Je laisse à tous ceux qui ont l'habitude de fréquenter le Laboratoire du rêve et de l'Alchimie spirituelle les clefs du blog. Je m'absente pendant quelques jours pour tenter d'améliorer ce problème ce dos qui fait que je ne peux plus gérer ce blog avec la convivialité nécessaire, ce qui lui fait perdre une grande partie de son sens. Mon fidèle Athanor-Ordinateur ne peux m'accompagner et le cordon ombilical avec le laboratoire sera rompu. Je vous propose un texte un peu "sérieux", mais vous pouvez fouiller dans les archives où vous rendre sur l'autre blog. Installez vous comme chez vous...
Le mandala, tel que le conçoit C.G.Jung, participe de deux sortes de représentations : le mandala qui répète et imite, avec un soin parfois religieux, et le mandala production de l'inconscient. Or, selon Jung, l'inconscient réagit instinctivement et l'instinct n'imite jamais. Il suit, sans se préoccuper des modèles du conscient, son "behaviour pattern" biologique. Il a son projet créateur et résiste aux efforts du conscient pour opposer son idée, même si elle est en opposition à ce qui est considéré comme le "bon" modèle par l'esthétique de l'époque. Il n'y a pas de modes pour l'inconscient.
Les mandalas représentation sont très anciens. Le terme signifie à l'origine cercle, et surtout cercle magique. Sous forme de dessin, on le trouve en Orient, en particulier dans le bouddhisme tibétain. La tradition tibétaine fait remonter l'origine du mandala au Bouddha, Shakymuni, qui aurait lui même réalisé le Mandala de Kalachkra peu après son éveil. Les mandalas tibétains sont très compliqués. Jung attribue à leur confection un effet apaisant pour l'âme. Leur contemplation apaise les tensions et procure le sentiment d'un ordre et d'un sens de la vie. Ce sont des aides à la méditation et des instruments d'évolution.
Dans les oeuvres médiévales on trouve des mandalas ornés qui ont un sens rituel ou religieux. Les mandalas chrétiens de cette époque représentent souvent un Rex Gloriae, un roi de Gloire, avec les quatre évangélistes. Dans tous ces types de mandalas l'accent est mis sur le centre.
En dépit de leur valeur esthétique ou spirituelle, ce ne sont pas ces types de mandalas qui incitent Jung à la réflexion, mais ceux qui apparaissent dans les rêves et les dessins d'hommes modernes n'ayant aucune connaissance des traditions ou de l'art religieux et aucun don artistique. Quand ses patients, à la suite de rêves dessinaient des mandalas pour matérialiser leurs réactions, il n'attachait aucune valeur à leur exécution plus ou moins réussie. La fonction du mandala est, pour lui, d'être un représentant. Il écrit ((Psychologie et religion, p.179) :
"L'inconscient produit un symbole naturel que j'ai désigné techniquement sous le nom de mandala, auquel s'attache la significationd'une réconciliation des contraires, donc d'une médiation."
Il y a dans ce texte tout les éléments sur ce que Jung entend par mandalas dans le cas où ils sont des expressions oniriques. Mandala est un terme qu'il choisit pour désigner le résultat d'une élaboration effectuée grâce à la coopération entre un inconscient, qu'il considère comme "pure nature" et un conscient qui semble rechercher une forme perdue comblant ses aspirations à la totalité . Il écrit dans le dernier tome de sa correspondance :
"Lorsqu'on réalise un mandala, se met en oeuvre tout ce que l'homme sait du cercle et du carré. Mais le coup d'envoi d'une telle représentation, c'est l'archétype en lui-même inconscient qui le donne."
La forme recherchée est proposée par le Soi organisateur, qui fait ici fonction de "médiateur" entre les tréfonds de l'inconscient collectif et la conscience.
La configuration en forme de mandala apparaît souvent dans les situations de trouble, de désorientation et de perplexité. Je vous cite encore Jung (Un mythe moderne, p.269) :
"L'archétype que cette situation, par compensation, constelle, représente un schéma ordonnateur qui vient en quelque sorte se poser sur le chaos psychique, un peu comme le réticule d'une lunette de visée, comme un cercle divisé en quatre parties égales, ce qui aide chaque contenu à trouver sa place et contribue à maintenir dans leur cohésion, grâce au cercle qui délimite et protège, les éléments d'une totalité en danger de se perdre dans un vague indéterminé."
C'est pour se protéger de ce danger que les mandalas du bouddhisme Mahâyana sont des images de l'"ordre cosmique temporel, ce dernier pouvant être considéré comme une représentation de l'ordre psychologique.
Notre époque étant caractérisée par l'angoisse, la désorientation, la perplexité, et cet état étant susceptible de diminuer la puissance d'agir du Moi, il me semble normal que ce type de structures apparaissent dans les rêves des occidentaux comme phénomènes de compensation de cet état. Je pense aussi, dans l'esprit de Jung, que les mandalas, si on sait regarder, sont très présents dans la nature. Voyez les photos de mes précédentes notes. On les trouve au coeur des fleurs, dans la découpe des arbres, dans l'agencement des coquillages sur les plages, et aussi dans les cristaux, les flocons de neige, les constellations. Les mandalas "naturels" sont partout. A nous de travailler à l'harmonie de notre mandala intérieur et de trouver notre centre.
Ariaga