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13/08/2012
Les tsiganes
Depuis le début du voyage de l'ÉVASION, je sentais une présence forte quelque part sur le bateau. Il m'avait semblé apercevoir du linge coloré séchant dans un endroit bien caché du pont mais j'ai cru à un reflet fugace. Je me suis enfin décidée à descendre à la cale, un lieu qui est plutôt le domaine des fêtards et c'est là que j'ai trouvé Patricia Gaillard, dite la Gaillarde Conteuse, qui avait délaissé les lieux où elle raconte des histoires pour embarquer sur sur cette croisière de libération. Je lui laisse la parole :
***
Comment aurais-je osé interrompre cette libération des bateaux en bouteilles, moi qui suis fervente alliée de toute forme de liberté et d’indépendance. Et pendant que vous épiloguiez sur ces rafiots immobiles dans leur prison de verre , j’étais absente du débat, et pour cause !
A présent je soulève le voile de mon secret : mon arrivée à bord n’a pas été solitaire, loin de là, car du monde et du beau embarquait avec moi.
Des tsiganes, mes amis, ont quitté illico leurs roulottes colorées pour m’accompagner là. Des gens du voyage. Vous pensez bien que notre voyage ne les intimide pas. Voyez, je monte de la cale où nous nous cachions. Imaginez un peu, pour vous faire une surprise ils ont été discrets. Pour eux, durant plusieurs jours, pas de rires ni de musique, pas de chant à lancer au grand vent de la mer, ils ont fait grand silence.
Et puisque vous parlez de libération, les tsiganes sont des esprits libres qu’on a souvent voulu dompter.
Cessons d’être des bateaux en bouteilles ! Tous les soirs à venir, diable, il faudra qu’on danse. Nos jambes sont engourdies, moussaillons !
Permettez que je vous présente mes chers amis romanichels...
Leurs gestes sont posés, ils sont dans l‘attention. Le brillant de leurs yeux montre le chaud du cœur, ils ont le sourire vrai comme ceux des enfants. Ils fréquentent leur ombre, la connaisse, la montre, ne la cache pas comme nous dans un boisseau d’orgueil. Les femmes portent des jupes, longues, bigarrées, virevoltantes comme leurs rires, ou comme leurs cris, c’est selon l’humeur qui soudain les empoigne. Elles vous prennent les mains, y lisent couramment, et vont vous raconter votre vie en couleur ! Et les hommes aux guitares ou aux accordéons, avec leurs chants, joyeux ou tragiques, mais forts toujours, et jaillis des entrailles...
Voleurs de poules ??? “Peut-être, une fois ou deux, mais c’était pour nourrir les enfants” expliquent-ils...
Voici la nuit qui tombe. Les étoiles s’allument, telles les lampes des songes. La mer est calme et douce, notre bateau navigue en toute tranquillité. Peppo, le beau musicien Sinto, prend son accordéon et une poignée de notes pleure sous ses doigts bruns. Il chante, l’entendez-vous ?
N’avez-vous pas envie de danser pour dessiner cette musique envoûtante ?
Armelle, qui est Romni, fait quelques pas. Sa jupe mordorée tourbillonne, une vraie tempête de couleurs ! Imaginez-vous des jupes en corolle, des foulards rouges au cou, des chaussures pointues, des yeux sombres rieurs et des voix de gitans. Osez tout cela, vous n’en serez que mieux, je peux vous l’assurer, j’ai souvent essayé. Mes amis, quelle expérience !
Et la soirée finie, ils disparaîtront, les tsiganes... Ils savent bien faire ça. Leur route les aspire, ils demeurent rarement longtemps à un endroit.
Tant de vie quand ils sont là, et soudain ce silence. La nuit de la mer reprend doucement ses droits.
Dormons, dormons... rêvons...
Photos publiées avec l'aimable autorisation de la Compagnie Audigane, Armelle et Beppo.
08:02 Publié dans arts, rêve, Vacances imaginaires | Lien permanent | Commentaires (56) | Tags : écriture, société, musique, voyage, art, danse, tsiganes, culture
Commentaires
génial !
Il est vrai que notre conteuse est douée on s'y croirait vraiment je sens qu'on va, après avoir dansé ,faire une immense farandole sur le pont !
Je me demande si je n'ai pas vu à l'oeuvre notre conteuse , par le biais d'une association, dans la région de Montpellier, (j'accompagnais mon petit fils)
est ce possible ?
Je vous embrasse passagers et amoureux de" l'EVASION"
Écrit par : mariedumonde | 13/08/2012
Une jolie image des roms dont on n'arrête pas de nous parler de leurs exactions et expulsions dans notre France raciste.
Notre bateau ne ménage pas ses surprises et je me prends à esquisser quelques pas de danse. Tu viens Ariaga, Marie du Monde et tous les autres et applaudissons les car ils le méritent.
Écrit par : danae | 13/08/2012
Merci pour cette invitation surprise la conteuse et nous avoir transmis leur lumière et leur danse au cœur de l’Évasion !
Écrit par : lechantdupain | 13/08/2012
@ Mariedumonde, la farandole sur le pont, c'est une bonne idée et qui sait, elle sera peut-être tellement longue qu'elle nous mènera au delà de toutes les limites.
Écrit par : ariaga | 13/08/2012
@ Danae, cela ne m'étonne pas que tu veuille danser, tu as une de ces formes en ce moment !
Écrit par : ariaga | 13/08/2012
Quel beau texte ! En le lisant j'entendais derrière moi un violon qui s'envolait dans le ciel.
Écrit par : Daniel | 13/08/2012
Bonjour, me voilà !!
Je vous vois ravis et le suis aussi.
Il n'est pas impossible que tu m'aies entendue, Mariedumonde, je conte un peu partout en france et à l'étranger... Très belle idée cette farandole sur le pont, je nous imagine bien tous virevoltant comme des toupies, et finir, pourquoi pas, en derviches tourneurs... tout un programme !!
Écrit par : la gaillarde conteuse | 13/08/2012
merci lechantdupain; les tsiganes sont une lumière libre et cette lumière inonde l'Evasion. Le chant du coeur c'est comme le chant du pain, c'est VITAL
Écrit par : la gaillarde conteuse | 13/08/2012
Chère Ariaga,
Au-delà de toutes les limites... quel rêve pour nous tous ! N'est-ce pas le VRAI voyage ? ?
Écrit par : la gaillarde conteuse | 13/08/2012
Ah le violon, Daniel, écoutons-le ensemble. Si tu l'aimes, peut-être pourrions nous en mettre un peu sur ce pont... je m'en vais demander au capitaine...!
Écrit par : la gaillarde conteuse | 13/08/2012
des personnes qui jouent aussi bien de la musique ne peuvent pas être mauvais....
besos
tilk
Écrit par : tilk | 13/08/2012
Des tziganes dans l’évasion ! Quelle aubaine ! Je me demandais pourquoi le bateau roulait parfois bizarrement sur une mer d’huile, la nuit. Aucun bruit anormal en dehors des ronflement du capitaine. Je pensais à un diesel marin un peu chaotique, mais, tout simplement, en fait la fête des répétitions devait se déchaîner à fond de cale, et les vibrations effrénées de la contrebasse, accentuées par les sauts des danseurs rendait ivre la coque guillerette. L’état d’hébétude de l’équipage nous rendait un peu sourd, où un presque chamane chenu absorbait tout ce vacarme.
Quand ils sont enfin venus sur le pont, un régal ! C’est une de mes musiques préférées, avec un souvenir inoubliable d’un concert à Biblos, au Liban, à déchaîner un tsunami. Quelle bonne idée, la conteuse gaillarde ! Vive les passagers clandestins du plaisir ! À l’aube au doigts d’argent il fallut bien regagner à regrets les hamacs, mais nous attendons une autre nuit où crépiteront les guitares, où pleurera à chaudes larmes l’inconsolable accordéon au cœur déchiré,où le crin d'un cheval fera l'amour avec les cordes éperdues de désir du violon et où les jupes diaprées des danseuses caresseront les étoiles.
ÉPHÊME
Écrit par : ÉPHÊME | 13/08/2012
Quel plaisir de lire Patricia Gaillard, bien sûr j'ai envie de danser, de partager, de sentir cette ronde fraternelle et colorée du monde heureux lié ... qui chante la vie avec ses déchirements et ses joies, ses soleils et ses bleus à l'âme ...
Tes photos sont belles belles comme le jour Ariaga et je t'enrose une danse bretonne de mon cru pour loque as ion ...
Pensées d'eaux douces du jour
Écrit par : Veronica | 14/08/2012
Si gagnent ou si gagnent pas ... on est tous les mêmes ! ô frères humains !
Amitié à Thierry aussi, s'il me lit !
Écrit par : Veronica | 14/08/2012
bonjour Ephême ! je vois que tout cela t'inspire fortement...
Écrit par : la gaillarde conteuse | 14/08/2012
@ Véronica, en général les photos sont de moi mais quand elles ne le sont pas je le mentionne toujours et ici elles m'ont été fournies par la compagnie Audigane d'Armelle et Beppo.
Écrit par : ariaga | 14/08/2012
"On est tous les mêmes, ô frères humains"...
j'approuve, Véronica, j'approuve. On sort tous du même pot, on retournera tous au même pot. Heureux ceux qui ont compris cela.
Dites donc, ça me rappelle une histoire, une de ces histoires très courtes, qui peuvent dire des choses immenses... écoutez plutôt :
Un jeune moine - dans un de ces pays d'orient où l'on parle d'illumination - désirait tant cette illumination, qu'il en était d'une impatience insupportable. Les moines anciens autour de lui l'incitaient à la douce patience, seul chemin véritable...
Un jour ils l'envoyèrent acheter de la viande chez le boucher. Dans la boutique le jeune moine attendit son tour, puis il dit au commerçant "Je veux le meilleur morceau de ton étalage." Le boucher le regarda un moment, sourit et lui dit "Il n'y pas ici de meilleur ou de moins bon morceau."
c'est alors que le jeune moine, dans cette boutique de boucher, reçut l'illumination...
Tous les mêmes, Véronica, nous sommes tous les mêmes... merci
Écrit par : la gaillarde conteuse | 14/08/2012
Le long voyage parti des confins de l'Indus il y a des siècles, avez vous remarqué cette roue sur le drapeau indien ?
J'ai une profonde tendresse pour ce peuple nomade et ses pérégrinations
je crois savoir combien la vie peut être rude dans certains pays de l'est et le sort qu'on leur fit.
Ce furent les premiers vrais européens, dépassant les frontières , et puis il y a Esméralda qui dans avec sa chèvre avant que ne s’achève la nuit d'où montent escarbilles et refrains et où brillent escarboucles et yeux rivés au spectacle plein d'entrain.
Dans la musique parfois vive et entraînante ou alors plus lancinante et mélancolique on devine un monde de rencontre.
Les caravanes s'ébranlent au petit matin pour des destinations inconnues et de surprises en sus.
Je revois le capitaine fracasse qui remue sa grande carcasse et sa flamberge, et puis les roulottes colorées chargées de tout un attirail, qui des dinandiers qui frappent le métal au sérail et œuvrent des fermoirs quand ce peuple n'est qu'ouverture. Alors oui des couvertures bien chaudes il en faut en plus des braseros et les bras des héros contés à la veillées jamais ne se referment sur du vide mais bientôt constellé comme les nuits d'attentes et les veillées joyeuses où filent la vie errante et ses espoirs jamais déçus.
Gadgo dilo et quelques autres films, une culture, une langue, une histoire et puis des avatars, ces rempailleurs de chaises, ces rémouleurs et tous ces vanniers qui travaillent pour remplir un modeste panier.
Écrit par : Thierry | 14/08/2012
j'aime les conteurs et conteuses d'antan, qui emploient encore des mots de leur époque... Il y en avait dans le Vercors, une joie de passer une veillée avec eux...
belle journée avec bises
Écrit par : patriarch | 14/08/2012
Beau, beau, Thierry, tout ce que tu dis là.
Un hommage.
Écrit par : la gaillarde conteuse | 14/08/2012
Patriarch, ton pseudo indique peut-être ton âge...? En tout cas, si tu as connu des conteuses et conteurs qui possédaient encore les clés de leurs mythologies locales, et qui savaient de surcroît inviter autrui dans ces mémoires vives, c'est une belle chance.
Écrit par : la gaillarde conteuse | 14/08/2012
Une de mes meilleures amies fut élevée par des "romanichelles", sa sensibilité est unique et notre entente magnifique.
Elle se surnomme elle même Manouche.
Et mon surnom à moi enfant et adolescente était Nouche.
Curieuse rencontre de surnoms qui en dit long.
Belle journée à toi.
Je suis loin des blogs en ce moment.
Je t'embrasse
Écrit par : Lmvie | 14/08/2012
Nouche, c'est si joli. Belle histoire, belle rencontre, les coïncidences n'existant pas... le destin tisse la toile humaine avec des doigts de fées.
Écrit par : la gaillarde conteuse | 14/08/2012
@ Lechantdupain, en lumière tu t'y connais ...
@ Daniel, c'est vrai qu'elle a du talent cette Gaillarde !
Écrit par : ariaga | 14/08/2012
@ ÉPHÊME, je ne sais plus trop à quoi tu carbures mais cela te donne une bien belle inspiration.
Écrit par : ariaga | 14/08/2012
@ Tilk, je crois que personne n'est mauvais. Comme le pensait l'ami Spinoza, ce sont les circonstances autour des êtres humains qui font que, au lieu d'agir, ils sont agis. Aie ! l'ami Tilk, voilà que je philosophe. Aurais-je, moi aussi un peu abusé de fortes tisanes !
Écrit par : ariaga | 14/08/2012
En fait de tisanes, Ariaga, un de mes amis conteurs est aussi biologiste et quel biologiste ! Sa spécialité est de raconter les traditions sexuelles des insectes. C'est très original et souvent drôle.
Il est aussi spécialiste des plantes hallucinogènes, a fait lui-même, sous contrôle, l'essai de certaines d'entres elles et m'a confié un jour les noms et les effets de ces simples-là. Très inquiétant. Tout à fait passionnant. Mais, n'insistez pas, je garderai tout cela secret, bien évidemment... le secret voilà une chose que notre monde ne pratique que très peu, comme il perd là une vraie merveille... !
Écrit par : la gaillarde conteuse | 14/08/2012
Gitan...
J'y tends de tout mon cœur,
Et si mon chant s'élève dans la nuit c'est vers lui-même qu'il s'élève.
De lui même à lui même cette musique et cette danse.
Nostalgique et fervent,
Perdu et retrouvé,
Dans la peine ou la joie,
C'est ce cœur qui se chante,
Se perd et se retrouve.
Gitan...
J'y tends de tout CE CŒUR qui est aussi mon cœur.
Brasero, étincelle ou lumignon,
Brasier parfois,
Soleil d'un mystérieux voyage qui, du dedans vers le dehors, puis du dehors vers le dedans,
voit tourner la roue rayonnante de mon Chariot sur les chemins passant par les arcanes d'une fugitive existence...
Écrit par : Amezeg | 15/08/2012
... et me voilà transportée à nouveau dans mes souvenirs ...
pas loin de chez nous, il y avait un endroit où s'arrêtaient les fameux "voleurs de poules" au printemps et à l'automne ... bien sûr, interdiction formelle de les fréquenter par ma mère et bien sûr j'y étais toujours vers eux ... mon premier "amour" c'était un gadjé, Loulou ... un amour pur et plein de rêves ... il y avait des enfants partout dans leur roulotte, des histoires magiques ! au passage, je n'ai jamais bu d'aussi bons chocolats que ceux faits par la maman avec amour pour tout son petit monde ...
merci pour ce moment de plénitude où j'entends encore leurs voix, où je revois leurs yeux aussi noirs que les miens étaient bleus, leurs cheveux noirs corbeau à côté des miens tout blonds ...
je m'asseois et je bois le spectacle sur notre bateau libre, bonne journée Ariaga, amitiés
Écrit par : pseud | 15/08/2012
Bonjour Patricia,
Un de mes amis, enfant, était un tsigane qui revenait tous les ans à l'époque de la foire et que je manquais jamais d'aller retrouver pour qu'il me conte ses merveilleuses aventures de l'année passée. Heureux souvenirs, car ces "gens du voyage" ont le coeur sur la main. Merci pour ce beau récit très réaliste... Amicalement
Écrit par : Phène | 15/08/2012
Django et Bireli sèment la graine de liberté et pas le doute, no mad, non ils ne sont pas fous de parcourir le monde, ils lui offrent le meilleur dans des robes bigarées et des chapeaux mous et déformés.
Alors égrenons les traductions, Zigeuner, zingaro qui s"égarent haut dans les cirques, cigaro qui choisisissent la fumée des feux de camps, ces bohèmes sans cristal, ces gitans qui cherchent le gite et le couvert, ces romanichels, romnitchels, roms, roumis , romanos et cette romamichel "maison de voleurs", tous les chemins mènent les roms quelque part , des roms qui ne prennent pas le mors au dedans, alors oui des caravanes en sérail et des gynécées sans s'abaisser.
quand aux pèlerinages où ils nagent dans le bonheur des retrouvailles pérégrines et pas aigris ils livrent leurs cœurs en frères et sœurs.
Un sens de l'écoute et de l'entraide, une incarnation carnée de l'étranger certes, bistrée des poussières de la route, avec les bêtes qui broutent autour du campement, le linge qui sèche et les marmites qui cuisent le frichti, les nuées d'enfants qui piaillent comme des volées d'étourneaux, la présence des mères aux fourneaux.
la solidarité et la solide hilarité, même avec des bouches édentées, des vêtements rapiécés, des visages parfois tartinés, des foulards et des sarraus qui serrent haut le cou .
Des images fortes de famille et d'amour, trempé dans la chaleur et la sueur de la route, soudés comme les manches des navajas, défenseurs de traditions, détenteurs de savoirs, détendeurs d'atmosphère
une histoire en marche, qui monte toujours des gradins et qui laisse les gredins derrière, et puis bien sûr cet antagonisme né au lithique
entre nomades et sédentaires, qui génère entre chiens et loups suspicion et regards de voyous, la liberté enfreinte, en feinte mais haut en couleur et ces douleurs de mère dans des cris et de pleurs, des cendres et la recherche de sentiments forts, parfois violents.
Écrit par : Thierry | 15/08/2012
L'orient nous envoie ses messagers de paix, oh certes ils ont suivi de peu les hordes mongoles qui ont brisé Bagdad après Beijing, ça n'en fait pas des joueurs de Bagad mais s'ils peuvent aimer la bagarre avec leur sens de l'honneur, de sens ils sont donneurs, ils savent aussi animer les fêtes de rires soyeux, de gorges déployées, de charmes acidulés, de vêtements chamarrés, armée de charmes de conteurs et de voyantes, ils ne perdent pas la boule mais perlent la foule.
Oui ils ont suivi la horde d'or dans les bagages des conquérants, peut être des vagues à bons d'âge qui abondent et abordent d'autres rivages, et débordent dans le paysage, qui dansent et jonglent, entre musique et enfantillages.
Écrit par : Thierry | 15/08/2012
Amezeg, de qui est ce beau poème ?
Phène et Pseud, quels souvenirs vous avez là, amis de tsiganes ! Ne trouvez-vous pas que chacun aurait intérêt à les connaître. C'est peut-être pour ça qu'il font peur à beaucoup. Ils nous rappellent notre part sauvage, celle dont nous entendons de moins en moins la voix.
Thierry, belle prose pleine de riches images tsiganes... il semblerait bien que tu connaisses leur coeur...
Très honorée de vos lignes pleines de chaleur, en ce "quinz'ou" qui pousse par chez moi un vent rond et chaud qui viendrait, me dit-on, d'Afrique. Qu'il s'emmêle à nos danses et les distribue à toute la terre !
Écrit par : la gaillarde conteuse | 15/08/2012
Peuvent ils prédire l'avenir et construire du solide, sont il condamnés à l'oubli et à l'éphémère, l'effet mère chez eux est fort, presque autant que leur café, quand ils en ont marre de la route ils attachent leurs amarres, un licol à une branche et l'alcool qui dérange, ils démarrent au petit matin et ne font pas les malins, habitués aux regards de travers. Oh oui il y a du tintamarre et ce n'est pas qu'affaire de casseroles, et on est bien prompt à leur en attacher bien plus qu'ils ne méritent.
Pas de café sans concert, pas de fête sans violons, bien sur certains tâtent de la geôles parfois après des excès de gnôles, et ces guitares manouches dont on se toque facilement, pris dans leurs cordes qui ligotent l'âme, alors qu'importe comment ils sont fagotés, ils ne se laisseront pas phagocyter.
La joie pure et simple de la fête, la capacité à se contenter de peu et à vivre dans un certain besoin d'ailleurs, alors oui il y a de la mendicité
des tire laine et des pick pockets mais faut il généraliser et tous les mettre dans le même sac, abusivement où encore leur démonter leurs campement dès potron-minet pour leur démontrer la supériorité de la loi,ici ou ailleurs ?
Ce sont des porte voix et des porte étendards de la liberté et s'ils vivent selon leurs propres lois et que ça dérange c'est qu'au fond ça démange et qu'on leur envie comme au marin cette facilité à lever le camps, mais pas forcément à décamper, alors les gadgets de la société peuvent aussi les attirer comme le miroir aux alouettes mais jamais on ne leur rognera leurs ailes, ils suivent le vent et se posent où bon leur chante, ce sont des témoins précieux, ce ne sont pas des touaregs perdus dans le grand erg mais ils montent sur leurs ergots car ils peuvent être petits coqs, savent se servir de leurs poings et mettre des points à la ligne.
J'ai aussi le souvenir d'un enfant rom qui a peuplé mon enfance et qui était chef de bande redoutable mais au commerce agréable, ça ne m'a jamais effrayer de me confronter, aussi peu que ce soit à ces gens qui ont fait leurs choix.
Écrit par : Thierry | 15/08/2012
Tonio, il s’appelait Tonio, surement le diminutif définitif d’Antonio, ça y est je me rappelle et les souvenirs reviennent, des fêtes foraines et des airs menaçants, il fallait bien se donner un genre.
Antonio en bande erras mais au profit de qui faisait il là tout son cinéma ?
Écrit par : Thierry | 15/08/2012
@ la gaillarde conteuse
Il est de la petite plume d'un goéland vagabond que le vent fou du bord de mer avait emportée ce midi jusque sur la terrasse ombragée du jardin où j'avais posé peu avant, calé par un galet bien rond, un petit morceau de papier de hasard et de bonne volonté.
Écrit par : Amezeg | 15/08/2012
Je reviens sur le bateau juste au moment qui me chavire l'âme....Les tziganes!...
Combien d'heures à écouter Aliocha et Valia Dimitrievich, Lida Goulesco..."Gari Gari...", et Yul Brynner retrouvant Aliocha et "La guitare de Sokolov "...les voix de Zina et Gueorgui..."Djelem Djelem"...Et la somptueuse Lalia Dimitrievitch chantant devant moi, un manteau sur les épaules sur sa robe chatoyante...Et, cette nuit aussi, où les tziganes Ivanovitch jouèrent et chantèrent assis à ma table, nous avions parlé de la vie, de la mort, de la musique, et de tant et tant de choses.J'entends encore le glissement du pied du verre glissant sur les cordes de la guitare....
Tony Gatlif et ses films...dont le superbe "TranSylvania"...
et cette chanson qui m'incendie le coeur :
"Hey! musiciens,
jouez-moi un air sombre et large...
...Je veux une chanson qui morde
avec la douceur d'un baiser,
Je suis et je meurs d'amour..."
Difficile de quitter "L'Evasion"....Une envie d'écouter un violon comme dans un café de Budapest, comme celui de Lajos Boross...quand la nuit va jusqu'au bout et chavire dans les bras de l'aube.
Écrit par : Hécate | 15/08/2012
Les petites plumes des goélands vagabonds de ton univers, Amezeg, font des vers intéressants, félicite-les pour moi et continue à caler sous des galets ces papiers nourrissants !
Écrit par : la gaillarde conteuse | 15/08/2012
Hécate, cette chanson incendie le coeur, comme tu le dis si bien ! Que ton âme chavirée soit plus que bienvenue sur ce rafiot qui finira, il me semble, par devenir une roulotte enchantée, si nous n'y prenons garde. Surtout n'y prenons pas garde !!
Écrit par : la gaillarde conteuse | 15/08/2012
@ Amezeg, il aura fallu ce texte de Patricia pour que je découvre tous tes talents. Je connaissais la qualité de tes écrits par tes commentaires, la profondeur de ta réflexion, mais j'ignorais tes dons poétiques. Merci de participer ainsi.
Écrit par : ariaga | 15/08/2012
@ Patriarch, toi aussi tu es un conteur, dans ton genre ...
Écrit par : ariaga | 15/08/2012
@ Lmvie, si tu es loin des blogs en ce moment, j'apprécie d'autant pus ton passage sur ce bateau des vacances imaginaires.
Écrit par : ariaga | 15/08/2012
@ Pseud, quel doux moment de souvenir intime tu nous offres là, c'est comme un cadeau ...
Écrit par : ariaga | 15/08/2012
Quand je pense qu'on parle de folklore quand il s'agit d'un mode de vie, largement choisit, même si de plus en plus contraint, les clôtures sont des handicaps et les propriétaires des peines à jouir...
Écrit par : Thierry | 15/08/2012
Je suis tout émue, chère Ariaga, de voir les belles choses que mes amis tsiganes inspirent à tes lecteurs. Quel blog étonnant, il s'y passe des événements pas ordinaires.
Je pressens une époustouflante suite à tout cela !
Écrit par : la gaillarde conteuse | 15/08/2012
merci pour ton com très pertinent....j'ai fait une expo avec un gitan qui s'appelle Gabi Jimenez... c'est excellent.. www.gabijimenez.fr
besos
tilk
Écrit par : tilk | 16/08/2012
@ Phène, ce sont souvenirs que l'on oublie pas et qui font, quand nous devenons adultes, notre part d'originalité.
Écrit par : ariaga | 16/08/2012
@ Thierry, je vois que le sujet t'inspire et te lire, aux détours des phrases, est un enrichissement. Les idées sont belles et les mots fusent. Le réel et l'imaginaire se mélangent, comme j'aime.
Écrit par : ariaga | 16/08/2012
@ Hécate, merci mille fois, c'est comme si j'y étais et les larmes étaient tout au bord ...
Écrit par : ariaga | 16/08/2012
@ Tilk, j'ai cliqué sur le lien et tu as raison, c'est excellent. Que de découvertes je fais pendant ce voyage grâce à ceux qui ont bien voulu embarquer sur l' Évasion.
Écrit par : ariaga | 16/08/2012
Belle histoire qui nous montrent les gitans comme des amis. On sait les reconnaitre à leur façon de s'habiller. Dans ma région, on est servis, il y en a qui mendient dans le tram, à l'entrée de la poste, ou dès que vous sortez de votre voiture. Mais je ne peux pas donner la pièce tous les jours. Je comprends leur façon de vivre pourtant. Merci de nous faire partager ces découvertes. Bon après midi.
Écrit par : elisabeth | 16/08/2012
Je pense, Elisabeth, que chez les gitans, comme chez nous les gens fixes, il y en a des fiers et d'autres pas, des qui se tiennent bien et d'autres moins. Il ne faut jamais généraliser, et on ne saurait juger un peuple sur une poignée. Certaines personnes pourraient parfois me faire désespérer des humains, pourtant jamais mon impression sur un ne m'inspire un jugement sur l'autre.
De nos chers romanichels, nous n'avions, tous, sur ce bateau, considéré que les merveilles et celles-ci ne manquent pas...
D'ailleurs sur ce site chapeauté tout de même fortement par notre cher Carl Gustav Jung, allons-nous rejeter l'ombre de quiconque... ce serait rejeter aussi la nôtre... l'union des contraires, le mariage alchimique, ça veut dire quelque chose quand on fréquente le site d'Ariaga !
Belle soirée à tous
Écrit par : la gaillarde conteuse | 16/08/2012
@ ARIAGA À TOUS, de nombreux voyageurs sont venus danser et chanter avec les tsiganes. Nous allons maintenant avoir le privilège, qui n'est pas donné à tous de visiter les musées du Pérou, et ensuite je vous promets un bouquet final qui nous propulsera très très loin ...
Et après ? C'est moi qui partirai en vacances quand d'autre reviennent.
Écrit par : ariaga | 17/08/2012
Merci pour ce voyage!!
Écrit par : yael | 22/08/2012
Les voyages ne sont pas ordinaires chez Ariaga, Yael, et il me semble que la suite nous réserve des surprises. Affaire à suivre !
Écrit par : la gaillarde conteuse | 22/08/2012
Joli talent de narration ! merci pour cette danse colorée...
Jean
Écrit par : Jean | 03/09/2012