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24/01/2012

Jung, Nietzsche et la maladie

 

 

Lions ayant le mal de mer.jpg

Suite des deux notes précédentes.

Il existe, chez Nietzsche et chez Jung, une attitude à la fois semblable et différente vis-à vis de ce qu'ils appellent les "états valétudinaires ", pour faire simple la maladie. Nietzsche a principalement développé le sujet dans Ecce homo et dans sa correspondance et Jung dans Ma vie et aussi dans sa correspondance.

 Pour Nietzsche, le corps constitue un lieu d'élaboration où l'excès de santé, mais aussi la maladie, sont des stimulants de la création. La maladie lui était , en quelque sorte, indispensable et ses lettres recèlent un impressionnant catalogue de ses maux. C'était un refuge qui lui  permettait  d'échapper au quotidien et d'excuser certains comportements. Mais elle était aussi un moyen de ralentir l'excès de feu sous l'athanor, les dépenses d'énergie excessives qui empêchent l'évolution des forces créatrices.On se retrouve ici dans les perspectives alchimiques de la voie sèche et de la voie humide. Il me semble que ce passage de Ecce homo (p.56) le montre bien :

"La clarté et la belle humeur parfaite, voire l'exubérance de l'esprit que reflète l'oeuvre susmentionnée (il s'agissait du Voyageur et son ombre) se concilient chez moi, non seulement avec le plus profond affaiblissement physiologique, mais même avec un excès de souffrances. Au milieu même des tortures qu'inflige un mal de tête ininterrompu de trois jours, accompagné de pénibles vomissements de pituite, je bénéficiais d'une clarté de dialecticien par excellence et je méditais à fond de sang froid des questions pour lesquelles, dans des circonstances meilleures, je ne suis pas assez escaladeur, pas assez raffiné, pas assez froid.

  Il semblerait que chez des êtres comme Nietzsche, la recherche du sens et du dire de ce sens, mette la chair à l'épreuve comme si c'était au sein de cette "passion" que, comme dans le creuset des alchimistes, se produisait la "cuisson lente". 

Jung  est un peu de la même famille. Son enfance à été vécue sous le signe d'une relation très ambiguë avec des maladies réelles ou psychosomatiques. 

Pendant la petite enfance, une longue “absence” de sa mère provoque un eczéma généralisé. Un peu plus tard, il y a culbute dans un escalier, heurt violent contre le bord d’un poêle. Il manque tomber dans le Rhin du haut d’un pont ; à cela il faut ajouter des angoisses nocturnes. C’est à l’âge de douze ans qu’il fait, ce qu’il appelle lui-même dans Ma vie, une névrose. Il est renversé par un camarade et sa tête heurte le trottoir. Il anticipe la violence du choc et une pensée fulgure : “maintenant tu ne seras plus obligé d’aller à l’école !” Cette pensée est tombée dans l’inconscient, mais une somatisation s’est produite : chaque fois qu’il doit travailler, ou aller en classe, il tombe en syncope. Suit une période heureuse, pendant laquelle il est libre de faire tout ce qui lui plaît. Il faut une réflexion de son père, entendue par hasard, sur la lourde charge que va représenter un enfant handicapé, pour le tirer de cet état. Les crises disparaissent et il se rend compte que c’était lui qui avait “monté cette honteuse histoire”. Il devient, par la suite très consciencieux et très travailleur.
Ce comportement de fuite devant la vie ordinaire, cette manière de chercher refuge dans la maladie se retrouva alors qu'il avait près de soixante dix ans quand, à la suite d'une grave maladie qui l'avait plongé dans une espèce de coma rempli de visions, il mit trois semaines avant de se décider à retourner vers la réalité quotidienne. C'est l'instinct de vie et la nécessité de transmettre son expérience qui lui permirent d'émerger. De ces moments d'enseignements puisés dans un état proche de la mort, il revint avec de nouvelles forces et c'est après cette maladie que son travail et la puissance de sa pensée se révélèrent les plus fertiles. Il écrit dans une lettre de 1944 :

"En fin de compte, cette  maladie a été pour moi une expérience extrêmement précieuse, elle m'a donné l'occasion extrêmement rare de jeter un oeil derrière le voile. ".

 La maladie, probablement parce que elle diminue les défenses du conscient et relativise l'importance de problèmes souvent liés à l'image que l'on souhaite présenter à la société, peut donc, ainsi que l'ont ressenti et pensé Nietzsche et Jung, être un facteur de progression. Je nuance cette pensée, car il est des êtres qui souffrent tellement que je ne vois pas comment leurs souffrances seraient  positives. La maladie peut aussi, comme le montre le destin final de Nietzsche, être destructrice. Jung s'est penché, car cela le touchait personnellement, sur cette destruction dont il a tenté l'analyse. Ce sera, pour la prochaine note, l'analyse du cas Nietzsche par Jung.

 Ariaga

 À suivre bientôt.

Vous pourrez trouver sur mon autre blog une petite citation dont le titre est : La Torah est une braise.

21/01/2012

Peur et curiosité de Jung envers Nietzsche

Lutte du noir et blanc.jpg

 

La curiosité  de Jung au sujet de la philosophie et des philosophes s'était éveillée dès son adolescence mais s'il appréciait chez Schopenhauer le thème de la souffrance du monde et la manière de présenter les problèmes il n'aimait pas sa façon de les résoudre. Il trouva chez Kant une théorie de la connaissance mais détesta Hégel et son langage "pénible et prétentieux". Sa curiosité s'éveilla envers d'autre philosophes, en particulier les présocratiques, mais c'est seulement avec Nietzsche que se construisit une forme de relation passionnelle, parfois inconsciente, une sorte d'attraction-répulsion qui exerça une grande influence sur l'édification de sa pensée. Son intérêt pour Nietzsche ne se démentit jamais, et il consacra un séminaire au Zarathoustra entre 1934 et 1938.

   Que ce soit pour l'édification de son oeuvre, de son outillage conceptuel, dans son attitude vis-à-vis de l'existence, l'imprégnation nietzscheenne me semble évidente chez Jung. Une des manifestation la plus visible de cette filiation est leur goût commun pour le paradoxe. Cette manière de penser, pour laquelle j'ai beaucoup de sympathie, les conduit parfois à énoncer une idée ou à défendre, en apparence, une thèse pour en montrer, en même temps ou ultérieurement, la fausseté. Pour l'un comme pour l'autre, il n'y a pas de vérité absolue, de lumière sans ombre, et toute chose contient son contraire. C'est cet esprit paradoxal qui incite leurs détracteurs à leur faire le commun reproche d'obscurité et de confusion.  

    La relation Jung-Nietzsche commence d'une manière assez négative. Le premier contact se situe au début de ses années universitaires. On le voit alors bien installé dans sa personnalité numéro 1, celle qui privilégie la vie conscient et sociale. Il est peu disposé à recevoir des stimulations intellectuelles propres à réveiller l' "Autre ", ce numéro 2 qui le suivait autrefois comme une ombre et qui est maintenant relégué à l'arrière plan.

    Nietzsche avait terminé le Zarathoustra en 1885, alors que Jung était âgé d'une dizaine d'années. La rumeur, dans le milieu universitaire, en faisait un personnage peu sympathique sur lequel on colportait des anecdotes concernant plus la personne que les idées. Il était violemment contesté par les étudiants "compétents" en philosophie, et très mal vu par des professeurs qui, le plus souvent ne l'avaient même pas lu, ou très partiellement. Le fait d'entendre parler d'un philosophe aussi rejeté par ses semblables aurait du attirer le jeune Jung mais, dit-il, "j'hésitais à le lire, m'y sentant insuffisamment préparé". 

   L'explication la plus vraisemblable de la méfiance de Jung envers Nietzsche doit avoir son origine dans le regard lucide qu'il posait déjà sur sa propre fragilité psychique. Il devait être conscient que la présence en lui de deux personnalités représentait une menace de dissociation et de schizophrénie. L'impression d'angoisse concernant le sentiment de secrète parenté qu'il ressentait avec Nietzsche est ainsi exprimée dans Ma vie (p. 136) :

"J'avais  comme une angoisse secrète de lui ressembler au moins quant au "secret" qui l'isolait dans son milieu. Peut-être  -qui sait ? -avait-il eu des aventures intérieures, des visions dont par malheur il aurait voulu parler, mais qui n'avaient malheureusement été comprises de personne. Évidemment c'était un être hors série ou du moins qui passait pour tel, pour un lusus naturae, un jeu de la nature, ce que je ne voulais être à aucun prix. J'avais peur de découvrir que moi aussi j'étais comme Nietzsche, "un être à part". 

 Il avait aussi un sentiment de petitesse envers quelqu'un d'aussi cultivé, et qui avait atteint de "vertigineuses hauteurs". Cela ne faisait que conforter son idée que les "excentricités" permises à ce personnage extraordinaire lui étaient interdites mais, après un temps de résistance, intervint un phénomène moteur de de vie de Jung, " l'intense curiosité " à laquelle il ne sut jamais résister. Ses craintes furent balayées et il se "décida à lire".

Il commença par les Considérations inactuelles et fut passionné par un ouvrage qui mettait la vie au dessus de la pensée, et la personne au dessus de la doctrine. “Emporté d’enthousiasme”, il lut ensuite Ainsi parlait Zarathoustra. Cette lecture provoqua chez lui un véritable choc. Il écrit :
Ce fut comme pour le Faust de Goethe, une des plus fortes impressions que je reçus. Zarathoustra était le Faust de Nietzsche, et mon côté numéro 2 était mon Zarathoustra - naturellement compte tenu de la distance qui sépare une taupinière du Mont Blanc.”
 
    Une telle impression ne peut que laisser des traces, même si elles ne sont pas conscientes. J'irai jusqu’à suggérer que la force de l’émotion occasionnée par Nietzsche à cette époque, et le refus de se laisser aller à une dangereuse fascination, provoquerent en lui un refoulement très freudien. En effet, dans le cas de Jung, après le choc intervenait toujours la réflexion et la recherche du sens. L’interrogation ne pouvait donc  manquer de survenir. Il était persuadé du côté morbide du personnage de Zarathoustra. Son numéro 2 l’était-il aussi ? Son génie aurait du suggérer à Nietzsche que “quelque-chose allait de travers” or, “jouant les funambules il avait fini par tomber en dehors de lui-même” . C’est ainsi qu’il était devenu un “possédé”, un homme que la société rejetait.

Tout cela fait horreur au numéro 1, celui-là qui avait décidé de réussir sa vie extérieure. L’”empirisme” l’emporte, il refuse l’”irréalité” de Nietzsche et, consciemment, rompt pour longtemps avec le Zarathoustra . On peut lire dans Ma vie :
“Le Faust m’avait ouvert une porte, le Zarathoustra m’en ferma violemment une autre, et pour longtemps. Il en fut de moi comme du vieux paysan dont deux vaches, par sorcellerie, avaient eu l’encolure prise dans le même licou et à qui son jeune fils demandait comment chose pareille était possible. Et il répondit : “Henri, de ces choses on ne parle pas !”
   
    L’influence du Zarathoustra devient, à partir de cette époque, un courant souterrain, qui ne resurgira vraiment qu’au moment des Sept Sermons aux Morts  ; même si, au cours de la première version de Métamorphoses et symboles de la libido, antérieure aux Sept Sermons, il est souvent fait allusion, d’une manière “culturelle” mais non philosophique, à Nietzsche, à ses poèmes et à Ecce homo.

Les Sept Semons aux morts est une oeuvre qui me fascine depuis longtemps mais je les laisserai de côté, dans cette suite de notes, car je voudrais leur consacrer, un jour, une série particulière.

À bientôt la suite.

Ariaga

 Pour ceux qui seraient en manque de poésie vous trouverez sur l'autre blog un poème intitulé Fréquences.

 


   

 


 

18/01/2012

Les Jung numéro 1 et 2

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Je ne peux pas commencer ma petite série sur les relations entre  C.G.JUNG et F. NIETZSCHE sans revenir sur certaines idées que j'ai déja développées il y a quelques années sur ce blog ; idées qui  sont nécessaires à la compréhension de l'étrange fascinantion-répulsion que Jung éprouva envers Nietzsche. Il est possible que certains lecteuers anciens trouvent que je me répète ... qu'ils me pardonnent !

Je vais aujourd'hui vous parler de la double personnalité de Jung.

Jung s'était aperçu, dès les premières années de sa vie, sans avoir aucune notion de psychologie ou de philosophie, de la présence en lui d'une seconde personnalité. Par exemple, encore enfant, il se demandait, après un rêve très impressionnant : "qui parle en moi". Il dénomme dans son autobiographie Ma vie ces deux pôles de son être "n°1" et "n°2". Il les décrit ainsi  (Ma vie,p. 65) :

"L'un était le fils de ses parents ; celui-là allait au collège, était moins intelligent, moins appliqué, moins convenable et moins propre que beaucoup d'autres ;  l'autre, au contraire, était un adulte ; il était vieux, sceptique, méfiant et loin du monde des humains. mais il était en contact avec la nature, face à la terre, au soleil à la lune, aux intempéries, aux créatures vivantes et surtout à la nuit, aux rêves et à tout ce que "Dieu" pouvait évoquer immédiatement en moi."

 

    Parallèlement à son moi humain bien différencié, le jeune Jung avait le bouleversant et intraduisible pressentiment de l'existence d'un "autre", en relation avec une dimension plus vaste. Non seulement l'"autre" n'avait pas perdu, comme c'est souvent le cas pour l'homme contemporain, une intime relation avec la Nature, mais il connaissait, je pourrais presque dire ressentait, Dieu comme un mystère secret et personnel. Il avait le sentiment d'une participation à quelque chose qui n'était pas lui (Ma vie, p.87) :

 

"Un peu comme si j'avais été touché par un souffle venu de l'univers astral et des espaces infinis ou comme si un esprit invisible était entré dans la chambre ; un esprit disparu depuis longtemps mais qui serait continuellement présent dans l'intemporel et jusque dans un lointain avenir. Les péripéties de ce genre étaient entourées du halo d'un numen." 

 

     L'"autre monde" auquel il eut accès très jeune par l'intermédiaire des rêves était celui d'un inconscient devenu perceptible à un âge où il n'est généralement pas activé. Cela explique certains comportements névrotiques et les nombreuses hésitation de Jung pendant son enfance et son adolescence. Les dialogues avec son autre intérieur le laissaient souvent déstabilisé, en particulier au moment de choisir une orientation pour ses études car, en lui, le numéro 1 et le numéro deux, qui avaient des goûts très différents poursuivaient leur lutte pour la domination. 

 

   Jung finit par se décider à étudier la médecine. Demeurait le problème d'une image intérieure difficile à assumer  car, comme dans son enfance, deux images s'affrontaient en lui. Son aspect n°1 se présente, selon ses dires, comme un jeune homme assez antipathique, ambitieux, peu doué, instable et aux manières douteuses. L'aspect n°2 considère le n°1 comme une charge ingrate, alourdie par une quantité de défauts dont les plus graves sont le manque de compréhension et d'ordre, en particulier en ce qui concerne la philosophie et la religion. Ce n°2 n'est pas vraiment un "caractère" mais plutôt une sorte de "vision totale", et dépourvue d'indulgence, de la nature humaine. Cette vision voudrait s'exprimer mais elle répugne à le faire par l'intermédiaire "épais et obscur" du n°1.

 

   Arrivé à la fin de ses études secondaires Jung se trouve psychologiquement dans une situation critique qu'il décrit ainsi : "Quand le numéro  2 prédominait, le numéro 1 était enfermé en lui et suspendu ; inversement le numéro 1 considérait l'autre comme un royaume intérieur obscur." Il frôle le précipice d'une dangereuse dissociation de la personnalité quand, quelques mois après, il fait un rêve "inoubliable "et salvateur (ma vie, p.110):

 

"C'était la nuit, à un endroit inconnu. Je n'avançais qu'avec peine contre un vent puissant soufflant en tempête. en outre il régnait un épais brouillard. Je tenais et protégeais  de mes deux mains une petite lumière qui menaçait à tout instant de s'éteindre. Or il fallait à tout prix que je maintienne cette petite flamme : tout en dépendait. Soudain j'eus le sentiment d'être suivi ; je regardais en arrière et perçus une gigantesque forme noire derrière moi. Mais, au même moment, j'avais conscience que - malgré ma terreur - sans me soucier de tous les dangers, je devais sauver ma petite flamme à travers nuit et tempête."

 

 Ce rêve fut déterminant car il lui trouva un sens qui le guida jusqu'aux débuts de l'âge mûr. Il facilita son insertion dans la société et augmenta sa capacité de décision. Il comprit que sa personnalité n°1 portait la lumière et que la n°2 la suivait comme une ombre. La petite flamme, c'était sa conscience, l'unique et le plus précieux trésor en sa possession. Sa mission, à cette période de sa vie, était de de conserver cette flamme, si petite et si fragile par rapport aux puissances de l'ombre. Il lui fallait aller dans le monde de la surface, un monde qui ne veut rien savoir des secrets insondables des profondeurs, et s'y consacrer aux tâches quotidiennes. Cela représentait un lourd sacrifice pour ce jeune homme d'un caractère introverti qui se voyait contraint d'aller vers l'extérieur.  

 

   Jung choisit donc d'écarter sa personnalité numéro 2. Cependant, preuve que son cheminement était déjà amorcé, c'est avec une belle maturité qu'il comprit que renier complètement ce côté serait une "automutilation".  Le n°2 devint flou, mais il s'installa définitivement à l'arrière plan de sa vie.

 

Il est bien possible que certains d'entre vous se retrouvent plus ou moins dans la manifestation de cette double personnalité chez Jung.

 

         Ariaga

À très bientot la suite.
 

 

 
 

 

 

 

15/01/2012

Quoi de neuf au Laboratoire?

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En ce début d'année, j'ai envie de vous donner des nouvelles du Laboratoire du Rêve et de l'Alchimie Spirituelle.

La fréquentation est plus que satisfaisante avec un fait marquant : De nouveaux "chercheurs" ont pris leurs habitudes ici, en particulier ceux qui n'ont pas eux mêmes de blog et ont trouvé un lieu où poser leurs mots.

Les commentaires sont amicaux, tendres, amusants, interpellant, pertinents et j'en passe ... Ils font beaucoup pour la vie du blog et sachez qu'ils me ravissent souvent, même si je ne peux pas toujours répondre à chacun.

Les liens sont nombreux et variés mais j'ai parfois du mal à les visiter tous régulièrement. Ma santé est variable, le temps n'est pas élastique et je dois en garder pour mes recherches sur Jung et l'alchimie et pas mal d'autres sujets. Il y a aussi la Vie qui passe à toute vitesse et que je veux encore un peu regarder dans les yeux.

Pour le contenu du blog, j'ai été très stimulée ces derniers temps par la qualité de blogs amis. Je dois un peu redresser la barre pour ne pas perdre de vue l'horizon. Je sais que beaucoup d'entre vous aiment les petits poèmes, les questions courtes, les pensées, bref ce qui se lit et s'assimile d'un simple coup d'oeil. Moi aussi j'aime cela mais, pour un petit moment,  je vais les décevoir en poursuivant le travail sur Jung et Nietzsche. Ce sera une suite de notes assez rapprochées, pour ne pas perdre le fil, avec des rappels de notes plus anciennes. Pour ceux qui ne seraient pas intéressés, je comprendrai que vous passiez votre chemin pendant quelque temps. Mais, même si vous n'avez pas envie de lire vous pouvez venir dire bonjour, cela me fera chaud au coeur.

À très bientôt

Ariaga

Vous pouvez lire sur mon autre blog un poème intitulé : L'inexprimable ami.

 

08/01/2012

Rire !

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Pourquoi ne pas commencer l'année qui commence sous le signe du rire ? Ou plutôt des rires ...

Le rire roucoulant, cascadant vers l'amour.

Le rire du philosophe se laissant chatouiller par le comique de l'absurde.

Le rire gras, salissant.

écriture,poésie,humour,philosophie,photos,amour,enfantsLe rire à gorge déployée, instrument d'une inimitable musique.

Le rire toussotant, retenu par des élastiques, qui se veut "distingué".

Le rire destructeur qui plante ses crochets au venin mortel dans la vie d'une victime fascinée.

Le rire qui grelotte, tremblotant de la glotte.

Le rire antique, traversant les siècles par la bouche des masques.

Le rire qui s'empare du corps jusqu'à la miction.

écriture,poésie,humour,philosophie,photos,amour,enfants

 Le rire nu qui monte jusqu'au regard des enfants

    Et tous les autres auxquels je n'ai pas pensé ...

Ariaga

 

Vous pouvez lire sur mon autre blog un texte intitulé Jung enfant dialogue avec Dieu.

Et sur le blog de Jean Bissur un texte d'une grande clarté sur la notion de synchronicité chez Jung.

30/12/2011

Voeux alchimiques

LAUREvoeux.JPG

Illustration ÉPHÊME

Pour la nouvelle année, mon cadeau sera cette belle peinture d'un habitué du Laboratoire.

En cette période où le monde semble en pleine mutation, où l'agitation et la surconsommation des fêtes laissent peu de place à l'alchimie spirituelle, peut être certains d'entre vous auront-ils envie de godiller vers la grotte où se réunissent quelques inspirateurs du Laboratoire. Le parcours est charmant et plein de surprises. Passant par cette porte étroite où ils pourront se glisser avec leur barque ils trouveront entre autres, le vieil alchimiste qui parle à l'oreille de mon cœur, le cher Carl Gustav, les poètes voyants, les explorateurs de vies et les nombreux "artistes" qui accomplissent modestement l'Oeuvre. Je souhaite un bon voyage à tous ceux qui se rendront dans ce lieu de méditation que l'on peut atteindre en empruntant un transport gratuit : l'imagination. Pour d'autres qui n'aimeraient pas les grottes, je leur propose d'aller s'asseoir sous l'Arbre des Philosophes. C'est un peu escarpé pour y parvenir mais ils seront récompensés !

Loin des ripailles, accessible à tous, voilà ce que je vous suggère pour la nouvelle année 2012. Même si cela ne dure que quelques minutes, vous en retirerez de la joie. Et que cela ne vous empêche pas de réveillonner, si vous en avez la possibilité, mais votre cœur sera plus léger car, par votre méditation, vous aurez fait un cadeau à ceux qui qui n'ont rien, ou si peu ...

Je vous embrasse tous amis connus et inconnus.

Ariaga

11/12/2011

L'influence de Nietzsche sur Jung

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Quelqu'un frappe en ce moment très fort à l'oreille de mon coeur. Il s'agit du cher Carl Gustav Jung qui trouve que je ne parle pas beaucoup de lui en ce moment. Je vais ouvrir la porte, même si en ces périodes de pré-fêtes la note, un peu longue, risque d'être zappée par beaucoup de lecteurs pressés.

En lisant le Livre Rouge, et en particulier Les Sept Sermons aux morts qui y sont inclus, il est facile de se laisser emporter par la façon poétique dont écrit Jung. On pense alors aux Gnostiques, qui n'ont jamais hésité devant le grandiose, mais il y a surtout une ressemblance frappante avec le lyrisme du Zarathoustra de Nietzsche. Cette forme , correspondant à la "langue emphatique" des archétypes, semble destinée à la transcription de ce qui, aux yeux de Jung, venait "directement du monde intérieur". Parmi les contenus de ce monde intérieur, se trouvait certainement le Zarathoustra même si, curieusement, dans Ma Vie, Jung a omis de mentionner avoir relu le Zarathoustra pendant les années d'"immersion" ou il a écrit le Livre Rouge. Cela peut s'expliquer par l'attraction / répulsion q'il éprouvait pour celui qu'il considérait comme le plus grand des philosophe mais aussi comme un homme auquel il avait peur de ressembler psychologiquement.

Comme Jung le reconnaissait à un âge avancé, les Sept Sermons sont le "prélude", "le schéma ordonnateur" de ce qu'il voulait communiquer sur l'inconscient et un lien visible existe avec ce que Nietzsche avait, lui aussi, à exprimer. Par exemple, ces lignes de Ecce homo au sujet de l'inspiration, auraient pu être écrites par Jung :

"La notion de révélation, au sens où soudain, avec une sûreté et une finesse indicible, quelque chose devient visible, audible qui ébranle et bouleverse au plus profond, cette notion décrit simplement l'état de fait. On entend, on ne cherche pas ; on prend, on ne demande pas qui donne ; tel un éclair une pensée vous illumine, avec nécessité, sans hésitation dans la forme, jamais le choix n'a été laissé ."

En résonnance à ces paroles de Nietzsche on peut lire sous la plume de Jung dans Ma Vie :

"Tous mes écrits sont pour ainsi dire des tâches qui m'ont été imposées de l'intérieur. Ils naquirent sous la pression d'un destin. Ce que j'ai écrit m'a fondu dessus, du dedans de moi-même. J'ai prêté la parole à l'esprit qui m'agitait."

Pour avoir la suprême audace de faire monter des profondeurs la "pensée d'abîme" il faut avoir la force du lion dit Zarathoustra car :

"Le monde est profond, et plus profond que le jour l'imagina jamais. Toute chose n'a pas le droit de s'exprimer au jour."

Même si ces paroles de Nietzsche se situent en un contexte différent, elles ont fait leur chemin vers le conscient de Jung. Elles sont à l'origine de la "psychologie des profondeurs" et aussi de l'idée du danger représenté par ces mêmes profondeurs. Cette dangerosité est très présente dans les Sept Sermons. Il y est écrit au sujet du terrible Abraxas, dont je dirai de manière simplifiée qu'il symbolise ce qui se déploie comme l'effet de la totalité indifférenciée :

"Il est le plein qui s'unit au vide.

Il est l'accouplement sacré.

Il est l'amour et son meurtre.

Il est le saint et son traître.

Il est la plus claire lumière du jour et la nuit la plus profonde de la folie.

Le voir c'est la cécité,

Le connaître, c'est la maladie,

L'adorer c'est la mort,

Le craindre c'est la sagesse,

Ne pas lui résister, c'est le salut ...

   Il y avait là, chez Jung, non seulement l'idée essentielle que toute chose porte en elle son contraire, mais aussi une crainte inspirée par la relation de Nietzsche avec le dangereux abîme que lui même venait de côtoyer pendant plus de trois années.

La Totalité contient à la fois la crainte et l'amour et surtout, concept très nietzchéen, elle n'inclut aucun jugement de valeur sur la qualité des opposés. On retrouve là l'éthique de dépassement du bien et du mal, un des concepts fondamentaux de Nietzsche. Ce concept, même si il l'effrayait, va ouvrir à Jung une issue hors de l'unilatéralité d'un monde chrétien voulant associer Dieu uniquement au bien. Cela donnera toute la dialectique des opposés et plus tard la psychologie de l'alchimie.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur la relation entre Jung et Nietzsche mais ce sera pour d'autres fois.

Ariaga

 Vous pouvez aller lire sur l'autre blog, Extraits du Laboratoire , lire la vision de Jung enfant à la cathédrale. Ce sera une suite de plusiers articles.

 

28/11/2011

Questions 3

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Pourquoi avons nous tellement besoin du regard de l'autre pour exister ?

Qu'apporte à un individu, sur le plan de son évolution personnelle, le fait d'appartenir à des réseaux sociaux et peut on y échapper ?

Ariaga

 

Si cela vous intéresse vous pouvez lire sur l'autre blog un texte intitulé : Hallucinations des alchimistes.

 

20/11/2011

Le temps du rêve

 

Rêve d'eau.jpg

La nuit dernière, j'ai rêve que j'étais enfant et que, sortant mes livres de classe de mon cartable, je trouvais un livre inconnu qui m'intriguais beaucoup et sur la couverture duquel était écrit en lettre dorées : Livre rouge des tables de multiplication. Ce matin, je suis allée sur l'excellent blog de Jean Bissur consacré à C.G.Jung et j'ai trouvé un article (dont je vous donne le lien) consacré à sa visite du Musée Guimet où il a vu l'original du Livre Rouge.

Il y a de la synchronicité dans l'air et si vous voulez lire un article consacré à l'Idée de synchronicité de C.G.Jung vous pourrez trouver un texte que j'ai écrit à ce sujet sur mon autre blog : Extraits du Laboratoire.

Mon rêve de cette nuit, prenant sa place dans une longue série de rêves, me fait penser que j'avais déjà, je dirais même souvent, rêvé de livres et que cela arrivera encore. Le discours du rêve est comme une eau qui coule sans cesse et dont on ne sait ni d'où elle vient ni ou elle va. En effet, le temps du rêve est très différent du temps "pratique" auquel nous sommes habitués.

Dans les rêves, et surtout dans les séries de rêves, l'inconscient ne se soucie pas de notre perception du temps ou de notre idée de la causalité. Le temps, et l'enchaînement logique des événements dont nous avons l'habitude sont en quelque sorte "disloqués". Une histoire est racontée mais le récit donne souvent l'impression d'être raconté dans une langue étrangère par quelqu'un qui souffrirait d'un terrible décalage horaire. Notre nature et notre éducation nous poussent à voir une suite dans les temps des rêves puisqu'ils nous parviennent l'un après l'autre mais, quand on prend la peine de regarder une longue série de rêve, on se rend compte que les enchaînement sont très aléatoires. Une réponse à une question posée peut être déja donnée ou, au contraire arriver des années après. Dans les rêves un peu longs, on observe parfois de véritables sauts temporels. On d'observe  à des âges divers, agissant de manière plus ou moins sensée, et pas obligatoirement dans l'ordre chronologique !

En conclusion , le rêve fait ce qu'il veut, dans l'ordre où il veut.  Si on y prête attention, si on le contemple et si on le médite,  si on accepte la différence de code de représentation entre lui et la vie éveillée, il est alors la "voie royale" qui conduit vers une autre vie d'une infinie richesse : celle de notre inconscient profond.

Ariaga

14/11/2011

Éloge de l'ombre

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 Photo Jean Louis BEC ( tous droits strictement réservés)

 

Penser aux ténèbres tapies derrière l'ambiguïté de la frontière où se corpusculent dans la pénombre les vagues brûlantes du soleil.

Penser aux chambres obscures où la lumière se glisse dans les interstices des persiennes et raye les corps nus.

Penser aux vibrations vertes de l'ombre sous le feuillage apaisant la moiteur de la chair.

Penser aux reflets profonds de l'or qui brille dans les recoins ombreux des temples, aux clignotements d'une flamme dans le noir et à la fixité fascinante des phares minuscules quand, dans l'obscurité, brillent les yeux du chat.

Et surtout, penser à relire, une fois de plus, l'éloge de l'ombre de Tanizaki.

Ariaga

Vous pouvez lire sur mon autre blog un texte intitulé C.G.Jung, rendre l'ombre consciente.

05/11/2011

Rimbaud, alchimiste poète

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Pour HÈCATE , auteur du blog "le fil d'Archal "

Elle m'a donné l'envie de refaire une lecture du poète Arthur RIMBAUD. Une lecture épurée des émois de l'adolescence auxquels ce poéte était associé dans mon souvenir et aujourd'hui influencée par les alchimistes Philosophes de la Nature du Moyen Àge. J'ai opéré une "distillation" qui n'a laissé au fond de la cornue que les délires de l'"alchimie du verbe".

Dans la tentative rimbaldienne de transmutation du verbe en l'or de la poésie, on retrouve toute la démarche vers l'Oeuvre de ces anciens alchimistes désireux de trouver en eux la Pierre qui leur permettrait de transformer la matière vile, le fumier sur lequel bourdonnent les mouches de Rimbaud, en l'Or véritable. Cette soif inextinguible, "voir l'or et ne pouvoir le boire", que ressent le poète est semblable à celle des alchimistes qui se consumaient en prières dans l'oratoire et se désséchaient devant l'athanor brûlant.

"Le déréglement de tous les sens", "le désordre de l'esprit", la santé menacée de Rimbaud étaient semblables aux hallucinations et à la mort lente des alchimistes drogués, empoisonnés, par les vapeurs de Mercure et autres produits contenus dans leur cornue où ils opéraient le "supplice de la matière". Pour eux, comme pour Rimbaud, et ce fut aussi le cas pour C.G.Jung, le matériau de L'oeuvre était leur corps et leur esprit. Leur langue obscure et fourmillant d'allusions symboliques cherchait désespérément à exprimer l'inexprimable, à "fixer des vertiges" comme celle du poète.

On observe cette démarche alchimique dans l'invention de la couleur des voyelles où se retrouvent les trois phases essentielles de l'Oeuvre.

A noir, la nigredo, l'oeuvre au noir,  où la matière primordiale, celle que l'on peut trouver dans les "ruelles puantes" ou les dédales de la folie. Cette matière est décomposée, dissoute, recomposée en de multiples morts et résurrections.

E blanc, c'est l'albédo, le passage au blanc, le moment où l'ensemble des couleurs, sous l'influence de l'argent et de la lune et les contenant toutes , produit la couleur unique que les alchimistes appellent la "queue du paon". C'est l'aube précédant le lever du soleil.

I rouge, la rubedo, l'oeuvre au rouge des alchimistes symbolisant le soleil , l'illumination, la fusion du masculin et du féminin, ce qu'ils appellent les noces alchymiques.

Vous me direz que deviennent le O bleu et le U vert de Rimbaud. Là je suis obligée d'imaginer et je verrais bien le U comme le récipient de l'oeuvre et le O comme la totalité, le son suprême de la première à la dernière parole. Je voudrais bien, moi aussi,  avoir mes folies, mes hallucinations et devenir un "opéra fabuleux" . On peut toujours rêver ...  et pourquoi pas, comme à la fin de L'alchimie du verbe parvenir à un dernier stade de la transmutation où, enfin apaisé, on sait saluer la beauté dans son ultime nudité.

Ariaga

Vous pouvez lire sur mon autre blog, extraits du Laboratoire,  un texte intitulé "au sujet de l'athanor".

22/10/2011

Contenu du Livre Rouge

écriture,philosophie,psychologie,livres,culture,jung

Photo Ariaga, p. 119 du Livre Rouge de C.G.JUNG

Pendant que je soignais mes yeux, j'avais demandé à Jean Bissur, auteur de l'excellent blog Autour de Carl, de me dire ce qu'il pensait du contenu du Livre Rouge , lequel livre me narguait posé sur une table comme un objet précieux et interdit. Il a eu la gentillesse de m'envoyer ce texte et, comme j'ai besoin de quelques jours de vacances, je me fais un plaisir de le publier pour les lecteurs du Laboratoire. En mon absence, je lui laisse les clefs ...

Chère Ariaga

Ayant succinctement parcouru les écrits de l’ouvrage, tu m’avais demandé, durant ta récente convalescence, mon ressenti. Je suis bien loin d’avoir tout appréhendé et je ne pense pas en avoir jamais l’ambition. Je dois t’avouer qu’un constat pointe : ce livre peut être abordé de deux façons radicalement différentes.
Comme nous l’avons fait tous les deux au début, se contenter de l’ouvrir, admirer, laisser venir et parler les forces symboliques des dessins, de la texture du papier, des lettres gothiques ... et se les attribuer. Ou alors, se plonger dans l’écrit, activer la fonction pensée et tenter de comprendre la plongée dans l’âme de Jung … qui devient alors seul maître à bord.
Use, amie Ariaga, le plus longuement possible de l’esprit de découverte avant de passer à un approfondissement car j’ai peur que la marche arrière ne soit pas possible.
 
Liber primus
Ce qui m’a frappé de prime abord, c’est le fantôme apparent d’une première version. En effet, Jung avait entamé le travail de mise en forme de ses cahiers noirs sur un premier ouvrage dont les dimensions ne convenaient pas…et, soigneusement, il a collé chaque page sur la mouture finale, comme un symbole de ces éternels retours en arrière sur le chemin de l’individuation.
Je n’ai pas pu m’empêcher de " voir " Carl, regard concentré, langue sortie, appliqué à faire ses collages (je sais, j’adore les clichés).
La vision prophétique de « la marée terrifiante », augurant l’arrivée future de la première guerre mondiale m’a particulièrement touchée. J’avais alors le sentiment de découvrir l’âme élevée de Jung, sensible à une « infection psychique » par l’inconscient collectif.
Au cours de ma première lecture, le couple mystérieux Elie et Salomé a résonné au fond de moi...m’interpelant, me questionnant et le rôle de Salomé, femme séductrice et aveugle m’intriguait particulièrement. Et pour cause, c’est l’expression de l’anima qui ne peut que résonner en chaque homme. Cette figure mystérieuse bouscule Jung, le pousse à l'expérience du non mental...exercice  totalement contre nature pour lui et qui le force à aller vers sa souffrance.
 
Liber secundus
Voici l’heure d’Izdubar, colossal et puissant (saisissant est le mot parfaitement adapté) … mais anéanti par le poison du mental si ancré chez Jung ; la raison tue le numinosum. Le géant divin est alors réduit à l’état d’un œuf que Jung garde sur lui, croyant le contrôler. Le contrôler car il ne peut pas s’en passer, il l’aime ! (Je crois que des enjeux énormes sont placés dans cet œuf et je creuserai probablement la question dans les prochains mois)
Même à l’état embryonnaire, sa force submerge Jung qui doit lui redonner vie…mais personne ne peut donner naissance à un Dieu. Carl passera à cette période, comme le raconte dans Ma vie, très près de la folie.
 
Philémon arrive alors, comme pour le sauver.  Jung en parle ainsi : « …la fusion du sens et du non-sens, qui produit la signification suprême… ». C’est une image du Soi, du Dieu en lui. Naturellement, Jung va passer par une phase de fusion très déroutante pour le lecteur où il écrit comme étant représentant de Dieu...  Finalement, il va donner " corps " à ce vieux sage à travers la réalisation d'un superbe dessin détaillé. Ce travail va lui permettre de l'objectiver et ainsi de s'en différencier.
 
Salomé réapparait, guérie et souhaitant de nouveau lui imposer sa présence. Jung refuse, poussé par une peur viscérale ... combien j’ai été troublé de lire ce Jung de fonction psychologique dominante  "pensée" tellement effrayé par son anima, porteuse du "sentiment"(à l'opposé de la pensée). Ces puissances vitales sont bien capables de ramener un brillant chercheur à l’état de petit enfant !
 
Epreuves
Cette partie n'existe pas dans la version du Livre Rouge original mais a été insérée par l’éditeur ce qui me semble cohérent.
Je retiendrais deux choses : Le fameux Sermon aux morts où Jung, pour reprendre ses propres mots, « a découvert les couches pré-personnelles en lui, formant une sorte de prélude à ce qu’il avait à communiquer au monde sur l’inconscient » et puis cette phrase « Par l’union avec le soi, nous atteignons le Dieu » … pas Dieu, ni un Dieu mais LE Dieu.
 
Si je devais, amie, résumer ma perception du Livre rouge, je parlerais d’un chemin de souffrance et d’amour purifié.

Jean BISSUR


Vous pouvez lire une poésie intitulée, Christ à terre, sur le blog Extraits du Laboratoire.

15/10/2011

Questions, épisode 2

écriture,philosophie,Merleau-Ponty,société,pensée,culture,photo,

Dans les commentaires sur la note questions il m'a été demandé si j'avais trouvé des réponses. J'ai été incapable de répondre mais, pour aider à la réflexion sur ce sujet, je propose une citation du philosophe Merleau Ponty (1908 / 1961)

La philosophie ne pose pas des questions et n'apporte pas des réponses qui combleraient peu à peu les lacunes. Les questions sont intérieures à notre vie, à notre histoire : elles y naissent, elles y meurent, si elles ont trouvé réponse, le plus souvent elles s'y transforment, en tous cas c'est un passé d'expérience et de savoir qui aboutit un jour à cette béance. La philosophie ne prend pas pour donné le contexte, elle se retourne sur lui pour chercher l'origine et le sens des questions et celui des réponses et l'identité de celui qui questionne, et, par là, elle accéde à l'interrogation, qui anime toutes les questions de connaissance mais qui est d'autre sorte qu'elles.

Le visible et l'invisible, Gallimard, p.142

 Je propose aujourd'hui aux lecteurs deux brèves questions qui nous concernent tous et qui me  " tarabustent " fort.

1) Pourquoi est-ce que la technologie évolue plus rapidement que la conscience humaine ?

2) Pourquoi nous est il si difficile d'imaginer un Dieu sans forme, sans sexe, illimité ?

Amis lecteurs, nous ne trouverons pas les réponses mais le fait d'y réfléchir nous fera peut être progresser sur le chemin d'une plus grande prise de conscience de ces deux problèmes sociologiques et métaphysiques.

Ariaga

Vous pouvez sur le blog Extraits du Laboratoire lire un texte intitulé Nature, rêves et totalité

 

 

08/10/2011

Rêve d'Encelade

Encelade.jpg

Photo (crédit Nasa) fournie par Lechantdupain auquel je dédie cette poésie. Depuis des années je fréquente son Astroport, je lis ses articles sur son blog, je me promène dans sa poussière d'étoiles et je rêve avec lui du ciel et de la terre.


Partie en orbite,

allongée en frissons d'ondes,

quand je rêve d'Encelade où je fais une ballade,

de ma langue devenue sonde,

creusant vers la mer cachée,

je goûte un morceau de lune,

de la lune de Saturne,

au parfum geyser salé.

 

Elle est si blanche la glace où je patine l'espace

que je fonds dans dans la lumière

goutte d'univers ...

 Ariaga

 

Sur le blog Extraits du Laboratoire vous pouvez lire un texte intitulé : Un dictionnaire de symbolique alchimique.

02/10/2011

Questions

écriture,philosophie,pensée,société,culture,photo,art

 

Quand on doit, pendant quelques jours, mettre sa vue au repos, plus de lecture, d'écriture, de cinéma ou de télé, plus de contemplation du Livre Rouge, les pensées deviennent un peu envahissantes. Il y a du caquetage mental, comme le disait Krishnamurti, et aussi des questions, parfois absurdes, parfois récurrentes, qui se mettent à passer en boucle. En voici quelques unes parmi les plus simples ( en apparence ! ). Si cela vous intéresse, j'en tiens d'autres à votre disposition ...

1) Pourquoi les pensées qui tournent dans ma tête comme une toupie sont-elles si difficiles à arrêter ?

...

2) Pourquoi ma vision du monde et des êtres est-elle faussée par tant de mauvaises interprétations ?

...

3) Pourquoi ai-je l'impression que mon miroir me regarde ?

...

4) Pourquoi certains objets de la vie quotidienne me semblent-ils " hantés " par mes humeurs ?

....

Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Comme le disent inlassablement les enfants ...

Ariaga

 Vous pouvez, sur l'autre blog, lire une poésie dont voici le lien : Par delà le reflet.