à nouveau sa sagesse, dans ce nouveau logis qu'il faut ajuster à ton empreinte.
Comme je suis d'accord... Comment aimer les autres, et sans les instrumentaliser, si on se déteste; il y a toutefois des gens qui mettent tant de complaisance dans une soi-disant détestation de soi-même qu'elle apparaît comme le masque bien transparent de leur narcissisme... Mais rien de ça chez toi. Toi, la généreuse, tu as encore bien des gens à aider, mais c'est un aller-retour : tu es en droit d'attendre des autres comme ils attendent de toi. La réciprocité, c'est le cœur de relations humaines fécondes et apaisées (en amour comme en amitié). Alors continuons de prendre soin les uns des autres.
Je t'embrasse fort, mon amie alchimique.
Écrit par : Sophie | 13/12/2010
Sérieux et difficile, en effet. Ouvre t-on jamais un livre au hasard, je ne le crois pas.
Écrit par : la Mère Castor | 13/12/2010
ah oui! S'aimer, s'accepter profondément tel que l'on est, pour être capable d'aller et d'aimer les autres...
Je fais ça aussi: ouvrir au hasard un de mes livres-phares et je reçois au moment où j'an ai besoin une parole vivifiante
J'aime beaucoup ton billet, pour le coup de pied de talon dans la piscine qu'il a l'air d'être...
Écrit par : Coumarine | 13/12/2010
Alors, songeant également à tout l’intérêt qu’a manifesté C.G.Jung pour le Yi King, me reviennent ces quelques mots si pleins de (bon) sens :
« Si tu perds ton cheval, ne cours pas après lui : il revient de lui-même. – Lorsque l'opposition se dessine, il ne faut pas vouloir créer de force l'unité. On ne ferait alors qu'atteindre le résultat contraire, de même qu'un cheval s'éloigne toujours davantage quand on lui court après. Si c'est notre cheval, nous pouvons en toute tranquillité le laisser courir : il revient de lui-même. » Yi King 38, 1 (Traduction française d’Étienne Perrot)
Et ce cheval qui nous porte, nous porte aussi vers cette attention aimante envers nous-mêmes, lorsque nous y consentons, bien sûr.
Cette lettre de Jung, j’aime le croire, hennissait et frappait doucement du sabot sur les étagères du nouveau logis… :-)
Bonne continuation, Ariaga !
Écrit par : Amezeg | 13/12/2010
.. sans parler du "hasard" qui, pour illustrer ce billet, t'a fait choisir la photo d'un bateau qui s'appelle "Mad atao", càd, si ma mémoire est bonne * : " bonté, toujours"
Bienheureuse en tout cas de ces clins d'oeil que te fait la Vie.
Je t'embrasse, Ariaga.. atao
* lorsque j'avais 15 ans ma meilleure amie était Bretonne.
Écrit par : ambre | 14/12/2010
Tu as bien fait d'ouvrir ce livre et ce texte était juste pour toi, comme quoi le hasard fait bien les choses. Avant de pouvoir aider les autres, il faut soi-même avoir la sérénité en soi, sinon on ne peut que partager de mauvais sentiments. Je t'embrasse Ariaga et j'admire ton beau bateau !
Écrit par : danae | 14/12/2010
Chère Ariaga ce texte est touchant, à bout touchant, pas seulement parce qu'un vieil homme au soir de sa vie peut et doit professer la mansuétude, mais parce qu'il exprime simplement des évidences bien senties.
Un plaidoyer pour l'autonomie de soi au delà de l'individuation
qui laisse une chance d'apaiser quelques douleurs malgré les malheurs
que la vie immanquablement nous inflige.
Une autre façon d'être au centre de sa vie, sans que tout tourne autour de vous pour autant.
Il faut de la compréhension et de l'écoute pour le corp et la tête, même si notre éducation tend à nous affliger de sens critiques exacerbés qui font qu'on ne se passe pas tout facilement.
etre capable de se détester cordialement et passer par dessus des événements , effacer l'ardoise et ne pas trainer une comptabilité engourdissante.
Vivre au jour le jour, pas sans mémoire, mais si possible sans histoire.
Écrit par : Thierry | 14/12/2010
Alors là je dis merci à Jung !!,
merci à la vie, cette magicienne et à ces beaux hasards,
et merci a toi Ariaga pour cette note si touchante.
bise
Écrit par : Peau d'âme | 14/12/2010
Des phrases chocs que j'avais déjà lues mais que l'on ne voit jamais assez, il faudrait les mettre sur les murs des villes à la place de la pub. Cela rendrait service à pas mal de gens. Merci Ariaga....
Écrit par : elisabeth | 14/12/2010
J'ai un problème sur le blog de Le Pierrot, j'essaie depuis 2 jours de mettre des commentaires mais ils s'envolent dans l'ailleurs.... As-tu ce problème Ariaga....
Écrit par : elisabeth | 14/12/2010
Couou Ariaga, je suis allé répondre chez Elisabeth, je ne comprends pas...les tiens passent bien pourtant, tous...bisous, bonne journée..
Écrit par : le Pierrot | 15/12/2010
ARIAGA À TOUS, vos commentaires sont comme du miel et grâce à eux l'envie reviens. Je ne peux pas encore répondre individuellement car j'ai beaucoup à faire pour tenter une remise à niveau et remettre les chose en ordre. J'ai un gros retard de réponses aux mails et je voudrais effectuer quelques modifications de présentation qui correspondent à mon humeur du moment. En particulier sur la colonne de gauche, celle des liens, que je voudrais simplifier ...
Je vous embrasse tous.
Écrit par : ariaga | 15/12/2010
Voilà exactement ce que j'appelle le manteau de chaleur, s'en envelopper comme on le poserait sur les épaules d'un ami en souffrance - ou pas ( en souffrance ) d'ailleurs ;-)) - juste prendre soin de ... avec simplicité et douceur, gratuitement ... Tendrement vers toi, Ariaga ;-))
Écrit par : Kaïkan | 15/12/2010
Rien à redire si ce n'est que je suis bien content. Bises Ariaga !
Écrit par : lechantdupain | 15/12/2010
Si tu veux, je te prêterai mon vélo, celui qui a des roues e"n bois, que j'ai photographié dans un village en Belgique, y a un moment...bise Ariaga, passe une bonne soirée...
Écrit par : le Pierrot | 16/12/2010
J'ai commenté...ce n'est pas apparu ...tant pis.
Écrit par : *MeL* | 16/12/2010
Parfois le miel peut être acide et corrosif Ariaga .
Ne prends pas cette réflexion au premier degré.
Suite à ton commentaire chez-moi...
http://blogdenuit.skynetblogs.be/archive/2010/12/14/final-pour-cette-serie.html#comments
Je t'ai répondu....j'ai optimisé IE et Chrome ...pas Safari ...sorry !
Écrit par : *MeL* | 16/12/2010
Là si...bizarre !
Écrit par : *MeL* | 16/12/2010
Arf...si ...ben il y a un temps de latance....de réponse du server
Écrit par : *MeL* | 16/12/2010
C'est Socrate qui disait "Connais-toi toi-même!" Comment ne pas aimer de toutes ses forces ce soi-même dont il parle... lorsqu'on l'a découvert irradiant du centre de soi?
Écrit par : kea | 17/12/2010
ce que j'appelle un petit clin d'oeil de la vie ... heureux ceux qui savent le saisir ...
Bises amicales.
Écrit par : pseud | 18/12/2010
Cet extrait de lettre m'apparaît comme une évidence, vous savez, de ces vérités qu'au fond de soi on sait mais qu'il faut lire ailleurs pour s'en rappeler. Pour autant, même si l'injonction est bonne, d'en accepter la réalité ne rend pas plus facile la mise en place des moyens nécessaires. Ce serait trop simple et le nombre d'humains heureux sur cette terre serait bien plus grand. La lucidité est un pas en avant, mais la lucidité n'est pas forcément précurseur de l'action et c'est ça le problème. Trouver non seulement la force de voir les choses et ensuite celle de mettre en place ce qu'il faut pour changer... Je cherche encore !
Écrit par : Gicerilla | 18/12/2010
Que de justesse dans ses mots !
Écrit par : Bruno | 18/12/2010
Que de justesse dans ces mots !
Écrit par : Bruno | 18/12/2010
mais parfois c'est dur de s'aimer...et même de se supporter...
besos
tilk
Écrit par : tilk | 20/12/2010
C'est un texte qui, sans doute, nous parle à tous et à toutes, à un moment donné (ou même plusieurs !) de notre vie...
Écrit par : Guern de Bé | 21/02/2011