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20/08/2014
Pérou, le regard des petits enfants
J’ai glané ces impressions, au cours du voyage, auprès de mes deux petits enfants. Ils ont été adorables, surtout vu leur âge,(voir la tribu Éphême au Pérou) patients, malgré la fatigue du décalage horaire, la langue inconnue, la multitude de têtes nouvelles, les visites un peu trop longues parfois, avec la traduction simultané de leur oncle, les rudes séances de rôtissage sur des sites en plein cagnard, vers midi (heure solaire) assez près de l’équateur. De nombreuses bouteilles d’eau, couches de crèmes solaires et petites gâteries à l’arrivée leurs ont permis de finir le séjour en bon état… et surtout très contents !
Leurs agiles cerveaux tout neufs ont vu bien choses étranges pour eux, dans le sillage de leurs ascendants en pleines pérégrinations.
Pour tous les deux, le plus troublant, ce fut d’abord le côté religieux du Pérou, bien plus visible qu’en nos contrées, comme les crucifix « doloristes » des églises péruviennes. Pourquoi ce sang, ces souffrances ? Ils voulaient souvent rentrer dans les églises, qui pullulent dans les villes. Ils en ont évidemment déjà vu en Europe, mais les crucifix y sont en général moins dégoulinant, et là, avec leurs cheveux véritables et leur corps déchirés, ils se sont posés des questions auxquelles il était très difficile de répondre, dans ces lieux de prières pleins de fidèles recueillis. Ils nous demandaient d’ailleurs, impressionnés, ce que faisaient ces gens immobiles, les yeux clos, murmurant des « incantations » inaudibles. Là, nous ne sommes pas très à l’aise pour leur expliquer l’inexplicable de la « foi ».
Les processions nocturnes les ont aussi beaucoup troublés, avec les fanfares, l’encens, les cierges et l’envoutant lent pas chaloupé des porteurs… La nuit, le recueillement, tout leur était étranger, venant de notre monde déchristianisé, ayant presque oublié le sens du mot religion. D’ailleurs P’tit Mec nous a fait une fois une belle frayeur en s’échappant pour se glisser en début de procession pour « revoir passer » les chars!
Et nous avons souvent eu droit au point de vue de P’tit Mec, un mignon très curieux, spécialiste des interrogations futées, aussi gentil qu’il peut avoir un galet de quartzite comme caboche quand il se butte. Ses impressions, pas toujours exprimées explicitement, se manifestaient dans ses mimiques, regards, et bien sur questions multiples.
Il fut donc surpris plus d’une fois au Pérou… et d’abord par certaines glaces qui le transformaient en clown, plus belles que bonnes d’ailleurs parfois. Papa finissait tout.
« Que me veut ce pélican ?», à priori intéressé par sa glace, confondue sans doute avec un poisson, et qui lui fit faire un saut en arrière. La photo est dédiée à certains commentateurs du blog….
Il fut très intrigué par la visite de la HUACA de LUNA, près de TRURILLO.
C’est une poupée russe géante de temples « moche » (ou mochica – 100 à 700 après J.C, apogée de l’art céramique pré-inca) emboités les uns sur les autres environ tous les 100 ans, avec des bas reliefs peints fabuleux. Au départ de la visite une aire d’exécution des sacrifiés l’a pas mal troublé, comme toutes ces évocations des complexes rites sacrificiels et funéraires. Mais il gardait toujours son calme, et seules quelques questions pertinentes montraient qu’il suivait vraiment bien, pour son âge, comme d’ailleurs La Grande, elle aussi très curieuse (J’ai le souvenir d’une montée quelques jours avant, seul avec elle, à PACHACAMAC, où elle m’a « bombardé » de questions). Moment passionnant, grâce à une jolie guide péruvienne, ultra compétente, qui nous « doublait » en un excellent français son commentaire en espagnol, quand elle comprit que seul le fiston pratiquait couramment la langue de Cervantes. Elle y gagna un pourboire énorme pour le Pérou…
Mais il faudra un peu de patience pour apprendre la suite, plus drôle, de leurs étonnements….
Texte et photos ÉPHÊME, mise en page Ariaga.
08:14 Publié dans arts, CONTRIBUTIONS, photo, Voyages, ambiances | Lien permanent | Commentaires (30) | Tags : écriture, pérou, religion, société, art, temples, huaca de luna, culture, voyage
Commentaires
Quand on voit l’allure peu engageante des moineaux qui veulent picorer les glaces des enfants, on comprend mieux que le Christ "se fasse des cheveux" pour les péruviens...
Écrit par : Amezeg | 20/08/2014
Ici le goéland n'hésite pas à se jeter sur un croissant tenu par la main d'une petite fille (à Carnac) ! La peur, la surprise…
J'aime beaucoup la description de ce petit garçon.
Écrit par : Fanchon | 20/08/2014
Un changement radical de civilisation pour ces enfants qui ne sont pas habitués aux démonstrations de la foi dans notre pays ! Ils sont curieux comme tous les enfants et le voyage vu par leurs yeux est très intéressant. Merci , vivement la suite.
Écrit par : danae | 20/08/2014
L'art de raconter autrement que dans les guides, parfaitement réussi encore avec cette Note et ce regard d'enfance. Je me répète...merci et bravo à vous.
Écrit par : Louis-Paul | 20/08/2014
Merci pour cette narration fort intéressante des réactions de chacun face à un monde inconnu et étrange, et mention toute spéciale pour la photo du pélican, resquilleur impressionnant mais sympathique...
Écrit par : Lechantdupain | 20/08/2014
Amezeg, c'était une simple erreur de calculateur de vol. Tout c'est bien terminé...
Écrit par : ÉPHÊME | 20/08/2014
Comme quoi les mœurs des pélicans sont universels.... Tout est bon à baffrer.....
Écrit par : ÉPHÊME | 20/08/2014
Danaé, un certain MALRAUX aurait dit "le XIX° sera le siècle de la religion ou ne sera pas" Quelle terrible prémonition, et quel avenir pour nos enfants, car le siècle fanatique n'a qu'à offrir une rage de foi face à la foi confite du confort de nos civilisations.... On est mal parti...
Écrit par : ÉPHÊME | 20/08/2014
Louis Paul, merci. Je n'ai jamais fait un voyage organisé de ma vie, pour allergie complète. Nous avons donc vu d'autres choses. Mais ce fut toujours familial et scientifique; et donc différent. On voit le monde autrement...
Écrit par : ÉPHÊME | 20/08/2014
Je vois que le Docteur es Pélican a compris la réaction du petit-fils.... Le monde des pélicans est étrange, de la timidité au chapardage.......
Écrit par : ÉPHÊME | 20/08/2014
Plaisir renouvelé que de suivre votre aventure si bien narrée.
cassiopee.binhoster.com
Écrit par : Sedna | 21/08/2014
Merci Sedna de suivre avec plaisir nos tribulations au Pérou, avec leurs petites émotions et péripéties.
Amicalement.
Écrit par : ÉPHÊME | 21/08/2014
L'égo est lent parfois à se déplacer, même des montagnes
quand le moine vole haut ce que l'altiplano
pas d'âge pour chaparder mais pas du chopard
ce n'est pas une occupation de pochard
même barbouillé le petit gars n'a pas pris les chars d'assaut
merci de vous retrouver après un break forcé loin de la toile
Écrit par : Thierry | 21/08/2014
@ Thierry, dès que tu n'es pas là on ressent un vide !
Écrit par : Ariaga | 21/08/2014
Merci Ariaga je suis complètement out après 600 km de voyage
je ne suis pas maître de moi et de mon émoi à la découverte de la note
mais je ne la met pas en sourdine avec les sardines et les anchois
du courant de Humbolt , peut être remplis je un vide en rempilant mais la vacuité se ressent surtout quand on boit trop de pisco sour.
amitiés à tous
Écrit par : Thierry | 21/08/2014
600 km de kidnapping dans le fourre-tout parfumé à l’anchois d’un pélican (qui ne t’as pas laissé le choix) juste pour quelques petites remarques plutôt gentillettes de ta part comme : « malgré une allure un peu pataude, un vol pas si disgracieux que ça, même si ça fait un peu bombardier au décollage. »...
Tsss...!, sont vraiment susceptibles et rancuniers (en plus du reste) ces magnifiques voiliers des mers lointaines !
Pourvu que les éléphants n’aient pas entendu les compliments que tu leur a faits récemment, Thierry, car tu t’absenterais encore à l’improviste, nous laissant seuls face à toutes ces admirables figures animales qui tombent sans crier gare des bagages de la voyageuse tribu d’ ÉPHÊMITO.
Écrit par : Amezeg | 21/08/2014
Erratum : "qui ne t’A pas" (à l’anchois, bien sûr...)
Écrit par : Amezeg | 21/08/2014
Passionnant récit dont j'attends la suite ! Amitiés et bises
Écrit par : danae | 22/08/2014
Ce n'est pas parce que j'arrive de Chambord ou presque ayant admiré des fresques et des vasques sans faire de frasques, que le spectre de anchois pommier a remplacé son sceptre !
merci Amezeg pour ces commentaires toujours aussi amusants.
Écrit par : Thierry | 22/08/2014
Un long voyage en Ottokar ? Jusqu’au bout de la prairie, jusqu’à l’orée du bois où se cachait la salamandre qui sait éteindre, sans puiser dans la vasque vulgaire, le feu dont elle se nourrit ; docile servante qu’elle est du Franc Soi... (Nutrisco & extinguo « Je m’en nourris et je l’éteins ») ?
Écrit par : Amezeg | 22/08/2014
Je vous vois tous, disputant en Sorbonne, en latin de cuisine, vers le XV° siècle, avec de grands effets de manches, sur "le pélican a-t-il une âme ?", avec di(scré)gression sur l'anchois, et moullllt références à la Bible, aux textes sulfureux interdits, aux apocryphes damnés et autres remarques de remarques qui encombrent les marges des palimpsestes médiévaux. Merci à tous, et tâcher de modérer votre consommation de produits plus ou moins illicites, parfois dérobés au Saint du Saint, pour revenir à la pureté monacale des dortoirs gelés cisterciens.
Écrit par : ÉPHÊME | 22/08/2014
pas syldave pour autant, le véhicule personnel tait plus pratique avec un régulateur de vitesse moins risqué et dangereux et avec des passagers bla bla car très animé. Une salamandre pas dorée su tranche ni crachant le feu, juste une dame blanche et sa légende, pas dorée mais adorée et adornée au frontispice non d'un hospice mais sous les auspices de sévices. Quand on connait la propension sans recension de certains batraciens pas vulgaires dans la vulgate populaire qui couve le feu mais pas sous la cendre et développe symbiotiquement mais pas éthiquement
des toxines sur leur peau dans un mucus glaireux et trompeur qui parfois frise le curare on se dit qu'il s'agit peut être du feu intérieur
des malheureux tentés qui ont attenté à la dignité de l'animal
sourcilleux.
Pas d'extinction de voie par ailleurs mais pour autant le chemin balisé par le GPS évite la peur et les précipices.
Écrit par : Thierry | 22/08/2014
URGENCE S.O.S: je demande l'intervention (au frais de Thierry) d'un traducteur assermenté UNESCO Thierriccharabia - Français. URRRRGENCE ABSOLUE, CV sérieux demandé.
Écrit par : ÉPHÊME | 22/08/2014
PS pour Thierry: L'UNESCO ne prend pas en compte les communications extra-terrestres, malgré une demande de la Corée du Nord.... Désolé, ce sera à tes frais.
Amitiés, poches vides.
Écrit par : ÉPHÊME | 22/08/2014
À Maître ÉPHÊME :
Des effets de manches... : de grands coups de bâton pour le bâtonnier, et aussi pour le batelier qui se gondole au fond de l’amphi...?
Le latin de cuisine quand on s’active autour du fourneau alchimique et qu’on surveille la cuisson de la matière, pourquoi pas ?
Le pélican a-t-il une rame ? Non, il en a deux.
« .......pour revenir à la pureté monacale des dortoirs gelés cisterciens. » Il ne s’agit pas tant de se geler les os que de faire lever la pâte de l’être (sans transgresser les règles de la bienséance au couvent) en la réchauffant doucement au feu modéré d’une attention aimante. Alors, les ascèses frigorifiques...
Quant aux produits illicites, nous n’excursionnons pas, nous, dans un pays de coca-gne où même les représentations du Christ sont bien déchirées...[ je cite : « .....et là, avec leurs cheveux véritables et leur corps déchirés,.... »]
Écrit par : Amezeg | 22/08/2014
Voyager avec des enfants c'est vraiment ça le bonheur.
Écrit par : Liberty | 22/08/2014
En France, on n'a plus le temps pour le recueillement, la foi, les processions etc... Et pourtant cela créait des liens, cela rendait la vie des villages et des villes bouillonnante. On était ouvert sur les autres et maintenant on vit replié sur sa petite personne. Il n'y a plus que le travail et la vie familiale qui comptent. Je ne critique pas l'époque mais je constate que l'on n'a plus le temps pour le reste.
C'est bien des enfants qui posent des questions, cela promet pour plus tard, ils feront de bonnes études, je pense.
Écrit par : elisabeth | 26/08/2014
Maître AMEZEG, je me confond en excuses pour n'avoir pas répondu à ce commentaire. Mais j'étais polarisé par le suivant, et pensais que tu mettrais une petite note pour m'indiquer que tu pérégrinais encore, aussi avide que le pélican, à la poursuite de sa glace. Les pélicans se bidonnent en lisant vos commentaires, se grattent avec leurs deux rames, et prennent des cours de latin avec vous deux. Les moines se réchauffent comme ils peuvent, et leurs chartreux sont la bénédiction du ciel, dociles bouillottes dévouées à Dieu et ses serviteurs. Et bien évidemment, les produits illicites sont en vente libre, dans ce pays de coca-gne. (je ne consomme qu'en tisane, au dessus de 4 OOO....)
Amitiés.
Écrit par : ÉPHÊME | 26/08/2014
Liberty, c'est très vrai, mais il faut une certaine "formation" des "bambins" pour que ce ne soit pas une galère. Les petits-enfants sont super !!!
Écrit par : ÉPHÊME | 26/08/2014
Elisabeth, j'ai répondu à ton commentaire suivant avant celui-là. Je ne suis pas du tout un habitué des blogs, et ne pense absolument pas à regarder sur le côté les "commentaires récents". Je suis tout à fait d'accord avec ton commentaire, mais la marche du monde occidental est irréversible pour l'instant, et va poser bien des pbs, car d'autres civilisations, religions, sociétés se cabrent contre cette forme d'égoïsme. C'est très sensible quand on a un peu voyagé en dehors du monde touristique...
Amitiés
Écrit par : ÉPHÊME | 26/08/2014