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09/01/2008

C. G. Jung reçoit l'enseignement des rêves

( Suite de la note précédente )
   Comme pour tous les choix essentiels de son existence, Jung reçut des rêves un enseignement l'incitant à s'intéresser à l'alchimie. Il ne les comprit pas plus, à l'époque où ils survinrent, qu'il ne comprit la connotation alchimique du Faust de Goethe.
   Rappelons, dans son enfance, la vision de la cathédrale de Bâle, à partir de laquelle se posera pour lui le problème de l'homme chrétien et de l'ambiguïté divine, problèmes latents dans les écrits alchimiques. D'autres rêves survinrent à l'âge adulte. Il en fait le récit, ainsi que leurs conséquences dans Ma vie. Il s'agit de rêves montrant, de manière récurrente, une aile de sa maison ou une construction ajoutée, n'existant pas dans la vie réelle. Il finit, à un moment de cette suite de rêves, par pénétrer dans l'aile inconnue. Il y découvre une merveilleuse bibliothèque dont les ouvrages proviennent du XVI° et du XVII° siècle. Ils contiennent des "symboles singuliers", qu'il n'identifiera que tardivement comme des symboles alchimiques. 
   Le rêve décisif se situe en 1926 (il avait 51 ans). Il est long et j'en ai seulement retenu qu'il se situe dans une vaste demeure seigneuriale aux nombreuses dépendances. Alors qu'il se trouve dans la cour les portails se ferment. Le paysan qui l'accompagne et lui sert de cocher s'écrie  (ma vie p. 237):
" Nous voila maintenant prisonniers du XVII° siècle ! -Résigné je pense : Oui, c'est bien ça ! mais que faire ? Nous voilà prisonniers pour des années ! " Puis il me vient à l'esprit la pensée consolante : un jour, dans des années, je pourrai ressortir."
   Son désir d'interpréter ce rêve l'incite à effectuer des recherches. Il explore de nombreux domaines de la tradition symbolique mais le véritable déclic n'a lieu qu'en 1928 au moment où Richard Wilhelm lui envoie un texte de l'alchimie chinoise : Le secret de la fleur d'or. C'est alors que naît en lui le désir de connaître les alchimistes.  
   Jung commande et reçoit une volumineuse collection de traités en latin. Il se contente, pendant un certain temps, de les garder dans un placard d'où il les sort périodiquement pour les feuilleter, tout en s'exclamant sur leur obscurité et leur stupidité. Mais Jung est un acharné et, petit à petit, des lambeaux de sens émergent de cette "éclatante absurdité". Lentement des connexions se mettent en place, et il découvre qu'il s'agit de symboles. 
   Il se retrouve maintenant en pays de connaissance, lit avec acharnement, jusqu'au moment où lui revient en mémoire le rêve de son emprisonnement au XVII° siècle. Une fois de plus le discours onirique lui a indiqué le chemin à suivre . Il comprend, à ce moment là, que sa voie, pour les années à venir, est d'étudier l'alchimie depuis ses débuts et d'y chercher un fil conducteur en utilisant les mêmes méthodes que celles d'un philologue étudiant une langue inconnue. Il étudie alors la relation entre les symboles et la syntaxe , fait des dictionnaires de mots et de citations. Avec le temps il réunit des milliers de références et de comparaisons. Des volumes et des volumes, représentant un véritable travail de bénédictin.
   Il faudra à Jung plus de dix ans pour que les résultats de ses études sur la symbolique alchimique, et ses possibilités d'utilisation pour l'interprétation des manifestations de l'inconscient, prennent une forme théorique satisfaisante à ses yeux. C'est alors qu'il écrira ses ouvres les plus remarquables. Ceci exprime ma pensée car une grande partie de jungiens purs et durs préfère ignorer la partie alchimique de l'oeuvre de Jung, comme s'il s'agissait d'une aventure poético-mystique un peu fumeuse.
Une fois de plus, après sa dangereuse plongée dans l'inconscient, Jung était sorti d'un labyrinthe : celui bien tortueux et obscur de l'expression symbolique de la pensée alchimique.
(à suivre)
       Ariaga.
 
  
 

07/01/2008

C. G. Jung et le Faust de Goethe

   En ce début d'année je vais commencer un "feuilleton" alchimico-philosophique traitant de la relation de Jung avec la symbolique alchimique. J'aimerais que ceux qui ont un peu de courage aillent lire une introduction à ce sujet que j'avais écrite en Novembre 2006 : C.G.Jung et la chaîne d'or.(Cliquer sur le lien).

   La relation, consciente, de Jung à l'alchimie s'est faite d'une manière tardive. C'est , une fois de plus dans Ma vie, qu'il a décrit son cheminement vers ce qu'il considère comme le "pendant historique" de la psychologie des profondeurs. Je pense cependant que, comme pour sa relation avec Nietzche (un autre feuilleton prévu pour cette année 2008), ce lien avec l'univers des alchimistes existait d'une manière latente, bien avant les années trente, années où il commença un long travail de déchiffrage du sens des textes alchimiques qui le "tint en haleine plus de dix ans".

   La relation, indirecte, de Jung à l'alchimie, commence dès l'âge de seize ans à un moment de crise existentielle et spirituelle, quand sa mère, une personne très particulière, un peu effrayante, lui dit subitement cette simple phrase : "il faut que tu lises le Faust de Goethe". Cette lecture fut pour lui un moment miraculeux, un baume sur ses blessures d'adolescent tourmenté. Il trouvait là un homme qui prenait le diable au sérieux et qui voyait la puissance du mal qui enserrait le monde. Cela le changeait de son milieu de pasteurs où l'on ne parlait que du "bon "dieu. Le Faust faisait aussi allusion au grand mystère des Mères qui tourmentait beaucoup le jeune garçon. Le récit de la grande initiation finale demeura pour lui, à la limite de sa conscience, un événement merveilleux et mystérieux. Cette porte ouverte par Goethe le resta définitivement, contrairement à celle que Jung crut avoir claquée, vigoureusement et pour longtemps, sur l'angoissant Zarathoustra de Nierzsche. 

   Il ne se rendit pas compte, à cette époque, du côté alchimique d'une oeuvre au sujet de laquelle il écit dans une lettre de 1955, vers la fin de sa vie (Correspondance, T.IV, p. 65) :

    " La seconde partie du Faust m'a accompagné tout au long de mon existence, mais il y a seulement vingt ans que j'ai commencé à y voir un peu plus clair, surtout par la lecture des Noces Chymiques, livre que Goethe avait certes lu mais qu'il n'a pas mentionné - détail intéressant - parmi les ouvrages d'alchimie qu'il avait découvert pendant son séjour à Leipzig.  ...  il est vrai que goethe n'a à notre connaissance, utilisé qu'une littérature alchimique relativement tardive, et il m'a fallu étudier les ouvrages de l'Antiquité et du haut Moyen Âge pour me convaincre que le Faust dans ses deux partie, représentait un opus alchymicum dans le meilleur des termes.  "

   Il pense que le Faust est entièrement imprégné du mystère de la conjunctio, c'est à dire de la noce chymique. Ce ne sont d'ailleurs pas, à son avis, les ouvrages lus, oubliés ou non par goethe, qui ont fourni au Faust cet  arrière plan alchimique, mais des émergences du courant souterrain perdurant depuis Hermes Trismegiste, sous la forme de la chaîne d'or. Ces racines profondes lui semblent expliquer l'" effet de numinosité " produit par le Faust.  Le jeune Jung fut certainement sensible à cet effet de numinosité ; un lien intérieur fort, longtemps invisible, s'établit ainsi entre Jung et l'alchimie par l'intermédiaire d'un Goethe sont le Faust a été l'opus magnum, le grand oeuvre. 

(à suivre)

       Ariaga.
 

  
 

19/12/2007

Métamorphose

 

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Il y a des moments,

moments de Nuit Obscure, 

macération putride, nigredo alchimique,

quand l'âme rampe aveugle

aux portes du blasphème.

 

Il y a des moments,

où dans la porcherie que devient une vie,

tel Job sur le fumier demandant à son Dieu

le pourquoi du comment

on assiste impuissant à la distillation

de ce corps tant aimé, de cette main si blanche,

où s'inscrivent chaque jour les taches de la mort.

 

Il y a des moments,

où l'attelage s'emballe avide de lumière

où l'on voudrait monter par de si hautes marches

que l'on perdrait enfin la mémoire de la terre.

 

Amis,

ce ne sont que moments,

brindilles et feuilles mortes de l'arbre de la Vie,

lente métamorphose.

 

La larve n'est pas belle, mais elle porte en elle

le somptueux papillon.  

 

       Ariaga
 

20/11/2007

Alchimie et voie vers l'individuation

 

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   La Nature à laquelle se référent si souvent les traités hermétiques chers à Jung interroge le philosophe qui, soucieux de précision, va demander : de quelle Nature parlez vous, quel est votre concept de la Nature ? C'est une interrogation justifiée mais qui n'avait pas de raison d'être pour les alchimistes. Comme l'écrit Françoise BONARDEL, dans un texte que je vous ai peut-être déja cité, mais on ne cite jamais trop les bons auteurs (Psychologie par le feu,p.39) :

"Au philosophe constatant fort légitimement que les alchimistes ne se soucièrent pas véritablement d'argumenter, il faudrait rappeler que l'existence même de la Nature n'avait à leurs yeux nullement besoin d'être démontrée, mais semblait plutôt appeler une certaine monstration de ses opérations secrètes et beautés, dont l'Oeuvre philosophal tenta justement d'orchestrer l'étrange théâtralité." 

   Pour les philosophes de la Nature du Moyen Âge, la réalité était  "une". Ils se représentaient une sorte d'absolu divin dont les manifestations descendaient, progressivement, jusqu'à la matière. Le microcosme et le macrocosme comportaient les mêmes éléments, à la fois matériels et spirituels, le tout étant une question de dosage. Mais la " densité " du matériau était telle que la tâche de l'alchimiste très chrétien consistait , par d'incessantes purifications et distillations, à libérer l'âme divine, prisonnière des éléments matériels. Le but ultime, sans cesse visible à l'horizon et jamais atteint, n'était pas l'élimination de la matière, mais le retour à un mélange parfait. En langage psychologique, Jung appelle cette démarche le "processus d'individuation ".  

   Le processus d'individuation fait d'un individu donné "l'être que, une fois pour toutes, et en lui même il doit être", en lui permettant d'atteindre son unicité par un mouvement de "centroversion" vers un lieu où se concentrent, en un mélange comparable au mélange parfait des alchimistes, la totalité des contenus du conscient et de l'inconscient.  Jung donne cette définition de la voie de l'individuation (Dialectique du moi et de l'inconscient, p. 115)

"La voie de l'individuation signifie : tendre à devenir un être réellement individuel, dans la mesure ou nous entendons par individualité la forme de notre unicité la plus intime, notre unicité dernière et irrévocable. Il s'agit de la réalisation de son Soi, dans ce qu'il a de plus personnel et de plus rebelle à toute comparaison. On pourrait donc traduire le mot d'"individuation" par"réalisation de soi même", "réalisation de son Soi".

   Si on suit Jung, atteindre l'individuation serait donc rentrer en possession de sa propre totalité unifiée, là où se résorbe l'antagonisme entre le conscient et l'inconscient.  Notons que Jung parle d'une "voie, de "tendre vers". C'est le cheminement qui est important, le but, la totalité, étant au delà de toute possibilité de représentation. En effet, sa re-présentation à la conscience ferait aussitôt éclater la totalité en dualité. Il s'agit là d'une voie difficile, tout aussi problématique que la dernière phase du Grand Oeuvre des alchimistes

   Je ne  pense pas que ce texte suscitera autant de "passion" que mon modeste poème sur la société de consommation mais, pour moi, le cheminement vers la Totalité est le but d'une vie. J'ai lu dans un commentaire sur un blog ami que j'avais un problème d'ego, alors je me fais plaisir en abordant, égoïstement,  les sujets qui  ME passionnent.

       Ariaga.
 

  
 

02/11/2007

Mort et vie

 

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Je suis la locataire d'un vaisseau de distillation où se dissolvent les chairs et où l'âme grandit.

Poisson qui respire dans l'air, j'ai oublié l'océan d'où je viens.

Boomerang déposé sur le sable, j'aspire à la vague qui rentre dans la mer.

J'attends, la vie est si belle, je la boirai jusqu'à la dernière goutte .

Et quand le rêve lucide de la mort m'emportera, là où il voudra, j'espère, toute baignée de l'énergie de l'Esprit, écouter la musique des sphères.

     

Et quand le temps sera venu, je reviendrai encore, bien plus forte, enivrée de la Lumière de la Nature, vibrante d'amour divin,  Pour grandir et mourir...

       Ariaga
 

Reprise, sous une autre forme, d'une poésie de Décembre 2OO6

 

29/10/2007

Retour sur l'Alchimie Spirituelle

   Ce texte intitulé "l'Alchimie Spirituelle au quotidien" date de décembre 2006. Aujourd'hui, j'y ajouterais que dans le creuset que représente ce blog s'ajoute à ma propre évolution celle de ceux qui m'ont laissé des commentaires. Ils meurent, renaissent, sont pétris d'ombre ou de lumière. C'est aussi grâce à eux que j'évolue.
 

   "L'alchimiste, théoriquement chrétien, du Moyen-Âge était panthéiste et pensait que l'énergie de Dieu se manifeste du plus minuscule au plus immense et que la Nature est imprégnée de cette énergie divine. Il était aussi convaincu que l'homme participe de cette nature divine et que seul le mélange en lui de qualités opposées l'empêche d'être parfait. C'est pourquoi l'alchimiste "philosophe de la Nature"ne cherchait pas seulement à transformer la matière vulgaire en or, c'est lui même qu'il voulait faire évoluer. Cette recherche a fasciné C.G.Jung car elle illustrait son idée d'un processus d'individuation conduisant un être humain vers sa totalité, son unicité. Mais mon propos, aujourd'hui, n'est pas de vous décrire les règles où les processus, aussi poétiques et culinaires soient-elles, des phases du processus alchimique mais de situer l'alchimie spirituelle au quotidien.

   L'alchimiste, inlassablement, expérimentait sur une matière qu'il espérait voir se transmuter. Il en est de même pour nous. Chaque nuit, en rêves, chaque jour par l'action quotidienne, nous évoluons. Nous nous transformons ou, plutôt, nous nous laissons transformer. C'est là, à mon avis, qu'intervient l'alchimie spirituelle : ne pas subir, mais agir. Être son propre feu. Nous sommes un creuset, corps et esprit, et c'est à nous d'y accomplir le Grand Oeuvre. Il s'agit du travail de chacun mais je crois qu'il y a deux principes de base. 

   D'abord, admettre que nous avons un corps, que c'est un des matériaux de l'Oeuvre  et ne pas chercher à "s'échapper par le haut".  Ensuite, admettre notre "ombre" et les "nuits noires de notre âme". C'est à partir du plomb, et même du fumier, disent les alchimistes que l'on peut, par un lent travail de purification, et avec l'aide de Dieu, retrouver l'or originel.

   Si on sait recueillir ce qu'il y a de plus sombre en soi et le mettre dans le creuset, le travail peut commencer. Quand j'ai "accepté vie quotidienne"ce que certains appellent péché et moi défaut, je ne vais pas avoir de remords mais rechercher l'or de ce défaut, c'est à dire la qualité opposée. Par exemple, si je suis affreusement goinfre, je ne vais pas culpabiliser et avoir des remords. Je vais essayer de transmuter cette goinfrerie en la qualité d'être un "fin gourmet". Si je suis terriblement menteur, je vais transmuter cela en un talent de conteur.

   Tout cela demande beaucoup d'efforts, regardez comme, certains jours, mon creuset sur ce blog est rempli de matière sombre, mais j'essaie et j'essaierai encore. C'est cela, pour moi, l'Alchimie Spirituelle quotidien."

       Ariaga

 

25/10/2007

Retour sur "Qui est Ariaga?"

 

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Le texte que je vous propose a été écrit début Novembre 2006. Je me demande si j'aurais rédigé la même note aujourd'hui. Probablement, à quelques détails près. J'aurais mis une photo et j'en propose une aujourd'hui que vous pouvez considérer comme un "portrait" intérieur. Au fil du temps le "mythe" s'est un peu affadi. Je suis heureuse , je souffre dans ma chair ou dans celle de ceux que j'aime. j'ai des  " humeurs ". Je ne pensais pas me laisser autant envahir par le plaisir de la photo et de la poésie. Je marie les deux car  c'est souvent une photo que j'ai prise qui déclenche l'envie de m'exprimer de manière plus ou moins poétique. Certains d'entre vous ont l'impression de me connaître mieux mais ce n'est qu'une impression car je suis toujours à ma recherche. 

 

." G.JUNG, Dans l'ouvrage ma Vie, que je recommande à tous ceux qui ne le connaissent pas, entreprend de raconter le "mythe" de sa vie. 

Inspirée par cette démarche, Ariaga raconte, elle aussi, le mythe de sa vie. Ariaga n'a pas d'âge et ne se situe pas dans le temps.

L'émotion d'un moment d'amour, Ariaga est jeune, et pourtant sa jeunesse est passée.

Évocation d'une transition vers la mort, Ariaga est vieille, et pourtant elle est encore pleine de vie. 

Ariaga n'est pas philosophe, ni écrivain, ni poète car elle n'oserait pas s'affubler de ces étiquettes tellement chargées de sens et de symboles. Sa spiritualité est une perpétuelle recherche.

Ariaga à connu les calcinations, les putréfactions, les dissolutions, les morts et les résurrections de l'Oeuvre alchimique. Et aussi de superbes conjonctions... 

Regardez la photo au dessus de "à propos" Ariaga est dans cette bouteille en verre qui symbolise la cornue, cornue qui est dans la Nature dont Ariaga fait partie. Elle y subit d'incessantes transformations pendant sa recherche de l'Or spirituel. Ce n'est sûrement pas cette fois-ci qu'elle  y parviendra mais elle recommencera, encore et encore.

Ariaga vit son rêve intérieur sur ce blog. Ne cherchez pas à la connaître en tant que personne, ce serait comme si vous marchiez sur une fragile dune de sable : elle s'effondre."

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Ariaga 

20/10/2007

Divination par la terre

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   Quand la mer se retire, le vieux géomancien quelque peu alchimiste, s'en va interroger, son bâton à la main, les esprits de la terre.

   Il respire les sels des flux et des reflux de toutes les marées et le temps disparaît, emportant avec lui les limites étroites de la conscience.

   L'Esprit envahit tout et, du bas vers le haut, puis du haut vers le bas, les vibrations cosmiques activent l'invisible lien d'union entre le ciel et la terre.

   Saisissant son bâton, réflexion abolie, porté par l'impulsion guide de sa main, il creuse dans le sable quatre lignes de traits bases de l'Art Sacré du signe géomantique.

   Heureux comme un enfant, il compte pair impair, masculin féminin, regardant la réponse qui sera effacée par la marée montante.  ... 

       Ariaga

Avec une pensée pour le livre de Jean-Paul Ronecker : Théorie et pratique de la Géomancie (ed Dangles)
 

 

16/10/2007

Supplice et alchimie

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   Les alchimistes " chrétiens " ont utilisé une symbolique du supplice assez ambiguë, certainement due à l'absence de frontière nette, pour eux, entre matière et psyché. Il pouvait s'agir du supplices de métaux  à améliorer, de tourments infligés à une substance qu'ils appelaient la " matière mystérieuse " ou de supplices que subissaient les opérateurs eux-mêmes ; tortures des corps, tortures de l'âme pas de frontière. Démembrements, écorchements, supplices du feu, des peines infernales sont infligées.

   Jung décrit cette symbolique du " sacrifice" dans Psychologie  et Alchimie et surtout dans Les Racines de la conscience où il retranscrit et commente les horribles rêves et visions alchimiques de Zozime  de Panopolis,  un alchimiste et gnostique renommé du III° S. Âmes sensibles s'abstenir. Je vous en donne un extrait (p.136) :

"Car quelqu'un est venu de bon matin en toute hâte et il m'a démembré en suivant la composition de l'harmonie. Et il a arraché la peau de ma tête à l'aide du glaive qu'il tenait avec force, et il a joint ensemble mes os et ma chair et les a brûlés au feu suivant l'art, jusqu'à ce que j'ai appris comment mon corps se transformait et comment je devenais esprit. Et c'est là mon supplice intolérable."(c'est le supplicié qui raconte) "Et comme il m'expliquait encore ces choses et que je le contraignais à parler, ses yeux devinrent comme du sang. Et il vomit toutes ses chairs. Et je le vis changé en un homunculus contrefait, en son inverse. Et il se déchira lui même avec ses propres dents, et il s'affaissa en lui même."

   Tant que l'on a pas atteint le stade de la " fixation " les thèmes de la torture et de la mort, suivis par celui de la renaissance, sont omniprésents dans toute la littérature alchimique " chrétienne ". Il est dit " mortifie la mère en lui coupant les mains et les pieds " ou "prends un homme, tonds-le et porte le sur la pierre...jusqu'à ce que son corps meure" ou encore de prendre un coq, de le plumer vivant et ensuite de placer sa tête dans le vase de verre.

   Tous ces supplices de l'alchimie du Moyen Âge se voulaient des symboles de la passion du Christ. Le Christ s'était offert en sacrifice dans de grandes souffrance et le même acte devait être reproduit en vue de la transmutation de la matière et de l'esprit. 

   Au moment de la conjonction des contraires , masculins et féminins, on assiste souvent au meurtre du Roi, lequel va être tué de multiples façons, y compris  être dévoré par un loup. Et cette conjonction peut conduire à une dissolution complète des éléments l'un dans l'autre que je comparerais volontiers à une fusion des atomes. Je terminerai donc par l'histoire de Beya et de Fabricus (in PEA,p.432, traduit du latin par Jung).  Il étaient frère et soeur ce qui, pour la symbolique alchimique, représente une conjonction très favorable :

"Alors Beya monte sur Gabricus et elle l'enferme dans son sein, au point que l'on ne peut absolument rien voir de lui. Et elle embrassa Gabricus avec un si grand amour qu'elle l'absorba complètement dans sa propre nature et qu'elle le divisa en parties indivisibles.  Aussi Merculinus dit-il : C'est par eux mêmes qu'ils sont dissous, par eux mêmes qu'ils sont placés ensemble, en sorte qu'ayant été deux, ils deviennent pour ainsi dire physiquement un."

Faites de beaux rêves...

       Ariaga
 

 

08/10/2007

Etat des lieux

"Je cherche, je n'affirme pas, je ne détermine rien ici ni ne dicte, je conjecture, je m'efforce, je compare, je tente, j'interroge. "

        Christian KNORR von ROSENROTH  (1636-1693)

Je sens la chaîne qui nous relie à travers le temps et je fais le même constat que lui.  

 

04/10/2007

PRISONS

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Il y a des prisons qui donnant sur l'enfer, barbelés et barreaux, camisoles chimiques, insultes à la matière et insultes à l'esprit, dépouillent toutes les peaux jusqu'à la transparence.

Il y a des prisons où même un cancrelat est une compagnie préférable aux humains, où les songes brûlants flambent comme un alcool et balayent l'odeur des rivages de l'autre. 

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                 Tu es tout plein de rouille et de larmes sanglantes, la pénombre envahit chacune de tes cellules, mais au profond de toi il est un oeil du coeur, libre comme un danseur sautant vers la lumière, qui peut tout transformer. Il s'appelle liberté intérieure.

       Ariaga
 

30/09/2007

La décision (1)

   J'avais un autre projet de note mais après méditation, cogitation à tendance philosophique, imagination  conduisant à une décision elle même suivie d'une action, j'ai entrepris aujourd'hui de commencer à vous parler de la décision. Je n'ai pas l'intention de faire une action philosophique, ce serait prétentieux, simplement acte de réflexion.
   Je vois en lisant les blogs ou par les commentaires sur mes textes que vos actions, qui sont des prises de décision, changent, transmutent, le cours de votre vie. En effet, si on veut évoluer et que l'on est pas complètement aboulique, on ne peut le faire qu'à l'aide du processus décisionnel.  
   Le sujet n'est pas éloigné de l'alchimie. Alchimie du quotidien : je réagis, j'accepte, je refuse dans le cadre de la vie de tous les jours ; alchimie spirituelle : je décide de suivre un chemin en vue d'une transformation spirituelle, chemin le long duquel je devrai effectuer des choix.
A partir des blogs, Je reçois des échos de choix amoureux, de choix professionnels, des choix de lieux ou de modes de vie. Certains décident de fermer leur blog ou d'en ouvrir un nouveau ; d'autres de disparaître. Sur mon blog ou par mail on m'écrit qu'à la suite d'une lecture on a décidé d'avoir une autre vision de la vie (ça c'est agréable) où que je déçois et que l'on a décidé de ne plus me lire (moins agréable).
   Le sujet mérite donc réflexion puisque de la simple action instinctive (éviter un obstacle) à la décision la plus mûrie il constitue une trame de notre vie. Je ne sais dans quel ordre et à quelle fréquence cette réflexion sera menée car elle a été déclenchée ce matin même par un texte d'Arianil. Depuis il y a surchauffe de mes méninges. 
   Je n'ai pas trop envie de m'étendre (d'ailleurs comment pourrai-je avoir  pareille envie !) sur ce qu'on appelle la praxeologie, c'est à dire tout ce qui concerne les fondements scientifiques de la décision dite "calculée". Gestion, planifications, cybernétique, calculs de probabilités et autre gâteries qui sont censées aider à la prise de décision, avec tous les aléas que comportent ces disciplines qui n'arrivent pas à éviter complètement le coté imprévisible du facteur "humain". 
   Je suis beaucoup plus tentée par la question du déterminisme ( sommes nous libres ou pas de nos décisions ), par les étroites relations entre l'imagination et la décision, et surtout par ce qu'il en est de la décision créatrice en tant que manière nouvelle et personnelle d'agir. Mais cette dernière forme de décision c'est la cerise sur le gâteau. Je ne pourrai y venir qu'une fois le terrain déblayé par une analyse de la décision " ordinaire ", celle qui nous concerne tous et le plus souvent. 
   Je ne sais où aboutira cette réflexion, un peu "en vrac " pour le moment, sur la décision mais, quand je m'y livrerai, elle soulagera ceux qui étaient un peu lassés par Jung, le rêve ou l'alchimie. 
       Ariaga
 
  
 
 

13/09/2007

Du bon usage du blog d'Ariaga

   Les Korrigans ont fait un petit tour chez moi et se sont amusés à perturber ce pauvre Athanor-ordinateur. Mes textes dans l'"admin" se parsemaient de mots étrangers à ma volonté, mots qui leur donnaient une allure assez surréaliste et empêchaient la publication car ces coquins de mots refusaient de s'en aller. Ces "bugs" semblent maîtrisés depuis ce matin mais, avant d'en revenir à  C.G.Jung, j'ai envie de vous donner mon humeur du jour au sujet de ce blog.

   Certains, dans les commentaires ou par mail, me disent, et leur confiance est un moteur pour moi, qu'ils aimeraient avoir plus de connaissances sur Jung. Ils s'attendent donc par les textes que j'annonce à recevoir une espèce d'"initiation" à une oeuvre qu'is ne connaissent pas du tout ou mal. Alors je vous dis, chers amis, ce n'est pas du tout comme cela que mon blog fonctionne. 

     A la rubrique C.G.Jung et la psychologie des profondeurs j'ai écrit 43 notes sur les 231 notes écrites depuis pas tout à fait un an que j'ai commencé ce blog. Ce n'est pas toujours facile de consulter les archives et je vous mets un lien sur la liste de ces notes étant entendu qu'il faut les lire de préférence en partant des plus anciennes.  J'ai rédigé aussi pas mal de notes à la rubrique Alchimie au sujet de la relation entre Jung et la philosophie des anciens alchimistes et de l'importance de cette philosophie de la Nature dans son oeuvre.  

   Les concepts de Jung, son vocabulaire, sont parfois un peu difficiles. Comme pour tous les novateurs il a son monde à lui. Et puis comment comprendre Jung sans connaître Freud. C'est assez impressionnant. C'est pourquoi, pendant les premiers mois du blog, j'ai tenté de "vulgariser" (ce mot ne me fait pas peur), de simplifier, concentrer, sa pensée sur un certain nombre de thèmes essentiels à la compréhension de la " psychologie des profondeurs ". J'ai essayé d'utiliser plutôt mon coeur que mes connaissances, courant, sans peur, le risque de subir les foudres de jungiens purs et durs.  Je me suis arrêtée à la limite d'une étude sérieuse du processus d'individuation et du Soi car c'était spirituellement trop important pour y réfléchir dans l'ambiance des vacances. C'est pour prolonger un peu cette ambiance des "voyages dans la tête, que j'ai préparé cette petite suite, qui va bien finir par arriver, sur les plongées dans l'inconscient que Jung a effectuées, en une période très troublée de sa vie, grâce à l'"imagination active". Il ne s'agit d'ailleurs que d'une présentation de textes extraits de " Ma vie" que chacun d'entre vous peut lire sans difficulté en collection de poche. Certains l'ont déjà fait et je ne leur "apprendrai" rien.

  Ce blog n'est donc pas fait de notes isolées destinées à vous instruire sur un vaste sujet. Il s'agit, comme pour l'" opus " (travail) des alchimistes d'un patient travail de fourmi. Si certains se décident à reprendre les notes depuis le début, cela ne se fera pas en un jour. Mais dites vous que, moi aussi, ce n'est pas en un jour que j'ai étudié et réfléchi sur Jung ou l'alchimie spirituelle. Et j'ai tellement de plaisir à partager cela avec vous. Et aussi à prendre des photos, ou à écrire quelque chose qui ressemble plus moins à de la poésie. Grâce à vous je suis sortie de mon laboratoire-oratoire et je vous en remercie.

  Je vous embrasse tous amis connus et inconnus.

       Ariaga.     

 

06/09/2007

Le serpent qui se mord la queue

   L'ouroboros, un des plus fameux symboles hermétiques, prend l'apparence d'un serpent ou d'un dragon, parfois d'un poulpe. Il dévore sa queue et c'est probablement , selon C. G. JUNG, un des plus anciens symbole pictural de l'alchimie que l'on connaisse par des documents. Vous en trouverez des représentations sur les sites spécialisés d'alchimie et certainement chez Djaipi, une véritable mine iconographique. Le Codex Marcianus, qui date du X° ou XI° siècle, en comprend une illustration avec la légende " l'Un, le Tout ". Jung écrit à la page 377 de Psychologie et alchimie :
     "Les alchimistes répètent sans cesse que l'opus naît de l'Un et ramène à l'Un, que c'est en quelque sorte un cercle semblable à un dragon qui se mord la queue. C'est pourquoi l'opus était souvent appelé circulare (circulaire) ou rota ( roue)."
   Jung donne en note un texte extrait du Rosarium qui est très démonstratif de l'idée que se faisaient les alchimistes d'une totalité sous-jacente à la multiplicité du réel :
     " Concentre  donc ton attention dans l'oeuvre de la nature, sans prétendre t'occuper tantôt de ceci, tantôt de cela, car notre science n'est pas pour s'accomplir dans la multiplicité des choses. Quelle que soit en effet la diversité des vocables, il s'agit pourtant toujours d'une seule et unique réalité, et c'est de cette réalité toujours la même...
Il ajoute cette phrase de Morenius citant l'empereur Héraclès :
     "Notre art procède à l'origine d'une racine unique, qui dans la suite se développe en une pluralité de choses, et qui retourne de nouveau à l'unité ".
   L'ouroboros, en tant que forte allégorie de la double nature du Mercurius (mercure) alchimique unissant en lui tous les opposés, se rattache à cette totalité. La représentation alchimique du serpent-dragon-hermaphrodite qui se dévore se féconde et s'auto-ressuscite est à la fois une image des contraires et un symbole de leur union.
       Ariaga
 
 
  

03/09/2007

Alchimie spirituelle

 Le lieu de l'alchimie spirituelle s'étend du macrocosme du monde qui nous entoure au microcosme de notre monde intérieur. Au centre, le noyau du Soi.

       Ariaga.