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02/12/2012

Le monstre...

Monstre.jpg

Quand le monstre, androgyne de ses abysses, enfermé dans la cornue où il se dessèche depuis les origines, laisse échapper par l'issue du rêve une part féminine démente de solitude, le vouloir explose le verre de la cage.

Elle veut tous les alcools, et aussi tous les rires.

Elle veut devenir folle et manger des délires, énormes !

Elle est jeune, elle est belle,

donnez lui votre sang pour la rendre immortelle.  

            Elle veut Tout,

inventer les poisons, appeler les démons, saccager les jardins,

pour aimer, pour pleurer, pour sentir.

           Elle veut Tout.

Elle parcourt le monde, mers, fleuves, montagnes,

loin, toujours plus loin.

Son corps craquelé devient comme un rocher que jamais n'atteint la marée et les mousses s'effritent dans sa main.

          Des filles sont passées

          et l'ont appelée soeur,

corps vénéneux, ployant comme des tiges, paupières violettes, yeux de topaze, chacune tenait entre ses bras un enfant mort !

Elle ne les a pas entendues, les mots des humains sont perdus.

          Reste le Désir.

Quand elle voit la ville, si proche et si lointaine, elle court haletante, le visage mouillé. Elle tombe, elle rampe et c'est à quatre pattes, comme un chien, qu'elle atteint la première porte, trop tard, une nouvelle fois trop tard.  

           En lettres de cendres il est écrit :

   Le monstre est mort, brûlé sur l'athanor du JE.

               Ariaga

   (Poésie retrouvée dans les profondes caves du Laboratoire)

Commentaires

Tu en as beaucoup des "comme cela" dans la profondeur de ton labo?
Quel talent!

Écrit par : Louis-Paul | 02/12/2012

L'art qu'est au logis , arqué et bandé le coup est tiré et parti
les fouilles dans les strates du temps à la recherche de Lysistrata
ont du bon, du beau et du vrai
c'est proprement "envoutant" , effet de grotte à écho assuré , multiples résonances.
Encore ! le peuple ariaguesque en redemande .

Écrit par : Thierry | 02/12/2012

Magnifique Ariaga merci :)
t'ai-je déjà dit comme j'aime ta poésie ?
Je t'embrasse .

Écrit par : plume bleue | 02/12/2012

Vive la libération de la femme et de tes poèmes baudelairiens Ariaga ! :) Bises !

Écrit par : lechantdupain | 02/12/2012

La forme pas formelle à partir du formol c'est un fol espoir
que les mots font surgir du tiroir et renvoient au miroir
de nos songes qui nous rongent dans ce présentoir
il y avait les phalènes consumés à s'être consommés
à perdre haleine autour d'une lumière irradiante et si ardente
mais c'est avec un art consommé et sans artifice
ni trompe l'oeil que remontent des abysses
ds ferments qui éclosent comme bulles de naphtes

Écrit par : Thierry | 02/12/2012

@ Louis-Paul, Je te répondrai quand j'aurai eu le temps de faire des fouilles sérieuses. J'ai une capacité d'oubli devant mes propres oeuvres qui touche l'infirmité. Je crache ma parole, comme le disait Nietzsche et ensuite elle se brise ...

Écrit par : ariaga | 02/12/2012

@ Thierry, je dois dire que ton expression "le peuple ariagesque" m'amuse beaucoup. Je crains hélas que, cela ne devienne une plaisanterie récurrente dans ma famille qui est caractérisée par un humour féroce. Ta seconde intervention est belle, surtout les "bulles de naphtes".

Écrit par : ariaga | 02/12/2012

@ Plume bleue, attention, le mot magnifique appliqué à ma personne est trop grand pour moi et ma tête va gonfler ...

Écrit par : ariaga | 02/12/2012

Les choses hors normes me fascinent toujours parce qu'elles me font poser la question suivante: qui est normal, qui est monstrueux, qui est fou?
Ce sont nos systèmes de valeurs, nos repères, notre égo qui créent la normalité et l'anormalité.

Écrit par : Daniel | 02/12/2012

Je t'embrasse chère Ariaga, ton monstre m'a fait peur ! Je préfère aller respirer l'air pur des montagnes.

Écrit par : danae | 02/12/2012

Le monstre nous tente mais on n'est pas acculé...sauf dans les grandes profondeurs

Écrit par : Thierry | 02/12/2012

J'en ai eu la chaire de poule, mélange d'effroi et de fascination...fait rare pour moi que d'être aussi touché par un poème.

Merci pour ce moment "numineux" chère Ariaga.

Jean

Écrit par : Jean | 02/12/2012

Forte description très évocatrice, émouvante et très heureusement mise en forme, Ariaga.

Sa nature inspirée me rappelle que les poésies, comme les rêves, sont parfois rétrospective, parfois regard jeté vers l’avant sur le chemin qu’il nous est proposé de parcourir et sur le lieu qu’il nous est proposé de rejoindre.

Écrit par : Amezeg | 03/12/2012

Ce n'est plus un laboratoire, c'est un coffre- fort.....

belle journée avec bises

Écrit par : patriarch | 03/12/2012

Ave Venus, créatrice du Beau et du Bien au-deux-hors de l'univers monstrueux des JEux funestes... Bises, chère Ariaga et bon lundi

Écrit par : Phène | 03/12/2012

Très intéressée par ce poème, chère Ariaga !! Je suis en festival en Bretagne... Jusqu'à mercredi, dès jeudi je viendrai mettre mon grain de sel aux commentaires !!!
Salut à tous ici...

Écrit par : La gaillarde conteuse | 03/12/2012

Très beau poème -brasier, plein des tourments de soi-même, des fièvres et des cauchemars du délire conscient. On en a brulé(e) pour moins que ça, dans le bon temps...

BISES

Écrit par : ÉPHÊME | 03/12/2012

J'aime beaucoup.....
Une des figures intérieures d'Ariaga inconnue...qui est captivante !

Écrit par : Hécate | 03/12/2012

@ Lechantdupain, ouvrir la porte de la cage où est enfermée l'ombre ce peut être dangereux mais le risque est beau.

Écrit par : ariaga | 03/12/2012

@ Danae, il ne faut pas avoir mon de mon monstre, c'est un monstre poétique.

Écrit par : ariaga | 03/12/2012

@ Daniel, tout à fait d'accord avec toi au sujet de la porosité de la frontière entre le normal et l'anormal.

Écrit par : ariaga | 03/12/2012

@ Jean, le mot "numineux" sous ta plume est pour moi un grand cadeau.

Écrit par : ariaga | 03/12/2012

Whah !
Quel beau texte!
Un peu brumeux pour mon petit esprit peu éclairé....mais c'est beau!
Tu es encore plus " dark" que moi.
sourires !

Écrit par : *MeL* | 03/12/2012

@ Amezeg, entièrement d'accord avec toi, la poésie est un rêve éveillé et le temps de la poésie, comme celui du rêve, n'est pas linéaire.

Écrit par : ariaga | 04/12/2012

@ Patriarch, oui et un coffre fort n'est il pas fait pour être fracturé ?

Écrit par : ariaga | 04/12/2012

@ la gaillarde conteuse, je suis certaine que tu vas apporter un bel assaisonnement au plat ...

Écrit par : ariaga | 04/12/2012

@ Phène, j'ai lu, puis relu, et encore lu, ton commentaire et à chaque nouvelle lecture j'ai trouvé un sens caché derrière les mots. Bravo !

Écrit par : ariaga | 04/12/2012

Un coucou en passant ! Bises.

Écrit par : bichon39 | 05/12/2012

J'aime la masturbation intellectuelle....mais bon....il faudrait que vous alliez vivre la vraie vie.....celle de ceux que vous ignorer l'existence.... ceux qui chaque jour ne se pose pas la question d'être proJUNG ou je ne sais qui....Je parle de cette masse humaine qui n'a pas le temps qui simplement se bat pour survivre.
VIVRE le temps qui leur est donné.....pas trop mal.

Écrit par : *MeL* | 06/12/2012

Flamboyant et carbonisant ton poème ! Merci de nous livrer cette frémissante vision intérieure pleine du non dit de beaucoup de tièdes.

Écrit par : Zibeline | 06/12/2012

@ ÉPHÊME, tu as bien senti ce besoin de combustion sur notre athanor intérieur. La calcination est une phase essentielle du processus alchimique.

Écrit par : ariaga | 06/12/2012

@ Hécate, oui,nous sommes une totalité et lumière et ombre, eau et feu, amour et avidité, tout est en nous ...

Écrit par : ariaga | 06/12/2012

Mel,

Etre sensible à l'oeuvre de Jung, c'est être sensible à la vie et à tout ce qui nous attend derrière le rideau...

Le poème proposé porte tout sauf du cérébral...il y a du coeur et des tripes.

Sans vouloir m'instaurer herault du laboratoire, tes remarques aigries sont assez récurrentes ici je trouve...l'homme n'est pas fait que de peau et d'esprit , s'il a un cerveau, autant qu'il s'en serve.

Jean

Écrit par : Jean | 07/12/2012

Mel n'est pas tout miel et il n'est pas lisse
survivre me parait plus approprié
mais sans écarter le réel astreignant et astringent
il n'est peut être pas nécessaire d'être si râpeux pour nous le rappeler
comme si on ne le savait pas et qu'on n'y était pas exposé de près ou de loin, pas dans une tour d'ivoire en tout cas !
enfin moi ce que j'en dis c'est que ce blog me détend un peu
et qu'on y est toujours bien reçu et en bonne compagnie
après si ça ne suffit pas, c'est affaire d'exigences personnelles !

Écrit par : Thierry | 07/12/2012

La masse humaine, le grand troupeau humain que nous formons tous ensemble, se trouve soumis et enchaîné à certaines formes de masturbation passionnelles qui contribuent très largement à faire du monde social ce qu’il est. Que certains d’entre nous s’affranchissent autant que possible de l’asservissement aux passions humaines ne peut que contribuer à améliorer ce monde-là. La réflexion et le retour sur soi sont de moyens de choix à mettre au service de cette libération des passions compulsives et aveuglantes que sont, par exemple, le pouvoir, l’avidité, la violence, la haine, l’envie, l’orgueil, etc. Il faut sans doute user de ces moyens sans en abuser et chacun doit trouver pour cela sa propre mesure, qui n’est pas celle du voisin, bien sûr.

Écrit par : Amezeg | 07/12/2012

de la mesure en tout même si tout n'est pas à sa mesure...en somme

Écrit par : Thierry | 08/12/2012

Nul dans cette vie n'est exempt d'épreuves. Il appartient a chacun de vivre ces épreuves comme des obstacles ou des tremplins. de même il appartient a chacun d'user de son cerveau comme il l'entend, pour avec les mots bâtir des prisons ou construire des ponts. Ce que j'aime dans la poésie, c'est qu'elle nous permet comme d'autre forme d'art , de transformer nos maux en mot et qu'avec ces mots l'on puisse construire des ponts entre les âmes.
je t'embrasse Ariaga,
je vous souhaite a tous un très beau week-end, le soleil est avant tout dans nos coeurs et dans nos regards a partager en toute liberté.
Merci a vous qui êtes là pour partager.

Écrit par : Plume bleue | 08/12/2012

Oui, Thierry, en somme...et, en somme nous sont donnés les rêves qui permettent un retour sur soi des plus utiles et profitables à chacun et, par suite, à tous, sachant que ce monde des hommes est fait de la somme des individualités particulières. Je m’arrête là pour ne pas devenir trop assommant... :-)

Écrit par : Amezeg | 08/12/2012

Je ne sais ce que la somme est à la veille (de quoi) je sais que le somme c'est le contraire de la veille, je sais que je suis un veilleur, une vigie agile (pas un vigile lent ou pas) un whistle blower , je soigne mes yeux dans la dunette ou le hunier , je hume et je ressens, c'est plus fort que moi, l'air du temps. J'ai décidé de beaucoup plus positiver et d'être plus tolérant à des tas de choses, même aux incivilités, je ne cherche pas à partager ma mauvaise humeur, je la garde rentrée et je la traite par l'humour et la dérision, un brin de cynisme aussi, chacun sa recette.

Écrit par : Thierry | 08/12/2012

Thierry, mon précédent commentaire acquiesçait au tien et mon intérêt pour le somme(il) et le rêve saisissaient l’occasion au (re)bond pour se redire par dessus le marché, de façon sans doute un peu prosélyte. Il ne faut rien y voir de plus, sauf peut-être un certain plaisir à rebondir sur le somme(mier).

Écrit par : Amezeg | 08/12/2012

il est bon de savoir que nous portons tous en nous ce dragon des profondeurs. L'enfermer dans une cage le rend enragé et si le verrou saute il sera imonde et agira dans l'ombre de l'inconscient. Il faut savoir le familiariser, le reconnaître, le respecter en tant que partie de nous-même, sans le juger, l'adopter au-delà du dégoût, c'est notre travail. C'est alors qu'il nous offrira son énergie, qui est immense, précieuse, avec laquelle nous devenons fort. Aucun des contenus de notre psyché ne doit avoir faim, quel qu'il soit. Ils sont tous les sujets de notre royaume intérieur et nous devons régner avec comme seul attribut la couronne de la très haute dignité. Dignité : voilà un mot dont on devrait se soucier bien plus que nous ne le faisons dans notre monde... Non ??
Et, désolée de contredire Mel, mais qui a dit que la vraie vie empêchait de penser ?????

Écrit par : la gaillarde conteuse | 08/12/2012

Pas d'interprétation de ma part Amezeg, juste un clin d’œil, pas rivé mon bordage n'est pas monté à clin mais j'incline vers tes rebonds sans être maruspial austral ou d'ailleurs , ce n'est pas parce que le corps use que je faisais chorus mais bien parce que je m'y retrouve pleinement.

Écrit par : Thierry | 08/12/2012

Merci la gaillarde grâce à toi et au partage qui on lieu ici aujourd'hui j'ai rencontré un mot qui m'a bien plus. Le mot dignité, je n'y avais jamais pensé. Sent doute faut-il se sentir suffisamment digne avant de rencontrer ce mot et de songer a l'apprivoiser. ce que j'en ai vu, perçu m'a bien plus. c'est un mot qui appartient a tous et a chacun. que l'on peut percevoir de l’intérieur et de l'exterieur. Et que l'on peut facilement marier avec le mot amour. Il faut un minimum d'amour pour apprivoiser le mot dignité . Je crois je l'ai longtemps confondu avec le mot fierté ou bien le mot orgueil, mais en l'observant mieux il est infiniment plus proche du mot humanité si l'on le savoure avec humilité. :)

Écrit par : plume bleue | 08/12/2012

Mel, ton commentaire m'a surpris. Qui te dit que parmi les intervenants sur cette note, certains ne sont pas actifs dans des associations d’aide aux démunis, ou ne verse pas des fonds à Handicap International ou Médecins du Monde, ou ne donne pas des leçons gratuites aux élèves défavorisés. Contrairement à ce que tu affirmes, les masturbateurs intellectuels sont souvent les plus sensibles aux misères du monde, certains pour les avoir côtoyées de près.

Amicalement.

Écrit par : ÉPHÊME | 08/12/2012

ARIAGA À TOUS, je vous remercie de maintenir ce blog vivant ! Demain une de mes photos qui semble avoir inspirée ÉPHÊME ...

Écrit par : ariaga | 08/12/2012

"Elle veut tout". J'en connais des comme ça. En tout cas, tu m'épates. Je n'ai plus le temps d'écrire des poèmes. Je suis un peu vidée quand je rentre du travail le soir. Bon week end.

Écrit par : elisabeth | 09/12/2012

Comme le disait Hugo, le prodige et le monstre ont les mêmes racines ;)

Écrit par : frankie stein | 10/04/2014