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15/06/2008

Dans les caves des blogs

 

 
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   J'ai entendu dans les caves du blog gémir, grelotter de froid et se couvrir de moisissures, les mots oubliés, les pensées que j'espérais interpellantes, la philosophie, la psychologie des profondeurs de Jung, les symboles de la longue montée des marches de l'alchimie, les poésies écrites sous la pression d'une inspiration fugace, les photos dont je m'étais persuadée qu'elles avaient un sens symbolique.  

   Les caves des blogs sont pleines de textes oubliés comme de vieux tas de poussier de charbon. Un livre se relit, pas un blog où seuls les mots qui se pavanent en vitrine ont une brève vie. Et puis ils descendent les marche vers la cave et sur la porte on lit : ARCHIVES. Une poussière de plus en plus épaisse, sous laquelle ils finissent par disparaître, les recouvre.

   C'est pour cela que j'ai ouvert Extraits du Laboratoire, parce que j'espère que certains vont en extraire des textes, comme on extrait des prisonniers du cachot. Mais, là aussi, les mots vont descendre, descendre, dans les profondeurs de la cave. Ce n'est peut-être pas un mal. Le Philosophe a bien écrit: "Dis ta parole et brises toi".

                Ariaga.

04/06/2008

Un univers déterminé ?

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   Il y a déjà un moment, poussée par le démon de la philosophie et de la psychologie qui s'agite parfois en moi, malgré tous mes efforts pour le faire taire, j'avais proposé quelques textes sur la décision. L'un d'entre eux se trouve aujourd'hui sur le blog Extraits du Laboratoire. Muse m'avait, à l'époque, interrogée sur le déterminisme et la décision. J'ai du procéder, inconsciemment, à une lente mastication jusqu'à ce jour où la réponse  s'est présentée nue et simple : le mot décision n'a pas de sens dans un univers déterminé.
Il y a différentes façons de considérer l'existence. Une d'entre elle consiste à penser que l'ensemble de nos actions, passées et futures, font partie d'un grand plan établi à l'avance. Cette position me semble enlever tout intérêt à une réflexion sur la décision car, dans un tel univers déterminé, on ne décide pas, on subit, on est décidé. L'intérêt pour une quelconque réflexion sur la prise de décision et les actes qui en découlent disparaît. Je ne vois plus là que le déroulement d'un mécanisme au travail . Il y a une liste type et le but de toute recherche serait alors de trouver des morceaux du grand calcul et ensuite d'énumérer les suites d'un acte de la manière la plus complète possible pour se rapprocher de cette liste type, tout étant écrit d'avance. Je cauchemarde. Le mot décision ne signifie plus rien. 
   Penser à un monde insensé  où je ne suis plus responsable de mes actes, où je peux faire n'importe quoi, puisque tout est déjà écrit, ne plus pouvoir faire de ma vie une oeuvre de construction et de transmutation, je refuse....
                          Ariaga
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COUP DE COEUR
 
Pour le blog de Lilou : Fleurs - de - Vie.  Modestement, poétiquement, elle nous propose de cueillir des fleurs uniques de beauté et de profondeur de la pensée. Tu me fais du bien Lilou.

28/05/2008

Changer le monde

 
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Certains ont de grands projets pour changer le monde dans le domaine de la philosophie, de la spiritualité et, plus pratique, du social ou de l'humanitaire. Ils ont toute mon estime mais, plus j'avance dans la vie, plus je crois que, comme le dit Krishnamurti : "pour transformer le monde nous devons commencer par nous-mêmes." Chaque individu, à son niveau de fragment de la totalité est responsable des problèmes du monde. Il est imparfait, nous sommes imparfaits, mais, si nous voulons que l'ensemble de l'humanité s'améliore, nous devons commencer l'oeuvre par une réflexion sur nos comportements et, par un travail minuscule à l'échelle de la planète, transmuter nos  faiblesses en forces . Je ne crois pas ridicule de penser que nous aurons ainsi contribué à changer le monde.
                      Ariaga
 
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19/05/2008

C.G. Jung et le mandala

 
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    Je laisse à tous ceux qui ont l'habitude de fréquenter le Laboratoire du rêve et de l'Alchimie spirituelle les clefs du blog. Je m'absente pendant quelques jours pour tenter d'améliorer ce problème ce dos qui fait que je ne peux plus gérer ce blog avec la convivialité nécessaire, ce qui lui fait perdre une grande partie de son sens. Mon fidèle Athanor-Ordinateur ne peux m'accompagner et le cordon ombilical avec le laboratoire sera rompu. Je vous propose un texte un peu "sérieux", mais vous pouvez fouiller dans les archives où vous rendre sur l'autre blog. Installez vous comme chez vous...
 
   Le mandala, tel que le conçoit C.G.Jung, participe de deux sortes de représentations : le mandala qui répète et imite, avec un soin parfois religieux, et le mandala production de l'inconscient. Or, selon Jung, l'inconscient réagit instinctivement et l'instinct n'imite jamais. Il suit, sans se préoccuper des modèles du conscient, son "behaviour pattern" biologique. Il a son projet créateur et résiste aux efforts du conscient pour opposer son idée, même si elle est en opposition à ce qui est considéré comme le "bon" modèle par l'esthétique de l'époque. Il n'y a pas de modes pour l'inconscient
   Les mandalas représentation sont très anciens. Le terme signifie à l'origine cercle, et surtout cercle magique. Sous forme de dessin, on le trouve en Orient, en particulier dans le bouddhisme tibétain.  La tradition tibétaine fait remonter l'origine du mandala  au Bouddha, Shakymuni, qui aurait lui même réalisé le Mandala de Kalachkra peu après son éveil. Les mandalas tibétains sont très compliqués. Jung attribue à leur confection un effet apaisant pour l'âme. Leur contemplation apaise les tensions et procure le sentiment d'un ordre et d'un sens de la vie. Ce sont des aides à la méditation et des instruments d'évolution.
   Dans les oeuvres médiévales on trouve des mandalas ornés qui ont un sens rituel ou religieux. Les mandalas chrétiens de cette époque représentent souvent un Rex Gloriae, un roi de Gloire, avec les quatre évangélistes. Dans tous ces types de mandalas l'accent est mis sur le centre
   En dépit de leur valeur esthétique ou spirituelle, ce ne sont pas ces types de mandalas qui incitent Jung à la réflexion, mais ceux qui apparaissent dans les rêves et les dessins d'hommes modernes n'ayant aucune connaissance des traditions ou de l'art religieux et aucun don artistique. Quand ses patients, à la suite de rêves dessinaient des mandalas pour matérialiser leurs réactions, il n'attachait aucune valeur à leur exécution plus ou moins réussie. La fonction du mandala est, pour lui, d'être un représentant. Il écrit ((Psychologie et religion, p.179) :
"L'inconscient produit un symbole naturel que j'ai désigné techniquement sous le nom de mandala, auquel s'attache la significationd'une réconciliation des contraires, donc d'une médiation."
Il y a dans ce texte tout les éléments sur ce que Jung entend par mandalas dans  le cas où ils sont des expressions oniriques. Mandala est un terme qu'il choisit pour désigner le résultat d'une élaboration effectuée grâce à la coopération entre un inconscient, qu'il considère comme "pure nature" et un conscient qui semble rechercher une forme perdue comblant ses aspirations à la totalité . Il écrit dans le dernier tome de sa correspondance :
"Lorsqu'on réalise un mandala, se met en oeuvre tout ce que l'homme sait du cercle et du carré. Mais le coup d'envoi d'une telle représentation, c'est l'archétype en lui-même inconscient qui le donne."
La forme recherchée est proposée par le Soi organisateur, qui fait ici fonction de "médiateur" entre les tréfonds de l'inconscient collectif et la conscience.
  La configuration en forme de mandala apparaît souvent dans les situations de trouble, de désorientation et de perplexité. Je vous cite encore Jung (Un mythe moderne, p.269) :
 "L'archétype que cette situation, par compensation, constelle, représente un schéma ordonnateur qui vient en quelque sorte se poser sur le chaos psychique, un peu comme le réticule d'une lunette de visée, comme un cercle divisé en quatre parties égales, ce qui aide chaque contenu à trouver sa place et contribue à maintenir dans leur cohésion, grâce au cercle qui délimite et protège, les éléments d'une totalité en danger de se perdre dans un vague indéterminé."
C'est pour se protéger de ce danger que les mandalas du bouddhisme Mahâyana sont des images de l'"ordre cosmique temporel, ce dernier pouvant être considéré comme une représentation de l'ordre psychologique.
   Notre époque étant caractérisée par l'angoisse, la désorientation, la perplexité, et cet état étant susceptible de diminuer la puissance d'agir du Moi, il me semble normal que ce type de structures apparaissent dans les rêves des occidentaux comme phénomènes de compensation de cet état. Je pense aussi, dans l'esprit de Jung, que les mandalas, si on sait regarder, sont très présents dans la nature. Voyez les photos de mes précédentes notes. On les trouve au coeur des fleurs, dans la découpe des arbres, dans l'agencement des coquillages sur les plages, et aussi dans les cristaux, les flocons de neige, les constellations.  Les mandalas "naturels" sont partout. A nous de travailler à l'harmonie de notre mandala intérieur et de trouver notre centre.
            Ariaga
 
 
 
 

07/05/2008

Ariaga : Une annexe du laboratoire

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  Il y a des moments où le moral n'y est pas et où j'ai l'impression de jeter des textes dans une espèce de puits sans fond où ils disparaissent à jamais. Quand j'ai commencé ce blog je crois que, inconsciemment, je voulais construire une représentation de l'évolution d'une construction intérieure en commençant par les fondations et en remontant, très lentement, selon le procédé de la voie alchimique "humide", un escalier vers les étages. Je me suis aperçue que, dans le monde des blogs que j'ignorais complètement quand j'ai "ouvert" le laboratoire, cela ne fonctionne pas ainsi.
  J'ai allumé le feu de l'athanor beaucoup trop fort et j'ai mis dans la cornue mes meilleurs matériaux. Tout s'est réduit en cendres. Je sais que dans les cendres l'or peut être couvé et le phénix renaître mais un travail personnel est nécessaire pour que survienne cette renaissance. Parlant d'une manière moins symbolique, je veux dire que j'ai écrit au début de ce blog des textes "fondateurs" pour celui qui ne viendrait pas sur ce blog faire des mondanités et voudrait, sincèrement cheminer en ma compagnie. Le lecteur, et je fais partie de cette espèce quand je vais sur les blogs amis, lit généralement la dernière note ; éventuellement une des dix récentes qui sont affichées. Se répéter, cela m'arrive, mais j'ai la sensation de tricher. Alors j'évite d'aborder certains sujets , en particulier quand il s'agit de la psychologie des profondeurs de Jung ou de l'alchimie car je suis consciente que, sans avoir quelques bases, mon texte sera" difficile " pour le lecteur. Et le temps passe et je reste en bas des marches.
   Pendant ma période de repos et de réflexion, une idée m'est venue. Créer un nouveau blog, ailleurs, pour présenter les textes déjà écrits et qui permettront à ceux qui veulent revenir à ce que je pense être les textes essentiels du laboratoire, de le faire sans efforts. 
  Le Laboratoire du Rêve et de l'Alchimie spirituelle reste notre lieu de rencontre. Il n'y aura pas de commentaires sur le nouveau blog car je ne peux assumer ce travail mais si vous avez envie de communiquer sur ces textes vous pouvez toujours le faire sur le dernier texte publié sur le blog principal en me disant à quel texte vous faites référence. Voici l'adresse de cette annexe du laboratoire :  http://www.ariaga.net/ . Vous pouvez aussi cliquer en haut à droite de la page d'accueil.
            Ariaga
 
 

04/05/2008

Les illusions du progrès

 
La société humaine dite " évoluée " a construit les avancées de la civilisation, et l'amélioration du bien-être de l'homme supposée en résulter,  sur des illusions :
   Illusion que l'on pouvait marcher sans jambes et sans pieds, vivre sans racines, en se séparant de la Nature censée devenir une servante docile.
   Illusion dérivant de l'idée que le progrès est à l' " extérieur " d'où une perte de contact avec la Source Créatrice, quel que soit le nom qu'on lui donne,  qui cherche à s'exprimer à l' "  intérieur ".
   Illusion d'un Moi qui rejette ou supprime tout ce qui ne lui ressemble pas, se privant ainsi de la progression vers une totalité issue de l'union des contraires, progression que pourrait lui apporter la relation avec le différent.
 
                  Ariaga
 
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25/04/2008

La science-fiction et l'hypothèse

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    C'est la première note que j'écris sur la science-fiction et on me dira que je suis loin de la philosophie, de la psychologie des profondeurs de Jung, et de l'alchimie spirituelle. Vous auriez tort, chers lecteurs, car je pense que tout ce qui transforme, élargit le degré de conscience, nous fait sortir de la bulle du connu et du semblable,  est un facteur d'évolution et de transformations.

   Si je n'avais pas encore abordé ce sujet, c'est par crainte de me laisser entraîner par ce qui fut longtemps une "passion". Je me suis un peu assagie. Je redoutais aussi d'avoir du mal à me détacher des enseignement dispensés par Jacques van Herp, à Bruxelles, dans une "autre vie".  Enseignements douloureux, le cher homme maintenant décédé, avait un caractère détestable, mais aussi un très vaste savoir. Son Panorama de la science-fiction (Marabout) demeure incontournable.

   Le terme Science-fiction a suscité pas mal de malentendus et, pour beaucoup, ce serait une forme de sous-littérature ou de para-littérature populaire faite de récits puérils, mal écrits et sans validité scientifique. Je ne suis pas du tout d'accord avec cette conception.  Je reconnais que le terme est, non seulement mal choisi mais très limitatif car, pour moi, ces récits fondés sur le " et si " ne sont pas une curiosité littéraire. C'est, tout simplement, de la littérature, et même une littérature très ancienne.

   Et si Ulysse était parti pour un très long voyage ; et si un continent perdu avait vraiment existé ; et si on en retrouvait des traces ; et si d'autres mondes étaient habités ; et si une guerre ou un cataclysme balayait l'humanité. On voit se dessiner les ombres d'Homère, de Platon, de Giordano Bruno sur son bûcher et, plus près de nous de Robida, Wells, Matheson, Blish, Barjavel et d'autres très contemporains qui ont continué à franchir les barrières de la possibilité humaine et à raisonner sur l'irrationnel.

   Alors, pourquoi certains d'entre vous  qui ont acheté dans une gare un livre classé S.F. l'ont-il jeté après lecture dans la première poubelle rencontrée et juré qu'on ne les y reprendraient plus ? tout simplement parce que c'était un mauvais livre. Il y a des romans d'amour stupides et mal écrits et des chefs d'oeuvre littéraire du même genre.

    Pour commencer, car maintenant que je suis lancée il y aura des suites, je propose de ne plus utiliser le terme science fiction et de le remplacer par celui de " roman d'hypothèse ", proposé en 1928 par Maurice Renard. Pour les anglicistes on pourrait dire aussi " speculative fiction " (Heinlein) mais je garderai roman d'hypothèse ou R.H. Et nous voila de retour dans un domaine plus philosophique : prendre pour point de départ une supposition et en examiner les conséquences en suivant une certaine forme de logique, scientifique ou non. On élargit le champ de la réflexion non seulement à ce qui est mais à ce qui pourrait être et on remet en question l'espace, le temps, l'histoire, la société l'être humain lui même et jusqu'aux possibilités de son esprit.

   Le fantastique, la fantaisie héroïque, trouvent eux aussi leur place dans cette qualification de roman d'hypothèse. Il s'agit seulement de différences dans le degré de rationalité de  l'hypothèse de départ et d'" ambiance " du récit. Le conte me semble à part mais j'en ai assez dit pour aujourd'hui.

          Ariaga

COUP DE COEUR

Aujourd'hui, je veux vous suggérer, si ce n'est déjà fait  car c'est un blog "fréquenté", d'aller voir le blog  Tietie007 par : Thierry (lien). Sur ce blog tous les sujets sont abordés avec culture et humour. Thierry vous fera voyager, vous emmènera au cinéma,  réagira aux grands courants de l'actualité.  Vous rencontrerez aussi des personnalités marquantes contemporaines ou un peu plus anciennes. Le tout écrit avec clarté et dans un impeccable style. Si j'ai ouvert dans mes liens une rubrique culture inaugurée par ce blog, alors que j'ai une certaine défiance envers ce mot, c'est que j'avais mes raisons...

  
 

19/04/2008

De l'ordure à l'Or

Paroles murmurées à l'oreille de mon coeur par mon ami intérieur le Vieil Alchimiste

 

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Ne te tourmentes pas sans cesse au sujet de tes défauts. C'est à partir de la matière vile fournie par la nature, de la boue, du fumier, de l'ordure que, par de multiples cuissons et distillations on peut obtenir l'Or Philosophique. Il en est de même au sujet de tes défauts. C'est parce que ils existent en tant que matériaux de ton Oeuvre Vie que tu peux, par un patient travail sur toi-même, les transmuter en leurs qualités opposées.
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Ariaga 
 
 

16/04/2008

Le dernier rêve de C.G.JUNG

 

 
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C.G.JUNG, (1875-1961), jusqu'au dernier mois de sa vie, même si son corps était diminué, a "persévéré dans son être" psychique et spirituel avec une grande force. Il a revu les chapitres qu'il avait rédigé pour L'homme et ses symboles et  écrit des lettres. Il semble cependant, si on en croit ceux qui étaient présents, qu'il attendait avec une grande sérénité et une pointe d'impatience les "noces bienheureuses" qu'il avait entrevues pendant la période où il fut entre la vie et la mort en 1944. M.L. von FRANZ  raconte, dans son ouvrage sur Jung, que, dans une sorte de rêve éveillé, il dit à Miguel SERRANO qui lui rendait visite :

"Il y avait une fois une fleur, une pierre, un cristal, une reine, un roi, un château, un amant et sa bien-aimée, quelque part, il y a longtemps, longtemps, dans une île au milieu de la mer, il y a cinq mille ans...Tel est l'amour, la fleur mystique de l'âme. C'est le centre, le Soi. Personne ne comprend ce que je veux dire. Seul un poète pourrait le pressentir..."

Il resta actif dans sa bibliothèque jusqu'au 30 Mai 1961, puis il dut s'aliter mais il resta conscient jusqu'à la fin. Quelques nuits avant sa mort il reçut le dernier songe dont il eut la force de faire part à autrui. Ruth Bailey qui était à ses côtés le rapporta ainsi :

" 1) Il voyait un énorme bloc de pierre rond placé sur un socle élevé et au pied de la pierre étaient gravés ces mots : "Et ceci sera pour toi un signe de totalité et d'unité."

2) Beaucoup de récipients, de vases en terre cuite, sur le côté droit d'une place carrée. 

3) Un carré d'arbres, des racines toutes fibreuses sortant de terre et l'entourant. Il y avait des fils d'or scintillant parmi les racines." 

 Il est difficile de faire des commentaires sur un tel rêve et seul Jung lui-même aurait  pu en donner une interprétation valable. Je donnerai quand même quelques pistes inspirées par Barbara Hannah et Marie-Louise Von Franz, des femmes très proches de Jung (Jung ne travaillait pratiquement qu'avec des femmes).

On peut dire que le cheminement de tout une vie vers l'unité et la totalité reçoivent leur récompense par la vision de la pierre. Les vases évoquent, si on pense à l'Egypte ancienne, le corps démembré d'Osiris dont certaines partie étaient conservées dans des vases en attendant que le corps entier soit reconstitué. Ils rappellent aussi, chez les Grecs, les jarres dans lesquelles ils conservaient les grains de blé en attendant de les mettre en terre là où ils donneraient un nouveau blé. Les racines font penser à la comparaison que faisait Jung entre la vie et le rhizome d'une plante.  Je ne peux m'empêcher de vous donner à nouveau cette citation extraite de Ma Vie :

" La vie m'a toujours semblé être comme une plante qui puise sa vitalité dans son rhizome ; ce qui devient visible au dessus du sol ne se maintient qu'un seul été, puis se fane... Apparition éphémère. Quand on pense au devenir et au disparaître infinis de la vie et des civilisations, on retire une impression de vanité des vanités ; mais personnellement je n'ai jamais perdu le sentiment de la pérennité de la vie sous l'éternel changement. Ce que nous voyons, c'est la floraison  - et elle disparaît - mais le rhizome persiste."

 Jung s'apprêtait à vivre sa vie invisible. Restent les fils d'or scintillant entre les racines. Pour moi c'est une évocation du sentiment ressenti par Jung d'appartenance à la longue chaîne d'or des alchimistes. Ils peuvent aussi faire penser à cette phrase citée par Marie Louise von Franz, citant un ouvrage sur le Tao :

"Par la volonté suprême le Tao est atteint...mais en maintenant en paix l'essence, ta longévité fleurira, avec l'essence de la pierre et l'éclat d'or...

Jung mourut dans l'après midi du mardi 6 Juin. Quand ce sera le moment de transiter vers ailleurs, ce moment où meurt la fleur de la vie, je souhaite à tous ceux qui ont tenté de faire de leur vie une oeuvre d'alchimie spirituelle de recevoir, comme  récompense et viatique, un aussi beau rêve que celui de Jung.

            Ariaga.   

  COUP DE COEUR

Le départ de Jung vers l'ultime monade m'a fait penser à un blog sur les images et le texte duquel je vais souvent rêver. Il s'agit de L'Astroport le chant du pain (lien). Aujourd'hui je suis allée élargir mon univers en écoutant le chant d'Iota Horologii, une étoile jaune orangée, à des années lumière dans la constellation de l'Horloge. Mon coeur a battu, comme en écoutant du J.S.Bach, à l'évocation des variations rythmiques écoutées pendant de longues nuits par les astronomes. Si vous fréquentez l'astroport, vous aurez presque quotidiennement des nouvelles du cosmos.

 

 

14/04/2008

Retour de cure

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 La vie sans tête, j'ai essayé mais, n'en déplaise à Douglas Harding, cela n'a pas marché...

 

   La désintoxication ne devait pas être complète car je sens que la vie dans la tête, la vie imaginaire des blogs, commence à sérieusement me manquer. J'ai pourtant respecté les règles : degré zéro de réflexion, détente, lavage et essorage de cerveau + auto-dérision (très douloureux!). Je crois bien que je ne peux tenir plus que le temps minimum   fixé pour la cure, quinze jours, sans le monde virtuel de l'écriture et des amis de blog. Aujourd'hui cela fait exactement quinze jours et je suis arrivée à la conclusion que je suis toujours accro.

   Les notes vont donc reprendre avec probablement quelques changements. Evoluer n'est-il pas le but de ce laboratoire ? Probablement des notes perfois un peu longues alternant avec des pensées et réflexions plus courtes et toujours de la poésie quand elle veut bien "descendre" ou "remonter", je ne sais.   

  Je pense , mais tout ceci est à l'état de simples projets, aborder de nouveaux sujets tels que la philosophie de la science fiction (amusante la coïncidence avec le commentaire de r-i-d sur ma précédente note) et écrire quelques notes sur les arts divinatoires.

   J'ai aussi l'intention d'ouvrir, chez overblog, une espèce de "vitrine" qui reprendra simplement des textes déjà publiés pour les proposer à de nouveaux lecteurs. Et toujours mes photos, soit pour illustrer les textes, selon une symbolique que je dois parfois être la seule à comprendre...mais en tous cas cela rend le blog plus coloré.  Vous pouvez aussi trouver des photos, de meilleure  qualité de publication, sur le photoblog.

   Et, bien sûr, vos commentaires et, quand cela m'est possible, mes réponses. J'ai lu dans un petit article parlant du blog, qu'ils donnent au laboratoire un aspect "chaleureux et convivial". Pourvu que cela dure...

   Je vous embrasse tous, amis connus et inconnus.

          Ariaga.
 

  
 

31/03/2008

Vacances : cure de désintoxication des blogs...

   Je suis lassée de la philosophie, de la psychologie des profondeurs, de la spiritualité et de la culture en général. Même mon cher Jung m'ennuie. Je pense donc que, pour quelques temps, il me faut me livrer au "divertissement", au sens pascalien du mot, et oublier la vie virtuelle des blogs pour me consacrer à la vraie vie. Je dois aussi réfléchir, sans pression, à l'évolution du Laboratoire dans les mois qui viennent. Gardez le vivant en mon absence car je sais déjà que je vais rechuter.

  J'imagine avec délices diverses possibilités de cure :

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 Peut-être prendre vraiment le temps d'aller au bout du chemin pour voir si la surprise est toujours un moteur de ma vie ?

 

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 Aller voir si la timide pouliche aux jambes encore incertaines, que j'ai photographié quelques heures après sa naissance , et sa mère qui me regarde d'un air de dire "'non mais de quoi tu te mêles", ont une leçon à m'enseigner ?

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Et pourquoi pas rester tranquille dans le silence, derrière la fenêtre, protégée par les anciennes pierres, pour lire des romans d'amour, des "thrillers" ou suprême délice, de la science fiction ? Et surtout pas de philosophie.

  Je vais boucler ma valise mentale et je vous embrasse tous.

               Ariaga
 

 

25/03/2008

Rêve d'évasion du monstre

 

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Quand le monstre, androgyne de ses abysses, enfermé dans la cornue où il se dessèche depuis les origines, laisse échapper par l'issue du rêve une part féminine démente de solitude, le vouloir explose le verre de la cage.

Elle veut tous les alcools, et aussi tous les rires.

Elle veut devenir folle et manger des délires, énormes !

Elle est jeune, elle est belle,

donnez lui votre sang pour la rendre immortelle.  

            Elle veut Tout,

inventer les poisons, appeler les démons, saccager les jardins,

pour aimer, pour pleurer, pour sentir.

           Elle veut Tout.

Elle parcout le monde, mers, fleuves, montagnes,

loin, toujours plus loin.

Son corps craquelé devient comme un rocher que jamais n'atteint la marée et les mousses s'effritent dans sa main.

          Des filles sont passées

          et l'ont appelée soeur,

corps vénéneux, ployant comme des tiges, paupières violettes, yeux de topaze, chacune tenait entre ses bras un enfant mort !

Elle ne les a pas entendues, les mots des humains sont perdus.

          Reste le Désir.

Quand elle voit la ville, si proche et si lointaine,

elle court haletante, le visage mouillé.

Elle tombe, elle rampe et c'est à quatre pattes, comme un chien, qu'elle atteint la première porte,

trop tard, une nouvelle fois trop tard.  

           En lettres de cendres il est écrit :

   Le monstre est mort, brûlé sur l'athanor du JE.

               Ariaga 

COUP DE COEUR

   Aujourd'hui, je veux vous parler d'un être protéiforme, peintre, poète, chercheur de mots et de langages nouveaux. Il s'agit de Lambert Savigneux, alias alorededelam, lam, Lambi pour les intimes. Il disparaît, il revient, toujours aussi talentueux. Vous pouvez, en ce moment, le trouver sur son blog principal Les vents de l'inspire.(lien) mais, si vous avez le temps ne vous arrêtez pas là. Allez sur ses autres blogs qui se ramifient, comme des branches, à partir de son blog principal. Et n'oubliez pas son ancien blog, mon préféré.




 

 

 

19/03/2008

Les voix du rêve et l'Ami intérieur

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     Le rêve est un pont entre l'inconscient et le conscient et sur ce pont des messages circulent. Ils se manifestent parfois par des voix. Il arrive que certains lecteurs de ce blog se disent intrigués ou impressionnés par ce qui parle dans leurs songes. J'ai leur ai répondu  ici où là mais je vais, aujourd'hui, tenter de traiter le sujet de manière un peu plus complète. Je m'adresse ici à ceux qui rêvent beaucoup et cherchent un sens à ces nombreux rêve. 

   Les voix qui parlent dans les rêves peuvent manifester l'opinion d'inconnus ou de personnages bien identifiés, ou bien il s'agit d'une réflexion que le rêveur se fait à lui même. Parfois c'est plus vague : "on dit que, il est dit que". Une autre voix est parfois entendue, impérative, numineuse, exprimée avec force par un personnage plein d'autorité, ou même par un être invisible dont la voix résonne d'une manière biblique. Je pense, mais ceci n'engage que Jung et moi qui le suit tout à fait dans cette idée, qu'il s'agit de la Grande Voix du Soi.

   Les voix appartenant à des personnages identifiés sont ce que l'on pourrait appeler des voix " douteuses ". Voix de l'ombre, voix d'une anima ou d'un animus négatif ou positif, ayant emprunté une forme symbolique. Il est difficile de s'y retrouver car on a tendance à leur donner, dans l'interprétation du rêve, la même place que si on les rencontrait dans la vie quotidienne avec toutes les arière pensées que cela implique. 

  D'autre fois, le rêve propose des " on dit que " ou  " une voix dit ". C'est le début des efforts du Soi pour se faire entendre. Et puis, quand les rêves sont fréquents et deviennent une série de rêves, arrive la Voix qui est une espèce de fil conducteur. Elle émane de personnages inconnus, variés, sous les déguisements desquels il est difficile de reconnaître des représentants du Soi. il arrive que survienne une situation onirique au cours de laquelle se produit ce que j'appelle le phénomène de la Grande Voix et alors le doute n'est plus permis. Elle s'exprime d'une manière autoritaire, claire et convaincante et, comme l'écrit Jung (psychologie et religion, p.79) :

"parait souvent être le résultat final et pertinent d'une longue délibération inconsciente au cours de laquelle tous les arguments auraient été soigneusement pesés. Fréquemment, la voix provient d'un personnage plein d'autorité : tel un chef militaire, le commandant d'un navire ou un vieux médecin. Quelquefois il n'y a qu'une voix, venue, semble-t-il, de nulle part."

   Quand la voix n'émane pas d'une personnalité supérieure ou idéale, ce peut être aussi celle de l'" Ami intérieur "avec lequel on rentre dans une sorte de  conversation avec soi même , de méditation, au sens des anciens alchimistes qui définissaient cet autre comme "aliquem alium internum", quelqu'un d'autre à l'intérieur. Jung répond à ceux qui objectent que ce qu'exprime la voix n'est rien d'autre que les pensées du rêveur (l'âme et le Soi, p.38) :

" Souvent on m'a objecté que les pensées exprimées par la voix ne sont autre chose que les pensées de l'individu lui-même. C'est possible mais je n'appellerai mienne une idée que si c'est moi qui l'ai pensée, comme je ne dirai d'une somme d'argent qu'elle m'appartient, que si je l'ai gagnée ou encore acquise d'une manière consciente et légitime. Si quelqu'un me donne de l'argent en cadeau je n'en remercierai certes pas le donateur en disant : "Merci pour mon argent", bien que, parlant plus tard à un tiers, je puisse affirmer "c'est mon argent".

   Le phénomène de la Voix est identique. Elle offre des contenus mentaux comme un ami donne des idées ou des conseils. Cependant, il est impossible de produire la voix à la demande, ou de deviner à l'avance le contenu d'un message, et la voix du rêve n'appartient pas plus au rêveur que le bruit de la rue ou d'une musique lointaine. Pour dire que la voix est un élément de la personnalité consciente il faudrait admettre que cette personnalité fait partie d'un tout ; qu' elle est un petit cercle contenu dans un cercle plus grand, là où se joue la musique.

Bonne nuit et beaux rêve. En espérant  que vous entendrez la grande musique du Soi. 

          Ariaga.

COUP DE COEUR

   Aujourd'hui, c'est pour moi, pour MON plaisir, que je vais choisir un blog qui, depuis les débuts du Laboratoire est une source d'inspiration, une nourriture. On ne peut pas décrire La Quête de  Kaïkan.(lien) C'est un univers, c'est la poésie, l'art, la musique, la beauté. Je n'ai pas de mots, il faudrait que je lui emprunte les siens...

 

15/03/2008

L'amour de l'autre

   Nous devons accomplir, ici et maintenant, dans la vie réelle, l'Oeuvre alchimique des dissolutions et intégrations des différents degrés de manifestation de l'Amour. La première étape me semble être l'amour de soi, en tant qu'être total ce qui présuppose l'acceptation de la partie obscure et du corps comme pont qui nous relie à l'ensemble de la Nature. Il est parfois difficile d'accepter la présence de cet autre, si proche et si différent avec lequel nous devons cohabiter mais, si cette première étape n'est pas franchie, je ne vois pas comment nous pourrions aimer notre "prochain". Si je n'aime pas l'étranger en moi, comment pourrais-je aimer l'étranger à côté de moi ? Si je ne m'aime pas, comment donner de l'amour puisque je n'en ai pas l'expérience intime ?

   Aimer l'autre est essentiel car nous n'existons que par notre possibilité de nous référer à cet autre. Je sais que nous sommes déformés par l'abominable pensée cartésienne qui nous a rendus bouffis d'orgueil au sujet de notre place dans la totalité vivante à laquelle nous appartenons. Il faut revenir à plus d'humilité. La dynamique de la Nature à laquelle nous appartenons est une dynamique de tension entre les opposés mais, en électricité, la tension entre les pôles positif et négatifs ne signifie pas la destruction d'un des pôles, ni que l'un des deux soit  " bon " ou é mauvais ".  Au contraire, cette tension engendre une production d'énergie. C'est en coopérant avec l'autre, en entretenant une relation d' " amour " que nous allons rendre visible notre originalité à l'intérieur d'une totalité où nous risquons de nous dissoudre sans cette acceptation ce ce qui nous apparaît comme étranger. 

   Nous ne pouvons qu'aimer le Monde, même sous ses aspects négatifs, car refuser le Monde ce serait refuser la Vie. Il est notre mère , la matrice dont nous sommes issus, comme l'avaient si bien compris les alchimistes. en tant qu' humains, nous participons à son ordre et héritons de sa mémoire. Libre à nous de jouer une petite note personnelle, mais nous ne pouvons échapper au fait qu'il est notre point d'ancrage, le lieu de notre" co-existence. C'est là que nous mourrons après une incarnation loin d'être minuscule car elle aura été et demeurera, par ses apports à l'inconscient collectif, une parcelle indispensable sans laquelle l'ensemble ne saurait exister. L'Océan a besoin de chacune de ces gouttes pour être l'océan.

   Plus loin sur le chemin, nous pouvons être aspirés par la relation d'amour avec le divin, que ce soit sous une forme pensée ou ressentie.  Celui qui monte tous les degrés de l'amour humain est mené par son ascension vers l'amour divin, un amour qui se confond avec l'ensemble des autre niveaux de l'amour dont il est l'expression la moins visible, mais la plus vaste.

  A la fin de cette espèce de méditation sur l'amour de l'autre, je pense à ceux qui vont le chercher trop loin. On voit des êtres, généralement classés dans la catégorie " admirable ", qui vont très loin et sans compter," donner " leur amour.  Pendant ce temps leurs proches complètement effacés par cette passion amoureuse du dévouement à des causes éloignées ne reçoivent plus aucune nourriture affective et meurent de faim d'amour.  

   Voilà ce que j'avais envie, aujourd'hui, de partager avec vous. 

            Ariaga

COUP DE COEUR

Je vous propose aujourd'hui d'aller visiter un blog qui devrait être beaucoup plus fréquenté. Son auteur, Jean, nous invite sur un chemin d'Alchimie Spirituelle en poésie ou en prose poétique. Il s'agit du Monde de PataTy (lien). Vous trouverez des textes beaux et parfois violents avec un zeste de Jung. Si je devais choisir une note ce serait Les origines du monde. Cela commence par : "Les origines du monde sont dans la fleur de sel qui jadis ouvrit son coeur à l'âme défunte...." Vous n'avez pas envie de lire la suite ?

           

  

  
 

 

08/03/2008

Alchimie de la maladie

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   Comme j'émerge de la grippe, il m'a semblé intéressant, en prenant comme exemple F.Nietzsche et C.G.Jung, de parler d'un sujet que j'ai probablement déjà abordé (il m'arrive de me perdre dans les méandres de mon blog) la maladie en tant que facteur d'évolution.

   Il existe, chez Nietzsche et chez Jung, une attitude à la fois semblable et différente vis-à vis de ce qu'ils appellent les "états valétudinaires ", pour faire simple la maladie. Nietzsche a principalement développé le sujet dans Ecce homo et dans sa correspondance et Jung dans Ma vie et aussi dans sa correspondance.

   Pour Nietzsche, le corps constitue un lieu d'élaboration où l'excès de santé, mais aussi la maladie, sont des stimulants de la création. La maladie lui était , en quelque sorte, indispensable et ses lettres recèlent un impressionnant catalogue de ses maux. Michel Onfray écrit à ce sujet dans L'art de jouir p.68 :

" Qu'en est-il de ce corps porteur de Zarathoustra qui enfantera les perspectives du Surhomme ? La lecture de la correspondance complète du philosophe donne tous les détails. Nietzsche interpose son oeuvre entre sa chair qui se dérobe et ne parle qu'en termes de malaises et sa volonté de santé, éternel voeux pieux. il avait coutume de dire que ce qui ne le tuait pas le fortifiait : son oeuvre complète est placée sous ce signe ". 

   La maladie était un refuge qui permettait à Nietzsche d'échapper au quotidien, d'excuser certains comportements. Mais elle était aussi un moyen de ralentir l'excès de feu sous l'athanor, les dépenses d'énergie excessives qui empêchent l'évolution des forces créatrices.On se retrouve ici dans les perspectives alchimiques de la voie sèche et de la voie humide. Il me semble que ce passage de Ecce homo (p.56) le montre bien :

"La clarté et la belle humeur parfaite, voire l'exubérance de l'esprit que reflète l'oeuvre susmentionnée (il s'agissait du Voyageur et son ombre) se concilient chez moi, non seulement avec le plus profond affaiblissement physiologique, mais même avec un excès de souffrances. Au milieu même des tortures qu'inflige un mal de tête ininterrompu de trois jours, accompagné de pénibles vomissements de pituite, je bénéficiais d'une clarté de dialecticien par excellence et je méditais à fond de sang froid des questions pour lesquelles, dans des circonstances meilleures, je ne suis pas assez escaladeur, pas assez raffiné, pas assez froid.

   Il semblerait que chez des êtres comme Nietzsche, la recherche du sens et du dire de ce sens, mette la chair à l'épreuve comme si c'était au sein de cette "passion" que, comme dans le creuset des alchimistes, se produisait la "cuisson lente". 

  Jung est un peu de la même famille. Son enfance à été vécue sous le signe d'une relation très ambiguë avec des maladies réelles ou psychosomatiques.  Ce comportement de fuite devant la vie ordinaire, cette manière de chercher refuge dans la maladie se retrouva alors qu'il avait près de soixante dix ans quand, à la suite d'une grave maladie qui l'avait plongé dans une espèce de coma rempli de visions il mit trois semaines avant de se décider à retourner vers la vie telle qu'elle est. De ces moments d'enseignements puisés dans un état proche de la mort il revint avec de nouvelles forces et c'est après cette maladie que son travail et la puissance de sa pensée se révélèrent les plus fertiles. Il écrit dans une lettre de 1944 :

"En fin de compte, cette  maladie a été pour moi une expérience extrêmement précieuse, elle m'a donné l'occasion extrêmement rare de jeter un oeil derrière le voile. ".

   La maladie, probablement parce que elle diminue les défenses du conscient et relativise l'importance de problèmes souvent liés à l'image que l'on souhaite présenter à la société, peut donc, ainsi que l'ont ressenti et pensé Nietzsche et Jung, être un facteur de progression. Je nuance cette pensée, car il est des êtres qui souffrent tellement que je ne vois pas comment leurs souffrances seraient  positives. La maladie peut aussi, comme le montre le destin final de Nietzsche, être destructrice. Jung s'est penché, car cela le touchait personnellement sur cette destruction dont il a tenté l'analyse. Mais cela est une autre histoire...

       Ariaga

COUP DE COEUR

Pour récompenser ceux qui auront lu jusqu'au bout mon texte un peu " lourd " je vous propose aujourd'hui d'aller faire un tour sur un de mes blogs favoris. Il s'agit d'un photographe : Jean-Louis BEC dont le blog s'intitule Image-Mots, Mots-Image (lien). Il nous offre un dialogue entre de très belles photos et des textes symboliques et poétiques dont les mots creusent un chemin vers les profondeurs de l'être. Si je devais choisir une photo ce serait celle intitulée Léviathan car le groin de la bête me hante. Mais elles sont toutes belles et pleines de sens. Bon regard et bonne lecture.