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18/11/2008

Faire l'autruche !

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Depuis quelques temps, submergée par des problèmes concernant ceux qui me sont les plus chers, je tente de surnager. Mais je me sens comme une traînée d'eau qui va inéluctablement s'enfoncer dans le sable, et il ne restera plus que quelques noirs paquets d'algues. Je n'ai plus le loisir de répondre correctement aux commentaires, plus d'inspiration pour les notes ou, si cette inspiration vient, ni le goût, ni la force de lui donner une forme satisfaisante. J'ai toujours eu la folle idée que je pouvais porter mon petit monde sur mes épaules mais c'était pure vanité...Alors, pour un moment, je vais faire l'autruche et enfoncer ma tête dans le sable. Je ne ferme pas le blog, j'y tiens trop, mais je le mets entre parenthèses pour un certain temps. Il est possible que j'y apporte quelques modifications (les liens) et, à mon rythme, j'irai vous rendre quelques visites. Vos comentaires me feront toujours plaisir et je lirai les mails et leur répondrai dans la mesure du possible. Pour patienter vous avez sur ce blog près de 400 notes et 5200 commentaires dont certains sont très copieux !

Je reviens dès que possible mais je pense que vous serez tous d'accord avec moi pour penser qu'un blog doit être une source de plaisir et non une contraine supplémentaire.

Je vous embrasse tous lecteurs connus et inconnus.

Ariaga

10/11/2008

Cortège de bateaux

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Rêve, vision, imaginations...

Sur la route est passé, un étrange cortège.

En tête se tenait le Vieil Homme de la Mer, une belle sirène, minuscule, perchée sur son épaule.

Il battait tambour soliste, suivi d'un grand orchestre de sifflements de vents et de vagues brisantes.

Derrière, en grand désordre, suivait une cohorte de bateaux délabrés usés par l'abandon et le manque de respect.

Il y avait les gros mourant dans des champs d'herbes où ils rêvaient des grandes vagues salées et des poissons brillants dans leur ventre affamé.

Il y avait de tous petits canots, croupissant sans espoir d'une rame d'enfant, dans la vase durcie en un lieu oublié par la marée.

Il y avait ceux, à moitié colorés, restés de longues années dans un garage sombre avec pour compagnie un vieux pot de peinture rouillé.

J'ai même reconnu, au passage, cette barque presque neuve, retournée au milieu des gravats d'une maison en construction.

En fin de cortège se traînaient les bois pourrissants semblables à des squelettes d'animaux dont il ne reste plus que les côtes.

Oui, j'ai vu passer un étrange cortège.

Révoltés par l'indifférence des hommes, ils allaient vers la mer.

Ariaga

06/11/2008

L'autre vie du rêve


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Quand nous franchissons le pont de la nuit, nous partons pour un voyage dans un monde parallèle où nous menons une double vie , hors du temps et de l'espace. Ce monde qui peut paraître étranger, incompréhensible, est pourtant lnotre, une propriété de grande valeur qui est un bien unique, impossible à reproduire. Et le plus pauvre d'entre nous a accès à ce lieu unique, à ce voyage dans une autre vie qui est la vie du rêve. Non seulement il a la possibilité de faire le voyage mais il le doit car celui qui ne franchit pas le pont meurt.

Dans cet autre lieu, qui apparaît comme la réalité, nous sommes acteurs ou spectateurs dans des scénarios et des réalisations grandioses ou minuscules, criant de vérité ou invraisemblables jusqu'au grotesque. Nous pouvons marcher, voler, nager, voler, dialoguer, aimer, éprouver de la jouissance, de la terreur, effectuer des actes impossible dans la vie éveillée. Les sentiments sont parfois si forts que nous nous éveillons en larmes.

Et, nuit après nuit, pendant, en moyenne cinq ans de notre vie, même si nous avons très peu ou pas de souvenirs, nous vivons notre deuxième vie.

Ariaga

18/10/2008

Blogs et confession

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Autrefois, quand on pensait avoir commis des erreurs de jugement ou de comportement, des "péchés" on allait voir un prêtre, un pasteur, un rabbin, un imam où on faisait une confession publique. On attendait de cette action un soulagement psychologique et une possibilité d'absolution. Ce processus de la confession était codifié par des dogmes et des rituels.

Si j'en crois l'état des confessionnaux en Bretagne, il semble que, tout au moins pour certains catholiques, la confession n'ait plus beaucoup d'adeptes. Et alors ? Les attentes psychologiques demeurent. Je me suis donc posé des questions, justement au moment où j'avais décidé d'élargir un peu mon horizon, limité le plus souvent à mes liens. J'ai été visiter des blogs de journaux intimes sur lesquels les auteurs s'expriment avec humilité, sans pudeur, avouant à ma grande surprise leurs secrets les plus intimes, "fautes" comprises. Alors, je ne juge pas, je n'affirme rien , mais je me demande si le monde virtuel n'a pas engendré une nouvelle forme de confession publique. La blogosphère serait à la fois le  nouveau dieu et ses représentants, le blog le confessionnal, et les commentaires, souvent indulgents, une nouvelle forme d'absolution. Exercice de l'esprit mon hypothèse ? Pas certain...

Ariaga

08/10/2008

La Lumière de la Nature

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L'idée de "Lumière de la Nature" était déjà en germe chez le scolastique platonicien Guillaume de Conches (1080-1154) qui avait une théorie de l'Âme du Monde assimilable au sens de la nature et qu'il identifiait au Saint Esprit. Cette idée de Lumière de la nature a été énoncée par la plupart des philosophes alchimistes de l'occident et en particulier par Paracelse. Elle a, dans l'oeuvre de ce dernier, un rôle important et un caractère relativement métaphysique. La lumière de la nature, considérée par lui comme un lien entre la matière et l'esprit, est indispensable à quiconque veut étudier le "texte des livres de la nature". Elle va l'instruire, c'est à dire lui montrer comment il faut procéder intuitivement.

La Lumière de la Conscience fait, en quelque sorte pendant à la Lumière de la Nature. Elle est appelée "Raison" par les alchimistes qui pensent que leur union est nécessaire pour accomplir l'Oeuvre. Il existe un ouvrage de Michel Maïer qui s'appelle l'Atalante Fugitive, publié en 1617, où il est écrit au dessus d'une illustration représentant un homme qui marche dans l'obscurité une lanterne à la main alors qu'au premier plan est dessinée une puissante femme  :

"A celui qui est versé dans la Chymie, la Nature, la Raison, l'expérience et la lecture doivent tenir lieu de guide, de baton, de lunettes et de lampe ".

Ceci n'est pas sans rappeler le rêve de Jung au moment où il s'avance la nuit dans un endroit inconnu et se rend compte que la petite lumière qu'il protège à deux mains, la petite flamme de sa conscience, est son bien le plus précieux (c.f. Ma vie, p. 110). La traduction  par Etienne Perrot de l'épigramme qui est sous l'illustration est tout un programme de vie pour le chercheur de vérité :

Que la nature soit ton guide, que ton art

La suive pas à pas ; tu t'égares loin d'elle.

Que l'esprit soit ta canne ; affermissant tes yeux

L'expérience au loin te donnera de voir.

La lecture, flambeau brillant dans les ténèbres,

T'éclaircira l'amas des mots et des matières.

Il me semble que ces idées anciennes, mais, je crois, toujours d'actualité, sont une bonne démonstration de la nécessité de l'union entre les forces inconscientes de la nature et les forces conscientes de la raison. Depuis le désastreux Descartes nous avons eu tendance à privilégier la raison, la pensée, oubliant notre Mère Nature qui commence à se mettre sérieusement en colère.

Ariaga

05/10/2008

Otage de soi-même

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On peut se retrouver, otage de soi-même, enfermé dans le noir d'un étouffant placard.

Mais si derrière la porte, invisible, inconnu, quelqu'un se tient tout contre et parle...Même si le sens échappe, on a déjà moins peur.

Ariaga

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30/09/2008

La Table d'émeraude d'Hermès


 

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Depuis longtemps je vous cite les premières lignes de la Table d'émeraude qui sont pour moi une ligne directrice sur le plan spirituel. Je voudrais aujourd'hui vous proposer le texte entier. Il ne s'agit pas de tout comprendre, c'est un texte alchimique qui demande contemplation et méditation. Je vous donnerai quelques indications sur les origines du texte après la citation.

" 1. Il est vrai, sans tromperie, certain et véridique.

2. Ce qui est en bas est semblable à ce qui est en haut et réciproquement lorsqu'il s'agit d'accomplir les merveilles de l'Un.

3. Et comme toute chose procède de l'Un par la médiation de l'Un, ainsi toute chose procède d'une seule par adaptation.

4. Son père est le soleil, sa mère la lune. C'est le vent qui l'a porté en son sein, la terre qui l'a allaité.

5. Il est le père de toute perfection dans le monde.

6. Sa force est complète lorsqu'il la tourne vers la terre.

7. Vous séparez la terre du feu, le subtil du grossier, cela en douceur et avec une grande intelligence.

8. Il monte de la terre aux cieux et redescend sur terre où il reçoit les pouvoirs des choses supérieures et inférieures. Aussi détiendrez-vous les pouvoirs du monde entier. Ainsi toute obscurité cédera-t-elle devant vous.

9. Il est la force d'âme de toute force d'âme, car il vient à bout de tout ce qui est subtil et pénètre les solides.

10. C'est ainsi que fut crée le monde.

11. Il en découle de merveilleuses adaptations dont il est le truchement.

12. C'est pourquoi on m'appelle Hermès Trismégiste, car je suis la philosophie du monde en trois parties.

13. Ce que j'avais à dire sur l'opération du soleil est terminé. "

Tabula smaragdina

La Tabula smaragdina, s'appelle aussi Table d'émeraude d'Hermès ou Magna Charta de l'alchimie. C'est un des plus anciens documents hermétiques. Parut d'abord au IX° siècle en arabe, peut-être d'une source syrienne du IV° siècle, probablement inspirée d'un original grec. Je vous ai proposé ici la traduction de Richard Crevier du livre de Johannes Fabricus, L'alchimie paru en anglais. Bonne lecture et patience, ce texte peut être médité toute une vie...Ariaga.

22/09/2008

Relation à la nature

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La relation à la nature peut être extérieure ou intérieure, ou les deux.

Je me promène dans les bois ou le long d'une plage, je respire l'odeur de l'humus ou de la mer, je me couche dans l'herbe. Je reçois la nature de l'extérieur.

Je suis dans les pas de C.G. Jung et je tente de lire en moi par l'intermédiaire de l'analyse et de l'interprétation du rêve, j'approche la Nature de l'intérieur car il y a toujours un moment où émergent les re-présentations venues du temps où la nature et l'homme étaient étroitement liés.

Je suis dans la nature et je fais silence, je médite pour laisser advenir ce qui me relie à la Totalité, alors mon contact avec la Nature est à la fois intérieur et extérieur.

Ariaga.

19/09/2008

Le temps du rêve

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L'inconscient qui se manifeste dans les rêves, ne se préoccupe pas, si l'on en croit C.G.Jung et la psychologie des profondeurs, de notre perception habituelle du temps. Ceux qui notent leurs rêves jusqu'à ce qu'ils constituent des séries de rêves peuvent le vérifier. Les événements ne se succèdent pas d'une manière chronologique. Les enchaînements de cause à effet genre A donne B, B donne C, ne fonctionnent pas toujours. Cela explique que le monde onirique nous semble aussi chaotique et absurde. Mais nous nous attachons à notre belle logique et , comme les rêves parviennent à notre conscience l'un après l'autre, nous faisons notre possible pour les classer dans nos catégories usuelles d'espace et de temps.

C.G.Jung fait une proposition originale pour casser nos habitudes de lecture des rêves. Il suggère (in Sur l'interprétation des rêves, A.Michel) que la série de rêves qui parvient à notre conscience au moment du réveil, ne soit pas considérée comme la véritable série. C'est une traduction, une concession à notre idée du temps. Il propose un schéma consistant en un cercle d'où partent des flèches vers l'extérieur et écrit :

"La véritable configuration du rêve est radiale : les rêves rayonnent à partir d'un centre, et ne viennent qu'ensuite se soumettre à l'influence de notre perception du temps. Les rêves se subordonnent en réalité à un noyau central de signification."

Vous me direz, mais qui ou quoi est à l'origine de ce centre ? Pour Jung l'origine est "non identifiable". Et pour moi, je laisse la porte ouverte à vos supputations.

Ariaga.

17/09/2008

Le très vieil homme en nous

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C.G.Jung explique dans L'analyse des rêves (notes du séminaire de 1928-1930, Albin Michel) que, même si nous refusons de voir notre partie obscure, l'ombre, il persiste une réaction de l'esprit qui est celle de l'homme de plusieurs millions d'années qui habite en nous.

Nous ne sommes jamais seuls car il y a dans nos racines profondes un Vieil homme/Ancêtre. On peut le nier mais il est quand même là et provoque des réactions indépendantes de la volonté. C'est cette obscure impression quand certains actes sont accomplis qu'il y a une ligne à ne pas dépasser. Bien sûr, on peut quand même franchir la ligne mais le vieil homme réagira et il y aura des conséquences. Un peu comme quand on mange un aliment auquel on est allergique et qui rend très malade. Nous allons chercher des causes compliquées à nos maux psychiques et même psychologiques, ignorant le plus souvent la présence du très vieil homme qui proteste violemment dans les abysses de notre inconscient.

Ariaga

11/09/2008

Préalable à l'Alchimie Spirituelle

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Le préalable à l'Alchimie spirituelle est de faire un état des lieux. En effet, si, se considérant comme un vase sur l'Athanor, on entreprend de faire de soi-même le matériau de l'Oeuvre, il faut d'abord prendre conscience de ce que l'on est et ensuite de ce que l'on voudrait devenir. C'est seulement ensuite que peut commencer la lente transformation de ce qui est considéré comme des défauts en leur qualités opposées.

Ariaga

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28/07/2008

Du carburant pour le Voyage

 

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   C. G. Jung, que je préfère appeler Carl Gustav, car il fait partie de mes amis intérieurs, est, depuis le début des vacances imaginaires, assis sur le banc principal, on pourrait dire la locomotive du train de voyage des bancs. Lui, si présent sur le blog, s'est montré très discret depuis le départ. Je crois qu'il nous observait avec son sourire ironique si séduisant. Et puis il a entendu parler de carburant de moteur, de tout ce qui pouvait propulser les bancs des voyages imaginaires. Alors il s'est levé et nous a parlé , avec un peu d'impatience. Et que faites vous de l'imagination active, le meilleur moteur pour voyager au pays de l'inconscient ?  Enseignez nous donc, ont dit en choeur les passagers des bancs. Carl Gustav s'est alors exprimé et, en prenant quelques libertés, imagination oblige il a dit :

D'abord, si certains d'entre vous veulent en savoir plus  sur les voyages vers ailleurs lisez le chapitre "Le voyage dans l'au-delà" du livre de Marie-Louise von Franz C.G.Jung , son mythe en notre temps (Buchet/Chastel). Pour ce qui est de l'iimagination active, allongez vous sur le banc, et laissez venir tout ce qui émerge de l'inconscient. Accueillez, comme si c'était vrai, les émotions, les phantasmes, les pensées obsédantes, les images de rêves. Vous verrez, ces éléments que vous laisserez émerger emploieront souvent pour s'exprimer un langage étrange, pathétique ou ridicule. Vous pourrez être choqués, vous dire : mais comment est-ce que je peux imaginer des choses pareilles ? Pas besoin de comprendre, recevez comme un cadeau. Vous pouvez dialoguer avec ces éléments qui remontent à la surface et surtout en profiter pour exprimer toute la puissance de votre iimagination. Écrivez les, dessinez les, vous pouvez même les danser...et surtout soyez spontanés, ne cherchez pas à trop bien faire, à esthétiser. Laissez simplement se réunir harmonieusement les deux tendances du conscient et de l'inconscient et votre iimagination voyagera comme celle des grands artistes dont les cloisons avec les richesses de l'inconscient sont plus minces que chez les autres humains.

  Je sens que le train de banc va prendre de la vitesse. Carl Gustav qui a déjà fait le plus grand Voyage, celui du passage dans l'au-delà, nous a donné une nouvelle impulsion. L'imagination active est un super carburant. 

              Ariaga 

    

23/07/2008

Un félin dans l'athanor

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   Les alchimistes Philosophes de la Nature du Moyen Âge, dans leurs rêves les plus fous, n'auraient jamais pensé adjoindre aux matériaux de leur Oeuvre un léopard, même virtuel. Ils ont dans leurs "recettes" parlé de matières assez étranges allant du lait de vierge aux excréments mais, si ce n'est la possibilité que des chats aient peut-être fini dans le "fourneau", à ma connaissance point de gros félins !
   Il y a longtemps que je vous parle d'Athanor, mon fidèle Mac, qui en ce moment véhicule dans le monde des blogs notre train de bancs des vacances imaginaires.
   Aujourd'hui, le train devient de plus en plus long et lourd à tirer. J'ai, suivant des conseils avisés, je l'espère, décidé d'augmenter la qualité du combustible de mon cher Athanor-Ordinateur et je vais engouffrer dans sa gueule béante le Mac OSX Léopard. C'est une opération longue et périlleuse et j'espère en sortir indemne. Les fauves peuvent être dangereux et les bugs (beuglements ?) fréquents quand on est aussi peu doué que moi. A demain si tout va bien. 
             Ariaga apprentie dompteuse de fauves.
 

10/07/2008

Bonheur et mystique juive

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   Je sens comme une pression d'ombres insatisfaites autour du banc. Depuis Janvier 2007 où j'avais posté une note intitulée "paroles de la mystique juive", quand je regarde les textes les plus lus sur le blog cette note se situe toujours aux premières places. Tout le monde doit être heureux et partir en vacances alors je vais inviter au voyage un nouveau compagnon, le maître hassidique Rabbi Nachman de Bratislava (1772-1810) dont j'ai entendu parler dans un livre d'Edward Hoffman intitulé Mystique juive et psychologie moderne (Dervy).
   Je l'imagine très bien, assis sur le banc et racontant d'une belle voix, au petit groupe des voyageurs, lui qui n'a rien écrit, les histoires et paraboles qui lui servirent pour illustrer ses idées. 
   Atteint très jeune de la tuberculose, il savait que sa vie serait courte. Cela aurait pu le rendre mélancolique mais, au contraire, il enseigna que la joie est une porte vers le divin et que l'on doit toujours essayer d'être gai, même si il faut pour cela "avoir recours à des futilités". Il pensait aussi que le corps et l'esprit sont intimement liés  et que les émotions négatives, comme la peur, la jalousie ou la colère, peuvent être à l'origine des maladies.
   Ses récits parlaient de rois, de naufrages, de trésors cachés et des rêveurs fous partis à leur recherche et aussi de ces coïncidences qui font exploser les cadres de la causalité. J'aime imaginer qu'il est avec nous sur le banc, ce mystique joyeux qui condamnait l'ascétisme et qui nous aurait enseigné la marche sur la voie du bonheur.
          Ariaga
 

18/06/2008

Le bruit pollution mentale ?

 

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   Dans une lettre de Septembre 1957, adressée à un professeur de droit qui avait fondé une "ligue contre le bruit" C.G.Jung, âgé de 82 ans, parle de la véritable pollution mentale que représente , pour lui, le bruit. J'ai été frappée par le côté actuel de ses propos, assez virulents, et dont j'aimerais vous donner ici la substance.

  Le bruit trouble la concentration psychique nécessaire au travail intellectuel et, pour faire abstraction de ce bruit,  on doit faire un effort supplémentaire. Le pire c'est qu'on s'y habitue, comme à l'alcool ou à une drogue et on peut souffrir de cirrhose ou de dépendance mentale.

    Les enfants sont les premiers touchés. Ils reçoivent trop d'incitation à la dispersion. Ils travaillent dans un bruit subi ou choisi et reçoivent quantité de sollicitations extérieures ce qui les empêche de réfléchir et de se concentrer pour trouver eux-mêmes des solutions aux questions qui leur sont posées.

   Pour Jung, et j'ai tendance à croire qu'il a raison, l'homme s'est mis à aimer le bruit parce que le monde est de plus en plus angoissant et que le bruit "empêche cette angoisse de se faire entendre". Autrefois, les primitifs faisaient du bruit pour chasser les démons. De nos jours, le bruit, comme la foule donne à pas mal de gens un sentiment de sécurité et protège contre les désagréments d'un silence qui pourrait conduire à la réflexion et aussi laisser remonter à la conscience ce qui est enfoui dans l'inconscient. N'importe quel bruit est alors préférable au silence. Comme l'écrit Jung, "Dans ce que l'on appelle de façon significative, "un silence de mort", on se sent mal à l'aise". On craint ce qui pourrait venir de l'intérieur et on le combat de l'extérieur.

   Jung est assez pessimiste sur l'issue de la lutte que mène son correspondant contre la pollution sonore. Voici ce qu'il écrit :

"Avec la lutte si nécessaire contre le bruit, vous vous êtes chargé d'une tâche difficile : certes il serait souhaitable de réduire l'excès de bruit , mais plus vous vous en prenez au bruit, plus vous vous engagez sur le terrain interdit du silence, objet de tant de crainte. Vous ôtez aussi à ceux qui sont sans importance et dont on entend jamais la voix l'unique joie de leur existence, et l'incomparable satisfaction qu'ils éprouvent à crever le silence de la nuit avec la pétarade de leur moteur, ce qui leur permet de troubler par un vacarme d'enfer le sommeil de leur prochain. A ce moment-là, ils sont quelque chose dont il faut tenir compte. Le bruit est pour eux une raison d'être et une confirmation de leur existence. Il y a beaucoup plus de gens qu'on ne le soupçonne qui ne sont pas dérangés par le bruit, car ils n'ont rien en quoi ils pourraient l'être ; au contraire, le bruit leur apporte quelque chose."

   Quand je lis cette lettre de Jung je me dis que la vie est mouvement et que nous devons peut-être nous adapter à l'époque dans laquelle nous vivons. Mais dans le cas du bruit, s'agit-il d'une nécessaire adaptation, librement consentie, ou d'une pollution qui est une agression et que  que nous subissons sans réagir ? 

           Ariaga.