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28/01/2018

Le Diable de Jung

 

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Photo prise au Musée des automates de la Rochelle

C.G.Jung nous montre, dans ce texte extrait du Livre Rouge (p.244), comment, pendant la période où, pratiquant  des "descentes" dans les profondeurs de l'inconscient, il se confronte avec le Diable. On pense au Faust de Goethe et à la pratique de l'imagination active. J'ai souligné en gras ce qui m'a le plus interpellée. Ariaga.

***

" Je me suis confronté sérieusement au Diable et me suis comporté avec lui comme avec une personne réelle. C'est dans le mystère que j'ai appris à considérer de manière personnelle et avec sérieux ces entités inconnues qui vagabondent librement et habitent le monde intérieur, car elles sont réelles parce qu'elles agissent. Il ne sert à rien de dire dans l'esprit de ce temps : il n'y a pas de Diable. En moi il y en a eu un. Cela s'est produit en moi. J'ai fait de lui ce que j'ai pu. J'ai pu parler avec lui. 

[...] Ce serait fuir que de ne pas essayer de m'entendre avec lui. Si jamais tu as eu cette rare occasion de parler au Diable, n'oublie pas de te confronter sérieusement avec lui. Car il est ton Diable, après tout. Le Diable est en tant que contradicteur ton propre autre point de vue, qui te met à l'épreuve et qui dépose des obstacles sur ton chemin, là où tu peux le moins t'en servir.

Prendre le Diable en considération ne signifie pas passer dans son camp, sinon on est possédé par le Diable. Cela signifie bien plutôt : tenter de s'arranger. Par là, tu prends ton autre point de vue en considération. Ainsi le Diable perd un peu de terrain et toi aussi. Et cela pourrait être bon."

 

25/04/2013

Comment convaincre un auditeur

Une ombre dans la bonbonne.jpg

Vous savez, amis, la profonde influence de Goethe sur C.G.Jung.  Alors, en pensant à ce cher Carl Gustav dans l'oeuvre duquel j'ai à nouveau tendance à m'immerger, je vous propose, en attendant une note plus copieuse, une citation. 

Il s'agit des débuts du Faust I. Faust interrogé sur la possibilité de conquérir, de charmer et de convaincre un auditoire par de belles paroles répond :

"Si vous ne le sentez, vous essaierez en vain,

Si vous n'avez en vous l'éblouissante flamme

Qui jaillissant du coeur, persuade, convainc

Et force l'auditeur à vous ouvrir son âme,

Vous pouvez vous asseoir, cuire un pauvre ragoût

Des miettes de festin prises à d'autres tables,

Ranimer en soufflant des cendres misérables,

Les singes, les enfants, si c'est là votre goût,

Viendront vous admirer vous et vos patenôtres,

Mais jamais vous n'aurez accès au coeur des autres

Si ce n'est votre coeur qui leur parle pour vous."

J'aime beaucoup la fin, très simple et juste, et je crois que nous pouvons tous la méditer. Il y a des gens qui parlent admirablement et pourtant, quand leur discours est fini, il ne reste que du vent.

Ariaga

 

07/01/2008

C. G. Jung et le Faust de Goethe

   En ce début d'année je vais commencer un "feuilleton" alchimico-philosophique traitant de la relation de Jung avec la symbolique alchimique. J'aimerais que ceux qui ont un peu de courage aillent lire une introduction à ce sujet que j'avais écrite en Novembre 2006 : C.G.Jung et la chaîne d'or.(Cliquer sur le lien).

   La relation, consciente, de Jung à l'alchimie s'est faite d'une manière tardive. C'est , une fois de plus dans Ma vie, qu'il a décrit son cheminement vers ce qu'il considère comme le "pendant historique" de la psychologie des profondeurs. Je pense cependant que, comme pour sa relation avec Nietzche (un autre feuilleton prévu pour cette année 2008), ce lien avec l'univers des alchimistes existait d'une manière latente, bien avant les années trente, années où il commença un long travail de déchiffrage du sens des textes alchimiques qui le "tint en haleine plus de dix ans".

   La relation, indirecte, de Jung à l'alchimie, commence dès l'âge de seize ans à un moment de crise existentielle et spirituelle, quand sa mère, une personne très particulière, un peu effrayante, lui dit subitement cette simple phrase : "il faut que tu lises le Faust de Goethe". Cette lecture fut pour lui un moment miraculeux, un baume sur ses blessures d'adolescent tourmenté. Il trouvait là un homme qui prenait le diable au sérieux et qui voyait la puissance du mal qui enserrait le monde. Cela le changeait de son milieu de pasteurs où l'on ne parlait que du "bon "dieu. Le Faust faisait aussi allusion au grand mystère des Mères qui tourmentait beaucoup le jeune garçon. Le récit de la grande initiation finale demeura pour lui, à la limite de sa conscience, un événement merveilleux et mystérieux. Cette porte ouverte par Goethe le resta définitivement, contrairement à celle que Jung crut avoir claquée, vigoureusement et pour longtemps, sur l'angoissant Zarathoustra de Nierzsche. 

   Il ne se rendit pas compte, à cette époque, du côté alchimique d'une oeuvre au sujet de laquelle il écit dans une lettre de 1955, vers la fin de sa vie (Correspondance, T.IV, p. 65) :

    " La seconde partie du Faust m'a accompagné tout au long de mon existence, mais il y a seulement vingt ans que j'ai commencé à y voir un peu plus clair, surtout par la lecture des Noces Chymiques, livre que Goethe avait certes lu mais qu'il n'a pas mentionné - détail intéressant - parmi les ouvrages d'alchimie qu'il avait découvert pendant son séjour à Leipzig.  ...  il est vrai que goethe n'a à notre connaissance, utilisé qu'une littérature alchimique relativement tardive, et il m'a fallu étudier les ouvrages de l'Antiquité et du haut Moyen Âge pour me convaincre que le Faust dans ses deux partie, représentait un opus alchymicum dans le meilleur des termes.  "

   Il pense que le Faust est entièrement imprégné du mystère de la conjunctio, c'est à dire de la noce chymique. Ce ne sont d'ailleurs pas, à son avis, les ouvrages lus, oubliés ou non par goethe, qui ont fourni au Faust cet  arrière plan alchimique, mais des émergences du courant souterrain perdurant depuis Hermes Trismegiste, sous la forme de la chaîne d'or. Ces racines profondes lui semblent expliquer l'" effet de numinosité " produit par le Faust.  Le jeune Jung fut certainement sensible à cet effet de numinosité ; un lien intérieur fort, longtemps invisible, s'établit ainsi entre Jung et l'alchimie par l'intermédiaire d'un Goethe sont le Faust a été l'opus magnum, le grand oeuvre. 

(à suivre)

       Ariaga.