01/05/2013
Le travail du pinceau
À terre, à côté d'un bateau, j'ai vu, oublié, un pinceau. Il était encore imprégné d'une collante matière qui commençait tout juste à sécher et de vives couleurs palissaient en éclaboussures sur le sol buvard.
Il allait rester là oublié, piétiné, jeté. Pour lui pas de voyage sur l'océan, pas de voiles gonflées, pas de bruits de vagues sur la coque.
Mais il avait beaucoup servi et le Service peut être le plus beau des voyages pour celui qui comprend le sens de ce mot.
Ariaga
17:05 Publié dans amour, Philosophie, photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (72) | Tags : écriture, poésie, philosophie, société, peinture, la rochelle
25/04/2013
Comment convaincre un auditeur
Vous savez, amis, la profonde influence de Goethe sur C.G.Jung. Alors, en pensant à ce cher Carl Gustav dans l'oeuvre duquel j'ai à nouveau tendance à m'immerger, je vous propose, en attendant une note plus copieuse, une citation.
Il s'agit des débuts du Faust I. Faust interrogé sur la possibilité de conquérir, de charmer et de convaincre un auditoire par de belles paroles répond :
"Si vous ne le sentez, vous essaierez en vain,
Si vous n'avez en vous l'éblouissante flamme
Qui jaillissant du coeur, persuade, convainc
Et force l'auditeur à vous ouvrir son âme,
Vous pouvez vous asseoir, cuire un pauvre ragoût
Des miettes de festin prises à d'autres tables,
Ranimer en soufflant des cendres misérables,
Les singes, les enfants, si c'est là votre goût,
Viendront vous admirer vous et vos patenôtres,
Mais jamais vous n'aurez accès au coeur des autres
Si ce n'est votre coeur qui leur parle pour vous."
J'aime beaucoup la fin, très simple et juste, et je crois que nous pouvons tous la méditer. Il y a des gens qui parlent admirablement et pourtant, quand leur discours est fini, il ne reste que du vent.
Ariaga
17:38 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs, photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (69) | Tags : écriture, philosophie, c.g.jung, goethe, faust, société, citation
20/04/2013
Les phobies
Qui n'a pas une phobie plus ou moins handicapante ? Phobie des serpents, du vide, de la foule, et de tas de choses et situations parfois surprenantes. On a du mal à comprendre la terreur que quelq'un peut ressentir devant un papillon ou une tétine.
C. G. Jung dans son ouvrage Psychologie du transfert exprime une curieuse opinion au sujet des phobies. Il met en garde contre un excès de soins , ce qu'il appelle "l'enthousiasme thérapeutique", et dit que " tout ne peut pas être guéri, tout ne doit pas être guéri". Il raconte, à titre d'exemple deux histoire qui seraient incroyables si on ne connaissait pas le sérieux de Jung.
La première concerne une femme qui souffrait depuis longtemps d'une dépression et d'une phobie de Paris. La dépression fut guérie mais la phobie demeurait. Cependant, elle se sentait tellement bien qu'elle décida de prendre sur elle et de venir à Paris. Elle réussit à atteindre Paris mais le lendemain de son arrivée elle succomba dans un accident d'automobile.
La seconde histoire est celle d'un patient atteint d'une curieuse phobie des perrons. Il faut pris par hasard dans un affrontement de rue. Il y eut des coups de feu et, terrorisé, malgré sa phobie, il voulut se réfugier dans un édifice public auquel on accédait par un perron. Il gravit le perron en courant et c'est alors qu'il fut atteint par une balle perdue. Il s'écroula sur les marches.
Les conclusions de Jung sont que les symptômes psychiques doivent être considérés avec une grande prudence et que la psychothérapie doit se montrer modeste car nous sommes loin de connaître toute leur signification.
Je dois dire que je reste perplexe. Certaines phobies seraient-elles une mise en garde d'un inconscient qui fonctionne dans une autre temporalité et qui "sait" qu'un danger nous menace ? Je frissonne ...
Ariaga
17:42 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs, Philosophie, photo | Lien permanent | Commentaires (76) | Tags : écriture, société, psychologie, philosophie, jung, photo, phobies
06/04/2013
Panne d'inspiration
Il y a des moments où on se sent comme ce cycliste acrobate que j'avais photographié devant le viaduc de Morlaix. Il n'est ni en haut ni en bas ; instant de nulle part.
Il ne me reste, si je veux écrire une note , que mon titre : Panne d'inspiration. Je vais laisser le mot (riche) panne à d'autres pour conserver inspiration et quand je vois, prononce, tourne dans tous les sens, ces quatre syllabes je crois que l'on peut jouer un peu. Utilisons le principe d'amplification de Jung ou la Langue des Oiseaux des alchimistes.
INSPIRATION, je commence par un vieux souvenir de latin
RATIO(onis) : Calcul, organisation.
SPIRA : Noeud des serpents, des arbres, des cheveux.
Il faudrait donc déméler les noeuds des pensées inspirantes qui arrivent en vrac et les mettre en ordre.
SPI(diminutif de spinnaker) je vois l'inspiration qui fend les flots de l'inconscient aidée de cette grande voile.
RÂ : Le Dieu égyptien du soleil apporte la chaleur et l'énergie et c'est l'
INSPIR, la respiration profonde, qui va capter cette source dans le cosmique mais j'entends aussi SOUPIRS car la captation de l'inspiration est parfois une tâche longue et épuisante.
ION : Cela sonne grec, mais je ressens plutôt ce tout petit Ion, qui traîne à la fin du mot, comme celui qui se demande si il va perdre ou gagner au grand jeu des électrons. Celui-là est aussi en l'air !
Je me suis juste amusée et je pense que certains auront des ajouts à faire ...
Ariaga
16:39 Publié dans Alchimie, blog et quotidien, Philosophie, photo | Lien permanent | Commentaires (33) | Tags : écriture, philosophie, photo, alchimie, jung, société, art, questions, bretagne
29/03/2013
Vieillesse et liberté d'expression
Sur le plan de l'expression des idées, si certaines personnes deviennent craintives en vieillissant et ne veulent surtout pas abîmer l'idée qu'elles se font d'elles même, et surtout l'image qu'elles veulent proposer à autrui, il en est d'autres que la vieillesse libère. Elle donne la liberté d'exprimer ses idées sans se soucier des conséquences sur une carrière et rend plus indifférent à la critique. C.G.JUNG me semble un bon exemple de cette évolution.
Jung a longtemps eu des réponses ambiguës à certains problèmes d'ordre psychologique ou philosophique. Je pense que la complexité de son attitude pouvait s'expliquer à la fois par son goût du paradoxe et par la dualité entre un Jung très rationnel, voulant limiter ses propos au domaine empirique, et un Jung affectif, sujet à des émotions et des intuitions. À partir de sa grave maladie en 1944, il approchait des soixante dix ans, il a laissé plus librement cours à son affectivité car l'opinion d'autrui lui était devenue parfaitement indifférente.
Dans les dernières années de sa vie, alors qu'il est toujours aussi "brillant" intellectuellement, il considère comme un "devoir éthique" de dire ce qu'il pense et ressent, même si ce n'est pas vérifiable scientifiquement. Il a même décidé de toucher au domaine religieux, ce qui n'est pas aisé pour un médecin. Dans son ouvrage tellement controversé Réponse à Job, publié en 1952, il écrit :
"Ce n'est pas sans motif que j'ai moi-même attendu d'avoir soixante seize ans avant d'oser réellement me rendre exactement compte de la nature de ces "représentations supérieures" qui décident, de façon infiniment importante pour la vie quotidienne, de notre comportement éthique."
Il avait conscience de la tempête que déclencherait un livre où il est dit que les contraires sont contenus en Dieu, que l'on ne peut pas négliger sa face obscure, et, chose encore plus sulfureuse, que l'élément féminin manque à la totalité divine ! Et pourtant il n'a pas hésité et a été bombardé de critiques ... auxquelles il a répondu avec virulence ...
J'espère que l'exemple de Jung consolera tous les amis lecteurs qui, comme moi, commencent à sentir le poids des années : Vieillesse = liberté d'expression.
Ariaga
09:31 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs, Philosophie, photo | Lien permanent | Commentaires (86) | Tags : écriture, société, philosophie, vieillesse, jung, liberté
22/03/2013
Être ou ne pas être un robot
Illustration ÉPHÊME
Il est tout à fait épuisant pour la vue, en allant visiter certains blogs et si on désire faire un commentaire, de se trouver dans la situation ubuesque de devoir prouver que l'on est pas un robot. On a sous les yeux des chiffres fondus dans un arrière plan noir et des lettre écrites comme par la queue d'un chat trempée dans l'encre. Il m'est arrivé de recommencer trois fois avant de passer l'examen consistant à reproduire ces chiffres et ces lettres pour que je puisse, enfin, fournir la preuve de mon appartenance à l'espèce humaine. Il m'arrive de renoncer, mais à contre coeur, et puis cela me perturbe ...
Posons nous la question, amis lecteurs, qu'est-ce qui me prouve que je ne suis pas un robot ? Et si j'étais un robot est-ce que je le saurais ? Toutes mes lectures passionnées de Science Fiction me reviennent à l'esprit. Mémoire, intelligence, créativité, je crois posséder un peu de tout cela mais, sans que j'en sois consciente, des robots dotés de toutes ces qualités ont peut-être été inventés. Je ferais alors partie de cette race nouvelle. Et pourtant j'ai une conscience, avec un grand C, qui est censée faire de l'Homme un être au sommet de la pyramide des existences terrestres. C'est bien, cela me rassure, mais je reste troublée ...
Il me vient une idée. Les robots, même si ils étaient doués d'une forme de conscience et de raison (je pense ici aux trois lois d'Asimov qui sont le conditionnement moral des robots) seraient probablement très rationnels. Alors, quand je vois combien j'aime le paradoxe, comment il m'arrive d'être trop sentimentale ou passionnée, irrationnelle, désobéissante, sujette à des "bugs" aux résutats les plus inattendus, j'ai quand même tendance à croire que je ne suis pas un robot. Et pourtant ...
Ariaga
15:58 Publié dans blog et quotidien, Philosophie, Science-fiction et Fantastique | Lien permanent | Commentaires (79) | Tags : écriture, philosophie, science fiction, robots, blogs, art, humour
01/03/2013
Le parfum de la fleur
Aujourd'hui, une citation de David Ciussi extraite du numéro 78 de la revue 3°millénaire. Un texte que j'aurais bien aimé écrire ... je n'ai pu que l'illustrer.
"Tout surgit de l'intérieur et coexiste à l'extérieur dans un perpétuel mouvement ! De l'absolu naît le relatif, de l'unité reconnue en soi jaillissent l'harmonie et la paix avec le monde, manifestées par une joie sans objet. Cela s'appelle la Vie.
Le parfum vient de l'intérieur de la fleur, la fleur vient de l'intérieur de la branche, la branche vient de l'intérieur du tronc, le tronc vient de l'intérieur des racines, les racines viennent de l'intérieur de la graine. La sève est à l'intérieur de la graine, des racines, du tronc, des branches, des fleurs, du parfum. N'est-elle pas cette vie qui propulse l'extériorité en coexistant infiniment avec elle-même ! "
David Ciussi
16:24 Publié dans Alchimie, Nature, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (51) | Tags : écriture, citation, philosophie, nature, fleur, david ciussi, spiritualité, pensée
22/02/2013
Mariage avec l'autre en soi
Photo prise au Musée des Automates de la Rochelle
On parle beaucoup de mariage en ce moment mais les polèmiques sur ce sujet ne m'intéressent pas. Je voudrais aujourd'hui vous proposer de réfléchir sur des épousailles qui me semblent bien plus essentielles : le mariage avec notre compagnon ennemi - ami, celui avec lequel nous cohabitons depuis toujours même si, souvent, nous faisons semblant de ne pas le voir.
Comme le savent les lecteurs qui connaissent un peu C.G. Jung, celui-ci avait bien compris que nous hébergeons un Autre, une personnalité différente de celle que nous présentons au monde extérieur. Jung nous raconte dans " Ma vie " différentes phases des relations avec celui qu'il appelle son numéro 2. Il nous montre aussi, dans ses études sur les relations entre la psychologie et l'alchimie, combien est puissant le processus de conjonction entre les opposés conduisant au "mariage chymique".
Je pense aussi à cet "ami intérieur" avec lequel nous pouvons dialoguer si nous savons imposer le silence aux quaquetages du mental.
Perdre sa méfiance envers son ombre, écouter les discours de l'inconscient et les murmures des rêves, accepter de se laisser séduire par le si proche étranger avec lequel nous pouvons cheminer vers la totalité de notre être, voilà une belle proposition de mariage. Comme dans toutes les unions il y aura des hauts et des bas, des ruptures et des réconciliations. On ne comprendra jamais complètement l'autre en nous et c'est heureux car dans un couple il est bon de conserver une part de mystère mais il y aura de l'amour, c'est l'essentiel.
C'est cela que je propose, commençons par nous aimer, pour le meilleur et pour le pire. Commençons par être heureux de ce don merveilleux de la vie et de ce qui l'anime car le fait d'avoir accepté ce mariage d'amour avec nous même nous permettra ensuite d'aimer les autres et de nous lier à eux, quel que soi le nom que l'on donne à cette union.
Ariaga
12:37 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs, la Rochelle, Philosophie, photo | Lien permanent | Commentaires (47) | Tags : écriture, société, mariage, jung, alchimie, philosophie, spiritualité
15/02/2013
Femme dans le miroir
Photo prise au Musée des Automates de la Rochelle
Comme il est loin le temps, où elle jouait aux billes, avec le coeur fragile, d'inconsistants amants.
Comme il est loin le temps, où elle croyait savoir, qui était celle femme, improbable reflet, dans le froid du miroir.
Comme il est là le temps, où explose l'image, en ne laissant que ruines, qu'il va falloir raser, avant de reconstruire ...
Ariaga
12:12 Publié dans la Rochelle, Philosophie, photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (59) | Tags : écriture, poésie, femme, philosophie, musée, la rochelle, société
07/02/2013
Écrire ?
Je me pose une question et je pense que je partage cette interrogation avec certains de ceux qui ont des blogs. Pourquoi continuer à écrire alors que la vie passe à toute vitesse et que cela demande du temps et de la réflexion ? S'agit-il d'une sorte d'automatisme qui pousse à avoir besoin de s'exprimer. J'ai pris la photo qui illustre cette note au Musée des automates de la Rochelle, cela à peut-être un sens caché mais je ne suis pas convaincue par cette idée d'une espèce de "toc" de l'écriture.
Besoin de reconnaissance au niveau de la "persona", au sens où l'entend Jung. De ne pas être perdu dans la masse des anonymes. C'est possible mais, personnellement cela ne m'apporte pas de réponse car justement je tiens beaucoup à ... l'anonymat !
Impression de délivrer un enseignement qui peut être utile à d'autres. Je n'aime pas le mot enseignement. J'ignore pourquoi, mais quand l'alchimique oiseau siffle ce mot à mon oreille, j'entends "saignement".
Dans écrire il y a aussi un cri. Un cri très fort perçant les barrières des sons, le déluge des mots, les épidémies des informations. Un cri de résistance. Hélas les cris trop perçants finissent le plus souvent par détruire les hurleurs. Je ne suis pas assez courageuse pour incarner les mots de Nietzsche : "Dis ta parole et brises toi".
Alors si il n'y a là ni assuétude, ni désir de reconnaissance, ni besoin de transmettre un enseignement, ni le courage de la mise en danger, pourquoi continuer à venir ici régulièrement, amis lecteurs, vous déposer mes mots depuis près de sept ans.
En panne de réponse, je suis allée faire un tour au bord de la mer pour m'aérer la tête. Poussée par le grand vent, je suis vite revenue me mettre devant mon cher athanor ordinateur, j'avais vraiment ENVIE, et là j'ai compris, c'est tout simplement pour le PLAISIR.
Ariaga
19:33 Publié dans Alchimie, blog et quotidien, la Rochelle, Philosophie, photo | Lien permanent | Commentaires (56) | Tags : écriture, société, philosophie, la rochelle, jung, nietzsche, musée
01/02/2013
La lumière du noir
Quand la lumière est absente ou incertaine et que pour un temps on demeure dans l'envers du bonheur.
Quand une vitre d'angoisse nous sépare de la beauté de ce qui est.
Quand on ne sait plus déguster la saveur de la vie et que l'on remâche sans cesse le goût de l''amer.
Ce n'est rien, amis.
Rien que brindilles de moments qui n'attendent que la lumière du noir pour s'envoler et se consumer joyeusement dans l'inépuisable coeur de feu qui brûle au Centre de notre véhicule terrestre.
Ariaga
12:34 Publié dans Alchimie, la Rochelle, Philosophie, photo, poésie | Lien permanent | Commentaires (58) | Tags : écriture, philosophie, poésie, spiritualité, pensée, photo, la rochelle
26/01/2013
EUREKA ! cria le téléphone
Illustration ÉPHÊME
Il gisait, sans vie, sans lien avec les réseaux qui tissent leur toile sur le vaste monde, immergé dans un océan de solitude, nu et jaloux de son petit frère mobile, jusque là fort négligé.
Un commité de soutien très actif s'était formé pour soutenir Ariaga à laquelle il manquait beaucoup. Anticipant son retour, Éphême avait même envoyé un dessin prémonitoire. Et comme il l'avait illustré il a jailli, tel un bouchon de champagne, hors de ce non lieu où il était retenu prisonnier. Avec lui est revenu cet internet parfois si envahissant mais tellement utile pour tisser des liens avec tous les amis du Laboratoire.
La vie est belle !
Ariaga
20:22 Publié dans blog et quotidien, Pensées, interrogations, aphorismes | Lien permanent | Commentaires (45) | Tags : écriture, société, humour, internet, blog, philosophie, communication, art
18/01/2013
Connexions ...
Il y a des moments dans la vie où les connexions sont difficiles. C'est ce qui se passe en ce moment pour moi. Par exemple j'ai les plus grandes difficultés à avoir une ligne téléphonique.J'ai réussi enfin à trouver un petit coin où je peux emprunter un nid, tel le coucou.Mais je ne peux pas abuser de cette hospitalité.
Ces difficultés me remplissent d'espoir car j'ai remarqué que, plus le cheminement vers le but à atteindre est semé d'embûches, plus le résultat de la quête est gratifiant. J'ai pris quelques photos qui pour moi illustrent la situation actuelle. La première, me représente sous la forme de la petite boule rêvant de grossir ...
Ici, au centre de cette oeuvre d'art murale je vois le Maman ! que je crie quand je suis à bout de nerfs car j'ai une facheuse tendance à rendre ma défunte mère responsable de tous mes maux ...
Enfin, Je termine sur une note optimiste : celle des moments de beauté de la promenade et de la méditation.
Je vous remercie tous pour le soutien que vous m'apportez en ne délaissant pas le Laboratoire pendant ces moments un peu chaotiques.
Ariaga
11:46 Publié dans blog et quotidien, la Rochelle, Philosophie, photo | Lien permanent | Commentaires (28) | Tags : écriture, société, photo, la rochelle, téléphone, philosophie, vie, spiritualité
24/12/2012
Un étonnant Noël avec Jung
Texte : LA GAILLARDE CONTEUSE
Illustrations : ÉPHÊME
Me voici encore, gaillarde conteuse, avec un récit qui va en décoiffer plus d’un ! L’année tire à sa fin. D'aucuns avaient annoncé la fin du monde. Que nenni. Vous voyez bien... J'ai cependant moi aussi quelque chose à vous annoncer, qui est aussi étonnant et bien plus poétique. Mais il va vous falloir entrer dans un état de conscience modifié pour être en mesure d'y accéder. Vous en êtes parfaitement capables.
Ce blog, fertile en échanges passionnants et passionnés, qui a connu cet été l'aventure pas ordinaire du voyage de l'Evasion, va à présent recevoir la visite d'un sacré personnage, j'ai nommé Carl Gustav Jung. Le voici, non pas en chair et en os, ce qui serait mentir, mais tout en image, en âme et en esprit, on ne saurait mieux dire...
"Depuis un demi-siècle, il demeure tranquille et numineux dans les replis paradisiaques de la grande roue du temps. Il a choisi de parer sa malicieuse image d'une barbe très longue, blanche bien entendu, et pointue au bout à la manière des vieux sages chinois. Il semble ainsi une espèce de Gandalf suisse ! Cette barbe il l’ôte très simplement pour fumer sans barrière sa très fameuse pipe (Lacan c’était le cigare, Dolto la cigarette…)
Fumant paisiblement, il observe, vous vous en doutez, tout ce qui peut se dire sur tout ce qu'il a dit, au temps de son temps sur terre. Il a donc régulièrement un œil qui traîne par ici, il sourit souvent, rie parfois et l'envie soudain l'a pris de nous rendre visite. Ne pensez-vous pas qu'Ariaga, plongée actuellement dans la "dépossession" y puisera une vraie joie ?
Mais que va donc nous dire ce père Noël jungien qui porte une fleur d'or au milieu de sa barbe ?
Un conte, mes amis, car il l'a souvent dit..."l'homme ne sait plus mythologiser".
L'homme non , le sage si.
Laissons-le donc parler...
C'était au temps jadis ou au temps à venir, car dans cette roue-là tout est au même endroit, un pêcheur s'en allait chaque jour jeter son filet dans la mer. Sa femme, un peu grincheuse, accommodait les quelques poissonnets qu'il rapportait, mais qui n'étaient jamais pêche miraculeuse. Si lui était content, elle espérait bien mieux. À ceux qui espèrent sans se lasser, on le sait, des choses adviennent. Et c'est ainsi qu'un jour, dans le creux du filet, un seul petit poisson s'était laissé rouler. Il était minuscule mais il était en or et sa peau de bijou étincelait. Le voyant si joli le pêcheur approcha son visage, c'est alors qu'il entendit l’animal parler : “Si tu me relâches, pêcheur, j'exaucerai un vœu, n’importe lequel, sois heureux tu as le choix.”Le pêcheur le relâcha.
En rentrant dans sa petite cabane il conta la chose à sa femme qui immédiatement souhaita une chaumière chaude, qu'elle reçut aussitôt.
La chaleur, une chaumière, c'est bien, mais bien manger n'est pas mal non plus et la femme du pêcheur désira d’exquises nourritures.
Elle renvoya son homme au petit poisson d'or. Le pêcheur appela, simplement, et le bel animal ne se fit pas prier.
Ta femme veut des festins ? Soit.”
Effectivement la table de cette chaumière, à compter de ce jour, fut une table de roi.
Manger comme ça c'est bien, mais avoir du pouvoir n’est pas mal non plus et la femme du pêcheur désira devenir reine...
Elle renvoya son homme au petit poisson d'or. L’animal se montra encore accommodant.
"Ta femme veut être reine? soit."
Le pêcheur en rentrant vit un château au lieu de la chaumière, et sa femme sur un trône, couronnée et ravie.
Si une reine à du pouvoir, une papesse en à mieux, pensa la vorace. Elle renvoya son homme au petit poisson d'or, qui hésita un peu :
"Ta femme veut être papesse ? Soit.”
Le pêcheur revenant chez lui, trouva un palais de marbre, un luxe époustouflant, une épouse exaltée sous une tiare d’argent et d’or.
Un tel pouvoir c'est bien, mais tous les pouvoirs, c'est mieux, “je veux être Dieu!”
Elle renvoya son homme au petit poisson d'or. Cette fois le pêcheur osa à peine appeler. Le petit poisson d’or d’abord ne vint pas. Mais il finit par arriver quand même, toujours joli, toujours patient.
"Ta femme veut être Dieu ? Soit, mais ce vœu sera bien le dernier...”
Le pêcheur s’en retourna, inquiet de ce qu’il allait trouver. Il arriva à sa cabane, qui avait été tour à tour chaumière, château, palais. Elle était à présent une petite étable, obscure, tiédie par le souffle de quelques bêtes chaudes. Un tout petit enfant, tout doux, tout vulnérable, qui gigotait dans une poignée de paille...”
Le dernier mot tombé, Carl Gustav est parti. Il voulait être sûr de ne rien rajouter à cette belle histoire, il se connaît bavard... Et puis je crois que plus rien ne le retient de notre monde, il a bien mieux, mais ne comptez pas sur lui pour vous décrire le sien, c’est un secret m’a-t-il dit tout bas sous sa barbe, avant de s’envoler comme l’oiseau de l’encens.
N’ayons pas de regret, soyons fiers, apprécions toute la merveille de cette belle visite...
Qu’un très doux Noël vous émerveille tous !
La gaillarde conteuse
07:16 Publié dans Jung et la psychologie des profondeurs, poésie, rêve | Lien permanent | Commentaires (95) | Tags : écriture, noël, jung, conte, humour, philosophie, art, culture
25/11/2012
Pierre Teilhard de Chardin
Aujourd'hui, je vous propose un note sur Pierre Teilhard de Chardin rédigée par Jean Bissur, auteur avec lequel j'ai lié des relations d'amitié à partir de notre intérêt commun pour C.G. Jung. Je ne vous conseillerai jamais assez d'aller sur son blog intitulé Autour de Carl. Ariaga.
Voici un nom qui reste dans la mémoire collective mais assez peu connaissent l'oeuvre de cet homme au parcours atypique, contemporain de Jung. Éducation catholique rigoureuse, ordonné prêtre de la communauté jésuite à 30 ans, formé à la paléontologie où ses recherches aboutiront à des découvertes encore reconnues aujourd'hui. Un homme de science et de religion engagé qui puisera dans ces sources pour aboutir à des thèmes qui ne peuvent qu'émouvoir les jungiens en particulier et le "cherchant" en général. Deux caractéristiques principales : la conviction que l'évolution de l'homme l'amènera à une spiritualisation de la matière, plus haut degré de spiritualité et celle qui présente esprit et matière comme deux facettes de la même réalité, tiens donc...
L'homme
En lisant la biographie de De Chardin, j'ai retrouvé des similitudes avec la personnalité de Jung (et probablement communes à tous les grands esprits); citons en particulier l'amour de l'humain, une force et un dévouement inouï pour ses recherches, qui le conduiront jusqu'au sacrifice ultime (en découvrant sa publication sur le Pêche originel, qui le mènera à une mise à l'index de l'église et de lourdes contraintes posées par son ordre, je revoyais Jung abandonnant l'école freudienne en publiant ses Métamorphoses de l'âme).
Sa pensée
Je vais m'éloigner un peu de la paléontologie. Ses travaux sur l'évolution de l'espèce humaine (alliés à ses connaissances théologiques) l'amenèrent à certains concepts qui ne seront pas sans nous évoquer ceux de Jung.
Nous pourrions résumer ceci par cette phrase : l’évolution est une montée spirituelle qui a sa source dans la « puissance spirituelle de la matière ». Pour De Chardin, un examen critique de l'histoire de l'espèce humaine aboutit à la conclusion suivante : l'homme est conduit naturellement à une spiritualisation de plus en plus structurée et extériorisée, impliquant une conscience en continuelle accroissement (formulation différente mais idée identique exprimée par Jung lorsqu'il mentionne les primitifs et leur spiritualité basée sur des projections "les esprits de la nature").
Il nous faut mentionner également sa théorie de l’énergie qu'il considère comme l'élément originaire de la vie elle-même. Il la conçoit à l'origine de nature psychique, se différenciant ensuite en énergie physique et en matière. Esprit et matière seraient donc intrinsèquement liés. L'homme serait porteur de ce potentiel spirituel, étant le seul être vivant pouvant connaître une croissance continue de la conscience.
La noosphère
Le radical grec noüs désigne un concept aristotélicien évoquant le principe qui ordonne esprit et matière. Chardin emprunte le terme du chimiste et minéralogiste Vernadsky. Ce dernier voyait là la troisième étape du vivant, après la géosphère et la biosphère.
Il est délicat de résumer simplement le concept car De Chardin lui-même l'a développé, enrichi et précisé tout au long de sa vie...disons, de manière lapidaire, qu'il s'agirait d'un tissu vivant enveloppant la planète (à l'instar des couches de l'atmosphère) et constitué d'une part de la conscience de chaque individu depuis que l'homme possède une conscience de lui-même. Cette nappe issue de consciences posséderait elle-même sa propre faculté de pensée. Pour le jésuite, cette noosphère conduirait graduellement l'humanité a toujours plus de conscience, dépassant les civilisations, puis les sociétés, les lois puis l'éthique, pour renouer avec l'esprit immanent de la matière sous une forme unifiée de "spiritualité".
Jung écrira à la fin de sa vie qu'il était convaincu que De Chardin connaissait ses travaux...il est vrai que la noosphère et l'inconscient collectif ont indéniablement de forts liens de cousinage.
Enfin, j'invite les curieux à creuser du côté d'un projet scientifique assez atypique, le Global Consciousness Project qui me semble précisément correspondre à une tentative d'objectivation contemporaine de la notion d'inconscient collectif et de noosphère....
Jean Bissur
08:04 Publié dans CONTRIBUTIONS, Jung et la psychologie des profondeurs, Pensées, interrogations, aphorismes, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (80) | Tags : écriture, philosophie, jung, société, culture, spiritualité