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25/11/2012

Pierre Teilhard de Chardin

Aujourd'hui, je vous propose un note sur Pierre Teilhard de Chardin rédigée par Jean Bissur, auteur avec lequel j'ai lié des relations d'amitié à partir de notre intérêt commun pour C.G. Jung. Je ne vous conseillerai jamais assez d'aller sur son blog intitulé  Autour de Carl.  Ariaga.

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Voici un nom qui reste dans la mémoire collective mais assez peu connaissent l'oeuvre de cet homme au parcours atypique, contemporain de Jung. Éducation catholique rigoureuse, ordonné prêtre de la communauté jésuite à 30 ans, formé à la paléontologie où ses recherches aboutiront à des découvertes encore reconnues aujourd'hui. Un homme de science et de religion engagé qui puisera dans ces sources pour aboutir à des thèmes qui ne peuvent qu'émouvoir les jungiens en particulier et le "cherchant" en général. Deux caractéristiques principales : la conviction que l'évolution de l'homme l'amènera à une spiritualisation de la matière, plus haut degré de spiritualité et  celle qui présente esprit et matière comme deux facettes de la même réalité, tiens donc...

L'homme
En lisant la biographie de De Chardin, j'ai retrouvé des similitudes avec la personnalité de Jung (et probablement communes à tous les grands esprits); citons en particulier l'amour de l'humain, une force et un dévouement inouï pour ses recherches, qui le conduiront jusqu'au sacrifice ultime (en découvrant sa publication sur le Pêche originel, qui le mènera à une mise à l'index de l'église et de lourdes contraintes posées par son ordre, je revoyais Jung abandonnant l'école freudienne en publiant ses Métamorphoses de l'âme).

Sa pensée
Je vais m'éloigner un peu de la paléontologie. Ses travaux sur l'évolution de l'espèce humaine (alliés à ses connaissances théologiques) l'amenèrent à certains concepts qui ne seront pas sans nous évoquer ceux de Jung.
Nous pourrions résumer ceci par cette phrase : l’évolution est une montée spirituelle qui a sa source dans la « puissance spirituelle de la matière ». Pour De Chardin, un examen critique de l'histoire de l'espèce humaine aboutit à la conclusion suivante : l'homme est conduit naturellement à une spiritualisation de plus en plus structurée et extériorisée, impliquant une conscience en continuelle accroissement (formulation différente mais idée identique exprimée par Jung lorsqu'il mentionne les primitifs et leur spiritualité basée sur des projections "les esprits de la nature").
Il nous faut mentionner également sa théorie de l’énergie qu'il considère comme l'élément originaire de la vie elle-même. Il la conçoit à l'origine de nature psychique, se différenciant ensuite en énergie physique et en matière. Esprit et matière seraient donc intrinsèquement liés. L'homme serait porteur de ce potentiel spirituel, étant le seul être vivant pouvant connaître une croissance continue de la conscience.

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 La noosphère
Le radical grec noüs désigne un concept aristotélicien évoquant le principe qui ordonne esprit et matière. Chardin emprunte le terme du chimiste et minéralogiste Vernadsky. Ce dernier voyait là la troisième étape du vivant, après la géosphère et la biosphère.
Il est délicat de résumer simplement le concept car De Chardin lui-même l'a développé, enrichi et précisé tout au long de sa vie...disons, de manière lapidaire, qu'il s'agirait d'un tissu vivant enveloppant la planète (à l'instar des couches de l'atmosphère) et constitué d'une part de la conscience de chaque individu depuis que l'homme possède une conscience de lui-même. Cette nappe issue de consciences posséderait elle-même sa propre faculté de pensée. Pour le jésuite, cette noosphère conduirait graduellement l'humanité a toujours plus de conscience, dépassant les civilisations, puis les sociétés, les lois puis l'éthique, pour renouer avec l'esprit immanent de la matière sous une forme unifiée de "spiritualité".

Jung écrira à la fin de sa vie qu'il était convaincu que De Chardin connaissait ses travaux...il est vrai que la noosphère et l'inconscient collectif ont indéniablement de forts liens de cousinage.

Enfin, j'invite les curieux à creuser du côté d'un projet scientifique assez atypique, le Global Consciousness Project qui me semble précisément correspondre à une tentative d'objectivation contemporaine de la notion d'inconscient collectif et de noosphère....

Jean Bissur

 

 

18/11/2012

Contes et alchimie

 

Loup dans l'eau.jpg

Photo Ariaga

( Suite de la note précédente de La gaillade conteuse. )

Le conte merveilleux, voyez-vous, est un chaudron. Si vous y entrez vraiment, le héros qui est en vous va y subir la transformation. Il est d’abord lourd, ce héros, il lui manque quelque chose, il macère dans son incomplétude, les deux pieds collés dans le plomb de l’ignorance. Puis le conte le pousse, de force, vers la blancheur de la nécessaire quête, tâche dont le sens lui échappe d’abord. Mais voilà qu’il se lève, qu’il ose, qu’il marche, qu’il s’extirpe de la fatalité, qu’il croit à ces personnages qui surgissent de l’invisible et qui rendent possible l’impossible, lui offrant un pouvoir qui permet de vaincre, de traverser innocemment les malédictions de toutes sortes. Et puis il arrive à ce rouge qu’il pressentait de plus en plus, le but de la quête, cette suprême énergie qui lui faisait défaut, cet amour, cette joie, cette vibration. Le voici pénétré par la lumière de son âme enfin trouvée. Et c’est le mariage chymique, les deux morceaux dispersés du symbolon qui se rejoignent.
Voilà pourquoi à la fin, aux petits, que l’on borde dans leur lit, on dit “ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants...”
Les contes merveilleux nous dévoilent cette merveille de l’alchimie dans les couleurs qui leur sont chères, toujours symboliques...”à la peau blanche, aux lèvres rouges, aux cheveux noirs...” “Marie la noire” “Marie en or” “l’oiseau blanc””la blanche et la noire épousée”. La neige, le sang, le corbeau, la lune, le soleil, le roi, la reine, les pierres précieuses, l’or et mille autres que je vous laisse trouver...
Partez dans les contes merveilleux, mes amis, c’est l’initiation d’or...

La gaillarde conteuse

11/11/2012

Le conte merveilleux

Les habitués du blog connaissent la gaillarde conteuse et pour ceux qui ne la connaissent pas allez sur son blog où vous pourrez avoir une idée de sa personne et de ses activités. Vous serez séduits par ses enchantements.

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Photo Ariaga

Dans ce lieu où je suis invitée à collaborer, jai envie de proposer une halte au cours de laquelle Rêve et Alchimie prendraient une place de Roi. Savez-vous, chers laborantins passionnés et fidèles, que les contes cachent dans leurs souterrains, la pierre rare de l’alchimie ? Principalement les contes que l’on nomme Merveilleux. Mais que signifie “merveilleux” quand il s’agit des contes ? N’allez pas entendre en lui uniquement cet adjectif que l’on utilise chaque fois qu’on s’extasie devant quelque chose de beau ou d’agréable. C’est le sens moderne, réduit mais je vais développer un autre sens car merveilleux" et "miroir" trouvent tous les deux leur origine dans le très ancien "mirus" qui signifiait étonnant.
Voyons de plus près ce miroir tel que l'exprime Eric Garnier :
“Le miroir est symbole de l’imagination et de la conscience. Il est lié à l’eau et au mythe de Narcisse. C’est une plaque qui reproduit les images et qui, d’une certaine façon, les renferme et les absorbe. Pour de nombreux symbolistes, les miroirs expriment la magie de la mémoire inconsciente. Les miroirs à main sont emblèmes de la vérité.”
Les contes merveilleux sont ces miroirs-là, puisqu’on s’y mire. Ils expriment la magie de la mémoire inconsciente.  Le conte merveilleux est un miroir et son contenu nous parle de nous, nous présente à nous-mêmes, voilà pourquoi ils nous intéressent, nous emportent, nous intriguent, voilà pourquoi les symboles qu’ils contiennent, qui sont les mêmes que ceux de nos rêves, nous fascinent.
A quoi reconnaît-on un conte merveilleux. Il met d’abord en scène soit un personnage ordinaire qui se trouve obligé de partir pour une quête impossible, soit un royaume incomplet, roi mort ou nul, reine morte ou nulle, donc un royaume dysharmonieux. Dans le premier cas, le héros est incapable d’y arriver seul il est aidé pour cela par un personnage de l’autre monde : fée, nain, animal qui parle, objet magique etc... C’est la simplicité, l’innocence du héros qui rend cette aide possible, qui en fait un “miracle”, et grâce à cette aide, la quête devient aisément possible, malgré toutes les malédictions qui peuvent pleuvoir, venant des forces du mal. C’est aussi cette simplicité et cette innocence du héros qui viennent à bout ces forces maléfiques. Si notre héros était angoissé, les forces du mal gagneraient. Dans le second cas, un événement va bouleverser le royaume, cet événement va attiser ou repousser les forces du mal qui empêchent l’harmonie et rendre à la royauté sa part masculine ou féminine manquante et ainsi parvenir à une totalité harmonieuse, la réunion des contraires, le mariage alchymique, un royaume enfin heureux, bon, complet et fort.
Nous contenons en nous tout ce qui compose un conte merveilleux. Absolument tout. Le conte merveilleux nous propose de partir en nous, en quête de notre totalité, de nous identifier aux forces maléfiques et bénéfiques - qui sont notre ombre et notre lumière à rencontrer, nos dieux et nos démons à connaître - de percer notre orgueil, de révéler enfin peut-être notre “innocence”, pour que nous appelions les énergies insufflées par l’autre monde, les recevions sans résistance, sans crainte et rendions enfin le miracle possible. Et l'alchimie ? Une autre fois ...

À suivre

La gaillarde conteuse

04/11/2012

Une histoire de caverne

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Photo ÉPHÊME et son clone

Je vous ai déjà raconté cette histoire il y a quelques années mais les plats réchauffés sont parfois encore meilleurs ...

Imaginez une caverne servant de demeure souterraine à des hommes prisonniers retenus là par je ne sais quelle puissance. Toute la largeur de la caverne est une entrée ouverte à la lumière. Depuis leur enfance, des hommes vivent enchaînés à la paroi par des liens leur immobilisant les jambes et le cou. La seule chose qu'ils peuvent voir est cette paroi et leur seule lumière vient d'un feu allumé sur une hauteur, au loin, derrière eux. Entre eux et le feu, une route élevée avec un petit mur semblable à celui derrière lequel se cachent les montreurs de marionnettes. De ce petit mur dépassent, manipulées par des hommes libres, diverses représentations, faites de matériaux variés d'objets de la vie, comme des animaux ou des plantes ou des êtres humains. Parmi ces manipulateurs, il y en a qui parlent, d'autres qui sont silencieux. Les hommes prisonniers ne voient que les ombres sur la paroi, n'entendent que des bribes de paroles qu'ils rattachent arbitrairement à ces ombres. Pour eux, les objets réels sont les ombres, c'est la seule idée qu'ils peuvent se faire du monde extérieur. 

Imaginez maintenant que l'on délivre un de ces prisonniers de ses chaînes. Il va se débattre, il faudra le contraindre car il n'a jamais connu d'autre vie. C'est de force qu'on l'arrache à sa caverne, qu'on l'oblige à lever les yeux vers la lumière, qu'on lui fait gravir la pente vers l'extérieur. Ébloui, il ne distingue rien et une douloureuse rééducation l'attend. Il distinguera d'abord les ombres, les reflets sur l'eau, après une longue accoutumance les hommes et les objets ; plus tard, les corps célestes pendant la nuit, et enfin le soleil dans toute sa splendeur. Il évoluera lentement jusqu'au moment où il aura une vision claire du fait que l'idée qu'il se faisait du monde, quand il vivait dans la caverne, était fausse. 

 

   Certains auront reconnu une partie de l'allégorie de la caverne de Platon, livre VII de La République, revu à la sauce Ariaga. Je ne vous ai pas raconté le moment où l'on oblige ce malheureux à faire douloureusement le chemin en sens inverse pour aller raconter son histoire à ses anciens compagnons d'infortune. Je trouve cela assez sadique. Je préfère vous proposer ce récit comme un symbole de l'illusion dont chacun, sans avoir recours à une difficile argumentation philosophique, pourra tirer ses propres conclusions.

 

        Ariaga