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13/08/2008

Naissance du petit banc perdu

Kaikan (lien) au cours de la quête qu'elle effectue sur son superbe blog a pressenti, ressenti, rêvé, qu'un petit banc perdu errait quelque part séparé du train de banc des voyages imaginaires. Elle est partie à sa recherche. Son texte ne pouvait qu'être publié ici car Kaîkan voyage déjà depuis longtemps avec les participants des vacances dans la tête. Elle m'a envoyé les illustrations du texte qu'elle a publié sur son blog mais je dois avouer que, si vous voulez voir l'ensemble dans les meilleures conditions artistiques, il vous faut aller lire le texte chez elle. Il s'intitule  : Des étoiles au sol . Je vous souhaite de partager avec moi cet instant de bonheur. Ariaga.

Aux ruelles étroites, des réverbères de chardons ,,,
Une agression renversée et qui éclaire ,,Une pluie d'étoiles qui agrémente le tapis de pavés ,,,

 

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Les ténèbres n'étant pas les ténèbres coutumières, j'entrai dans la cité, l' âme retournée de l'intérieur et nous savons tous que ce déhanchement d'âme est porte ouverte aux révélations ,,,
Et des étoiles qui habillent le sol, ça vous fait un livre ouvert à chaque pas , un univers à chaque regard, une certitude renversée à chaque sursaut ,,, La liberté au bout du sentier en quelque sorte et je sentais bien que le petit banc était passé par là ,,, un je ne sais quoi de parfum boisé ,,, de saule et de bouleau ,,, une petit né de celui qui montait au ciel pour mieux embrasser le sol, celui qui s'élançait au ciel pour faire révérence à chacun et de celle qui se pelait la peau pour mieux offrir aux regards les plaies de l'humanité ,,, Eh oui, ce petit là avait eu sa gestation bercée des misères du monde ,,, pas que ses parents soient défaitistes, juste réalistes et ils croyaient tellement en l'homme qu'ils avaient décidé de lui offrir une halte, un repos dans les longues marches, une halte après une journée de labeur, un repaire d'amoureux «  Les amoureux qui s'bécottent sur les bancs publics ,,, » et leur désir était tellement fort qu'un petit banc avait vu le jour au grand rendez-vous des bancs chez Ariaga mais voilà qu'une secousse l'avait désolidarisé de la longue cohorte des nomades ,,,

 

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Les étoiles au sol me disaient son passage, un je ne sais quoi d'or accroché à leur velours ,,,Et au détour d'un chemin, un astre divinatoire, une boule d'or qui dit la bonté humaine, une caresse bancale qui redonnait vie aux boules de verre anodine, une gentillesse de bois qui offrait un peu de repos aux âmes tourmentées, une couche de hasard pour l'homme épuisé, un fauteuil improvisé pour une lecture solitaire, un appui transitoire pour des confidences vitales, un arrêt possible pour des bras usés de porter les gabats, pour les mères fatiguées de porter les bambins ,,,

KaÏkan, texte et photos.

20/07/2008

Voyages de bancs

   Le modeste petit banc faisant face à la mer d'où est parti le voyage du laboratoire du rêve et de l'alchimie spirituelle vers les pays de l'imaginaire s'est transformé en un train de bancs, puis en bancs sur tapis volants, puis en...je ne maîtrise plus rien, les bancs ont pris le pouvoir, ils montent, ils descendent, ils se pétrifient, s'ornementent, ils parlent, ils frappent aux porte. Ce matin il en est venu un, de très loin, c'était un banc-chaise, et comme je le pensais fatigué par ce long voyage j'ai décidé de le coucher ici pour qu'il se repose. Il était voituré par Chris-Tian Vidal  (lien avec son blog) et comme il parlait une langue étrangère Chris-Tian lui a prêté ses mots . Chris-Tian est l'auteur d'un petit (par la taille) livre intitulé Carnets D'Asies qui a sa place sur le banc car il s'agit d'un voyage initiatique guidé par le Tao et la psychanalyse. Si vous voulez en savoir plus allez sur le blog de Chris-Tian. Et maintenant accueillons le voyageur. Ariaga.

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                           Photo et texte Chris-Tian Vidal

   "Bonjour, lecteurs de notre alchimiste. En fait, c'est pas tout à fait un banc. C'est un banc, oui mais à ses côtés, il y a deux chaises dont une chaise-poète. Cette chaise-là m'a tenu compagnie, l'été passé, en Mongolie. Ensemble nous avons contemplé, pendant de longues heures, la perle bleue des nomades, le lac Hüsgül, le petit frère du lac Baïkal, appartenant jadis à la Mongolie. On a entendu la tristesse de Hüsgül dépossédé de son grand frère Baïkal. Une tristesse freudienne de la perte. Ensemble, nous avons rêvé et d'autres à côté de nous sont venus s'asseoir. Tous, nous avons parlé le langage oublié, c'est-à-dire le langage des humains. Tant des nôtres l'ont perdu et c'est ce qui crée toutes ces détresses humaines. Alors, face au lac, j'ai lu des poèmes de François Cheng et de René Char. Ainsi, cette chaise-poète a appris la langue et la poésie françaises. Puis, je lui ai promis de revenir en été 2008 et de vilains ennuis de santé m'en empêchent. Elle a d'abord pensé que je n'étais pas un homme de parole puis elle su, comme le savent tous les bancs et toutes les chaises érudits. On m'a ensuite dit que la chaise récitait des poèmes et les nomades mongols ont été chargés de lui dire que je ne viendrais pas cette année. Elle en avait déjà eu la prescience, bien sûr. La chaise-poète en a pris son parti et elle entonne  ces vers à ceux qui prennent le temps de la contemplation; elle récite ces vers de René Char, et elle pense à moi et je pense à elle :

"A trop attendre,
On perd sa foi.

Celui qui part
N'est point menteur

Ah! le voyage
Petite source."

J'ai appris depuis peu, à travers un long chant mongol parti des steppes et parvenu à Toulouse, à mes oreilles, toujours à l'affut des bruits du monde  que la chaise-poète prenait son banc et son autre chaise et quittaient ensemble Hüsgül pour rencontrer le banc de l'alchimiste française Ariaga. Cette chaise-poète aime aussi la psychanalyse et depuis près d'un an d'attente, elle ne manquera pas d'en conter sur le banc de l'alchimiste Ariaga.

Voilà des instruments de pause-voyageurs, en partance pour le laboratoire-alchimiste, sans doute influencés par René Char...

Que tous les bancs du monde chez Ariaga viennent se retrouver et brisent ainsi les solitudes estivales de ceux qui restent sur place et de leurs petites sources donnent naissance à un malin petit lac limpide et rigoleur.

Après le banc de Noël, voilà une chaise mongole qui déclame en longues chansons mongoles les aphorismes des poètes français qu'elle a appris l'an passé.

Pouvez-vous lui offrir une petite place sur ce blog-ami ? Elle est généreuse, elle n'arrive point seule et ensemble nous pourrons tous nous asseoir, entendre la poésie, goûter à la beauté des choses, alors qu'à l'autre bout du monde nos frères mongols chantent encore le chant de la Terre et du départ et qu'ils le font accoucher du fond de leurs entrailles, les larmes aux yeux.

Merci pour eux. "


10/07/2008

Bonheur et mystique juive

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   Je sens comme une pression d'ombres insatisfaites autour du banc. Depuis Janvier 2007 où j'avais posté une note intitulée "paroles de la mystique juive", quand je regarde les textes les plus lus sur le blog cette note se situe toujours aux premières places. Tout le monde doit être heureux et partir en vacances alors je vais inviter au voyage un nouveau compagnon, le maître hassidique Rabbi Nachman de Bratislava (1772-1810) dont j'ai entendu parler dans un livre d'Edward Hoffman intitulé Mystique juive et psychologie moderne (Dervy).
   Je l'imagine très bien, assis sur le banc et racontant d'une belle voix, au petit groupe des voyageurs, lui qui n'a rien écrit, les histoires et paraboles qui lui servirent pour illustrer ses idées. 
   Atteint très jeune de la tuberculose, il savait que sa vie serait courte. Cela aurait pu le rendre mélancolique mais, au contraire, il enseigna que la joie est une porte vers le divin et que l'on doit toujours essayer d'être gai, même si il faut pour cela "avoir recours à des futilités". Il pensait aussi que le corps et l'esprit sont intimement liés  et que les émotions négatives, comme la peur, la jalousie ou la colère, peuvent être à l'origine des maladies.
   Ses récits parlaient de rois, de naufrages, de trésors cachés et des rêveurs fous partis à leur recherche et aussi de ces coïncidences qui font exploser les cadres de la causalité. J'aime imaginer qu'il est avec nous sur le banc, ce mystique joyeux qui condamnait l'ascétisme et qui nous aurait enseigné la marche sur la voie du bonheur.
          Ariaga
 

03/07/2008

La Grande Fortune

 

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   Quand je veux "interroger" au sujet d'un projet je me contente souvent d'ouvrir, au hasard, une page du Yi King. Mais le départ pour le voyage imaginaire des compagnons du banc est une affaire qui ne concerne pas que moi. Elle concerne tous ceux qui fréquentent le laboratoire du Rêve et de l'Alchimie spirituelle. La Géomancie, ou divination par la terre, est proche du Yi King mais, quand je le pratique  dans la nature, je "ressens" mieux cet Art Sacré.

   J'ai attendu que la mer se retire, laissant le sable juste un peu humide pour que le bâton puisse laisser des marques. J'ai respiré longuement l'air salin, j'ai regardé le ciel, puis la terre, et j'ai posé ma question. Qu'en sera t-il de nos vacances rêvées ? J'ai tracé dans le sable, laissant ma main agir, quatre lignes de traits. Quatre lignes seulement car je pensais qu'un signe, une Mère comme on dit, suffisait pour donner la réponse. J'ai compté, pair, impair et tracé la figure. Je l'ai gardée précieusement dans ma mémoire et je vous l'ai représentée sur la photo grâce à des pierres car je voulais conserver une trace de cette merveilleuse chance. En effet, j'avais tiré la figure géomantique Fortuna MaJor, la Grande Fortune, le meilleur et le plus favorable des signes. Il n'est pas besoin de connaître l'Art Sacré de la Géomancie pour voir que cette figure s'ouvre comme une coupe prête à accueillir toute les beautés de la nature et de l'esprit. On peut aussi la voir comme un athanor destiné à se remplir d'un soleil d'or. Les pierres que j'ai disposées ont, elles aussi, un sens mais il faut bien que je garde mon jardin secret.

   La vue de cette figure m'a remplie d'une joie si grande qu'il m'a fallu toute la journée pour me décider à la partager. Une petite crise d'égoïsme. Je vais vous donner le sens symbolique de cette "Grande Fortune" dans les "maisons" en relation avec notre projet.

   Sur le plan de la créativité, elle représente la réalisation des désirs les plus profonds, l'épanouissement, et une grande fête de l'esprit et des sens. Pour le voyageur, elle signifie qu'il fera un grand et beau périple d'où il reviendra transformé. L'avenir du projet envisagé est une réussite, en particulier spirituelle, au delà de tout ce qui était espéré et, c'est cela qui m'a le plus touchée, il est dit que dans "la maison des amis" on rencontrera des amis véritables et que l'on bénéficiera de la forte protection d'un groupe et d'une famille.

  Quelle belle journée j'ai passé à finir mes valises en chantonnant (au désespoir de mon entourage) et en pensant que tracer des signes dans le sable c'est quand même mieux que de regarder l'horoscope dans un journal. Voyageurs du banc, les augures sont favorables, nous pouvons partir.  

          Ariaga
 

 

18/06/2008

Le bruit pollution mentale ?

 

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   Dans une lettre de Septembre 1957, adressée à un professeur de droit qui avait fondé une "ligue contre le bruit" C.G.Jung, âgé de 82 ans, parle de la véritable pollution mentale que représente , pour lui, le bruit. J'ai été frappée par le côté actuel de ses propos, assez virulents, et dont j'aimerais vous donner ici la substance.

  Le bruit trouble la concentration psychique nécessaire au travail intellectuel et, pour faire abstraction de ce bruit,  on doit faire un effort supplémentaire. Le pire c'est qu'on s'y habitue, comme à l'alcool ou à une drogue et on peut souffrir de cirrhose ou de dépendance mentale.

    Les enfants sont les premiers touchés. Ils reçoivent trop d'incitation à la dispersion. Ils travaillent dans un bruit subi ou choisi et reçoivent quantité de sollicitations extérieures ce qui les empêche de réfléchir et de se concentrer pour trouver eux-mêmes des solutions aux questions qui leur sont posées.

   Pour Jung, et j'ai tendance à croire qu'il a raison, l'homme s'est mis à aimer le bruit parce que le monde est de plus en plus angoissant et que le bruit "empêche cette angoisse de se faire entendre". Autrefois, les primitifs faisaient du bruit pour chasser les démons. De nos jours, le bruit, comme la foule donne à pas mal de gens un sentiment de sécurité et protège contre les désagréments d'un silence qui pourrait conduire à la réflexion et aussi laisser remonter à la conscience ce qui est enfoui dans l'inconscient. N'importe quel bruit est alors préférable au silence. Comme l'écrit Jung, "Dans ce que l'on appelle de façon significative, "un silence de mort", on se sent mal à l'aise". On craint ce qui pourrait venir de l'intérieur et on le combat de l'extérieur.

   Jung est assez pessimiste sur l'issue de la lutte que mène son correspondant contre la pollution sonore. Voici ce qu'il écrit :

"Avec la lutte si nécessaire contre le bruit, vous vous êtes chargé d'une tâche difficile : certes il serait souhaitable de réduire l'excès de bruit , mais plus vous vous en prenez au bruit, plus vous vous engagez sur le terrain interdit du silence, objet de tant de crainte. Vous ôtez aussi à ceux qui sont sans importance et dont on entend jamais la voix l'unique joie de leur existence, et l'incomparable satisfaction qu'ils éprouvent à crever le silence de la nuit avec la pétarade de leur moteur, ce qui leur permet de troubler par un vacarme d'enfer le sommeil de leur prochain. A ce moment-là, ils sont quelque chose dont il faut tenir compte. Le bruit est pour eux une raison d'être et une confirmation de leur existence. Il y a beaucoup plus de gens qu'on ne le soupçonne qui ne sont pas dérangés par le bruit, car ils n'ont rien en quoi ils pourraient l'être ; au contraire, le bruit leur apporte quelque chose."

   Quand je lis cette lettre de Jung je me dis que la vie est mouvement et que nous devons peut-être nous adapter à l'époque dans laquelle nous vivons. Mais dans le cas du bruit, s'agit-il d'une nécessaire adaptation, librement consentie, ou d'une pollution qui est une agression et que  que nous subissons sans réagir ? 

           Ariaga.
 

04/06/2008

Un univers déterminé ?

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   Il y a déjà un moment, poussée par le démon de la philosophie et de la psychologie qui s'agite parfois en moi, malgré tous mes efforts pour le faire taire, j'avais proposé quelques textes sur la décision. L'un d'entre eux se trouve aujourd'hui sur le blog Extraits du Laboratoire. Muse m'avait, à l'époque, interrogée sur le déterminisme et la décision. J'ai du procéder, inconsciemment, à une lente mastication jusqu'à ce jour où la réponse  s'est présentée nue et simple : le mot décision n'a pas de sens dans un univers déterminé.
Il y a différentes façons de considérer l'existence. Une d'entre elle consiste à penser que l'ensemble de nos actions, passées et futures, font partie d'un grand plan établi à l'avance. Cette position me semble enlever tout intérêt à une réflexion sur la décision car, dans un tel univers déterminé, on ne décide pas, on subit, on est décidé. L'intérêt pour une quelconque réflexion sur la prise de décision et les actes qui en découlent disparaît. Je ne vois plus là que le déroulement d'un mécanisme au travail . Il y a une liste type et le but de toute recherche serait alors de trouver des morceaux du grand calcul et ensuite d'énumérer les suites d'un acte de la manière la plus complète possible pour se rapprocher de cette liste type, tout étant écrit d'avance. Je cauchemarde. Le mot décision ne signifie plus rien. 
   Penser à un monde insensé  où je ne suis plus responsable de mes actes, où je peux faire n'importe quoi, puisque tout est déjà écrit, ne plus pouvoir faire de ma vie une oeuvre de construction et de transmutation, je refuse....
                          Ariaga
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COUP DE COEUR
 
Pour le blog de Lilou : Fleurs - de - Vie.  Modestement, poétiquement, elle nous propose de cueillir des fleurs uniques de beauté et de profondeur de la pensée. Tu me fais du bien Lilou.

28/05/2008

Changer le monde

 
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Certains ont de grands projets pour changer le monde dans le domaine de la philosophie, de la spiritualité et, plus pratique, du social ou de l'humanitaire. Ils ont toute mon estime mais, plus j'avance dans la vie, plus je crois que, comme le dit Krishnamurti : "pour transformer le monde nous devons commencer par nous-mêmes." Chaque individu, à son niveau de fragment de la totalité est responsable des problèmes du monde. Il est imparfait, nous sommes imparfaits, mais, si nous voulons que l'ensemble de l'humanité s'améliore, nous devons commencer l'oeuvre par une réflexion sur nos comportements et, par un travail minuscule à l'échelle de la planète, transmuter nos  faiblesses en forces . Je ne crois pas ridicule de penser que nous aurons ainsi contribué à changer le monde.
                      Ariaga
 
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19/05/2008

C.G. Jung et le mandala

 
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    Je laisse à tous ceux qui ont l'habitude de fréquenter le Laboratoire du rêve et de l'Alchimie spirituelle les clefs du blog. Je m'absente pendant quelques jours pour tenter d'améliorer ce problème ce dos qui fait que je ne peux plus gérer ce blog avec la convivialité nécessaire, ce qui lui fait perdre une grande partie de son sens. Mon fidèle Athanor-Ordinateur ne peux m'accompagner et le cordon ombilical avec le laboratoire sera rompu. Je vous propose un texte un peu "sérieux", mais vous pouvez fouiller dans les archives où vous rendre sur l'autre blog. Installez vous comme chez vous...
 
   Le mandala, tel que le conçoit C.G.Jung, participe de deux sortes de représentations : le mandala qui répète et imite, avec un soin parfois religieux, et le mandala production de l'inconscient. Or, selon Jung, l'inconscient réagit instinctivement et l'instinct n'imite jamais. Il suit, sans se préoccuper des modèles du conscient, son "behaviour pattern" biologique. Il a son projet créateur et résiste aux efforts du conscient pour opposer son idée, même si elle est en opposition à ce qui est considéré comme le "bon" modèle par l'esthétique de l'époque. Il n'y a pas de modes pour l'inconscient
   Les mandalas représentation sont très anciens. Le terme signifie à l'origine cercle, et surtout cercle magique. Sous forme de dessin, on le trouve en Orient, en particulier dans le bouddhisme tibétain.  La tradition tibétaine fait remonter l'origine du mandala  au Bouddha, Shakymuni, qui aurait lui même réalisé le Mandala de Kalachkra peu après son éveil. Les mandalas tibétains sont très compliqués. Jung attribue à leur confection un effet apaisant pour l'âme. Leur contemplation apaise les tensions et procure le sentiment d'un ordre et d'un sens de la vie. Ce sont des aides à la méditation et des instruments d'évolution.
   Dans les oeuvres médiévales on trouve des mandalas ornés qui ont un sens rituel ou religieux. Les mandalas chrétiens de cette époque représentent souvent un Rex Gloriae, un roi de Gloire, avec les quatre évangélistes. Dans tous ces types de mandalas l'accent est mis sur le centre
   En dépit de leur valeur esthétique ou spirituelle, ce ne sont pas ces types de mandalas qui incitent Jung à la réflexion, mais ceux qui apparaissent dans les rêves et les dessins d'hommes modernes n'ayant aucune connaissance des traditions ou de l'art religieux et aucun don artistique. Quand ses patients, à la suite de rêves dessinaient des mandalas pour matérialiser leurs réactions, il n'attachait aucune valeur à leur exécution plus ou moins réussie. La fonction du mandala est, pour lui, d'être un représentant. Il écrit ((Psychologie et religion, p.179) :
"L'inconscient produit un symbole naturel que j'ai désigné techniquement sous le nom de mandala, auquel s'attache la significationd'une réconciliation des contraires, donc d'une médiation."
Il y a dans ce texte tout les éléments sur ce que Jung entend par mandalas dans  le cas où ils sont des expressions oniriques. Mandala est un terme qu'il choisit pour désigner le résultat d'une élaboration effectuée grâce à la coopération entre un inconscient, qu'il considère comme "pure nature" et un conscient qui semble rechercher une forme perdue comblant ses aspirations à la totalité . Il écrit dans le dernier tome de sa correspondance :
"Lorsqu'on réalise un mandala, se met en oeuvre tout ce que l'homme sait du cercle et du carré. Mais le coup d'envoi d'une telle représentation, c'est l'archétype en lui-même inconscient qui le donne."
La forme recherchée est proposée par le Soi organisateur, qui fait ici fonction de "médiateur" entre les tréfonds de l'inconscient collectif et la conscience.
  La configuration en forme de mandala apparaît souvent dans les situations de trouble, de désorientation et de perplexité. Je vous cite encore Jung (Un mythe moderne, p.269) :
 "L'archétype que cette situation, par compensation, constelle, représente un schéma ordonnateur qui vient en quelque sorte se poser sur le chaos psychique, un peu comme le réticule d'une lunette de visée, comme un cercle divisé en quatre parties égales, ce qui aide chaque contenu à trouver sa place et contribue à maintenir dans leur cohésion, grâce au cercle qui délimite et protège, les éléments d'une totalité en danger de se perdre dans un vague indéterminé."
C'est pour se protéger de ce danger que les mandalas du bouddhisme Mahâyana sont des images de l'"ordre cosmique temporel, ce dernier pouvant être considéré comme une représentation de l'ordre psychologique.
   Notre époque étant caractérisée par l'angoisse, la désorientation, la perplexité, et cet état étant susceptible de diminuer la puissance d'agir du Moi, il me semble normal que ce type de structures apparaissent dans les rêves des occidentaux comme phénomènes de compensation de cet état. Je pense aussi, dans l'esprit de Jung, que les mandalas, si on sait regarder, sont très présents dans la nature. Voyez les photos de mes précédentes notes. On les trouve au coeur des fleurs, dans la découpe des arbres, dans l'agencement des coquillages sur les plages, et aussi dans les cristaux, les flocons de neige, les constellations.  Les mandalas "naturels" sont partout. A nous de travailler à l'harmonie de notre mandala intérieur et de trouver notre centre.
            Ariaga
 
 
 
 

07/05/2008

Ariaga : Une annexe du laboratoire

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  Il y a des moments où le moral n'y est pas et où j'ai l'impression de jeter des textes dans une espèce de puits sans fond où ils disparaissent à jamais. Quand j'ai commencé ce blog je crois que, inconsciemment, je voulais construire une représentation de l'évolution d'une construction intérieure en commençant par les fondations et en remontant, très lentement, selon le procédé de la voie alchimique "humide", un escalier vers les étages. Je me suis aperçue que, dans le monde des blogs que j'ignorais complètement quand j'ai "ouvert" le laboratoire, cela ne fonctionne pas ainsi.
  J'ai allumé le feu de l'athanor beaucoup trop fort et j'ai mis dans la cornue mes meilleurs matériaux. Tout s'est réduit en cendres. Je sais que dans les cendres l'or peut être couvé et le phénix renaître mais un travail personnel est nécessaire pour que survienne cette renaissance. Parlant d'une manière moins symbolique, je veux dire que j'ai écrit au début de ce blog des textes "fondateurs" pour celui qui ne viendrait pas sur ce blog faire des mondanités et voudrait, sincèrement cheminer en ma compagnie. Le lecteur, et je fais partie de cette espèce quand je vais sur les blogs amis, lit généralement la dernière note ; éventuellement une des dix récentes qui sont affichées. Se répéter, cela m'arrive, mais j'ai la sensation de tricher. Alors j'évite d'aborder certains sujets , en particulier quand il s'agit de la psychologie des profondeurs de Jung ou de l'alchimie car je suis consciente que, sans avoir quelques bases, mon texte sera" difficile " pour le lecteur. Et le temps passe et je reste en bas des marches.
   Pendant ma période de repos et de réflexion, une idée m'est venue. Créer un nouveau blog, ailleurs, pour présenter les textes déjà écrits et qui permettront à ceux qui veulent revenir à ce que je pense être les textes essentiels du laboratoire, de le faire sans efforts. 
  Le Laboratoire du Rêve et de l'Alchimie spirituelle reste notre lieu de rencontre. Il n'y aura pas de commentaires sur le nouveau blog car je ne peux assumer ce travail mais si vous avez envie de communiquer sur ces textes vous pouvez toujours le faire sur le dernier texte publié sur le blog principal en me disant à quel texte vous faites référence. Voici l'adresse de cette annexe du laboratoire :  http://www.ariaga.net/ . Vous pouvez aussi cliquer en haut à droite de la page d'accueil.
            Ariaga
 
 

04/05/2008

Les illusions du progrès

 
La société humaine dite " évoluée " a construit les avancées de la civilisation, et l'amélioration du bien-être de l'homme supposée en résulter,  sur des illusions :
   Illusion que l'on pouvait marcher sans jambes et sans pieds, vivre sans racines, en se séparant de la Nature censée devenir une servante docile.
   Illusion dérivant de l'idée que le progrès est à l' " extérieur " d'où une perte de contact avec la Source Créatrice, quel que soit le nom qu'on lui donne,  qui cherche à s'exprimer à l' "  intérieur ".
   Illusion d'un Moi qui rejette ou supprime tout ce qui ne lui ressemble pas, se privant ainsi de la progression vers une totalité issue de l'union des contraires, progression que pourrait lui apporter la relation avec le différent.
 
                  Ariaga
 
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19/04/2008

De l'ordure à l'Or

Paroles murmurées à l'oreille de mon coeur par mon ami intérieur le Vieil Alchimiste

 

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Ne te tourmentes pas sans cesse au sujet de tes défauts. C'est à partir de la matière vile fournie par la nature, de la boue, du fumier, de l'ordure que, par de multiples cuissons et distillations on peut obtenir l'Or Philosophique. Il en est de même au sujet de tes défauts. C'est parce que ils existent en tant que matériaux de ton Oeuvre Vie que tu peux, par un patient travail sur toi-même, les transmuter en leurs qualités opposées.
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Ariaga 
 
 

16/04/2008

Le dernier rêve de C.G.JUNG

 

 
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C.G.JUNG, (1875-1961), jusqu'au dernier mois de sa vie, même si son corps était diminué, a "persévéré dans son être" psychique et spirituel avec une grande force. Il a revu les chapitres qu'il avait rédigé pour L'homme et ses symboles et  écrit des lettres. Il semble cependant, si on en croit ceux qui étaient présents, qu'il attendait avec une grande sérénité et une pointe d'impatience les "noces bienheureuses" qu'il avait entrevues pendant la période où il fut entre la vie et la mort en 1944. M.L. von FRANZ  raconte, dans son ouvrage sur Jung, que, dans une sorte de rêve éveillé, il dit à Miguel SERRANO qui lui rendait visite :

"Il y avait une fois une fleur, une pierre, un cristal, une reine, un roi, un château, un amant et sa bien-aimée, quelque part, il y a longtemps, longtemps, dans une île au milieu de la mer, il y a cinq mille ans...Tel est l'amour, la fleur mystique de l'âme. C'est le centre, le Soi. Personne ne comprend ce que je veux dire. Seul un poète pourrait le pressentir..."

Il resta actif dans sa bibliothèque jusqu'au 30 Mai 1961, puis il dut s'aliter mais il resta conscient jusqu'à la fin. Quelques nuits avant sa mort il reçut le dernier songe dont il eut la force de faire part à autrui. Ruth Bailey qui était à ses côtés le rapporta ainsi :

" 1) Il voyait un énorme bloc de pierre rond placé sur un socle élevé et au pied de la pierre étaient gravés ces mots : "Et ceci sera pour toi un signe de totalité et d'unité."

2) Beaucoup de récipients, de vases en terre cuite, sur le côté droit d'une place carrée. 

3) Un carré d'arbres, des racines toutes fibreuses sortant de terre et l'entourant. Il y avait des fils d'or scintillant parmi les racines." 

 Il est difficile de faire des commentaires sur un tel rêve et seul Jung lui-même aurait  pu en donner une interprétation valable. Je donnerai quand même quelques pistes inspirées par Barbara Hannah et Marie-Louise Von Franz, des femmes très proches de Jung (Jung ne travaillait pratiquement qu'avec des femmes).

On peut dire que le cheminement de tout une vie vers l'unité et la totalité reçoivent leur récompense par la vision de la pierre. Les vases évoquent, si on pense à l'Egypte ancienne, le corps démembré d'Osiris dont certaines partie étaient conservées dans des vases en attendant que le corps entier soit reconstitué. Ils rappellent aussi, chez les Grecs, les jarres dans lesquelles ils conservaient les grains de blé en attendant de les mettre en terre là où ils donneraient un nouveau blé. Les racines font penser à la comparaison que faisait Jung entre la vie et le rhizome d'une plante.  Je ne peux m'empêcher de vous donner à nouveau cette citation extraite de Ma Vie :

" La vie m'a toujours semblé être comme une plante qui puise sa vitalité dans son rhizome ; ce qui devient visible au dessus du sol ne se maintient qu'un seul été, puis se fane... Apparition éphémère. Quand on pense au devenir et au disparaître infinis de la vie et des civilisations, on retire une impression de vanité des vanités ; mais personnellement je n'ai jamais perdu le sentiment de la pérennité de la vie sous l'éternel changement. Ce que nous voyons, c'est la floraison  - et elle disparaît - mais le rhizome persiste."

 Jung s'apprêtait à vivre sa vie invisible. Restent les fils d'or scintillant entre les racines. Pour moi c'est une évocation du sentiment ressenti par Jung d'appartenance à la longue chaîne d'or des alchimistes. Ils peuvent aussi faire penser à cette phrase citée par Marie Louise von Franz, citant un ouvrage sur le Tao :

"Par la volonté suprême le Tao est atteint...mais en maintenant en paix l'essence, ta longévité fleurira, avec l'essence de la pierre et l'éclat d'or...

Jung mourut dans l'après midi du mardi 6 Juin. Quand ce sera le moment de transiter vers ailleurs, ce moment où meurt la fleur de la vie, je souhaite à tous ceux qui ont tenté de faire de leur vie une oeuvre d'alchimie spirituelle de recevoir, comme  récompense et viatique, un aussi beau rêve que celui de Jung.

            Ariaga.   

  COUP DE COEUR

Le départ de Jung vers l'ultime monade m'a fait penser à un blog sur les images et le texte duquel je vais souvent rêver. Il s'agit de L'Astroport le chant du pain (lien). Aujourd'hui je suis allée élargir mon univers en écoutant le chant d'Iota Horologii, une étoile jaune orangée, à des années lumière dans la constellation de l'Horloge. Mon coeur a battu, comme en écoutant du J.S.Bach, à l'évocation des variations rythmiques écoutées pendant de longues nuits par les astronomes. Si vous fréquentez l'astroport, vous aurez presque quotidiennement des nouvelles du cosmos.

 

 

08/03/2008

Alchimie de la maladie

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   Comme j'émerge de la grippe, il m'a semblé intéressant, en prenant comme exemple F.Nietzsche et C.G.Jung, de parler d'un sujet que j'ai probablement déjà abordé (il m'arrive de me perdre dans les méandres de mon blog) la maladie en tant que facteur d'évolution.

   Il existe, chez Nietzsche et chez Jung, une attitude à la fois semblable et différente vis-à vis de ce qu'ils appellent les "états valétudinaires ", pour faire simple la maladie. Nietzsche a principalement développé le sujet dans Ecce homo et dans sa correspondance et Jung dans Ma vie et aussi dans sa correspondance.

   Pour Nietzsche, le corps constitue un lieu d'élaboration où l'excès de santé, mais aussi la maladie, sont des stimulants de la création. La maladie lui était , en quelque sorte, indispensable et ses lettres recèlent un impressionnant catalogue de ses maux. Michel Onfray écrit à ce sujet dans L'art de jouir p.68 :

" Qu'en est-il de ce corps porteur de Zarathoustra qui enfantera les perspectives du Surhomme ? La lecture de la correspondance complète du philosophe donne tous les détails. Nietzsche interpose son oeuvre entre sa chair qui se dérobe et ne parle qu'en termes de malaises et sa volonté de santé, éternel voeux pieux. il avait coutume de dire que ce qui ne le tuait pas le fortifiait : son oeuvre complète est placée sous ce signe ". 

   La maladie était un refuge qui permettait à Nietzsche d'échapper au quotidien, d'excuser certains comportements. Mais elle était aussi un moyen de ralentir l'excès de feu sous l'athanor, les dépenses d'énergie excessives qui empêchent l'évolution des forces créatrices.On se retrouve ici dans les perspectives alchimiques de la voie sèche et de la voie humide. Il me semble que ce passage de Ecce homo (p.56) le montre bien :

"La clarté et la belle humeur parfaite, voire l'exubérance de l'esprit que reflète l'oeuvre susmentionnée (il s'agissait du Voyageur et son ombre) se concilient chez moi, non seulement avec le plus profond affaiblissement physiologique, mais même avec un excès de souffrances. Au milieu même des tortures qu'inflige un mal de tête ininterrompu de trois jours, accompagné de pénibles vomissements de pituite, je bénéficiais d'une clarté de dialecticien par excellence et je méditais à fond de sang froid des questions pour lesquelles, dans des circonstances meilleures, je ne suis pas assez escaladeur, pas assez raffiné, pas assez froid.

   Il semblerait que chez des êtres comme Nietzsche, la recherche du sens et du dire de ce sens, mette la chair à l'épreuve comme si c'était au sein de cette "passion" que, comme dans le creuset des alchimistes, se produisait la "cuisson lente". 

  Jung est un peu de la même famille. Son enfance à été vécue sous le signe d'une relation très ambiguë avec des maladies réelles ou psychosomatiques.  Ce comportement de fuite devant la vie ordinaire, cette manière de chercher refuge dans la maladie se retrouva alors qu'il avait près de soixante dix ans quand, à la suite d'une grave maladie qui l'avait plongé dans une espèce de coma rempli de visions il mit trois semaines avant de se décider à retourner vers la vie telle qu'elle est. De ces moments d'enseignements puisés dans un état proche de la mort il revint avec de nouvelles forces et c'est après cette maladie que son travail et la puissance de sa pensée se révélèrent les plus fertiles. Il écrit dans une lettre de 1944 :

"En fin de compte, cette  maladie a été pour moi une expérience extrêmement précieuse, elle m'a donné l'occasion extrêmement rare de jeter un oeil derrière le voile. ".

   La maladie, probablement parce que elle diminue les défenses du conscient et relativise l'importance de problèmes souvent liés à l'image que l'on souhaite présenter à la société, peut donc, ainsi que l'ont ressenti et pensé Nietzsche et Jung, être un facteur de progression. Je nuance cette pensée, car il est des êtres qui souffrent tellement que je ne vois pas comment leurs souffrances seraient  positives. La maladie peut aussi, comme le montre le destin final de Nietzsche, être destructrice. Jung s'est penché, car cela le touchait personnellement sur cette destruction dont il a tenté l'analyse. Mais cela est une autre histoire...

       Ariaga

COUP DE COEUR

Pour récompenser ceux qui auront lu jusqu'au bout mon texte un peu " lourd " je vous propose aujourd'hui d'aller faire un tour sur un de mes blogs favoris. Il s'agit d'un photographe : Jean-Louis BEC dont le blog s'intitule Image-Mots, Mots-Image (lien). Il nous offre un dialogue entre de très belles photos et des textes symboliques et poétiques dont les mots creusent un chemin vers les profondeurs de l'être. Si je devais choisir une photo ce serait celle intitulée Léviathan car le groin de la bête me hante. Mais elles sont toutes belles et pleines de sens. Bon regard et bonne lecture. 

 

     

 

  

04/03/2008

La clé du jardin

 

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Mon ami intérieur le vieil alchimiste qui murmure parfois à l'oreille de mon coeur m'a dit ce matin :

Il n'y a pas de joie si parfaite qu'elle ne contienne une peine.

Il n'y a pas de peine si noire qu'elle ne s'éclaire d'un rayon de soleil.

Le désert le plus aride contient un jardin. On ne peut y entrer avec une clé ordinaire mais, si on possède cette clé, on y trouve des rosiers à perte de vue, des champs d'une fertilité infinie et une fontaine intarissable d'où jaillit l'eau de la Vie. 

         Ariaga 

 COUPS DE COEUR

Pour ceux qui lisent mes textes jusqu'au bout, je vais dorénavant partager avec mes lecteurs des "coups de coeur" pour un blog ou un texte qui a eu pour moi une résonance  particulière. Ou bien je vous présenterai brièvement un blog que je ne trouve pas assez lu. C'est une idée toute récente et je ne sais où elle me mènera et si je la poursuivrai. Dans mes choix il y aura certainement du hasard et de l'arbitraire (une petite tendance à privilégier mes liens par exemple) mais c'est la vie !

Aujourd'hui j'ai été heureuse pendant ma promenade sur les blogs de rencontrer dun texte avec lequel je me sentais en " correspondance". C'était sur le blog de Guelum, Guelum décode Guelum, (lien), une vraie pépite poético-alchimique intitulée Tango.Vous y trouverez aussi d'autres notes d'une grande originalité, mais celle là, en date du 26 février,  m'a particulièrement touchée. A bientôt pour d'autres blogs.

  
 

23/02/2008

Etienne Perrot, Nature, poésie et alchimie

   Sur le chemin que je parcours en compagnie de Jung, Étienne Perrot est mon compagnon préféré. J'aime que cet homme d'aujourd'hui ait su, parfois douloureusement, suivre le parcours d'un philosophe de la Nature du Moyen Âge. Mélanger une culture chrétienne aux antiques chants païens, être un formidable traducteur de Jung et de Marie Louise von Franz, un interprète de rêves et un écrivain de talent, conserver, même dans le doute, une profonde spiritualité. Si vous voulez en savoir plus sur ses oeuvres et sa personne, je vous recommande un de mes liens Etienne PERROT ... son oeuvre qui propose des textes très intéressants et rares.
   Je vous propose aujourd'hui une poésie alchimique de Perrot extraite de ce que je considère comme son ouvrage le plus "personnel", Coran teint, ed. la Fontaine de Pierre, p. 327. J'ai l'impression en lisant ce poème que le Jung que j'ai toujours considéré comme on poète refoulé s'exprime par les mots de Perrot. Atteindre le fond, se dessécher pour renaître à la fois le même et un autre, telle est la prière de l'alchimiste. 
   Ariaga.
  
                               Chant de matines de l'alchimiste 
 
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            Oh! mon esprit ne veut plus être,
            Nature, que ton pur témoin.
            Je ferai taire tout désir
            pour t'écouter dans le silence. 
 
            Ayant ainsi creusé le gouffre
            j'atteindrai le fleuve du fond.
            A son heure il se changera
            en un geyser irrésistible.
 
            Sa substance qui est la tienne,
            remplira toute ma vision,
            me courbant en miroir du monde,
            sphère où les étoiles se jouent.
 
            Le silence qui m'effrayait
            s'est fait choeur des dix mille voix.
            De la gorge où j'ai disparu
            surgit le nouvel univers.
 
            On me l'avait dit : je le vois !
            La mort est mère de la vie,
            pauvreté engendre richesse,
            ignorance est le grand savoir.
           
                 Étienne  PERROT, 1973