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23/12/2006

Psychologie et alchimie

En cette période de fêtes, j'ai l'impression que toute vie, enfin ce que moi j'appelle la vie, s'arrête. Est-ce vraiment pour célébrer la naissance de Jésus ? Je me pose des questions. Célébrer la naissance d'un messie ? On peut le faire dans le recueillement et la méditation. Bien manger et boire en toute bonne conscience ? Peut-être. Faire des cadeaux ? J'adore en faire et en recevoir d'inattendus en toute période de l'année. Je ronchonne mais cela ne m'empêchera pas de vider quelques flutes de champagne. En tout cas j'ai ramassé, pour cette période, ma petite boite à outils junguienne et alchimique et j'en profite pour glisser sur le blog quelques textes pour lesquels les non spécialistes qui me suivent (j'espère qu'ils sont la majorité), avec une constance qui m'étonne, n'ont pas encore toutes les clés. Moi aussi j'ai le droit de me faire plaisir !

Ce texte de C.G. JUNG ("Ma vie, p. 239)décrit les premières conclusions auxquelles Jung est arrivé après ses dix années d'errance dans le monde obscur des textes alchimiques :

"J'ai vu très rapidement que la psychologie analytique se recoupait singulièrement avec l'alchimie. Les expériences des alchimistes étaient mes expériences et leur monde était en quelque sort, mon monde. Pour moi, cela fut naturellement une découverte idéale, puisque  ainsi j'avais trouvé le pendant historique de la psychologie de l'inconscient. Celle-ci reposait dorénavant sur une base historique. La possibilité de comparaison avec l'alchimie, de même que la continuité spirituelle en remontant vers la gnose lui conférait substance. En étudiant les vieux textes je me rendis compte que tout trouvait sa place : le monde des images, de l'imagination, le matériel empirique dont j'avais fait collection dans ma pratique, ainsi que les conclusions que j'en avais tirées. Je commençais alors à discerner ce que signifiaient ces teneurs dans une perspective historique. Ma compréhension pour leur caractère typique, qui s'était déjà esquissée au cours de mes recherches sur les mythes, s'approfondissait. Les images originelles et l'essence des archétypes passèrent au centre de mes recherches et il devint pour moi évident qu'il ne saurait exister de psychologie, et encore bien moins de psychologie de l'inconscient, sans base historique.Certes, une psychologie de la conscience peut se suffire de la connaissance de la vie personnelle, mais démêler une névrose nécessite déjà une anamnèse qui fait appel à un sondage plus profond que celui du seul savoir de la conscience ; et lorsque, au cours du traitement, on en arrive à des moments où des décisions inhabituelles doivent être prises, apparaissent alors les rêves dont l'interprétation exige plus que des réminiscences personnelles. "

 

21/12/2006

Amour dissous

La pluie arrive d'ailleurs

Coule ses larmes de terre et d'eau

Cogne au carreau

Craque le coeur 

 

Un pauvre amour est mort

Pâle et décoloré 

D'avoir été trempé

Par la pluie qui tombait 

 

Il aurait pu la consoler

Il aurait pu la réchauffer

Il aurait suffi de l'aimer

De l'enfouir profond

Dans un lit douillet 

Et de lui cacher 

La pluie qui tombait

Le gros chat mouillé aux poils hérissés 

Se serait calmé aurait ronronné

 

Mais lui il songeait

Mais lui il pensait

Et il l'oubliait

Regardant sans fin

La pluie qui tombait 

 

Un vieil amour est mort

Silencieusement

D'avoir été dissous

Par la pluie qui tombait 

 

17:50 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : écriture, poésie, amour

18/12/2006

Les abysses de l'inconscient

C. G. JUNG a, "artificiellement", déterminé des degrés dans l'hypothèse d'un inconscient collectif :

     L'inconscient "familial" ou "tribal" est à la frange de l'inconscient personnel. Il concerne tout ce qui s'est dit et pensé dans une famille depuis des générations et aussi tout ce qui a été interdit, refoulé, déprécié, en quelque sorte les cadavres dans les placards. Cet inconscient fait souvent fonction de décor pour les véritables représentations théâtrales que sont nos rêves.

     L'inconscient "historique", comme d'ailleurs l'inconscient personnel, reste dans ce que l'on pourrait appeler la partie "haute" dans le domaine des "résidus archaïques" de S. FREUD. Il comprend les stades historiques qui ont précédé la conscience contemporaine, les "vestiges de l'esprit de l'antiquité", la science, les religions, le folklore, la mythologie, la psychologie primitive. Ces connaissances, présentes dans l'inconscient collectif, sont génératrices de symboles qui apparaissent aussi dans les rêves. mais là où Jung va déjà plus loin que Freud c'est qu'il inclut aussi toute l'histoire "naturelle" de l'être humain, c'est à dire  l'histoire évolutive de l'espèce humaine (il dit la "phylogenèse") et de son accession à la conscience.

     Plus on descend ensuite vers les abysses de l'inconscient, plus il devient collectif et indifférencié, quasi psychique, quasi matière. On tombe alors dans le domaine auquel C. G. Jung applique la qualificatif de "psychoïde". Ce terme, qu'il commente dans de nombreuses lettres, constituerait la matière de base se divisant ensuite en une matière et une psyché résultant de ce processus de différenciation. Il me semble qu'il y a ici un pont entre la psychologie et l'alchimie des philosophes de la nature pour peu que l'on "divinise" le terme psyché. 

     Plus Jung a progressé en âge et en réflexion et plus s'est renforcé son hypothèse d'un "unus mundus", d'un "monde un" où disparaîtrait la séparation entre matière et psyché et où rêgnerait un "ordre fondamental". Cette théorie s'apparente à l'hypothèse quantique qu' "en arrière" il y aurait un autre niveau, non matériel de symétrie et d'ordre. (Je vous mettrai, sous peu, un texte du physicien David PEAT très éclairant sur le sujet.) Dans une lettre de Jung de 1957, quatre ans avant sa mort, on voit que, pour lui, cette hypothèse avait pris les apparences d'une certitude. Il écrit :

"Nous avons plutôt toutes les raisons de supposer qu'il doit n'y avoir qu'un seul univers, dans lequel psyché et matière sont une seule et même chose dans lequel nous pratiquons une discrimination aux fins de connaissance".

     Ce monde des profondeurs ultimes de l'inconscient collectif appartient au domaine hypothétique de "l'absolument autre, inconnaissable et irreprésentable mais, quand on remonte vers la surface, juste sous la mince pellicule de la conscience, on se trouve dans un lieu où ne règnent ni nos lois, ni nos codes et où certains émissaires des profondeurs peuvent venir en ambassade. Les habitants de ce lieu sont les archétypes. Un réseau de relations, se développant à partir de ces archétypes, va permettre à l'irreprésentable de se présenter au moi conscient. Que sont exactement les archétypes me demanderez vous ? Vaste sujet...

 

17/12/2006

La vieille poupée

Aimez moi

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Prenez moi

Jouez avec moi 

"A soixante ans passés j'attends encore papa" 

Dit la vieille poupée

A l'âme camouflée

Sous l'épaisseur des fards

Et sous ses pleurs d'enfant

Craque la glace

Porte des vanités

Gouffre du désamour

Tant de fois regardée... 

 

16/12/2006

L'inconscient collectif selon C. G. JUNG

La possibilité d'un inconscient collectif était une hypothèse tout à fait révolutionnaire , pas du tout dans l'"esprit du temps" au moment où C. G. JUNG l'a émise en s'appuyant sur de longues années d'observation des fantasmes et des rêves soumis à son analyse. En effet, à l'époque du behaviorisme   (étude limitée à l'aspect scientifique et expérimentale du comportement) triomphant qui considérait que l'individu n'est, à l'origine, qu'une cire vierge que seul l'apprentissage peut imprimer, il arriva à la conclusion que ces rêves et fantasmes renfermaient des matériaux n'appartenant pas à la mémoire personnelle des sujets. Il découvrit qu'une "expérience archaïque, phylogénétique", "correspondant à peu près à ce qu'il devait appeler inconscient collectif", affleurait à la conscience à travers des images telles que celles des opposés, de l'éternel féminin, des mandalas de la totalité ou de la divinité. C.G. Jung raconte cela dans une lettre du 12 Juillet 1958, trois ans avant sa mort, ce qui montre qu'il avait pris le recul nécessaire. Il dit aussi que ces images se manifestaient dans le contexte social, culturel et personnel propre à chaque individu, mais en reproduisant toujours le même schéma. Ces contenus de la psyché n'étaient donc pas des résidus refoulés de l'expérience personnelle mais des matériaux collectifs appartenant à l'humanité toute entière, d'où la dénomination "inconscient collectif" ou, parfois, "psyché objective". 

S. FREUD avait, lui aussi, observé la présence d'images mythiques, restes du passé qu'il nommait "résidus archaïques". Je pense, par exemple, aux racines "archéologiques" du complexe d'Oedipe dans Totem et  Tabou et à sa notion de fantasme originaire. Mais la conception de C. G. Jung est très différente. Il voit dans ces "résidus", non pas des objets périmés mais des racines vivantes de la psyché humaine. Cette partie de la psyché est au delà de la conscience, elle a des contenus impersonnels  et constitue un soubassement de la psyché, partout présent  et identique.

C'est par commodité, et pour avoir des repères, que Jung a déterminé des degrés dans l'inconscient collectif qui n'en possède aucun, si ce n'est ceux de la possibilité de représentation. La prochaine fois que je continuerai le  voyage que nous avions commencé à la surface de la psyché junguienne nous allons descendre très profond, jusqu'aux abysses...

15/12/2006

L'alchimie des cellules

La chaîne d'or n'est pas rompue. De modernes alchimistes, respectant le principe : tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et réciproquement, ont pensé que le mental, je préfèrerais l'Esprit, habite la matière première de l'homme, la cellule, et "vibre", chante sa note, en harmonie ou non avec la Symphonie Cosmique. 

Tel le poisson qui a, un jour, compris que ses branchies ne lui servaient à rien pour respirer dans l'air, l'homme devrait, lui aussi, considérer la matière de son corps d'une autre manière, et faire de ce corps le matériau de son évolution.  

Arrêter de subir pour FAIRE. Nos cellules sont animées par l'esprit, à nous d'utiliser le véhicule et l'énergie. Je l'avais un peu, beaucoup, oublié, et c'est grâce à un texte trouvé sur le blog d'Arianil, (il n'y a pas de hasard, seulement des coïncidences significatives), que je me suis souvenue de l'ouvrage de Satprem qui traite de ce sujet et de sa rencontre avec Mère, l'alchimiste des cellules qui avait fait de son corps un vase de transmutation. Je vous livre un extrait du texte d'introduction de Satprem, datant de 1980,  à son ouvrage "Le mental des cellules" ed.  Robert Laffont.

 

          " Mon passeport dit que je ne peux pas voler, sauf en Boeing 747. Mais mon coeur dit autrement.  

Un jour de mes trente ans, j'ai rencontré Celle qui disait autrement. Elle avait 80 ans, elle était jeune et riante comme une petite fille. On l'appelait "Mère". C'était à Pondichéry, au bord du golfe du Bengale.

Mère, c'est la plus merveilleuse aventure que j'ai connue. C'est la dernière porte qui s'ouvre quand toutes les autres se sont fermées sur rien. Pendant quinze ans, elle m'a emmené sur des chemins inconnus qui s'en allaient dans le lendemain de l'Homme , ou peut-être dans son commencement vrai. Mon coeur a battu comme pour la première fois au monde. Mère c'est le secret de la terre. Non, elle n'est pas une sainte, pas une mystique, pas un yogi ; elle n'est pas de l'Est ni de l'Ouest ; ce n'est pas une thaumaturge non plus, ni un gourou ni une fondatrice de religion. Mère, c'est la découverte du secret de l'Homme quand il a perdu sa mécanique et ses religions, ses spiritualismes et ses matérialismes, ses idéologies de l'Est ou de l'Ouest. Quand il est lui-même, simplement : un coeur qui bat et qui appelle la Terre-de-Vérité, un corps tout simplement qui appelle la Vérité du corps, comme un cri de la mouette appelle l'espace et le grand vent.

C'est son son secret, sa découverte que je vais essayer de vous dire.

Car Mère, c'est un conte de fées dans les cellules du corps.

Une cellule d'homme, qu'est-ce que c'est ?

Un autre camp de concentration ... biologique .

Ou un passeport pour...pour ou ? "

 

  Méditez, méditez, mes frères et soeurs en blog...
 

 

14/12/2006

Les complexes

Pour C. G. JUNG, que je considère comme un Philosophe de la Nature " nouvelle vague, l'"inconscient" est un terme qui recouvre une expérience très ancienne de l'humanité. L'homme se trouve devant des forces inconnues, se manifestant sous la forme de représentations étranges. Il a l'impression que ce n'est pas lui qui en est l'auteur et la puissance avec laquelle elles peuvent le diriger lui fait peur. Autrefois ces forces se nommaient divinités, démons ou "esprits". C. G. Jung, par l'intermédiaire de rêves et de visions, a fait très jeune l'expérience de ces créations échappant, à des degrés différents d'altérité, au Moi. Le premier degré étant l'inconscient personnel. 

L'inconscient personnel Junguien n'est pas très éloigné de l'inconscient freudien qui lui a été transmis comme un "héritage déjà vénérable" mais dont il allait faire un usage quelque peu iconoclaste. Il est cependant beaucoup plus "flou" parce qu'il est contaminé par des contenus d'un inconscient très éloigné des possibilités de représentation à la conscience. Cet inconscient personnel, dont il faut bien comprendre l'absence de frontières étanches, est l'habitat des "complexes". 

Jung n'aime pas beaucoup imposer à sa pensée les limites des définitions et dans "l'homme à la découverte de son âme" il prétend supposer tacitement que tout le monde connait le sens de ce terme passé dans la langue courante et que tout le monde sait que l'on "a" des  complexes, mais il insiste sur le fait que l'on sait moins que des complexes peuvent "nous avoir". Pour lui, le complexe possède une force, une autonomie et un potentiel énergétique capables de produire une "modification momentanée et inconsciente de la personnalité appelée identification au complexe". 

Entre le simple lapsus et la "possession" il n'y a qu'une différence de degré. La force des complexes s'enracine dans des couches profondes, quasi biologiques. Autonomes par rapport à la conscience ils empruntent un réseau de voies de réactions où ils se chargent d'une énergie qui, arrivée au niveau de la conscience, se traduit en émotions et affects.  De vraies petites bombes qui aboutissent au Moi. Un moi qui est, lui aussi, un complexe, surtout quand il cherche à occuper toute la conscience et s'épuise à épaissir la couche de sa persona .

L e texte de C. G. Jung le plus éclairant sur les complexes, se trouve, à mon avis, dans "Un mythe moderne (p. 220), une oeuvre tardive.  Il y est question des complexes qui :

"dépouillés de leur diaprure personnelle et habituelle, apparaissant par conséquent comme ce qu'ils sont à l'origine, à savoir des formes originales des instincts. Supra personnel, ils sont d'une nature inconsciente, et les mêmes chez tous. Les complexes personnels prennent naissance aux points où se produisent des collisions avec la disposition instinctive générale. Ce sont des points de moindre adaptabilité qui restent particulièrement sensibles et dont la susceptibilité déterminera des affects qui arracheront du visage de l'homme civilisé le masque de l'adaptation."

Ce texte montre de quelles profondeurs peuvent remonter des ensemble de représentations obsédantes qui sont des messages entre les divers niveaux de l'inconscient et le Moi. Ce sont ces niveaux profonds que Jung  dénomme "inconscient collectif'. 

     Ariaga
 

 

13/12/2006

Les visages de la mer

 
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La mer est une femme

Dont le double visage

Fascine jusqu'à la mort

Le chercheur du trésor

Absolu 

 

La mer scintillante enjôleuse

S'enroule dans sa robe irisée couverte d'émeraudes et de saphirs

L'haleine parfumée d'érotiques senteurs

Iodées

Elle ondoie

Elle lèche

Elle mousse

Gratte langoureusement la harpe de son clapotis

Et soulève sa vague

Sur d'attirantes profondeurs  

 

La mer retourne son visage

De Janus féminin 

Elle noircit sa robe trompeuse

Pour engloutir le soleil

Laissant des gouttes de sang 

Sur l'horizon meurtri

Par tempêtueuses marées hautes

Elle fracasse au bélier de ses galets

Les falaises rongées

Se nourrissant de landes roussies

En de longs spasmes mugissants 

 

Surgit alors la Grande Mère

Au ventre titanesque

Celle qui entraîne dans ses abysses

Les corps fleuris de coquillages 

 

17:25 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : écriture, poésie, nature, photo

11/12/2006

Le C. G. JUNG que j'aime

Le Jung que j'aime, d'amour intellectuel mais je crois qu'il m'aurait séduite (et je n'aurais pas été la seule !)si je l'avais rencontré, n'a rien à voir avec le Jung théoricien qui est enseigné dans les "écoles jungiennes". Le mien est junguien. Pour vous montrer à quel point en sont les choses, il y a même une querelle au sujet de l'orthographe du mot. Je préfère la seconde, mais s'il m'arrive d'utiliser la première cela n'a ps d'importance. Je suis comme Etienne Perrot. Il avait son Jung à lui, un Jung intérieur. alors, pourquoi est-ce-que j'écris mes petites notes sur ce que recouvrent certains termes employés par Jung ? C'est parce que j'aimerais éviter à ceux qui tomberaient comme moi en "amour" de Jung, hors du cadre des enseignements traditionnels, d'errer comme je l'ai fait à travers la jungle et les commentateurs d'un vocabulaire souvent mal compris parce que manquant d'univocité.

Il y a : le Jung que j'aime moins

- celui qui a souvent compliqué ce qu'il avait à dire, cédant à la mode de la scientificité pour qu'on le prenne au sérieux

- celui qui a si cruellement rompu avec Freud. La lecture de leur correspondance m'a tiré des larmes et les efforts de Freud pour garder près de lui son fils spirituel sont touchants. Jung était dur et avait tendance à balayer ce qui empêchait le processus de réalisation de son oeuvre et de son inconscient. Ce qui était la même chose car l'existence de Jung est une "oeuvre-vie".  

- celui qui a quasiment renié les superbes pages poétiques gnostiques des "sept sermons aux morts"  et les a traitées d'"erreur de jeunesse".

Le Jung que j'aime avec passion, mauvaise foi, aveuglément, enfin, comme on aime... c'est le Jung de près de soixante dix ans qui après une grave maladie pleine de délires, visions, extases mystiques, se décide à revenir dans un monde qui, pendant ces états intérieurs lui paraissait "tout simplement ridicule". Et il revient, transformé, pour accomplir pendant dix ans l'essentiel de l'oeuvre du Jung que j'aime. 

Il accepte de se soumettre à ses pensées et de les exprimer de manière nouvelle sans s'occuper de l'opinion des autres. Il accepte aussi d'être dans l'erreur et d'être dépassé, contesté, par d'autres qui viendront après lui. Il ne cherche plus à construire des "systèmes".  

Il remet en cause ses attitudes précédentes, sa manière de vouloir toujours forcer le destin et devient ce qui est, pour moi, un vrai philosophe. Il agit et écrit en se transformant et en faisant de toute action un OUI inconditionnel à la Vie, à "ce qui est".

Ce Jung en communion avec la Dieu et la Nature, alchimiste, mystique, visionnaire, pétri de contradictions, à la fois bon vivant et sauvage, n'a pas trop bonne presse auprès de ses héritiers officiels, mais c'est mon Jung à moi, celui que j'aime.

 

 

17:00 Publié dans amour | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : écriture, amour, alchimie, Jung

10/12/2006

La finalité de l'Oeuvre alchimique

Cette note a pour but de compléter ma note du sept décembre sur les différentes couleurs des phases du processus alchimique. 

Selon C.G.Jung, dans "Psychologie et alchimie, les différentes classifications des phases dépendent surtout de la manière dont les opérateurs envisagent la finalité de l'Oeuvre. Certains alchimistes ont pour visée l'obtention de la "teinture" blanche ou rouge, d'autres recherchent la pierre philosophale, qui les contient toutes deux, et qui peut être , à la fois, la matière ou l'agent d'une transmutation. Il s'agit aussi, parfois, de la "panacée" : or buvable ou élixir de vie. Remarquez , et c'est ce qui me plait dans cette manière de penser, qu'en alchimie il n'y a pas de "ou"..."ou" mais des "et"..."et". On sort de la logique classique et une chose peut être elle même et son contraire ou tout autre chose. 

Plus "philosophique" est le projet d'obtention d'un "être entièrement mystique" nommé "Dieu terrestre", "Sauveur", "fils du macrocosme", que l'on pourrait comparer à l'"Anthropos gnostique", c'est à dire l'homme primordial divin, qui est aussi l'"âme du monde". C.G. Jung, s'inspirant de Paracelse, le décrit ainsi :

"Il est l'âme du monde qui met le Tout en mouvement et qui soutient le Tout. Sous sa forme terrestre primitive il est impur. Mais il se purifie progressivement au cours de son ascension dans les formes aquatiques, aériennes et ignées. Dans la quintessence enfin, il apparait en son "corps clarifié". Cet esprit est le secret qui fut caché depuis les origines"

Le projet des "philosophes alchimistes" est de purifier cette matière à laquelle s'est, en quelque sorte, mélangé l'esprit, pour redonner à ce dernier sa fonction motrice et directrice. En tant que matière et esprit, ils sont impliqués conjointement, matériellement et spirituellement, dans l'Oeuvre alchimique.  

08/12/2006

Les séries de rêves

Toute interprétation de rêve n'étant qu'une supposition, on se trouve, devant une abondante production onirique, dans le cas du chercheur qui s'attacherait à l'étude d'évènements dont il lui serait impossible de démontrer le sens et la régularité. C'est dans ce but que C. G.  Jung a privilégié les séries de rêves, espérant ainsi diminuer l'incertitude. Il en donne les raisons dans "Psychologie et Religion"(p. 58) :

"Si faire se peut, je n'interprète jamais un rêve isolément. En règle générale, un rêve appartient à une série de rêves. De même que dans le conscient, il existe une continuité, abstraction faite qu'elle est régulièrement interrompue par le sommeil, de même il existe apparemment une continuité dans la suite des processus inconscients. Cette continuité dont font preuve les déroulements inconscients est peut-être encore plus marquée que dans les phénomènes conscients. En tous cas, mon expérience se prononce en faveur de la probabilité que les rêves sont les maillons visibles d'une "chaîne" d'évènements inconscients."

Dans son ouvrage "Psychologie et Alchimie" C G. Jung, à la recherche d'un fil conducteur, examine une série de centaines de rêves. A l'époque ils étaient anonymes, mais on a su ultérieurement qu'il s'agissait de ceux du célèbre  physicien W. Pauli.

Quand on a la chance de pouvoir "contempler" une série de rêve il est possible de mieux suivre le "discours" (j'endosse la responsabilité de ce terme) du rêve et de contrôler les interprétations, les rêves eux mêmes s'en chargeant par des corrections et des réajustements. Mais, pour comprendre l'intérêt des séries il est utile de connaître l'hypothèse de C. G .Jung sur le "noyau central de signification", hypothèse hardie car elle remet en cause des concepts qui sont les repères de notre vie quotidienne. 

L'inconscient ne se soucie pas de notre perception du temps ou de notre idée de la causalité. Temps et causalité sont, en quelque sorte, "disloqués".  Les séries de rêves racontent une histoire dont la chronologie est parfois respectée mais , souvent, elle se perd. Ou bien le niveau de l'histoire apparente masque un autre niveau plus essentiel. Nous sommes incités à établir une chronologie des rêves et à les relier entre eux en se basant sur le fait qu'ils nous parviennent l'un après l'autre. Or, pour C. G. Jung ("Sur l'interprétation des rêves" p. 22, 23)

"Il n'est pas démontré que la suite réelle d'un premier rêve ne parvienne qu'ultérieurement à la conscience. La série qui nous paraît chronologique n'est pas la véritable série. Un nouveau thème peut très bien apparaître dans un rêve, avant de disparaître pour céder de nouveau la la place à un thème antérieur. La véritable configuration du rêve est radiale : les rêves rayonnent à partir d'un centre, et ne viennent qu'ensuite se soumettre à l'influence de notre perception du temps. Les rêves se subordonnent en réalité à un noyau central de signification."

Pour C. G. Jung, les rêves naissent dans un esprit qui n'est pas tout à fait humain et ressemblent plutôt à un "murmure de la nature" qu'à nos belles constructions logiques. Cette vision "radiale" de la chronologie onirique s'accompagne chez Jung d'une réflexion sur la causalité liée à la fois aux rêves et aux évènements de la vie courante. Il lui apparait que, dans certains cas, quand l'inconscient est particulièrement activé et le sujet très réceptif , on est conduit à postuler un facteur irréductible "par nature"à la causalité. Il faudrait alors admettre, écrit-il dans "Synchronicité et Paracelse"(p. 29)

"Que les évènements en général sont associés soit, directement en chaines causales soit, le cas échéant, par une sorte de lien transversal, de l'ordre du sens. "

A cette coïncidence d'évènements, reliés par hasard entre eux d'une manière significative, JC. G. Jung à donné le nom de "synchronicité". Mais, comme le disait Schéhérazade pour ne pas se faire étrangler ce sera une autre histoire que je vous raconterai un jour.

 

 

07/12/2006

Les couleurs des phases en alchimie

L'alchimie décrit dans ses différentes phases un processus de transformation. Les descriptions sont variées, contradictoires et rédigées en un langage symbolique des plus obscur. Il fallait toute l'obstination d'un C.G.Jung pour y trouver son miel...

Les auteurs, rarement d'accord au sujet du déroulement et de l'ordre du processus, se rejoignaient, cependant, sur des points essentiels. L'un d'eux était la division en phases, liées à des couleurs correspondant aux étapes de l'oeuvre. Comme elles étaient à l'origine au nombre de quatre, on les nommaient "quadripartition de la philosophie". Les quatre couleurs et les quatre stades, pour des raisons que C.G. Jung juge plus psychiques que pratiques, furent ramenées au nombre de trois, vers le XVI° siècle. Cette omission du quatrième stade du processus, serait liée au problème de la signification symbolique de la quaternité et de la trinité.

La nigredo, ou noirceur, représente le premier stade. Elle n'a pas de qualité unique et peut être , pour le "philosophe", l'état initial de la matière primordiale ou, pour celui qui travaille dans son laboratoire, le résultat de la phase de décomposition des éléments. Cette décomposition est suivie par une recomposition consistant en une union des deux polarités féminine et masculine. Et ça n'est pas fini: il y a dissolution, mort du produit de l'union et une nouvelle nigredo.

Ensuite vient l'albedo ou passage au blanc. Ce moment du processus a, pour C.G.Jung,  deux sens possibles. En simplifiant une citation de son ouvrage "Psychologie et alchimie"dont je m'inspire ici : l' âme (symbolique)libérée par la mort est a nouveau unie au corps mort et détermine sa résurrection ou bien,  l'ensemble des couleurs, appelée "la queue du paon" conduit à une couleur unique, le blanc qui contient toutes les couleurs. 

Ce stade du processus représente déjà, pour beaucoup d'alchimistes, un aboutissement. Il est symbolisé par l'argent, ou la lune, et C.G.Jung le compare à l'aube précédant le lever du soleil.

La transition vers le stade ultime, la rubedo ou passage au rouge, se faisait par la citrinitas, ou passage au jaune, associée au soleil et à l'illumination. Après la suppression de cette étape le rouge suivit directement le blanc. A ce stade, le rouge et le blanc, le soleil masculin et la lune féminine (souvent symbolisés par le roi et la reine)  peuvent, au moment où le feu atteint son acmé, célébrer leurs "noces chimiques"  .

Tout ceci  est très simplifié. Je tente seulement de donner un aperçu des termes courants de l'alchimie. Le processus est loin d'être linéaire. Il comprend d'incessantes "putréfactions", "ablutions", morts et résurrections, sans compter les copulations, de la matière. Je pense, comme C.G.Jung, que ces métamorphoses ont pour origine et conséquences les variations de l'état du psychisme de l'opérateur. Celui qui aura le courage de méditer de manière "philosophique" sur la symbolique de ces phases commencera, peut-être, à entrevoir l'intérêt, qu'elles présentent si on les compare aux phases possibles, ou impossibles,de notre évolution spirituelle.

 

06/12/2006

Perdus en mer

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Au bout du promontoire

Quand j'ai posé ma main sur la pierre humide

De la vieille croix granitique rongée de larmes

Elle a bruissé les soupirs des femmes

En attente devant la mer nue.  

 

Les goélands au ventre blanc ont crié l'histoire

De celles en noir

Scrutant la profondeur sombre des eaux

Les soirs de lune ces femmes pieuses

Armées de leur chapelet 

Croyaient apercevoir dans les gerbes d'écume

Echappés pour un soir du purgatoire de noyés 

Les spectres de leur aimés

Levant leurs bras transparents pour crier leur détresse

 

Veuves avant d'être mères

Mères aux corps oubliés

Seules dans l'odeur rancie des lits clos elles avaient prié si fort que parfois

Pour un instant béni

Revenait la chaleur de leur amour perdu

Et je crois oui je crois

Comme ces femmes en noir

Que ces âmes transies arrachées à l'errance

Montaient au Paradis

 

 

 

 

 

05/12/2006

L'ombre, éclairée par C.G. Jung

Celui qui parvient à revêtir son Moi d'une persona bien épaisse possède un bon système d'adaptation et de communication avec le monde extérieur. Il y a un prix à payer. 

Tout ce qui a été refusé, parce que non conforme avec l'image de soi que l'on s'efforçait, parfois douloureusement, de construire ; tout ce que certain appellent péché, d'autres partie inférieure de la personnalité ; tout ce que l'on refuse d'admettre en soi, tout cela "tombe", en quelque sorte, dans la partie non visible du Moi. Non visible, mais cependant très proche car il s'agit d'acquisitions de la vie individuelle.

Le premier travail de celui qui veut tenter une transformation par l'alchimie spirituelle (C.G.Jung dirait le début de l'analyse), est donc de rendre l'ombre consciente et, même si elle semble repoussante, de la regarder bien en face, puis d'accepter. Ceci est possible avec du courage et de la bonne volonté. Le problème est que nous avons tous tendance à faire des projections de notre ombre sur les Autres. Je vais donner un exemple : Une femme a plusieurs jeunes nièces. L'une d'elle, qu'elle aime beaucoup, a le don de l'exaspérer et elle la houspille sans cesse. C'est plus fort qu'elle, elle la voudrait parfaite. Un jour, le frère de cette femme lui dit : Je ne comprends pas pourquoi tu as ce comportement avec elle, tu devrais la préférer, elle te ressemble beaucoup." Cette femme a soudain compris : sa nièce avait des traits de caractère qui avaient été les siens autrefois et qui, pour plaire à son entourage, avaient été "mis à l'ombre". C'est le genre de prise de conscience qui fait progresser dans la connaissance de soi, prise de conscience que beaucoup refusent.

Il ne faut pas croire que l'ombre cache uniquement des choses négatives. Si l'on en croit C.G. Jung dans Aîon:

  " ...Si l'on admettait précédemment  que l'ombre humain était  la source de tout mal, on peut maintenant, si l'on y regarde de plus près, découvrir que l'homme inconscient, précisément l'ombre, n'est pas uniquement composé de tendances moralement répréhensibles, mais qu'il comporte aussi un certain nombre de bonnes qualités, des instincts normaux, des réactions appropriées, des perceptions réalistes, des impulsions créatrices, etc."

Il existe une zone encore plus éloignée de la conscience, celle où résident l'anima et l'animus . Mais de cela on ne peut parler qu'après avoir fait monter sur scène l'archétype. C'est encore une autre histoire...

  
 

03/12/2006

Les rebelles

Cette nuit la tempête

A craqué la maison

Forteresse assaillie

Par les béliers du vent 

Au petit matin noir tout encombré des rêves de la nuit

Quand on se trouve encore

Sur le fil du rasoir entre la mort et la vie

Un plat silence a figé l'air quelques secondes

Mer étale

Et puis comme un grand souffle

Est monté le clavier d'une foule impatiente

Un vieux moi très ancien

A ouvert grand la porte 

 

A la lumière du porche j'en ai vu quelques uns 

Les autres

Echarpes de brume

Dansaient dans la grisaille de la fin de la nuit

Certains disaient leur nom d'autres l'avaient inscrit au fer rouge sur le front

C'étaient des Basilide Barbélo Valentin 

Carpocrate Epiphane Menandre Saturnin

Des ophites tout nus réchauffés de serpents 

Le tout en grand désordre

Simon avec Hélène forniquait dans un coin

Au tout début du jour j'ai vu des Bogomiles

Puis ceux de Monségur des enfants dans les bras

Et Giordano  Bruno fumant comme un tison

 Oui ils étaient tous là douteurs et insoumis

Ceux qui se voulaient plus chrétiens que d'autres

Ceux qui croyaient que le Diable est associé à Dieu

Ceux qui pensaient qu'il n'y a rien entre l'homme et son dieu

Ceux qui croyaient que l'univers est Un

 

Quand le jour s'est levé

Quand le ciel s'est ouaté de nuages 

Ils se sont lentement dissous

Vers les mémoires obscures où brûlent les bûchers

Me laissant des regrets

De ne pouvoir loger

Amour si absolu