15/07/2019
Rolande Biès : Rêves, astrologie, alchimie
Photo ÉPHÊME
En ce moment de l’été où beaucoup partent en vacances, je publie, comme chaque année, pour ceux qui sont contraints à rester.
Je vous propose de rendre hommage à Rolande Biès (1919-2012) en publiant quelques uns de ses textes extraits des Lettres aux amis de l'alchimie dont vous pouvez trouver l'intégralité dans Espace Francophone Jungien. Voici le premier qui est de Septembre 1995
***
"Les images qui arrivent dans nos rêves n'exigent pas une connaissance du monde, elles nous invitent à habiter le monde. Il ne s'agit pas d'un savoir, qui est avoir ; il s'agit d'être.
Comment ÊTRE totalement ? En pénétrant dans les couches profondes de notre psyché afin de ne faire qu'un avec l'inconnu qui habite en nous. Il ne s'agit pas de violer le secret de l'être, mais d'aider celui-ci à l'intégrer en l'épousant, en acceptant de combler ce creux ; c'est cela, le "creuset" alchimique. En devenant un rêveur de l'intime, nous marions en nous toutes les oppositions qui nous harcèlent. Plus nous refusons notre aspect terrestre, humain, humble, plus nous sommes déchirés au lieu d'être reliés à nous-mêmes avant de l'être aux autres.
Tout commence par une prise de conscience due à une épreuve. C'est le début de la quête, le point de départ de l’œuvre. La vie semble avoir perdu son sens, on est en "nigredo" ; Saturne en est le maître, représenté par le plomb. Puis un jour, une rencontre, un livre nous fait entrer dans un ordre nouveau, la volonté de l'ego faiblit, c'est Jupiter, représenté par l'étain gris (l'éteint), qui permet d'entrer dans l'espérance.
Mars, le dieu de la guerre, inaugure alors le combat contre soi-même ; il est froid, mais rouge si on le chauffe, comme le fer. On le nomme l'Aimant des Sages, celui qui attire le sage, car le sage est amour. L'épée, esprit de discrimination, entre dans la lutte contre le dragon de l'orgueil.
Puis, vient Vénus, le cuivre contenu dans le bronze et l'airain des cloches. Couvert de vert-de-gris, il a encore besoin d'être délivré de la cupidité et de l'envie.
Voilà les rapports existant entre astrologie et alchimie. L'astrologie est une projection dans le ciel : loin. L'alchimie est une projection sur la terre : proche. Sans oublier le Mercure, qui est double, puisqu'il est métal liquide : dieu ambigu, dont le caducée montre les deux serpents ennemis reliés entre eux.
Nous entrons là dans l’Œuvre au blanc, où la spiritualité domine la matière : c'est le Premier Travail.
Cela a déjà été dit. Mais quel nom donne-t-on à l'Alchimiste ? Le perroquet.
18:19 Publié dans Alchimie, Jung et la psychologie des profondeurs, Pensées, interrogations, aphorismes, Philosophie, photo | Lien permanent | Commentaires (28) | Tags : alchimie, philosophie, rêves, rolande biès, jung, ariaga, photo
11/09/2017
C.G.Jung : alchimie et psychologie de l'inconscient
Je vous propose une citation de mon cher Jung qui justifie peut-être toutes les années que j'ai passées à lire et méditer l’œuvre que Jung à consacrée aux relations entre l'alchimie et ses propres recherches sur l'inconscient. Elle se trouve à l’avant dernière page de son oeuvre majeure sur le sujet, Mysterium conjonctionis, p. 360. Je me suis permis de mettre ce qui me semblait essentiel en caractères gras.
" Nous sommes aujourd'hui en mesure de voir à quel point l'alchimie a préparés les voies à la psychologie de l'inconscient et cela de deux manières : tout d'abord en léguant sans le vouloir, dans l'amoncellement de ses symboles, un matériel de représentations symboliques d'une extraordinaire valeur pour les méthodes d'interprétation moderne, et ensuite en indiquant, par ses essais délibérés de synthèse, des processus symboliques que nous découvrons dans les rêves de nos patients. Nous pouvons voir aujourd'hui comme la démarche alchimique en vue d'unir les opposés, telle que je l'ai décrite dans ces pages, peut représenter également l'itinéraire d'un individu isolé vers l'individuation, avec toutefois cette différence non négligeable qu'un individu ne peut jamais égaler à lui seul l'abondance et l'ampleur des des symboles de l'alchimie. " [...] c'est pourquoi décrire la nature du processus d'individuation à partir de cas particuliers est une tâche si difficile et si ingrate. "
Ariaga
18:40 Publié dans Alchimie, Citations, Jung et la psychologie des profondeurs, Philosophie, photo | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : jung, philosophie, psychologie, citations, ariaga, rêves
22/01/2014
Rêves et liberté
Quand nous rêvons, nous sommes libres d'agir dans le cadre de situations qui seraient impossibles dans la vie dite "réelle".
On se retrouve dans des maisons inconnues, on change de lieu en une seconde, on joue d'un instrument de musique alors qu'on en est incapable, on côtoie des "people" on vole comme un oiseau et on fait bien d'autres choses encore ...
La rigidité de la logique, de l'enchaînement des causes aux effets, des contraintes du temps linéaire, tout cela disparait et nous sommes invités à un extraordinaire voyage dans un monde où tout est possible y compris l'absurde.
Il arrive que l'on se trouve dans des situations terribles. Par exemple on tombe dans le vide mais on se réveille avec un tel soulagement ! Ma nature craintive et mon vertige rendent impossible un saut à l'élastique, même si quelque chose au fond de moi aimerait cette sensation. C'est probablement pour cela que, dans un rêve, voler, tomber, marcher au bord des falaises, m'a toujours donné l'impression de vivre des aventures interdites. Dans le monde du rêve, même si il y a parfois de l'angoisse, la vie est passionnante !
Pour ceux qui auraient besoin d'une dose de potion alchimique je recommande l'excellent texte de Jean Bissur intitulé Gérard Dorn, Jung et l'alchimie.http://carl-gustav-jung.blogspot.fr/2014/01/gerard-dorn-j...
Ariaga
09:05 Publié dans Alchimie, Jung et la psychologie des profondeurs, Philosophie, rêve | Lien permanent | Commentaires (39) | Tags : écriture, philosophie, rêves, alchimie, jung, socièté, art
15/01/2014
Tags à La Rochelle
La nuit dernière j'ai rêvé que j'avais couvert les murs de mon appartement de dessins et peintures de têtes de mort. Certains étaient du style des illustrations que l'on trouve dans les ouvrages alchimiques, d'autres d'une facture plus récente. Je recevais beaucoup de visiteurs qui tous jugeaient cette décoration hideuse et j'étais déçue et blessée qu'ils n'apprécient pas ces dessins que je trouvais très beaux et au milieu desquels j'aimais vivre.
J'ai pensé, quand j'ai "contemplé" mon rêve, qu'il avait été induit par une série de photos de tags que j'avais prises dans un parking de La Rochelle. Il n'y avait pas que des photos relatives à la mort, mais je vous donne un échantillon du travail de ces artistes. Vous aurez en prime un portrait de femme que j'ai trouvé mortel !
J'ai aussi pensé que l'inconscient m'envoyait le signe de reprendre le blog car le temps passe si vite ...
Ariaga
14:38 Publié dans Alchimie, arts, la Rochelle, Philosophie, rêve | Lien permanent | Commentaires (52) | Tags : écriture, rêves, alchimie, art, psychologie, photos, la rochelle, mort, socièté
21/09/2013
Belle est la nuit.
Il est bon, de temps en temps, de s'endormir à la vie des blogs et de profiter des lumières de la vie intérieure. On peut appeler cela des vacances et je vais en prendre un peu pour revenir, reposée, après une belle nuit que j'espère pleine de rêves inspirants. Je sais que vous êtes quelques uns qui veillerez sur la vie diurne et l'activité du Laboratoire.
Belle est la nuit obscure quand elle est un chemin vers le lever de l'aurore ...
Je vous en bras se tous amis connus et inconnus.
Ariaga
12:15 Publié dans blog et quotidien, la Rochelle, Philosophie, photo | Lien permanent | Commentaires (32) | Tags : écriture, philosophie, vacances, la rochelle, spiritualité, rêves, nuit
29/03/2010
Le rêve initial
La Rêveuse est devant une paroi de pierre, lisse comme une cloison, avec un trou rond qui donne sur on ne sait où, un autre endroit.
De l'autre côté du trou, dans lequel la Rêveuse à engagé la partie supérieure de son corps pour essayer de passer, se trouve un homme inconnu très séduisant, l'imagine la Rêveuse, car elle ne voit pas le visage de cet homme. Derrière elle, il y a la présence discrète de son mari et d'une femme mûre, d'allure très dominatrice et à la voix autoritaire , qui s'agite beaucoup. Elle crie : "Vas-y, fais un effort, empotée". La tête et les épaules de la rêveuse passent mais la partie inférieure de son corps est coincée. Elle sent que si elle s'arrachait la peau, si elle n'avait pas peur de se faire mal, elle arriverait peut-être à passer mais elle bloque. L'homme de l'autre côté de la paroi encourage la Rêveuse, tend ses bras vers elle, prend ses mains pour essayer de la tirer. Pendant ce temps, la femme autoritaire continue à se manifester. Cela énerve la rêveuse qui sort du trou et dit : "Tu n'as qu'à passer toi !" " La femme répond avec une curieuse modestie : "Comment veux-tu que j'y arrive si tu n'y arrives pas ?"
Je donnerai deux interprétations, l'une, la première, s'attachera à l'"histoire" que raconte l'inconscient. L'autre sera une mise en évidence des éléments du rêve qui évoquent pour moi des thèmes importants de la symbolique alchimique. Ceux que ces thèmes n'intéressent pas peuvent "zapper" car mes notes seront plus longues que d'habitude.
La représentation de l'inconscient
Ce rêve a été noté plusieurs années avant le rêve suivant mais pour l'inconscient le temps n'existe pas et on peut noter qu'il propose déja pas mal de données du scénario des rêves futurs. Nous avons le décor et les enjeux de l'action : un mur, une absence de relation entre la Rêveuse et un "autre endroit" qui est l'inconscient. La possibilité de passage de l'autre côté est figurée par le trou rond. La représentation est commencée et la Rêveuse a engagé la partie supérieure de son corps dans le trou, ce qui implique qu'il y a peut-être une possibilité de passer de l'autre côté de la paroi rocheuse. Différents protagonistes sont déjà là : l'animus positif (l'homme de l'autre côté) représentant du soi, le mari, symbolisant la vie consciente. L'ombre, liée à l'animus négatif, lui même lié à l'animus maternel. Cette ombre est puissante, autoritaire, elle traite la Rêveuse d'empotée et provoque une régression conduisant la Rêveuse à ressortir du passage dans lequel elle s'était engagée.
L'affrontement des forces est annonçé : négative, cette femme autoritaire et positive l'homme qui tend les bras en essayant d'aider. On voit aussi déjà la difficulté de l'incarnation, un problème majeur de l'évolution de la Rêveuse. Il lui semble facile de passer le haut du corps par la tête, ce qui signifie que, mentalement, elle pourrait rejoindre cet homme séduisant si le bas du corps n'était pas coincé. Cela montre un blocage à ce niveau. Je vois aussi , avec un connotation religieuse liée à l'idée de la rédemption par la souffrance, la rêveuse à été élevée dans la religion catholique , le fait que pour "passer" il faudrait s'arracher la peau". Pour réussir, ne plus être une empotée, il faudrait supprimer cette chair méprisable.
Ainsi, au cours de cet affrontement initial, il semble y avoir une victoire de l'inhibition, un renoncement. Il existe cependant un élément positif, une indication de la voie à suivre. Il s'agit, à la fin du rêve, de la curieuse humilité de l'ombre autoritaire disant : "Comment veux tu que j'y arrive si tu n'y arrives pas ". Cette ombre, qui apparaissait comme un juge impitoyable, se trouve elle même complètement démunie, et révèle que le potentiel de réalisation d'un mouvement vers une réalisation de son être psychique est entre les mains de la rêveuse elle même, et non chez cette ombre juge.
La symbolique alchimique
On trouve déjà dans ce rêve une allusion à la Pierre, à l'homme de la conjonction but ultime de l'alchimie, à une femme autoritaire dont on peut supposer qu'elle est cette "autre", mystérieuse et terrifiante mais aussi vénérée, la Nature, sous sa forme de Mère de tous les éléments. C'est cette Grande Mère Nature des alchimistes qui dit à la Rêveuse, à la fin du rêve, que l'opus est en elle et que son travail alchimique est un processus de transmutation intérieure.
Le thème du supplice, qui apparaît clairement ici, a été utilisé par les alchimistes d'une manière ambigüe due à l'absence, pour eux, de frontières nettes entre la matière et esprit. Il pouvait s'agir du supplice des matériaux à améliorer, de tourments infligés à leur mystérieuse "substance" ou des opérateurs eux mêmes qui étaient l'objet de supplices abondamment décrits par les ouvrages alchimiques.
Le fait que l'homme très séduisant et la Rêveuse se tiennent les mains est une annonce du processus de la conjonction, des noces alchimiques des opposés. La présence de mains, que l'on retrouvera plus tard dans la série, à déjà ici une connotation alchimique. Il s'agir des mains du "magistère" et le fait que les deux mains soient impliquées redouble les possibilités d'accomplir au moins une partie du processus de la réalisation de l'oeuvre. Notons aussi la présence discrète du mari, celui avec lequel devra se réaliser l' "union des corps", si essentielle en alchimie. La discrétion dont il fait part montre tout le chemin à parcourir.
Nous aussi nous avons du chemin à parcourir si nous voulons parvenir au rêve d'aboutissement de cette série...
Ariaga
09:48 Publié dans Alchimie, Jung et la psychologie des profondeurs, Une série de rêves. | Lien permanent | Commentaires (66) | Tags : écriture, rêves, culture, spiritualité, philosophie, jung, psychologie, alchimie
23/03/2010
L'enseignement des séries de rêves
Je vais vous parler, aujourd'hui, de la vie du Laboratoire du Rêve et de l'Alchimie Spirituelle. Je pense qu'il est temps qu'il remplisse une de ses fonction essentielle : chercher, en suivant un cheminement d'évolution spirituelle, à mieux comprendre les rêves.
Ceux qui me lisent depuis longtemps savent que je suis vivement intéressée par les séries de rêves. En cela je ne fais que rester dans les pas de C.G.Jung qui y a consacré un important travail. Je vais vous proposer , au rythme, je pense, d'un par semaine des rêves issus d'une série que j'ai utilisée, il y a quelques années, dans le cadre d'une recherche. A l'origine, ces rêves, ceux d'une femme d'une quarantaine d'année à l'époque où ils furent notés, étaient au nombre de 400. J'en avais conservé 150 et je pense les réduire ici à une cinquantaine.
Contrairement à tous les principes du travail d'analyse les rêves, dépouillés de leur contexte dans la vie réelle de la rêveuse, seront considérés comme des "objets" sur lesquels chacun pourra projeter sa propre signification symbolique. Je proposerai une interprétation parmi toutes celles possibles mais, évidemment, mon explication sera "orientée" par ma culture et mes sujets d'intêret.
Pour ne pas alourdir cette note, je vous expliquerai au fur et à mesure comment je procède. Sachez, cependant, que je vais en particulier observer :
- le dialogue entre les couples d'opposés masculin féminin et la manière dont ils tentent leur conjonction.
- l'émergeance des grands archétypes.
-la perennité des symboles (par exemple l'oiseau devient l'avion) et aussi la continuité dans le temps de manifestations des forces de la Nature telles que les ressentaient les anciens philosophes alchimistes.
- le développement d'une certaine logique interne, étrangère à la notre, issue de l'inconscient profond. Je l'appelle l'enseignement ou le discours du rêve .
Tout ce que j'envisage ne peut être observé dans un rêve isolé. Je vous proposerai donc ces rêves de la série en début de semaine et j'espère que quelques uns d'entre vous seront intéressés. Le blog continuera sa vie, parfois un peu chaotique , avec divers autres textes mais je tenterai d'être régulière pour ce qui est de la série de rêves. A la semaine prochaine pour le rêve initial. A bientôt.
Ariaga
10:26 Publié dans blog et quotidien, Nature, rêve | Lien permanent | Commentaires (39) | Tags : écriture, rêves, société, jung, blog, spiritualité, psychologie, philosophie
21/06/2009
Alchimie et psychologie de l'inconscient
( suite de la note précédente )
C'est C. G. Jung lui même qui expose, de la manière la plus pertinente, les apports de l'alchimie à la partie théorique de son oeuvre. Il en donne une " quintessence " dans un passage de l'épilogue de Mysterium conjunctionis, son ouvrage entièrement consacré aux racines et à l'évolution de la symbolique alchimique.
L'Oeuvre cherche à réconcilier des éléments contraires dont l'incompatibilité est perçue sur un plan à la fois psychique et physique ce qui permet de dire qu'elle s'étend à " la Nature toute entière " et cela jusqu'au fumier, à la substance vile et méprisable qui peut se métamorphoser en pierre philosophale. Or, l'expérience clinique de Jung lui a montré que, dans les rêves et les phantasmes, on retrouve les paradoxes et les symboles obscènes qui avaient, à la fois, iluminé et égaré l'esprit de l'alchimie. Cette résurgence conduit Jung à se demander s'il faut rejeter ces productions oniriques dans les mêmes oubliettes que les soi disant absurdités des alchimistes, ou bien entreprendre des recherches en suivant l'exemple de leur patient travail ; ceci avec l'espoir de trouver, au sein de ce matériau, un fil conducteur. Jung écrit :
" Nous sommes aujourd'hui en mesure de voir à quel point l'alchimie a préparé les voies à la psychologie de l'inconscient et cela de deux manières : tout d'abord en léguant sans le vouloir, dans l'amoncellement de ses symboles, un matériel de représentations symboliques d'une extraordinaire valeur pour les méthodes d'interprétation moderne, et ensuite en indiquant, par ses essais délibérés de synthèse, des processus symboliques que nous découvrons dans les rêves de nos patients. "
La démarche alchimique, pense Jung, représente symboliquement celle d'un individu isolé dans son cheminement vers l'individuation. Il y a cependant une différence notable : quelle que soit la richesse des représentations, elles sont limitées. Les observations individuelles montrent une phase, un aspect, du processus. Ceci a été pour lui un obstacle majeur et explique qu'il ait attendu tant d'années avant de théoriser ses découvertes empiriques. Il a acumulé énormément de matériaux, fournis par les textes alchimiques et les rêves, pour tenter de généraliser les représentations du processus d'individuation. Ce travail titanesque n'a été effectué par personne d'autre. Dans les dernières lignes du Mysterium conjonctionis, Jung résume ces longues années de recherches :
" Il n'existe pas, dans la sphère de mon expérience, de cas offrant un caractère assez général pour manifester toutes les variations et avoir, par suite, valeur de paradigme. ... C'est pourquoi l'alchimie m'a rendu le service inapréciable de m'offrir ses matériaux dont le volume propose à mon expérience un champ d'action suffisant, et cela m'a procuré la possibilité de décrire le processus d'individuation sous ses principaux aspects. "
Parmi les commentateurs et disciples de Jung, beaucoup rejettent la partie de son oeuvre consacrée à la symbolique alchimique. On la dit illisible, mystique et je ne sais quoi encore. Je crois surtout que la somme de travail demandée pour acquérir son degré de culture et de compréhension leur fait peur...
Ariaga
15:53 Publié dans Alchimie, Jung et la psychologie des profondeurs, Philosophie, photo | Lien permanent | Commentaires (44) | Tags : écriture, philosophie, nature, culture, jung, rêves
01/02/2007
La vie du blog
Avant de reprendre ce que j'appellerai une deuxième phase, du travail dans ce laboratoire onirique et alchimique, après les fêtes de fin d'année et les travaux chez moi (et aussi en moi...) je vais préciser un certain nombre de choses. Ceci d'une manière un peu froide et aussi rapide que possible pour essayer de faire court.
1) Mise à la portée de tous des notes écrites par Ariaga
Il est possible que je me sois parfois éloignée de mon "à propos" mais cela est du au fait que celui qui arrive sur le blog lit la dernière page et que je ne peux sans cesse me répéter. De plus ce blog est"pluraliste" ce qui complique les choses.
Je ne suis pas un maître à penser et j'ai besoin de m'appuyer sur des concepts déjà existants. Ceux de Jung et de certains "philosophes de la Nature me conviennent mais il est nécessaire de les expliquer. Une maison se construit à partir de ses fondations. J'ai, naturellement, des idées personnelles mais je n'ai pas la présomption de fabriquer des outils nouveaux qui demanderaient, eux aussi, des explications. Tout ceci devrait évoluer avec la vie du Laboratoire.
Que faire pour améliorer ?
Selon les suggestions qui m'ont été faites par des lecteurs créer des liens entre la note du jour et une note plus ancienne qui traite du terme un peu difficile contenu dans la note. (A réaliser petit à petit et selon le temps sont je dispose).
Faire des notes plus courtes et traiter les sujets en deux fois si nécessaire.
Donner plus d'importance à l'interprétation des rêves qui semble être un grand sujet d'intérêt et devrait avoir sa place ici car les séries de rêves sont un processus alchimique... Le problème est le suivant : pour une interprétation classique il faut un dialogue avec le rêveur et connaître des détails sur les associations qu'il fait avec les éléments de son rêve. Reste une possibilité d'interprétation(comme l'a fait Jung) au niveau symbolique et archétypique des rêves. Mais pour cela il est souhaitable d'avoir une série. Je pense cependant que quand quelqu'un nous "offre"un rêve il est possible d'en dire quelque chose. Etienne perrot le faisait. C'est à méditer...
Certains voudraient plus de poésie ou de photos, hélas ! je n'ai pas assez d'inspiration et de talent pour cela mais je ferai un effort... j'essaierai aussi d'alléger les notes avec des jours de citations courtes ou d'aphorismes.
2) Les commentaires
Il paraît que certains pensent que des discussions d'un haut niveau culturel s'installent parfois sur ce blog et dissuaderaient des lecteurs de mettre des commentaires. Je pense qu'ils ont tort. Qu'il profitent des commentaires "culturels" et qu'ils disent ce qu'ils ont à dire sans se préoccuper ce que "on" pense d'eux. Moi un "Je suis passé, j'ai passé un bon moment" me suffit. Et puis qu'ils aillent donc voir les bêtises que je raconte sur certains blogs...Autre chose, avec les temps qui s'annoncent j'aimerais que sur ce blog la politique soit évitée. C'est un sujet tout à fait passionnant mais tout le blog n'y suffirait pas.
J'essaie, parfois en groupant, de répondre aux commentaires et questions mais je n'y parviens pas toujours. Cependant, je range ça dans un coin de ma mémoire et j'y pense pour des notes.
3) Ariaga
Je n'ai aucune envie de parler de moi. Je l'avais d'ailleurs déjà dit dans une note intitulé qui est Ariaga il y a un moment. Certains "intimes" de ce blog ont du deviner certaines choses et encore, l'Ariaga est un animal du genre caméléon ! J'ai trop vécu dans un monde où la "persona", le regard des autres, était important. J'adore, pour être franche, l'anonymat des blogs. Je dirai simplement que je suis une femme et que, jusqu'ici, (peut-être vais-je ouvrir un jour une rubrique contributions) j'ai toujours été seule à écrire sur ce blog.
Je vous embrasse tous, maintenant le travail du laboratoire va reprendre. Si vous le désirez je parlerai de temps en temps de la vie du blog, en tenant compte de vos suggestions.
17:00 Publié dans blog et quotidien | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : blog, écriture, rêves, alchimie, Jung, Perrot
10/01/2007
Etienne PERROT sur l'alchimie
"L'un des caractères de l'alchimie est d'avoir offert à l'âme occidentale corsetée dans une forme doctrinale étroite qui séparait comme par un glaive le bien et le mal, un champ, une vigne beaucoup plus vaste où elle a pu évoluer en toute liberté sans faire passer ses productions spontanées au crible d'une orthodoxie sourcilleuse. L'alchimie tient dans le monde de la chrétienté la même place que la peinture d'un Jérôme Bosh dans son univers artistique ; les thèmes hermétiques abondent d'ailleurs chez l'auteur du "jardin des délices" et de "la nef des fous". Il est significatif que la matière obscure qui doit être changée en pierre de lumière ait reçu entre autres noms celui de Satan. L'inconscient qui est la "matière prochaine"de l'oeuvre, pour reprendre une expression alchimique, n'est-il pas encore aujourd'hui, aux yeux de beaucoup, un repaire de démons ?Ainsi l'alchimie et la psychologie complexe, l'une et l'autre servantes de l'âme profonde, partagent la vision païenne et orientale qui substitue au manichéisme pratique du christianisme opposant en une lutte éternelle Dieu et le Diable, le jeu de deux principes complémentaires, le yin et le yang chinois, l'obscurité et la clarté dont la réunion forme le Tao, la Voie juste d'où partent et où se résolvent les contraires composant l'univers de la multiplicité. J'ajoute qu'à l'intérieur même du christianisme cette conception était retrouvée en pratique par les grands mystiques, dont le but était de faire que "Dieu soit tout en tous", et qu'elle est une des causes permanentes de la suspicion dans laquelle les autorité tenaient l'expérience intérieure.
Le stade ultime de l'homme suivant la psychologie empirique de Jung, le Soi, répond aux descriptions des hermétistes aussi bien qu'à celles de tous les grands enseignements traitant de la voie où l'homme se réalise dans sa totalité divine. L'être qui l'atteint, fluide comme l'eau par sa docilité à l'inconscient, est en même temps ferme comme la pierre, car, ne résistant à rien, rien ne peut l'entamer. C'est ce que voulait exprimer le dernier grand rêve confié par Jung. Le vieux sage y voyait une grosse pierre ronde présentée sur un socle comme un objet sacré avec cette inscription : EN SIGNE DE TA TOTALITE ET DE TON UNITE. Cette pierre ne contenait-elle pas l'alpha et l'oméga de toute sagesse ? N'était-elle pas la Pierre des anciens philosophes."
Etienne PERROT, La voie de la transformation, p. 164-165
Ed. La Fontaine de Pierre.
17:10 Publié dans Alchimie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : alchimie, spiritualité, citation, Perrot, Jung, rêves, rêve
04/01/2007
Archétype et RE-présentation archétypique
On ne peut y échapper, je dois vous parler de l'archétype junguien si nous voulons continuer ensemble à cheminer vers le Soi but ultime de mon exploration. Des blogs entiers sont consacrés à ce sujet si vous voulez creuser...De plus la pensée de C. G .Jung lui même à beaucoup évoluée avec le temps. Je me contenterai donc de repères tout à fait solides donnés par Jung à la fin de sa vie. (Ultérieurement, je donnerai des citations pour les "chercheurs"). Pour mieux comprendre ma note il serait utile de relire celle du 29 -9 intitulée : Représentation =RE-présentation.
Les deux pivots de la pensée du "vieux Jung" sur l'archétype sont : l'ancrage biologique et la réflexion sur les possibilités de représentation.
Les archétypes gouvernent le mode de fonctionnement héréditaire de l'être humain et proposent des modèles de réactions à diverses situations. Il ne s'agit en aucun cas d'une "idée". Comme on est incapable de prouver quoi que ce soit sur ce qui déborde le conscient il n'y a aucun espoir, pense t-il, que puissent être prouvées scientifiquement ses affirmations sur les états ou processus inconscients. Ceci est valable pour l'archétype. Ce n'est cependant pas, dit-il, parce que un phénomène repose sur des facteurs invisibles et non représentables que l'on ne peut pas spéculer sur ses effets. Exemple l'atome.C'est pourquoi Jung va, très nettement distinguer, de l'irreprésentable au représentable à la conscience, un archétype en soi et la représentation archétypique.
Les archétypes se présentent donc comme des formes de comportement typiques qui, devenues conscientes, apparaissent comme des représentations. Ces représentations ne sont effectives que par l'intermédiaire de représentants qui "traduisent" et illustrent la langue d'un inconscient collectif, une langue de la totalité, qui sans cela serait incompréhensible.
Comment Jung, puisque l'archétype en soi est irreprésentable, à t-il trouvé un moyen de déceler la présence de ses manifestations dans la psyché ? Il a observé de nombreuses données individuelles pour essayer d'en tirer des conclusions générales. Il a extrait quantités d'observations du matériel folklorique, mythologique et historique, dont on peut penser qu'il est issu de l'"inconscient historique", pour démontrer l'identité de forme de l'évènement psychique dans l'espace et dans le temps. Il s'appuie surtout sur l'observation des structures et des symboles présents dans les rêves et les phantasmes. Donc, pour lui, ce qui donne un degré de réalité à l'archétype en soi procède d'effets observables. Cette visibilité de l'archétype permettra à l'individu, dans la mesure où il est capable d'introspection, de méditation sur lui même, de percevoir ses structures instinctuelles sous la forme d'images archétypiques, quasiment universelles, qui se RE-présentent à sa psyché.
Les représentants du monde archétypique sont bien visibles dans les rêves et surtout les séries de rêves. Ils donnent des représentations où ils jouent divers personnages tels que la "Mère Terrible", le "Vieux Sage, le "Dieu, le "Grand Voyage", la "Mission", l'Oeuvre", le "Trésor difficile a atteindre".
Toutes ces manifestations ne sont pas, aux yeux de Jung, dues au hasard et le reflet d'un univers chaotique. Elles sont au contraire parfaitement régulées par un système semblable à celui qui régule nos fonctions corporelles. A ce coordonnateur il a donné le nom de "Soi".
Il resterait beaucoup à dire, par exemple comment l'archétype est-il "activé" ? Mais je crois que cela suffira pour aujourd'hui. Peut-être une petite poésie pour demain si l'inspiration, encore plus mystérieuse que l'archétype, vient dans la nuit.
18:05 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : écriture, Jung, rêve, philosophie, spiritualité, Soi, rêves
16/12/2006
L'inconscient collectif selon C. G. JUNG
La possibilité d'un inconscient collectif était une hypothèse tout à fait révolutionnaire , pas du tout dans l'"esprit du temps" au moment où C. G. JUNG l'a émise en s'appuyant sur de longues années d'observation des fantasmes et des rêves soumis à son analyse. En effet, à l'époque du behaviorisme (étude limitée à l'aspect scientifique et expérimentale du comportement) triomphant qui considérait que l'individu n'est, à l'origine, qu'une cire vierge que seul l'apprentissage peut imprimer, il arriva à la conclusion que ces rêves et fantasmes renfermaient des matériaux n'appartenant pas à la mémoire personnelle des sujets. Il découvrit qu'une "expérience archaïque, phylogénétique", "correspondant à peu près à ce qu'il devait appeler inconscient collectif", affleurait à la conscience à travers des images telles que celles des opposés, de l'éternel féminin, des mandalas de la totalité ou de la divinité. C.G. Jung raconte cela dans une lettre du 12 Juillet 1958, trois ans avant sa mort, ce qui montre qu'il avait pris le recul nécessaire. Il dit aussi que ces images se manifestaient dans le contexte social, culturel et personnel propre à chaque individu, mais en reproduisant toujours le même schéma. Ces contenus de la psyché n'étaient donc pas des résidus refoulés de l'expérience personnelle mais des matériaux collectifs appartenant à l'humanité toute entière, d'où la dénomination "inconscient collectif" ou, parfois, "psyché objective".
S. FREUD avait, lui aussi, observé la présence d'images mythiques, restes du passé qu'il nommait "résidus archaïques". Je pense, par exemple, aux racines "archéologiques" du complexe d'Oedipe dans Totem et Tabou et à sa notion de fantasme originaire. Mais la conception de C. G. Jung est très différente. Il voit dans ces "résidus", non pas des objets périmés mais des racines vivantes de la psyché humaine. Cette partie de la psyché est au delà de la conscience, elle a des contenus impersonnels et constitue un soubassement de la psyché, partout présent et identique.
C'est par commodité, et pour avoir des repères, que Jung a déterminé des degrés dans l'inconscient collectif qui n'en possède aucun, si ce n'est ceux de la possibilité de représentation. La prochaine fois que je continuerai le voyage que nous avions commencé à la surface de la psyché junguienne nous allons descendre très profond, jusqu'aux abysses...
17:40 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : écriture, rêves, philosophie, Jung