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29/03/2014
Une lettre d'anniversaire de Jung
En ouvrant, au hasard, le dernier tome de la correspondance de Jung, j'ai lu une lettre qui m'a émue car elle montre un homme simple, aimant faire plaisir, même à des inconnus. Il faut aussi savoir qu'il était à la fin de sa vie et que sa correspondance lui demandait beaucoup d'efforts. Cela ne l'empêchait pas de répondre aux nombreuses sollicitations.
Le fils du destinataire de cette lettre ne connaissait pas Jung mais il lui avait demandé d'envoyer une lettre de vœux à son père pour ses soixante dix ans. Le père n'avait jamais rencontré Jung mais avait pour lui une grande admiration. Je suppose que ce fils attentionné voulait faire à son père un très beau cadeau d'anniversaire avec un écrit de la main de ce grand homme. Voici cette lettre datée du 27 octobre 1958 :
"Un petit oiseau m'a appris que vous avez atteint votre soixante-dizième anniversaire. Bien que je ne vous connaisse pas, je présume que vous êtes assez heureux de cette réussite. Ce n'est pas rien. Je peux en parler moi-même avec quelque autorité puisque j'en suis à ma quatre-vingt-quatrième année, que je me trouve en assez bonne forme encore et que lorsque je regarde derrière moi, comme vous le faites probablement en ce jour de célébrations et de congratulations, je vois la longue file de mes cinq enfants, de mes dix-neuf petits-enfants, et de mes huit ou neuf arrière-petits-enfants (leur nombre n'est pas tout à fait certain, car à intervalles réguliers il en tombe un nouveau du ciel). La jeunesse arrive à sa maturité, comme on dit, à soixante dix ans ; à certains égards elle n'est pas aussi agréable, mais à d'autres elle est plus belle que l'enfance. Je veux croire que dans votre cas la deuxième partie de cette phrase se justifie d'elle-même.
Avec mes meilleurs vœux."
Je pense que le destinataire, un américain, à été ravi de son cadeau. Je vais réfléchir à ma grande détestation des anniversaires. C'est une leçon que le livre se soit ouvert à cette page et cela signifie probablement que je dois changer d'attitude ...
Ariaga
17:30 Publié dans Citations, Jung et la psychologie des profondeurs, Philosophie, photo | Lien permanent | Commentaires (40) | Tags : écriture, citation, société, anniversaire, jung, philosophie, culture, vieillesse
Commentaires
En même temps que le changement d'heure d'été, celle de ton anniversaire serait-elle venue ? En tous cas, grosses bises chère Ariaga !
Écrit par : Lechantdupain | 29/03/2014
Très touchant et très vrai (même si je fais moins autorité que Jung ;) )
chaleureusement
Frédéric
Écrit par : Frédéric | 29/03/2014
Quelle lettre revigorante vous nous révélez là , j'en suis ragaillardi moi qui ne suis plus très loin de mes 70 ans ! Je suis honoré de votre demande de créer un lien et je vais pour y répondre créer une rubrique "Blogs amis"
mais il faut que vous m'adressiez l'adresse html de votre blog sur mon mail : cldesneux@gmail.com
Bonne soirée
Écrit par : Old Nut | 29/03/2014
Cette lettre est très touchante et emprunte de délicatesse. Plus on vieillit et plus on se rend compte de l'importance du temps qui passe. L'insouciance laisse peu à peu place à la méditation et le réflexion.
Écrit par : Daniel | 30/03/2014
Ariaga, je te remercie de nous avoir transmis cette lettre si touchante qui parle de l'âge avec tant de sagesse. Celui qui l'a reçue a dû en être bien heureux. Bon dimanche et bises
Écrit par : danae | 30/03/2014
Une lettre très émouvante d'un homme qui parle avec son coeur. Merci pour ce partage Ariaga.
amicalement
Écrit par : plume bleue | 30/03/2014
C'est beau ces enfants qui tombent du ciel...
Écrit par : la Mère Castor | 30/03/2014
@ lechantdupain, non, ce n'est pas mon anniversaire, je suis Capricorne, mais merci pour les bises.
Écrit par : Ariaga | 30/03/2014
@ Old Nut, exactement, elle est revigorante. En effet, j'apprécie ton blog et je vais (un peu de patience...) suivre les instructions de cette chère vieille noix !
Écrit par : Ariaga | 30/03/2014
@ Frédéric, heureuse que tu apprécies.
Écrit par : Ariaga | 30/03/2014
@ Daniel, la méditation et la réflexion oui, mais aussi retrouver en soi l'enfant rieur qui laisse advenir la vie comme un cadeau.
Écrit par : Ariaga | 30/03/2014
De cette jolie lettre s'exhale la bonté intemporelle d'un cœur d'Enfant ... Bien chaleureusement, chère âmie Ariaga
Écrit par : Phène | 31/03/2014
C'est très beau de pouvoir exprimer tout cela, la vie est magnifique, si on la veut ainsi. Les anniversaires sont des moments de plus en plus incroyables en "prenant de l'age", il y a l'age de l’État civil, celui de notre corps et celui de notre cœur, c'est ce dernier qui me semble le plus intéressant. Bises. brigitte
Écrit par : Plumes d Anges | 31/03/2014
@ Danae, en effet Jung à la fin de sa vie était un sage mais je crois que les passions, en particulier celle de la curiosité, étaient encore très vivantes en lui, heureusement !
Écrit par : Ariaga | 31/03/2014
@Danae bis, j'ai mis un commentaire sur ton blog mais on m'a dit qu'il était en dérangement. Je retournerai.
Écrit par : Ariaga | 31/03/2014
@ plume bleue, je suis vraiment ravie que tu aies à nouveau écrit sur ton blog.
Écrit par : Ariaga | 31/03/2014
@ la Mère Castor, oui, ce sont des cadeaux de la vie.
Écrit par : Ariaga | 31/03/2014
il n'y a pas de mal à faire plaisir
besos
tilk
Écrit par : tilk | 01/04/2014
Drôlement bien tournés, ces voeux d'anniversaire ! actuellement on a tendance à refouler notre âge, à ne pas vouloir "vieillir", comme si c'était une tare. De quoi se réconcilier avec "tout ce qui nous tombe du ciel" en effet.
La question que je me pose, en digne curieuse que je suis, c'est : pourquoi étais tu fâchée avec les anniversaires, Capricornette ?
Écrit par : petit Sucre | 01/04/2014
Ce qui est "énervant", c'est (pour moi) la banalisation des anniversaires, son côté "obligé et cadeaux"...Mais lorsque c'est un acte comme celui-là (j'allais écrire un acte d'amour), cela devient un beau partage et c'est vraiment différent. Tu peux donc très bien continuer ta "détestation" pour une fête purement commerciale (une de plus) et apprécier par contre un moment particulier avec celles et ceux avec qui tu choisiras de fêter un anniversaire. Amitiés.
Écrit par : Louis-Paul | 01/04/2014
"cela signifie probablement que je dois changer d'attitude ..."
Ou autre chose...
J'aime particulièrement ces mots : "La jeunesse arrive à sa maturité, comme on dit, à soixante dix ans ; à certains égards elle n'est pas aussi agréable, mais à d'autres elle est plus belle que l'enfance."
Bonne soirée à toi, Ariaga
Écrit par : Miche | 01/04/2014
@ Phène, c'est beau ce que tu dis là !
Écrit par : Ariaga | 01/04/2014
@ Plumes d'Anges, en effet on parle souvent de l'âge de nos artères mais l'âge du coeur est bien plus important, je pense à ce que dis Phène.
Écrit par : Ariaga | 01/04/2014
@ non Tilk, il n'y a pas de mal à faire plaisir mais il ne faut pas se tromper quand on croit faire plaisir. Parfois c'est à soi même que l'on fait plaisir.
Écrit par : Ariaga | 01/04/2014
@ Petit Sucre, je ne sais pas trop. Je crois que je pensais qu'il n'y avait rien à célébrer. J'évolue ...
Écrit par : Ariaga | 01/04/2014
Roue, moyeux, rayons
pas une histoire de crayon
une fête en mot , un fort hein !
un fortin pas inexpugnable
des phrases pas banales
pas bancales non plus
ce sont ses surprises qui meuvent
dans le grand cercle du voyage de la vie
l'axe permet l'avancée
le moyeux centre
et les rayons transmettent cette force
rien n'est plus pareil
Écrit par : Thierry | 02/04/2014
Du foreign office il ne faut plus dépendre autant,
Il faut craindre le sire qu’on fait rance
À force de le baratter loin du centre immobile
Et vraiment souverain.
Il faut faire retour chez Soi,
Redresser les rayons trop tordus dans le sens de l’ego
Afin que la roue dévoilée à son tour nous dévoile
La magie de la fête naissant de l’immobile qui se fait mouvement.
Écrit par : Amezeg | 02/04/2014
Tu as raison de t'attacher à cette détestation car s'il y a du haut voltage, il y a chose à régler comme disait Von Franz...moi c'est de l'indifférence, confirmé encore il y a quelques jours.
Bises
Jean
Écrit par : Jean | 02/04/2014
@ Louis Paul, tu me donnes de bonnes idées sur la future qualité de mes anniversaires. C'est l'optique qui doit changer ...
Écrit par : Ariaga | 03/04/2014
@ Miche, moi aussi j'aime particulièrement ces mots.
Écrit par : Ariaga | 03/04/2014
@ Thierry, merci pour ce texte inspiré par la photo.
Écrit par : Ariaga | 03/04/2014
@ Amezeg, et toi aussi tu me gâtes. Cela me montre que , même si parfois la relation avec le texte est très subjective, j'ai raison, quand je peux, de mettre une photo.
Écrit par : Ariaga | 03/04/2014
@ Jean, je crois que le mot détestation était un peu fort car, ce n'est pas le changement d'année qui m'énerve mais les manifestations autour comme si c'était un événement important alors que c'est chaque jour qui est important . Mais j'évolue ...
Écrit par : Ariaga | 03/04/2014
Il est vrai, Ariaga, qu’au niveau de sa circonférence, chacun voit tourner la roue des années...
Écrit par : Amezeg | 03/04/2014
pas de roulement de tambour mais des roulements à bille
pour rajeunir et s'amuser et puis une burette pour bien graisser
le tout avant que ça ne grince trop et pourquoi pas des cartons
et une pince à linge juste pour le fun, au fait la bicyclette bleue
est orpheline...
Écrit par : Thierry | 03/04/2014
Le roulement parfois déshabille,
Ôte même au reclus la bure raide
Dans laquelle, engoncé,
Comme dans un lange d’un autre âge,
Il tenait la porte fermée au souffle de la liberté
Qui est vent de dépouillement :
Adieu petit vélo grinçant !
Adieu funiculaire de mes trop hauts, de mes trop bas !
J’en pince maintenant pour le nomade fils du vent !
Écrit par : Amezeg | 03/04/2014
@ Thierry, tu me donnes une idée, je vais aller faire graisser mes articulations !
Écrit par : Ariaga | 04/04/2014
@ Amezeg, tu es le barde de ce blog.
Écrit par : Ariaga | 04/04/2014
Merci pour cette belle lettre que je n'avais pas encore lue. Ma jeunesse n'est pas encore arrivée à maturité si je comprends bien. Bon, alors j'attendrai le jour J. Bonne fin de semaine.
Écrit par : elisabeth | 01/05/2014
@ Élisabeth, je crois que cette lettre touche chacun d'une manière différente et que la maturité c'est dans la tête.
Écrit par : Ariaga | 02/05/2014