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17/03/2007

Le secret d'amour

   Le livre le plus original, personnel, d'Etienne PERROT s'intitule Coran teint, sous titré le livre rouge, (Ed. La Fontaine de Pierre). C'est un ouvrage auquel s'appliquent de nombreux qualificatifs : alchimique, prophétique,  onirique, symbolique, poétique. L'auteur l'a divisé en vingt-cinq "sourates"destinées à emmener le lecteur, par un chemin proche du surréalisme, vers une transmutation poétique au sens originel du terme : celle des "artistes" alchimistes grecs qui se donnaient le nom de poïêtai, c'est à dire poètes. Le titre Coran, veut dire "prédication". La teinture est la teinture alchimique. Mais Perrot, adepte de "la langue des oiseaux" chère aux alchimistes, fait aussi dans ce titre allusion à l'évêque semi -légendaire Corentin ami du roi d'Ys, la cité engloutie de Cornouaille, ceci parce que Perrot était d'Audierne dans le Finistère. Je vous ai choisi, difficilement car il y en a tellement qui me plaisent, un extrait qui parle de l'Amour, un sujet  qui m'est cher, comme ceux qui me suivent ont du s'en rendre compte. 

        "Quel est le secret de Jung ? C'est le secret d'amour, pratiquement baptisé par lui "transfert", dont il a publié les images puissantes gravées par un alchimiste du XV° siècle et incluses dans Le Rosaire des Philosophes. Elles peignent les phases de l'union de l'homme et de la femme, des deux parties de l'être, les approches, le dépouillement des vêtements, l'entrée dans le bain de la transformation, l'union nuptiale, la mort qui s'ensuit, la naissance de l'androgyne et, pour finir, les symboles de l'accomplissement : la reine, le roi, la résurrection du Christ et le couronnement de Marie - la matière : mater-materia - par la Sainte Trinité. Ces noces transformantes sont le coeur du dialogue alchimique restauré par Jung, mais, mystérieuses et secrètes par essence, elles demeurent ignorées de la plupart au profit d'aspects plus voyants de l'oeuvre intérieure, et surtout plus descriptibles par la raison. Mais comment cette oeuvre pourra-t-elle aboutir sans l'agent qui, seul, opère la transformation : le feu secret des alchimistes, feu qui est l'amour éclairé, ou, ce qui revient au même, la conscience empreinte d'amour ? Les images intérieures défileront alors en une ronde sans fin, sans conduire l'être vers son centre, siège de l'amour qui l'attire, aimant des sages. "

Etienne PERROT, Coran teint, p. 52.  

14/03/2007

Quaternité, nature et fonctions du conscient chez C.G.JUNG

   Je vous avais parlé, il y a déjà quelques temps, dans un texte intitulé Le symbolisme des nombres de la symbolique des trois premiers nombres. Aujourd'hui, pour brièvement en finir avec l'essentiel de l'outillage conceptuel junguien et pouvoir aborder LE sujet qui m'intéresse vraiment, le processus d'individuation et le SOI, je vais "effleurer" l'énorme problème de la quaternité, qui fut la préoccupation essentielle de Jung dans la seconde partie de son oeuvre. Je vous donnerai prochainement un récapitulatif de mes anciens textes sur Jung et je vous signale qu'il y a d'excellents sites qui donnent plus de détails sur les sujets que j'ai brièvement traités. Après nous partirons pour la grande aventure de l'alchimie spirituelle = processus d'individuation = oeuvre alchimique. 

     La quaternité, symboliquement associée au féminin, impose à la pensée ternaire d'une conscience humaine durement acquise, la réalité du monde en tant que Nature.  En effet, dans ce domaine, la quaternité est, comme l'écrit Jung (Aïon, p. 262), le schéma d'ordre par excellence :""Elle représente un système de coordonnées qui est instinctivement utilisé en particulier dans la répartition et la mise en ordre d'une multiplicité chaotique, , comme par exemple la surface visible de la terre, le cours de l'année, le rassemblement d'individus en groupes d'hommes, les phases de la lune, les tempéraments, les éléments, les couleurs (alchimiques)etc. 

   Le quatre est donc le nombre du monde actualisé, par rapport à une totalité originelle irreprésentable. Il fait accéder à la visibilité une Nature dont l'unité fondamentale se manifeste par des doubles oppositions binaires : les saisons, les points cardinaux, les quatre éléments principaux de la chimie organique.

   Si l'on considère, dans la perspective junguienne, qu'au sein de la totalité indifférenciée, matière et psyché étaient intimement liées (bien sur c'est juste une proposition), la quaternité apparaît comme une continuation du déploiement binaire et ternaire à partir de l'unité (dont j'avais parlé dans le symbolisme des nombres), mais avec un retour vers une autre forme de totalité : la totalité "terrestre".

   Sur le plan psychologique, la quaternité, issue d'un inconscient dont les racines les plus profondes plongent en un lieu où le psychique et le biologique étaient indifférenciés, est le résultat de la désagrégation en quatre d'un contenu qui ne peut devenir conscient qu'à partir des quatre fonctions du conscient. Sur ces quatre fonctions du conscient, que Jung appelle aussi des "orientations psychiques" il a été beaucoup écrit  mais, aujourd'hui je vais juste vous donner un extrait du Glossaire de Ma vie de Jung. :

   "Pour nous orienter nous devons avoir une fonction qui constate que quelque chose est ( sensation ) ; une seconde fonction qui établit ce que c'est ( pensée ) ; une troisième fonction qui décide si cela nous convient ou non, si nous désirons ou non l'accepter ( sentiment ) ; et une quatrième fonction qui indique d'où cela vient et où cela va ( intuition )....."

Cependant, nous dit Jung, l'expérience montre que les fonctions sont inégalement réparties et que le plus souvent, ceci étant surtout visible au niveau des rêves, une fonction restée dans l'"arrière-fonds" archaïque, s'exprime par l'intermédiaire du nombre quatre, ou d'un symbole de quaternité. Le symbole est, en effet, nécessaire pour combler le vide de cet élément manquant absolument indispensable pour que soit re-présentée la totalité humaine. De plus, quand on observe  les rêves, (surtout en séries) la présence du quatre, ou de l'un de ses représentants est la marque d'une forte poussée vers la conscience d'un archétype très puissant, l'archétype de la Nature, qui est à l'état brut dans l'inconscient. 

   Que ce soit chez les alchimistes, dans notre propre cheminement ou dans la contemplation des rêves , la quaternité, et surtout l'absence de la quaternité , nous n'avons pas fini de nous y mesurer. J'espère que quelques uns me suivront sur ce difficile parcours. 

       Ariaga
 

 

 

 

12/03/2007

Tarot : pourquoi Le Jugement ?

   Tard le soir, une interrogation s'est doucement insinuée. Profdisaster, Arianil et d'autres, semblent être en harmonie avec une arcane du Tarot. Et moi ? Je dois vous faire une confidence, ma connaissance du Tarot est très limitée. Après avoir, comme je l'ai déjà raconté, rencontré l'ouvrage "anonyme" de Valentin Tomberg : Méditations sur les 22 arcanes majeurs du Tarot, j'ai pensé qu'une longue digestion s'imposait et j'en suis restée là. Mais je regarde souvent avec affection, sans y toucher, les deux Tarots que je possède, un ancien Tarot de Marseille et un très beau Tarot rond (The Motherpeace Round Tarot Deck, by Karen Vogel and Vicki Noble). J'avoue que j'aime beaucoup les Arts divinatoires, qui me semblent être un accès privilégié aux richesses de l'inconscient, mais j'ai choisi de pratiquer la Géomancie (un peu aussi les Runes, mais avec précaution...), plus proche de mon ressenti. 

   L'heure était venue de savoir quelle arcane m'était destinée . Comment ?  Dans ce genre de recherche je procède "à l'instinct". Je suis allée dans mon lieu habituel de méditation et j'ai décidé, après méditation, de m'en remettre au hasard. J'ai donc "tiré", avec le Tarot de Marseille, une Lame parmi les 22. Je ne sais à quoi je m'attendais, mais mon premier sentiment a été la déception. Cette Lame XX, Le Jugement, ne faisait rien vibrer en moi. En plus, je la trouvais très laide. Je suppose que je me "voyais" en Impératrice, ou pourquoi pas en Amoureux(euse). J'ai été voir l'illustration du tarot rond : une croix ansée et des rayons de couleur se diffusant sur le monde à partir du coeur de la croix. Mieux. Restait Valentin Tomberg, une bonne trentaines de pages, commençant par la résurrection des morts au son de la trompette de l'Ange de la Résurrection. Moi j'étais déjà morte de fatigue à cette heure tardive. Alors je m'en suis à nouveau remise au hasard (auquel je ne cois pas vraiment) et j'ai, dans le chapitre, ouvert une page. C'est à ce moment là que ça a fait tilt ! 

   C'était la page 665 et il s'agissait de la MEMOIRE. Cette mémoire que l'on peut qualifier de divine, et que la littérature occultiste appelle la chronique d'Akasha, est une manifestation de la Totalité. La chronique d'Akasha est, je cite, " à l'histoire qui est en train de se dérouler comme la mémoire du moi conscient en train d'agir est à la mémoire totale de l'inconscient psychique. La "Chronique d'Akasha" est l'analogie macrocosmique de la mémoire totale inconsciente (ou plutôt extra-consciente ) microcosmique." Suivent des pages passionnantes , qui demanderaient une note à elles toutes seules, mais d'autre s'en chargeront peut-être, sur les niveaux de cette mémoire.

   Le sommeil s'était enfui et une profonde paix m'avait enveloppée. Ce que je fais sur ce blog a un sens et peut être re-présenté par une Arcane du Tarot qui m'a été donnée par ce Hasard qui n'est pas du hasard. Mon travail d'alchimie Spirituelle (avec pour outillage certains concepts de Jung, et la symbolique alchimique), travail auquel s'associent des lecteurs de bonne volonté, est un travail sur la mémoire. Un travail destiné à élargir la porte qui donne sur l'inconscient personnel et l'inconscient collectif. Il devrait, avec la grâce de Dieu, comme le disaient les alchimistes du Moyen-Âge, augmenter notre degré de conscience de la Totalité. 

   Je crois que je vais dorénavant considérer les lames du Tarot avec un autre regard... 

       Ariaga
 

03/03/2007

Marie-Louise von Franz : Matière et psyché

Cette lecture, que je vous recommande, est un complément à ma note de hier. Marie-louise von Franz à, très jeune, travaillé étroitement avec C. G. Jung. A la fin de la vie de Jung, elle a rédigé son troisième tome du Mysterium conjunctionis. Dans son livre Nombre et temps, elle a prolongé la pensée scientifique et psychologique d'un Jung devenu trop âgé pour continuer sa recherche sur la notion d'unus mundus, c'est dire un monde un, au delà de la dualité esprit matière. Le livre dont je vous donne un extrait aujourd'hui, s'appelle Matière et psyché. Il s'agit d'un recueil des différente contributions de Marie Louise von Franz sur la non dualité et l'espace où esprit et matière se rejoignent en un lieu de "mystérieuse conjonction". Le lieu de la totalité.

 

                       Indivisibilité du Tout

La notion de complémentarité que Niels Bohr a introduite pour mieux expliquer la relation paradoxale entre l'onde et la particule, peut aussi être appliquée à la relation des états conscient ou inconscient d'un contenu psychique. Jung a découvert ce fait, mais il a surtout été élaboré par Wolfgang Pauli. Bernard d'Espagnat a relevé que la non séparabilité dans le monde particulaire, prouvée par l'expérimentation scientifique (suggérée par le paradoxe d'Einstein-Podolski-Rosen), confirme l'idée de Bohr d'une "indivisibilité du Tout" : des particules qui ont été unies puis se sont séparées, se comportent comme si l'une "savait" ce qu'est l'état de l'autre, même à très grande distance, ce qui semble exclure l'idée d'une interaction superluminale (ce qui est souvent discuté), il resterait, comme le souligne d'Espagnat, le fait d'une indivisibilité du Tout.

Jung a constaté de même que la dimension totale de la psyché objective est ultimement une ; il appelle cet aspect unitaire de la psyché : le Soi.

          Matière et psyché, p. 248

          Ed, Albin Michel, tr. fr. 2002 

02/03/2007

C. G. JUNG et l'idée de totalité

Il m'arrive souvent, en particulier dans les commentaires, que j'emploie le mot totalité avec ou sans un grand T. Cela est du à mon imprégnation junguienne. Je crois donc qu'il est important, pour les lecteurs de ce blog, que j'éclaircisse les relations de Jung avec l'idée de totalité. En effet, même si tous les possibles demeurent à l'arrière plan du sens donné aux mots, il est utile d'indiquer celui mis en évidence. Cela est d'autant plus indispensable chez un découvreur de nouveaux territoires tel que Jung qui utilise certains termes d'une manière bien à lui.

Pour donner un exemple des fréquents malentendus dus à une lecture très fragmentaire, et parfois malveillante de Jung, ou bien à des conclusions hâtives, prenons le terme "dialectique" (souvent associé à totalité ou même totalitaire). Ce mot est revêtu d'un sens philosophique et politique "lourd".  L'emploi qu'en fait Jung pourrait suggérer une influence hégélienne. Il l'utilise comme titre d'un de ses ouvrage Dialectique du Moi et de l'inconscient. Il s'en sert aussi pour donner un nom au processus de relation, qu'il qualifie de dialectique, entre l'analyste et l'analysant. Or, Jung réagit très vivement à toute allusion au sujet d'une quelconque influence de Hegel sur sa pensée, et ceci jusqu'à la fin de sa vie. Il le traite même dans une lettre de 1959, c'est à dire deux ans avant sa mort, de "psychologue raté". 

Pour Jung, il existe toujours une tension entre les opposés, on est confronté avec un vis à vis dont on doit tenir compte et "processus dialectique" signifie pour lui système de relation et d'interaction. 

En vous parlant du terme "dialectique je suis sur le chemin de ce que n'est pas la totalité pour Jung  : Ce n'est donc pas la totalité au sens hégélien, encore moins la totalité au sens politique de totalitaire, concept dont il a la plus profonde horreur, de quelque bord que s'exerce cette forme de totalité. Il fait, cependant, preuve d'un certain élitisme qui le fait penser que seul l'homme libéré de la "massification" , et tentant de devenir un véritable être individué, peut prétendre à la totalité.

Ces précisions données, de quelle totalité, dans son oeuvre et ses propos publics, car on peut toujours trouver chez lui (correspondance, propos relatés par des proches) des envolées très "mystiques", parle Jung ? 

Au cours de son travail il a eu différentes approches, parfois plus philosophiques qu'il veut bien l'avouer car, s'il privilégie le pragmatisme, il est difficile de nier que sa pensée touche souvent à l'éthique, la métaphysique et l'épistémologie. La totalité dont il est le plus souvent question, au niveau empirique où il veut demeurer, est la "totalité psychique". Une totalité vers laquelle il pense qu'on peut cheminer "humainement". Il s'agirait, comme il le dit dans Un mythe moderne, d'une "psyché globale, au sein de laquelle les contenus conscients doivent être complétés par les contenus de l'inconscient." Cette démarche idéale peut sembler utopique mais elle est potentiellement réalisable. Il l'exprime ainsi : "Deviens celui que tu es depuis toujours ! C'est à dire efforce-toi d'atteindre à cette totalité...que chacun porte en lui même depuis toujours."

Jung évoque aussi, avec beaucoup de précautions, probablement pour ne pas être surpris à "philosopher", une Totalité métaphysique inconnaissable dont il semble avoir l'"intuition ", mais au sujet de laquelle il se refuse à affirmer quoi que ce soit, car elle relève pour lui du transcendant invérifiable. Cette Totalité, dont il eut une sorte de "vision" en 1916, et qu'il assimilait alors au Plèrôme de Gnostiques serait celle d'un "Dieu", unissant en lui tous les contraires avant la différenciation.

Pendant la dernière partie de sa vie, Jung privilégia une approche de la totalité dont ceux qui me lisent régulièrement sauront qu'elle me séduit assez. Il s'agit d'une totalité humaine, immergée au sein de la grande Totalité de la Vie. Si on adopte cette vision, la lutte pour la prééminence entre le corps et l'esprit n'a plus de sens car l'un est intimement lié à l'autre. Dans cette Totalité, chacun est à la fois unique par son individuation et en relation avec la Nature. La totalité de la Vie, y compris celle de la vie de l'esprit, serait alors faite d'un seul et même substrat. Ce substrat peut être, ici il s'agit de ma pensée, mais je crois que Jung en était assez proche, tout imprégné de vibrations divines se diffusant à différents niveaux. Et comme le disait Jung, certains l'appellent Dieu, moi aussi.

 

24/02/2007

Naissance, mort, vie.

La mort est psychiquement aussi importante que la naissance et constitue comme celle-ci une partie importante de la vie.

          C. G. JUNG

Commentaire sur le Mystère de la Fleur d'Or

Albin Michel, p. 64
 

23/02/2007

Alchimie : liste des notes déjà publiées ( I )

Certaines personnes arrivent sur ce blog et lisent une note sur l'alchimie. Elles peuvent vouloir en savoir plus sur ce que j'ai déjà publié ou vouloir un renseignement sur un mot qui leur semble obscur. Pour l'avoir moi même expérimenté, il n'est pas toujours facile de "fouiller" dans les archives d'un blog. Je proposerai donc, assez régulièrement,  des listes, de la plus ancienne à la plus récente, des notes concernant un sujet. Si tout se passe bien, et si les korrigans ne me font pas de blagues, en cliquant sur le titre on doit tomber directement sur la note. Merci à vous tous de votre fidélité. Ariaga. 

  

Alchimie et Nature

L'alchimie spirituelle au quotidien

Les couleurs des phases en alchimie 

Angelus Silesius et l'alchimie 

La finalité de l'Oeuvre alchimique 

L'alchimie des cellules 

La chimie mentale

La montée des marches en alchimie

Alchimie la voie humide

Etienne PERROT sur l'alchimie 

Alchimie : un dictionnaire 

Le matériau de l'alchimiste et l'ombre

Obscurité et poésie chez les alchimistes

Méditation et imagination en alchimie 

Le sang de l'alchimie c'est l'amour 

La maladie, C.G.Jung et l'alchimie

 


 

20/02/2007

La maladie, C.G.Jung et l'alchimie

La maladie peut être un refuge qui permet d'échapper à l'ennuyeuse quotidienneté de l'existence ou d'excuser des manques, de permettre des ruptures. Elle est aussi une sorte d'issue à l'exaltation où s'épuisent les forces créatrices, les dépenses d'énergie excessives. Il y a des êtres pour lesquels la recherche du sens, et du dire de ce sens, est une mise à l'épreuve de la chair. Je pense à Nietzsche qui disait bénéficier de moments de grande clarté aux instants où il souffrait le plus. Chez ceux là, c'est au cours d'une douloureuse "passion"que, comme dans le creuset des alchimistes, se produit la "cuisson lente" de l'Oeuvre. C.G.Jung appartenait à l'espèce de ceux qui "somatisent" et que la maladie "transmute".

Pendant la petite enfance, une longue "absence de sa mère : eczéma généralisé, culbute du haut d'un escalier, heurt violent contre le bord d'un poêle, angoisses nocturnes. A douze ans, il fait, ce qu'il appelle lui même dans Ma vie, une névrose. Renversé par un camarade, sa tête heurte le trottoir. Il anticipe la violence du choc et une pensée fulgure : maintenant tu ne seras plus obligé d'aller à l'école! Cette pensée est tombée dans l'inconscient mais une somatisation s'est produite : chaque fois qu'il doit travailler ou aller en classe il tombe en syncope. Suit une période heureuse pendant laquelle il est libre de faire tout ce qui lui plait. C'est en particulier à cette époque que sa communion avec la Nature et l'originalité de sa réflexion se développent de manière très puissante. Il faut une réflexion de son père, entendue par hasard, sur la lourde charge que va représenter pour un pasteur sans fortune un enfant handicapé, pour le tirer de cet état. Les crises disparaissent et il se rend compte que c'était lui qui avait "monté cette honteuse histoire". 

Ce comportement de fuite devant la vie ordinaire, cette manière de chercher refuge dans la maladie, se manifeste au moment de sa grande maladie de 1944 où, après une période de visions dans un état entre la vie et la mort, il met trois semaines avant de se "décider à revivre". Et pourtant, l'instinct de vie, la nécessité de transmettre une expérience, l'impression qu'il est important d'accepter son destin et la Vie telle qu'elle est l'emportent. C'est après cette cuisson lente sur l'athanor d'une transformation qui le mène aux portes de la mort que son travail et sa pensée se révélèrent les plus fertiles. Il a parlé ensuite de la possibilité d'une "zone intermédiaire" entre le physique et le psychologique, la maladie étant semblable à la pierre des alchimistes. Elle serait alors une étape dans le processus d'individuation c'est à dire de l'Oeuvre que nous devons entreprendre sur nous- mêmes pour devenir un être complet.

J'ai pris Jung comme exemple parce qu'il est représentatif et que d'autres que je connais auraient été trop personnels, mais je pense qu'il existe des lecteurs de ce blog qui, après avoir subi une maladie longue et douloureuse qui les a fait frôler la mort, ont été transformés par cette épreuve. Le plaqué or de leur vie s'est transformé en or. Je pense, entre autres conséquences, que les états valétudinaires, probablement parce qu'ils diminuent les défenses du  conscient, relativisent l'importance de problèmes souvent liés à l'image que l'on souhaite présenter à la"Société"et permettent de se consacrer à l'essentiel, la Vie et la spiritualité. 

 

16/02/2007

Expérimentation sur la symbolique des rêves.

Il est une circonstance, que l'on pourrait qualifier d'expérimentale,  où l'interprète se retrouve seul devant les rêves. Ce fut le cas pour C.G.Jung, quand il analysa, hors de sa présence, les rêves de W. Pauli. E. Perrot, aussi, a tenté ce genre d'expérience. Il faut quand même noter qu'ils avaient quelque renseignements sur l'âge, le sexe et éventuellement la profession des rêveurs. Ce n'est pas le cas pour ceux qui proposent leurs rêves sur les blogs. Je connais des "personnes "qui offrent de perpétuelles surprises quant à leur identité...Et pourtant, il est bien tentant de chercher, à partir de ces rêves, des symboles alchimiques, des constantes, des structures, des formes que l'on retrouve souvent, sous des présentations différentes.  On pourrait alors les commenter comme on le ferait pour n'importe quel symbole vivant.  Les songes sont alors regardés d'une manière plus "phénoménologique" qui considère le rêve comme un objet de réflexion sur l'évolution des formes et de la vie symbolique, indépendamment des réactions et de la vie personnelle du rêveur. Ce fut la démarche de Jung, et elle me semble très intéressante.

Jung pensait que ce travail devait, de préférence,  se faire sur une série de rêves car ce sont les éléments fournis par la série, qui donnent, en quelque sorte, le contexte. Pour proposer une interprétation il utilisait ses propres connaissances (immenses). La série lui donnait aussi la possibilité d'étudier la vie d'un symbole d'une manière plus exhaustive. Dans le cadre du blog on ne peut procéder ainsi, ou alors il faudra qu'un groupe note ses rêves pendant des années et que les blogs ne soient pas éphémères. Je rêve, je rêve...

Il me semble, cependant, que si certains sont intéressés par le contenu symbolique d'éléments marquants de leurs rêves,  des notes  "générales" pourraient être faites sur , par exemple (je pense à des rêves de profdisaster) , L'oeuf, les grandes voix, l'enfant, l'arbre.  Depuis  très longtemps ce genre de symboles, très alchimiques,  sont présents chez les rêveurs. Alors, pourquoi pas ? 

 

 

16:50 Publié dans rêve | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : écriture, rêve, Jung, Perrot, alchimie

15/02/2007

L'image de Dieu

"Nos images sont en règle générale des images de quelque chose"..."l'image de Dieu est l'expression d'une expérience sous-jacente de quelque chose  que je ne peux pas atteindre avec des moyens intellectuels, c'est à dire par la connaissance scientifique, à moins de me livrer à une transgression irresponsable"... Lorsque je dis que je n'ai pas besoin de croire en Dieu parce que "je sais", je veux dire par là que je sais ce qu'il en est des images de Dieu en général et en particulier. Je sais qu'il y va d'une expérience universelle et, dans la mesure où je ne suis pas moi-même une exception, je sais que j'ai moi aussi une telle expérience que je peux appeler Dieu...Cette étrange force qui se manifeste pour ou contre mes mouvements conscients m'est bien connue. C'est pourquoi je dis  : "Je le connais."Mais pourquoi devriez vous appeler ce quelque chose "Dieu"? Je répondrais : "pourquoi pas ?  On l'a toujours appelé "Dieu". 

                       C. G. Jung.  

Correspondance, T.5, p. 138.  

14/02/2007

Pensée dirigée, rêve et poésie

La conscience humaine a fait un prodigieux effort d'adaptation et de coopération pour qu'un code de communication, à peu près clair, s'établisse entre les hommes parlant la même langue. L'expression onirique participe, quant à elle, de la globalité du matériau d'où est issue l'expression de la vie courante. C.G.Jung a écrit dans l'ouvrage (Métamorphose de l'âme et de ses symboles) qui consomma sa rupture avec S.Freud, que la langue péniblement acquise, celle qu'il appelle notre pensée dirigée, n'est pas autre chose que : "le degré avancé du cri lancé aux compagnons pour leur annoncer qu'on a trouvé de l'eau, que l'ours a été abattu, qu'un orage approche, ou que les loups rôdent autour du campement."(p. 60)

Ce cri de découverte ou d'avertissement, il faut qu'on l'entende, qu'il soir compris. Le langage se construit avec d'autres êtres humains, c'est une "façade", un pont, dont l'unique but est la communication". La pensée dirigée logique, aisément communicable, s'oriente vers l'extérieur, utilise le savoir transmis et s'adapte aux comportements usuels. Cependant, une question se pose : "que se passe- t-il quand nous ne dirigeons pas notre pensée ? " Il est, en effet, impossible de rester en permanence dans un état ce concentration et d'éveil permettant de conserver une pensée d'attention dirigée. On plonge alors dans un état de pensée non dirigée, simplement associative, de suites d'images, de lambeaux de phrases sans signification, bref de rêvasseries...

Nous avons donc à notre disposition deux formes de pensée, la pensée dirigée, et le rêve ou fantasmes. La première, fatiguante demande des efforts de volonté, d'adaptation, d'imitation de la réalité. La seconde rompt avec le réel, est moins extérieure. C'est surtout une pensée libre, ne faisant aucun effort pour se mouler dans ce qui existe déjà. 

Si on considère le surréalisme comme une sorte de dictée de l'inconscient, en l'absence du contrôle exercé par la pensée dirigée, son langage serait celui se rapprochant le plus de l'expression onirique. La poésie inspirée, celle qui ne se contente pas de dire le déjà dit, ou de décrire le déjà vu et quitte le niveau de la réalité humaine pour se laisser aller au jeu désintéressé des nouvelles associations, parle la langue du rêve qui, comme elle,  exprime tout ou rien selon la possibilité de co-naissance de celui qui la reçoit. C'est de cette poésie que je rêve et dont j'avais envie de vous parler aujourd'hui.

09/02/2007

Le symbole vivant

   Il faut distinguer le signe du symbole. Par exemple, si vous voyez quelque chose comme SNCF sur une casquette, cela ne symbolise pas le chemin de fer mais l'appartenance à cet organisme. De plus, il s'agit d'un fait connu ne laissant la place à aucune interrogation. Pour que l'on puisse parler d'un symbole il doit rester une fenêtre ouverte sur l'imaginaire, sur une pluralité de possibilités de sens. C'est cette ouverture qui va faire la différence entre un symbole "vivant" et un symbole "mort". 

   Tant qu'un symbole est vivant il est, comme le pense C.G.Jung, la meilleure expression possible d'un fait. Pour le rester, il doit être à la fois "gros de signification" et "expression suprême de ce qui est ressenti, mais non encore reconnu". Toute théorie scientifique, tout phénomène psychologique peuvent être des symboles vivants, à condition qu'ils énoncent ce "quelque chose de plus" qui échappe à la connaissance du moment. 

   Que le sens devienne parfaitement clair et que l'on ai trouvé la formulation qui rend le mieux compte de la chose cherchée, attendue, ou pressentie, et on à alors affaire à un symbole mort qui n'a plus qu'une valeur "historique". Bien sûr, ce peut encore être un symbole (on en rencontre fréquemment dans les rêves) mais il faut le remettre dans son contexte, à l'époque où il vivait, avant d'avoir engendré une expression meilleure qui l'a remplacé comme symbole vivant. L'intellect ne doit pas pouvoir venir à bout d'un symbole, le dessécher,  pour qu'il reste vivant et ne soit pas réduit au rôle de signe conventionnel.

   Le symbole vivant s'enracine donc à la fois dans ce qu'il y a de plus élaboré au niveau de la conscience et dans des représentations tellement primitives et collectives que leur universalité ne peut être mise en doute. C'est ce qui fait sa puissance. Le fait qu'il y ait des controverses sur ce que signifie ou ne signifie pas une expression symbolique témoigne de sa vitalité.Cependant je pense que, comme le disait Jung, "seuls ceux qui tendent à la réalisation de l'inconnu sont de véritables symboles". Pour moi, ceux qui font vivre les symboles, comme le compositeur les notes de musiques,  sont les artistes. Combien de représentations picturales de l'amour, de la nature, de la guerre, de formes indéfinies, mais tellement évocatrices que notre vision peut s'affoler, nous offrant les peintres, les sculpteurs, les photographes ? Combien de mots usés sont assemblés par les poètes pour faire frissonner notre imaginaire ? Le symbole vivant,  c'est la vie rêvée de l'esprit.

       Ariaga
 

07/02/2007

Méditation et imagination en alchimie

Quand je parle d'alchimie sur ce blog je fais référence, pour l'instant, aux philosophes alchimistes de la nature" du Moyen Äge. Les racines sont beaucoup plus anciennes, grecques arabes, chinoises, etc. La constance des alchimistes envers une recherche assez désespérante quant aux résultats, peut s'expliquer par leur "attitude mentale" à l'égard de l'Oeuvre.  S'appuyant sur les textes d'un auteur du Moyen Äge, où il est écrit que l'Oeuvre doit être accomplie "avec l'imagination vraie et non avec celle qui est chimérique", C.G.Jung parvient à l'hypothèse suivante : "il semble très possible que l'auteur soit en fait de l'avis que le secret essentiel de l'art est caché dans l'esprit humain ou, pour l'exprimer en termes modernes, dans L'inconscient. Ce serait pour cette raison que l'homme ignorant ne peut accomplir l'Oeuvre sans avoir étudié les anciens philosophes, prié Dieu, et s'être mis dans une certaine condition mentale. 

La méditation, le premier des exercices propres à aider l'alchimiste à s'élever à la hauteur de sa tâche, est considérée par les alchimistes comme un "colloque intérieur" avec un invisible "autre" qui peut être, par exemple, soit Dieu, soit un autre "soi même", soir un ange gardien.  Ce colloque intérieur, dépassant le stade d'une simple réflexion, est un rapport avec l'autre en nous, assimilée par Jung à un dialogue avec l'inconscient.  Il s'agit d'une "relation dialectique vivante", comparable à celle de la psychologie des profondeurs.

L'imagination , n'est pas une vague rêverie ou une idée qui nous vient à l'esprit, au sens de pensée sans substance, c'est une représentation voulue, certains diront "pensée dirigée". Comme beaucoup de concepts alchimiques cette imagination est mise en relation avec l'âme et Dieu. Quand les auteurs parlent de la faculté imaginative de l'âme, il faut se représenter une sorte de délégation de pouvoirs à partir du divin. En simplifiant : l'âme est le "vicaire de Dieu et, dans cette fonction, elle gouverne la pensée ; pensée qui gouverne le corps en devenant une "âme corporelle résidant dans le sang". L'imagination serait donc un phénomène à la fois spirituel et physique, ce qui pourrait expliquer son influence sur les transformations de la matière. La faculté imaginative de l'âme de l'alchimiste lui permettait ainsi d'entretenir un rapport avec la matière qu'il espérait transmuter.

Le domaine intermédiaire entre la matière et la psyché était, pour les alchimistes, celui des corps subtils. Le corps subtil était considéré par ces alchimistes, utilisant à la fois la symbolique alchimique et des conceptions religieuses, comme une véritable réplique et Modèle de la vraie Pierre spirituelle et céleste : Jésus Christ. Le projet de l'alchimiste étant de produire le "corps transfiguré de la résurrection".

L'imagination était donc liée, en remontant la chaîne de la délégation de pouvoirs, à l'imagination de Dieu. Cela permettait à l'"artiste" de saisir et de se représenter "le plus grand" qui avait alors la possibilité de passer d'un état potentiel à la réalité substantielle. Avec l'aide de Dieu, formule fréquente en alchimie, "tu peux concevoir le plus grand", ton corps peut le réaliser, était-il enseigné à l'adepte.

Ce que l'imagination tente de faire accéder à la représentation, ce plus grand, c'est, pour la psychologie des profondeurs de Jung, l'émergence de représentations symboliques des contenus archétypiques de l'inconscient. 

 

06/02/2007

L'interprétation des rêves selon C.G.JUNG 2/2

Aujourd'hui je vais m'intéresser, avec ceux qui me lisent, au domaine du relationnel dans l'interprétation des rêves. Ce domaine a pour caractéristique d'être enraciné dans une terre commune : la relation. Trois relations existent et s'interpénètrent. Première possibilité : une relation entre l'inconscient et le moi conscient du rêveur, s'il est seul avec son rêve. Deuxième possibilité :  une relation entre le rêveur et l'interprète de son rêve s'il le fait analyser (Ceci dans le cas d'une interprétation junguienne où le dialogue est permanent entre le rêveur et l'interprète).  Enfin, dans le cas d'un dialogue entre le rêveur et l'interprète il se forme une boucle qui passe par l'inconscient des deux protagonistes avec une possibilité d'une relation à la "totalité" par leur accès commune à l'inconscient collectif.

Les deux plans sur lesquels les rêves peuvent être interprètes se distinguent, là aussi, par le niveau d'approche relationnel : relation au monde extérieur et relation au monde intérieur. En effet, l'art de l'interprétation des rêves s'organise autour de deux techniques de base : l'interprétation sur le plan de l'objet et l'interprétation sur le plan du sujet

L'interprétation que l'on appelle sur la plan de l'objet consiste à accorder une réalité objective aux acteurs et évènements qui interviennent dans un rêve. Les images du rêve nous renseignent donc sur la relation existant entre le Moi du rêveur et des personnes ou des situations qui existent réellement à l'extérieur de lui. Par exemple (je crois que c'est un exemple d'Etienne Perrot), s'il rêve de son oncle, le rêve lui donnera le point de vue de son inconscient sur sa relation réelle avec son oncle. C'est pourquoi, l'approche sur le plan de l' objet est indispensable pour que le rêveur prenne conscience des conséquences de la relation qu'il entretient avec le monde extérieur. Cela peut l'aider à s'affranchir du poids des relations qui l'aliènent. Il est évident qu'à ce niveau d'interprétation il faut connaître le rêveur. 

La deuxième approche, sur le plan du sujet, consiste, au contraire, à interpréter les images du rêve comme des figures intérieures du rêveur, des symboles ou des complexes déterminant la psyché inconsciente. C'est un moyen d'investigation destiné à donner des renseignements sur la réalité intérieure du rêveur à laquelle le moi ne peux accéder de lui même. Dans cette optique, l'oncle du rêve sera peut-être, s'il s'agit d'une femme,  une figure symbolique de l'animus. 

Jung appelle parfois l'interprétation sur le plan du sujet méthode herméneutique car ce procédé tient compte de l'ensemble des représentations de la psyché, qu'elles soient de nature individuelle ou issues de l'inconscient collectif, ce qui donne à leur interprétation de grandes possibilités d'amplification. C'est ainsi que l'on peut alors envisager de réfléchir sur des rêves de (presque) inconnus contenant des éléments appartenant à tous. Mais ceci est une autre histoire et je vous en parlerai prochainement car j'ai pitié d'amis de ce blog, qui me sont chers,  et pour lesquels Jung n'est pas leur tasse de thé.  La tasse est pleine ! Amitiés à tous.

 

 

 

05/02/2007

L'interprétation des rêves selon C.G.JUNG 1/2

Le but de ces notes sur l'interprétation des rêves est de voir si on peut sérieusement envisager de parler dans le Laboratoire de certains "grands rêves" offerts à tous sur des blogs amis.

Après avoir tout d'abord employé la méthode de S. Freud des "associations libres", C.G.Jung a considéré que cette méthode ne rendait pas compte de l'ensemble du rêve car elle ramenait inéluctablement aux complexes des sujets, alors que ces complexes  ne faisaient pas obligatoirement partie du rêve. Il a alors décidé de "décomposer" les rêves pour en extraire toute leur substance et tenter d'en établir le sens, ou plutôt les sens aux différents niveaux d'interprétation (que nous verrons demain). Il prenait chacun des éléments d'un rêve et, sans opinion préconçue sur la manière dont l'image était arrivée là, procédait, en tournant autour, à l'approfondissement du sens de l'image. Il appela sa méthode l'"amplification".

Mais Jung trouvait encore insuffisante la technique de décomposition du rêve en ses éléments, réminiscences et motivations. Pour lui, cette façon de procéder atteignait ses limites au moment où, je cite, : "les symboles oniriques ne se laissent plus réduire à des réminiscences ou à des volitions personnelles, c'est-à-dire que surgissent des images de l'inconscient collectif."Il y a en effet des images qui semblent n'avoir que très peu de sens si on les rapporte au rêveur. Pour qu'elles prennent toute leur signification il faut chercher dans des directions qui peuvent apparaître comme complètement étrangères aux associations conscientes faites par le rêveur. Par l'amplification on recueille des tas de données et ensuite on cherche une "expression générale compréhensible". 

On peut dire, au sujet de cette technique d'interprétation, que Jung continua le travail de Freud, en l'élargissant. Il est cependant un point sur lequel leurs vues divergent.

Freud a, selon Jung, entrepris une démarche courageuse pour donner un sens au rêve mais il a effectué ses observations dans le champ de la psychopathologie. Il pense que les rêves, tout comme les névrosés, sont dissimulateurs. Les rêves seraient alors "une simple façade derrière laquelle quelque chose est intentionnellement caché." Jung réfute fermement cette vision de la psychologie du rêve. Pour lui, le rêve est un "évènement naturel". L'inconscient est autonome, il a son projet et on ne voit aucune raison valable pour qu'il soit une "invention rusée" destinée à nous tromper ; il ne dissimule pas, il expose. C'est pourquoi il faut éviter de l'analyser avec trop de hardiesse ou de défiance. On doit simplement l'accueillir, tel qu'il se présente, et le contempler pour, finalement, prendre conscience de ce qu'il exprime dans sa totalité.