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14/02/2007

Pensée dirigée, rêve et poésie

La conscience humaine a fait un prodigieux effort d'adaptation et de coopération pour qu'un code de communication, à peu près clair, s'établisse entre les hommes parlant la même langue. L'expression onirique participe, quant à elle, de la globalité du matériau d'où est issue l'expression de la vie courante. C.G.Jung a écrit dans l'ouvrage (Métamorphose de l'âme et de ses symboles) qui consomma sa rupture avec S.Freud, que la langue péniblement acquise, celle qu'il appelle notre pensée dirigée, n'est pas autre chose que : "le degré avancé du cri lancé aux compagnons pour leur annoncer qu'on a trouvé de l'eau, que l'ours a été abattu, qu'un orage approche, ou que les loups rôdent autour du campement."(p. 60)

Ce cri de découverte ou d'avertissement, il faut qu'on l'entende, qu'il soir compris. Le langage se construit avec d'autres êtres humains, c'est une "façade", un pont, dont l'unique but est la communication". La pensée dirigée logique, aisément communicable, s'oriente vers l'extérieur, utilise le savoir transmis et s'adapte aux comportements usuels. Cependant, une question se pose : "que se passe- t-il quand nous ne dirigeons pas notre pensée ? " Il est, en effet, impossible de rester en permanence dans un état ce concentration et d'éveil permettant de conserver une pensée d'attention dirigée. On plonge alors dans un état de pensée non dirigée, simplement associative, de suites d'images, de lambeaux de phrases sans signification, bref de rêvasseries...

Nous avons donc à notre disposition deux formes de pensée, la pensée dirigée, et le rêve ou fantasmes. La première, fatiguante demande des efforts de volonté, d'adaptation, d'imitation de la réalité. La seconde rompt avec le réel, est moins extérieure. C'est surtout une pensée libre, ne faisant aucun effort pour se mouler dans ce qui existe déjà. 

Si on considère le surréalisme comme une sorte de dictée de l'inconscient, en l'absence du contrôle exercé par la pensée dirigée, son langage serait celui se rapprochant le plus de l'expression onirique. La poésie inspirée, celle qui ne se contente pas de dire le déjà dit, ou de décrire le déjà vu et quitte le niveau de la réalité humaine pour se laisser aller au jeu désintéressé des nouvelles associations, parle la langue du rêve qui, comme elle,  exprime tout ou rien selon la possibilité de co-naissance de celui qui la reçoit. C'est de cette poésie que je rêve et dont j'avais envie de vous parler aujourd'hui.

06/02/2007

L'interprétation des rêves selon C.G.JUNG 2/2

Aujourd'hui je vais m'intéresser, avec ceux qui me lisent, au domaine du relationnel dans l'interprétation des rêves. Ce domaine a pour caractéristique d'être enraciné dans une terre commune : la relation. Trois relations existent et s'interpénètrent. Première possibilité : une relation entre l'inconscient et le moi conscient du rêveur, s'il est seul avec son rêve. Deuxième possibilité :  une relation entre le rêveur et l'interprète de son rêve s'il le fait analyser (Ceci dans le cas d'une interprétation junguienne où le dialogue est permanent entre le rêveur et l'interprète).  Enfin, dans le cas d'un dialogue entre le rêveur et l'interprète il se forme une boucle qui passe par l'inconscient des deux protagonistes avec une possibilité d'une relation à la "totalité" par leur accès commune à l'inconscient collectif.

Les deux plans sur lesquels les rêves peuvent être interprètes se distinguent, là aussi, par le niveau d'approche relationnel : relation au monde extérieur et relation au monde intérieur. En effet, l'art de l'interprétation des rêves s'organise autour de deux techniques de base : l'interprétation sur le plan de l'objet et l'interprétation sur le plan du sujet

L'interprétation que l'on appelle sur la plan de l'objet consiste à accorder une réalité objective aux acteurs et évènements qui interviennent dans un rêve. Les images du rêve nous renseignent donc sur la relation existant entre le Moi du rêveur et des personnes ou des situations qui existent réellement à l'extérieur de lui. Par exemple (je crois que c'est un exemple d'Etienne Perrot), s'il rêve de son oncle, le rêve lui donnera le point de vue de son inconscient sur sa relation réelle avec son oncle. C'est pourquoi, l'approche sur le plan de l' objet est indispensable pour que le rêveur prenne conscience des conséquences de la relation qu'il entretient avec le monde extérieur. Cela peut l'aider à s'affranchir du poids des relations qui l'aliènent. Il est évident qu'à ce niveau d'interprétation il faut connaître le rêveur. 

La deuxième approche, sur le plan du sujet, consiste, au contraire, à interpréter les images du rêve comme des figures intérieures du rêveur, des symboles ou des complexes déterminant la psyché inconsciente. C'est un moyen d'investigation destiné à donner des renseignements sur la réalité intérieure du rêveur à laquelle le moi ne peux accéder de lui même. Dans cette optique, l'oncle du rêve sera peut-être, s'il s'agit d'une femme,  une figure symbolique de l'animus. 

Jung appelle parfois l'interprétation sur le plan du sujet méthode herméneutique car ce procédé tient compte de l'ensemble des représentations de la psyché, qu'elles soient de nature individuelle ou issues de l'inconscient collectif, ce qui donne à leur interprétation de grandes possibilités d'amplification. C'est ainsi que l'on peut alors envisager de réfléchir sur des rêves de (presque) inconnus contenant des éléments appartenant à tous. Mais ceci est une autre histoire et je vous en parlerai prochainement car j'ai pitié d'amis de ce blog, qui me sont chers,  et pour lesquels Jung n'est pas leur tasse de thé.  La tasse est pleine ! Amitiés à tous.

 

 

 

05/02/2007

L'interprétation des rêves selon C.G.JUNG 1/2

Le but de ces notes sur l'interprétation des rêves est de voir si on peut sérieusement envisager de parler dans le Laboratoire de certains "grands rêves" offerts à tous sur des blogs amis.

Après avoir tout d'abord employé la méthode de S. Freud des "associations libres", C.G.Jung a considéré que cette méthode ne rendait pas compte de l'ensemble du rêve car elle ramenait inéluctablement aux complexes des sujets, alors que ces complexes  ne faisaient pas obligatoirement partie du rêve. Il a alors décidé de "décomposer" les rêves pour en extraire toute leur substance et tenter d'en établir le sens, ou plutôt les sens aux différents niveaux d'interprétation (que nous verrons demain). Il prenait chacun des éléments d'un rêve et, sans opinion préconçue sur la manière dont l'image était arrivée là, procédait, en tournant autour, à l'approfondissement du sens de l'image. Il appela sa méthode l'"amplification".

Mais Jung trouvait encore insuffisante la technique de décomposition du rêve en ses éléments, réminiscences et motivations. Pour lui, cette façon de procéder atteignait ses limites au moment où, je cite, : "les symboles oniriques ne se laissent plus réduire à des réminiscences ou à des volitions personnelles, c'est-à-dire que surgissent des images de l'inconscient collectif."Il y a en effet des images qui semblent n'avoir que très peu de sens si on les rapporte au rêveur. Pour qu'elles prennent toute leur signification il faut chercher dans des directions qui peuvent apparaître comme complètement étrangères aux associations conscientes faites par le rêveur. Par l'amplification on recueille des tas de données et ensuite on cherche une "expression générale compréhensible". 

On peut dire, au sujet de cette technique d'interprétation, que Jung continua le travail de Freud, en l'élargissant. Il est cependant un point sur lequel leurs vues divergent.

Freud a, selon Jung, entrepris une démarche courageuse pour donner un sens au rêve mais il a effectué ses observations dans le champ de la psychopathologie. Il pense que les rêves, tout comme les névrosés, sont dissimulateurs. Les rêves seraient alors "une simple façade derrière laquelle quelque chose est intentionnellement caché." Jung réfute fermement cette vision de la psychologie du rêve. Pour lui, le rêve est un "évènement naturel". L'inconscient est autonome, il a son projet et on ne voit aucune raison valable pour qu'il soit une "invention rusée" destinée à nous tromper ; il ne dissimule pas, il expose. C'est pourquoi il faut éviter de l'analyser avec trop de hardiesse ou de défiance. On doit simplement l'accueillir, tel qu'il se présente, et le contempler pour, finalement, prendre conscience de ce qu'il exprime dans sa totalité. 

02/02/2007

Obscurité et poésie chez les alchimistes

Les alchimistes ont des difficultés à se comprendre entre eux. Ils admettent écrire d'une façon obscure mais sans imaginer qu'il puisse exister une possibilité d'écrire différemment. Ils utilisent des concepts fondamentaux et les habillent ensuite d'analogies et de symboles appartenant à chacun d'eux. L'explication de C.G. Jung est la suivante:

"La méthode de l'alchimie, psychologiquement parlant, est celle de l'amplification illimitée. L'amplificatio convient toujours lorsqu'on à affaire à une expérience obscure, qui est si vaguement ébauchée qu'elle doit être amplifiée et élargie, en étant placée dans un contexte psychologique, afin d'être comprise."

Nous verrons que la même méthode est applicable à l'interprétation des rêves.

Pourquoi une telle variété de symboles désignant les processus ou agents ou aboutissements de la transformation alchimique ? Cela découle à la fois de la nécessité du secret et aussi de l'interchangeabilité de matériaux de l'Oeuvre qui sont censés être tout d'abord antagonistes. Par exemple l'eau et le feu, une paire d'opposés typiques, sont, si on en croit les auteurs "un et un seul". 

Le lecteur d'ouvrages alchimiques se trouve donc devant des noms de substances signifiant à peu près n'importe quoi. En outre, plus une substance est utilisée, ou importante, plus est grande la multiplicité des noms et des allusions symboliques servant à la désigner. On comprend la perplexité de Jung, pendant les dix ans (quelle obstination ! ) où il fut en contact avec la littérature alchimiste, y cherchant une réponse, mais sans rien y comprendre par excès de logique. Il aurait du faire jouer plus tôt une des multiple facettes de sa personnalité, son côté poète refoulé. En effet, pour moi, l'alchimie, s'apparente à la poésie la plus fantasque. Elle va chercher son énorme vocabulaire dans tous les domaines : teinturiers, vins et liqueurs, métaux, la nature, les animaux, l'amour physique et spirituel et bien d'autres encore. On se demande, en lisant certains textes, s'ils n'ont pas été écrits par des surréalistes. 

Je vais vous citer une toute petite partie des noms donnés à la Pierre des alchimistes par les auteurs. Je suis certaine que certains des talentueux poètes qui fréquentent ce blog seraient capables d'en faire une délirante poésie :

Pierre et non pierre - Etoile - Pierre de Paradis - pierre animale - Sanguinaire - Solaire - Eau courante - Eau éternelle - feu ardent - terre morte - le fugitif - le généreux - l'objet précieux - l'infamie avilie - la gloire dominante - la pierre tendre - merveilleuse - Philosophale - sacrée - secrète - le Sauveur. .........et j'en passe.

 

 

29/01/2007

Au sujet du blog d'Ariaga

Un des principes sur lesquels repose le travail auquel se livre Ariaga dans le Laboratoire du Rêve et de l'Alchimie Spirituelle est parfaitement posé par cette citation :

 

"On ne doit pas comprendre chaque chose que je dis comme une affirmation mais comme une question."

Niels BOHR

17/01/2007

Paroles de la mystique juive

 

"Quand les prophètes ne furent plus, leur place fut prise par les Sages, qui, en un sens, surpassèrent même les prophètes ; et en l'absence des Sages, les choses à venir se sont révélées dans les rêves."

                          le Zohar

 

"Toute science, toute religion, toute philosophie, a sa mélodie particulière. Plus haute est la religion ou la science, plus élevée est sa musique."

 

"Les jours  passent, sont écoulés, et l'on découvre qu'on n'a jamais eu le temps de penser une fois vraiment. ... Celui qui ne médite pas ne peut avoir la sagesse."

 

"En vérité, l'unique chose dont l'homme a peur est en lui, et l'unique chose qu'il désire ardemment est en lui."

                 Rabbi Nachman de Bratislava

16/01/2007

le rêve du vieux sage

Depuis un rêve du 21/10/2006 où j'avais eu le privilège d'entrevoir C.G.Jung, je n'avais reçu aucun "grand rêve"au sens qu'il donnait à ce mot. Cette nuit j'ai eu ce privilège et je veux le partager avec vous.

J'avais la surprise, en arrivant dans la pièce à vivre, de voir pendu sur le dossier d'une chaise l'éternel veston bleu marine d'un très vieil ami, X,  décédé à un âge avancé il y a quatre ans. Je me disais : "mais comment ce veston a-t-il pu rester ici depuis si longtemps ?". Je le prenais pour l'examiner et, à l'intérieur, il y avait une grande poche. Cette poche contenait trois brosses à cheveux, divers papiers et un portefeuille. Dans le portefeuille rien que la clef d'un coffre. Elle portait le numéro 44. Cette clef me fascinait, je l'ai prise dans ma main et je l'ai regardée longuement. Réveil.  

Je vais devoir contempler ce rêve, relevant de mon intimité spirituelle, pendant longtemps avant d'en retirer tous les enseignements mais je veux m'arrêter ici sur le personnage central, le propriétaire du veston, car sa figure illustre un échange de commentaires que j'ai eu avec Arianil sur ce blog. C'était un homme beaucoup plus âgé que moi, (compagnon autrefois du philosophe indien J.Krishnamurti (1895-1986)) qui a été pour moi ce qui se rapprochait le plus de l'incarnation du "sage", bon, dévoué à autrui, non sectaire. 

En cette période où je m'interroge souvent sur la valeur de ma démarche spirituelle sa présence, car, pour moi, sa veste vide était une présence, est un message.

Sur un plan plus général de l'analyse des rêves, ce vieux sage est à la fois une représentation archétypique du sage et une manifestation de mon animus positif. Il est toujours intéressant de voir que le rêve peut répondre aux questions, même si elles sont posées par d'autres. 

Et les 3 brosses à cheveux ? et la clef ? et le numéro 44 ? et le coffre ? Tout ceci va avoir une réponse ou sera éclairé par d'autres rêves. En tout cas, celui-ci ressemble fort à ce qu'un cher ami appelle un "rêve d'école" tellement sa symbolique est riche.  Je remercie "celui" qui me l'a envoyé. Rêvez bien, mes amis sur le blog. 

 

 

12/01/2007

anima et animus 2/2

Si on met face-à-face anima et animus, ils ont pour point commun d'être des projections spontanées de l'inconscient, souvent personnifiés dans les rêves, visions, phantasmes. Cependant, si leurs racines sont communes, leurs manifestations sont aussi différentes que le sont les hommes et les femmes. De plus, ils ont tous les deux des aspects négatifs, comme les complexes avec lesquels ils sont en relation, et des aspects positifs, en particulier dans le domaine de la spiritualité.  Ils ont, naturellement, une influence souterraine sur les comportements et les humeurs des individu.

Dans la vie courante, la manifestation négative de l'anima provoque, chez l'homme, des sentiments et des humeurs vagues, de l'irritabilité, une impression d'insécurité et de la susceptibilité. Cela a pour origine une influence négative de la mère (ou autre image féminine de fixation telle qu'une soeur ainée, une tante etc). Il peut aussi y avoir, chez l'homme possédé par son anima, une propension à l'ironie et aux reflexions venimeuses et destructrices. Si la relation à la mère est positive, l'homme a tendance à devenir trop sentimental et efféminé. l'anima l'entraîne aussi vers des jeux intellectuels stériles et des discussions pseudo-philosophiques qui l'excluent de la vie réelle. 

L'anima est "LA" femme dans l'homme et souvent, au cours de sa vie amoureuse, il va désirer conquérir une femme qui corresponde, tout au moins le croit-il, à la nature particulière de sa féminité inconsciente. Le résultat est souvent désastreux. D'abord il est difficile de trouver une femme "vivante" qui corresponde à un "type" idéal produit par l'inconscient. Ensuite, si la femme est trouvée, l'image idéale une fois incarnée résiste difficilement à la cohabitation des brosses à dents. Bien sur il y a des miracles...

Cependant, l'anima, peut avoir une fonction de médiateur entre le Moi et le Soi (but de mon voyage avec C.G.Jung  vers le centre de la psyché). Jung observe quatre niveaux de représentation qui vont de la terre Mère en passant par la vision romantique puis la dévotion religieuse pour aboutir à la Sagesse. (Ceci devra être développé).  

 

L' animus, dans la vision junguienne, est une "condensation" des expériences accumulées tout au long de l'évolution de la lignée ancestrale féminine au contact de l'homme. La femme se sent encore très liée à ces expériences, car elle a une conscience aigüe des inter-relations personnelles, ce qui n'est pas toujours le cas pour l'homme qui est plus porté vers les données objectives ou les idées abstraites. 

Alors que l'anima est la source d'humeurs et de caprices, l'animus engendre des opinions reposant sur des préjugés inconscients et des à-priori. La femme dominée par son animus possède, ou plutôt est possédée, par des convictions qu'elle est prête à défendre avec, parfois, une violence toute masculine. L'animus négatif ne croit pas aux exceptions. Il est fréquemment très pessimiste, dévalorisant, et émet des jugements relevant le plus souvent d'une vérité générale mais ne s'appliquant pas à la situation envisagée. 

Au niveau de la représentation et du symbole dans les rêves, il apparaît logique que l'animus se personifie d'une manière masculine. C'est cependant un peu plus compliqué que pour l'anima car, si l'homme sur le plan de l'inconscient est monogame, la femme est polygame. En effet, écrit Jung (Dialectique du moi et de l'inconscient.) "L'animus est quelque chose comme une assemblée de pères ou d'autres porteurs de l'autorité, qui tiennent des conciliabules et qui émettent ex cathedra des jugements "raisonnables" et "inattaquables".

La pluralité de l'animus a pour conséquence que les hommes sur lesquels il est projeté doivent être des hommes possédant toutes les qualités, y compris l'omniscience et, comme le dit Jung, être "une réédition du Bon Dieu !

C'est uniquement quand l'animus est extraverti qu'il a des manifestations négatives. Quand il remplit sa fonction positive et que la femme affronte son animus au lieu de se laisser posséder par lui, il a des aspects très positifs allant, à son niveau supérieur, jusqu'à devenir, comme l'anima le "médiateur de l'expérience religieuse. Il relie alors la femme au domaine de la spiritualité et des idées créatrices, idées auxquelles elle est alors encore plus réceptive que l'homme. Au cours de notre voyage dans les rêves et l'évolution spirituelle nous rencontrerons toutes les formes et tous les niveaux des animus et anima positifs et négatifs. Nous verrons même des relations "croisées" entre l'homme , la femme, leur animus et leur anima. Osé, n'est-ce-pas ?

11/01/2007

Anima et animus 1/2

Dans ma manière un peu "impressionniste", par nombreuses petites touches, je comptais aborder l'"anima" et l'"animus" junguiens après d'autres thèmes tels que l'"ombre" ou les"fonctions". Cela aurait pu aider à la compréhension d'un sujet d'apparence facile mais en réalité très complexe. Mais, depuis que je me promène sur les blogs, je vois que parler de l'anima et de l'animus pourrait apporter certaines réponses à ceux qui s'interrogent sur leurs motivations et leurs  comportements. 

   Quand on rencontre dans les textes de C.G.Jung, en particulier ses interprétations de rêves, les termes anima et animus, une explication très simple peut leur être donnée : s'il s'agit d'un homme, l'anima est une personnification des tendances féminines de sa psyché ; s'il s'agit d'une femme, l'animus est une personnification de ses tendances masculines. Anima et animus sont des facteurs de relation entre l'inconscient et le Moi et entre le pôles opposés masculin-féminin ce qui, dans le cadre d'une sorte d'"érotique" junguienne, trace une voie allant du biologique le plus élémentaire à la complexité des rapports entre Eros (amour, relation) et Logos (organisation logique de la pensée et du langage).

L'anima (ce que je dis de l'anima est aussi valable pour l'animus) est ainsi nommée par Jung parce qu'elle émane d'une image intérieure, une image dans l'"âme", différente de la persona qui est une image extérieure. Jung, dans Les racines de la conscience, donne une explication biologique au fait qu'il y ait chez l'homme une sorte de résidu de caractères féminins :

"L'image du sexe opposé réside, jusqu'à un certain point, dans chaque sexe, puisque biologiquement c'est seulement le plus grand nombre de gènes mâles qui fait pencher la balance dans le choix du sexe masculin. Le nombre moins grand de gènes féminins parait constituer un caractère féminin qui, cependant, demeure d'ordinaire inconscient par suite de son infériorité quantitative."

C'est sur cette présence des deux éléments masculin et féminin que Jung fonde son idée de l'androgynie de l'être humain, une idée enracinée dans le biologique qu'il prolonge jusqu'au niveau psychique.  

Mais, comment rendre accessible à l'expérience les manifestation de l'archétype du sexe opposé présentes en nous ? C'est très difficile car ces représentations archétypiques émergent d'un niveau profond de la totalité psychique. L'ombre, qui fait partie de l'inconscient personnel est plus visible. Elle est représentée dans les rêves ou phantasmes par des personnages du même sexe que le rêveur. C'est le côté refoulé, parce que peu présentable de la "persona". Les représentations de l'anima et de l'animus sont beaucoup plus difficilement perçues en tant que telles et concernent le sexe opposé.  

Non seulement anima et animus sont  sont très difficiles à discerner mais du fait que ce sont des "personnalités" de l'inconscient , ils se présentent, dans la vie courante, toujours projetés sur l'entourage car "tout ce qui est inconscient est projeté". Le premier réceptacle de l'"image de l'âme" sera la mère pour le fils et le père, ou un substitut, pour la fille. Une véritable infirmité psychique peut se rencontrer quand l'anima est "en jachère" ce qui signifie qu'aucune relation n'a été établie ou que la relation a été complètement rompue ou occultée. 

Jung a longtemps observé les manifestations de l'anima et s'il a décidé d'employer ce terme c'est parce que l'expression "âme" lui semblait trop générale et trop vague pour désigner une"réalité spécifique". Il écrit (Dialectique du moi et de l'inconscient) :

"L'élément empirique compris sous le concept d'anima est un contenu extrêmement dramatique de l'inconscient ; si on peut le décrire en langage rationnel, scientifique, on ne parvient pas, et de loin, a en exprimer la nature vivante."

C'est pour cette raison qu'il a choisi une vision et un mode d'expression mythologique pour parler de l'anima. cela lui semblait plus expressif et plus exact qu'un langage scientifique abstrait.

La notion d'animus est apparue plus tard chez Jung. Il lui a semblé qu'il devait exister chez la femme une équivalent de la représentation archétypique masculine. Il ne s'agit cependant pas d'une déduction abstraite car des expériences "nombreuses et minutieuses" lui ont été nécessaire pour mettre en évidence la nature de cet animus.

Nous verrons demain, si vous avez encore un peu de patience, les formes de manifestation de ces anima et animus qui ont une influence considérable sur notre relation avec nous mêmes et avec autrui et aussi au niveau de la spiritualité.

 

 

10/01/2007

Etienne PERROT sur l'alchimie

"L'un des caractères de l'alchimie est d'avoir offert à l'âme occidentale corsetée dans une forme doctrinale étroite qui séparait comme par un glaive le bien et le mal, un champ, une vigne beaucoup plus vaste où elle a pu évoluer en toute liberté sans faire passer ses productions spontanées au crible d'une orthodoxie sourcilleuse. L'alchimie tient dans le monde de la chrétienté la même place que la peinture d'un Jérôme Bosh dans son univers artistique ; les thèmes hermétiques abondent d'ailleurs chez l'auteur du "jardin des délices" et de "la nef des fous". Il est significatif que la matière obscure qui doit être changée en pierre de lumière ait reçu entre autres noms celui de Satan. L'inconscient qui est la "matière prochaine"de  l'oeuvre, pour reprendre une expression alchimique, n'est-il pas encore aujourd'hui, aux yeux de beaucoup, un repaire de démons ?Ainsi l'alchimie et la psychologie complexe, l'une et l'autre servantes de l'âme profonde, partagent la vision païenne et orientale qui substitue au manichéisme pratique du christianisme opposant en une lutte éternelle Dieu et le Diable, le jeu de deux principes complémentaires, le yin et le yang chinois, l'obscurité et la clarté dont la réunion forme le Tao, la Voie juste d'où partent et où se résolvent les contraires composant l'univers de la multiplicité. J'ajoute qu'à l'intérieur même du christianisme cette conception était retrouvée en pratique par les grands mystiques, dont le but était de faire que "Dieu soit tout en tous", et qu'elle est une des causes permanentes de la suspicion dans laquelle les autorité tenaient l'expérience intérieure.

    Le stade ultime de l'homme suivant la psychologie empirique de Jung, le Soi, répond aux descriptions des hermétistes aussi bien qu'à celles de tous les grands enseignements traitant de la voie où l'homme se réalise dans sa totalité divine. L'être qui l'atteint, fluide comme l'eau par sa docilité à l'inconscient, est en même temps ferme comme la pierre, car, ne résistant à rien, rien ne peut l'entamer. C'est ce que voulait exprimer le dernier grand rêve confié par Jung. Le vieux sage y voyait une grosse pierre ronde présentée sur un socle comme un objet sacré avec cette inscription : EN SIGNE DE TA TOTALITE ET DE TON UNITE. Cette pierre ne contenait-elle pas l'alpha et l'oméga de toute sagesse ? N'était-elle pas la Pierre des anciens philosophes."

 

 Etienne PERROTLa voie de la transformation, p. 164-165

Ed. La Fontaine de Pierre.
 

08/01/2007

Alchimie : la voie humide

Au moment de sa confrontation avec l'inconscient, C. G. Jung, qui était à la fois l'opérateur et le matériau de sa propre transmutation, a failli se perdre au cours des nombreuses "distillations" qu'il a imposées à sa psyché. Mais il a aussi commencé, sans le savoir à cette époque, à explorer la voie que les alchimistes appelaient la "voie humide".

Celui qui suit la "voie humide", explique E. Perrot dans son ouvrage La voie de la transformation (p.95) observe les phases de l'Oeuvre sur les parois du vase en verre. Ou plutôt il observe leur reflet. Il s'agit d'une lente gestation, je dirais une cuisine à feu doux, durant laquelle il voit des images qu'il traduit en symboles. Un peu comme les habitants de la caverne de Platon. La "voie sèche est celle où "l'artiste est directement aux prises avec la réaction de la transmutation dans le vase". En effet : "il n'y a pas de forme dans le feu, le feu brule les formes." Un texte offrant des concordances avec ce cheminement sur la voie humide se trouve dans Ma vie de Jung :

"Dans la mesure où je parvenais à traduire en images les émotions qui m'agitaient, c'est à dire à trouver les images qui se cachaient dans mes émotions, la paix intérieure s'installait . Si j'avais laissé les choses demeurer sur le plan de l'émotion, il y a lieu de penser que j'aurais été déchiré par les contenus de l'inconscient..."

Les alchimistes éprouvaient, eux aussi, des émotions provoquées par leurs expériences. Ils opéraient avec l'espoir fou de conquérir un fabuleux trésor, mais aussi sous la pression d'une angoisse provoquée par la crainte de Dieu et du Diable car, au fond d'eux -mêmes ils savaient bien qu'ils étaient quelque peu hérétiques. Le fait de traduire leurs émotions en images et en symboles avait, comme pour Jung, une vertu thérapeutique et rassurante.  

L'impression de brouillard chimérique que donne la symbolique alchimique est due au fait que ces hommes du Moyen Age, semblables en cela à celui qui reçoit des rêves absurdes, se trouvaient devant un inconnu pour lequel il n'existait pas de représentations connues.  Ils étaient obligés de procéder par approximations, allégories, images mythologiques, espérant ainsi exprimer leurs secrets d'une manière qui les soulage, tout en ne les chargeant pas d'une culpabilité religieuse.

Entouré de ses fioles, livres et instruments, épuisé par la chaleur de l'athanor, les veilles, les méditations, intoxiqué par les vapeurs du mercure et autres produits chimiques, l'alchimiste devait souvent être submergé de visions et d'hallucinations. Il est aussi possible que certains aient absorbé certains mélanges de leur confection...

L'alchimiste vivait donc une sorte de long rêve éveillé durant lequel se produisaient des manifestations de l'inconscient collectif. Sortant ensuite de son nuage onirique, il tentait d'exprimer l'inexprimable par une symbolique infiniment complexe, tellement riche que je ne peux m'empêcher de penser, comme Jung, qu'elle "devait son existence à une raison suffisante."

 

 

 

04/01/2007

Archétype et RE-présentation archétypique

On ne peut y échapper, je dois vous parler de l'archétype junguien si nous voulons continuer ensemble à cheminer vers le Soi but ultime de mon exploration. Des blogs entiers sont consacrés à ce sujet si vous voulez creuser...De plus la pensée de C. G .Jung lui même à beaucoup évoluée avec le temps. Je me contenterai donc de repères tout à fait solides donnés par Jung à la fin de sa vie. (Ultérieurement, je donnerai des citations pour les "chercheurs"). Pour mieux comprendre ma note il serait utile de relire celle du 29 -9 intitulée : Représentation =RE-présentation.

Les deux pivots de la pensée du "vieux Jung" sur l'archétype sont : l'ancrage biologique et la réflexion sur les possibilités de représentation.

Les archétypes gouvernent le mode de fonctionnement héréditaire de l'être humain et proposent des modèles de réactions à diverses situations. Il ne s'agit en aucun cas d'une "idée". Comme on est incapable de prouver quoi que ce soit sur ce qui déborde le conscient il n'y a aucun espoir, pense t-il, que puissent être prouvées scientifiquement ses affirmations sur les états ou processus inconscients. Ceci est valable pour l'archétype. Ce n'est cependant pas, dit-il, parce que un phénomène repose sur des facteurs invisibles et non représentables que l'on ne peut pas spéculer sur ses effets. Exemple l'atome.C'est pourquoi Jung va, très nettement distinguer, de l'irreprésentable au représentable à la conscience, un archétype en soi et la représentation archétypique. 

Les archétypes se présentent donc comme des formes de comportement typiques qui, devenues conscientes, apparaissent comme des représentations. Ces représentations ne sont effectives que par l'intermédiaire de représentants qui "traduisent" et illustrent la langue d'un inconscient collectif, une langue de la totalité, qui sans cela serait incompréhensible.

Comment Jung, puisque l'archétype en soi est irreprésentable, à t-il trouvé un moyen de déceler la présence de ses manifestations dans la psyché ? Il a observé de nombreuses données individuelles pour essayer d'en tirer des conclusions générales. Il a extrait quantités d'observations du matériel folklorique, mythologique et historique, dont on peut penser qu'il est issu de l'"inconscient historique", pour démontrer l'identité de forme de l'évènement psychique dans l'espace et dans le temps. Il s'appuie surtout sur l'observation des structures et des symboles présents dans les rêves et les phantasmes. Donc, pour lui, ce qui donne un degré de réalité à l'archétype en soi procède d'effets observables. Cette visibilité de l'archétype permettra à l'individu, dans la mesure où il est capable d'introspection, de méditation sur lui même, de percevoir ses structures instinctuelles sous la forme d'images archétypiques, quasiment universelles, qui se RE-présentent à sa psyché. 

Les représentants du monde archétypique sont bien visibles dans les rêves et surtout les séries de rêves. Ils donnent des représentations où ils jouent divers personnages tels que la "Mère Terrible", le "Vieux Sage, le "Dieu, le "Grand Voyage", la "Mission", l'Oeuvre", le "Trésor difficile a atteindre".

Toutes ces manifestations ne sont pas, aux yeux de Jung, dues au hasard et le reflet d'un univers chaotique. Elles sont au contraire parfaitement régulées par un système semblable à celui qui régule nos fonctions corporelles. A ce coordonnateur il a donné le nom de "Soi".

Il resterait beaucoup à dire, par exemple comment l'archétype est-il "activé" ? Mais je crois que cela suffira pour aujourd'hui. Peut-être une petite poésie pour demain si l'inspiration, encore plus mystérieuse que l'archétype, vient dans la nuit.

       Ariaga

 

 

31/12/2006

NOUVELLE ANNEE

 

     Chers amis inconnus

 

 
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Que cet oiseau blanc vous apporte une grande lumière en cette nouvelle année et que la barque rouge soit chargée des plus beaux rêves. Ariaga.

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30/12/2006

Rêve et réalité

Jamais le rêve ne réalise ce fini admirable auquel atteint la perception dans la veille et à la lumière.

Paul  VALERY

La Pléiade, T.I, p. 936

15:36 Publié dans rêve | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation, rêve, Valéry

23/12/2006

Psychologie et alchimie

En cette période de fêtes, j'ai l'impression que toute vie, enfin ce que moi j'appelle la vie, s'arrête. Est-ce vraiment pour célébrer la naissance de Jésus ? Je me pose des questions. Célébrer la naissance d'un messie ? On peut le faire dans le recueillement et la méditation. Bien manger et boire en toute bonne conscience ? Peut-être. Faire des cadeaux ? J'adore en faire et en recevoir d'inattendus en toute période de l'année. Je ronchonne mais cela ne m'empêchera pas de vider quelques flutes de champagne. En tout cas j'ai ramassé, pour cette période, ma petite boite à outils junguienne et alchimique et j'en profite pour glisser sur le blog quelques textes pour lesquels les non spécialistes qui me suivent (j'espère qu'ils sont la majorité), avec une constance qui m'étonne, n'ont pas encore toutes les clés. Moi aussi j'ai le droit de me faire plaisir !

Ce texte de C.G. JUNG ("Ma vie, p. 239)décrit les premières conclusions auxquelles Jung est arrivé après ses dix années d'errance dans le monde obscur des textes alchimiques :

"J'ai vu très rapidement que la psychologie analytique se recoupait singulièrement avec l'alchimie. Les expériences des alchimistes étaient mes expériences et leur monde était en quelque sort, mon monde. Pour moi, cela fut naturellement une découverte idéale, puisque  ainsi j'avais trouvé le pendant historique de la psychologie de l'inconscient. Celle-ci reposait dorénavant sur une base historique. La possibilité de comparaison avec l'alchimie, de même que la continuité spirituelle en remontant vers la gnose lui conférait substance. En étudiant les vieux textes je me rendis compte que tout trouvait sa place : le monde des images, de l'imagination, le matériel empirique dont j'avais fait collection dans ma pratique, ainsi que les conclusions que j'en avais tirées. Je commençais alors à discerner ce que signifiaient ces teneurs dans une perspective historique. Ma compréhension pour leur caractère typique, qui s'était déjà esquissée au cours de mes recherches sur les mythes, s'approfondissait. Les images originelles et l'essence des archétypes passèrent au centre de mes recherches et il devint pour moi évident qu'il ne saurait exister de psychologie, et encore bien moins de psychologie de l'inconscient, sans base historique.Certes, une psychologie de la conscience peut se suffire de la connaissance de la vie personnelle, mais démêler une névrose nécessite déjà une anamnèse qui fait appel à un sondage plus profond que celui du seul savoir de la conscience ; et lorsque, au cours du traitement, on en arrive à des moments où des décisions inhabituelles doivent être prises, apparaissent alors les rêves dont l'interprétation exige plus que des réminiscences personnelles. "