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19/11/2013
Éclairages sur la conscience
Illustration ÉPHÊME
Choix, par Ariaga, de Citations de Psychologie et Alchimie de C.G.Jung. Les caractères gras sont des ajouts.
"Cependant, depuis le siècle des lumières et à l'époque du rationalisme scientifique, qu'était devenue la psyché ? Elle avait été identifiée à la conscience elle était " ce que je sais ". Il n'y avait d'autre psyché que le moi." (p.604)
***
"Si j'en crois mon expérience, la conscience ne peut revendiquer qu'une position relativement intermédiaire et doit s'accommoder du fait qu'elle est en quelque sorte débordée et environnée de tous côtés par la psyché inconsciente. Des contenus inconscients relient la conscience - vers l'arrière - à des conditionnements physiologiques, d'une part, et à des données archétypiques, d'autre part. Mais la conscience s'étend aussi - vers l'avant - en anticipant grâce à des intuitions conditionnées en partie par des archétypes et en partie par des perceptions subliminales liées à la relativité du temps et de l'espace dans l'inconscient." (p.180)
***
" L'essence de la conscience est la différenciation ; pour réaliser l'état conscient, elle doit séparer les contraires les uns des autres et cela contra naturam (contre nature). Dans la nature, les contraires se cherchent - "les extrêmes se touchent" - et il en va de même dans l'inconscient, en particulier dans l'archétype de l'unité, le soi. Dans ce dernier, comme au sein de la divinité, l'opposition des contraires est suspendue. "(p.36)
***
Une conscience souffrant d'inflation est toujours égocentrique et n'est consciente que de sa propre présence. Elle est incapable de tirer la leçon du passé, incapable de comprendre les événements contemporains et incapable de tirer des conclusions valables pour le futur. Elle est hypnotisée par elle-même et c'est pourquoi il est impossible de s'en faire entendre. Par suite, elle est condamnée à des catastrophes qui peuvent la condamner à mort. Assez paradoxalement, l'inflation est une perte de conscience et une rechute dans l'inconscience. Le cas se produit lorsque la conscience s'attribue des contenus de l'inconscient et perd la faculté de discrimination, condition sine qua non de toute conscience." (p.605)
A suivre ...
19:03 Publié dans Alchimie, Citations, Jung et la psychologie des profondeurs, Nature, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (43) | Tags : écriture, citations, jung, nature, société, philosophie, psychologie, spiritualité, alchimie
Commentaires
Bonsoir Ariaga ,
Indexée en l'esprit , au fil des expériences ,
le prix de toute conscience , s'affiche au vu d'autrui ,
Tel le jour & sa Nuit , l'Âme en l'Ambivalence ,
reflète pour références , s'affranchir du conflit.
~
Hors la clef dort ici , au coeur des différences ,
Notre Tour luit alliance , aux portes du " Paradis "
Chaque Pierre est d'Alchimie , pour survoir en l'errance ,
Une juste voie d'avance , au regard du Tout cuit.
~
Amitiés
Écrit par : NéO~ | 19/11/2013
Lorsque la conscience s’hypertrophie et s’attribue des capacités divines de manipulation extrêmes de la matière dite inerte (atome et noyau de l’atome...) ou de la matière vivante (manipulation génétique, OGM) elle semble bien être "hypnotisée par elle-même" et chute dans l’inconscience en préparant effectivement des catastrophes qui peuvent "la condamner à mort", et très concrètement menacer la survie de l’espèce qui abuse de la conscience discriminante pour posséder, pour avoir et qui oublie qu’elle est "débordée et environnée de tous côtés par la psyché inconsciente qui reprendra contre elle ses droits, bon gré mal gré...
L’illustration d’ÉPHÊME me rappelle qu’il nous faut recréer l’harmonie d’un mandala équilibré et centré où toutes les parties coopèrent au bien de l’ensemble, tandis qu’aujourd’hui l’hypertrophie - l'enflure - de notre conscience a mis le désordre "dans la maison".
Écrit par : Amezeg | 20/11/2013
@ Amezeg, comme d'habitude un commentaire clair, personnel et plein de bon sens. Je t'ai déjà dit que tu es une pépite ...
Écrit par : ariaga | 20/11/2013
@ NéO, merci d'apporter au Laboratoire un souffle de ton monde si particulier.
Écrit par : ariaga | 20/11/2013
Merci Amzeg pour la comparaison avec le mandala, j'ai fais ce tableau il y a quelques lustres, sans penser à un mandala, mais je sais depuis très longtemps, qu'inconsciemment, j'en faisais un (il n'y a là que 1% du tableau, extrait par divers procédés alchimiques par la chamane Ariaga). Pour répondre sur le fond, je dois faire une phase de préchauffage de mes neurones, longue, car mon esprit est du modèle "diesel marin" prêt pour la réforme, et ma coquille est sur calle pour un ou deux jours. Mais je reviendrai dès que je serai remis à flot.
Amitiés dourduffiennes.
Écrit par : ÉPHÊME | 20/11/2013
Il s'agit encore et toujours de comprendre et surtout de "sentir" que nous sommes infiniment plus que ce que "nous savons de nous" et que, si nous ne nous appuyons que sur ce "petit savoir", cette ridicule petite fenêtre qu'est notre " moi conscient"...nous manquons l'essentiel de "ce que nous sommes", de "ce qui est" et nous courons droit aux catastrophes...
L'urgence est donc d'élargir le "cadre"...(un peu comme quand on quitte le "ras des pâquerettes" et qu'on s'élève pour voir les choses de "plus haut"...qu'on embrasse un espace plus grand).
Ce qui "au ras des pâquerettes" peut sembler "contradictoire"...ne l'est plus forcément lorsqu'on élargit la conscience...et ce qui semblait insoluble à une certaine "échelle" ne l'est plus à une autre...
Mais l'intégration, l'élargissement de conscience doit, bien sûr, se faire selon certains règles et précautions...
On ne monte pas dans une fusée sans préparation...et on ne plonge pas à 100m de profondeur du jour au lendemain non plus...y'a quelques "dangers"... :-)
Une autre image : la conscience serait comme le faisceau lumineux d'une petite lampe de poche...
Nous avons absolument besoin de cette lampe et de cette "petite lumière" pour nous diriger dans la "nuit" du monde...(inconscient)
Mais le problème commence quand nous nous persuadons qu'il n'existe rien d'autre que ce qui est éclairé par ce faisceau...et que nous négligeons 90% de ce qui nous environne sous prétexte que nous ne le "voyons" pas...
Eteindre la lampe n'est pas une solution...(rechute dans l'inconscience)...mais trouver un moyen d'élargir le faisceau pour embrasser plus de choses en est une...
L'élargissement progressif permettant de ne pas être "submergé" d'un coup...par une "vastitude" qui nous avait totalement échappé jusqu'à présent...
Écrit par : La Licorne | 20/11/2013
Chère Ariaga, tous,
Comme le souligne Amezeg et Licorne, croissance harmonieuse de conscience est l'enjeu et le salut de chacun et de tous à la fois...
L'hypertrophie ambiante n'est peut être qu'un cycle, écho d'un endormissement passé ?
Bises amicales,
Jean
Écrit par : Jean | 20/11/2013
Je suis, Ariaga, et suis là de temps en temps, mais le discours me dépasse ou, du moins, je n'ai rien à commenter, mais je lis.
Écrit par : la Mère Castor | 20/11/2013
Je vois, ÉPHÊME , qu’au fil de tes lustres, certaines obscurités se trouvent de plus en plus vivement éclairées...
En te souhaitant un bon préchauffage du diesel, avec décalaminage du dour duff si nécéssaire.
Bien amicalement,
Amezeg
Écrit par : Amezeg | 20/11/2013
@ ÉPHÊME, bon préchauffage des neurones mais attention à la surchauffe !
Écrit par : ariaga | 20/11/2013
@ La Licorne, j'ai beaucoup apprécié ton commentaire.
Écrit par : ariaga | 20/11/2013
@ Jean, je pense, en effet que la progression de la conscience est spiralique et dépend beaucoup des époques. il peut y avoir des retours en arrière, des contournements, des progrès invisibles parce qu'ils sont masqués par le "bruitage" social.
Écrit par : ariaga | 20/11/2013
Perdre son moi en n’étant plus que son moi…
J’arrive avec mes grosses bottes de princesse, mais c’est ce que je comprends. Et l’illustration d’Ephême c’est bien ça aussi, le petit Indien tout bleu au centre défendant son carré rouge, c’est l’histoire des couleurs qui défie le sens des valeurs…les couleurs et leurs complémentaires…
Écrit par : Aslé | 20/11/2013
j'aime beaucoup l'illustration...
besos
tilk
Écrit par : tilk | 20/11/2013
bonjour à vous tous
Je suis toujours là, même si je ne me manifeste pas !....
En ce qui me concerne je pense finalement que peut être je me rapprocherais de ce cher Carl , mais dans une autre vie.....
L'image du faisceau de "la Licorne" me plait bien, disons que c'est peut être ça le "savoir" mais il est indispensable en effet dl'élargir notre "conscience" pour atteindre la "connaissance".
bonne journée je t'embrasse chère Ariaga
Écrit par : mariedumonde | 21/11/2013
Il y aurait donc deux extrêmes: la conscience inflationniste qui serait la sœur, voir la jumelle de l'égo. Conscience aveugle et illusoire, miroir déformant de la vie. Et la para conscience, intuition venue d'ailleurs et perception des mondes subtiles. L'homme navigue anis entre ces deux pôles que sont l'infiniment petit et l'infiniment grand. L'homme est un pèlerin qui voyage entre le fini et l'infini.
Écrit par : Daniel | 21/11/2013
L'illustration le parle bien, à moi aussi...
Car si l'on veut "intégrer" plus de choses...(voir mon commentaire précédent) ,il faut qu'il y ait un "centre" capable d'intégrer tout ça...et d'en faire, comme disait Amezeg, "un mandala équilibré où toutes les parties coopèrent au bien de l'ensemble"...
Ce centre , ce n'est pas le "moi" (personnalité), c'est le Soi, le "centre" ...ce que toutes les traditions appellent "le coeur de l'être"...
Sur le dessin, on voit bien, sur la mandala multicolore, cette figure centrale qui tente de "maintenir" tous les rayons colorés, toutes les facettes de l'être...ensemble, pour en faire un "tout".
Écrit par : La Licorne | 21/11/2013
Oups...l'illustration "me" parle... :-)
Écrit par : La Licorne | 21/11/2013
...et le "Soi", le centre véritable"... (excusez-moi, je suis distraite)...
Écrit par : La Licorne | 21/11/2013
Bon, je recommence :
L'illustration me parle bien, à moi aussi...
Car si l'on veut "intégrer" plus de choses...(voir mon commentaire précédent) ,il faut qu'il y ait un "centre" capable d'intégrer tout ça...et d'en faire, comme disait Amezeg, "un mandala équilibré où toutes les parties coopèrent au bien de l'ensemble"...
Ce centre , ce n'est pas le "moi" (personnalité), c'est le Soi, le "centre véritable de l'individu" ...ce que toutes les traditions appellent "le coeur de l'être"...
Sur le dessin, on voit bien, sur le mandala multicolore, cette figure centrale qui tente de "maintenir" tous les rayons colorés, toutes les facettes de l'être...ensemble, pour en faire un "tout".
Elle apparaît sous forme d'un "petit bonhomme" et cela me plaît bien...car, pour moi (d'après mon expérience), le Soi n'est pas une abstraction, mais "quelqu'un"...
Écrit par : La Licorne | 21/11/2013
On dit que pour bien voir une montagne, il faut s'en éloigner. C'est peut-être vrai aussi pour soi-même et la conscience de soi.
Écrit par : r_i_d | 21/11/2013
Tout cela me dépasse un peu et je n'ai pas grand chose à dire sur ces sujets. J'admire tous ceux qui peuvent disserter ainsi. Mais je suis ouvert et continue à lire tout ce qui est écrit. On apprend à tout âge et puis cela ne m'empêche pas d'intervenir de temps en temps.
Écrit par : Daniel | 21/11/2013
Comme La mère Castor et Daniel, je ne sais pas commenter cette fois-ci. Et puis mon cerveau est un peu fatigué, vu mon état général, mais il s'améliore avec du Lévothyrox. Bon après midi.
Écrit par : elisabeth | 21/11/2013
@ La Mère Castor, il n'est pas important de commenter et si je propose ce travail c'est pour que des personnes comme toi, cultivées mais ne connaissant pas Jung lisent un peu de ces textes. Il arrive parfois qu'au détour d'une phrase quelque chose qui nous était destiné s'éclaire en nous.
Écrit par : ariaga | 21/11/2013
@ Aslé, tes grosse bottes de princesse t'ont conduite sur le bon chemin ...
Écrit par : ariaga | 21/11/2013
@ Tilk, entre artistes vous vous comprenez ...
Écrit par : ariaga | 21/11/2013
@ Mariedumonde, de puis qu'elle sort de l'obscurité par un long travail notre conscience ne fait que s'élargir mas tu sais comme moi que c'est un long travail et qu'elle peut être "polluée" par beaucoup de nuisances. Fais un petit effort pour cette vie, rien que pour me faire plaisir ...
Écrit par : ariaga | 21/11/2013
Pour faire écho au dernier paragraphe, Ariaga, voici un passage du "Sel des rêves" de Pierre Trigano :
"...s'il est certes très facile de repérer les formes les plus aiguës et les plus aliénées de l'inflation du moi, notamment au niveau collectif de l'histoire humaine, il est moins évident de comprendre qu'elle est, à une échelle moins spectaculaire et même mineure, la pathologie la plus quotidienne et la plus universelle de notre monde.
En vérité, chaque fois (et cela peut nous arriver plusieurs fois par jour) que nous considérons que "mon" point de vue, "ma" doctrine, etc...sont porteurs d'intérêt et que le point de vue des autres ne vaut rien, chaque fois que nous refusons d'être interpellés par eux, alors nous sommes dans l'inflation du moi.
Chaque fois que le moi refuse son inscription ontologique dans la relation à l'autre (extérieur et intérieur), il est dans un dérapage inflationniste.
Or, fondamentalement, nous vivons aujourd'hui dans une civilisation planétaire ultra-rationaliste qui tend à faire de ce dérapage pathologique la normalité.
Cette civilisation (...) cultive en effet l'image d'un moi qui se veut le centre unique de l'être, qui ne peut compter que sur lui-même et qui a perdu toute relation à la transcendance du Soi, de l'Autre intérieur.
Dès lors, les autres extérieurs restent précisément à l'extérieur, et il ne les rencontre pas comme des possibles de son être humain, d'autres possibles de lui-m^me dont la rencontre alchimique (favorisée par le Soi) susciterait une différenciation multilatérale incessante.
La société moderne risque ainsi d'être simplement une société de compétition narcissique dans laquelle tous les moi sont inflationnistes, ne vivent jamais entre eux une relation véritable, et où chacun viserait à se faire reconnaître comme le premier contre tous les autres, suscitant tout un cortège de souffrances, violences, et malheurs pour tous."
Écrit par : La Licorne | 21/11/2013
La conscience discriminante, c’est à dire l’aptitude mentale qui permet de distinguer et de séparer, peut être considérée comme la meilleure ou comme la pire des aptitudes de l’être humain selon qu’elle demeure harmonieusement associée aux autres aptitudes humaines naturelles avec lesquelles elle coopère ou qu’au contraire elle domine tyranniquement ces autres aptitudes en s’hypertrophiant et en détruisant ainsi l’équilibre propice au bon développement de l’être et de la vie, au niveau individuel comme au niveau collectif.
L’humain dont la conscience discriminante s’est hypertrophiée aux dépens de la bonne jouissance de ses autres aptitudes naturelles est un être en déséquilibre dont la chute et la disparition semblent assez probables.
Le "bien" et le "mal" sont donc tous deux en germe dans la conscience discriminante et c’est le respect ou le non respect de l’équilibre psychique global qui fera croître davantage l’un ou l’autre de ces germes.
Quant à savoir si, dans l’absolu, "dans le projet divin", le bien est la poursuite de l’aventure de la Vie et de de la vie humaine ou s’il est au contraire la fin de cette aventure, je ne saurais bien sûr le dire ; mais il me semble que c’est la poursuite de l’aventure de la Conscience la plus large, la poursuite et la découverte de la Conscience de Soi qui est notre chemin de réalisation à chacun et à tous.
Écrit par : Amezeg | 21/11/2013
donc si l'inconscient existe cela met à mal l'histoire du libre arbitre...
besos
tilk
Écrit par : tilk | 22/11/2013
« Ma vie est l’histoire d’une réalisation du Soi par l’inconscient. », dit Jung dans la première phrase ouvrant le prologue de "Ma vie". Le libre arbitre est-il ou n’est-il pas au programme de cette réalisation, c’est peut-être à chacun de le découvrir et de découvrir ainsi la réalité paradoxale de cette marge de liberté accordée/associée au porteur individuel de la petite lumière de conscience qui évolue enveloppé par l’immense ténèbre de l’inconscient, par l’obscurité du mystère de la Nature...
Écrit par : Amezeg | 22/11/2013
J'aimerai être au centre de l'idée, je viens de relire quelques basiques de Spinoza et Kant et je me sens déterminé à poursuivre dans cette voie
Écrit par : Thierry | 22/11/2013
Étienne Perrot, authentique continuateur de Jung dans la voie alchimique, nous parle ici de la conscience :
« Le problème que nous examinons se complique encore du fait que le domaine présenté comme « inconscient » abrite une conscience supérieure. L'œuvre intérieure consiste à extraire cette conscience profonde de l'obscurité où elle se trouve et à la faire monter dans le champ de notre conscience individuelle. Elle bouleversera notre vision et nos valeurs en leur substituant un ordre qui n'est plus celui du moi séparé, mais un savoir et une sagesse qui le dépassent infiniment : sagesse cosmique, science «divine», ou, dans les termes de Jung, «savoir absolu». L'individu n'en est que le témoin et le reflet. Mais pour parvenir à cette clarté, nous devons renoncer à nos clartés propres et plonger dans la nuit : « O nuit qui m'as guidé, ô nuit plus aimable que l'aurore ! » Ces vers célèbres de Jean de la Croix comptent parmi les textes mystiques qui trouvent le plus d'écho à notre époque. Ce fait atteste la fragilité croissante d'un ordre rationnel battu en brèche de tous côtés. L'expérience de « la nuit obscure » est devenue commune en ce siècle, et son nom est « angoisse ». Il est toutefois un paradoxe qui compte, à nos yeux, parmi les plus surprenants et les plus douloureux du chemin intérieur : c'est le petit nombre de ceux qui parviennent à tirer de cette nuit toute la lumière dont elle est grosse. La raison n'en est pas difficile à discerner. Nous pourrons la dénommer « instinct de conservation du moi». Cet instinct, certes, est légitime dans un certain sens. La lumière nouvelle de la conscience née de la profondeur ne pourra briller que dans un sujet individuel qui aura vaillamment lutté pour subsister dans la traversée de la nuit mortelle. Il n'en reste pas moins que c'est la totalité de l'être qui aura dû, au départ, consentir à l'occultation, à la remise en cause. C'est ici que se vérifient les affirmations de la « philosophie éternelle » sur « le petit nombre des élus ». Et, naturellement, plus l'individu est riche et « structuré », plus il répugne à la perspective d'exposer sa personnalité « forte » et organisée. Si le domaine de la nuit et l'expérience intérieure l'attirent, il dosera savamment le risque et les précautions, et saura goûter à « l'au-delà » juste assez pour pouvoir satisfaire sa curiosité et sa bonne conscience. L’érudition viendra étayer ses intuitions et lui permettra de compenser par « l'avoir » ce qu'il n'aura pas pu ou su changer en substance, en «être». Et c'est ainsi que la littérature s'enrichira d'aperçus nouveaux sur la voie spirituelle, «l'union transformante», la réalisation libératrice, et, naturellement, la transmutation alchimique. » Étienne Perrot, " Des étoiles et des pierres", chapitre XI : Musique de nuit - I : L’entrée dans la nuit – Éditions La Fontaine de Pierre
Commentaire 1/2 (à suivre)
Écrit par : Amezeg | 22/11/2013
Commentaire 2/2 – suite :
« Par contre, quiconque est appelé à recueillir des confidences, à voir des êtres lui exposer leur état intérieur, ne cesse de s'émer¬veiller de voir les prodiges de courage et de sagesse accomplis 'chez des humbles qui n'ont jamais ouvert un livre traitant de la transformation. Et il s'écrie à son tour : «Je Te loue de ce que Tu as caché ces choses aux sages et aux savants pour les révéler aux petits. »
Ce paradoxe, pour éternel qu'il soit, constitue une pierre de touche impitoyable en face de laquelle peu trouvent grâce. Et, pour rendre les choses encore plus complexes, ceux qu'elle épargne sont précisément ceux qui demeurent cachés et ignorés. Le devant de la scène est ainsi occupé par des doctes qui parlent pour se dispenser de devenir, parce que devenir signifie d'abord se taire pour mourir. La confusion devient ainsi inextricable : n'y a-t-il pas là, pour le chercheur sincère, de quoi sombrer dans le désespoir ? Car, enfin, il faut bien faire confiance à quelqu'un et chercher un appui avant de pouvoir marcher seul et se sentir investi soi-même de l'autorité intérieure.
La réponse existe. Elle vient « d'ailleurs ». Elle émane de cette étoile dont la lumière brille doucement au fond de notre nuit, dans notre « ciel chymique » qui est notre essence et notre centre transpersonnel. Son or raffiné au creuset nous conduit, épreuves après épreuves, à détourner notre regard des apparences voyantes, à ne pas nous laisser prendre par l'éclat des pensées et des mots et à discerner dans ceux-ci la trace, fût-elle infime, de la vérité et du sens qui viendront renforcer en nous la petite lumière. C'est la chaîne philosophique que nous devons tenir fermement à la main pendant la traversée du labyrinthe noc¬turne. Nous pouvons être assurés qu'au prix de maintes chutes et de maints arrêts au fond d'impasses, elle nous conduira à la demeure de l'or.» Étienne Perrot, " Des étoiles et des pierres", chapitre XI : Musique de nuit - I : L’entrée dans la nuit – Éditions La Fontaine de Pierre
Écrit par : Amezeg | 22/11/2013
@ Daniel, pourquoi dis tu que tu n'as rien à dire alors que ton premier commentaire était si plein de philosophique bon sens ? Ferais tu une crise de dépréciation de ton bel "esprit" ?
Écrit par : ariaga | 22/11/2013
@ La licorne, je suis ravie que tu cites un texte de mon très ancien et si cher ami Pierre Trigano. Merci pour tes autres commentaires mais tu comprendras que celui-là ait retenu mon attention.
Écrit par : ariaga | 22/11/2013
@ Amezeg, et toi, tu cites le génial Étienne Perrot, je suis comblée aujourd'hui et cela est une bonne compensation pour des journées un peu éprouvantes. Merci.
Écrit par : ariaga | 22/11/2013
@ r-i-d-, oui, et ainsi, on risque moins l'inflation car de loin on peut regarder l'ensemble.
Écrit par : ariaga | 22/11/2013
@Thierry, Spinoza, je te suis, c'est un de mes "maitres" mais kant, je te le laisse il m'a fait trop souffrir !
Écrit par : ariaga | 23/11/2013
@ Élisabeth, je souhaite que ton cerveau aille mieux mais ton médicament qui a un nom de monstre du style tyrannosaure m'effraie un peu.
Écrit par : ariaga | 23/11/2013
Je ne suis en rien un spécialiste, mais j'ai l'impression qu'il n'y a pas réellement de conscience, mais plus des réactions très variables aux émotions, souvenirs et empreintes culturels cachés. Le Moi me semble échapper au Soi que l'on croit être... ou devoir être, et la conscience plus intuitive que raisonnée. Ce n'est qu'une réflexion en passant, car je dis souvent que je suis devenu géographe physique quand j'ai compris que les pierres avaient le mérite de ne pas parler (mais pas muettes... il faut simplement les interroger autrement)
Écrit par : ÉPHÊME | 23/11/2013
ÉPHÊME , j’aime la façon dont Jung parle de la réalité de la conscience dans ce passage de "Ma vie" et je me demande si cela ne peut rien évoquer pour le géographe physique qui déclare douter de cette réalité :
« Partant de Nairobi, nous visitâmes dans une petite Ford les Athi Plains, grande réserve de gibier. Sur une colline peu élevée, dans cette vaste savane, un spectacle sans pareil nous attendait. Jusqu'à l'horizon le plus lointain nous aperçûmes d'immenses troupeaux : gazelles, antilopes, gnous, zèbres, phacochères, etc. Tout en paissant et remuant leurs têtes, les bêtes des troupeaux avançaient en un cours insensible — à peine percevait-on le cri mélancolique d'un oiseau de proie : c'était le silence du commencement éternel, le monde comme il avait toujours été dans l'état de non-être; car jusqu'à une époque toute récente personne n'était là pour savoir que c'était « ce monde ». Je m'éloignai de mes compagnons jusqu'à les perdre de vue. J'avais le sentiment d'être tout à fait seul. J'étais alors le premier homme qui savait que cela était le monde, et qui par sa connaissance venait, seulement de le créer réellement.
C'est ici qu'avec une éblouissante clarté, m'apparut la valeur cosmique de la conscience : Quod natura relinquit imperfectum, ars perficit (« Ce que la nature laisse incomplet, l'art le parfait »), est-il dit dans l'alchimie. L'homme, moi, en un acte invisible de création, ai mené le monde à son accomplissement en lui conférant existence objective. On a attribué cet acte au seul créateur, sans prendre garde que, ce faisant, on ravale la vie et l'être, y compris l'âme humaine, à n'être qu'une machine calculée dans ses moindres détails qui continue sur sa lancée, dénuée de, sens, en se conformant à des règles connues d'avance et prédéterminées. Dans la désolation d'un tel mécanisme d'horlogerie, il n'y a plus de drame de l'homme, du monde et de Dieu; plus de « jour nouveau » qui mènerait à des « rives nouvelles », mais simplement le désert de processus calculés d'avance. Mon vieil ami Pueblo me revint en mémoire : il croyait que la raison d'être de ses Pueblos était le devoir qu'ils avaient d'aider leur Père le Soleil à traverser chaque jour le ciel. J'avais envié chez eux cette plénitude de sens et recherché sans espoir notre propre mythe. Maintenant je l'appréhendais, et je savais en outre que l'homme est indispensable à la perfection de la création, que, plus encore, il est lui-même le second créateur du monde; l'homme lui donne pour la première fois l'être objectif — sans lequel, jamais entendu, jamais vu, dévorant silencieusement, enfantant, mourant, hochant la tête pendant des centaines de millions d'années, le monde se déroulerait dans la nuit la plus profonde du non-être pour atteindre une fin indéterminée. La conscience humaine, la première, a créé l'existence objective et la signification et c'est ainsi que l'homme a trouvé sa place indispensable dans le grand processus de l'être. »
C.G.Jung "Ma vie", chapitre IX : Voyages – Kenya et Ouganda, Éditions Gallimard
Écrit par : Amezeg | 24/11/2013
Entièrement d'accord avec Jung, dans des lieux magiques comme les Tassilis, les belles grottes ornées non ouvertes où, rampant sur la dos avec une lenteur mystique, je voyais devant moi, à 30 cm du bout de mon nez, des merveilles vieilles de 25 000 ans. Mon texte, écrit au fil "de la plume" du clavier, tente d'évoquer cette sensation qu'en plus de ce sentiment de maillon dans une immense chaîne qu'exprime si bien C.J, le maillon est déformé INCONSCIEMMENT par une multitude de champs émotionnels et factuels. Mais ce n'est qu'une impression personnelle.
Amitiés Plouezochiennes.
Écrit par : ÉPHÊME | 25/11/2013