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08/12/2016

Vieilles mains

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Photo Ariaga, vieux bois

 

Carte des taches brunes, refuge de soleils éteints,

veines bleues itinéraire de vie,

ses mains sont vieilles et assoiffées d'amour.

 

Ces petites mains sèches,

elle les voudrait immenses,

absorbant toutes les souffrances,

buveuses des larmes du monde,

avant que ne s'ouvre la grande faille

où va se dissoudre sa peau.

Ariaga

29/03/2014

Une lettre d'anniversaire de Jung

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En ouvrant, au hasard, le dernier tome de la correspondance de Jung, j'ai lu une lettre qui m'a émue car elle montre un homme simple, aimant faire plaisir, même à des inconnus. Il faut aussi savoir qu'il était à la fin de sa vie et que sa correspondance lui demandait beaucoup d'efforts. Cela ne l'empêchait pas de répondre aux nombreuses sollicitations.

Le fils du destinataire de cette lettre ne connaissait pas Jung mais il lui avait demandé d'envoyer une lettre de vœux à son père pour ses soixante dix ans. Le père n'avait jamais rencontré Jung mais avait pour lui une grande admiration. Je suppose que ce fils attentionné voulait faire à son père un très beau cadeau d'anniversaire avec un écrit de la main de ce grand homme. Voici cette lettre datée du 27 octobre 1958 :

"Un petit oiseau m'a appris que vous avez atteint votre soixante-dizième anniversaire. Bien que je ne vous connaisse pas, je présume que vous êtes assez heureux de cette réussite. Ce n'est pas rien. Je peux en parler moi-même avec quelque autorité puisque j'en suis à ma quatre-vingt-quatrième année, que je me trouve en assez bonne forme encore et que lorsque je regarde derrière moi, comme vous le faites probablement en ce jour de célébrations et de congratulations, je vois la longue file de mes cinq enfants, de mes dix-neuf petits-enfants, et de mes huit ou neuf arrière-petits-enfants (leur nombre n'est pas tout à fait certain, car à intervalles réguliers il en tombe un nouveau du ciel). La jeunesse arrive à sa maturité, comme on dit, à soixante dix ans ; à certains égards elle n'est pas aussi agréable, mais à d'autres elle est plus belle que l'enfance. Je veux croire que dans votre cas la deuxième partie de cette phrase se justifie d'elle-même.

Avec mes meilleurs vœux."

Je pense que le destinataire, un américain, à été ravi de son cadeau. Je vais réfléchir à ma grande détestation des anniversaires. C'est une leçon que le livre se soit ouvert à cette page et cela signifie probablement que je dois changer d'attitude ...

Ariaga

 

29/03/2013

Vieillesse et liberté d'expression

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Sur le plan de l'expression des idées, si certaines personnes deviennent craintives en vieillissant et ne veulent surtout pas abîmer l'idée qu'elles se font d'elles même, et surtout l'image qu'elles veulent proposer à autrui, il en est d'autres que la vieillesse libère. Elle donne la liberté d'exprimer ses idées sans se soucier des conséquences sur une carrière et rend plus indifférent à la critique. C.G.JUNG me semble un bon exemple de cette évolution.

Jung a longtemps eu des réponses ambiguës à certains problèmes d'ordre  psychologique ou philosophique. Je pense que la complexité de son attitude pouvait s'expliquer à la fois par son goût du paradoxe et par la dualité entre un Jung très rationnel, voulant limiter ses propos au domaine empirique, et un Jung affectif, sujet à des émotions et des intuitions.  À partir de sa grave maladie en 1944, il approchait des soixante dix ans, il a laissé plus librement cours à son affectivité car l'opinion d'autrui lui était devenue parfaitement indifférente.

Dans les dernières années de sa vie, alors qu'il est toujours aussi "brillant" intellectuellement, il considère comme un "devoir éthique" de dire ce qu'il pense et ressent, même si ce n'est pas vérifiable scientifiquement. Il a même décidé de toucher au domaine religieux, ce qui n'est pas aisé pour un médecin. Dans son ouvrage tellement controversé Réponse à Job, publié en 1952, il écrit :

"Ce n'est pas sans motif que j'ai moi-même attendu d'avoir soixante seize ans avant d'oser réellement me rendre exactement compte de la nature de ces "représentations supérieures" qui décident, de façon infiniment importante pour la vie quotidienne, de notre comportement éthique."

Il avait conscience de la tempête que déclencherait un livre où il est dit que les contraires sont contenus en Dieu, que l'on ne peut pas négliger sa face obscure, et, chose encore plus sulfureuse, que l'élément féminin manque à la totalité divine !  Et pourtant il n'a pas hésité et a été bombardé de critiques ... auxquelles il a répondu avec virulence ...

J'espère que l'exemple de Jung consolera tous les amis lecteurs qui, comme moi, commencent à sentir le poids des années :  Vieillesse = liberté d'expression.

Ariaga