10/03/2007
Soufisme : de la nécessité du plaisir
Je comptais vous raconter mes aventures divinatoires avec les arcanes du Tarot, mais un bon déjeuner, le soleil, l'herbe verte, me font remettre à demain ce thème un peu sérieux. Je me souviens de mes grandes résolutions, au sujet de mon bon plaisir et, aujourd'hui, je préfère vous proposer un texte sur l'amour sensuel et aussi la patience, vertus qui me semblent indispensables entre un homme et une femme. La patience ici étant surtout demandée à l'homme mais tout est réversible et tout peut "augmenter la gnose" comme le dit le texte. (Je m'excuse pour l'absence des accents que l'ordinateur ne me permet pas de mettre dans les mots du texte original)
" le Sayh Zarruk a écrit dans sa Nasihat al-kafiya : "L'enfant né d'une union où la femme n'a pas été cajolée sera nécessairement faible d'esprit et ignorant. Faire preuve de délicatesse (rifq) envers la femme, exige de la part de l'homme de l'amour (mahabba) pour son épouse. Que celui qui veut réaliser cette conjonction ne s'approche pas de sa femme avant qu'elle ne soit haletante, que ses yeux ne se troublent et qu'elle ne demande à être satisfaite. Pour préluder à cela, l'homme multipliera les caresses..."
Par la suite, le disciple devra se montrer pour son épouse un compagnon prévenant et supporter ses sautes d'humeur. Dieu a dit : "Soyez pour elles de bons compagnons" (Cor. IV, 19). Il faut avec les femmes faire preuve de vertu politique (siyasa) et d'une grande patience (sabr), ce dont ne sont capables que les hommes maîtres d'eux-mêmes. C'est là que le faqir montre qu'il est patient et que l'on reconnaît le mesquin du généreux.
Telle est la raison pour laquelle le maître de notre maître, Mawlay al'Arabi (al-Darqawi) aimait que le faqir se marie. Je l'ai entendu dire : "Il y a des soufis qui ont mis en garde les disciples contre la mariage. Moi, je leur recommande, afin qu'il élargisse leur caractère, augmente leur gnose (mar'ifa) et renforce leur certitude (yaqin)".
Extrait de l'ouvrage de Christian BONAUD : Le soufisme, Maisonneuve et Larose-Institut du Monde Arabe, p. 91.
17:40 | Lien permanent | Commentaires (33) | Tags : écriture, spiritualité, religion, citation, amour, livre
06/03/2007
Le blog est un vampire psychique
Le BLOG, notre blog, a tout le temps faim du sang de notre esprit. Il est source d'une sorte d'accoutumance, d'"assuétude" qui fait que, pour celui qui n'en fait pas un simple amusement, il commence, de manière insidieuse, à s'emparer de notre vie. Blog, de quoi vais-je te nourrir demain. Cela trotte dans la tête pendant la nuit. De belles idées viennent qui s'évanouissent le matin. Alors on cherche laborieusement dans des notes, de vieux textes. Les rêves disparaissent au profit de rêvasseries dans un demi sommeil.
Le blog nous donne des satisfactions pour mieux les reprendre. Par exemple, des "amis" qui disparaissent sans un mot d'adieu; on clique sur leur blog et il n'y a plus rien. Parfois on croit apercevoir leur ombre ailleurs, mais comment savoir si ce n'est pas une illusion.
Quand on est, comme moi, une laborieuse capricorne (heureusement allégée par un ascendant gémeaux) on se sent vite des "devoirs" envers son blog. A un tel point que l'on devient désagréable avec son entourage s'il vous dérange quand vous vous occupez de lui. En plus, oh honte ! cette pauvre Ariaga qui a toujours été un être libre et si peu conventionnel tombe dans le travers (accentué par le fait que 80/100 des visiteurs sont de mystérieux inconnus venus de google et autre) d'être fière de la fréquentation et de se demander, est-ce que ça va leur plaire, est-ce qu'ils vont comprendre? Autant se prostituer ! Du coup l'angoisse s'installe. Juste punition des muses, la veine poétique s'épuise etc. etc.
Alors, aujourd'hui, après avoir fait une cure de désintoxication sur mon banc, dans un sursaut de survie, avant que tout mon sang ne soit bu par le blog JE BRANDIS L'ETENDARD DE LA REVOLTE et j'édicte de nouvelles règles.
-Je veux que mon blog me procure du PLAISIR et pas des soucis. C'était son but premier.
-Il peut crier famine, si je n'en ai pas envie, je ne lui donnerai rien à manger. Si, au contraire, j'ai envie de le gaver, d'écrire des notes longues, je m'en ficherai qu'elles disparaissent à toute allure dans les souterrains du blog. Si il est gentil j'irai, peut-être, leur donner un permis de visite avec des liens, de temps en temps.
-Que ceux qui ne lisent pas mon "à propos"et jugent le blog uniquement sur la page d'accueil, aillent jouer ailleurs, il y en a des millions d'autres. Et puis, note positive, j'ai quand même sur ce blog rencontré quelques vrais amis, beaucoup plus intéressants que ceux de la vie courante probablement grâce à leur virtualité, (ils comprendront).
-J'ai le droit de me contredire, de ne pas vérifier précisément mes sources, de faire des fautes d'orthographe, de ne pas répondre à tous les commentaires, bref, plus de devoirs, rien que du plaisir !
Non mais alors ! Ce n'est pas une s........ de Blog qui va me faire la loi. D'autres ont essayé et ils ont échoué. Ariaga est coriace et il lui reste du sang malgré les ponctions répétées du vampire.
Je vous embrasse tous et si vous êtes dans mon cas révoltez vous !
Ariaga
16:06 Publié dans blog et quotidien | Lien permanent | Commentaires (36) | Tags : écriture, blog, vie quotidienne, spiritualité, société
03/03/2007
Marie-Louise von Franz : Matière et psyché
Cette lecture, que je vous recommande, est un complément à ma note de hier. Marie-louise von Franz à, très jeune, travaillé étroitement avec C. G. Jung. A la fin de la vie de Jung, elle a rédigé son troisième tome du Mysterium conjunctionis. Dans son livre Nombre et temps, elle a prolongé la pensée scientifique et psychologique d'un Jung devenu trop âgé pour continuer sa recherche sur la notion d'unus mundus, c'est dire un monde un, au delà de la dualité esprit matière. Le livre dont je vous donne un extrait aujourd'hui, s'appelle Matière et psyché. Il s'agit d'un recueil des différente contributions de Marie Louise von Franz sur la non dualité et l'espace où esprit et matière se rejoignent en un lieu de "mystérieuse conjonction". Le lieu de la totalité.
Indivisibilité du Tout
La notion de complémentarité que Niels Bohr a introduite pour mieux expliquer la relation paradoxale entre l'onde et la particule, peut aussi être appliquée à la relation des états conscient ou inconscient d'un contenu psychique. Jung a découvert ce fait, mais il a surtout été élaboré par Wolfgang Pauli. Bernard d'Espagnat a relevé que la non séparabilité dans le monde particulaire, prouvée par l'expérimentation scientifique (suggérée par le paradoxe d'Einstein-Podolski-Rosen), confirme l'idée de Bohr d'une "indivisibilité du Tout" : des particules qui ont été unies puis se sont séparées, se comportent comme si l'une "savait" ce qu'est l'état de l'autre, même à très grande distance, ce qui semble exclure l'idée d'une interaction superluminale (ce qui est souvent discuté), il resterait, comme le souligne d'Espagnat, le fait d'une indivisibilité du Tout.
Jung a constaté de même que la dimension totale de la psyché objective est ultimement une ; il appelle cet aspect unitaire de la psyché : le Soi.
Matière et psyché, p. 248
Ed, Albin Michel, tr. fr. 2002
16:45 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : écriture, livre, citation, spiritualité, philosophie, Jung, science
02/03/2007
C. G. JUNG et l'idée de totalité
Il m'arrive souvent, en particulier dans les commentaires, que j'emploie le mot totalité avec ou sans un grand T. Cela est du à mon imprégnation junguienne. Je crois donc qu'il est important, pour les lecteurs de ce blog, que j'éclaircisse les relations de Jung avec l'idée de totalité. En effet, même si tous les possibles demeurent à l'arrière plan du sens donné aux mots, il est utile d'indiquer celui mis en évidence. Cela est d'autant plus indispensable chez un découvreur de nouveaux territoires tel que Jung qui utilise certains termes d'une manière bien à lui.
Pour donner un exemple des fréquents malentendus dus à une lecture très fragmentaire, et parfois malveillante de Jung, ou bien à des conclusions hâtives, prenons le terme "dialectique" (souvent associé à totalité ou même totalitaire). Ce mot est revêtu d'un sens philosophique et politique "lourd". L'emploi qu'en fait Jung pourrait suggérer une influence hégélienne. Il l'utilise comme titre d'un de ses ouvrage Dialectique du Moi et de l'inconscient. Il s'en sert aussi pour donner un nom au processus de relation, qu'il qualifie de dialectique, entre l'analyste et l'analysant. Or, Jung réagit très vivement à toute allusion au sujet d'une quelconque influence de Hegel sur sa pensée, et ceci jusqu'à la fin de sa vie. Il le traite même dans une lettre de 1959, c'est à dire deux ans avant sa mort, de "psychologue raté".
Pour Jung, il existe toujours une tension entre les opposés, on est confronté avec un vis à vis dont on doit tenir compte et "processus dialectique" signifie pour lui système de relation et d'interaction.
En vous parlant du terme "dialectique je suis sur le chemin de ce que n'est pas la totalité pour Jung : Ce n'est donc pas la totalité au sens hégélien, encore moins la totalité au sens politique de totalitaire, concept dont il a la plus profonde horreur, de quelque bord que s'exerce cette forme de totalité. Il fait, cependant, preuve d'un certain élitisme qui le fait penser que seul l'homme libéré de la "massification" , et tentant de devenir un véritable être individué, peut prétendre à la totalité.
Ces précisions données, de quelle totalité, dans son oeuvre et ses propos publics, car on peut toujours trouver chez lui (correspondance, propos relatés par des proches) des envolées très "mystiques", parle Jung ?
Au cours de son travail il a eu différentes approches, parfois plus philosophiques qu'il veut bien l'avouer car, s'il privilégie le pragmatisme, il est difficile de nier que sa pensée touche souvent à l'éthique, la métaphysique et l'épistémologie. La totalité dont il est le plus souvent question, au niveau empirique où il veut demeurer, est la "totalité psychique". Une totalité vers laquelle il pense qu'on peut cheminer "humainement". Il s'agirait, comme il le dit dans Un mythe moderne, d'une "psyché globale, au sein de laquelle les contenus conscients doivent être complétés par les contenus de l'inconscient." Cette démarche idéale peut sembler utopique mais elle est potentiellement réalisable. Il l'exprime ainsi : "Deviens celui que tu es depuis toujours ! C'est à dire efforce-toi d'atteindre à cette totalité...que chacun porte en lui même depuis toujours."
Jung évoque aussi, avec beaucoup de précautions, probablement pour ne pas être surpris à "philosopher", une Totalité métaphysique inconnaissable dont il semble avoir l'"intuition ", mais au sujet de laquelle il se refuse à affirmer quoi que ce soit, car elle relève pour lui du transcendant invérifiable. Cette Totalité, dont il eut une sorte de "vision" en 1916, et qu'il assimilait alors au Plèrôme de Gnostiques serait celle d'un "Dieu", unissant en lui tous les contraires avant la différenciation.
Pendant la dernière partie de sa vie, Jung privilégia une approche de la totalité dont ceux qui me lisent régulièrement sauront qu'elle me séduit assez. Il s'agit d'une totalité humaine, immergée au sein de la grande Totalité de la Vie. Si on adopte cette vision, la lutte pour la prééminence entre le corps et l'esprit n'a plus de sens car l'un est intimement lié à l'autre. Dans cette Totalité, chacun est à la fois unique par son individuation et en relation avec la Nature. La totalité de la Vie, y compris celle de la vie de l'esprit, serait alors faite d'un seul et même substrat. Ce substrat peut être, ici il s'agit de ma pensée, mais je crois que Jung en était assez proche, tout imprégné de vibrations divines se diffusant à différents niveaux. Et comme le disait Jung, certains l'appellent Dieu, moi aussi.
16:50 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : écriture, spiritualité, Jung, philosophie, nature
01/03/2007
La grotte du Phénix
Nourri par ses racines et lavé par ses pleurs
Vêtu d'une lumière dorée
Redevenu enfant de la puissante Mère
Se courber vers la terre
Pour franchir le passage
Descendre vers la profondeur des mines de métal
Grottes alchimiques
Là où vit le Phénix
Au centre de la fusion
Puis plonger pour revivre
Dans les rivières souterraines de L'Amour
11:20 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : écriture, poésie, amour, alchimie, photo
27/02/2007
Blog prisonnier de la technologie
Une fenêtre de quelques minutes semble s'ouvrir, ça ne durera pas, dans le fonctionnement fou de l'internet sur ma ligne. Il paraît que je serai "réparée" dans les quarante huit heures..... Bise à tous d'une Ariaga de très mauvaise humeur .
19:20 Publié dans blog et quotidien | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : blog, vie quotidienne, écriture
23/02/2007
Alchimie : liste des notes déjà publiées ( I )
Certaines personnes arrivent sur ce blog et lisent une note sur l'alchimie. Elles peuvent vouloir en savoir plus sur ce que j'ai déjà publié ou vouloir un renseignement sur un mot qui leur semble obscur. Pour l'avoir moi même expérimenté, il n'est pas toujours facile de "fouiller" dans les archives d'un blog. Je proposerai donc, assez régulièrement, des listes, de la plus ancienne à la plus récente, des notes concernant un sujet. Si tout se passe bien, et si les korrigans ne me font pas de blagues, en cliquant sur le titre on doit tomber directement sur la note. Merci à vous tous de votre fidélité. Ariaga.
L'alchimie spirituelle au quotidien
Les couleurs des phases en alchimie
Angelus Silesius et l'alchimie
La finalité de l'Oeuvre alchimique
La montée des marches en alchimie
Le matériau de l'alchimiste et l'ombre
Obscurité et poésie chez les alchimistes
Méditation et imagination en alchimie
Le sang de l'alchimie c'est l'amour
La maladie, C.G.Jung et l'alchimie
17:15 Publié dans blog et quotidien | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : écriture, alchimie, spiritualité, amour, nature, Jung, Perrot
21/02/2007
Judaïsme et matière
J'avais, il y a quelques temps, publié des citations de la mystique juive. C'est un domaine que je connais mal, mais il me semble que, sur ce blog qui se veut pluraliste et d'une spiritualité ne favorisant aucune religion en particulier, des textes comme le Zohar, le Talmud, le Sepher Yetsirah présentent beaucoup d'intérêt.Il m'est impossible de me pencher sur les ouvrages eux mêmes mais il y a de bon commentaires, des citations, des extraits. Je vous ferai donc, de temps en temps profiter de mes humbles recherches. J'ai déjà rencontré, au détours de pages,Isaac Louria, Rabbi Nachman de Bratislava, Rabbi Moïse Haym Luzzatto. et d'autres. Aujourd'hui, je veux vous présenter un livre, La rose aux treize pétales, où j'ai trouvé une citation qui rejoint mes préoccupations au sujet de la matière, que je trouve souvent négligée au profit de l'"esprit". Beaucoup d'entre nous ont tendance à vouloir "s'échapper par le haut." L'ouvrage est la traduction de l'américain d'un livre du rabbin Adin Steinsaltz. Il parle, entre autres sujets des rapports entre la mystique et la vie quotidienne. Je l'ai lu avec passion. L'extrait a, pour moi, des résonances à la fois spirituelles, scientifiques et alchimiques.
..."il faut se souvenir que, pour le judaïsme, la matière n'est pas considérée comme inférieure ; dans une certaine mesure, elle constitue même, tout au contraire, le sommet de la Création. Elle est source d'émerveillement parce que, paradoxalement, son existence même semble occulter le divin ; c'est donc nécessairement lui qui a voulu la créer. On peut la comparer à une onde née de la rencontre de la révélation et de l'occultation ; c'est pourquoi, en dépit de sa finitude, la matière est le lieu de la plus grande concentration de la révélation de l'Infini dans le monde. Notre monde est le plus limité de tous les mondes. Cependant, pour subsister comme être séparé et indépendant, il faut nécessairement qu'une énergie infinie s'exerce sur chacune de ses particules. C'est bien pourquoi toute action qui oriente la matière en direction de la sainteté a une valeur bien plus grande qu'une action entreprise dans le monde de l'esprit. Du fait que tous les mondes se focalisent sur la matière, chaque geste, chaque mouvement qui s'y produit, si infime soit-il, a plus d'effet que les mouvements de la vie de l'esprit ou même des mondes supérieurs à l'esprit. C'est que la fonction de la Mitsvah, en s'efforçant d'informer le monde matériel, de le changer, de le tourner vers la sainteté, consiste à libérer d'immenses forces qui produisent des ondes de choc depuis notre monde jusqu'aux mondes supérieurs. Voila pourquoi la signification d'une action sainte qui s'exerce sur le monde matériel dépasse largement tout ce qui serait accompli dans le strict domaine de la pensée et de l'émotion. Ainsi s'explique que la Torah et les Mitsvot se référent essentiellement au monde matériel : il est le véritable secret de la Création, la concrétisation de la quintessence de l'idée divine. Aussi bien, toute modification, ou toute correction, du monde de la matière entraîne-t-elle des mutations sans fin dans l'ensemble des mondes."
Adin Steinsaltz
La rose aux treize pétales, ed. Albin Michel, 1989
17:00 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : écriture, spiritualité, religion, livre, citation, science
20/02/2007
La maladie, C.G.Jung et l'alchimie
La maladie peut être un refuge qui permet d'échapper à l'ennuyeuse quotidienneté de l'existence ou d'excuser des manques, de permettre des ruptures. Elle est aussi une sorte d'issue à l'exaltation où s'épuisent les forces créatrices, les dépenses d'énergie excessives. Il y a des êtres pour lesquels la recherche du sens, et du dire de ce sens, est une mise à l'épreuve de la chair. Je pense à Nietzsche qui disait bénéficier de moments de grande clarté aux instants où il souffrait le plus. Chez ceux là, c'est au cours d'une douloureuse "passion"que, comme dans le creuset des alchimistes, se produit la "cuisson lente" de l'Oeuvre. C.G.Jung appartenait à l'espèce de ceux qui "somatisent" et que la maladie "transmute".
Pendant la petite enfance, une longue "absence de sa mère : eczéma généralisé, culbute du haut d'un escalier, heurt violent contre le bord d'un poêle, angoisses nocturnes. A douze ans, il fait, ce qu'il appelle lui même dans Ma vie, une névrose. Renversé par un camarade, sa tête heurte le trottoir. Il anticipe la violence du choc et une pensée fulgure : maintenant tu ne seras plus obligé d'aller à l'école! Cette pensée est tombée dans l'inconscient mais une somatisation s'est produite : chaque fois qu'il doit travailler ou aller en classe il tombe en syncope. Suit une période heureuse pendant laquelle il est libre de faire tout ce qui lui plait. C'est en particulier à cette époque que sa communion avec la Nature et l'originalité de sa réflexion se développent de manière très puissante. Il faut une réflexion de son père, entendue par hasard, sur la lourde charge que va représenter pour un pasteur sans fortune un enfant handicapé, pour le tirer de cet état. Les crises disparaissent et il se rend compte que c'était lui qui avait "monté cette honteuse histoire".
Ce comportement de fuite devant la vie ordinaire, cette manière de chercher refuge dans la maladie, se manifeste au moment de sa grande maladie de 1944 où, après une période de visions dans un état entre la vie et la mort, il met trois semaines avant de se "décider à revivre". Et pourtant, l'instinct de vie, la nécessité de transmettre une expérience, l'impression qu'il est important d'accepter son destin et la Vie telle qu'elle est l'emportent. C'est après cette cuisson lente sur l'athanor d'une transformation qui le mène aux portes de la mort que son travail et sa pensée se révélèrent les plus fertiles. Il a parlé ensuite de la possibilité d'une "zone intermédiaire" entre le physique et le psychologique, la maladie étant semblable à la pierre des alchimistes. Elle serait alors une étape dans le processus d'individuation c'est à dire de l'Oeuvre que nous devons entreprendre sur nous- mêmes pour devenir un être complet.
J'ai pris Jung comme exemple parce qu'il est représentatif et que d'autres que je connais auraient été trop personnels, mais je pense qu'il existe des lecteurs de ce blog qui, après avoir subi une maladie longue et douloureuse qui les a fait frôler la mort, ont été transformés par cette épreuve. Le plaqué or de leur vie s'est transformé en or. Je pense, entre autres conséquences, que les états valétudinaires, probablement parce qu'ils diminuent les défenses du conscient, relativisent l'importance de problèmes souvent liés à l'image que l'on souhaite présenter à la"Société"et permettent de se consacrer à l'essentiel, la Vie et la spiritualité.
16:40 Publié dans Alchimie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : écriture, spiritualité, Jung, philosophie, nature, alchimie
17/02/2007
Angine métallique
16:15 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : écriture, poésie, amour, photo, alchimie
16/02/2007
Expérimentation sur la symbolique des rêves.
Il est une circonstance, que l'on pourrait qualifier d'expérimentale, où l'interprète se retrouve seul devant les rêves. Ce fut le cas pour C.G.Jung, quand il analysa, hors de sa présence, les rêves de W. Pauli. E. Perrot, aussi, a tenté ce genre d'expérience. Il faut quand même noter qu'ils avaient quelque renseignements sur l'âge, le sexe et éventuellement la profession des rêveurs. Ce n'est pas le cas pour ceux qui proposent leurs rêves sur les blogs. Je connais des "personnes "qui offrent de perpétuelles surprises quant à leur identité...Et pourtant, il est bien tentant de chercher, à partir de ces rêves, des symboles alchimiques, des constantes, des structures, des formes que l'on retrouve souvent, sous des présentations différentes. On pourrait alors les commenter comme on le ferait pour n'importe quel symbole vivant. Les songes sont alors regardés d'une manière plus "phénoménologique" qui considère le rêve comme un objet de réflexion sur l'évolution des formes et de la vie symbolique, indépendamment des réactions et de la vie personnelle du rêveur. Ce fut la démarche de Jung, et elle me semble très intéressante.
Jung pensait que ce travail devait, de préférence, se faire sur une série de rêves car ce sont les éléments fournis par la série, qui donnent, en quelque sorte, le contexte. Pour proposer une interprétation il utilisait ses propres connaissances (immenses). La série lui donnait aussi la possibilité d'étudier la vie d'un symbole d'une manière plus exhaustive. Dans le cadre du blog on ne peut procéder ainsi, ou alors il faudra qu'un groupe note ses rêves pendant des années et que les blogs ne soient pas éphémères. Je rêve, je rêve...
Il me semble, cependant, que si certains sont intéressés par le contenu symbolique d'éléments marquants de leurs rêves, des notes "générales" pourraient être faites sur , par exemple (je pense à des rêves de profdisaster) , L'oeuf, les grandes voix, l'enfant, l'arbre. Depuis très longtemps ce genre de symboles, très alchimiques, sont présents chez les rêveurs. Alors, pourquoi pas ?
16:50 Publié dans rêve | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : écriture, rêve, Jung, Perrot, alchimie
14/02/2007
Pensée dirigée, rêve et poésie
La conscience humaine a fait un prodigieux effort d'adaptation et de coopération pour qu'un code de communication, à peu près clair, s'établisse entre les hommes parlant la même langue. L'expression onirique participe, quant à elle, de la globalité du matériau d'où est issue l'expression de la vie courante. C.G.Jung a écrit dans l'ouvrage (Métamorphose de l'âme et de ses symboles) qui consomma sa rupture avec S.Freud, que la langue péniblement acquise, celle qu'il appelle notre pensée dirigée, n'est pas autre chose que : "le degré avancé du cri lancé aux compagnons pour leur annoncer qu'on a trouvé de l'eau, que l'ours a été abattu, qu'un orage approche, ou que les loups rôdent autour du campement."(p. 60)
Ce cri de découverte ou d'avertissement, il faut qu'on l'entende, qu'il soir compris. Le langage se construit avec d'autres êtres humains, c'est une "façade", un pont, dont l'unique but est la communication". La pensée dirigée logique, aisément communicable, s'oriente vers l'extérieur, utilise le savoir transmis et s'adapte aux comportements usuels. Cependant, une question se pose : "que se passe- t-il quand nous ne dirigeons pas notre pensée ? " Il est, en effet, impossible de rester en permanence dans un état ce concentration et d'éveil permettant de conserver une pensée d'attention dirigée. On plonge alors dans un état de pensée non dirigée, simplement associative, de suites d'images, de lambeaux de phrases sans signification, bref de rêvasseries...
Nous avons donc à notre disposition deux formes de pensée, la pensée dirigée, et le rêve ou fantasmes. La première, fatiguante demande des efforts de volonté, d'adaptation, d'imitation de la réalité. La seconde rompt avec le réel, est moins extérieure. C'est surtout une pensée libre, ne faisant aucun effort pour se mouler dans ce qui existe déjà.
Si on considère le surréalisme comme une sorte de dictée de l'inconscient, en l'absence du contrôle exercé par la pensée dirigée, son langage serait celui se rapprochant le plus de l'expression onirique. La poésie inspirée, celle qui ne se contente pas de dire le déjà dit, ou de décrire le déjà vu et quitte le niveau de la réalité humaine pour se laisser aller au jeu désintéressé des nouvelles associations, parle la langue du rêve qui, comme elle, exprime tout ou rien selon la possibilité de co-naissance de celui qui la reçoit. C'est de cette poésie que je rêve et dont j'avais envie de vous parler aujourd'hui.
17:10 Publié dans Pensées, interrogations, aphorismes | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : écriture, poésie, Jung, philosophie, pensée, rêve
12/02/2007
La terreur sacrée
Ce matin le vent soufflait très fort et je sentais une force qui me bouleversait...
Le sacré, comme catégorie d'évaluation rationnelle ou d'interprétation symbolique appartient au domaine religieux et éthique. Ici, je parle d'émotion et d'irrationnel. Un nom, repris par C.G.Jung, a été donné à cette émotion par R. OTTO. Il s'agit d'un théologien allemand (1866-1937) auteur d'un ouvrage intitulé Le Sacré (ed. all.1929, trad. fr. 1949, Payot.) qui a appelé cette grande émotion le numineux (de numen). Il s'agit d'une émotion que certains ont peut-être ressenti, celle du mystère qui fait frissonner. Ce peut être une onde paisible ou un surgissement dans l'âme produisant un choc intense, et aussi un tremblement de la créature qui demeure silencieuse et humble devant un mystère qui fait chavirer les catégories de sa raison et la fait se sentir minuscule.
je pense aussi à la colère de Jahveh dans la bible, colère qui s'enflamme comme une force cachée de la Nature, provoquant un terrible effroi. Dieu, ressenti comme une majesté suprême, omnipotente, omnisciente, peut aussi être source d'une forte numinosité. Je dis forte parce que je pense force. Le numineux dégage une forte énergie, une, tension de l'être qui est le moteur d'une excitation conduisant à un terrible ascétisme ou à des actes héroïques dépassant l'imagination.
On peut aussi retrouver le numineux dans l'expérience puissante d'un grand rêve qui laisse le rêveur "tremblant", et aussi dans l'oeuvre alchimique spirituelle pendant laquelle certains, au lieu de suivre la voie patiente et "humide", ont soudain , pour avoir employé un feu violent, brûlé et tremblé de peur devant la lumière trop éblouissante qui éclairait la voie sèche. Et les poètes... j'en ai lu sur des blogs amis qui doivent très bien "ressentir" ce que je veux dire quand je pense à la numinosité.
17:25 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : écriture, spiritualité, Dieu, philosophie, alchimie
11/02/2007
L'axiome de Marie la Prophétesse
Un devient deux, deux devient trois et du troisième vient l'Un comme quatrième.
Appelée aussi , Marie la Juive ou Marie la Copte
Une mère fondatrice de l'alchimie, on la situe vers le troisième siècle après J.C.
Cette petite phrase a influencé tous les alchimistes du Moyen Âge et fait réfléchir des mathématiciens et physiciens comme W. PAULI.
C'est un excellent sujet de méditation avant que je ne me décide à parler de la quaternité, un sujet tellement vaste et mystique que le courage me manque pour l'instant.
16:54 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : écriture, citation, spiritualité, mathématiques, philosophie
10/02/2007
La femme Nature
Forte des puissances de la nuit
Nue sur la roche ronde enfantée par les vents
La femme est venue offrir sa chair humide d'un désir d'Océan à l'aimant de la mer montante
Les langues du soleil
Tout près d'être englouti
Ont caressé sa peau
En spasmes d'agonie
Le ressac a chanté
Au rythme de l'amour
Et le feu a brulé
Dans la pierre mouillée
Quand ses reins ont quitté leur lit granitique
Quand son ventre s'est tendu vers le ciel
Quand ses cuisses lourdes se sont ouvertes à la caresse des gouttes
La vague est arrivée aspirant la fontaine
Cri et jaillissement
De son eau féminine
Un don à la Nature
Aux temps des dieux multiples
16:50 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : écriture, poésie, amour, spiritualité, photo, nature