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03/01/2007

La montée des marches en alchimie

Pour ceux qui seraient tentés par l'aventure poétique, je dirais même surréaliste, que représente la lecture de certains textes alchimiques et aussi pour ceux qui voudraient suivre le cheminement de Jung dans les ouvrages où il traite de la symbolique alchimique (eh oui, il y en a, je l'ai bien fait !), il est nécessaire de connaître les sept phases du Grand Oeuvre.  Ces phases sont décrites en détail dans le "Dictionnaire mytho-hermétique" de Pernéty et très clairement résumées dans "Le symbolisme des nombres" de R. Allendy.

Les illustrations des ouvrages alchimiques représentent souvent les phases de l'Oeuvre comme une montée de marches aboutissant au couple illustrant la conjonction des éléments masculin et féminin. Voici une explication très succincte de ces mots clés :

        En premier lieu il y a la calcination , c'est à dire, au moyen du Mercure des sages chauffé "au feu philosophal", la purification des corps et leur séparation de l'Humide qui les liait.

       Suit la putréfaction, opération qui détruit la nature et la forme du corps putréfié, pour le transmuer et lui permettre de produire un corps nouveau.  

      Vient ensuite la solution, c'est à dire, selon Pernéty "la conversion de l'Humide Radical fixe en un corps aqueux par l'action de l'esprit volatil caché dans la première eau."

      La quatrième marche est celle de la distillation, opération qui "subtilise toutes les eaux et les huiles".

      Ensuite, la conjonction pendant laquelle il y a réunion des natures contraires et des qualités séparées. Il doit alors se faire un "mariage indissoluble même à la plus grande violence du feu."

Cette phase marquait la fin du premier degré du Grand Oeuvre.  La suite nous est très bien décrite par Allendy :

      "On obtenait alors le rebis androgyne,"(le rebis est un être double) "c'est à dire un produit évolué mais instable. Il fallait dans un second degré de l'Oeuvre, par la sixième phase appelée sublimation, pousser plus loin l'évolution du rebis au moyen de l'Elexir ; la septième phase, la coagulation, arrêtait cette évolution et la fixait en un stade définitif au moyen de la Teinture."

On était alors censé être en possession de la Pierre philosophale... Les phases quatre, cinq et six peuvent être mélangées, la coagulation se nommer fixation, mais, pour une fois, les alchimistes sont à peu près d'accord sur le sens des mots employés. Evidemment, toutes ces phases ont des correspondances symboliques au niveau psychique et spirituel. Par exemple, la Putréfaction correspondrait aux débuts de l'initiation, au moment où l'on se sent perdu dans les ténèbres. La conjonction représenterait l'union mystique etc. etc. Mais nous n'en sommes pas encore là et la montée des marches sera lente. A vos athanors.

 

 

02/01/2007

Réflexions sur le "progrès"

Alors que commence une nouvelle année et avec elle la surenchère sur les améliorations et les progrès que nous promettent les uns et les autres, je me sens de plus en plus mal à l'aise. Il me semble que la société humaine dite "évoluée" a édifié les avancées de la civilisation et l'amélioration du bien-être de l'homme supposée en résulter, sur des illusions : illusion issue de l'idée que l'on peut marcher sans jambes et sans pieds en se séparant de la Nature. Cela ne date pas d'aujourd'hui car une ancienne gravure alchimique ironise déjà sur cette idée. Autre illusion : penser que le progrès est à l'"extérieur", d'où une perte de contact avec la source créatrice, quel que soit le nom qu'on lui donne, qui cherche à s'exprimer à l'"intérieur". Illusion aussi de la suprématie d'un Moi qui rejette ou supprime ce qui ne lui ressemble pas, entraînant une impossibilité de sa relation et surtout de son enrichissement car il refuse les contacts avec les autres parties de la psyché.

J'ai commencé un voyage, pour l'instant j'en suis à faire les bagages, pour montrer, avec l'aide de C.G.Jung, qu'il existe d'autres chemins. Que l'Autre qui est en nous n'est pas un ennemi. Qu'il peut apporte une aide à celui qui décide de ne plus vivre au niveau du masque superficiel de la persona et d'accepter d'aller plus profond vers l'altérité la plus proche et la plus angoissante : l'inconscient. 

C'est normal d'avoir envie de protéger son Moi, car son degré de conscience constitue notre spécificité d'humain. C'est pour cela qu'il tente de toutes ses forces de détourner le flux abondant qui circule entre la profondeur et la surface, entre le conscient et l'inconscient. Comme cet "interflux" ne peut jamais être interrompu, puisqu'il participe de la totalité psychique, la rencontre va avoir pour conséquence des angoisses, des violences, des dégoûts de vivre. Tout cela nous allons le projeter, en vertu du processus du "bouc émissaire", sur les "autres" qui seront considérés comme responsables de ce mal être.

J'ai souffert, je souffre, et je souffrirai encore, de tous ces maux, mais j'essaie de me soigner, de cuire, de recuire, de dissoudre, selon les processus alchimiques. Le faire avec d'autres, sur ce blog, je vais tenter de le continuer pendant cette nouvelle année. D'abord terminer les bagages (l'archétype, l'animus et l'anima,l'alchimie, la poésie) et puis rêver, et méditer, méditer encore...pour voyager plus loin et surtout plus profond.

29/12/2006

C .G. JUNG et F. NIETZSCHE

Quelques mois avant sa mort, et parlant de son adolescence, C.G.Jung écrit :

"A tout prendre, Nietzsche fut pour moi le seul homme de son époque à m'apporter quelques réponses justes à certaines questions urgentes qu'alors je ressentais plus que je ne les pensais. "

     Correspondance, tome V, lettre du 5 Janvier 1961.
 

23/12/2006

Psychologie et alchimie

En cette période de fêtes, j'ai l'impression que toute vie, enfin ce que moi j'appelle la vie, s'arrête. Est-ce vraiment pour célébrer la naissance de Jésus ? Je me pose des questions. Célébrer la naissance d'un messie ? On peut le faire dans le recueillement et la méditation. Bien manger et boire en toute bonne conscience ? Peut-être. Faire des cadeaux ? J'adore en faire et en recevoir d'inattendus en toute période de l'année. Je ronchonne mais cela ne m'empêchera pas de vider quelques flutes de champagne. En tout cas j'ai ramassé, pour cette période, ma petite boite à outils junguienne et alchimique et j'en profite pour glisser sur le blog quelques textes pour lesquels les non spécialistes qui me suivent (j'espère qu'ils sont la majorité), avec une constance qui m'étonne, n'ont pas encore toutes les clés. Moi aussi j'ai le droit de me faire plaisir !

Ce texte de C.G. JUNG ("Ma vie, p. 239)décrit les premières conclusions auxquelles Jung est arrivé après ses dix années d'errance dans le monde obscur des textes alchimiques :

"J'ai vu très rapidement que la psychologie analytique se recoupait singulièrement avec l'alchimie. Les expériences des alchimistes étaient mes expériences et leur monde était en quelque sort, mon monde. Pour moi, cela fut naturellement une découverte idéale, puisque  ainsi j'avais trouvé le pendant historique de la psychologie de l'inconscient. Celle-ci reposait dorénavant sur une base historique. La possibilité de comparaison avec l'alchimie, de même que la continuité spirituelle en remontant vers la gnose lui conférait substance. En étudiant les vieux textes je me rendis compte que tout trouvait sa place : le monde des images, de l'imagination, le matériel empirique dont j'avais fait collection dans ma pratique, ainsi que les conclusions que j'en avais tirées. Je commençais alors à discerner ce que signifiaient ces teneurs dans une perspective historique. Ma compréhension pour leur caractère typique, qui s'était déjà esquissée au cours de mes recherches sur les mythes, s'approfondissait. Les images originelles et l'essence des archétypes passèrent au centre de mes recherches et il devint pour moi évident qu'il ne saurait exister de psychologie, et encore bien moins de psychologie de l'inconscient, sans base historique.Certes, une psychologie de la conscience peut se suffire de la connaissance de la vie personnelle, mais démêler une névrose nécessite déjà une anamnèse qui fait appel à un sondage plus profond que celui du seul savoir de la conscience ; et lorsque, au cours du traitement, on en arrive à des moments où des décisions inhabituelles doivent être prises, apparaissent alors les rêves dont l'interprétation exige plus que des réminiscences personnelles. "

 

20/12/2006

Le péché

Selon C. G. JUNG :

  " Toute la signification du péché est que vous le portez. A quoi sert le péché si vous pouvez le jeter au loin ? Si vous-mêmes êtes profondément conscients de votre péché, vous devez le porter, vivre avec, il est vous-mêmes. Faute de quoi, vous niez l'existence de votre frère, votre ombre, l'être imparfait en vous qui vous suit et qui accomplit tous les actes que vous ne voulez pas entreprendre, parce que trop trop lâches ou trop vertueux. Lui commettra le péché et, lorsque vous niez son existence, vous l'expédiez dans l'inconscient collectif où il va provoquer du désordre. Car ce déni est contre nature. Vous avez à rester en contact avec votre ombre, vous avez à dire : "Oui, tu es mon frère, je dois t'accepter." Vous devez être bons envers vous-mêmes et ne pas dire : "Racaille, je n'ai rien à voir avec toi ! " C'est une erreur de nier l'ombre. Si vous le faites, une réaction de l'inconscient collectif surgira du noir, sous la forme d'une personnification. L'homme pieux se dit à lui même : "Non, pas ça ! " et repousse l'ombre et s'en trouve fort satisfait. Alors, tout à coup, des figures étranges apparaissent, des fantasmes sexuels montent des abîmes pour venir envahir son esprit. Et plus il force sur sa piété, plus ce qui lui tombe dessus devient diabolique. Il est une sorte de saint Antoine : cet homme si pieux avait des visions terribles. Il se peut que ce soit une femme qui pénètre son esprit : l'anima qui surgit, habituellement dans sa nudité, terriblement naturelle. Voici donc la nature qui vient détruire un tabou, la vengeance de l'inconscient collectif. L'inconscient collectif est une réalité, aussi, lorsqu'une anima ou un animus surviennent, c'est la réalité. Et n'importe qui peut être l'inconscient collectif de n'importe qui d'autre. Les gens se conduiront comme des démons se conduiraient s'ils pouvaient monter de l'abîme ..."

L'Analyse des rêves, Albin Michel, tome I, p.127-128. 

18/12/2006

Les abysses de l'inconscient

C. G. JUNG a, "artificiellement", déterminé des degrés dans l'hypothèse d'un inconscient collectif :

     L'inconscient "familial" ou "tribal" est à la frange de l'inconscient personnel. Il concerne tout ce qui s'est dit et pensé dans une famille depuis des générations et aussi tout ce qui a été interdit, refoulé, déprécié, en quelque sorte les cadavres dans les placards. Cet inconscient fait souvent fonction de décor pour les véritables représentations théâtrales que sont nos rêves.

     L'inconscient "historique", comme d'ailleurs l'inconscient personnel, reste dans ce que l'on pourrait appeler la partie "haute" dans le domaine des "résidus archaïques" de S. FREUD. Il comprend les stades historiques qui ont précédé la conscience contemporaine, les "vestiges de l'esprit de l'antiquité", la science, les religions, le folklore, la mythologie, la psychologie primitive. Ces connaissances, présentes dans l'inconscient collectif, sont génératrices de symboles qui apparaissent aussi dans les rêves. mais là où Jung va déjà plus loin que Freud c'est qu'il inclut aussi toute l'histoire "naturelle" de l'être humain, c'est à dire  l'histoire évolutive de l'espèce humaine (il dit la "phylogenèse") et de son accession à la conscience.

     Plus on descend ensuite vers les abysses de l'inconscient, plus il devient collectif et indifférencié, quasi psychique, quasi matière. On tombe alors dans le domaine auquel C. G. Jung applique la qualificatif de "psychoïde". Ce terme, qu'il commente dans de nombreuses lettres, constituerait la matière de base se divisant ensuite en une matière et une psyché résultant de ce processus de différenciation. Il me semble qu'il y a ici un pont entre la psychologie et l'alchimie des philosophes de la nature pour peu que l'on "divinise" le terme psyché. 

     Plus Jung a progressé en âge et en réflexion et plus s'est renforcé son hypothèse d'un "unus mundus", d'un "monde un" où disparaîtrait la séparation entre matière et psyché et où rêgnerait un "ordre fondamental". Cette théorie s'apparente à l'hypothèse quantique qu' "en arrière" il y aurait un autre niveau, non matériel de symétrie et d'ordre. (Je vous mettrai, sous peu, un texte du physicien David PEAT très éclairant sur le sujet.) Dans une lettre de Jung de 1957, quatre ans avant sa mort, on voit que, pour lui, cette hypothèse avait pris les apparences d'une certitude. Il écrit :

"Nous avons plutôt toutes les raisons de supposer qu'il doit n'y avoir qu'un seul univers, dans lequel psyché et matière sont une seule et même chose dans lequel nous pratiquons une discrimination aux fins de connaissance".

     Ce monde des profondeurs ultimes de l'inconscient collectif appartient au domaine hypothétique de "l'absolument autre, inconnaissable et irreprésentable mais, quand on remonte vers la surface, juste sous la mince pellicule de la conscience, on se trouve dans un lieu où ne règnent ni nos lois, ni nos codes et où certains émissaires des profondeurs peuvent venir en ambassade. Les habitants de ce lieu sont les archétypes. Un réseau de relations, se développant à partir de ces archétypes, va permettre à l'irreprésentable de se présenter au moi conscient. Que sont exactement les archétypes me demanderez vous ? Vaste sujet...

 

16/12/2006

L'inconscient collectif selon C. G. JUNG

La possibilité d'un inconscient collectif était une hypothèse tout à fait révolutionnaire , pas du tout dans l'"esprit du temps" au moment où C. G. JUNG l'a émise en s'appuyant sur de longues années d'observation des fantasmes et des rêves soumis à son analyse. En effet, à l'époque du behaviorisme   (étude limitée à l'aspect scientifique et expérimentale du comportement) triomphant qui considérait que l'individu n'est, à l'origine, qu'une cire vierge que seul l'apprentissage peut imprimer, il arriva à la conclusion que ces rêves et fantasmes renfermaient des matériaux n'appartenant pas à la mémoire personnelle des sujets. Il découvrit qu'une "expérience archaïque, phylogénétique", "correspondant à peu près à ce qu'il devait appeler inconscient collectif", affleurait à la conscience à travers des images telles que celles des opposés, de l'éternel féminin, des mandalas de la totalité ou de la divinité. C.G. Jung raconte cela dans une lettre du 12 Juillet 1958, trois ans avant sa mort, ce qui montre qu'il avait pris le recul nécessaire. Il dit aussi que ces images se manifestaient dans le contexte social, culturel et personnel propre à chaque individu, mais en reproduisant toujours le même schéma. Ces contenus de la psyché n'étaient donc pas des résidus refoulés de l'expérience personnelle mais des matériaux collectifs appartenant à l'humanité toute entière, d'où la dénomination "inconscient collectif" ou, parfois, "psyché objective". 

S. FREUD avait, lui aussi, observé la présence d'images mythiques, restes du passé qu'il nommait "résidus archaïques". Je pense, par exemple, aux racines "archéologiques" du complexe d'Oedipe dans Totem et  Tabou et à sa notion de fantasme originaire. Mais la conception de C. G. Jung est très différente. Il voit dans ces "résidus", non pas des objets périmés mais des racines vivantes de la psyché humaine. Cette partie de la psyché est au delà de la conscience, elle a des contenus impersonnels  et constitue un soubassement de la psyché, partout présent  et identique.

C'est par commodité, et pour avoir des repères, que Jung a déterminé des degrés dans l'inconscient collectif qui n'en possède aucun, si ce n'est ceux de la possibilité de représentation. La prochaine fois que je continuerai le  voyage que nous avions commencé à la surface de la psyché junguienne nous allons descendre très profond, jusqu'aux abysses...

14/12/2006

Les complexes

Pour C. G. JUNG, que je considère comme un Philosophe de la Nature " nouvelle vague, l'"inconscient" est un terme qui recouvre une expérience très ancienne de l'humanité. L'homme se trouve devant des forces inconnues, se manifestant sous la forme de représentations étranges. Il a l'impression que ce n'est pas lui qui en est l'auteur et la puissance avec laquelle elles peuvent le diriger lui fait peur. Autrefois ces forces se nommaient divinités, démons ou "esprits". C. G. Jung, par l'intermédiaire de rêves et de visions, a fait très jeune l'expérience de ces créations échappant, à des degrés différents d'altérité, au Moi. Le premier degré étant l'inconscient personnel. 

L'inconscient personnel Junguien n'est pas très éloigné de l'inconscient freudien qui lui a été transmis comme un "héritage déjà vénérable" mais dont il allait faire un usage quelque peu iconoclaste. Il est cependant beaucoup plus "flou" parce qu'il est contaminé par des contenus d'un inconscient très éloigné des possibilités de représentation à la conscience. Cet inconscient personnel, dont il faut bien comprendre l'absence de frontières étanches, est l'habitat des "complexes". 

Jung n'aime pas beaucoup imposer à sa pensée les limites des définitions et dans "l'homme à la découverte de son âme" il prétend supposer tacitement que tout le monde connait le sens de ce terme passé dans la langue courante et que tout le monde sait que l'on "a" des  complexes, mais il insiste sur le fait que l'on sait moins que des complexes peuvent "nous avoir". Pour lui, le complexe possède une force, une autonomie et un potentiel énergétique capables de produire une "modification momentanée et inconsciente de la personnalité appelée identification au complexe". 

Entre le simple lapsus et la "possession" il n'y a qu'une différence de degré. La force des complexes s'enracine dans des couches profondes, quasi biologiques. Autonomes par rapport à la conscience ils empruntent un réseau de voies de réactions où ils se chargent d'une énergie qui, arrivée au niveau de la conscience, se traduit en émotions et affects.  De vraies petites bombes qui aboutissent au Moi. Un moi qui est, lui aussi, un complexe, surtout quand il cherche à occuper toute la conscience et s'épuise à épaissir la couche de sa persona .

L e texte de C. G. Jung le plus éclairant sur les complexes, se trouve, à mon avis, dans "Un mythe moderne (p. 220), une oeuvre tardive.  Il y est question des complexes qui :

"dépouillés de leur diaprure personnelle et habituelle, apparaissant par conséquent comme ce qu'ils sont à l'origine, à savoir des formes originales des instincts. Supra personnel, ils sont d'une nature inconsciente, et les mêmes chez tous. Les complexes personnels prennent naissance aux points où se produisent des collisions avec la disposition instinctive générale. Ce sont des points de moindre adaptabilité qui restent particulièrement sensibles et dont la susceptibilité déterminera des affects qui arracheront du visage de l'homme civilisé le masque de l'adaptation."

Ce texte montre de quelles profondeurs peuvent remonter des ensemble de représentations obsédantes qui sont des messages entre les divers niveaux de l'inconscient et le Moi. Ce sont ces niveaux profonds que Jung  dénomme "inconscient collectif'. 

     Ariaga
 

 

11/12/2006

Le C. G. JUNG que j'aime

Le Jung que j'aime, d'amour intellectuel mais je crois qu'il m'aurait séduite (et je n'aurais pas été la seule !)si je l'avais rencontré, n'a rien à voir avec le Jung théoricien qui est enseigné dans les "écoles jungiennes". Le mien est junguien. Pour vous montrer à quel point en sont les choses, il y a même une querelle au sujet de l'orthographe du mot. Je préfère la seconde, mais s'il m'arrive d'utiliser la première cela n'a ps d'importance. Je suis comme Etienne Perrot. Il avait son Jung à lui, un Jung intérieur. alors, pourquoi est-ce-que j'écris mes petites notes sur ce que recouvrent certains termes employés par Jung ? C'est parce que j'aimerais éviter à ceux qui tomberaient comme moi en "amour" de Jung, hors du cadre des enseignements traditionnels, d'errer comme je l'ai fait à travers la jungle et les commentateurs d'un vocabulaire souvent mal compris parce que manquant d'univocité.

Il y a : le Jung que j'aime moins

- celui qui a souvent compliqué ce qu'il avait à dire, cédant à la mode de la scientificité pour qu'on le prenne au sérieux

- celui qui a si cruellement rompu avec Freud. La lecture de leur correspondance m'a tiré des larmes et les efforts de Freud pour garder près de lui son fils spirituel sont touchants. Jung était dur et avait tendance à balayer ce qui empêchait le processus de réalisation de son oeuvre et de son inconscient. Ce qui était la même chose car l'existence de Jung est une "oeuvre-vie".  

- celui qui a quasiment renié les superbes pages poétiques gnostiques des "sept sermons aux morts"  et les a traitées d'"erreur de jeunesse".

Le Jung que j'aime avec passion, mauvaise foi, aveuglément, enfin, comme on aime... c'est le Jung de près de soixante dix ans qui après une grave maladie pleine de délires, visions, extases mystiques, se décide à revenir dans un monde qui, pendant ces états intérieurs lui paraissait "tout simplement ridicule". Et il revient, transformé, pour accomplir pendant dix ans l'essentiel de l'oeuvre du Jung que j'aime. 

Il accepte de se soumettre à ses pensées et de les exprimer de manière nouvelle sans s'occuper de l'opinion des autres. Il accepte aussi d'être dans l'erreur et d'être dépassé, contesté, par d'autres qui viendront après lui. Il ne cherche plus à construire des "systèmes".  

Il remet en cause ses attitudes précédentes, sa manière de vouloir toujours forcer le destin et devient ce qui est, pour moi, un vrai philosophe. Il agit et écrit en se transformant et en faisant de toute action un OUI inconditionnel à la Vie, à "ce qui est".

Ce Jung en communion avec la Dieu et la Nature, alchimiste, mystique, visionnaire, pétri de contradictions, à la fois bon vivant et sauvage, n'a pas trop bonne presse auprès de ses héritiers officiels, mais c'est mon Jung à moi, celui que j'aime.

 

 

17:00 Publié dans amour | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : écriture, amour, alchimie, Jung

10/12/2006

La finalité de l'Oeuvre alchimique

Cette note a pour but de compléter ma note du sept décembre sur les différentes couleurs des phases du processus alchimique. 

Selon C.G.Jung, dans "Psychologie et alchimie, les différentes classifications des phases dépendent surtout de la manière dont les opérateurs envisagent la finalité de l'Oeuvre. Certains alchimistes ont pour visée l'obtention de la "teinture" blanche ou rouge, d'autres recherchent la pierre philosophale, qui les contient toutes deux, et qui peut être , à la fois, la matière ou l'agent d'une transmutation. Il s'agit aussi, parfois, de la "panacée" : or buvable ou élixir de vie. Remarquez , et c'est ce qui me plait dans cette manière de penser, qu'en alchimie il n'y a pas de "ou"..."ou" mais des "et"..."et". On sort de la logique classique et une chose peut être elle même et son contraire ou tout autre chose. 

Plus "philosophique" est le projet d'obtention d'un "être entièrement mystique" nommé "Dieu terrestre", "Sauveur", "fils du macrocosme", que l'on pourrait comparer à l'"Anthropos gnostique", c'est à dire l'homme primordial divin, qui est aussi l'"âme du monde". C.G. Jung, s'inspirant de Paracelse, le décrit ainsi :

"Il est l'âme du monde qui met le Tout en mouvement et qui soutient le Tout. Sous sa forme terrestre primitive il est impur. Mais il se purifie progressivement au cours de son ascension dans les formes aquatiques, aériennes et ignées. Dans la quintessence enfin, il apparait en son "corps clarifié". Cet esprit est le secret qui fut caché depuis les origines"

Le projet des "philosophes alchimistes" est de purifier cette matière à laquelle s'est, en quelque sorte, mélangé l'esprit, pour redonner à ce dernier sa fonction motrice et directrice. En tant que matière et esprit, ils sont impliqués conjointement, matériellement et spirituellement, dans l'Oeuvre alchimique.  

08/12/2006

Les séries de rêves

Toute interprétation de rêve n'étant qu'une supposition, on se trouve, devant une abondante production onirique, dans le cas du chercheur qui s'attacherait à l'étude d'évènements dont il lui serait impossible de démontrer le sens et la régularité. C'est dans ce but que C. G.  Jung a privilégié les séries de rêves, espérant ainsi diminuer l'incertitude. Il en donne les raisons dans "Psychologie et Religion"(p. 58) :

"Si faire se peut, je n'interprète jamais un rêve isolément. En règle générale, un rêve appartient à une série de rêves. De même que dans le conscient, il existe une continuité, abstraction faite qu'elle est régulièrement interrompue par le sommeil, de même il existe apparemment une continuité dans la suite des processus inconscients. Cette continuité dont font preuve les déroulements inconscients est peut-être encore plus marquée que dans les phénomènes conscients. En tous cas, mon expérience se prononce en faveur de la probabilité que les rêves sont les maillons visibles d'une "chaîne" d'évènements inconscients."

Dans son ouvrage "Psychologie et Alchimie" C G. Jung, à la recherche d'un fil conducteur, examine une série de centaines de rêves. A l'époque ils étaient anonymes, mais on a su ultérieurement qu'il s'agissait de ceux du célèbre  physicien W. Pauli.

Quand on a la chance de pouvoir "contempler" une série de rêve il est possible de mieux suivre le "discours" (j'endosse la responsabilité de ce terme) du rêve et de contrôler les interprétations, les rêves eux mêmes s'en chargeant par des corrections et des réajustements. Mais, pour comprendre l'intérêt des séries il est utile de connaître l'hypothèse de C. G .Jung sur le "noyau central de signification", hypothèse hardie car elle remet en cause des concepts qui sont les repères de notre vie quotidienne. 

L'inconscient ne se soucie pas de notre perception du temps ou de notre idée de la causalité. Temps et causalité sont, en quelque sorte, "disloqués".  Les séries de rêves racontent une histoire dont la chronologie est parfois respectée mais , souvent, elle se perd. Ou bien le niveau de l'histoire apparente masque un autre niveau plus essentiel. Nous sommes incités à établir une chronologie des rêves et à les relier entre eux en se basant sur le fait qu'ils nous parviennent l'un après l'autre. Or, pour C. G. Jung ("Sur l'interprétation des rêves" p. 22, 23)

"Il n'est pas démontré que la suite réelle d'un premier rêve ne parvienne qu'ultérieurement à la conscience. La série qui nous paraît chronologique n'est pas la véritable série. Un nouveau thème peut très bien apparaître dans un rêve, avant de disparaître pour céder de nouveau la la place à un thème antérieur. La véritable configuration du rêve est radiale : les rêves rayonnent à partir d'un centre, et ne viennent qu'ensuite se soumettre à l'influence de notre perception du temps. Les rêves se subordonnent en réalité à un noyau central de signification."

Pour C. G. Jung, les rêves naissent dans un esprit qui n'est pas tout à fait humain et ressemblent plutôt à un "murmure de la nature" qu'à nos belles constructions logiques. Cette vision "radiale" de la chronologie onirique s'accompagne chez Jung d'une réflexion sur la causalité liée à la fois aux rêves et aux évènements de la vie courante. Il lui apparait que, dans certains cas, quand l'inconscient est particulièrement activé et le sujet très réceptif , on est conduit à postuler un facteur irréductible "par nature"à la causalité. Il faudrait alors admettre, écrit-il dans "Synchronicité et Paracelse"(p. 29)

"Que les évènements en général sont associés soit, directement en chaines causales soit, le cas échéant, par une sorte de lien transversal, de l'ordre du sens. "

A cette coïncidence d'évènements, reliés par hasard entre eux d'une manière significative, JC. G. Jung à donné le nom de "synchronicité". Mais, comme le disait Schéhérazade pour ne pas se faire étrangler ce sera une autre histoire que je vous raconterai un jour.

 

 

07/12/2006

Les couleurs des phases en alchimie

L'alchimie décrit dans ses différentes phases un processus de transformation. Les descriptions sont variées, contradictoires et rédigées en un langage symbolique des plus obscur. Il fallait toute l'obstination d'un C.G.Jung pour y trouver son miel...

Les auteurs, rarement d'accord au sujet du déroulement et de l'ordre du processus, se rejoignaient, cependant, sur des points essentiels. L'un d'eux était la division en phases, liées à des couleurs correspondant aux étapes de l'oeuvre. Comme elles étaient à l'origine au nombre de quatre, on les nommaient "quadripartition de la philosophie". Les quatre couleurs et les quatre stades, pour des raisons que C.G. Jung juge plus psychiques que pratiques, furent ramenées au nombre de trois, vers le XVI° siècle. Cette omission du quatrième stade du processus, serait liée au problème de la signification symbolique de la quaternité et de la trinité.

La nigredo, ou noirceur, représente le premier stade. Elle n'a pas de qualité unique et peut être , pour le "philosophe", l'état initial de la matière primordiale ou, pour celui qui travaille dans son laboratoire, le résultat de la phase de décomposition des éléments. Cette décomposition est suivie par une recomposition consistant en une union des deux polarités féminine et masculine. Et ça n'est pas fini: il y a dissolution, mort du produit de l'union et une nouvelle nigredo.

Ensuite vient l'albedo ou passage au blanc. Ce moment du processus a, pour C.G.Jung,  deux sens possibles. En simplifiant une citation de son ouvrage "Psychologie et alchimie"dont je m'inspire ici : l' âme (symbolique)libérée par la mort est a nouveau unie au corps mort et détermine sa résurrection ou bien,  l'ensemble des couleurs, appelée "la queue du paon" conduit à une couleur unique, le blanc qui contient toutes les couleurs. 

Ce stade du processus représente déjà, pour beaucoup d'alchimistes, un aboutissement. Il est symbolisé par l'argent, ou la lune, et C.G.Jung le compare à l'aube précédant le lever du soleil.

La transition vers le stade ultime, la rubedo ou passage au rouge, se faisait par la citrinitas, ou passage au jaune, associée au soleil et à l'illumination. Après la suppression de cette étape le rouge suivit directement le blanc. A ce stade, le rouge et le blanc, le soleil masculin et la lune féminine (souvent symbolisés par le roi et la reine)  peuvent, au moment où le feu atteint son acmé, célébrer leurs "noces chimiques"  .

Tout ceci  est très simplifié. Je tente seulement de donner un aperçu des termes courants de l'alchimie. Le processus est loin d'être linéaire. Il comprend d'incessantes "putréfactions", "ablutions", morts et résurrections, sans compter les copulations, de la matière. Je pense, comme C.G.Jung, que ces métamorphoses ont pour origine et conséquences les variations de l'état du psychisme de l'opérateur. Celui qui aura le courage de méditer de manière "philosophique" sur la symbolique de ces phases commencera, peut-être, à entrevoir l'intérêt, qu'elles présentent si on les compare aux phases possibles, ou impossibles,de notre évolution spirituelle.

 

05/12/2006

L'ombre, éclairée par C.G. Jung

Celui qui parvient à revêtir son Moi d'une persona bien épaisse possède un bon système d'adaptation et de communication avec le monde extérieur. Il y a un prix à payer. 

Tout ce qui a été refusé, parce que non conforme avec l'image de soi que l'on s'efforçait, parfois douloureusement, de construire ; tout ce que certain appellent péché, d'autres partie inférieure de la personnalité ; tout ce que l'on refuse d'admettre en soi, tout cela "tombe", en quelque sorte, dans la partie non visible du Moi. Non visible, mais cependant très proche car il s'agit d'acquisitions de la vie individuelle.

Le premier travail de celui qui veut tenter une transformation par l'alchimie spirituelle (C.G.Jung dirait le début de l'analyse), est donc de rendre l'ombre consciente et, même si elle semble repoussante, de la regarder bien en face, puis d'accepter. Ceci est possible avec du courage et de la bonne volonté. Le problème est que nous avons tous tendance à faire des projections de notre ombre sur les Autres. Je vais donner un exemple : Une femme a plusieurs jeunes nièces. L'une d'elle, qu'elle aime beaucoup, a le don de l'exaspérer et elle la houspille sans cesse. C'est plus fort qu'elle, elle la voudrait parfaite. Un jour, le frère de cette femme lui dit : Je ne comprends pas pourquoi tu as ce comportement avec elle, tu devrais la préférer, elle te ressemble beaucoup." Cette femme a soudain compris : sa nièce avait des traits de caractère qui avaient été les siens autrefois et qui, pour plaire à son entourage, avaient été "mis à l'ombre". C'est le genre de prise de conscience qui fait progresser dans la connaissance de soi, prise de conscience que beaucoup refusent.

Il ne faut pas croire que l'ombre cache uniquement des choses négatives. Si l'on en croit C.G. Jung dans Aîon:

  " ...Si l'on admettait précédemment  que l'ombre humain était  la source de tout mal, on peut maintenant, si l'on y regarde de plus près, découvrir que l'homme inconscient, précisément l'ombre, n'est pas uniquement composé de tendances moralement répréhensibles, mais qu'il comporte aussi un certain nombre de bonnes qualités, des instincts normaux, des réactions appropriées, des perceptions réalistes, des impulsions créatrices, etc."

Il existe une zone encore plus éloignée de la conscience, celle où résident l'anima et l'animus . Mais de cela on ne peut parler qu'après avoir fait monter sur scène l'archétype. C'est encore une autre histoire...

  
 

04/12/2006

Etienne Perrot et la voie alchimique de nature

Extrait de "La voie de la transformation". Editeur : La Fontaine de Pierre.

"Nous sommes ici au coeur du problème, de notre problème : la voie alchimique est la voie de nature (via naturae), comme l'est aussi la voie junguienne qui en est le nouveau nom. Celui qui l'emprunte accepte de soumettre la nature qui est au fond de lui, son essence intime, pure et immortelle, à l'influence de la nature universelle, ressentie soit sous une forme invisible, soit à travers une pierre philosophale déjà achevée, à travers un homme ayant fait le chemin, afin de réaliser en lui la nature au sens de Grégoire de Nysse, c'est à dire l'éclosion et l'accomplissement de l'être échappant au temps, de la fleur d'or. C'est le sens de la maxime célèbre de Démocrite, ou, pour parler comme les érudits, du pseudo-Démocrite, l'un des principaux alchimistes grecs : "la nature réjouit la nature, la nature vainc la nature, la nature maîtrise la nature. " Jung, moderne alchimiste, fait écho à ce vieil auteur lorsqu'il dit : "Ce n'est pas moi qui me crée, j'adviens bien plutôt à moi même."...

...Cette voie est donc d'une divine simplicité. Mais Platon disait qu'on ne doit pas vouloir parvenir trop tôt à l'Un. C'est le sommet de la montagne dont la vue stimule les énergies et qui paraît tout proche alors que des heures, et peut-être des nuits de marche en séparent encore. La pierre est "chose simple", mais elle résume en elle la complexité de l'univers, elle est un monde en petit, un microcosme. Le chemin qui y mène est, à son image, simple dans son dessin général et complexe dans son déroulement, puisqu'il serpente constamment d'un opposé à l'autre. Il faut viser l'unité, mais sans rien sacrifier des contraires qui doivent être réintégrés en elle. L'esprit ne doit pas s'évader du corps, l'ascension au septième ciel n'est pas la réalisation de l'homme... (p. 184, 185)

 

02/12/2006

S. FREUD et C.G. JUNG sur le Rêve

Aujourd'hui, grande paresse. Déjeuner copieux, vin capiteux, on se sent plutôt dans le ressentir que dans le réfléchir. Je pense à C. G. Jung, dont je vais simplement vous donner deux citaitions extraites de "L"analyse des rêves"(Albin Michel). L'euphorie post agapes me pousse cependant à dire que Jung était un grand amateur des nourriture terrestres. Il aimait la bonne chère, les bons vins et les femmes jolies et intelligentes. Il est curieux que  ce grand défenseur de la Vie dans sa totalité, ait été, le plus souvent, aseptisé par ses biographes, à commencer par lui-même dans "ma vie". Ce n'est pas aujourd'hui que je vais commencer à briser les statues et je me contenterai de livrer ces quelques lignes sur la nature du rêve :

... C'est là un point où je me différencie de Freud. On ne peut pas dire que le symbole, dans un rêve, est une façade derrière laquelle on peut se cacher et dire ensuite ce que le rêve signifie. Le symbole est un fait...

...L'idée de Freud, c'est que le rêve est rationnel. Moi je dis qu'il est irrationnel, en ce sens qu'il se produit tout simplement. Un rêve surgit comme un animal. Je pourrais être assis au milieu de la forêt, et voici qu'apparaît un daim. L'idée de Freud, c'est que les rêves sont préarrangés et je ne suis pas du tout d'accord avec cette façon de voir.  (p. 148, 149)