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20/09/2007

C.G.Jung et la mort du Héros

( Suite de C.G.Jung se laisse tomber dans l'inconscient )

   Les jours qui suivent le saut de Jung, incarnant son mythe du héros, dans les abysses de l'inconscient , les chose ne s'arrangent pas. Il a un revolver chargé dans sa table de nuit et, après avoir reçu un rêve saisissant qu'il n'arrive pas à interpréter, il entend une voix puissante qui lui dit  : " Si tu ne comprends pas le rêve tu dois te tirer une balle dans la tête ".  Pris de frayeur, il cherche de toutes ses forces le sens de ce rêve au cours duquel , en compagnie d'un adolescent à la peau foncée, il tue, au lever du soleil, Siegfried descendant à toute allure sur son char une route serpentant sur le flanc d'un montagne. Après ce meurtre, dont les traces avaient été effacées par une pluie abondante, il avait ressenti une intolérable culpabilité. 
   Sous la pression provoquée par la voix, il réfléchit encore et encore et soudain le sens du rêve se dévoile. Siegfried, le héros mythologique allemand, lui apparaît comme celui qui veut imposer héroïquement sa volonté. C'est cela que Jung pensait jusque là : le chemin est où il y a volonté, héroïsme. Ce rêve lui montre que l'attitude du héros Siegfried, avec laquelle il avait une secrète identité, n'est plus l'attitude juste correspondant à son moi profond. Après avoir tué Freud, le Père, il doit maintenant tuer son mythe personnel du héros car, écrit-il, "il est des valeurs plus hautes que la volonté du moi, auxquelles il faut apprendre à se soumettre ." 
   A la suite de ce rêve, la consternation et la peur éprouvées à la suite de sa première expérience sont dépassées car de nouvelles forces se libèrent en lui et l'aident à continuer ses expériences d'exploration fantasmatique de l'inconscient .
   Des années plus tard, Jung comparera ses voyages imaginaires à ceux d'Ulysse dans l'odyssée quand il descend au séjour des morts.  Il élabore une technique de transe qu'il appellera par la suite " imagination active " qui est une sorte de libre méditation dans le but de rentrer en contact conscient avec des phénomènes psychiques inconscients (je vous en parlerai plus longuement une autre fois). 
   Voici la description qu'il donne ( Ma vie, p. 210 ) de sa manière de procéder, en cette fin d'année 1913 : 
     "Pour appréhender les phantasmes, je partais souvent de la représentation d'une descente. Une certaine fois je dus même faire plusieurs tentatives pour pénétrer dans la profondeur. A la première, j'atteignis pour ainsi dire une profondeur de trois cents mètres. La fois suivante, il s'est agi d'une profondeur cosmique. Ce fut comme un voyage dans la lune ou comme une descente dans le vide. Tout d'abord apparut l'image d'un cratère et j'avais le sentiment d'être au pays des morts.  ...
   En ce lieu, Jung va faire de bien intéressantes rencontres , mais ce sera pour une autre fois.
( à suivre )
       Ariaga.
 
 
 
 

17/09/2007

C.G.Jung se laisse tomber dans l'inconscient.

  En cette fin d'année 1913, C. G. Jung, alors âgé de trente huit ans, est dans une situation où l'on peut se faire du souci au sujet de son équilibre mental. Ses détracteurs disent qu'il est devenu complètement fou. Lui même, obsédé par un flot incessant d'images et de phantasmes, craint d'être déchiré par les contenus de son inconscient. Seul le yoga l'aide à surmonter les crises de bouleversement émotionnel qu'il subit. 

   Les années précédentes, il a beaucoup étudié la mythologie et s'incarne plus ou moins dans le mythe du héros. Si on considère que ce mythe comprend trois phases : solitude , initiation, retour transformé, il se trouve dans la première phase et cette phase est pleine d'étranges comportements et de difficultés personnelles.

   Il vient de tuer le Père en rompant avec Freud et fait figure de pestiféré. Sa situation professionnelle s'en ressent. Les  " amis " ont fui. Ce qui n'arrange rien c'est que depuis quelques temps il se sent " polygame " et doit régler les conflits qu'engendre cette situation. Il joue tout seul, dans son jardin, à faire des jeux de construction avec des petits cailloux tout en se parlant à voix haute. Il fait des rêves, a des visions et des imaginations qu'il trouve semblables à ceux de ses malades et lui font craindre de succomber aux forces qui ont emporté Nietzsche, Hölderlin et bien d'autres. De plus cet homme, jusque là si fort physiquement et moralement, souffre d'une sorte d'aboulie qui le rend incapable de se décider sur ce qu'il doit entreprendre. Son " incertitude intérieure " est si grande qu'il se sent " flottant, comme totalement en suspens ".

   Un des sentiments les plus pénibles que ressens Jung est celui de l'impuissance devant les maux de ses malades . Il se reproche d'avoir une expérience personnelle de l'inconscient insuffisante pour les aider efficacement. Le danger qu'il se sent incapable de surmonter pour lui même, il va trouver la force de l'affronter pour autrui. Tel le chaman qui passe par de terrible épreuves mais doit accomplir son destin, il entreprend de se mettre dans une espèce d'état de transe, qu'il appellera ensuite " imagination active ", et décide de faire le grand saut. Le chaman monte, lui, il va descendre. Voici son récit extrait de Ma vie, p. 208.

   "Ce fut au temps de l'avant de l'année 1913 que je me décidai à entreprendre le pas décisif - le 12 décembre. J'étais assis à mon bureau, pesai encore une fois les craintes que j'éprouvais, puis me laissais tomber.

   Ce fut alors comme si, au sens propre, le sol cédait sous moi et comme si j'étais précipité dans une profondeur obscure. Je ne pus me défendre d'un sentiment de panique. Mais soudain, et sans que j'eusse atteint une trop grande profondeur, je me retrouvai - à mon grand soulagement - sur mes pieds, dans une masse molle, visqueuse. J'étais dans une obscurité presque totale. après quelque temps mes yeux s'habituèrent à l'obscurité, celle d'un sombre crépuscule. Devant moi était l'entrée d'une caverne obscure ; un nain s'y tenait debout. il me semblait être de cuir, comme s'il avait été momifié. Je dus me glisser tout contre lui pour passer par l'entrée étroite, et je pataugeai, une eau glacée jusqu'aux genoux, vers l'autre bout de la caverne. Là, sur une bande de rocher en saillie, un cristal rouge scintillait. Je me saisis de la pierre, la soulevai, et découvris que dessous, il y avait un espace vide. Je ne pus tout d'abord rien y discerner. Mais finalement, j'aperçus, dans les profondeurs, de l'eau qui coulait. Un cadavre passa, entraîné par le courant ; c'était un adolescent aux cheveux blonds, blessé à la tête. Il fut suivi d'un scarabée noir, et alors apparut, surgissant du fond des eaux, un soleil rouge naissant. Aveuglé par la lumière, je voulus replacer la pierre sur l'orifice. Mais à ce moment, un liquide fit pression pour passer à travers la brèche. C'était du sang ! Un jet épais jaillit sur moi et j'en ressentis une nausée. Le jet de sang dura, à ce qu'il me sembla, un temps d'une longueur intolérable. A la fin, il se tarit, ce qui mit un terme à cette vision."
   "Ces images me laissèrent consterné" écrit-il, il y avait de quoi...
                                  ( à suivre )
       Ariaga
 

 

 

10/09/2007

C. G. Jung, spéléologue de l'inconscient

 
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   Nous avons (nous c'est moi et ceux qui fréquentent régulièrement le Laboratoire) beaucoup voyagé cet été, chevauchant un navire, cheval, banc, dans un imaginaire assez délirant. Cependant, je ne crois pas qu'un d'entre nous ait eu l'intrépidité de se laisser glisser dans les dangereuses contrées souterraines des profondeurs spéléologiques de l'inconscient. J'ai plusieurs fois hésité et reculé au bord du gouffre, au risque d'y perdre la santé, car cela correspond à un périlleux risque de confrontation avec la fulgurance du Soi. 
   Pour effectuer ce voyage il faut franchir une porte brûlante et accepter de se laisser glisser, sans assurance, si ce n'est celle d'un Moi solide, en un lieu où les images qui se cachent derrière les émotions deviennent vivantes.
    Un explorateur intrépide a accepté, en toute lucidité et en employant le véhicule de l'" imagination active ",  de se livrer à cette expérience. On a dit qu'à cette époque il était devenu fou. Il s'appelait C. G. Jung et c'est l'histoire de cette exploration que je vais vous raconter dans les jours qui viennent. 
       Ariaga
 
 

08/09/2007

Cimetière de bateaux

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Ils l'ont dévêtu de la mer et par un chemin goudronné

affublé de honteuses roues

ils l'ont mené au cimetière.

 

Ils l'ont attaché  à la terre qui lui était si étrangère

éclaboussé d'un sang de rouille

l'orgueil de ses belles couleurs.

 

Il n'est pas mort il rêve encore

d'un herbage devenu varech 

ses flancs puissants fendent la terre

ses hélices labourent le bitume fondant en lourdes vagues noires

il s'en va gagner les eaux libres

droit en direction des abysses

vers la vraie tombe des bateaux.  

       Ariaga
 

04/09/2007

Anna Dyomène ferme le banc.

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Je croyais que nous avions définitivement quitté le banc des vacances dans la tête mais j'ai reçu d'Anna un commentaire si beau que je pense que c'est elle qui va clore la saison d'Eté du Laboratoire avec ce texte :

       " J'abandonne mon banc de sable pour venir sur ce banc de bois profiter des derniers rayons du soleil.

Encore un peu bancal, mon esprit refuse encore de voir l'été s'enfuir...et cherche un signe sur ce banc...un amour gravé de quelques initiales, des jours comptés dans la chair du bois comme des cicatrices sur le mur d'une prison...

Combien de jours nous séparent de  l'été passé? de l'automne à venir? de l'amour qui renaît ?

De ce banc je regarde le ciel et m'envole vers d'autres pensées...ce banc, c'est un tapis volant. " 

27/08/2007

Le chat de l'alchimiste

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Le chat de l'alchimiste ne connaît rien à l'or, philosophique ou non.

Le chat de l'alchimiste, repu et satisfait, tout contre la chaleur douce de l'athanor, médite longuement sur l'immobilité mais ses yeux entrouverts surveillent la cornue. Depuis bien des années, il attend que se casse, le verre qui retient, dans les reflets changeants de son rêve éveillé, des oiseaux fabuleux qui ne meurent jamais et des serpents qui tournent en se mordant la queue.

Le chat de l'alchimiste essaie d'approcher l'impossible infini du ronron silencieux.

       Ariaga
 

16/08/2007

Un rêve de mandala de C.G.JUNG

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   Comme à la " rentrée " nous allons souvent cheminer vers le Soi, pour vous donner un avant goût je vous propose un rêve essentiel de C. G. Jung qui lui fut donné en 1927, il avait donc cinquante deux ans.

   Depuis plusieurs années Jung esquissait, chaque matin, un petit dessin en forme de rond, baptisé par lui " mandala " qui lui semblait être une image de sa " situation intérieure ". Pendant ce travail, il se questionnait inlassablement sur le sens et le but de ce processus de l'inconscient. Ses dessins lui étaient, comme il l'écrit " livrés journellement "et il avait, intuitivement, l'impression qu'ils représentaient son " Soi  ', et, qu'avec le temps, il allait acquérir une idée plus précise de ce " Soi ". Il comprenait aussi, de plus en plus clairement, que dans ces dessins " tout convergeait vers un certain point : celui du milieu." L'expérience des mandalas s'acheva sur le long rêve de " Liverpool ". Je vais vous le résumer et si vous voulez en lire la version intégrale vous la trouverez à la page 230 de Ma vie (en poche).

   Jung se trouve, la nuit, avec des compagnons, dans une ville sale et noire de suie : Liverpool. les quartiers de la ville sont disposés en étoile autour d'une place, et chaque quartier est, lui aussi, construit en étoile autour d'un centre. au milieu de la place, se trouve un petit étang, au centre de l'étang un îlot, et sur l'îlot un arbre "inondé de fleurs rougeâtres.  Alors que toute la ville est sombre, l'îlot et l'arbre en fleur resplendissent dans la lumière du soleil. Les compagnons du rêveur-Jung ne voient pas l'arbre. il est transporté par la beauté de la scène et s'éveille avec le sentiment d'avoir acquis une précieuse connaissance. Dans cet univers sombre, où tout était déplaisant, ce lieu de l'" Ombre ", il avait eu une vision de la beauté de la Vie. il écrit :

   " Liverpool est the pool of life, l' "étang de la vie " ; car liver le foie est, selon une vieille conception, le siège de la vie. A l'expérience vivante de ce rêve s'associa en moi le sentiment de quelque chose de définitif. Je vis que le but y était exprimé. Le but c'est le centre : il faut en passer par là. Par ce rêve je compris que le Soi est un principe, un archétype de l'orientation du sens : c'est en cela que réside sa fonction salutaire ".  (Ma vie, p. 231).

   Ce songe lui procura un sentiment d'harmonie et de satisfaction, de symétrie aussi. il retrouva ce sentiment , qu'il cernera de mieux en mieux dans les rêves de mandalas de ses patients. En particulier dans la série de rêves de Psychologie et alchimie. Bien que, selon ses dires, il lui fallut une vingtaine d'années avant d'élaborer et de donner un cadre scientifique à ce qu'il avait vécu à cette période de sa vie, ce rêve lui procura, une réponse " claire et imagée " sur des questions essentielles qui le préoccupaient. Il cessa ensuite de dessiner et de peindre régulièrement des mandalas ayant, en quelque sorte, obtenu satisfaction.

   Si vous en ressentez le besoin, suivez l'exemple de Jung, dessinez des mandalas ou bien faites comme moi, recherchez les inscrits dans la nature comme celui de la photo ci dessus. Ce sont des objets de contemplation et de méditation, même s'ils ne sont pas bien " centrés "... 

       Ariaga.
 

 

27/07/2007

C. G. JUNG : accusation de désamour

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   Cela fait des années que je vis avec Carl Gustav Jung une espèce d'histoire d'amour imaginaire, avec les bons et les mauvais moments qui sont le lot de toute histoire de ce genre. Depuis le début de l'été, si on peut appeler cela un été là où je vis, il souffle un grand vent de liberté sur le banc des vacances imaginaires où je me suis établie avec quelques amis. Et la passion s'est un peu refroidie, j'ai pris quelques distances...
   Oubliés les complexes, les archétypes, le processus d'individuation, le Soi. Je ne me penche plus sur les eaux de l'étang. Je photographie, je poétise, je brûle de fièvre, je noue des liens, je navigue dans ma tête, je contemple mon nombril.
   Je peux vous dire que Carl Gustav, qui appréciait tant la compagnie féminine ( il y a de superbes femmes sur le banc ), et qui avait l'habitude d'être le premier parmi mes " amis intérieurs , n'est pas content du tout. Même un séduisant suricate a une meilleure place que lui .
   Il se voyait déjà, racontant ses expéditions spéléologiques devant un auditoire conquis. et moi couchée dans l'herbe à ses pieds. Déçu, jaloux, son légendaire mauvais caractère reprenant le dessus, il commence à me tourmenter sérieusement. Ses oeuvres, légèrement poussiéreuses, empilées sur mon bureau, s'écroulent en pleine nuit. Il apparaît dans mes rêves sous divers déguisements. Il en veut même à un autre de mes compagnons intérieur, le Vieil Alchimiste Murmureur, que j'ai dans une affreuse vision (eh oui! j'ai des "visions") vu brûler sur un bûcher.  
   J'ai beau tenter de négocier, lui dire qu'il est toujours mon grand amour, que c'est juste une petite fugue, il est intraitable. Il va falloir me résigner, nous résigner la joyeuse bande des compagnons du banc, et le laisser s'exprimer. Il veut nous raconter son héroïque voyage dans les visqueuses profondeurs de l'Inconscient. Comme s'il ne suffisait pas de lire Ma vie en livre de poche. On va le laisser donner sa version "banc", par épisodes avec je l'espère, quelques récréations. 
   Poussez vous donc un peu, attention mesdames, c'est un grand séducteur, et faisons bientôt place à Carl Gustav Jung.
       Ariaga.
 

24/07/2007

Une ancre dans la terre

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A force de voguer sur la mer des visions et imaginations, des rêves éveillés d'une route tracée jusqu'à la voie lactée, je crains que les fantasmes, nourriture quotidienne des allumés du banc, nous entraînent trop loin sur les flots incertains...

Pour pouvoir continuer nos si belles folies, se rire des maelströms, aller jusqu'aux délires, il fallait assurer, c'est pourquoi j'ai ancré,  solidement en terre, le banc de nos errances. La chaîne est invisible nous danserons dessus.

 

       Ariaga
 

02/07/2007

Partir en VACANCES dans sa tête

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     Regardez ce simple banc, propice à la méditation et à l'imagination car il a une vue sur " rien ", c'est à dire sur tous les possibles. Assise sur ce banc, en compagnie de mes amis intérieurs dont certains ont été présentés aux lecteurs de ce blog, j'ai pensé à tous ceux, dont je fais partie, qui, pour diverses raisons, ne partent jamais en vacances ; vacances au sens que l'on donne aujourd'hui à ce mot c'est à dire se déplacer vers un ailleurs où tout est censé être mieux qu'à la maison. J'ai songé à ceux qui manquent d'argent pour partir, à ceux qui sont derrière des barreaux, à ceux qui en sont physiquement incapables et à ceux qui s'en occupent à longueur d'année, à ceux qui n'ont plus le courage de sortir de chez eux, et tant d'autres...

     Il nous reste la plus grande des libertés, voyager dans notre tête : réfléchir, contempler une photo et y pénétrer en imagination, explorer l'intérieur de nous-mêmes, rêver sur quelques lignes de prose ou de poésie. Nos possibilités de projection sont illimitées. Si nous le voulons, nous possédons le moyen de transport existant le plus rapide pour visiter jusqu'aux galaxies. Alors, vous comprenez, ceux qui s'entassent sur les autoroutes pour aller vers "le soleil" ou qui s'envolent à destination de lointains pays ne seront jamais aussi rapides que nous. Et puis, il y a souvent des merveilles à quelques mètres ou quelques kilomètres et aussi des ravins, des sommets, des aventures, de l'amour, en nos territoires intérieurs tellement inexplorés.

     Aujourd'hui contentons nous, compagnons de voyage, de regarder longuement ce banc sur lequel se pose un rayon doré. L'herbe est usée par les pieds de ceux qui se sont assis là. Venez rêver à côté de moi, il y a de la place. Et si vous êtes nombreux, vous pourrez vous asseoir aux pieds du banc.  Pourquoi pas vous coucher et coller votre oreille contre la terre habillée de vert. Vous entendrez le murmure de la Nature et pourquoi pas la voix de mon ami intérieur, le vieil alchimiste qui a pour habitude de me chuchoter des choses insensées.

        Ariaga.
 

 

21/06/2007

C. G. Jung et la synchronicité

   Hier je vous ai dit que C. G. Jung suggérait que, en plus de la causalité, existe entre les événements un lien transversal de l'ordre du sens. Il lui donnait le nom de synchronicité. Cependant il attire l'attention de ses lecteurs sur le contresens que le terme de synchronicité pourrait provoquer. Il emploie le concept général de synchronicité dans un sens particulier tout a fait différent du " synchronisme "qui désigne tout simplement que des événements ont lieu en même temps.  La synchronicité, pour lui, caractérise une coïncidence dans le temps de deux ou plusieurs événements, sans lien de cause à effet, mais qui ont un sens identique ou analogue.
   Dans  Synchronicité et Paracelse on voit Jung pousser très loin son idée de synchronicité, jusqu'à la notion d'un "ordre général sans cause". Mais, peu avant sa mort, dans une lette datée de 1958 il pensait que ce genre de problème devait être "radicalement soustrait à toute spéculation philosophique" et que seule l'expérience pouvait aider à avancer. Je vous parlerai aussi, un de ces jours, de tous les échanges qu'il a eu à ce sujet avec l'un des plus grands physicien de son siècle, Wolfgang Pauli. 
  Les contradictions de Jung ne m'ont jamais dérangée mais je dois dire que là où j'ai trouvé le plus de "nourriture" pour méditer sur les notions de temps et de causalité, c'est  à la lecture de la plus plus ancienne et  "simple" définition que Jung donne de la synchronicité. On la trouve dans le Commentaire sur le Mystère de la Fleur d'Or (p. 114)
 
  " Une fréquentation de la psychologie des phénomènes inconscients m'a forcé, depuis un grand nombre d'années déjà, à me mettre à la recherche d'un autre principe d'explication, puisque le principe de causalité me paraissait insuffisant pour éclairer certains phénomènes remarquables de la psychologie inconsciente. Je découvris en effet, des phénomènes psychologiques parallèles entre lesquels il n'est absolument pas possible d'établir de relation causale, mais qui doivent être placés dans un autre ordre de connexions. Une telle connexion me parut consister essentiellement dans la simultanéité relative, d'où le nom de " synchronicité ". On dirait en effet, que le temps n'est rien moins qu'une abstraction, mais bien plutôt un continuum concret refermant des qualités ou des conditions fondamentales qui peuvent se manifester dans une relative simultanéité en différents endroits selon un parallélisme dénué d'explications causales : c'est le cas, par exemple de l'apparition simultanée de pensées, de symboles ou d'états psychiques identiques. "
 
  Ces simultanéités se produisent dans le domaine du rêve lorsqu'un rêve semble avoir une relation par le sens avec un événement de la vie extérieure. Une relation non pas linéaire mais " transversale ". Jung raconte souvent l'histoire d'une femme qui lui parlait d'un rêve avec un scarabée doré et pendant ce temps un scarabée se promenait sur la vitre. Et je repense à Clidre (Alexandre) qui nous a raconté comment il avait rêvé de poisson et rencontra ensuite le poisson ou son symbole avec une fréquence qui interpelle.
       Ariaga
 
 
 
  
 
  
 

20/06/2007

L'univers du rêve

   Dans les rêves, et surtout dans les séries de rêves, l'inconscient ne se soucie pas de notre perception du temps ou de notre idée de la causalité ; le temps, et l'enchaînement logique des événements dont nous avons l'habitude sont en quelque sorte "disloqués". Dans les séries de rêves, des symboles et des schèmas généraux de construction apparaissent mais ils racontent aussi une "histoire". Parfois, la chronologie est respectée, plus souvent elle se perd ou le niveau de l'histoire apparente masque un niveau plus essentiel. Notre nature nous pousse à voir une suite  dans les temps des rêves  puisqu'ils nous parviennent l'un après l'autre. Or, pour Jung, ce n'est pas une évidence . On trouve (à la p.22, 23) de Sur l'interprétation des rêves la citation suivante :

   "Il n'est pas démontré que la suite réelle d'un premier rêve ne parvienne qu'ultérieurement à la conscience. La série qui nous paraît chronologique n'est pas la véritable série. Un nouveau thème peut très bien apparaître dans un rêve, avant de disparaître pour céder de nouveau la place à un thème antérieur. La véritable configuration du rêve est radiale : les rêves rayonnent à partir d'un centre, et ne viennent qu'ensuite se soumettre à l'influence de notre perception du temps. Les rêves se subordonnent en réalité à un noyau central de signification."

   A la suite de ce texte que je trouve tout à fait " fracassant " et qui demande à être lu et relu, Jung avait mis le simple schéma (que je n'ai pas réussi à reproduire sur le blog) d'un petit cercle entouré de huit fléches allant vers les points cardinaux.

   Cette vision "radiale" de la chronologie onirique s'accompagne aussi chez Jung d'une réflexion sur la causalité liée à la fois aux rêves et aux événements de la vie courante. Il lui apparaît que, dans certains cas, quand l'inconscient est particulièrement activé et le sujet très réceptif, on est conduit à postuler un facteur irréductible "par nature " à la causalité. Il faudrait alors admettre, écrit-il, dans Synchronicité et Paracelsica, (p.29) :

   "Que les événements en général sont associés soit directement en chaînes causales soit, le cas échéant, par une sorte de lien transversal, de l'ordre du sens."

   A cette coïncidence d'événements, reliés par hasard entre eux d'une manière significative, Jung a donné le nom de "synchronicité".
  Je vous en parlerai demain, ce sera une première approche mais vous pouvez trouver des renseignements détaillés sur des sites spécialisés consacrés à Jung (vous en avez dans mes liens).

       Ariaga
 

31/05/2007

Avertissement aux rêveurs et alchimistes

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Sortir de la nuit de plomb pour prendre la route du rêve

la route du retour vers le centre

là  où brille la fleur d'or et de lumière

seul l'homme prudent aux mains grandes ouvertes peut tenter le passage

par l'eau et le feu destructeurs des formes 

et sculpteurs de la nouvelle naissance.

     Ariaga 

28/05/2007

Nature oubliée, rêve et Totalité

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   La nature est souvent oubliée par une civilisation qui a fait de de l'explication et de la domestication de cette nature  un nouveau mode de relations. Mais l' "Esprit de la Nature", comme le disaient les alchimistes, est puissant et sa voix se fait souvent entendre dans les rêves, et surtout les séries de rêves qui peuvent devenir un véritable enseignement. 

C'est la Nature, et C. G. Jung l'avait bien compris au moment où il dit son grand Oui à la Vie, ce Oui, pour lequel je plaide souvent, c'est la nature donc, qui représente la Totalité à laquelle beaucoup aspirent. La seule totalité qui nous soit accessible  ici et maintenant. Elle est une représentation de cette Totalité qui nous échappe parce que la partie ne peut comprendre la tout. La goutte d'eau est la mer mais elle ne le sait pas. Cette re-présentation s'observe partout, de l'agencement cosmique à celui de notre corps et jusqu'à chacune de nos cellules  ; on la voit aussi à l'oeuvre dans le merveilleux processus de la formation du vivant, que ce soit un cristal ou un nouveau né. 

   Ce sont justement les rêves, dont émergent si souvent des images de cette nature oubliée, qui nous montrent, sous le niveau conscient la persistance mémorielle d'une nature à laquelle nous appartenons par notre corps, notre incarnation. Au niveau de la psyché on peut voir aussi fonctionner des lois régulant de façon harmonieuse le fonctionnement de l'ensemble. La régulation s'effectue par une espèce de système "homéostatique" de relations entre les polarités opposées et la fonction compensatoire entre le conscient et l'inconscient. Si on y ajoute la coopération entre ces mêmes conscient et inconscient, on parvient à une harmonisation semblable à celle qui se produit entre les différents organes et flux du corps. De là à dire qu'il n'y a aucune différence fondamentale entre la matière et la psyché... est-ce que Jung aurait franchi le pas ?

   Bien, je me lâche un peu et vous n'êtes pas obligés de me suivre mais je suis persuadée que nous formons des unités de la Vie, en relation avec d'autres unités de vies, contenant des aspects physiques, psychiques et spirituels. Je pense aussi que ces aspects se manifestent tous dans les rêves de ceux qui prêtent attention (avec prudence, vous l'avez vu dans la contribution d'Arianil) aux vagues oniriques affleurant sans cesse à la limite de leur conscience.

   A ces dimensions observables qui offrent une possibilité de représentation de la totalité humaine il faut ajouter une dimension transcendante et irreprésentable de la Totalité : un "sens éternel inconnaissable", comme le disait Jung. Au sujet de cet inconnu on ne peut rien dire, seulement s'ouvrir.

     Ariaga 

 

 

 

25/05/2007

ARIANIL : Rêves et spiritualité

Pour la plupart des lecteurs qui fréquentent le Laboratoire du Rêve et de L'Alchimie Spirituelle il n'est pas nécessaire de présenter le blog " L'Atlantide " d'Arianil. C'est un blog d'une grande qualité intellectuelle et spirituelle. Je laisse aujourd'hui la place à Arianil pour vous proposer un texte sur un sujet qui m'est cher : les rêves et la spiritualité.

                                               Rêves et spiritualité

      Mes rêves ordinaires sont plus souvent gris que fortement colorés. Le manque de lumière exprime sans doute la faible conscience et la confusion d'esprit du rêveur. Ces rêves sont aussi plus mélangés d'inquiétude et de sentiments neutres que franchement positifs. Il me souvient pourtant qu'à l'époque où je notais mes rêves dès le réveil (un calepin et un crayon toujours à portée de main sur le chevet), la remémoration régulière suivie de l'interprétation "jungienne" après rédaction des aventures oniriques avait aiguisé cette conscience de rêve et favorisé des scènes plus claires et plus colorées.

      Je dois cependant avouer que cette "embellie" s'accompagnait de phénomènes non souhaités, à savoir des "sorties" du corps physique dans certaines phases de réveil, au petit matin. Cette "projection astrale/éthérique" (pour employer le langage théosophique) était incomplète et n'avait pas le charme des récits des voyageurs de l'astral, mais suscitait une peur profonde face aux vibrations qui ébranlaient dans ces instants le corps de la tête aux reins.

      Il m'est également arrivé de me réveiller après m'être battu contre une présence qui rôdait près du corps. La sensation d'une entité parasite n'avait rien à voir avec les monstres que l'on peut rencontrer dans un cauchemar classique, car la chose était perçue dans cet état de conscience intermédiaire, où l'on retrouve la lucidité de l'état de veille tout en étant encore "endormi". Un "Vade retro satanas" (qui me ferait rire hors contexte) fut mentalement prononcé pour accompagner la secousse d'énergie que je projetai afin de chasser l'entité. Autant dire qu'au réveil, je n'étais pas très rassuré.

     On comprendra donc que je sois réservé sur certaines méthodes "psy" qui peuvent ouvrir des portes que les thérapeutes occidentaux ne sont pas forcément à même de refermer, leur formation matérialiste agnostique les laissant démunis devant les dégâts de "l'au-delà". À ce sujet, la liste des suicidés parmi les patients et les disciples de Freud est assez conséquente pour justifier une certaine prudence à l'égard de pratiques dignes d'apprentis-sorciers. Freud écrivit à Jung : " Je suis frappé de ce qu'en fait nous consommons beaucoup de personnes. "

     L'interprétation des rêves est un art et non une science ; elle nécessite un état d'âme "purifié" pour distinguer les symboles spirituels venus du Surconscient des images protéiformes de l'inconscient classique que je nommerais volontiers le sous ou l'infra-conscient. Quoi qu'il en soit, les rêves nous fascinent par les énigmes qu'ils semblent nous poser, mais aussi par les plaisirs que certains peuvent nous procurer :
 
1) les rêves physiques : plaisir de voler, de courir, de sauter, de skier, de jouer au foot...
plaisir sexuel aussi. Une bonne manière pour un sportif de s'entraîner tout en dormant !
Ces rêves sont fragiles car ils peuvent virer de l'aisance à l'échec, comme ce rêve où la lévitation ne fonctionne plus quand justement un ennemi est en bas, juste au moment où l'on se dit "et si je ne pouvais plus léviter ?" Le rêveur prend plaisir à se faire peur, à tester l'hypothèse du pire, comme dans ces manèges forains ou l'on paye pour jouir de ses frayeurs, quand l'adrénaline devient une drogue.

2) rêves de gain : on trouve un trésor. Lié au plaisir des chercheurs d'or, des archéologues aventuriers (Indiana Jones !) qui tombent sur une relique, un tombeau. Tout ce qui touche à la découverte du trésor enfoui. Rêve aussi de trouver de l'argent et nécessité de le ramasser au plus vite avant de partir, en emporter le plus possible (imaginez les braqueurs vidant le coffre d'une banque). En rapport avec la nostalgie de l'énergie en abondance. Accéder à la richesse, c'est accéder à l'énergie de l'amour. Ésotériquement, c'est aussi la nostalgie de pouvoirs perdus.

3) rêves sentimentaux : le cœur vibre, amour platonique ou du moins tendre, pas sexuel mais sexué. La simple présence de l'autre est une réjouissance. Pour un homme, l'anima en filigrane.

4) rêves artistiques, grandes visions colorées, superbes paysages, mais aussi rêves musicaux : on entend clairement, comme éveillé, de la musique, un chant dans la tête ; quelque chose de beau, d'angélique, comme un chœur des Passions de J.S. Bach ou du Messie d'Haendel. Ne pas confondre pour autant ces rêves avec un songe spirituellement inspiré, il s'agit seulement d'une récréation dans l'astral supérieur.

5) rêves mystiques : évènements dont on perçoit pendant le rêve même la puissance symbolique : on sait que c'est extraordinaire. Sentiment bénéfique au réveil. Là encore, le rêve est plus ou moins pur, la conscience n'accède que pendant un court instant à une réalité radicalement autre, que la pensée habille de guenilles d'images plus conventionnelles. Ce sont ces images symboliques dont nous nous souvenons.

    Dans la vie "éveillée", nous connaissons des moments ordinaires, comme les rêves gris, puis des moments plus denses, dans la joie, l'extase ou la peur et la colère. Les rêves sont-ils une façon d'acquérir de manière virtuelle l'expérience émotionnelle que l'on n'a pas le temps ni l'occasion d'expérimenter en vrai ?

    Si le chercheur de vérité accroît la lucidité de la conscience sans la lumière de l'amour ou le bouclier de la foi, il risque la folie ou le désespoir suicidaire après de longues périodes d'angoisse. Il a perçu que le monde est dans l'illusion, il veut bien tenter de sortir de cette mascarade mais il se retrouve aux frontières du néant et de l'absurde. Sans la protection du Cœur céleste, le chevalier ne peut terrasser le dragon. Certaines peurs concrètes sont salutaires (instinct de survie) mais souvent, le plus souvent, c'est l'illusion qu'il faut traverser. Traverser sa peur comme un voile de brume que l'on déchire.
    En ce sens, le rêve est un terrain d'entraînement de la conscience livrée au seul corps émotionnel (le corps mental/rationnel est dissocié dans le rêve ordinaire).

    Ce que j'ai appris de mes cauchemars et de chaque épreuve vécue, c'est que face aux ténèbres, je dois me souvenir de ma lumière initiale. Intérêt de garder l'enfance en soi, comme un sanctuaire où brûle le foyer primordial, la Source. Sans oublier que la nuit est aussi une amie, que les ténèbres peuvent être fécondes et protectrices (archétype de la caverne, de la matrice). En conclusion, je citerais l'avertissement de René Guénon dans Le Règne de la Quatntité et les Signes des Temps :

« Nous avons eu ailleurs l'occasion de signaler le symbolisme initiatique d'une "navigation" s'accomplissant à travers l'Océan qui représente le domaine psychique, et qu'il s'agit de franchir, en évitant tous ses dangers, pour parvenir au but ; mais que dire de celui qui se jetterait en plein milieu de cet Océan et n'aurait d'autre aspiration que de s'y noyer ? C'est là très exactement, ce que signifie cette soi-disant "fusion" avec une "conscience cosmique" qui n'est en réalité rien d'autre que l'ensemble confus et indistinct de toutes les influences psychiques, lesquelles, quoi que certains puissent s'imaginer, n'ont certes absolument rien de commun avec les influences spirituelles [.../...]. Ceux qui commettent cette fatale méprise oublient ou ignorent tout simplement la distinction des "Eaux supérieures" et des "Eaux inférieures" ; au lieu de s'élever vers l'Océan d'en haut, ils s'enfoncent dans les abîmes de l'Océan d'en bas ; au lieu de concentrer toutes leurs puissances pour les diriger vers le monde informel, qui seul peut être dit "spirituel", ils les dispersent dans la diversité indéfiniment changeante et fuyante des formes de la manifestation subtile [.../...] sans se douter que ce qu'ils prennent pour une plénitude de "vie" n'est effectivement que le royaume de la mort et de la dissolution sans retour."

  

                      Arianil