18/05/2014
Un traité d'alchimie
J'ai eu la chance de trouver à la Médiathèque de La Rochelle une belle édition (esch-éditions) du Splendor Solis un traité alchimique du milieu du XVI° siècle contenant l'explication du Grand Œuvre et attribué à Salomon Trismosin. Il est illustré de vingt-deux miniatures dont j'avais vu certaines dans des ouvrages sur l'alchimie mais leur intégralité est un plaisir pour les yeux et l'esprit. Le texte, dont on ignore tout de l'auteur, est un régal pour ceux qui s'intéressent à cette symbolique si riche qui émerge encore de nos jours dans les productions de notre inconscient.
Ce que j'apprécie aussi c'est que, dans la plus pure tradition des alchimistes philosophes, les auteurs de la traduction ont voulu rester anonymes. Le titre Splendor Solis a été traduit par : Le Lustre du Soleil. Pour finir sur ce bon moment de lecture et de contemplation je vous propose une citation extraite de l'introduction au traité :
" L'Alchimie est mystérieuse et suscite d'innombrables questions, comme de savoir si elle se pratique en soi, hors de soi, ou les deux ensemble ; mais aussi si elle décrit un processus purement matériel ou purement spirituel, ou les deux. Ces questions sont celles d'Occidentaux modernes, les hommes appartement aux civilisations anciennes voyaient le ciel toucher la terre dans le lointain : ils avaient conscience que terre et cieux étaient deux réalités imbriquées en un certain lieu. C'est ce lieu magique qu'il faut trouver, ce lieu rouge entre le noir et le blanc, entre le dense et le subtil, entre le déchu et le parfait. "
Ariaga
17:54 Publié dans Alchimie, amour, Citations, la Rochelle, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : médiathèque la rochelle, écriture, alchimie, citation, philosophie, spiritualité, splendor solis, traité
29/03/2014
Une lettre d'anniversaire de Jung
En ouvrant, au hasard, le dernier tome de la correspondance de Jung, j'ai lu une lettre qui m'a émue car elle montre un homme simple, aimant faire plaisir, même à des inconnus. Il faut aussi savoir qu'il était à la fin de sa vie et que sa correspondance lui demandait beaucoup d'efforts. Cela ne l'empêchait pas de répondre aux nombreuses sollicitations.
Le fils du destinataire de cette lettre ne connaissait pas Jung mais il lui avait demandé d'envoyer une lettre de vœux à son père pour ses soixante dix ans. Le père n'avait jamais rencontré Jung mais avait pour lui une grande admiration. Je suppose que ce fils attentionné voulait faire à son père un très beau cadeau d'anniversaire avec un écrit de la main de ce grand homme. Voici cette lettre datée du 27 octobre 1958 :
"Un petit oiseau m'a appris que vous avez atteint votre soixante-dizième anniversaire. Bien que je ne vous connaisse pas, je présume que vous êtes assez heureux de cette réussite. Ce n'est pas rien. Je peux en parler moi-même avec quelque autorité puisque j'en suis à ma quatre-vingt-quatrième année, que je me trouve en assez bonne forme encore et que lorsque je regarde derrière moi, comme vous le faites probablement en ce jour de célébrations et de congratulations, je vois la longue file de mes cinq enfants, de mes dix-neuf petits-enfants, et de mes huit ou neuf arrière-petits-enfants (leur nombre n'est pas tout à fait certain, car à intervalles réguliers il en tombe un nouveau du ciel). La jeunesse arrive à sa maturité, comme on dit, à soixante dix ans ; à certains égards elle n'est pas aussi agréable, mais à d'autres elle est plus belle que l'enfance. Je veux croire que dans votre cas la deuxième partie de cette phrase se justifie d'elle-même.
Avec mes meilleurs vœux."
Je pense que le destinataire, un américain, à été ravi de son cadeau. Je vais réfléchir à ma grande détestation des anniversaires. C'est une leçon que le livre se soit ouvert à cette page et cela signifie probablement que je dois changer d'attitude ...
Ariaga
17:30 Publié dans Citations, Jung et la psychologie des profondeurs, Philosophie, photo | Lien permanent | Commentaires (40) | Tags : écriture, citation, société, anniversaire, jung, philosophie, culture, vieillesse
11/02/2014
David Peat et la synchronicité
David Peat est un physicien anglais qui a écrit en 1988 un ouvrage intitulé : Synchronicité, sous- titré le pont entre l'esprit et la matière. Il a souvent inspiré mes travaux sur C.G.Jung auquel il il se réfère plusieurs fois. Dans son chapitre d'introduction , le physicien et le psychologue, il donne tout d'abord une très brève définition de la synchronicité (les caractères gras sont mes ajouts).
Synchronicité : coïncidence significative, événements reliés par hasard d'une manière significative.
Voici ce qu'il écrit ensuite dans les débuts du chapitre :
" Il semble, à première vue, qu'il n'y ait pas moyen de pouvoir épicer les théories scientifiques avec les saveurs de l'expérience humaine, ou de transformer une vision poétique en la rigueur de l'objectivité scientifique. Ces deux mondes se montrent simplement beaucoup trop éloignés.
C'est cependant la thèse de ce livre, qu'en fait un pont peut être construit entre le monde intérieur et le monde extérieur, et que la synchronicité en constitue le point de départ. Car elle représente une minuscule brèche dans l'édifice de tout ce que nous avons pris jusqu'ici pour la réalité. La synchronicité nous permet de regarder et de plonger au-delà de nos notions conventionnelles de temps de de causalité, dans l'immensité des modèles de la nature, dans la danse fondamentale qui relie toutes choses, et dans le miroir qui est suspendu entre l'univers intérieur et l'univers extérieur. Avec la synchronicité comme point de départ, il est possible de construire un pont reliant les mondes de l'esprit et de la matière, et ceux de la physique et de la psyché. (p. 10,11)."
Cela donne à réfléchir, il me semble.
Ariaga
19:17 Publié dans Alchimie, Citations, Jung et la psychologie des profondeurs, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : synchronicité, livre, citation, david peat, jung, physique, philosophie
14/12/2013
Le processus d'individuation
Choix, par Ariaga, de Citations de Psychologie et Alchimie de C.G.Jung. Les caractères gras sont des ajouts. Ce sera le dernier texte de cette série avant la fin de l'année. En ce temps de préparation des fêtes il faut revenir à quelque chose de plus "léger".
"Un terme scientifique tel qu' " individuation " ne signifie en aucune façon qu'il s'agit d'un état de faits connu et définitivement tiré au clair. Il désigne seulement un domaine de recherche jusqu'à maintenant très obscur et qui a besoin d'être exploré : celui des processus de centralisation formateurs de la personnalité dans l'inconscient. Il s'agit de processus vitaux qui, du fait de leur caractère numineux, ont de tout temps constitué le stimulant le plus important à la formation de symboles. " (p.607)
***
" Comme le montrent les textes et leur symbolique, l'alchimiste projette ce que j'ai appelé le " Processus d'individuation " dans les phénomènes de transformation chimique. " ( p. 607)
***
" Cependant, dans la mesure ou l'activité pratique, chimique, n'était jamais tout à fait pure, puisqu'en elle et par elle s'exprimaient aussi les contenus inconscients de l'adepte, elle était en même temps une activité psychique, qui peut être comparée en premier lieu à ce que j'appelle imagination active. Cette méthode nous permet d'obtenir une connaissance active de choses qui s'expriment aussi dans la vie onirique. Les rapports entre ces deux formes - rêve et imagination active - du processus d'irrigation de la conscience par l'inconscient avec le monde de l'intuition alchimique sont si proches qu'on est fondé à admettre qu'il s'agit, dans le procédé alchimique, des mêmes processus ou, pour le moins, de processus très voisins de ceux de l'imagination active et du rêve, ce qui signifie en dernière analyse, qu'il s'agit du processus d'individuation. " (p.442)
***
" En définitive, toute vie est la réalisation d'un tout, c'est à dire d'un soi, raison pour laquelle cette réalisation peut être appelée " individuation ". Car toute vie est liée à des porteurs et à des réalisateurs individuels et est absolument inconcevable sans eux. Mais chaque porteur reçoit aussi une destinée et une spécificité qui lui sont propres, et ce n'est que leur réalisation qui confère un sens à l'existence. ". (p.291)
11:50 Publié dans Alchimie, Citations, Jung et la psychologie des profondeurs, la Rochelle, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (46) | Tags : alchimie, jung, philosophie, psychologie, citation, religion, photo
09/05/2013
C.G.Jung:progrès et évolution
J'ai trouvé dans le livre de Carl-Gustav Jung et Charles Kerényi Introduction à l'essence de la mythologie des phrases où il est question du progrès , de l'évolution et aussi de l'éducation. Il me semble que ce sont des mots dans le sillage desquels on peut réfléchir car ils sont d'actualité. Jung et kerényi ont écrit chacun leur partie de l'ouvrage. Les citations qui vont suivre sont de Jung, P. 136 et c'est moi qui souligne en caractères gras. Ariaga.
"Le progrès et l'évolution sont des idéaux qu'on ne saurait nier ; mais ils perdent leur valeur si l'homme ne parvient au stade nouveau qu'à l'état de fragment de soi même, ayant laissé dans l'ombre de l'inconscient tout ce qui constitue son arrière-plan et forme l'essentiel, l'ayant abandonné à l'état primitif, disons même de barbarie. La conscience, arrachée à ses bases mais incapable de réaliser le sens du nouvel état, n'est alors que trop disposée à retomber dans une situation plus mauvaise que celle dont l'état nouveau voulait la libérer."
..." Les enfants sont éduqués par ce que l'adulte est, et non par ses bavardages. La croyance aux mots, universellement répandue, est une vraie maladie de l'âme, car cette superstition exerce un attrait qui éloigne toujours davantage des bases fondamentales de l'homme, et une séduction qui porte à l'inguérissable identification de la personnalité avec le slogan auquel on croît au moment. Entre-temps, tout ce qui a été surmonté par le progrès et laissé en arrière, glisse toujours plus bas dans l'inconscient, d'où finalement se reforme l'état primitif d'identité avec la masse. C'est alors cet état qui devient réalité et prend la place du progrès escompté."
16:10 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs, Pensées, interrogations, aphorismes, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (47) | Tags : écriture, citation, société, éducation, c.g.jung, enfants, inconscient, philosophie
25/04/2013
Comment convaincre un auditeur
Vous savez, amis, la profonde influence de Goethe sur C.G.Jung. Alors, en pensant à ce cher Carl Gustav dans l'oeuvre duquel j'ai à nouveau tendance à m'immerger, je vous propose, en attendant une note plus copieuse, une citation.
Il s'agit des débuts du Faust I. Faust interrogé sur la possibilité de conquérir, de charmer et de convaincre un auditoire par de belles paroles répond :
"Si vous ne le sentez, vous essaierez en vain,
Si vous n'avez en vous l'éblouissante flamme
Qui jaillissant du coeur, persuade, convainc
Et force l'auditeur à vous ouvrir son âme,
Vous pouvez vous asseoir, cuire un pauvre ragoût
Des miettes de festin prises à d'autres tables,
Ranimer en soufflant des cendres misérables,
Les singes, les enfants, si c'est là votre goût,
Viendront vous admirer vous et vos patenôtres,
Mais jamais vous n'aurez accès au coeur des autres
Si ce n'est votre coeur qui leur parle pour vous."
J'aime beaucoup la fin, très simple et juste, et je crois que nous pouvons tous la méditer. Il y a des gens qui parlent admirablement et pourtant, quand leur discours est fini, il ne reste que du vent.
Ariaga
17:38 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs, photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (69) | Tags : écriture, philosophie, c.g.jung, goethe, faust, société, citation
01/03/2013
Le parfum de la fleur
Aujourd'hui, une citation de David Ciussi extraite du numéro 78 de la revue 3°millénaire. Un texte que j'aurais bien aimé écrire ... je n'ai pu que l'illustrer.
"Tout surgit de l'intérieur et coexiste à l'extérieur dans un perpétuel mouvement ! De l'absolu naît le relatif, de l'unité reconnue en soi jaillissent l'harmonie et la paix avec le monde, manifestées par une joie sans objet. Cela s'appelle la Vie.
Le parfum vient de l'intérieur de la fleur, la fleur vient de l'intérieur de la branche, la branche vient de l'intérieur du tronc, le tronc vient de l'intérieur des racines, les racines viennent de l'intérieur de la graine. La sève est à l'intérieur de la graine, des racines, du tronc, des branches, des fleurs, du parfum. N'est-elle pas cette vie qui propulse l'extériorité en coexistant infiniment avec elle-même ! "
David Ciussi
16:24 Publié dans Alchimie, Nature, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (51) | Tags : écriture, citation, philosophie, nature, fleur, david ciussi, spiritualité, pensée
20/05/2012
Remède ou poison
Le même jour, amis, je lis sur le blog de Phène, un texte intitulé "poison "( je vous mets un lien), et j'ouvre au hasard, comme j'aime le faire, un livre de Jung. Il s'agit du dernier tome de sa correspondance, des lettres écrites alors qu'il avait plus de 80 ans. Ce genre de synchronicité a un sens pour moi alors je vous propose l'extrait de cette lettre qui dit, en gros, que ce qui est bon pour l'un peut être mauvais pour l'autre. Bonne lecture. Ariaga.
"Ce qui est un remède pour l'un peut être un poison pour l'autre. On ne peut arriver à une vie saine et accomplie par l'application de règles et de principes généraux, car c'est toujours à l'individu de l'assumer. La solution est en chacun, et si vous savez vous y prendre dans votre propre cas, vous savez aussi comment faire dans d'autres cas. Il n'existe pas de principe général qui s'applique partout, et chaque position psychologique n'est vraie que si vous pouvez aussi la retourner en son contraire. Ainsi une solution qui serait tout simplement impossible pour moi peut se révéler la plus juste pour quelqu'un d'autre. Je ne suis pas l'arbiter mundi, et je laisse le créateur engager lui même la réflexion sur la diversité et les paradoxes de sa création."
C.G.Jung, Correspondance, tome 5, p.64.
Pour ceux qui voudraient un peu plus de "nourriture", je continue à publier sur mon autre blog : Extraits du Laboratoire.
17:41 Publié dans Alchimie, Jung et la psychologie des profondeurs, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (30) | Tags : écriture, société, culture, philosophie, santé, citation, jung
12/05/2012
Citation de Jung : commettre des erreurs
Hier, en triant des papiers, j'ai trouvé cette citation de Jung. Comme je ne crois pas vraiment au hasard, j'ai pensé qu'elle convenait à la journée d'aujourd'hui et à la nouvelle manière dont je compte oeuvrer au sein du Laboratoire du Rêve et de l'Alchimie Spirituelle.
Ariaga
“J’ai souvent commis des erreurs et j’ai dû souvent faire table rase de connaissances précédentes pour en acquérir à nouveau de plus pertinentes. … Car l’activité scientifique du chercheur ne fut jamais pour moi ni une vache à lait, ni un moyen de prestige, mais le résultat de l’expérience quotidienne. C’est pourquoi tout ce que j’avance n’est pas seulement écrit avec l’intellect, mais découle aussi parfois du coeur, circonstance que je demande au lecteur bienveillant de ne pas oublier, quand, en suivant la ligne intellectuelle de mes travaux, il rencontre parfois des points de rupture ou de discontinuité qui n’ont pas été parfaitement ajustés.”
C.G.JUNG : Psychologie de l'Inconscient p. 205
Je continue à publier des textes sur mon autre blog : Extraits du Laboratoire.
08:22 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs, Pensées, interrogations, aphorismes | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : écriture, philosophie, spiritualité, jung, amour, vie, culture, citation
18/04/2011
L'échelle d'ombre de l'inconscient
Pour naviguer sur le fragile esquif du Moi
il faut savoir écoper l'eau qui s'insinue par les fissures.
Si la coque est envahie
se séparer de la bouée des certitudes et du collier d'angoisse.
NU
accepter la périlleuse descente par l'échelle d'ombre
qui conduit vers les abysses.
Ariaga
Vous trouverez dans Extraits du Laboratoire une citation de C.G.Jung sur l'angoisse et le bruit. Cliquez sur le lien.
09:24 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs, Pensées, interrogations, aphorismes, poésie | Lien permanent | Commentaires (48) | Tags : écriture, poésie, philosophie, jung, société, citation, culture
09/02/2011
Jugement ...
Extraite du dernier livre de Michel SERRES, une citation qui donne à penser :
Dans tel ou tel cas, un jury juge le coupable. Doute pour l'individu. Qui, d'autre part, de vue et d'intelligence assez globales, décidera de la culpabilité de Dieu, s'il existe, d'avoir créé déluges et inondations, maladies ou séismes ? Décision indécidable pour un créateur, au moins absent. Mais ô certitude, connaissons nous un seul collectif sans tache de sang ? Organisons un tribunal où comparaîtraient, sous l'accusation du mal, non plus un prévenu, tel individu ordinaire, non plus Dieu soi-même, à l'existence indécidable, mais, tour à tour, toutes les sociétés de l'histoire du monde, bien réelles. Laquelle, innocente de meurtres, bénéficierait d'un non-lieu ?
Michel SERRES : BIOGÉE, p.32
08:59 Publié dans Pensées, interrogations, aphorismes, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : écriture, philosophie, juges, dieu, citation, michel serres, société
21/01/2010
Le temps du chat
Suite de la note précédente.
Pour tenter de faire ressentir ce que j'appelle temps présent unique, et que j'aurais bien appelé temps naturel, mais je trouvais que le terme était trop "chargé" de théories philosophiques, je vais encore donner un exemple. Regardez un chat assis , le regard à l'intérieur, comme on peut les observer, restant ainsi pendant des heures entre le sommeil et la veille. On a l'impression que le temps, notre temps du calendrier, n'existe pas pour lui mais seulement un temps vécu, ressenti, le temps du présent, le temps du "être juste là", le temps du chat ! vous me direz, nous ne sommes pas des chats mais c'était juste un petit exemple...
Je crois, comme le pensait le philosophe Merleau Ponty, qu'il existe un temps qui "fuse" à travers l'être humain. C'est le temps du sujet vivant ses propres actes en dehors des horloges et des tableaux chronologiques.Le moment où l'imagination ouvre la porte de tous les possibles et qui est celui d'un instant unique. Tout est contenu dans cet irremplaçable instant qui, parce que unique, ne peut que changer pour être remplacé par un autre instant unique. La mémoire fait revivre la passé et la prévision rend actuel le futur mais mémoire et prévisions ne sont que des productions de l'esprit et on peut donc dire que rien n'existe vraiment dans la conscience humaine en dehors du présent. Le reste est caquetage mental, comme le disait Krishnamurti. Il y a sur le sujet une jolie citation de Merleau Ponty, page 63 de La phénoménologie de la perception : "le présent tient encore dans sa main le passé immédiat, sans le poser en objet, et comme celui-ci retient de la même manière le passé immédiat qui l'a précédé, le temps écoulé est tout entier repris et saisi dans le présent." Ce véritable moment présent, ce temps non fictif, va aussitôt après être détruit et devenir un moment du temps qui ne pourra plus se retrouver, à la fois lui même et comme faisant partie de tous les autres, dans un nouveau présent unique. C'est pour cela que j'ai appelé cette saisie immédiate du temps que j'ai tenté de décrire mais qui est indescriptible, temps présent unique ; unique, parce que absolument différent des autres moments du temps, la comparaison entre deux expériences vraies et individuelles à deux moments différents étant impossible.
Cette réflexion ne servirait à rien si elle ne débouchait pas sur un questionnement. Ce temps présent unique c'est le temps de quoi ? Je pense qu'il y a déja des pistes dans les commentaires des lecteurs sur les deux précédentes notes. Je vais en ouvrir d'autres juste pour voir...
Ce temps serait- il le temps de la Nature ?
Ce temps serait- il le temps de la méditation sans but ?
Ce temps serait-il celui de l'intuition fulgurante, de la véritable création ?
Ce temps serait-il le temps d'un flux cosmique divin qui nous traverserait ?
Ce temps serait-il le temps réel, le reste n'étant que illusion ?
Le chat connaît peut-ête la réponse !
Ariaga
17:29 Publié dans Nature, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : écriture, nature, société, philosophie, citation, psychologie, chat
12/01/2010
La création du temps
Paul Valéry n'était pas seulement poéte mais aussi penseur. Certains diraient même philosophe mais j'ai une certaine réticence envers ce terme souvent galvaudé. Il parle de beaucoup de sujets concernant la vie de l'homme, ses relations à l'autre où à la société et j'ai eu envie de vous citer ce qu'il écrit au sujet du temps car cela me me semble devoir susciter pas mal de réflexions.
"Permettez moi de vous indiquer au passage une des plus extraordinaire invention de l'humanité (j'ajoute qu'elle ne date pas d'aujourd'hui) . Je songe tout simplement à l'invention du passé et du futur. Ce ne sont pas là des notions toutes naturelles : l'homme naturel vit dans l'instant comme l'animal. Plus un homme est près de la nature, moins le passé et l'avenir se construisent en lui. L'animal, sans doute, ne se sent être qu'entre un minimum de passé et un minimum d'avenir. ... Il en est autrement chez l'homme : par un accroissement, par une généralisation imaginaire de l'instant, par une sorte d'abus, l'homme, créant le temps, non seulement construit des perspectives en deçà et en delà de ses intervalles de réaction, mais, bien plus, il ne vit que fort peu dans l'instant même. Son établissement principal est dans le passé ou dans le futur. Il ne se tient jamais dans le présent que contraint par la sensation : plaisir ou douleur. On peut dire de lui qu'il lui manque indéfiniment ce qui n'existe pas. C'est là une condition qui n'est point animale, qui est tout artificielle, puisqu'en somme elle n'est pas absolument nécessaire à l'être. Sans doute ce développement du "temps" peut souvent lui être utile. Mais cette utilité est elle même contraire, en quelque manière, à la nature. La nature ne se soucie pas des individus. Si l'homme prolonge ou adoucit son existence, il agit donc contre nature, et son action est de celles qui opposent l'esprit à la vie.
Essais quasi politiques, p.1024, ed. La Pléiade
J'ai quelques petites idées sur le temps et, comme je n'aime pas rester sur une citation, si cela vous intéresse chers lecteurs, je vous en ferai part dans la prochaine note.
Ariaga
17:22 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (53) | Tags : écriture, citation, philosophie, psychologie, nature, société, culture, valéry
13/10/2009
Les épidémies psychiques
Dans le tome III de la Correspondance de C.G.Jung (p.186), ouvert comme d'habitude au hasard, les lignes suivantes m'ont serré la gorge et j'ai entendu dans ma troisième oreille, celle qui est reliée au coeur, un fort bruit de chaînes.
" Les grands dangers qui menacent la vie de millions d'hommes ne sont pas de nature physique, ils ne sont autres que la folie et les méthodes diaboliques qui provoquent des épidémies psychiques chez des masses sans défense sur ce plan là. La pire des maladies ou la plus grande des catastrophes naturelles (tremblement de terre, raz de marée, épidémies) sont sans commune mesure avec le danger que l'homme peut être aujourd'hui pour l'homme. "
Jung avait 77 ans quand il écrivait ces lignes en 1952. Elles me semblent toujours d'actualité car je pense que nous sommes infectés, manipulés, par des virus s'attaquant insidieusement à notre liberté de penser, même si cette liberté originelle demeure. Il faut être très fort pour résister et, une fois de plus, ce sont les maltraités de la société qui subissent cette pollution mentale.
Des exemples de manipulations ? en voici quelques uns :
L'exploitation des peurs et des haines irrationnelles.
L'utilisation de la pauvreté et la création de besoins inutiles qui augmentent cette pauvreté.
Les sondages truqués, les rumeurs dans les médias, en particulier internet, les publicités mensongères.
... et bien d'autres qui, j'en suis certaine, vous viendront à l'esprit.
Il avait raison ce cher Carl Gustav.
Ariaga
14:34 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (55) | Tags : société, philosophie, culture, jung, écriture, politique, citation
28/04/2009
Le rêve du yogi de C. G. JUNG
..."J'arrivais près d'une petite chapelle, au bord de la route. La porte était entrebâillée et j'entrai. A mon grand étonnement, il n'y avait ni statue de la Vierge, ni crucifix sur l'autel, mais simplement un arrangement floral magnifique. Devant l'autel, sur le sol, je vis, tourné vers moi, un yogi dans la position du lotus, profondément recueilli. En le regardant de plus près, je vis qu'il avait mon visage ; j'en fus stupéfait et effrayé et je me réveillai en pensant : " Ah ! par exemple ! voilà celui qui me médite. Il a un rêve, et ce rêve c'est moi. " Je savais que quand il se réveillerait je n'existerais plus. "
C. G. JUNG, Ma vie
Je vous laisse le soin de cueillir les fleurs pour faire un bouquet sur l'autel de la photo et de méditer sur ce rêve que Jung fit alors qu'il était déjà assez âgé. Il en a donné une interprétation et c'est un rêve que j'ai souvent cherché à expliquer, chaque fois d'une manière différente, comme si les cheminements de ma propre évolution en enrichissaient la signification. Si vous en avez envie , contemplez cette scène onirique et laissez venir vos pensées...
Ariaga
16:06 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs, rêve | Lien permanent | Commentaires (47) | Tags : citation, rêve, spiritualité, philosophie, culture, jung, photo