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30/01/2010

S'embarquer pour une pause

 

Les voiles du Voyage.jpg

Besoin, pour un moment, de m'évader du virtuel, besoin de rencontrer des gens réels, besoin de toucher, entendre, s'affronter à la vraie vie. Ne pas dire je ferme le Laboratoire je sais que ce n'est pas vrai et que le désir de vous retrouver tous va revenir. A quel moment ? Quand ce sera une incontournable évidence...

Je vous garde dans mon coeur, lecteurs connus et inconnus.

Ariaga

21/01/2010

Le temps du chat

Le chat et le temps.jpg

Suite de la note précédente.

Pour tenter de faire ressentir ce que j'appelle temps présent unique, et que j'aurais bien appelé temps naturel, mais je trouvais que le terme était trop "chargé" de théories philosophiques, je vais encore donner un exemple. Regardez un chat assis , le regard à l'intérieur, comme on peut les observer, restant ainsi pendant des heures entre le sommeil et la veille. On a l'impression que le temps, notre temps du calendrier, n'existe pas pour lui mais  seulement un temps vécu, ressenti, le temps du présent, le temps du "être juste là", le temps du chat ! vous me direz, nous ne sommes pas des chats mais c'était juste un petit exemple...

Je crois, comme le pensait le philosophe Merleau Ponty, qu'il existe un temps qui "fuse" à travers l'être humain. C'est le temps du sujet vivant ses propres actes en dehors des horloges et des tableaux chronologiques.Le moment où l'imagination ouvre la porte de tous les possibles  et qui est celui d'un instant unique. Tout est contenu dans cet irremplaçable instant qui, parce que unique, ne peut que changer pour être remplacé par un autre instant unique. La mémoire fait revivre la passé et la prévision rend actuel le futur mais mémoire et prévisions ne sont que des productions de l'esprit et on peut donc dire que rien n'existe vraiment dans la conscience humaine en dehors du présent. Le reste est caquetage mental, comme le disait Krishnamurti. Il y a sur le sujet une jolie citation de Merleau Ponty, page 63 de La phénoménologie de la perception : "le présent tient encore dans sa main le passé immédiat, sans le poser en objet, et comme celui-ci retient de la même manière le passé immédiat qui l'a précédé, le temps écoulé est tout entier repris et saisi dans le présent." Ce véritable moment présent, ce temps non fictif,  va aussitôt après être détruit et devenir un moment du temps qui ne pourra plus se retrouver, à la fois lui même et comme faisant partie de tous les autres, dans un nouveau présent unique. C'est pour cela que j'ai appelé cette saisie immédiate du temps que j'ai tenté de décrire mais qui est indescriptible, temps présent unique ; unique, parce que absolument différent des autres moments du temps, la comparaison entre deux expériences vraies et individuelles à deux moments différents étant impossible.

Cette réflexion ne servirait à rien si elle ne débouchait pas sur un questionnement. Ce temps présent unique c'est le temps de quoi  ? Je pense qu'il y a déja des pistes dans les commentaires des lecteurs sur les deux précédentes notes. Je vais en ouvrir d'autres  juste pour voir...

Ce temps serait- il le temps de la Nature ?

Ce temps serait- il le temps de la méditation sans but ?

Ce temps serait-il celui de l'intuition fulgurante, de la véritable création ?

Ce temps serait-il le temps d'un flux cosmique divin qui nous traverserait ?

Ce temps serait-il le temps réel, le reste n'étant que illusion ?

Le chat connaît peut-ête la réponse !

Ariaga

 

 

 

18/01/2010

Les prisonniers du temps

 

La corde du temps sur le sable.jpg

Le temps est un sujet qui semble vous intéresser, si j'en crois les riches commentaires sur la citation de la note précédente. Beaucoup de choses ont été dites, mieux que j'aurais su le faire. Je vais quand même tenter d'aborder le sujet, le plus simplement possible, au risque d'enfoncer des portes ouvertes. Je ne pense pas qu'une note suffira...

Il y a probablement autant d'idées du temps que d'individus, alors il faut faire un choix et j'en ai choisi trois qui me permettent de mettre un peu d'ordre dans mes idées : Le temps fictif, le temps-présent unique, et le temps de ce que C.G. Jung appelle la synchronicité. Le temps de la synchronicité est un temps à part, qui met en cause notre manière habituelle de penser la causalité, et dont je parlerai plus tard. Il me reste donc deux temps et je vais tenter de vous les faire ressentir par un exemple : Vous êtes le passager d'une voiture et vous regardez défiler le paysage. Si vous maintenez fixe votre regard, vous voyez sans cesse de nouveaux sites mais si vous fixez un objet immobile, un arbre, par exemple, qui défile par votre travers, c'est le même arbre que vous verrez avec un nouvel aspect et de nouveaux détails au fur et à mesure du défilement. Nous sommes les voyageurs de ce train, nous vivons intimement un temps et chronologiquement un autre temps ;  celui dont on nous parle dès l'enfance, celui qui borne notre horizon humain de la naissance à la mort. Nous en sommes prisonniers et tellement tributaires que nous en mourrons. Nous avons un certain degré de liberté vis à vis de l'espace mais nous ne pouvons jamais choisir notre place dans le temps.

Commençons par le temps que j'appelle fictif celui de la corde à laquelle nous nous accrochons pour avancer. Ce que je sais du monde me donne la certitude , sans laquelle il me serait bien difficile de vivre et d'agir, qu'un instant sera suivi d'un autre ; que le moment présent sera changé par les événements en un autre moment et cela pour la succession des temps que j'imagine. J'en déduis une suite linéaire, un axe des temps où tout est fixé nettement. Les intervalles entre les dates peuvent être représentés graphiquement et si un centimétre représente l'intervalle de temps entre 199O et 2000 , un autre centimètre figurera 2000 à 2010. Nous avons besoin d'ordre, c'est rassurant, sinon comment faire des projets dans le temps, prendre des décisions. Mais n'oublions pas que le fait de ranger ainsi d'une façon intelligible, historique, le déroulement des faits, cette extension de l'idée de temps sur l'axe du temps est une opération mentale. Notre regard parcourt cet axe des temps mais ce regard est celui d'un observateur presque étranger à nous-mêmes. Nous somme assis sur la berge et nous regardons couler le fleuve. La seule chose que nous pouvons vraiment ressentir est une succession de changements. C'est la mémoire qui relit pour nous le livre du temps passé et lui donne une sorte de réalité dans le présent. Il en est de même pour le futur. Nous imaginons des événements, nous faisons des prévisions, nous les projetons en quelque sorte sur l'écran de notre imagination en leur attribuant une espèce de réalité objective mais ce futur ne peut être atteint que d'une manière purement psychique. Ce temps des dates distinctes, ce temps, finalement abstrait, sur lequel nous fixons notre attention, ce livre dont nous lisons et relisons les pages est indispensable à notre vie "extérieure" mais nous avons un autre temps plus intérieur, plus intime et c'est celui dont je vous parlerai dans la prochaine note qui suivra celle- ci de très près car je ne pense pas que les deux notes peuvent être séparées sur l'axe du temps...

Ariaga

12/01/2010

La création du temps

les mailles du filet du temps.jpg

Paul Valéry n'était pas seulement poéte mais aussi penseur. Certains diraient même philosophe mais j'ai une certaine réticence envers ce terme souvent galvaudé. Il parle de beaucoup de sujets concernant la vie de l'homme, ses relations à l'autre où à la société et j'ai eu envie de vous citer ce qu'il écrit au sujet du temps car cela me  me semble devoir susciter pas mal de réflexions.

"Permettez moi de vous indiquer au passage une des plus extraordinaire invention de l'humanité (j'ajoute qu'elle ne date pas d'aujourd'hui) . Je songe tout simplement à l'invention du passé et du futur. Ce ne sont pas là des notions toutes naturelles : l'homme naturel vit dans l'instant comme l'animal. Plus un homme est près de la nature, moins le passé et l'avenir se construisent en lui. L'animal, sans doute, ne se sent être qu'entre un minimum de passé et un minimum d'avenir. ... Il en est autrement chez l'homme : par un accroissement, par une généralisation imaginaire de l'instant, par une sorte d'abus, l'homme, créant le temps, non seulement construit des perspectives en deçà et en delà de ses intervalles de réaction, mais, bien plus, il ne vit que fort peu dans l'instant même. Son établissement principal est dans le passé ou dans le futur. Il ne se tient jamais dans le présent que contraint par la sensation : plaisir ou douleur. On peut dire de lui qu'il lui manque indéfiniment ce qui n'existe pas. C'est là une condition qui n'est point animale, qui est tout artificielle, puisqu'en somme elle n'est pas absolument nécessaire à l'être. Sans doute ce développement du "temps" peut souvent lui être utile. Mais cette utilité est elle même contraire, en quelque manière, à la nature. La nature ne se soucie pas des individus. Si l'homme prolonge ou adoucit son existence, il agit donc contre nature, et son action est de celles qui opposent l'esprit à la vie.

Essais quasi politiques, p.1024, ed. La Pléiade

J'ai quelques petites idées sur le temps et, comme je n'aime pas rester sur une citation, si cela vous intéresse chers lecteurs, je vous en ferai part dans la prochaine note.

Ariaga


04/01/2010

Prière de l'année nouvelle

la source interdite.jpg

Dieu du secret de mon coeur,

cette source qui m'était interdite,

par une loi que j'avais moi même écrite,

laisse moi y boire.

Sur les cendres de ma vie permet que je laisse pousser une rose,

que je vois la fleur plutôt que les épines.

Que je devienne le bois du feu de l'athanor de mon corps

et que cesse la brûlure.

Que chaque jour soit une histoire

rose ou noire, peu importe.

Que moi, petite goutte dans l'Océan,

devienne bulle et éclate de joie dans la lumière.

Que le soir venu,

oublieuse des pourquoi et des portes,

je sois emportée dans le courant du vent de l'Amour vaste,

pour y danser sans tête ni pieds,

au son de l'orchestre de la Nature.

Que, après des temps, il me soit accordé,

le retour d'un même pas tout à fait le même,

pour que je perfectionne encore et encore

l'Oeuvre d'une vie.

Ariaga