07/06/2007
PARACELSE, médecin, alchimiste, philosophe
Ma vie est embellie par des personnages, à la fois morts et vivants, morts pour l'état civil mais vivants pour mon imaginaire, personnages avec lesquels j'ai des "conversations" intérieures. Naturellement il y a le cher Carl Gustav et aussi Sigmund (ils ont des dialogues intéressants) mais il en est d'autres. Je vais, de temps en temps, vous les mettre en scène brièvement, comme celà, si vous les rencontrez dans mes textes, les présentations seront faites. Un de mes préférés est PARACELSE, que je n'appelle jamais par ses prénoms, absolument imposibles. D'ailleurs, Paracelse était un pseudonyme.
Paracelse, médecin, philosophe, alchimiste est né à Einsiedeln (Suisse) vers 1493, je dis vers, car le cher homme était très pudique sur son âge. Il est mort à Salzbourg en 1540. Sa véritable mère, selon ses dires, était la Nature, sa mère adoptive l'Eglise dont, malgrè son esprit sceptique, il ne se sépara jamais, pas plus que de l'alchimie, de l'astrologie et de la magie "sciences divines" dont il pensait qu'elles lui avaient été transmises par ce qu'il appelait la "lumière de la Nature" et qu'elles lui étaient utiles pour l'aider à remplir sa mission "divine" de médecin.
On trouve dans l'oeuve de Paracelse une pensée "uniciste"mais dont les fondements sont le paradoxe et l'acceptation des contraires. Il ne cherche pas une vision non contradictoire du monde et néglige la séparation entre le rationnel et l'irrationnel. Il n'avait nulle crainte des Autorités et de la Tradition et ne reconnaissait que l'autonomie et l'expérience de la Nature. En tant que chrétien du Moyen Âge il vivait dans un monde unitaire sans voir de conflit entre les sources de connaissance divine et naturelle puisque, pour lui, tout avait son origine en Dieu. Un Dieu quelque peu personnel et avec lequel il entretenait des relations qui sentaient un peu le soufre. Il écrivait : "J'avoue aussi que j'écris comme un païen tout en étant chrétien".
Paracelse avait tout un système du monde très structuré dont je ne vous parlerai pas aujourd'hui. Il s'agissait juste de faire connaissance.Seulement un exemple : l" Aquaster ", principe à la fois " humide " et " spirituel ", maternernel aussi, est un lieu où est engendré " l'esprit de vie ". Ce n'est pas poétique ? Mais aussi cela va plus loin car Paracelse avait l'intuition que la Nature n'est pas uniquement physico-chimique, mais aussi psychique.
Même s'ils ne le déclarent pas ouvertement, et s'ils se plaignent de ses "obscurités", Paracelse a été l'inspirateur de nombre de ses successeurs qu'ils soient médecins, alchimistes ou philosophes, ou les trois en même temps. (Par exemple l'alchimiste et médecin Gérardus Dorneus) et parmis mes "visiteurs" il occupe une place de choix et, vous aussi, amis lecteurs, je crois que vous allez souvent le rencontrer.
Ariaga.
20:37 Publié dans Alchimie, Nature | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : écriture, spiritualité, nature, Paracelse, alchimie, philosophie
05/06/2007
Alchimie et correspondances : Le sourire de Cézanne
La photo n'a rien à voir, juste une envie de la mettre là.
Je n'ai pas l'habitude de jouer les critiques littéraires, il y a des blogs de "spécialistes". Je vais cependant faire une exception car j'ai eu un grand coup de coeur pour Le sourire de Cézanne de Raymond Alcovère (éditions n & b) qui fait partie de mes liens. Cela n'aurait pas suffi pour que je vous en parle mais ce livre m'a plongée dans la subtile alchimie des "correspondances" de Baudelaire en ce lieu où "les parfums, les couleurs et les sons se répondent".
Le sourire de Cézanne est plus qu'un court roman (je dis court pour les paresseux). Bien sur il y a une histoire, une belle histoire d'amour improbable et absolue. Aussi improbable que les chances de l'alchimistes de trouver de l'or, le peintre de réussir son oeuvre-vie, l'héroine d'achever de rêver son livre, la "correspondance" (au sens de répondre ensemble) échangée de recevoir de vraies réponses. Mais ce que j'ai ressenti si fort au sein du creuset où l'auteur a fondu ses mots c'est l'abolissement des frontières, le mélange et, j'y reviens encore, les "correspondances".
La peinture est une danse, la musique pénètre tous les atomes des êtres et des choses, la mort se mélange à la vie, les fulgurances traversent l'harmonie, les corps se donnent et restent libres. Dans le flamboiement du Sud omniprésent, toutes les frontières s'abolissent y compris celles du temps. Et quand on lit les derniers mots du livre, des mots d'amour absolu :
"Je suis innervé de toi, de ta présence, de ton absence et c'est vrai, c'est la même chose, puisqu'une fois tu es arrivée dans ma vie, cela vaut pour toujours, alors pars, reviens, qu'importe, tu es là."
on ne peut rien ajouter...
Ariaga
16:55 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : écriture, livre, art, poésie, amour, peinture, photo
04/06/2007
C.G.Jung, un laboratoire vivant de psychologie et d'alchimie
Comme je l'ai déjà dit notre corps et notre pyché sont semblables au vase des alchimistes et si la Totalité en Soi est irreprésentable il existe cependant un lieu privllégié de cette représentation (j'avais expliqué aux tous débuts de ce blog qu'il s'agit plutôt d'une re-présentation, au sens que lui donne Edgard Morin), ce lieu privilégié étant l'être humain.
Devenir un lieu où peuvent se re-présenter les aspects perdus de la totalité, être le champ d'une expérience consistant à "retourner en son être propre", est la tâche à laquelle s'est attelé Jung, et dont il a fait le bilan par cette phrase de Ma vie (p.259) : " J'ai le sentiment d'avoir fait ce qui m'était possible. Naturellement cela aurait pu être davantage et mieux, mais pas en fonction des capacités qui étaient les miennes ".
Voilà des mots que je voudrais bien pouvoir me dire à la fin de ma vie.
Le corps et la psyché de Jung furent, pour de nombreuses raisons d'ordre biographique, à la fois un lieu de tension entre les opposés, et un lieu de " réception " des messages de l'inconscient. Il semble qu'il avait , plus que d'autres, une prédisposition à percevoir le flot de la vie et à passer sa tête (comme le fait le sujet de l'illustration au début du blog d'Arianil) par un trou donnant sur un " ailleurs ". Il était, en quelque sorte "connecté", ce qui lui faisait dire que, chez lui, "les cloisons étaient transparentes", et lui permettaient d'avoir une meilleur vision sur les processus se déroulant à " l'arrière plan ".
Explorer l'inconnu est périlleux. Si son corps connut la souffrance, ce fut surtout son esprit qui, en particulier au moment de sa terrible confrontation avec l'iconscient, subit des attaques qui le menèrent aux limites de la mort psychique. Mais sa volonté était aussi forte que son insatiable curiosité. Connaissant les risques, il a, en toute lucidité,accepté d'être le laboratoire, le vase alchimique, où se réalisait le projet d'un inconscient visant à se déployer avec la coopération du conscient. Vous me direz, l'inconscient n'a pas de projets, oui, mais le Soi n'en aurait-il pas un ? C'est une question qui va se poser, si vous continuez à me lire.
Jung a toujours ressnti un sentiment de parenté, quasiment chamanique, avec les forces de la Nature se déployant en de multiples manifestations concernant aussi bien les plantes que l'"amour cosmogonique". Il s'est, consciemment, laissé emporter par le flot d'une Vie qui le fascinait, tout autant que la mort au sujet de laquelle il avouait posséder un "mythe" et des indications de l'inconscient lui donnant à penser qu'elle pourrait augmenter son degré de re-présentation de la totalité. Il avait probablement tiré les conclusions des visions qu'il eut pendant la grave maladie durant laquelle, en 1944, il flotta entre la vie et la mort. Pendant cette période il devint une sorte d'écran sur lequel furent projetées les images d'une forme de re-présentation de la totalité.
Les oeuvres de Jung font, elles aussi partie de sa réalisation globale. Elles furent l'expression extérieure d'une métamorphose intérieure, favorisée par l'attention qu'il porta aux contenus de son iinconscient. Tous ses écrits furent rédigés sous la " pression " d'un " Autre en lui " qu'il considéra non comme un ennemi, mais comme la pièce manquante nécessaire pour qu'il puisse devenir, matière et esprit, une forme d'incarnation la plus complète possible d'une unité de Vie, d'une individuation.
Ariaga
17:15 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : écriture, spiritualité, Jung, nature, philosophie, Soi, alchimie
01/06/2007
DJAIPI : Géométrie spirituelle
Ariaga.
Géométrie spirituelle
C'est une intuition géométrique qui me permet de décider si je mets un élément du dessin plutôt à gauche qu'à droite, si je dois mettre plus de rouge ou plus de bleu, si je dois forcer le contraste ou affiner le rythme du graphisme. Le sens de la composition (visuelle) nécessite une intuition déjà entraînée à sentir la relation des éléments du dessin entre eux.
La géométrie est l'Art des rapports. A l'image du jazz, beau fleuron de géométrie musicale, c'est un état d'esprit. On peut se reposer la question de savoir qui nous empêche de nourrir et de « muscler » cette intuition.
Grâce à leurs pouvoirs de nous instruire avec des sentiments, la musique et la géométrie augmentent notre perception de l'énergie universelle en action.
La spiritualité est une pratique. C'est aussi un état d'esprit, une disposition. Cet état, convenablement entretenu, permet de percevoir des pressentiments jusque là ignorés ou censurés. Exercer notre attention et notre vigilance peut nous mener à découvrir des indices qui alimentent l'hypothèse d'une géométrie spirituelle.
On relève ces indices dans les phénomènes d'analogies, de synchronicité, dans des situations qui provoquent le phénomène du numineux, ou sur les fréquences du langage symbolique. On en trouve aussi dans les arts, les jeux, les coïncidences, le destin, le déjà-vu, ... D'ailleurs, tous les arts courent après ces indices, car (presque) tous veulent procurer une métanoïa à leurs participants.
Un exemple parmi d'autres, est la posture dans laquelle nous pouvons adopter le « double point de vue » (vertical et horizontal) que demande la pratique picturale et/ou méditative du mandala. Cette double perception est sur la même fréquence que celle d'un état numineux et/ou méditatif.
Nous avons avec l'énergie universelle une relation ambiguë et rendue pour le moins compliquée par nos appareils de perception et de traduction : intellect (mental), cœur (blessé), corps (de souffrance)... Lorsque le petit moi aperçoit l'énergie spirituelle, il va essayer de la rejeter, la refouler, la détruire ; ou bien il va chercher à s'en emparer, à la tripoter pour en faire un système (intellectuel, moral, philosophique, psychologique, politique !), un système de pensées, de pouvoir, et il cherchera éventuellement à en faire une matière commercialisable. On peut craindre, là, que le moi soit l'ombre ou le singe de l'Etre.
Les modèles de l'Univers (ou cosmogonies) sont des miroirs précieux de cette énergie et ils résonnent tous de points communs. Ce sont des cartographies d'ADN stellaires et de constellations psychiques. Ces modèles sont des projections (donc géométriques) du cosmos intérieur. L'âme étant sous tendue par des réseaux complexes, sa topologie mérite l'attention.
Que ce soit entre deux galaxies, deux êtres humains ou deux molécules, il ne s'agit pas de faire une comparaison analytique avec le (funeste) principe du tiers exclu, mais plutôt de reconnaître un facteur R qui relie les deux termes en particulier et tous les autres en général. La jeune (quoique...) pensée quantique, avec son EPR, se joint à la poésie holistique des Grecs, des Taoïstes et des Amérindiens.
La géométrie spirituelle semble plus vaste et, par endroits, plus ténue et subtile que la géométrie sacrée, fondée principalement sur l'intention et le rayonnement textuel des Tracés. Si la géométrie est un art, la géométrie spirituelle est un art de la pratique (l'art d'être au bon endroit parce qu'il n'y en a pas d'autre, et ... avec du style).
C'est un art qui permet de discerner et goûter le facteur R ou quintessence de l'Energie universelle. Car nous avons la possibilité de « faire, dire et reproduire » (autrement dit, pratiquer) le Principe universel de Maât l'égyptienne.
L'art du goût subtil peut s'éduquer par une pratique. Il favorise l'action de la fonction transcendante. Ce goût est une esthétique spirituelle, mais la jouissance de cette esthétique contient quand même l'exigence d'œuvrer à la transformation intérieure.
NeD
La géométrie spirituelle semble donc gouverner la substance mystérieuse des liens entre les êtres. Elle a un langage, une syntaxe, un vocabulaire, un alphabet dont NeD est un des symboles.
NeD est un daïmon, un passeur, un nœud, un sherpa issu de la lignée des figures ambiguës ou acteurs d'une Folle Géométrie, provocateurs d'ébriétés analogiques et numineuses. Comme beaucoup de symboles, il est à la fois la moitié visible de « quelque chose » et à la fois capable de représenter un Tout. NeD exhibe des conjonctions d'opposés qui prouvent que la transmutation est possible. Il a besoin d'un atelier (et moi aussi), afin de pratiquer sa Spiritualité géométrique.
17:43 Publié dans CONTRIBUTIONS | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : écriture, spiritualité, Art, photo, mathématiques, philosophie
31/05/2007
Avertissement aux rêveurs et alchimistes
17:25 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : écriture, poésie, photo, spiritualité, alchimie, rêve
30/05/2007
Le jeu du choix des livres
J'ai longtemps hésitée à répondre à ce questionnaire initié par Saint Rich. Au " ou ou" j'ai toujours préféré le " et et ". Cependant il me semble nécessaire de répondre à une des dernières volontés de feu Profdisaster.
Les quatre livres préférés de mon enfance :
Je n'ai pas eu d'enfance sur ce plan. Aucune surveillance parentale et on ne m'a jamais achté un livre d'enfant. Dès que j'ai su lire j'ai pris n'importe quoi dans la bibliothéque. Je suis, très jeune, tombée entre les mains d'un "pédophile psychique", libraire de son état, qui m'a fait lire, sans censure, les contenus les plus sulfureux de sa librairie. Et aussi de la très bonne littérature. Surnagent cependant du chaos :
Jules Vernes: Vingt-mille lieues sous les mers (la pieuvre me faisait une de ces peur !)
Salambo de G.Flaubert (Ah Mâtho...)
Voyage d'une parisienne à Lhassa d'Alexandra David Neel (Lu et relu)
Daphnis et Chloé de Longus (avec des illustrations qui me faisaient rêver)
Les quatre écrivains que je lirai et relirai encore :
Relire Philip. K. Dick avec plus de maturité comme une oeuvre philosophique, psychologique et sociologique.
Frank Herbert.
L'inépuisable C.G.Jung, surtout la correspondance.
Arthur Rimbaud.
Les quatre auteurs que je ne lirai probablement plus jamais :
René Descartes
Emanuel Kant
G. W. F. Hégel
Auguste Comte
Les quatre premiers livres de ma liste à lire :
Réponse impossible, Il y en a partout qui attendent, y compris sur les marches de l'ecalier et, en ce moment, je lis très peu. Mais je me lirais bien un Fred Vargas.
Les quatre livres que j'emporterai sur une ile déserte.
En dehors du manuel de survie, qui ne compte pas, je prendrai des livres pas toujours lu en entier ou assez attentivement,pour avoir le temps de méditer et réfléchir enfin tranquille !
Méditations sur les 22 arcanes du Tarot de V. Tomberg.
Ainsi parlait Zarathoustra de F. Nietzsche.
Le mysterium conjonctionis de C. G. Jung.
Le YI KING.
Les derniers mots d'un de mes livres préférés.
"Ainsi, l'âge avancé est...une limitation, un rétrécissement. Et pourtant, il est tant de choses qui m'emplissent : les plantes, les animaux, les nuages, le jour et la nuit , et l'éternel dans l'homme. Plus je suis devenu incertain au sujet de moi-même, plus a crû en moi un sentiment de parenté avec les choses. Oui, c'est comme si cette étrangeté qui m'avait si longtemps séparé du monde avait maintenant pris place dans mon monde intérieur, me révélant à moi-même une dimension inconnue et inattendue de moi- même."
Ce sont les dernières lignes de " Ma vie " de C.G.Jung.
Les 4 lecteurs dont j'aimerais connaitre les 4.
Marie christine, Saint-Gilles, Phyta, Beverycool.
18:15 Publié dans Pensées, interrogations, aphorismes | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : écriture, livres, citation, Jung, enfance
29/05/2007
C. G. Jung : matière et esprit
Je me demandais hier si C.G.Jung allait oser franchir le pas de la non séparation entre matière et esprit (psyché). La réponse est venue à la fin de sa vie. En effet, plus Jung a progressé en âge et en réflexion, plus s'est renforcée son hypothèse d'un " unus mundus ", d'un " monde un " où disparaîtrait cette séparation et où régnerait un " ordre fondamental ". Cette théorie s'apparente à l'hypothèse quantique qu'" en arrière " il y aurait un autre niveau, non matériel, de symétrie et d'ordre. Plusieurs textes appuient cette vision junguienne de la totalité. Dans celui-ci que j'extrais de son livre Les racines de la conscience (p.540) on est encore au niveau du "vraissemblable" :
"comme psyché et matière sont contenues dans un seul et même monde, qu'elles sont en outre en continuel contact l'une avec l'autre et qu'en fin de compte elles reposent toutes deux sur des facteurs transcendantaux non représentables il n'est pas seulement possible, mais dans une certaine mesure, vraissemblable, que matière et psyché soient deux aspects d'une même chose".
C'est plus tard, dans une lettre du tome IV de la correspondance dâtée de 1957, Jung approchait alors des quatre vingts ans, que cette hypothèse prend les apparences d'une certitude :
"Nous avons plutôt toutes les raisons de supposer qu'il doit n'y avoir qu'un seul univers, dans lequel psyché et matière sont une seule et même chose dans lequel nous pratiquons une discrimination aux fins de la connaissance".
Ce monde "un" serait celui des profondeurs ultimes de l'inconscient collectif et appartiendrait au domaine hypothétique de l' " absolument autre ", inconnaissable et irreprésentable, étranger, car la psyché (esprit) et ses contenus constituent pour nous la seule réalité accessible. Cependant, quand on remonte vers la surface, en dessous de la mince pellicule de la conscience, se trouve un lieu où ne règnent ni nos lois ni nos codes mais où certains émissaires des profondeurs peuvent venir en ambassade. Les habitants de ce lieu sont les archétypes. Un réseau de relations, se développant à partir de ces archétypes, va permettre à l'irreprésentable de se présenter au moi conscient, revêtu d'habits convenables et parlant un langage acceptable. On passe ainsi du domaine fantastique le plus obscur aux " rêves, visions et imaginations ".
Ariaga
16:50 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : écriture, mathématiques, spiritualité, Jung, citation, philosophie
25/05/2007
ARIANIL : Rêves et spiritualité
Pour la plupart des lecteurs qui fréquentent le Laboratoire du Rêve et de L'Alchimie Spirituelle il n'est pas nécessaire de présenter le blog " L'Atlantide " d'Arianil. C'est un blog d'une grande qualité intellectuelle et spirituelle. Je laisse aujourd'hui la place à Arianil pour vous proposer un texte sur un sujet qui m'est cher : les rêves et la spiritualité.
Rêves et spiritualité
Mes rêves ordinaires sont plus souvent gris que fortement colorés. Le manque de lumière exprime sans doute la faible conscience et la confusion d'esprit du rêveur. Ces rêves sont aussi plus mélangés d'inquiétude et de sentiments neutres que franchement positifs. Il me souvient pourtant qu'à l'époque où je notais mes rêves dès le réveil (un calepin et un crayon toujours à portée de main sur le chevet), la remémoration régulière suivie de l'interprétation "jungienne" après rédaction des aventures oniriques avait aiguisé cette conscience de rêve et favorisé des scènes plus claires et plus colorées.
Je dois cependant avouer que cette "embellie" s'accompagnait de phénomènes non souhaités, à savoir des "sorties" du corps physique dans certaines phases de réveil, au petit matin. Cette "projection astrale/éthérique" (pour employer le langage théosophique) était incomplète et n'avait pas le charme des récits des voyageurs de l'astral, mais suscitait une peur profonde face aux vibrations qui ébranlaient dans ces instants le corps de la tête aux reins.
Il m'est également arrivé de me réveiller après m'être battu contre une présence qui rôdait près du corps. La sensation d'une entité parasite n'avait rien à voir avec les monstres que l'on peut rencontrer dans un cauchemar classique, car la chose était perçue dans cet état de conscience intermédiaire, où l'on retrouve la lucidité de l'état de veille tout en étant encore "endormi". Un "Vade retro satanas" (qui me ferait rire hors contexte) fut mentalement prononcé pour accompagner la secousse d'énergie que je projetai afin de chasser l'entité. Autant dire qu'au réveil, je n'étais pas très rassuré.
On comprendra donc que je sois réservé sur certaines méthodes "psy" qui peuvent ouvrir des portes que les thérapeutes occidentaux ne sont pas forcément à même de refermer, leur formation matérialiste agnostique les laissant démunis devant les dégâts de "l'au-delà". À ce sujet, la liste des suicidés parmi les patients et les disciples de Freud est assez conséquente pour justifier une certaine prudence à l'égard de pratiques dignes d'apprentis-sorciers. Freud écrivit à Jung : " Je suis frappé de ce qu'en fait nous consommons beaucoup de personnes. "
L'interprétation des rêves est un art et non une science ; elle nécessite un état d'âme "purifié" pour distinguer les symboles spirituels venus du Surconscient des images protéiformes de l'inconscient classique que je nommerais volontiers le sous ou l'infra-conscient. Quoi qu'il en soit, les rêves nous fascinent par les énigmes qu'ils semblent nous poser, mais aussi par les plaisirs que certains peuvent nous procurer :
1) les rêves physiques : plaisir de voler, de courir, de sauter, de skier, de jouer au foot...
plaisir sexuel aussi. Une bonne manière pour un sportif de s'entraîner tout en dormant !
Ces rêves sont fragiles car ils peuvent virer de l'aisance à l'échec, comme ce rêve où la lévitation ne fonctionne plus quand justement un ennemi est en bas, juste au moment où l'on se dit "et si je ne pouvais plus léviter ?" Le rêveur prend plaisir à se faire peur, à tester l'hypothèse du pire, comme dans ces manèges forains ou l'on paye pour jouir de ses frayeurs, quand l'adrénaline devient une drogue.
2) rêves de gain : on trouve un trésor. Lié au plaisir des chercheurs d'or, des archéologues aventuriers (Indiana Jones !) qui tombent sur une relique, un tombeau. Tout ce qui touche à la découverte du trésor enfoui. Rêve aussi de trouver de l'argent et nécessité de le ramasser au plus vite avant de partir, en emporter le plus possible (imaginez les braqueurs vidant le coffre d'une banque). En rapport avec la nostalgie de l'énergie en abondance. Accéder à la richesse, c'est accéder à l'énergie de l'amour. Ésotériquement, c'est aussi la nostalgie de pouvoirs perdus.
3) rêves sentimentaux : le cœur vibre, amour platonique ou du moins tendre, pas sexuel mais sexué. La simple présence de l'autre est une réjouissance. Pour un homme, l'anima en filigrane.
4) rêves artistiques, grandes visions colorées, superbes paysages, mais aussi rêves musicaux : on entend clairement, comme éveillé, de la musique, un chant dans la tête ; quelque chose de beau, d'angélique, comme un chœur des Passions de J.S. Bach ou du Messie d'Haendel. Ne pas confondre pour autant ces rêves avec un songe spirituellement inspiré, il s'agit seulement d'une récréation dans l'astral supérieur.
5) rêves mystiques : évènements dont on perçoit pendant le rêve même la puissance symbolique : on sait que c'est extraordinaire. Sentiment bénéfique au réveil. Là encore, le rêve est plus ou moins pur, la conscience n'accède que pendant un court instant à une réalité radicalement autre, que la pensée habille de guenilles d'images plus conventionnelles. Ce sont ces images symboliques dont nous nous souvenons.
Dans la vie "éveillée", nous connaissons des moments ordinaires, comme les rêves gris, puis des moments plus denses, dans la joie, l'extase ou la peur et la colère. Les rêves sont-ils une façon d'acquérir de manière virtuelle l'expérience émotionnelle que l'on n'a pas le temps ni l'occasion d'expérimenter en vrai ?
Si le chercheur de vérité accroît la lucidité de la conscience sans la lumière de l'amour ou le bouclier de la foi, il risque la folie ou le désespoir suicidaire après de longues périodes d'angoisse. Il a perçu que le monde est dans l'illusion, il veut bien tenter de sortir de cette mascarade mais il se retrouve aux frontières du néant et de l'absurde. Sans la protection du Cœur céleste, le chevalier ne peut terrasser le dragon. Certaines peurs concrètes sont salutaires (instinct de survie) mais souvent, le plus souvent, c'est l'illusion qu'il faut traverser. Traverser sa peur comme un voile de brume que l'on déchire.
En ce sens, le rêve est un terrain d'entraînement de la conscience livrée au seul corps émotionnel (le corps mental/rationnel est dissocié dans le rêve ordinaire).
Ce que j'ai appris de mes cauchemars et de chaque épreuve vécue, c'est que face aux ténèbres, je dois me souvenir de ma lumière initiale. Intérêt de garder l'enfance en soi, comme un sanctuaire où brûle le foyer primordial, la Source. Sans oublier que la nuit est aussi une amie, que les ténèbres peuvent être fécondes et protectrices (archétype de la caverne, de la matrice). En conclusion, je citerais l'avertissement de René Guénon dans Le Règne de la Quatntité et les Signes des Temps :
« Nous avons eu ailleurs l'occasion de signaler le symbolisme initiatique d'une "navigation" s'accomplissant à travers l'Océan qui représente le domaine psychique, et qu'il s'agit de franchir, en évitant tous ses dangers, pour parvenir au but ; mais que dire de celui qui se jetterait en plein milieu de cet Océan et n'aurait d'autre aspiration que de s'y noyer ? C'est là très exactement, ce que signifie cette soi-disant "fusion" avec une "conscience cosmique" qui n'est en réalité rien d'autre que l'ensemble confus et indistinct de toutes les influences psychiques, lesquelles, quoi que certains puissent s'imaginer, n'ont certes absolument rien de commun avec les influences spirituelles [.../...]. Ceux qui commettent cette fatale méprise oublient ou ignorent tout simplement la distinction des "Eaux supérieures" et des "Eaux inférieures" ; au lieu de s'élever vers l'Océan d'en haut, ils s'enfoncent dans les abîmes de l'Océan d'en bas ; au lieu de concentrer toutes leurs puissances pour les diriger vers le monde informel, qui seul peut être dit "spirituel", ils les dispersent dans la diversité indéfiniment changeante et fuyante des formes de la manifestation subtile [.../...] sans se douter que ce qu'ils prennent pour une plénitude de "vie" n'est effectivement que le royaume de la mort et de la dissolution sans retour."
Arianil
16:40 Publié dans CONTRIBUTIONS | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : écriture, spiritualité, rêve, psychologie, Jung, citation, philosophie
24/05/2007
Le feu mystérieux des philosophes
Contempler le feu c'est contempler l'athanor de son coeur.
Les mots de la poésie me sont venus mais ils n'étaient pas de moi.
L'esprit d'Etienne Perrot se promenait par là.
Ses textes sont poésie et voici ce qu'il a écrit :
" Le feu mystérieux des philosophes flamboie doucement devant nous, éclairant et réchauffant les êtres et le monde. Nous devons le découvrir au bout de bien des tâtonnements , des détours, des chocs douloureux contre les obstacles. Il ressemble au trésor du conte hassidique. Un songe révèle à un rabbin qu'il doit entreprendre un long voyage jusqu'au palais royal. Là, un homme lui indiquera l'emplacement du trésor. Il se lève, endosse son manteau, prend son bâton et se met en route. Arrivé à la demeure du roi il se heurte à une sentinelle, qui l'interroge et à qui il expose la raison de sa venue. Et il reçoit cette réponse : "Va dans telle ville, chez tel rabbin, et là, dans la chambre, derrière le poêle, tu trouveras le trésor. " Il sursaute en entendant le nom de sa ville et le sien et il comprend alors qu'il lui a fallu parcourir tout ce chemin pour mériter d'entrer en possession du trésor enfoui chez lui, derrière son poêle, lisons au plus intime de l'athanor de son coeur. Nous ne pourrons trouver meilleure illustration de cette légende que la voie alchimique restaurée par Jung, cette voie qui nous mène au fond de nous-mêmes et nous y fait découvrir tout ce que nous projetions au dehors, tout ce que les hommes s'épuisent à rechercher : science, richesse, gloire, succès. C'est là que nous trouvons les matériaux et les auxiliaires indispensables pour bâtir le palais secret du trésor, auxiliaires dont le plus actif est le feu.
La Voie de la Transformation ,p.338.
16:40 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : écriture, photo, poésie, spiritualité, Perrot, alchimie, citation
23/05/2007
Les blogs sont-ils des athanors ?
Sur mon précédent texte, ATHANOR, Jaipi à écrit dans son commentaire que nos blogs sont des "creusets troublants où se préparent les nourritures subtiles". Cela, je voulais l'écrire et puis j'ai retenu mes doigts sur le clavier. En effet, j'ai dit dans les débuts du laboratoire, pour répondre définitivement à des questions indiscrètes, "Ariaga est un mythe"et je trouve que, depuis quelques temps, je parle un peu trop de moi en tant que "personne". Le mythe est en train de se miter. Je vais m'acheter une muselière mais puisque djaipi a commencé...
Bien sur , en tous cas pour moi, nos blogs sont des athanors, surtout quand bouillonne la poésie et je crois que tout texte qui part du coeur est poésie. J'ai appelé, certains le savent déjà mon ordinateur Athanor. Il est bon de nommer les objets, Jung le faisait pour ceux qu'il fréquentait quotidiennement. La relation via athanor avec le blog est souvent brûlante et, dans mon cas, elle est devenue progressivement de plus en plus cuisante et exclusive. Tout devait être cuisiné maison. Textes, poésies, photos, quelques citations acceptées. C'est aussi pour cela que je n'utilisais pas d'iconographie, des illustrations alchimiques par exemple. Si je m'étais décidée, j'aurais du faire des "d'après", de ma main et je ne suis pas douée ; pas de musique, je ne compose pas.
C'est pendant mon dernier "repos" méditatif que j'ai pris conscience (moments cruels) que moi, pourfendeuse des détestables jaloux, j'étais abominablement possessive avec ce malheureux blog auquel j'ai même envisagé de rendre sa liberté. Il souffre, son feu faiblit et va devenir cendres.
En un sursaut de lucidité j'ai décidé de me soigner et de soigner avec moi ce pauvre Athanor qui va se transformer , si je ne fais pas attention, en un vulgaire fourneau de cuisine. Pour commencer, j'ai décidé, pendant quelque temps, de publier en fin de semaine, trois abominables jours ou IL n'est plus à MOI des notes (contributions) écrites par d'AUTRES. Si ce n'est pas de l'héroïsme ...
La prochaine médecine me sera administrée vendredi par Arianil qui a écrit un très beau texte sur le rêve et la spiritualité. Peut-être quand même demain une petite poésie-photo, je ne sais, l'envie est grande.
Je vous embrasse tous, amis connus et inconnus.
Ariaga.
16:30 Publié dans blog et quotidien, Pensées, interrogations, aphorismes | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : écriture, blog, spiritualité, alchimie, poésie, psychologie
21/05/2007
ATHANOR
Athanor! Athanor! ce mot rythme dans mon imaginaire le défilé de la lignée infinie des alchimistes. Je les imagine, jour et nuit, seuls ou avec une compagne, entretenant et régulant le feu sous leurs incessantes décoctions et distillations et priant Dieu pour que l'Oeuvre réussisse.
Athanor, c'est aussi mon bouillonnement intérieur quand je cherche les mots, la poésie, les images, pour vous dire ...
Ariaga sois sérieuse et donne une définition de cet athanor , parfois aussi appelé "vase" ou "fourneau secret". Il y en a une qui me plait assez dans le glossaire de Philosopher par le Feu de Françoise Bonardel (Le seuil, sagesses, p. 452.) :
Athanor : "Ce mot d'athanor est tiré de l'arabe, et signifie une tour dans laquelle on met du charbon pour entretenir un feu continuel dans un fourneau qui y est joint ; il vient aussi du mot grec athanatos, immortel (Salmon) En l'athanor sont donc réunies les caractéristiques d'un four capable de réduire sans violence la "matière" déposée dans l'Oeuf Philosophique, reposant sur un lit de sable ; et celle d'une intemporalité favorable à la survie du "corps " ainsi régénéré."
Il s'agit ici de l'athanor "matériau" mais je pense qu'il se manifeste à différents degrés de puissance comme brûle le feu. L'athanor Nature est le plus fort car il contient toutes les force de cette Nature et cela de degrés en degrés jusqu'au ventre féminin qui est lui aussi athanor.
L'être humain est athanor et E.Perrot le montre dans La Voie de la Transformation quand il écrit :"Notre fournaise transformante c'est la vie toute entière avec ses épreuves" (p. 273) Quand on regarde les illustrations du Mutus liber, Le livre muet, un ouvrage très ancien d'images sans texte qui décrit les différentes étapes de l'Oeuvre alchimique, on voit que lieu de la cuisson est, symboliquement, à la hauteur du coeur de l'homme. Nous sommes tous des athanors, parfois tellement brûlants qu'ils sont prêts à exploser car trop chargés de passions ou d'épreuves. Ce sont ces épreuves, ces grands obstacles qui nous calcinent mais qui, aussi, nous obligent à changer, à faire autrement que nous le projetions. Le moi se consume mais il ne disparait pas, il se transforme dans l'athanor des souffrances.
L'athanor, quand son feu est lent et doux est aussi le fourneau sur lequel se mijote le processus d'individuation, le cheminement vers le Soi. Mais cela est une autre histoire, pour bientôt.
Ariaga
17:00 Publié dans Alchimie, Pensées, interrogations, aphorismes | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : écriture, alchimie, spiritualité, poésie, nature, citations
18/05/2007
Pierre TRIGANO : Laisser advenir le Soi
Pierre TRIGANO et Agnès VINCENT auteurs de l'ouvrage Le Sel des Rêves, dont je vous ai déjà parlé sont les créateurs du concept de "psychologie symbolique". Ils ont fondé en 1999 à Montpellier l'Ecole du Rêve et des Profondeurs (Dans mes liens à "Sites") et tentent une refondation spirituelle de la psychothérapie par une lecture nouvelle de C. G.JUNG. Pierre Trigano a bien voulu contribuer à ce blog par la note que j'ai le plaisir de vous communiquer.
Laisser advenir le Soi
Les problèmes vitaux les plus graves et les plus importants sont tous, au fond, insolubles. (…) Ils ne peuvent jamais être résolus, mais seulement dépassés. (…) En observant le processus d’évolution de ceux qui se dépassaient eux-mêmes en silence et comme inconsciemment, je vis que leur destin avait un trait commun : la nouveauté venait à eux de possibilités obscures, ils l’acceptaient et se dépassaient grâce à elle.
Et que faisaient ces gens pour réaliser le progrès libérateur ? Autant que j’aie pu voir, ils ne faisaient rien (wou-wei) mais laissaient advenir : ainsi que le maître Lu Tsou l’indique dans notre texte, la lumière tourne suivant sa propre loi (…). Le « laisser advenir », l’action non agissante, l’abandon de Maïtre Eckhart est devenu pour moi la clé permettant d’ouvrir les portes qui mènent à la voie : dans le domaine psychique, il faut pouvoir laisser advenir. »
JUNG, « Commentaire sur le Mystère de la fleur d’or "Ed. Albin Michel.
Petite réflexion autour de ce texte, Jung comme souvent y paraît iconoclaste, puisqu’il semble affirmer qu’il n’y a pas de solution, pas de guérison possible des problèmes les plus vitaux, alors que beaucoup viennent précisément en thérapie pour trouver de telles solutions.
Les crises psychologiques les plus graves naissent d'un surgissement antagonique de l'inconscient qui, sous la forme d'un symptôme douloureux, vient briser l'équilibre initial du moi conscient.
En osant affirmer qu’il n’y a pas de solution à ces crises, Jung veut en fait nous suggérer qu’il est vain de rechercher à maîtriser nos brisures, et de conquérir ou reconquérir un état de continuité de la puissance.
Certes, nombre de motivations d'entrer en thérapie, et, il faut bien le dire, nombre de propositions de techniques thérapeutiques, commencent pourtant par là et visent à rechercher une reconquête de la puissance du moi par l'atténuation ou le gommage du symptôme. Mais il arrive alors qu'on voit la brisure de la crise ressurgir dans la vie d'un individu sur un mode que le plus souvent on n’aura pas prévu consciemment, parfois sous une forme plus grave.
Pour Jung, la vraie délivrance psychique ne relève pas de la catégorie de la maîtrise, ni d’une technique dont le moi s’emparerait et qu’il appliquerait à partir de lui-même unilatéralement pour combattre et réduire sa brisure.
La délivrance n’est pas une conquête du moi mais un dépassement que celui-ci accepte de vivre sans pouvoir le contrôler. La nouveauté qui amène cette délivrance surgit de possibilités obscures, nous dit Jung, c’est à dire inconscientes que le moi ne connaît pas de lui-même.
Comme l’indique Lu Tsou, la lumière tourne suivant sa propre loi, qui n’est pas la loi du moi. Il s’agit pour le moi uniquement de la laisser advenir, c’est à dire de la laisser l’éclairer lui, de l’accueillir simplement dans son champ conscient, de laisser agir son influx sur lui : tout le contraire d’une attitude « Yang » du moi, mais plutôt une attitude féminine d’accueil, d’ouverture, à cette lumière inconnue de lui qui vient de l’intérieur même de la psyché.
C’est ce que veut nous suggérer Jung dans ce texte. Dans les profondeurs de l’inconscient, il n’y a pas que l’obscurité de l'adversité venant mettre en crise le moi, il y a aussi au plus profond, au cœur de la psyché, une lumière libératrice, vivante, qui oriente d’elle-même le moi, tout à fait naturellement, s’il peut la laisser advenir, dans le sens du dépassement de la crise, c’est à dire du dépassement de la confrontation violente entre moi et inconscient. L'œuvre de ce dépassement consiste en ce que puisse surgir de la confrontation un moi renouvelé qui est sorti de son unilatéralité et a intégré dans son affirmation l'opposition de l'inconscient à un moment donné.
Cette lumière intérieure qui n’est pas le moi, et que le moi ne connaît pas au départ, Jung ne l’a pas postulée, mais on peut dire qu’il l’a rencontrée très expérimentalement dans la contemplation empirique systématique de l’activité symbolique de l’inconscient.
Vous savez, peut-être, qu’il a forgé le concept de Soi pour cerner cette lumière. Il est essentiel pour lui de faire comprendre que le Soi n’est pas le moi. Il n’est pas du même registre que lui : il n’est pas un "Yang "unilatéral, qui ne prétendrait qu’à la continuité. Du moi, réduit à lui-même, ainsi, aucun dépassement ne pourrait surgir, parce qu’il est plein de lui-même, comme nous l’avons vu, et en cela, il est, sur sa propre base condamné à la brisure, sanction du réel qui, lui, survient de l'inconscient.
Le Soi est pour Jung tout autre que le moi. C'est cette découverte scientifique du Soi qui est pour lui la découverte originale fondant sa psychologie, et non, comme on le croit, celle de l'inconscient collectif dont Freud avait déjà pressenti l'existence. Le Soi a sa propre loi (comme le dit Lu Tsou). Il est d’un tout autre registre : Jung l’a rencontré comme la lumière, la source de conscience qui, de l’intérieur même de l’inconscient, cherche un dépassement positif au conflit violent qui surgit dans la psyché entre le moi conscient et l'inconscient. A l'instar du Tao des chinois qui est la réunion harmonieuse du Yang et du Yin, du masculin et du féminin, le Soi est approché par Jung comme le point de vue qui, de l'intérieur même de la psyché, cherche à fonder celle-ci en totalité réunissant de manière harmonieuse le conscient et l'inconscient, un peu comme au sein d'un processus de paix, deux belligérants sont amenés par une puissance qui les transcende, à se rencontrer sans cesse et à confronter leurs positions contraires pour mieux se connaître et finir ainsi par se tolérer et se transformer mutuellement.
16:43 Publié dans CONTRIBUTIONS | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : écriture, Jung, Trigano, Soi, psychologie, Freud, Tao
17/05/2007
Coucher de soleil
13:45 Publié dans photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : poésie, photo, spiritualité, nature, vie, mort, écriture
15/05/2007
Nous sommes des humains, pas des dieux
C. G. Jung pensait que l'amour de la vie, le grand Oui à ce qui est, commençait par l'amour du Moi conscient envers lui même et le souci qu'il a de préserver son intégrité. Les exigence de l'inconscient peuvent être grandes et il risque d'être submergé par la violence des apports extérieurs. Je vous propose cette citation, extraite de la correspondance de Jung (tome IV, p. 216) :
" Nous sommes des humains, pas des dieux.Le sens de l'évolution humaine réside dans l'accomplissement de cette vie. Elle est suffisamment riche de merveilles. Et non pas dans le détachement de ce monde. Comment puis-je encore accomplir le sens de ma vie, si je me fixe pour but "la disparition de la conscience individuelle" ? Que suis-je sans cette conscience individuelle qui est la mienne ? Cela même que j'ai appelé le "Soi" n'a d'efficacité que par la médiation d'un "Moi" qui entend la voix de Ce qui le dépasse.
17:20 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : écriture, Jung, citation, amour, spiritualité
14/05/2007
Le blog : assuétude, liens, contributions
Non seulement le blog est un vampire psychique, comme je l'ai déjà écrit, mais c'est aussi une drogue, douce je l'espère. Quelques jours pendant lesquels on s'est fixé comme ligne de conduite une sévère désintoxication et puis on craque presque tout de suite. Des petites visites sur les blogs amis (pour voir comment ils vont, eux!), des excursions sur des territoires inconnus. Et puis on voit les commentaires s'accumuler. Répondre à l'un, à l'autre, à personne ? Alors on craque et on retombe dans son assuétude. Finalement, peut-être que j'aime les saignées des vampires. Me suis-je reposée ? Pas du tout. Pendant ces quelques jours j'ai accompli une infime partie des corvées en tous genres que je repoussais en invoquant mon travail sur le blog.
Je profite de cette note pour parler des liens du Laboratoire. J'ai eu beaucoup de peine à établir des "catégories" de liens et je sais que, comme tout ce sur quoi on met des étiquettes, le résultat n'est jamais satisfaisant. Cependant, je les maintiens car, quand je vois d'interminables listes de liens, je ne pense pas qu'elles soient souvent consultées attentivement. Et puis, pour moi les liens c'est sérieux. Ceux qui sont sur mon blog représentent un peu ce que la Tradition appelle un égrégore. Une sorte de famille des collaborateurs occasionnels du laboratoire. Certains liens sont surprenants, osés, iconoclastes, contraires à certaines de mes opinions, mais ils sont indispensables à la totalité alchimique du blog. Il y a aussi des liens plus relâchés, que j'ai un peu perdu de vue, où qui écrivent rarement, mis là par sympathie ou fidélité, mais j'y suis aussi très attachée. Les sites représentent des groupements d'auteurs qui m'intéressent, en particulier quand ils sont "différents" et originaux.
J'ai mis dans les listes, tout à fait à l'instinct, quelques mots au sujet de certains blogs. Parfois ce n'est pas nécessaire, par exemple la liste Alchimie quotidienne caractérise d'elle même ceux, ou plutôt celles, qui y figurent. Réclamations : si cela ne plait pas aux intéressés ou qu'ils préfèrent autre chose, ou qu'ils veulent me faire une proposition, ils n'ont qu'à me le dire par mail.
Enfin, je vais à partir de cette semaine, ouvrir une rubrique "Contributions" avec des textes inédits d'auteurs spécialement rédigés pour le Laboratoire ou des notes proposées par des liens. Pour que ces textes, parfois un peu plus longs que les miens soient lus tranquillement, je les laisserai en page d'accueil deux ou trois jours. C'est Pierre TRIGANO qui inaugurera la rubrique avec une contribution intitulée : "Laisser advenir le Soi". Un "Soi", associé au processus d'individuation au rêve et à l'Oeuvre alchimique, qui va progressivement devenir le sujet central de ce blog.
Lecteurs connus et inconnus, je vous embrasse tous fraternellement en espérant que la paix et la spiritualité règnent sur les blogs.
Ariaga
16:45 Publié dans blog et quotidien | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : écriture, blog, spiritualité, liens, Trigano, Soi