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08/02/2007

Le sang de l'alchimie, c'est l'amour

"L'alchimie, la voie intérieure, est aux antipodes de toute technique, de toute conceptualisation, puisqu'elle est la vie dans son jaillissement. Elle est la sagesse des fous, la sagesse des enfants qui puisent leur savoir dans l'eau qui coule, le vent qui berce les branches en faisant bruisser et trembler les feuilles, le feu qui pétille et multiplie les nuances de ses ors. L'ordre profond, l'ordre de l'univers n'apparaît que si l'on épouse amoureusement le désordre des phénomènes, la naïveté éloquente des formes intérieures et extérieures, sans intrusion illégitime de la raison qui classe, systématise et veut tout régenter. Le monde, certes, est un système, c'est à dire un ensemble dont toutes les parties se tiennent, il est le Vivant parfait dont parle le Timée. Pourtant, ses membres ne sont pas reliés par la lumière glacée de l'intellect coupé de ses racines, ils ont pour lien, pour sang, - pour colle, disent les alchimistes - la clarté rougeoyante et chaude de l'amour."

    Etienne PERROT

LA VOIE DE LA TRANSFORMATION

Editions  la Fontaine de Pierre, p. 337

04/02/2007

Jeux de pensées de C.G.JUNG enfant

A l'époque C.G.Jung avait environ huit ans :

"...une pente dans laquelle était enfoncée une pierre faisant saillie - ma pierre. Assez souvent, lorsque j'étais seul, je m'asseyais dessus et alors commençait un jeu de pensées qui prenait à peu près la forme suivante : "Je suis assis sur cette pierre. Je suis en haut, elle est en bas. " Mais la pierre pouvait tout aussi bien dire : "Moi, je..." et penser : "Je suis placée ici sur cette pente, et il est assis sur moi. "Alors se posait la question : "Suis-je celui qui est assis sur la pierre, ou suis-je la pierre sur laquelle il est assis ? " - Cette question me troublait chaque fois ; je me redressais doutant de moi-même, me perdant en réflexions et me demandant : "Qui est quoi ?" Cela restait obscur et mon incertitude s'accompagnait du sentiment d'une obscurité étrange et fascinante. Mais ce qui est indubitable, c'est que cette pierre avait avec moi de mystérieux rapports. Je pouvais y rester assis des heures entières, tout envoûté par l'énigme qu'elle me posait. "

Ma vie, Témoins. Gallimard p. 40-41.

 

29/01/2007

Au sujet du blog d'Ariaga

Un des principes sur lesquels repose le travail auquel se livre Ariaga dans le Laboratoire du Rêve et de l'Alchimie Spirituelle est parfaitement posé par cette citation :

 

"On ne doit pas comprendre chaque chose que je dis comme une affirmation mais comme une question."

Niels BOHR

27/01/2007

La coopération amoureuse

Ce que j'appelle "coopération amoureuse" est une formulation inspirée par le livre de Humberto R. Maturana et Francisco J. Varela : L'Arbre de la connaissance. Ed. Addison-Wesley France. (1994)

Je pense que certaines personnes qui me suivent sur ce blog doivent penser que je parle souvent de livres pas très récents . Pour justifier ce choix , je vous dirai que nous suivons ensemble un chemin d'alchimie spirituelle et que, pour ce qui me concerne, je partage avec vous les livres qui ont contribué à me faire avancer sur ce chemin. Cet ouvrage est écrit par des biologistes,(Varela est décédé depuis), pionniers de la recherche en sciences cognitives. Il veut montrer, hors des domaines mystiques ou spirituels (quoique...) que c'est ensemble que nous créons notre monde d'expérience. J'ai trouvé dans cet ouvrage, accessible à tous ceux qui veulent bien faire un petit effort, un appui confortant l'idée que la Nature, s'exprimant dans un corps humain qui est impliqué dans une dynamique de la "totalité", doit aussi s'exprimer au niveau d'un inconscient dont, si on suit C.G.Jung, les racines plongent dans cette même Nature. De plus, si l'être humain a acquis une conscience de soi, des capacités de réflexions, des règles de vie en société, ce ne fut possible que parce qu'à côté du Moi il y avait le Toi. Je trouve ces lignes de la conclusion de L'Arbre de la connaissance (p.242) particulièrement inspirantes :

"Quoi que nous fassions dans n'importe quel domaine, que ce soit concret (marcher) ou abstrait (réflexion philosophique), nous implique totalement dans le corps, puisque cela prend place à travers notre dynamique et nos interactions structurales. Tout ce que nous faisons est une danse structurale dans la chorégraphie de la coexistence.  C'est pourquoi tout ce que nous avons dit dans ce livre n'est pas seulement une source d'exploration scientifique mais aussi une source de compréhension de notre humanité. Nous avons étudié la dynamique sociale, ce qui nous a amené à mettre en évidence un caractère ontologique fondamental de notre condition humaine, qui constitue plus qu'une simple hypothèse, le fait que nous avons pour seul monde celui que nous faisons émerger avec d'autres, et que seul l'amour nous y aide."

25/01/2007

C.G.JUNG, les gnostiques et l'alchimie

"De 1918 à 1926, je me suis sérieusement plongé dans l'étude des gnostiques. je me suis intéressé à eux, car les gnostiques, eux aussi, avaient rencontré, à leur façon, le monde originel de l'inconscient. Ils s'étaient confrontés avec ses images et ses contenus qui, manifestement, étaient contaminés par le monde des instincts. De quelle façon comprenaient-ils ces images ? Cela est difficile à dire en raison de l'indigence des informations qui nous sont parvenues à ce propos, d'autant plus que ce qui nous en a été transmis provient le plus souvent de leurs adversaires, les Pères de l'Eglise. Que les gnostiques en aient eu une conception psychologique n'est, en aucun cas probable. De plus, ils étaient trop éloignés dans le temps pour pouvoir servir de point de départ à ma façon d'envisager les choses. la tradition entre la gnose et le présent me semblait rompue et, pendant longtemps il ne me fut pas possible de trouver le pont entre la gnose -ou  le néoplatonisme- et le présent. Ce n'est que lorsque je commençai à comprendre l'alchimie qu'il m'apparut qu'elle constitue un lien historique avec la gnose, et qu'ainsi, à travers l'alchimie, se trouve rétablie la continuité entre le passé et le présent. L'alchimie, comme philosophie de la nature en honneur au Moyen Age, jette un pont aussi bien vers le passé, la gnose, que vers l'avenir, la psychologie moderne de l'inconscient.

C. G. JUNG, "Ma vie", ed. Gallimard, p. 234, 235. 

23/01/2007

Le concept de Dieu

 

"Psychologiquement parlant, toute idée de quelque chose d'ultime relève du concept de Dieu, qu'il s'agisse d'éléments premiers ou derniers, des plus hauts et des plus bas. Le nom que l'on y consacre ne change rien à la chose."

C. G.  Jung, Réponse à Job, p.209.

22/01/2007

Philosopher par le Feu

Pour ceux qui veulent lire des extraits de textes alchimistes occidentaux, je recommande un "poche", aux éditions du seuil, de Françoise Bonardel : Philosopher par le feu. On y montre que si le Grand Oeuvre était un don de Dieu, c'est à l'homme qu'appartenait de parachever l'oeuvre de la Nature et d'en accomplir le dessin secret. En une longue préface, Françoise Bonardel, explique la relation, matérielle et spirituelle, entre les alchimistes et leur Feu. Les textes, de différentes époques,  proposent au lecteur un voyage en compagnie des Philosophes de la Nature. Pour ceux qui voudraient lire un travail très complet, mais plus difficile, de Françoise Bonardel, je propose : Philosophie de l'alchimie aux éditions PUF. Voici un extrait de la préface de Philosopher par le feu :

"Les textes  ici présentés montreront assez quelle importance les alchimistes accordaient à leur Feu, à l'appréciation de la qualité des feux en fonction de la matière en voie d'être transformée et, plus encore, à la découverte du fameux Feu secret des Sages dont tout porte à penser qu'il n'était autre que la non moins mystérieuse "matière", mais si parfaitement épurée, équilibrée, mise en phase avec le Feu partout présent dans la Nature (Esprit du monde) que feu et matière ne désignaient plus alors que cet état d'apesanteur matérielle autant que spirituelle et, de l'un à l'autre, la totale réversibilité."

14/01/2007

Nietzsche n'était pas athée

 

Nietzsche n'était pas athée, mais son Dieu était mort. La conséquence de cette mort de Dieu fut que Nietzsche lui-même se dissocia en deux et qu'il se sentit obligé de personnifier l'autre partie de lui même tantôt en "Zarathoustra" tantôt, à d'autres époques, en "Dionysos", le Dionysos démembré des Thraces. La tragédie de Ainsi parlait Zarathoustra est que, son Dieu étant mort, Nietzsche devint un Dieu lui-même et cela advint précisément parce qu'il n'était pas athée. 

 

  C. G, Jung , Psychologie et religion, p. 169, 170
 

10/01/2007

Etienne PERROT sur l'alchimie

"L'un des caractères de l'alchimie est d'avoir offert à l'âme occidentale corsetée dans une forme doctrinale étroite qui séparait comme par un glaive le bien et le mal, un champ, une vigne beaucoup plus vaste où elle a pu évoluer en toute liberté sans faire passer ses productions spontanées au crible d'une orthodoxie sourcilleuse. L'alchimie tient dans le monde de la chrétienté la même place que la peinture d'un Jérôme Bosh dans son univers artistique ; les thèmes hermétiques abondent d'ailleurs chez l'auteur du "jardin des délices" et de "la nef des fous". Il est significatif que la matière obscure qui doit être changée en pierre de lumière ait reçu entre autres noms celui de Satan. L'inconscient qui est la "matière prochaine"de  l'oeuvre, pour reprendre une expression alchimique, n'est-il pas encore aujourd'hui, aux yeux de beaucoup, un repaire de démons ?Ainsi l'alchimie et la psychologie complexe, l'une et l'autre servantes de l'âme profonde, partagent la vision païenne et orientale qui substitue au manichéisme pratique du christianisme opposant en une lutte éternelle Dieu et le Diable, le jeu de deux principes complémentaires, le yin et le yang chinois, l'obscurité et la clarté dont la réunion forme le Tao, la Voie juste d'où partent et où se résolvent les contraires composant l'univers de la multiplicité. J'ajoute qu'à l'intérieur même du christianisme cette conception était retrouvée en pratique par les grands mystiques, dont le but était de faire que "Dieu soit tout en tous", et qu'elle est une des causes permanentes de la suspicion dans laquelle les autorité tenaient l'expérience intérieure.

    Le stade ultime de l'homme suivant la psychologie empirique de Jung, le Soi, répond aux descriptions des hermétistes aussi bien qu'à celles de tous les grands enseignements traitant de la voie où l'homme se réalise dans sa totalité divine. L'être qui l'atteint, fluide comme l'eau par sa docilité à l'inconscient, est en même temps ferme comme la pierre, car, ne résistant à rien, rien ne peut l'entamer. C'est ce que voulait exprimer le dernier grand rêve confié par Jung. Le vieux sage y voyait une grosse pierre ronde présentée sur un socle comme un objet sacré avec cette inscription : EN SIGNE DE TA TOTALITE ET DE TON UNITE. Cette pierre ne contenait-elle pas l'alpha et l'oméga de toute sagesse ? N'était-elle pas la Pierre des anciens philosophes."

 

 Etienne PERROTLa voie de la transformation, p. 164-165

Ed. La Fontaine de Pierre.
 

07/01/2007

Un chercheur

 

Je cherche, je n'affirme pas, je ne détermine rien ici ni ne dicte,

je conjecture, je m'efforce, je compare, je tente, j'interroge.

 

Christian KNORR VON ROSENROTH  (1636 - 1693)

         ( Adumbratio Kabbalae christianae

30/12/2006

Rêve et réalité

Jamais le rêve ne réalise ce fini admirable auquel atteint la perception dans la veille et à la lumière.

Paul  VALERY

La Pléiade, T.I, p. 936

15:36 Publié dans rêve | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation, rêve, Valéry

29/12/2006

C .G. JUNG et F. NIETZSCHE

Quelques mois avant sa mort, et parlant de son adolescence, C.G.Jung écrit :

"A tout prendre, Nietzsche fut pour moi le seul homme de son époque à m'apporter quelques réponses justes à certaines questions urgentes qu'alors je ressentais plus que je ne les pensais. "

     Correspondance, tome V, lettre du 5 Janvier 1961.
 

26/12/2006

Mysticisme et action

 

"Si le mysticisme est vrai, sa vérité doit être pratique et se vérifier dans chacun de nos actes." 

        D. T. SUZUKI 

Essais sur le Bouddhisme Zen. 

22/12/2006

Une expérience, selon Aldoux Huxley

Etre bouté hors des sillons de la perception courante, avoir reçu la révélation, pour quelques heures éternelles, du monde extérieur et du monde intérieur, non comme ils apparaissent à un animal obsédé par les mots et les concepts mais comme ils sont saisis directement et inconditionnellement par l'Esprit du Grand Large,

Cela est une expérience d'une valeur inestimable pour chacun.

   Aldoux Huxley

     Les Portes de la perception 
 

20/12/2006

Le péché

Selon C. G. JUNG :

  " Toute la signification du péché est que vous le portez. A quoi sert le péché si vous pouvez le jeter au loin ? Si vous-mêmes êtes profondément conscients de votre péché, vous devez le porter, vivre avec, il est vous-mêmes. Faute de quoi, vous niez l'existence de votre frère, votre ombre, l'être imparfait en vous qui vous suit et qui accomplit tous les actes que vous ne voulez pas entreprendre, parce que trop trop lâches ou trop vertueux. Lui commettra le péché et, lorsque vous niez son existence, vous l'expédiez dans l'inconscient collectif où il va provoquer du désordre. Car ce déni est contre nature. Vous avez à rester en contact avec votre ombre, vous avez à dire : "Oui, tu es mon frère, je dois t'accepter." Vous devez être bons envers vous-mêmes et ne pas dire : "Racaille, je n'ai rien à voir avec toi ! " C'est une erreur de nier l'ombre. Si vous le faites, une réaction de l'inconscient collectif surgira du noir, sous la forme d'une personnification. L'homme pieux se dit à lui même : "Non, pas ça ! " et repousse l'ombre et s'en trouve fort satisfait. Alors, tout à coup, des figures étranges apparaissent, des fantasmes sexuels montent des abîmes pour venir envahir son esprit. Et plus il force sur sa piété, plus ce qui lui tombe dessus devient diabolique. Il est une sorte de saint Antoine : cet homme si pieux avait des visions terribles. Il se peut que ce soit une femme qui pénètre son esprit : l'anima qui surgit, habituellement dans sa nudité, terriblement naturelle. Voici donc la nature qui vient détruire un tabou, la vengeance de l'inconscient collectif. L'inconscient collectif est une réalité, aussi, lorsqu'une anima ou un animus surviennent, c'est la réalité. Et n'importe qui peut être l'inconscient collectif de n'importe qui d'autre. Les gens se conduiront comme des démons se conduiraient s'ils pouvaient monter de l'abîme ..."

L'Analyse des rêves, Albin Michel, tome I, p.127-128.