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11/01/2007
Anima et animus 1/2
Dans ma manière un peu "impressionniste", par nombreuses petites touches, je comptais aborder l'"anima" et l'"animus" junguiens après d'autres thèmes tels que l'"ombre" ou les"fonctions". Cela aurait pu aider à la compréhension d'un sujet d'apparence facile mais en réalité très complexe. Mais, depuis que je me promène sur les blogs, je vois que parler de l'anima et de l'animus pourrait apporter certaines réponses à ceux qui s'interrogent sur leurs motivations et leurs comportements.
Quand on rencontre dans les textes de C.G.Jung, en particulier ses interprétations de rêves, les termes anima et animus, une explication très simple peut leur être donnée : s'il s'agit d'un homme, l'anima est une personnification des tendances féminines de sa psyché ; s'il s'agit d'une femme, l'animus est une personnification de ses tendances masculines. Anima et animus sont des facteurs de relation entre l'inconscient et le Moi et entre le pôles opposés masculin-féminin ce qui, dans le cadre d'une sorte d'"érotique" junguienne, trace une voie allant du biologique le plus élémentaire à la complexité des rapports entre Eros (amour, relation) et Logos (organisation logique de la pensée et du langage).
L'anima (ce que je dis de l'anima est aussi valable pour l'animus) est ainsi nommée par Jung parce qu'elle émane d'une image intérieure, une image dans l'"âme", différente de la persona qui est une image extérieure. Jung, dans Les racines de la conscience, donne une explication biologique au fait qu'il y ait chez l'homme une sorte de résidu de caractères féminins :
"L'image du sexe opposé réside, jusqu'à un certain point, dans chaque sexe, puisque biologiquement c'est seulement le plus grand nombre de gènes mâles qui fait pencher la balance dans le choix du sexe masculin. Le nombre moins grand de gènes féminins parait constituer un caractère féminin qui, cependant, demeure d'ordinaire inconscient par suite de son infériorité quantitative."
C'est sur cette présence des deux éléments masculin et féminin que Jung fonde son idée de l'androgynie de l'être humain, une idée enracinée dans le biologique qu'il prolonge jusqu'au niveau psychique.
Mais, comment rendre accessible à l'expérience les manifestation de l'archétype du sexe opposé présentes en nous ? C'est très difficile car ces représentations archétypiques émergent d'un niveau profond de la totalité psychique. L'ombre, qui fait partie de l'inconscient personnel est plus visible. Elle est représentée dans les rêves ou phantasmes par des personnages du même sexe que le rêveur. C'est le côté refoulé, parce que peu présentable de la "persona". Les représentations de l'anima et de l'animus sont beaucoup plus difficilement perçues en tant que telles et concernent le sexe opposé.
Non seulement anima et animus sont sont très difficiles à discerner mais du fait que ce sont des "personnalités" de l'inconscient , ils se présentent, dans la vie courante, toujours projetés sur l'entourage car "tout ce qui est inconscient est projeté". Le premier réceptacle de l'"image de l'âme" sera la mère pour le fils et le père, ou un substitut, pour la fille. Une véritable infirmité psychique peut se rencontrer quand l'anima est "en jachère" ce qui signifie qu'aucune relation n'a été établie ou que la relation a été complètement rompue ou occultée.
Jung a longtemps observé les manifestations de l'anima et s'il a décidé d'employer ce terme c'est parce que l'expression "âme" lui semblait trop générale et trop vague pour désigner une"réalité spécifique". Il écrit (Dialectique du moi et de l'inconscient) :
"L'élément empirique compris sous le concept d'anima est un contenu extrêmement dramatique de l'inconscient ; si on peut le décrire en langage rationnel, scientifique, on ne parvient pas, et de loin, a en exprimer la nature vivante."
C'est pour cette raison qu'il a choisi une vision et un mode d'expression mythologique pour parler de l'anima. cela lui semblait plus expressif et plus exact qu'un langage scientifique abstrait.
La notion d'animus est apparue plus tard chez Jung. Il lui a semblé qu'il devait exister chez la femme une équivalent de la représentation archétypique masculine. Il ne s'agit cependant pas d'une déduction abstraite car des expériences "nombreuses et minutieuses" lui ont été nécessaire pour mettre en évidence la nature de cet animus.
Nous verrons demain, si vous avez encore un peu de patience, les formes de manifestation de ces anima et animus qui ont une influence considérable sur notre relation avec nous mêmes et avec autrui et aussi au niveau de la spiritualité.
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17:50 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : écriture, Jung, philosophie, rêve, citations, spiritualité
Commentaires
Demain sans faute ! ;) (très intéressant. merci).
Je me rappelle que quand je dessinais (il y a 15-20 ans), il m'arrivait souvent de représenter des personnages de femmes assez étranges. Les membres d'une confrérie monastique, mystique et occulte empreinte de sorcellerie.
J'avais l'intuition de représenter au moyen de ces personnages la forme féminine de mon être.
Un ami à qui je faisais part de cette intuition m'a avoué être intrigué par mon affirmation : le psychanalyste qu'il consultait alors lui avait parlé de la femme qu'il y avait en lui. Cette idée lui paraissait on ne peut plus étrange et dérangeante.
Écrit par : profdisaster | 11/01/2007
cela me semble hors de doute qu'il y ait une part féminine et une autre masculine , mais est seulement cela ou donne t'on des noms que nous reconnaissons à des insondables ou à des 'parts' de nous que nous ne reconnaissons pas , que nous sommes étonnés de cotoyer , qui dans le monde des hommes prennent cette forme , sont ils réellement dissociés autant que nous le croyons ?
image , mythe , représentation , mandala , drama , tout cela est fort passionnant ,
je crois comprendre ce que vous dite sur le ressort biologique des deux sexe en nous ,
je m'interroge sur l'ombre , n'est ce pas plus complexe ?
amicalement
Écrit par : aloredelam | 11/01/2007
Animus et anima, les deux profils de l'hermaphrodite...
Écrit par : Phène | 12/01/2007
@aloredelam, n'as tu pas lu que je regrettais de ne pas avoir, avant, plus parlé de l'ombre? Cela viendra mais j'ai ressenti comme une urgence, en lisant certaines interrogations sur des blogs amis, à traiter ce sujet. Amicalement.
Écrit par : ariaga | 12/01/2007