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20/03/2016

Michel Serres philosophe sensuel

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On peut être à la fois l'un des plus grands philosophe contemporain et écrire des texte poétiques d'une belle sensualité. C'est le cas pour Michel Serres et je vous propose, pour preuve, ces lignes extraites de son ouvrage Les cinq sens (Hachette littératures, p. 224). Dans cette partie de l'ouvrage le philosophe parle de l'odorat.

"Aimer un corps, cette rareté bien singulière ; sur toute la surface de la terre, nul volume n'a plus de prix. Amour nous rend confus, deux vases versent ensemble. Erre en surface des peaux, voiles, tissus complexes et subtils, tel parfum indéfinissable qui n'appartient qu'à elle et à lui et les signale l'un à l'autre, consentants. On n'aime pas sans l'improbable accord des odorats, miracle de reconnaissance entre les traces invisibles volant sur la nudité, comme l'air et les nuages planent au dessus du sol. Jusqu’à la mort demeure en nous l'esprit, au sens chimique et mystique du mot écrit ou parlé, au sens du nez, l'esprit émané de qui nous avons aimé. Il revient fantôme, à de certaines aurores, sur la peau. L'amour parfume la vie, les arômes ramènent les rencontres et leurs fastes.

On embaumait autrefois les morts : pour que le souvenir évoquent ceux que nos aïeux avaient aimés.

La vie même s'annonce de loin par cette émanation. Elle embaume."

Je crois pouvoir dire sans me tromper que Michel Serres est un de ces "Philosophes de la Nature" dans les pas desquels je m'efforce de marcher.

Ariaga

Commentaires

Une citation de Michel Serres qui ne manque pas d'esprit dans bien des sens, puisqu'il s'agit d'amour... Bises odorantes Ariaga !

Écrit par : Une autre sorcière | 20/03/2016

Reconnaissance olfactive et interactive, expérience à vue de nez, mais le pif est il l'intuition, et comment passe t on de l'éther à délétère .
Émotion et sensualité nasales qui nous font nous sentir, ou pas, il y a des répulsifs puissants et quasi instantanés.

Cela nous renvoie à des apprentissages premier sur ce qui est bon ou pas pour nous et nous permet de déceler du danger, et de s'en tenir à l'écart.

Les physiologistes et les bio chimistes ont pu parler de phéromones quand on flaire les hormones, et que le flair sans être canin repousse bien des idées, l'amour un phénomène de reconnaissance sélectif ?

Ah ces odeurs corporelles qui pénètrent par effraction quand les fractions sont distillées et que les principes actifs agissent.

"Ça sent bon" est un sésame pour doper l'envie et il y a de la sublimation projective dans ces anticipations.

Laissons les pestilences de côté et reconnaissons aussi que l'addiction alcoolique est un lointain acquis lié au stade de maturation de fruits alors comestibles qui ouvrent littéralement l'appétit.

Écrit par : Thierry | 20/03/2016

@ Une autre sorcière, oui et plus loin il écrit : "J'aime ton odeur et ton esprit, l'émanation de ton corps, ma langue, jadis, l'appelait esprit ".

Écrit par : Ariaga | 21/03/2016

@ Thierry, pour toi, je donnerai la suite de la citation dont j'ai donné la début à Une autre sorcière : "La langue actuelle, aseptisée, l'appellerait fumet ; son savoir, un peu rechigné, y substituerait un parfum."

Écrit par : Ariaga | 21/03/2016

En effet, quelle poésie ! Des mots qui montrent combien la Réalité de l'Être est Beauté au-delà de tout concept, de toute action, de toute définition.

Écrit par : Aloysia | 21/03/2016

cela me fait penser à Onfray ce philosophe hédoniste ....
vivre la vie et l'influencer autant qu'elle nous cadre
besos mon amie
tilk

Écrit par : tilk | 21/03/2016

Les mots nous emportent vers les odeurs des souvenirs, de l'amour .. de notre vie. Merci pour ce moment poétique, tu sais combien j'affectionne les métaphores.

Écrit par : Sedna | 21/03/2016

@ Aloysia, oui, ce sont des émanations de la totalité.

Écrit par : Ariaga | 21/03/2016

@ Tilk, je n'aurais pas pensé au rapprochement Serres Onfray, mais puisque tu y penses c'est que cela existe et je te remercie pour l'idée.

Écrit par : Ariaga | 21/03/2016

Quel bel hommage « animal », au sens le plus vénéré du sacré, toutes narines à fleur de fragrance du subtil de l’aimé(e), toute logique de la part d’un ancien de la Royale, dont le vaisseau est sa maîtresse. J’ai eu la chance, enfant, de visiter un certain nombre de bâtiments de la cette « Royale » accompagné de quelque aspirant, et mon souvenir en est toujours l’odeur, propre à chacun. Après j’ai aspiré le parfum de ma caravelle, sans laquelle je ne peux trouver l’étoile des rêves. Superbe texte, qui m’a donné l’envie de reprendre mon clavier, muet depuis plus d’un an.
MERCI

Écrit par : Éphême | 21/03/2016

En baume ou en bôme , en binôme certainement! En bicorne pourquoi pas !

La royale nous fait monter au mat mais l'amour aussi qui parcours notre peau de frissons comme la mer l'est de vagues.
Heureusement qu'on n'est pas toujours enrhumé sinon on serait drôlement privé.

Bien sur il y a des saisons plus propices pour nous plonger dans ce précipice de senteurs qui nous ôtent des poids et nous hébergent des émotions, nous réservent des surprises, pas abimés nous sommes mais magnifiés, grandis et démultipliés, étirés par ces parenchymes aériens qui nous meuvent (répandre à côté).

Huiles essentielles qui raffinez nos nuit ne ravinez donc pas notre moral et que vos principes montent directement au cerveau communiquer la plus douce des jouissances.

Écrit par : Thierry | 21/03/2016

@ Sedna, je suis contente que ce texte ait enrichi ton stock de métaphores. si tu as l'occasion le livre est excellent même si il date de quelques années.

Écrit par : Ariaga | 22/03/2016

@ Éphême, même si j'ai des occasions d'échanger avec toi de vive voix, j'ai toujours plaisir à te lire ici et je crois que je ne suis pas la seule.

Écrit par : Ariaga | 22/03/2016

Percevoir avec ses sens et non avec son mental. Cesser d'analyser, de classifier, de trier pour ressentir le contact direct de la réalité de la vie.
La compréhension devient alors différente.

Écrit par : Daniel | 22/03/2016

Quand la fragrance donne dans la flagrance ce n'est pas le flag rance, un drapeau souillée, ni même la garance qui garantit que le rouge montera aux joues.

Monter en ligne devant un orgue ce n'est pas orgueil ni être mauvais cheval, sans tenter de saboter l'exquise émanation, pour qui aima nation!

Le frac n'est pas un fric frac qui tomberait rac pour faire raquer pourtant si le rat ne quête pas, les subliminales notes font tomber du lutrin et presque de la chaise quand l'odeur entêtante nous fait perdre le chef, lieu de bien des illusions et pas que d'optique.

Écrit par : thierry | 22/03/2016

Nous avons un nez, et heureusement... Merci beaucoup de nous faire profiter de cet extrait magnifique. Merci pour ces échanges Ariaga et bonne journée.

Écrit par : elisabeth | 24/03/2016

Au nazibus, au frontibus mais pas et glou et glou !
une manière de se transporter à travers des vapeurs
sans que la roue à aube ne tourne trop vite
et puis faire place à autre chose que le vide
avec une mise en scène comme une sorte de rite
humer et déguster, se mettre en nez comme on se met en bouche
inspirer des rations philosophales pas fades ni qui liassent en rade
se mettre en remorque d'humeurs et aussi ressentir
sans tressauter le complexe, le fruité, l'ambré
donner des couleurs et des tonalités
aller vers le langage des œnophiles
qui empilent les vocables descripteur
pour illustrer cette complexité

Écrit par : thierry | 24/03/2016

sensuel mais pas sans sueur ni sans suaire, pas parce que la sangsue erre, ou que les délicats arômes s'échappent à tout va, mais des fractions volatiles et autres composés chimiques qui présentent la capacité de toucher notre bulbe olfactif de manière effective, condensée, concentrée et prégnante à la fois vient toucher, dans un raffinement extrême de spécificité de reconnaissance et dans des quantités souvent infinitésimales la sphère ORL du moins partiellement et n'oublions pas que le nez n'est pas la cavité nasale, bien plus importante que la simple proéminence faciale cartilagineuse et parfois fort généreuse dont la nature a pu nous doter. Les fosses nasales véritable système de régulation et d'échange thermique, notamment, si sensible et réactif, de manière souvent antilogique, s'assèche et s'humidifie, et c'est cette surface d'échange, notamment d'information qui peut aussi servir les distillats dans une veine analytique. Récepteurs chimiques qui exaltent les ruminations et font littéralement monter à la tête quand ce n'est pas fondre devant la générosité d'une bonheur entêtant.

Écrit par : Thierry | 25/03/2016

Bonjour Ariaga,
Je t'envoie un bouquet de roses afin d'embaumer ta journée. Un texte subtil de Michel Serres auquel j'adhère. Bises

Écrit par : danae | 26/03/2016

Flacons ou vaporisateur, coupelles ou bien anneau
diffusons pas seulement en cent heures
pour nous ôter un poids
frottement ou écrasement, libérons sans gageures
les arômes précieux sans rondeaux ni guindeau
il en faut parfois de la patience
presque jusqu'au supplice
pour que vienne au nez distrait
l'effluve sauvage
comme un fleuve libéré

Écrit par : Thierry | 26/03/2016

@ Daniel, oui !!!! laisser venir et absorber par tous nos sens la vie telle que nous la propose la nature.

Écrit par : Ariaga | 27/03/2016

@ Danae, Merci pour les fleurs, je vais les mettre dans mon vase le plus précieux, mon cœur.

Écrit par : Ariaga | 27/03/2016

@ Thierry, tu déposes ici certains de tes mots et je t'en remercie mais je dois dire que les derniers "l'effluve sauvage comme un fleuve libéré" m'ont particulièrement parlé.

Écrit par : Ariaga | 27/03/2016

Chère Ariaga , ce ne sont certes pas toujours fleurs de rhétoriques aux arômes attiques , mais je m'y emploie afin de rester auprès de toi en odeur de sainteté, alors que le printemps est là.
Il n'est pas facile de développer dans la longueur des fumets alléchants ; pourtant ce midi je me régalai de cèpes et d'huitre et ce fut une belle danses des notes iodées et persillées sur le palais ainsi qu'au nez pour être honnéte, un vrai repas de fêtes et de joyeuses retrouvailles avec force victuaille pour faire ripaille.

Laissons nous envahir doucement et largement circonscrire par des vapeurs furtives ou des nuages alertes qui mettent en alerte nos sens les plus affutés et contribuent à nous héler et nous haler, charriant de richesse et de variété qu'avant que nous ne nous les mîmes en bouche elles constituent déjà une pierre de touche des nos futurs instants.

Agapé un des trois mots de l'amour avec filia et Éros n'est pas fait pour nous agacer ni nous engoncer, libérant un saint appétit de vivre et de partager mets parfumés et épices pleines d'énergie.

Écrit par : Thierry | 27/03/2016

J'aime beaucoup Michel Serres. C'est quelqu'un de bien, je crois.

Écrit par : Bonheur du Jour | 06/04/2016

@ Bonheur du jour, oui, c'est un Philosophe au vrai sens de ce terme tellement galvaudé.

Écrit par : Ariaga | 08/04/2016