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27/09/2015

Une lettre de Madame Jung à Freud

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Photo prise au Musée des Automates de La Rochelle

Dans cette lettre, dont je vais vous citer l'essentiel, écrite en 1911 par la femme de Carl Gustav Jung à l'éminent Sigmund Freud, il est question des complexes que peuvent ressentir les femmes des grands hommes envers leurs brillants maris.  La situation à évolué mais je pense qu'il y a encore des progrès à faire ...

" ...D'ordinaire je suis aussi tout à fait d'accord avec mon destin et je vois parfaitement combien j'ai de la chance, mais de temps en temps je suis torturée par le conflit, comment me mettre en valeur à côté de Carl ; je trouve que je n'ai pas d'amis, mais que tous ceux qui nous fréquentent ne viennent en fait que pour Carl, sauf quelques personnes tout à fait ennuyeuses et inintéressantes pour moi.

Toutes les femmes sont naturellement amoureuses de lui, et chez les  hommes je suis de toute manière écartée en tant que femme du père ou de l'ami. Mais j'ai quand même un fort besoin de voir les gens, et Carl dit aussi que je ne dois plus comme jusqu'à présent me concentrer uniquement sur lui et les enfants, mais comment dois-je m'y prendre? Avec ma forte inclination à l'auto-érotisme cela est très difficile, mais c'est certainement aussi difficile objectivement, car je ne peux absolument jamais entrer en concurrence avec Carl. Pour bien accentuer cela, je dis d'habitude encore particulièrement des bêtises en société.

Je fais tous les efforts pour acquérir des transferts, et quand cela ne réussit pas comme je le désire, je suis toujours très déprimée.  ... voulez vous me rassurer, cher Monsieur le Professeur, et si nécessaire me passer un peu un savon? "

Je crois que, dans cette lettre, on a un bon exemple de la dépendance féminine d'une femme, pourtant intelligente et cultivée, envers son mari et aussi envers l'autorité que représentait Freud. (les caractères gras sont des ajouts personnels)

Ariaga

 

22/05/2015

Mircea Eliade : Jung et Freud

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Je propose aujourd'hui aux amis lecteurs une citation de Mircea Eliade extraite de son article intitulé Jung ou la Réponse à Job publié dans le cahier de l'Herne qui lui est consacré (p.247). Comme c'est un peu long et que j'en connais qui n'aiment pas lire tes textes touffus je me suis permis de mettre en caractères gras ce qui me semblait important. Ariaga.

"Le théologien protestant Hans Schär, auquel on doit déjà un beau volume sur la pensée religieuse de Jung, se demande, dans un article récent si, d'ici cent ans, La réponse à Job ne sera pas considérée comme un livre prophétique. Or, lorsque Jung avait publié ses premières études sur l'inconscient collectif et, par conséquent, s'était détaché du freudisme, il parait que Freud disait de son ancien collaborateur : "Il était au commencement un grand savant, mais maintenant il est devenu prophète !" Certains voient dans cette boutade du Maître le plus grand éloge : ils considèrent, en effet, le professeur Jung comme un prophète des temps modernes. Car, si Freud a eu le grand mérite de découvrir l'inconscient personnel, Jung a découvert l'inconscient collectif et ses structures, les archétypes ; par ce fait, il a apporté une lumière nouvelle à l'interprétation des mythes, des visions et des rêves. Plus encore : assez tôt, Jung s'est délivré des préjugés scientistes et positivistes de la psychanalyse freudienne ; il ne réduit pas la vie  spirituelle et la culture à des épiphénomènes des complexes sexuels infantiles. Enfin, Jung tient compte de l'Histoire : il regarde la psyché aussi bien en naturaliste, qu'en historien ; pour lui, la vie des profondeurs psychiques est l'histoire . Ses découvertes, disent les jungiens, changeront de fond en comble l'univers mental de l'homme moderne. Freud ne s'était pas trompé : Jung ne pouvait pas rester un simple "savant" ; il devait élargir toujours plus l'horizon de ses découvertes et frayer à l'homme moderne une voie pour sortir de sa crise spirituelle. Car, pour Jung, comme pour beaucoup d'autres le monde moderne se trouve en crise, et cette crise est provoquée par un conflit encore irrésolu dans les profondeurs de la psyché. "

 

24/03/2014

Freud et les actes manqués

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Aujourd'hui, quand je repense à la manière dont j'ai publié par inadvertance ((cela ne m'était jamais arrivé en huit ans) une photo et deux lignes d'un début de note je pense plus à Freud qu'a Jung pour expliquer cette maladresse.

La lecture de Psychopathologie de la vie quotidienne de Sigmund Freud, son oeuvre la plus personnelle, est particulièrement réjouissante pour ceux qui, comme moi, sont souvent victimes de la malice des mauvais génies. Freud raconte de passionnantes histoires d'actes manqués au sujet de clefs, d'erreur sur les étages, d'objets qui vous échappent des mains et se cassent, d'oublis,  etc etc. ...

Pour Freud, ces méprises et maladresses diverses sont, en fait, non des actes manqués mais des actes réussis et il ne croit pas aux mauvais génies. Si ces actes sont non conformes à l'intention consciente et peuvent apparaitre comme des dysfonctionnements moteurs, ce sont des tours que nous joue notre inconscient. J'avais envie de casser ce vase cadeau de mariage ou d'appuyer sur le mauvais étage de l'ascenseur ou d'utiliser la clef de la maison à la place de celle du bureau.

Alors, quand j'ai cliqué sur "publier" au lieu de "mettre en brouillon" sur la phrase d'introduction d'un texte qui se voulait consciemment optimiste, et que mes lecteurs ont pu lire : " Il y a des jours ou le retour à la vie quotidienne est tellement pénible que l'on a l'impression de marcher dans la vase " peut-être faut il "entendre" qu'il s'agit d'un contenu de mon vase alchimique intérieur, au stade de la nigredo, de l'Oeuvre au noir . Vous comprendrez, amis, que je m'interroge sur cette exhibition qui n'est pas dans mes habitudes ...

Ariaga

31/10/2007

L'inconscient collectif jusqu'aux abysses.

   J'ai réuni ici deux notes de Décembre 2006. Elles décrivaient, telles que les présente la psychologie des profondeurs de Jung, les différentes couches de l'inconscient collectif. Ce travail est fait de la manière la plus simple possible et n'apprendra rien à certains grands lecteurs de Jung qui fréquentent le Laboratoire. C'est aux néophytes que je m'adresse. Il leur sera ensuite plus facile de lire mes textes ultérieurs.

   La possibilité d'un inconscient collectif était une hypothèse tout à fait révolutionnaire , pas du tout dans l'"esprit du temps" au moment où C. G. JUNG l'a émise en s'appuyant sur de longues années d'observation des fantasmes et des rêves soumis à son analyse. En effet, à l'époque du behaviorisme   (étude limitée à l'aspect scientifique et expérimentale du comportement) triomphant qui considérait que l'individu n'est, à l'origine, qu'une cire vierge que seul l'apprentissage peut imprimer, il arriva à la conclusion que ces rêves et fantasmes renfermaient des matériaux n'appartenant pas à la mémoire personnelle des sujets. Il découvrit qu'une "expérience archaïque, phylogénétique", "correspondant à peu près à ce qu'il devait appeler inconscient collectif", affleurait à la conscience à travers des images telles que celles des opposés, de l'éternel féminin, des mandalas de la totalité ou de la divinité. C.G. Jung raconte cela dans une lettre du 12 Juillet 1958, trois ans avant sa mort, ce qui montre qu'il avait pris le recul nécessaire. Il dit aussi que ces images se manifestaient dans le contexte social, culturel et personnel propre à chaque individu, mais en reproduisant toujours le même schéma. Ces contenus de la psyché n'étaient donc pas des résidus refoulés de l'expérience personnelle mais des matériaux collectifs appartenant à l'humanité toute entière, d'où la dénomination "inconscient collectif" ou, parfois, "psyché objective". 

   S. FREUD avait, lui aussi, observé la présence d'images mythiques, restes du passé qu'il nommait "résidus archaïques". Je pense, par exemple, aux racines "archéologiques" du complexe d'Oedipe dans Totem et  Tabou et à sa notion de fantasme originaire. Mais la conception de C. G. Jung est très différente. Il voit dans ces "résidus", non pas des objets périmés mais des racines vivantes de la psyché humaine. Cette partie de la psyché est au delà de la conscience, elle a des contenus impersonnels  et constitue un soubassement de la psyché, partout présent  et identique.

   C'est par commodité, et pour avoir des repères, que Jung a déterminé des degrés dans l'inconscient collectif qui n'en possède aucun, si ce n'est ceux de la possibilité de représentation. La prochaine fois que je continuerai le  voyage que nous avions commencé à la surface de la psyché junguienne nous allons descendre très profond, jusqu'aux abysses...

                         ********** 

C. G. JUNG a, "artificiellement", déterminé des degrés dans l'hypothèse d'un inconscient collectif :

     L'inconscient "familial" ou "tribal" est à la frange de l'inconscient personnel. Il concerne tout ce qui s'est dit et pensé dans une famille depuis des générations et aussi tout ce qui a été interdit, refoulé, déprécié, en quelque sorte les cadavres dans les placards. Cet inconscient fait souvent fonction de décor pour les véritables représentations théâtrales que sont nos rêves.

     L'inconscient "historique", comme d'ailleurs l'inconscient personnel, reste dans ce que l'on pourrait appeler la partie "haute" dans le domaine des "résidus archaïques" de S. FREUD. Il comprend les stades historiques qui ont précédé la conscience contemporaine, les "vestiges de l'esprit de l'antiquité", la science, les religions, le folklore, la mythologie, la psychologie primitive. Ces connaissances, présentes dans l'inconscient collectif, sont génératrices de symboles qui apparaissent aussi dans les rêves. mais là où Jung va déjà plus loin que Freud c'est qu'il inclut aussi toute l'histoire "naturelle" de l'être humain, c'est à dire  l'histoire évolutive de l'espèce humaine (il dit la "phylogenèse") et de son accession à la conscience.

     Plus on descend ensuite vers les abysses de l'inconscient, plus il devient collectif et indifférencié, quasi psychique, quasi matière. On tombe alors dans le domaine auquel C. G. Jung applique la qualificatif de "psychoïde". Ce terme, qu'il commente dans de nombreuses lettres, constituerait la matière de base se divisant ensuite en une matière et une psyché résultant de ce processus de différenciation. Il me semble qu'il y a ici un pont entre la psychologie et l'alchimie des philosophes de la nature pour peu que l'on "divinise" le terme psyché. 

     Plus Jung a progressé en âge et en réflexion et plus s'est renforcé son hypothèse d'un "unus mundus", d'un "monde un" où disparaîtrait la séparation entre matière et psyché et où régnerait un "ordre fondamental". Cette théorie s'apparente à l'hypothèse quantique qu' "en arrière" il y aurait un autre niveau, non matériel, de symétrie et d'ordre. (Je vous mettrai, sous peu, un texte du physicien David PEAT très éclairant sur le sujet.) Dans une lettre de Jung de 1957, quatre ans avant sa mort, on voit que, pour lui, cette hypothèse avait pris les apparences d'une certitude. Il écrit :

"Nous avons plutôt toutes les raisons de supposer qu'il doit n'y avoir qu'un seul univers, dans lequel psyché et matière sont une seule et même chose dans lequel nous pratiquons une discrimination aux fins de connaissance".

     Ce monde des profondeurs ultimes de l'inconscient collectif appartient au domaine hypothétique de "l'absolument autre", inconnaissable et irreprésentable mais, quand on remonte vers la surface, juste sous la mince pellicule de la conscience, on se trouve dans un lieu où ne règnent ni nos lois, ni nos codes et où certains émissaires des profondeurs peuvent venir en ambassade. Les habitants de ce lieu sont les archétypes. Un réseau de relations, se développant à partir de ces archétypes, va permettre à l'irreprésentable de se présenter au moi conscient. Que sont exactement les archétypes me demanderez vous ? Vaste sujet...

       Ariaga
 

 

 

18/05/2007

Pierre TRIGANO : Laisser advenir le Soi

Pierre TRIGANO et Agnès VINCENT auteurs de l'ouvrage Le Sel des Rêves, dont je vous ai déjà parlé sont les créateurs du concept de "psychologie symbolique". Ils ont fondé en 1999 à Montpellier l'Ecole du Rêve et des Profondeurs  (Dans mes liens à "Sites") et tentent une refondation spirituelle de la psychothérapie par une lecture nouvelle de C. G.JUNG. Pierre Trigano a bien voulu contribuer à ce blog par la note que j'ai le plaisir de vous communiquer.  

Laisser advenir le Soi
 Les problèmes vitaux les plus graves et les plus importants sont tous, au fond, insolubles. (…) Ils ne peuvent jamais être résolus, mais seulement dépassés. (…) En observant le processus d’évolution de ceux qui se dépassaient eux-mêmes en silence et comme inconsciemment, je vis que leur destin avait un trait commun : la nouveauté venait à eux de possibilités obscures, ils l’acceptaient et se dépassaient grâce à elle.
Et que faisaient ces gens pour réaliser le progrès libérateur ? Autant que j’aie pu voir, ils ne faisaient rien (wou-wei) mais laissaient advenir : ainsi que le maître Lu Tsou l’indique dans notre texte, la lumière tourne suivant sa propre loi (…). Le « laisser advenir », l’action non agissante, l’abandon de Maïtre Eckhart est devenu pour moi la clé permettant d’ouvrir les portes qui mènent à la voie : dans le domaine psychique, il faut pouvoir laisser advenir
. »

      JUNG, « Commentaire sur le Mystère de la fleur d’or "Ed. Albin Michel.

Petite réflexion autour de ce texte, Jung comme souvent y paraît iconoclaste, puisqu’il semble affirmer qu’il n’y a pas de solution, pas de guérison possible des problèmes les plus vitaux, alors que beaucoup viennent précisément en thérapie pour trouver de telles solutions.
 Les crises psychologiques les plus graves naissent d'un surgissement antagonique de l'inconscient qui, sous la forme d'un symptôme douloureux, vient briser l'équilibre initial du moi conscient.
En osant affirmer qu’il n’y a pas de solution à ces crises, Jung veut en fait nous suggérer qu’il est vain de rechercher à maîtriser nos brisures, et de conquérir ou reconquérir un état de continuité de la puissance.
Certes, nombre de motivations d'entrer en thérapie, et, il faut bien le dire, nombre de propositions de techniques thérapeutiques, commencent pourtant par là et visent à rechercher une reconquête de la puissance du moi par l'atténuation ou le gommage du symptôme. Mais il arrive alors qu'on voit la brisure de la crise ressurgir dans la vie d'un individu sur un mode que le plus souvent on n’aura pas prévu consciemment, parfois sous une forme plus grave.
Pour Jung, la vraie délivrance psychique ne relève pas de la catégorie de la maîtrise, ni d’une technique dont le moi s’emparerait et qu’il appliquerait à partir de lui-même unilatéralement pour combattre et réduire sa brisure.
La délivrance n’est pas une conquête du moi mais un dépassement que celui-ci accepte de vivre sans pouvoir le contrôler. La nouveauté qui amène cette délivrance surgit de possibilités obscures, nous dit Jung, c’est à dire inconscientes que le moi ne connaît pas de lui-même.
Comme l’indique Lu Tsou, la lumière tourne suivant sa propre loi, qui n’est pas la loi du moi. Il s’agit pour le moi uniquement de la laisser advenir, c’est à dire de la laisser l’éclairer lui, de l’accueillir simplement dans son champ conscient, de laisser agir son influx sur lui : tout le contraire d’une attitude « Yang » du moi, mais plutôt une attitude féminine d’accueil, d’ouverture, à cette lumière inconnue de lui qui vient de l’intérieur même de la psyché.
C’est ce que veut nous suggérer Jung dans ce texte. Dans les profondeurs de l’inconscient, il n’y a pas que l’obscurité de l'adversité venant  mettre en crise le moi, il y a aussi au plus profond, au cœur de la psyché, une lumière libératrice, vivante, qui oriente d’elle-même le moi, tout à fait naturellement, s’il peut la laisser advenir, dans le sens du dépassement de la crise, c’est à dire du dépassement de la confrontation violente entre moi et inconscient. L'œuvre de ce dépassement consiste en ce que puisse surgir de la confrontation un moi renouvelé qui est sorti de son unilatéralité et a intégré dans son affirmation l'opposition de l'inconscient à un moment donné.
Cette lumière intérieure qui n’est pas le moi, et que le moi ne connaît pas au départ, Jung ne l’a pas postulée, mais on peut dire qu’il l’a rencontrée très expérimentalement dans la contemplation empirique systématique de l’activité symbolique de l’inconscient.  
Vous savez, peut-être, qu’il a forgé le concept de Soi pour cerner cette lumière.  Il est essentiel pour lui de faire comprendre que le Soi n’est pas le moi. Il n’est pas du même registre que lui : il n’est pas un "Yang "unilatéral, qui ne prétendrait qu’à la continuité. Du moi, réduit à lui-même, ainsi, aucun dépassement ne pourrait surgir, parce qu’il est plein de lui-même, comme nous l’avons vu, et en cela, il est, sur sa propre base condamné à la brisure, sanction du réel qui, lui, survient de l'inconscient.
Le Soi est pour Jung tout autre que le moi. C'est cette découverte scientifique du Soi qui est pour lui la découverte originale fondant sa psychologie, et non, comme on le croit, celle de l'inconscient collectif dont Freud avait déjà pressenti l'existence. Le Soi a sa propre loi (comme le dit Lu Tsou). Il est d’un tout autre registre : Jung l’a rencontré comme la lumière, la source de conscience qui, de l’intérieur même de l’inconscient, cherche un dépassement positif au conflit violent qui surgit dans la psyché entre le moi conscient et l'inconscient.  A l'instar du Tao des chinois qui est la réunion harmonieuse du Yang et du Yin, du masculin et du féminin, le Soi est approché par Jung comme le point de vue qui, de l'intérieur même de la psyché, cherche à fonder celle-ci en totalité réunissant de manière harmonieuse le conscient et l'inconscient, un peu comme au sein d'un processus de paix, deux belligérants sont amenés par une puissance qui les transcende, à se rencontrer sans cesse et à confronter leurs positions contraires pour mieux se connaître et finir ainsi par se tolérer et se transformer mutuellement.

 

05/02/2007

L'interprétation des rêves selon C.G.JUNG 1/2

Le but de ces notes sur l'interprétation des rêves est de voir si on peut sérieusement envisager de parler dans le Laboratoire de certains "grands rêves" offerts à tous sur des blogs amis.

Après avoir tout d'abord employé la méthode de S. Freud des "associations libres", C.G.Jung a considéré que cette méthode ne rendait pas compte de l'ensemble du rêve car elle ramenait inéluctablement aux complexes des sujets, alors que ces complexes  ne faisaient pas obligatoirement partie du rêve. Il a alors décidé de "décomposer" les rêves pour en extraire toute leur substance et tenter d'en établir le sens, ou plutôt les sens aux différents niveaux d'interprétation (que nous verrons demain). Il prenait chacun des éléments d'un rêve et, sans opinion préconçue sur la manière dont l'image était arrivée là, procédait, en tournant autour, à l'approfondissement du sens de l'image. Il appela sa méthode l'"amplification".

Mais Jung trouvait encore insuffisante la technique de décomposition du rêve en ses éléments, réminiscences et motivations. Pour lui, cette façon de procéder atteignait ses limites au moment où, je cite, : "les symboles oniriques ne se laissent plus réduire à des réminiscences ou à des volitions personnelles, c'est-à-dire que surgissent des images de l'inconscient collectif."Il y a en effet des images qui semblent n'avoir que très peu de sens si on les rapporte au rêveur. Pour qu'elles prennent toute leur signification il faut chercher dans des directions qui peuvent apparaître comme complètement étrangères aux associations conscientes faites par le rêveur. Par l'amplification on recueille des tas de données et ensuite on cherche une "expression générale compréhensible". 

On peut dire, au sujet de cette technique d'interprétation, que Jung continua le travail de Freud, en l'élargissant. Il est cependant un point sur lequel leurs vues divergent.

Freud a, selon Jung, entrepris une démarche courageuse pour donner un sens au rêve mais il a effectué ses observations dans le champ de la psychopathologie. Il pense que les rêves, tout comme les névrosés, sont dissimulateurs. Les rêves seraient alors "une simple façade derrière laquelle quelque chose est intentionnellement caché." Jung réfute fermement cette vision de la psychologie du rêve. Pour lui, le rêve est un "évènement naturel". L'inconscient est autonome, il a son projet et on ne voit aucune raison valable pour qu'il soit une "invention rusée" destinée à nous tromper ; il ne dissimule pas, il expose. C'est pourquoi il faut éviter de l'analyser avec trop de hardiesse ou de défiance. On doit simplement l'accueillir, tel qu'il se présente, et le contempler pour, finalement, prendre conscience de ce qu'il exprime dans sa totalité. 

24/10/2006

Pourquoi C.G. JUNG plutôt que S. FREUD ?

J'ai la plus grande admiration pour les travaux et l'oeuvre de S.FREUD car il est le premier a avoir donné à l'analyse des rêves l'importance qu'elle méritait. Mais je suis en quête de réponses au problème de l'être humain malheureux parce  qu'il se sent profondément insatisfait, seul devant une sorte de mur. Ce mur le prive d'une partie de sa totalité psychique. Il a aussi le pressentiment qu'il existe une autre totalité, plus vaste que la sienne, et cela l'angoisse et le fascine à la fois. J'ai trouvé chez C.G. JUNG de meilleures pistes de réponses que chez Freud. 

Autre raison de mon choix, les résultats très différents, quand il s'agit d'opposer le conscient et l'inconscient. Dans le cas de S.FREUD on observe des rapports de force conflictuels alors que dans le cas de C.G.JUNG il y a des rapports de dialogue et de coopération. En effet, le souci essentiel de S. FREUD était d'apporter des preuves, contre tous ses opposants, à sa théorie de la sexualité. Pour lui, ce qui est essentiel c'est le désir au sein du triangle parental. Ce désir provoque une lutte incessante entre l'envie et la peur d'une sanction. S'il y a faute, imaginaire ou réelle, il y a aussi punition et renonciation ce qui est à l'origine de refoulements. Or, le refoulement est une autre forme de violence puisqu'il provoque un rejet de soi même ou des autres. Cette théorie de la sexualité comme fondement de l'inconscient montre que le besoin sexuel n'unit pas les hommes mais les sépare.

 Autre  source de conflit, la lutte entre les forces de vie et les forces de mort, ceci est tout à fait passionnant et mérite d'être longuement médité. Ce sera pour un autre jour. 

Si S.FREUD envisage presque le rapport avec l'inconscient comme une guerre pour défendre le Moi, C.G.JUNG à une autre vision : il tente d'êtablir une relation constructive entre le Moi et l'Inconscient. Il veut faire émerger, autant que faire se peut, par une sorte de coopération entre ces ennemis, coopération excluant la domination de l'un ou de l'autre, une forme de totalité psychique. Le Rêve, et surtout les séries de rêves, sont à la base de ce travail qui fait partie de l'alchimie spirituelle.

C.G. JUNG a aussi une conception "alchimique" de l'inconscient qui est, pour lui, un matériau brut destiné à  être transformé par le contact avec le conscient. Même le aspects les plus noirs font partie de ce matériau qui, lorsqu'il est bien identifié , commence à être transmuté et redevient une énergie positive.

Un dernier point, et pas le moindre, expliquant mon amour pour C.G.JUNG est le caractère de ses écrits. Il pensait que les théories ne sont que des propositions. Souvent, et ses détracteurs le lui ont reproché, il a changé d'avis. Il plaisantait avec ses amis sur le sort réservé à une oeuvre qui serait certainement malmenée par ses successeurs. Je pense que certains d'entre eux, ceux que l'on surnomme "les jungiens purs et durs" trouveront mon texte bien "léger" mais, encouragée par mon rêve du 21,  je le vois me sourire avec l'ironie qui le caractérisait. Je pense aussi, lui qui aimait tant le genre épistolaire, que, s'il était encore vivant, il aurait un énorme blog.