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27/09/2007
Philémon, le gourou intérieur de Jung
Illustration originale de éphême
Suite et fin de C.G.Jung se laisse tomber dans l'inconscient, et C.G.Jung et la mort du héros.
Au cours de ses voyages chamaniques sur les ailes de l'" imagination active ", Jung rencontre des êtres imaginaires avec lesquels il décide de converser " comme s'ils étaient réels ".
Aux pieds d'un rocher se tient un curieux couple , accompagné d'un gros serpent noir. L'homme est âgé, style vieux sage à barbe blanche. Sa compagne est une belle jeune fille aveugle. Ils disent à Jung qu'ils s'appellent Elie et Salomé et qu'ils sont unis pour l'éternité. Notre voyageur est, comme il l'écrit, " désarçonné " et pas très rassuré. Le fait que le gros serpent noir lui manifeste de " l'inclination " ajoute à son désarroi. Il a l'impression que le vieillard Elie doit être le meilleur interlocuteur et ils ont une longue conversation mais il ne peut ni en saisir ni en retenir le sens. Jung dans Ma vie donne des interprétations psycho-symboliques de cette rencontre et j'aimerais aussi en proposer, mais dans ces récits de " voyages " j'ai choisi de rester assez anecdotique et l'occasion de revenir sur le sujet se présentera sûrement.
Celui que je veux surtout vous présenter aujourd'hui est un autre personnage de l'inconscient, un dérivé de la figure d'Elie que Jung appelle Philémon et qui va devenir un élément essentiel de sa vie intérieure. Philémon apparaît tout d'abord dans un rêve court, mais très précis (Ma vie, p. 212)
" Il y avait un ciel bleu, mais on aurait dit la mer. Il était couvert, non par des nuages, mais par des mottes de terre. On avait l'impression que les mottes se désagrégeaient, et que la mer bleue devenait visible entre elles. mais cette mer était le ciel bleu. Soudain, apparut un être ailé qui venait en planant de la droite. C'était un vieil homme doté de cornes de taureau. il portait un trousseau de quatre clés dont il tenait l'une comme s'il avait été sur le point d'ouvrir une serrure. Il avait des ailes semblables à celles du martin-pêcheur, avec leurs couleurs caractéristiques."
Jung peint le rêve (comme l'a fait Ephème en tête de cette note) et par une coïncidence saisissante, à laquelle il donnera ultérieurement le nom de synchronicité, au moment où il exécute cette peinture il trouve dans son jardin au bord du lac un martin -pêcheur mort, ce qui l'impressionne beaucoup.
Il eut avec ce Philémon de nombreux dialogues et reçut ainsi un précieux enseignement. En imagination, écrit-il, " J'eus avec lui des conversations et il dit des choses que je n'aurais pas pensées consciemment. Je perçus très exactement que c'était lui qui parlait non pas moi ." C'est le personnage de Philémon qui lui montra ( Ma vie p. 213) :
"qu'il y avait en moi une instance qui pouvait énoncer des dires que je ne savais pas, que je ne pensais pas, voire des choses qui allaient à l'encontre de moi-même. "
Philémon devint pour Jung un " maître intérieur " et, selon ses propres termes, "ce que les indiens appellent un guru. A cette époque d'errance dans les ténèbres il aurait désespérément désiré avoir un gourou "réel et concret" qui l'aurait aidé à démêler les fantasmes surgis de son inconscient. Mais qui aurait pu être le maître d'un Jung ? Ce fut le rôle de Philémon qu'il dut accepter comme guide et qui l'achemina " vers bien des éclaircissements intérieurs ".
Jung connut bien d'autres aventures de l'inconscient mais je vous les raconterai en temps voulu. Et je vous souhaite à tous de rencontrer votre Philémon.
Ariaga.
14:35 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs, photo | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : écriture, Jung, photo, citations, spiritualité, philosophie, art
Commentaires
J'en ai rencontré un de Philémon que j'ai décrit sur mon blog...rien à voir avec le tien.
Jung ne crée-t-il pas ses personnages pour résoudre ses problèmes? Nous aurions donc la solution au fond de nous? mais qu'est ce qui fait que nous n'arrivions pas toujours à faire intervenir de tels personnages?Beaucoup de questions ce soir que m'ouvre ton texte...
Écrit par : muse | 27/09/2007
très intéressant ariaga, peut-être un Philémon a m'attacher ? qui sait ! merci et bisous !
Écrit par : marie.l | 27/09/2007
Merci à toi Ariaga d'éclairer notre chemin.
Par entêtement j'avais toujours refusé de lire "Ma Vie", (Probable mauvais tour de mon animus ?). Toujours est il qu'en découvrant ton blog assoupi cet été, j'ai décidé de passer outre cet entêtement imbécile, et je l'ai lu.
L'ayant lu une première fois après l'avoir emprunté à ma médiathèque, j'en reçu un tel choc, que je l'ai acheté ce qui me permet de le relire en l'annotant. Et maintenant pourvoir le reprendre avec encore un éclairage nouveau c'est passionnant et "étrange".
Pour mon Philémon à moi, je crois que c'est sous la forme d'une sphinge qu'il manifesta sa présence à plusieurs reprises dans ma vie, via la peinture, le rêve et la broderie. Quel bel archétype, non ?
Oui la solution est en nous, mais le malheur est que la plupart du temps nous refusons d'écouter.
Bonne journée et encore merci
Écrit par : L'Arpenteuse | 28/09/2007
Connais pas Jung, Ai frôlé Freud du but de ma cognition... Suis emballé par la beauté du texte.
A+
Écrit par : MG | 28/09/2007
Très intéressant, moi hélas je ne me souviens jamais de mes rêves ou si peu...
PS : Jung n'aurait-il pas, cependant, fumé un peu la moquette ?
Écrit par : aliscan | 28/09/2007
Il est certainement trop tôt pour moi de pouvoir déjà affirmer d'avoir trouver réconciliation avec le temps, amitiés avec la justice et être le compagnon de la paix.
De ce fait, le silence est souvent ma parole car j'ai parfois l'impression,au fil des discussions, de plonger mon entourage dans le simple désordre des pensées.
Quand à la "voix off", elle est présente tous les jours. Elle est des mots que j'ai emprunté aux autres car je les ai compris pleinement, elle est mes propres mots quand je les ai compris à cent pour cent.
Mon philémon est, à mes sens, tout ce qui existe.
Écrit par : le_peintre | 29/09/2007
Phéliménoménale!!!!
Écrit par : Kouka | 29/09/2007
En effet, comme le dit Muse, beaucoup de questions. Entre autres, je me pose celle-ci : comment distinguer le maître intérieur d'une influence "occulte" externe, dans le cadre d'un rêve ? Je suppose que le sentiment provoqué par la présence de Philémon et la qualité de ses messages étaient en soi une réponse pour Jung.
L'illustration d'Ephème semble très fidèle au rêve. La peinture de Jung existe-t-elle encore ?... Tout cela est passionnant.
Écrit par : Arianil | 29/09/2007
@ Muse, moi aussi j'ai rencontré ton Philémon sur ton blog et je l'avais trouvé très sympathique.
@ Marie.l, tu as certainement ton Philémon cela se sent quand on te lis. Il suffit de lui parler en imagination, et il se manifestera peut-être.
@ L'arpenteuse, ton commentaire, que je recommande à tous de lire, est la plus belle récompense que je puisse recevoir pour ce que je tente de donner sur ce blog
@M G Il ne te reste plus quà lire et tu découvriras encore plus de beauté et peut-être aussi quelques réponses.
Écrit par : ariaga | 30/09/2007
Bonjour,
Des moments étranges qui arrivent dans la vie. Merci pour ce récit.
Bon dimanche.
Écrit par : elisabeth | 30/09/2007
Moi je sais très bien que lorsque mon ordi. rendra l’âme, j’enterrerai tout ce que j’ai écrit et que j’irai errer à la recherche de ce que j’ai un peu appris…Parce que l’appétit….dans ces livres que j’ai toujours fui, j’irai Philémon et Ariaga en poche, comme des cailloux, chapelet du chemin…C’est ce qui est beau…Recouper, retrouver l’irréel dans le réel…
Écrit par : un petit poisson qui passait | 30/09/2007
@ Aliscan, je ne sais pas mais ce que je sais c'est qu'il était très "accro" à la pipe.
@ Le peintre,merci pour ce beau commentaire. Je crois que tu as déjà fait un bon bout du chemin pour un homme de ton âge. Tu as le sens de la Totalité ce qui n'est pas donné à tous.
@ Kouka, joli...
Écrit par : ariaga | 30/09/2007
@ Arianil, pour l'influence occulte, je crois que Jung ne se méfiait que des influences "intérieures" de l'inconscient capables de devenir de forte "entités" dangereuses. Pour l'illustration "Ephème", avec lequel je suis en contact, à été très inspiré par les rêves de Jung et je crois que dans les temps à venir je ferai une rubrique de ces illustrations de rêves, au rythme de son inspiration.
Les dessins et textes très personnels illustrant ses rêves et ses fantasmes se trouvent dans des cahiers de Jung qui seront publiés un jour, mais j'ignore dans quel délais. Je pense que quelques privilégiés les ont vu mais je n'en fais hélas pas partie. Naturellement je suis dévorée par la curiosité.
@ Joli petit poisson n'enterre surtout pas ce que tu as écrit. Je serais tellement furieuse que je te mangerai !
Écrit par : ariaga | 01/10/2007
@Elisabeth, tu t'étais glissée entre Kouka, un ex chat et un poisson qui nageait sur le blog et je ne t'avais pas vue. bonjour à toi fidèle amie.
Écrit par : ariaga | 01/10/2007
Jung avec sa rencontre avec philémon signifie l'arrivée au sommet de sa vie métaphysique et la fin de sa vie physique.
Dans le phénomène des synchronicités Carl à reçu, avant le grand chemin de l'éternité vie, le message merveilleux pour l'accomplissement des transmissions du croire et savoir. L'énergie de son être ce transcende dans la contemplation...après les souffrance moral et les doutes que les êtres du mauvais lui ont fait subir dans l'accomplissement de son travail pour le bien des autres. Reste a comprend cette enseignement par votre phyché et la vonlonté de le partagé...Ph.M.B.
Écrit par : philémon - Michel Bissig | 28/10/2012
Ce blog est salutaire. Il est un moment de reflexion, une station dans notre marathon quotidien. Merci
Écrit par : LeRay | 07/07/2013
Quel éloge ! Merci, un compliment de temps en temps cela fait plaisir.
Écrit par : ariaga | 07/07/2013